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Eglise - Page 856

  • De passage en Belgique, le cardinal Sarah pointe les dérives du monde occidental

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    Du site de RCF :

    Les dérives du monde moderne avec le cardinal Sarah 

    Les dérives du monde moderne avec le cardinal Sarah

    De passage en Belgique, le cardinal Robert Sarah, préfet pour la congrégation du culte divin, a accordé un entretien dans lequel il livre sa vision de la foi et dénonce les dérives du monde occidental.

     
  • Le message du pape François pour le carême 2018

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    Du site du journal La Croix :

    Dans son message de Carême, le pape François dénonce “la duperie de la vanité et la froidure de la charité”

    6 février 2018, message du pape François pour le Carême 2018 (*)

    Daté du 1er novembre 2017, solennité de la Toussaint, le message de Carême du pape François a été rendu public par la Salle de presse du Saint-Siège le 6 février 2018. Inspiré de l’Évangile de Matthieu : « À cause de l’ampleur du mal, la charité de la plupart des hommes se refroidira » (24, 12), le texte met tout d’abord en garde contre les faux prophètes, ces « charmeurs de serpents » qui utilisent les émotions humaines « pour réduire les personnes en esclavage ». Ils sont désignés également de « charlatans » ou d’« escrocs ». Le pape François souligne que ces faux prophètes – qui profitent des temps troublés – offrent « des choses sans valeur » qui privent de ce qui est le plus précieux : « la dignité, la liberté et la capacité d’aimer ». « C’est la duperie de la vanité, qui nous conduit à faire le paon… pour finir dans le ridicule », affirme-t-il ainsi. Le pape François met particulièrement en garde contre le refroidissement du cœur. Reprenant l’image du diable assis sur son trône de glace de l’Enfer de Dante, il interroge : « comment la charité se refroidit-elle en nous ? ». La cause réside avant tout « dans l’avidité de l’argent », cette « racine de tous les maux « (1Tm 6, 10), explique-t-il, une cause suivie « du refus de Dieu », de « trouver en lui notre consolation ». En exprimant le désir que sa voix porte au-delà « des confins de l’Église catholique » et rejoigne « tous les hommes et femmes de bonne volonté », le pape invite les membres de l’Église à entreprendre « avec zèle » le chemin du Carême. Soutenus en cela par « l’aumône, le jeûne et la prière », ces trois remèdes au refroidissement du cœur. En effet, « la pratique de l’aumône libère de l’avidité », la prière met au jour les « mensonges secrets » et le jeûne « réduit la force de notre violence ».

    La DC

    Chers frères et sœurs,

    La Pâque du Seigneur vient une fois encore jusqu’à nous ! Chaque année, pour nous y préparer, la providence de Dieu nous offre le temps du Carême. Il est le « signe sacramentel de notre conversion » (1), qui annonce et nous offre la possibilité de revenir au Seigneur de tout notre cœur et par toute notre vie.

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  • Le culte chrétien rétabli dans un ancien fief de Daech

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    1ère messe depuis 6 ans à l'église de Deir Ezzor (source)

    A Deir Ezzor, ex-fief de Daech en Syrie, une messe a été célébrée samedi dans une église encore marquée par les combats.

    Deir Ezzor a été le théâtre de violents combats, d'abord lorsque les rebelles ont conquis une partie de la ville en 2012, une situation qui a encore empiré quand le groupe Etat islamiste a pris le contrôle de la région en 2014. L'armée syrienne a repris la ville en novembre 2017.

    Consolation et espoir

    La cérémonie de samedi, à laquelle ont aussi assisté des religieux musulmans, a été célébrée par le patriarche d'Antioche syriaque orthodoxe Ignace Ephrem II Karim. Il a présidé la cérémonie derrière une petite table recouverte d'un tissu blanc, l'autel de l'église ayant été fortement endommagé. «C'est un sentiment indescriptible pour nous de prier dans une église presque détruite, qui est une consolation pour nos coeurs et un message d'espoir pour les habitants de la ville afin qu'ils reviennent et participent à sa reconstruction», a-t-il dit.

    On estime à environ 3000 le nombre de chrétiens qui vivaient à Deir Ezzor avant la révolution syrienne de 2011. Shadi Tuma, 31 ans, est resté dans sa ville natale malgré les combats. «Les temps difficiles subis par Deir Ezzor ont poussé les familles à partir, mais j'étais déterminé en mon for intérieur à rester», a-t-il confié à l'AFP. «Il y aura toujours une coexistence à Deir Ezzor. Les chrétiens seront toujours présents», a-t-il promis.

    La majeure partie de la ville est pour l'instant impraticable: immeubles détruits, électricité intermittente et absence d'eau potable.

  • "Dieu ou rien"; la conférence du Cardinal Sarah à Bruxelles le 7 février dans une église comble

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    C’était donc hier soir, en l’église paroissiale Notre-Dame de Stockel, dans l’agglomération bruxelloise. 

    cardinal sarah RV15835_Articolo.jpgDevant un public nombreux et bien sage (peu de questions), au premier rang duquel on trouvait le Nonce apostolique, le Cardinal De Kesel, archevêque de Malines-Bruxelles et le Bourgmestre de Woluwé-Saint-Pierre, mais aussi l’abbé Philippe Mawet, responsable de la pastorale francophone de l’unité pastorale dont dépend la paroisse, le cardinal Sarah a tranquillement expliqué le sens et le contenu de son livre « Dieu ou rien » : une radicalité dont l’abbé Mawet, familier des médias, s’était offusqué quelques jours plus tôt dans la « Libre Belgique ». 

    Mais il en fallait sûrement plus pour intimider le cardinal guinéen que persécutait le dictateur Sékou Touré, comme le montre ces extraits de son discours : 

    Evoquant, entre autres, les idéologues et les groupes de pression qui, avec des moyens financiers et médiatiques surpuissants, s’attaquent aux fins naturelles du mariage et s'emploient à déstructurer la cellule familiale, il n’a pas craint d’ajouter que « de hauts prélats, issus surtout de nations opulentes, s’emploient à apporter des modifications à la morale chrétienne concernant le respect absolu de la vie dès sa conception jusqu’à sa mort naturelle, la question des divorcés remariés et d’autres situations familiales problématiques. Ces ‘gardiens de la foi’, ajoute-t-il sans les nommer, devraient cependant ne pas perdre de vue que le problème posé par l’éclatement des fins du mariage est un problème de morale naturelle ».

    Et le cardinal poursuit: « les grandes dérives ont surgi lorsque certains prélats ou intellectuels catholiques ont commencé à dire ou écrire ‘feu vert pour l’avortement’, ‘feu vert pour l’euthanasie’. Or, à partir du moment où les catholiques abandonnent l’enseignement de Jésus et le Magistère de l’Eglise, ils contribuent à la destruction de l’institution naturelle du mariage comme de la famille et c’est toute la communauté humaine qui se trouve fissurée par cette nouvelle trahison des clercs ». 

    Et voici sa conclusion : 

    « Il faudrait que l’Eglise en revienne à l’encyclique ‘Humanae Vitae’ de Paul VI ainsi qu’aux enseignements de Jean-Paul II et Benoît XVI sur ces questions vitales pour l’humanité. Le pape François lui-même reste dans le sillage de ses prédécesseurs, quand il souligne la coïncidence entre l’évangile de l’amour et l’évangile de la paix. Il faut affirmer avec force et sans ambiguïté le poids magistériel de tout cet enseignement, mettre en relief sa cohérence et protéger ce trésor contre les prédateurs de ce monde sans Dieu »

    Bref, Dieu ou rien.

    JPSC

  • Congo RDC: Le cardinal Monsengwo "plébiscité" pour diriger la transition après Kabila

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    cardinal MOnsengwo assis.jpgAlors que le pape François vient de nommer un coadjuteur appelé à lui succéder, le cardinal Laurent Monsengwo a été plébiscité par un “vote citoyen” comme la personnalité neutre qui pourrait diriger une éventuelle transition en République Démocratique   du Congo (RDC) après le départ du président Joseph Kabila fin 2018. L’archevêque de Kinshasa a été choisi parmi une palette de douze noms. Du correspondant en Afrique de l’agence cath. ch. :

    « Au total, douze candidats étaient en lice, dont des évêques, des pasteurs, et diverses autres personnalités. Le docteur Denis Mukwege, surnommé “l’homme qui répare les femmes”, également pasteur évangélique à Bukavu, dans le Sud-Kivu, arrive en deuxième position, avec près de 2 millions de voix.

    Le “scrutin” était organisé par le mouvement “Paix et Solidarité”, composé d’une coalition d’associations citoyennes, dans le but de choisir un “administrateur” susceptible de diriger une transition sans le président Kabila.

    3,5 millions de voix pour le cardinal

    Les résultats, publiés dans le quotidien congolais Le Potentiel du 4 février, placent en tête l’archevêque de la capitale de la RDC, une personnalité très connue. Le cardinal Monsengwo Pasinya a engrangé plus de 3,5 millions de voix tant de Congolais du pays que de citoyens vivant à l’étranger. Ils ont voté entre novembre et décembre 2017.

    En RDC, les votes ont eu lieu dans les locaux des églises et écoles qui servaient de bureaux de vote. La consultation “électorale” était organisée à l’initiative de mouvements citoyens pour choisir un “administrateur” susceptible de diriger une transition sans le président Kabila.

    Entre 1991 et 1992, le cardinal Monsengwo Pasinya a dirigé, avec succès, les assises de la Conférence nationale souveraine qui a abouti à la libéralisation de la vie politique nationale. A la fin de cette Conférence, il a été porté à la tête du parlement de la transition, le Haut Conseil de la République. (cath.ch/ibc/be)

    Ref.  Congo RDC: Le cardinal Monsengwo "plébiscité" pour diriger la transition après Kabila

    JPSC

  • Congo : le pape François nomme un coadjuteur au Cardinal Monsengwo.

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    Lu sur le site de la Libre Afrique, ce billet de Marie-France Cros :

    Ambongo 78737-AAA6-496C-A7EE-04905740FF21_cx45_cy23_cw44_w1023_r1_s-690x450.jpg« Le Pape a nommé mardi Mgr Fridolin Ambongo, jusqu’ici archevêque de Mbandaka (l'ancienne Coquilhatville, chef-lieu de la province de l'Equateur) à la charge d’archevêque coadjuteur de Kinshasa, aux côtés du cardinal Laurent Monsengwo. Une nomination vue comme un renfort pour ce dernier.

    La fonction de « coadjuteur » signifie que non seulement il apporte son appui au détenteur de la charge mais qu’il lui succédera en cas de décès ou de démission. Mgr Fridolin Ambongo, qui vient d’avoir 58 ans, a en effet vingt ans de moins que le brillant cardinal, alors que l’Eglise congolaise traverse une période de forte tension avec le régime du président hors mandat Joseph Kabila. Celui-ci refuse de quitter le pouvoir comme prévu par la Constitution et consacre toute son énergie à se maintenir à la tête de l’Etat – et enrichir sa famille – plutôt qu’à travailler au développement du pays. Malgré plusieurs années de forte croissance économique portée par les cours élevés des métaux, le niveau de pauvreté au Congo n’a pratiquement pas baissé.

    A lire ICI : Appointment of coadjutor archbishop of Kinshasa, Democratic Republic of the Congo

    L’Accord de la Saint-Sylvestre

    Mgr Fridolin Ambongo appartient à l’Ordre des Frères mineurs capucins – des franciscains – et a accédé à la prêtrise en 1988, avant d’être nommé évêque en 2005. Diplômé en théologie morale de l’Acadaméie alphonsienne de Rome, il l’a enseignée à l’Université catholique de Kinshasa.

    L’archevêque coadjuteur de Kinshasa a été élu à la tête de la commission Justice et Paix de la conférence épiscopale congolaise avant d’accéder, en juin 2016, à la vice-présidence de celle-ci. C’est à ce titre qu’il jouera un rôle important dans la négociation de l’Accord de la Saint-Sylvestre 2016, qui balise le chemin vers des élections consensuelles, alors que le président Kabila, hors mandat depuis le 20 décembre 2016, n’avait pas fait tenir la présidentielle pour nommer son successeur. L’Accord de la Saint-Sylvestre prévoyait une élection présidentielle en décembre 2017 – mais le régime Kabila n’a pas respecté ce qui avait été signé et annonce maintenant d’hypothétiques élections en décembre 2018.

    Le non respect des engagements pris sous l’égide de l’Eglise a évidemment suscité la colère de Mgr Ambongo, qui a déjà dénoncé les dérives du régime – sans pour autant se montrer indulgent pour les faiblesses de l’opposition « .

    Ref. RDC: Mgr Fridolin Ambongo à la rescousse de Mgr Monsengwo

    A la rescousse, vraiment ?

    Un évêque, ou en l’occurrence un archevêque, coadjuteur est en effet  nommé au côté de l’évêque diocésain avec droit de succession immédiate sur le siège de l’évêque à qui il est adjoint après la démission ou le décès de ce dernier. Cette désignation, présentée comme « un renfort » de la position du Cardinal, pourrait, en un sens, encourager Kabila à penser que Rome n’était vraiment pas certaine que le bras de fer entre le Président et l’Archevêque Monsengwo (79 ans) puisse se terminer à l’avantage du second. Quelle alternative crédible, en effet, les oppositions offrent-elles à la situation présente ? Ménager une porte de sortie au cardinal ferait donc partie de la realpolitik à suivre dans cette affaire comme dans d'autres…  JPS.

  • Salzinnes, 22-25 février : venue des reliques de sainte Marguerite-Marie

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    Venue des reliques de sainte Marguerite-Marie.

    lundi 22 janvier 2018 

    Cet événement aura lieu les 22 au 25 février.
    à la chapelle du Cœur de Jésus avenue Reine-Astrid.

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    Pour en savoir plus :

    - La chapelle du Cœur de Jésus
    - Qui est Sainte Marguerite-Marie Alacoque ?
    - Le contenu des messages du Christ à Marguerite-Marie
    - Qu’est ce que l’adoration ?
    - A quoi servent les reliques ?

    ... ouvrez ce document

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    Quelques liens intéressants :

    - Qui était Sainte Marguerite-Marie ?
    - Les sanctuaires de Paray-le-Monial .

    Retrouvez-nous sur
    - facebook.
    - ...et plus spécialement ICI.

  • Le message du pape aux participants au Forum économique mondial de Davos (message intégral du 12 janvier)

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    Le message du pape François à Davos 2018 dans son intégralité (source)

    À l’attention du Professeur Klaus Schwab, Président exécutif du Forum économique mondial

    Je vous remercie de votre invitation à participer au Forum économique mondial 2018 et de votre désir d'inclure le point de vue de l'Église catholique et du Saint-Siège à la réunion de Davos. Je vous remercie également des efforts déployés pour faire connaître cette perspective aux personnes rassemblées au Forum annuel, y compris les éminentes autorités politiques et gouvernementales présentes et toutes les personnes engagées dans les domaines des affaires, de l'économie, du travail et de la culture, tandis qu'elles discutent des défis, des préoccupations, des espoirs et des perspectives du monde d'aujourd'hui et de demain.

    Le thème choisi pour le Forum de cette année - Construire un avenir commun dans un monde fracturé - tombe à point nommé. Je suis sûr qu'il vous aidera à orienter vos délibérations lorsque vous chercherez de meilleures bases pour construire des sociétés inclusives, justes et solidaires, capables de rendre leur dignité à ceux qui vivent dans une profonde incertitude et ont perdu l’espoir d'un monde meilleur.

    En ce qui concerne la gouvernance mondiale, nous sommes de plus en plus conscients qu'il existe une fragmentation croissante entre les États et les institutions. Le monde assiste à l’émergence de nouveaux acteurs, ainsi que de nouvelles compétitions économiques et accords commerciaux régionaux. Même les plus récentes technologies sont en train de transformer les modèles économiques et le monde globalisé lui-même, qui, conditionnés par des intérêts privés et l’ambition de faire du profit à tout prix, semblent favoriser davantage la fragmentation et l'individualisme, plutôt que de faciliter des approches plus inclusives.

    Les instabilités financières récurrentes ont engendré de nouveaux problèmes et des défis de taille pour les gouvernements, tels que la croissance du chômage, l'augmentation des diverses formes de pauvreté, l'élargissement du fossé socio-économique et de nouvelles formes d'esclavage, souvent enracinées dans des situations de conflit, de migration et de problèmes sociaux divers. « À cela s’ajoutent des styles de vie un peu égoïstes, caractérisés par une opulence désormais insoutenable et souvent indifférente au monde environnant, surtout aux plus pauvres. On constate avec regret une prévalence des questions techniques et économiques au centre du débat politique, au détriment d’une authentique orientation anthropologique. L’être humain risque d’être réduit à un simple engrenage d’un mécanisme qui le traite à la manière d’un bien de consommation à utiliser, de sorte que – nous le remarquons malheureusement souvent – lorsque la vie n’est pas utile au fonctionnement de ce mécanisme, elle est éliminée sans trop de scrupule » (Discours au Parlement européen, Strasbourg, 25 novembre 2014).

    Dans ce contexte, il est vital de protéger la dignité de l’être humain, notamment en offrant à chacun de réelles possibilités de développement humain intégral et en appliquant des politiques économiques favorables à la famille. « La liberté économique ne doit pas prévaloir sur la liberté concrète de l’homme et de ses droits, et le marché ne doit pas être un absolu mais honorer les exigences de la justice » (Discours à la Confédération générale de l'industrie italienne, 27 février 2016). Par conséquent, les modèles économiques doivent également respecter une éthique de développement durable et intégral, fondée sur des valeurs qui placent la personne humaine et ses droits au centre des préoccupations.

    « Face à tant de barrières d’injustice, de solitude, de défiance et de suspicion encore érigées de nos jours, le monde du travail est appelé à prendre des mesures courageuses afin que ‘se trouver et travailler ensemble’ ne soit pas qu’un slogan, mais aussi un programme pour le présent et pour l’avenir » (ibid.). Ce n'est que grâce à une ferme détermination partagée par tous les acteurs économiques que nous pourrons espérer donner une nouvelle direction au destin de notre monde. De même, l'intelligence artificielle, la robotique et les autres innovations technologiques doivent être utilisées de telle sorte qu'elles contribuent au service de l'humanité et à la protection de notre foyer commun, plutôt que le contraire, comme le prévoient malheureusement certaines estimations.

    Nous ne pouvons ni rester silencieux face aux souffrances de millions de personnes dont la dignité est blessée, ni continuer à aller de l’avant comme si rien n’expliquait la propagation de la pauvreté et de l'injustice. C'est un impératif moral, une responsabilité qui engage tout un chacun, de créer des conditions propices à ce que chaque être humain vive dans la dignité. En repoussant une culture du « prêt-à-jeter » et une mentalité de l'indifférence, le monde de l'entreprenariat dispose d'un énorme potentiel pour opérer des changements conséquents : augmentation de la qualité de la productivité, création de nouveaux emplois, respect du droit du travail, lutte contre la corruption publique et privée et promotion de la justice sociale, ainsi qu'un partage juste et équitable des profits.

    Il faut ici faire preuve de sagesse dans son discernement, et il s’agit d’une lourde responsabilité car les décisions prises seront capitales dans le façonnement du monde de demain et de celui des générations futures. Ainsi, si nous voulons un avenir plus sûr, un avenir qui favorise la prospérité de tous, il est nécessaire de garder continuellement le cap vers le « vrai Nord », représenté par des valeurs authentiques. Il est temps à présent de prendre des mesures courageuses et audacieuses pour cette planète chère à nos cœurs. C'est le moment idéal pour prendre nos responsabilités et contribuer au développement de l'humanité.

    J'espère donc que cette réunion du Forum économique mondial 2018 permettra un échange ouvert, libre et respectueux, et qu'elle sera inspirée avant tout par la volonté de faire avancer le bien commun.

    En renouvelant mes meilleurs vœux de succès lors de cette réunion, j'invoque volontiers sur vous et sur tous les participants au Forum les bénédictions divines de sagesse et de force.

    Du Vatican, 12 janvier 2018

  • Le secrétaire d’Etat du Saint-Siège, un homme de peu de foi ?

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    Cardinal Zen : « le secrétaire d’Etat du Vatican se trompe » (source)

    Ce qui va suivre est la traduction intégrale d’un article publié en chinois le 5 février sur le blog du cardinal Joseph Zen Zekiun, archevêque émérite de Hong Kong.

    Zen répond aux réactions du Vatican qui ont suivi sa précédente intervention :

    > Risque de Schisme en Chine.  Le cardinal Zen : « Le pape m’a dit… »

    Ces dernières déclarations avaient effectivement donné lieu à une déclaration du directeur de la salle de presse du Vatican, à une interview du cardinal secrétaire d’Etat Pietro Parolin et à des spéculations sur un accord imminent entre le Saint-Siège et la Chine.

    *

    Quatre observations

    de Joseph Zen Zekiun

    Certaines personnes qui me veulent du bien m’ont conseillé de prier plus et de parler moins. Il est juste de prier plus, parce que le Seigneur est notre espérance et que nous avons confiance en l’intercession de la Vierge Marie, la Mère de Dieu.

    On m’a probablement conseillé cela par peur qu’en parlant trop, je risque d’être plus facilement attaqué. Mais je n’ai pas peur, pour autant que mes paroles soient justes et utiles.  À mon âge, peu m’importe de gagner ou de perdre.

    Je veux parler encore parce que j’ai le sentiment que bientôt, je ne pourrai plus parler. C’est pourquoi je vous demande pardon.

    1. Dans la lecture de la messe de ce dimanche, Job doit endurer la longue nuit de la souffrance et il se lamente de ne plus voir le bonheur de ses yeux. Mais le psaume 146 nous invite à louer le seigneur qui guérit les cœurs brisés. Ces derniers jours, les frères et les sœurs qui vivent sur le continent chinois ont appris que le Vatican est sur le point de se rendre au parti communiste chinois et ils se sentent donc mal à l’aise. Vu que les évêques illégitimes et excommuniés seront légitimés tandis que ceux qui sont légitimes seront contraints à se retirer, il est logique que les évêques légitimes et clandestins s’inquiètent du sort qui les attend.  Combien de nuits de souffrance les prêtres et les laïcs endureront-ils à la pensée de devoir s’incliner et d’obéir à ces évêques qui sont aujourd’hui illégitimes et excommuniés mais qui demain seront légitimés par le Saint-Siège, avec l’appui du gouvernement ?  D’autant que le désastre a déjà commencé aujourd’hui, sans attendre demain.  Depuis le 1 février, les nouvelles lois du gouvernement sur les activités religieuses sont entrées en vigueur.  Les prêtres clandestins de Shanghai ont demandé à leurs fidèles de ne plus se rendre à leurs messes sous peine d’être arrêtés s’ils persistaient à le faire !  Mais n’ayez pas peur car le Seigneur guérit les cœurs brisés.

    2. Le secrétaire d’Etat du Saint-Siège a déclaré que « nous connaissons les souffrances endurées hier et aujourd’hui par les frères et les sœurs chinois ». Mais cet homme de peu de foi sait-il ce qu’est une véritable souffrance ? Les frères et les sœurs du continent chinois n’ont pas peur d’être réduits à la pauvreté, d’être mis en prison, de verser leur sang, leur plus grande souffrance est de constater qu’ils sont trahis par les « membres de leur famille ». L’interview de Parolin est truffée d’opinions erronées (en espérant que ses discours soient cohérents avec ses pensées).  Il est indécent de la part d’un haut dirigeant du Saint-Siège de manipuler la lettre [aux catholiques chinois] d’un pape, même s’il s’est retiré, en citant la phrase (4.7) : « la solution des problèmes existants ne peut être recherchée à travers un conflit permanent avec les Autorités civiles légitimes » tout en dissimulant le fait que la lettre poursuit immédiatement en affirmant que « dans le même temps, une complaisance envers ces mêmes Autorités n’est cependant pas acceptable quand ces dernières interfèrent de manière indue dans des matières qui concernent la foi et la discipline de l’Église. »

    Au cours des JMJ en Corée, le pape a déclaré aux évêques asiatiques que « le présupposé du dialogue est la cohérence avec sa propre identité ». Des personnes bien informées aux plus hauts échelons du Saint-Siège déclarent aujourd’hui avec regret que « nous sommes comme des oiseaux en cage mais que la cage pourrait s’agrandir, nous tentons donc d’obtenir le plus grand espace possible ».  Mais le véritable problème n’est pas la taille de la cage mais la question de savoir qui se trouve à l’intérieur.  Les croyants clandestins ne sont pas à l’intérieur de cette cage.  Mais aujourd’hui vous voulez les forcer eux aussi à y entrer pour que eux aussi soient « réconciliés » avec ceux qui sont déjà à l’intérieur !  Certes, il y a dans cette cage des personnes qui y ont été contraintes mais également des personnes serviles et assoiffées de pouvoir qui s’y complaisent.  (J’ai été le premier à dire qu’en Chine, il n’y avait qu’une seule Eglise et que tous les croyants, aussi bien de l’Eglise officielle que de l’Eglise clandestine aimaient le Pape mais aujourd’hui je n’oserais plus affirmer une telle chose).

    Puisque j’ai choisi de privilégier la vérité et la justice (tout ce que je dis part du principe qu’il faut protéger la réputation du pape et afficher clairement la doctrine de l’Eglise), je n’ai pas de problème pour dire que j’ai fait part de mes opinions sur le « dialogue » au Pape François quand il m’a reçu en audience privée il y a trois ans. Le pape m’a écouté attentivement pendant quarante minutes sans m’interrompre.  Au moment où je lui dit que, objectivement parlant, l’Eglise officielle du continent chinois était schismatique (en tant qu’administration autonome indépendante du Saint-Siège mais dépendant du gouvernement), le Pape m’a répondu « Bien sûr! ».

    3. Hier, plusieurs personnes sont venues me trouver ou m’ont téléphoné pour me réconforter après les accusations portées contre moi par le porte-parole du Vatican. Mais ils ont mal compris parce que je n’ai pas besoin de réconfort. Il aurait mieux valu pour eux qu’ils aillent réconforter ce porte-parole. C’est lui qui est un oiseau en cage, contraint à accomplir une mission aussi embarrassante : cette fois il a été très efficace en critiquant immédiatement mon intervention (il a certainement lu ce qui a été écrit par d’autres).  On se souviendra qu’il y a plus d’un an, avant le XIe Congrès des Représentants de l’Eglise catholique chinoise, c’est lui qui déclarait que « le Saint-Siège attend de juger sur base de faits établis ».  Un an plus tard, ils sont encore en train d’attendre avant de tirer les conclusions qui s’imposent.

    4. Le commentateur du « South China Morning Post » mérite également toute notre miséricorde, il trouve chaque jour quelqu’un à critiquer et dont se moquer : c’est certainement un expert qui sait tout et qui pourrait donner son avis sur tous les programmes « de omnibus et aliquibis aliis ». Cette personne a écrit que je préférais la politique à la religion. Je voudrais le réveiller un peu : « Where angels fear to tread, the fools rush in », là où les anges ont peur de tomber, les fous y foncent tête baissée. Lui sait-il bien ce qu’est la religion et ce qu’est la foi ?  Il a dit que j’avais décidé de faire souffrir les croyants du continent chinois.  Mais comprend-il ce qu’est la vraie souffrance pour ceux qui ont la foi ?  Toutefois, la dernière phrase qu’il a dite était juste : « The Vatican has to readjust its wordly diplomacy, whatever its spirituel preferences », le Vatican doit rectifier sa diplomatie terrestre, quelles que soient ses préférences spirituelles.  Mais il ne s’agit pas seulement de préférences, il s’agit de principes non négociables !

    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso.

  • Là où le monde prône la mort comme solution, Dieu prône l’amour

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    Là où le monde prône la mort comme solution (enfant non désiré, handicapé, vieillard cacochyme) Dieu prône l’amour (source)

    Homélie de Mgr Aupetit, archevêque de Paris, dimanche dernier :

    “Il est poignant ce cri de souffrance de Job : « la vie de l’homme sur terre est une corvée ». La nuit, le jour, il ne trouve pas la paix. A-t-il quelques consolations ce pauvre Job ? Sa femme le méprise depuis qu’il a tout perdu et qu’il est rongé par la maladie. Ses amis voudraient le consoler, mais ne le comprennent pas. Il en vient même à souhaiter la mort : « la mort plutôt que ma carcasse » ! C’est terrible !!

    Que lui reste-t-il ? Le suicide assisté ? Une demande d’euthanasie au nom de sa perte de dignité ?

    Non, il s’adresse à Dieu. C’est cela qui est extraordinaire ! Si Job s’adresse à Dieu, c’est qu’il sait qu’il n’a pas perdu sa dignité, qu’il est encore assez digne pour s’adresser à Dieu. Son entourage le juge indigne. Lui a compris la plus grande dignité de l’homme qui, au-delà des apparences, lui permet de parler à Dieu.

    Quand nous sommes réduits à rien, le monde ne nous pense plus dignes d’exister.

    Quand nous sommes réduits à rien, Dieu nous donne l’insigne dignité de nous adresser à lui.

    Là où le monde prône la mort comme solution des problèmes : par exemple pour l’enfant non désiré, le futur handicapé, le vieillard cacochyme, Dieu, lui, prône l’amour.

    Devant un surcroît de souffrances, la seule réponse digne est un surcroît d’amour.

    C’est la réponse de Jésus. La belle-mère de Simon Pierre est malade. Il la guérit plutôt que de la laisser au fond de son lit. Ensuite il se dépense sans compter pour ces pauvres gens accablés de souffrances en les délivrant de leurs maux. Mais il n’oublie pas la source de l’amour, son Père, qu’il rejoint la nuit dans la prière. C’est cela, la vraie dignité.

    Aujourd’hui on nous parle de mort digne pour justifier l’euthanasie. On se sert de la belle notion de dignité pour donner la mort.

    Mon père jusqu’à ses 98 ans était autonome, il avait toute sa tête et nous étions très fiers de lui. A ce moment-là, il a fait une méningite fulgurante qui ne l’a pas tué mais qui lui a laissé des séquelles cognitives. Ses propos n’étaient plus cohérents, mais il nous reconnaissait et il était heureux de nous voir. Nous nous sommes relayés, ses enfants, afin que presque tous les jours nous soyons près de lui. Un an après, il est mort, paisiblement, en souriant et nous avons même pu joyeusement fêter son anniversaire quelques jours avant son décès.

    La seule dignité de l’homme, c’est d’être aimé jusqu’au bout.

    La seule liberté de l’homme, c’est d’aimer jusqu’au bout.

    Voilà le message du Christ transmis par sa Parole et par toute sa Vie. Voilà aussi la raison du cri de saint Paul : « malheur à moi si je n’annonce pas l’évangile ».

    Soyons, nous chrétiens, les messagers de l’évangile de l’amour, non seulement par notre parole mais surtout par notre façon de vivre.”

    + Michel Aupetit, archevêque de Paris.

  • Antigone contre Créon

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    Qu’un débat vigoureux sur les enjeux bioéthiques mis à l'ordre du jour Outre-Quiévrain soit lancé par les catholiques français serait tout à leur honneur, même si  la partie est a priori perdue comme le pense Jean-Pierre Denis, directeur du mensuel « La Vie » :

    « Emmanuel Macron a-t-il berné les chrétiens ? Les a-t-il cajolés à coup de laïcité positive ou inclusive, d’honneur rendu au père Hamel, de déclarations ricœuriennes et autres réunions Théodule à l’Élysée ? A-t-il flatté leur besoin de reconnaissance pour mieux les ignorer ensuite ? Si je pose la question de manière volontairement choquante, c’est pour soulever un peu de cette ouate « bienveillante » qui s’abat comme manteau neigeux, assourdissant tout. Pour le dire plus poliment, la façon dont démarrent les États généraux de la bioéthique « interroge ». Le remue-méninges n’est-il que l’habillage du remue-ménage ? Tout se passe comme si un scénario maximaliste était écrit, bien qu’il ne soit jamais assumé.

    Un scénario maximaliste, c’est l’adoption de toutes les réformes sociétales restées dans les tuyaux du précédent quinquennat : PMA, gestation pour autrui, suicide assisté… Les indices se multiplient, même s’il reste difficile de savoir jusqu’où l’histoire est écrite. Prenez le malaise d’Édouard Philippe devant la rédaction de La Vie quand nous avions interrogé sa volonté d’interdire l’exploitation de mères porteuses. Prenez le programme des États généraux de la bioéthique, étendu à l’euthanasie, ce qui n’était pas prévu. Prenez, sans attendre ces débats, la création d’un groupe d’études parlementaire sur la fin de vie, présidé avec la bénédiction de l’exécutif par Jean-Louis Touraine, immunologiste réputé et franc-maçon assumé.

    Tout se passe comme si un scénario maximaliste était écrit, bien qu’il ne soit jamais assumé.

    La société, nous susurre-t-on, est « prête ». Arrêtons de nous mentir : c’est vrai. Même si l’on considère que sondages et médias fabriquent l’opinion et même si, sur le terrain, les Français expriment de tout autres préoccupations, de fait la France a changé. Pour le constater, il suffit de discuter avec des jeunes ou de relever à quel point le mariage pour tous est devenu un sujet de jadis. Le principe libéral de tolérance – « laissez-moi vivre ce que je veux, je vous laisse vivre ce que vous voulez » – suffit à clore la plupart des débats. Nous acceptons ou nous approuvons des transformations que nous refusions il y a moins d’une génération. Ajoutons que le point de vue catholique est devenu culturellement minoritaire, y compris… parmi les personnes se réclamant de cette culture, même peut-être parmi les pratiquants.

    Longtemps l’Église a cru pouvoir « peser ». C’est fini. Les logiques frontales type « Manif pour tous » ont profondément creusé le fossé entre le monde catholique et une bonne partie de la société, et durablement divisé de nombreuses communautés. Ne parlons même pas du complexe sénescent de la « forteresse assiégée » ! Quant aux solutions subtiles, type loi Leonetti, elles sont remises en cause sitôt après avoir été unanimement adoptées. La prétention de l’Église catholique à porter le bien commun n’est plus ni réaliste ni crédible, comme le lui font sans cesse remarquer, non sans hargne mais non sans raison, beaucoup de partisans de la révolution en marche. Quant à l’illusion selon laquelle un gouvernement souriant est un gouvernement qui écoute, elle se dissipe sous nos yeux.

    D’une certaine façon, cela clarifie le problème, en le dépolitisant. Je ne prêche pas le renoncement. « Le chrétien doit crier. Nous n’avons pas besoin de son sourire. Nous avons besoin de son cri. Cela consiste à rester lui-même, c’est-à-dire à rejeter sans nuance absolument toutes les idéologies modernes », nous demandait Albert Camus (l’Incroyant et les Chrétiens, 1946). Je ne prêche pas non plus la résignation, mais la libération. Le but n’est plus de peser, de compter ou de marchander, mais de privilégier l’exemplarité, l’espérance, la charité. Il est temps que les chrétiens renoncent à leur fantasme d’influence et de puissance, ces illusoires mondanités.

    Ref. Bioéthique : Macron a-t-il berné les chrétiens ?

    Posons la question autrement: quel rôle prophétique pour l’Eglise aujourd’hui ? Dans une lettre étonnante adressée au pape Paul VI en 1977, Pier Paolo Pasolini écrivait : « Dans le cadre d’une perspective radicale, peut-être utopiste ou dirigée vers la fin des temps, ce que l’Eglise devrait faire pour éviter une fin sans gloire est clair. En un tel combat, qui au demeurant remonte à une longue tradition, jusqu’à la lutte de la papauté contre l’empire séculier, l’Eglise pourrait rassembler toutes les forces qui ne veulent pas se courber contre la nouvelle domination… »  

    A  vingt ans de distance, en 1997 Joseph Ratzinger, futur Benoît XVI, répond en écho à ce communiste hors normes :

    « Il y a beaucoup de vrai là-dedans. Le caractère inactuel de l’Eglise, qui cause d’une part ses faiblesses –elle est refoulée à l’écart- peut aussi être sa force. Sans doute les hommes peuvent-ils sentir qu’il est nécessaire de s’opposer à l’idéologie banale dominant dans le monde, et que l’Eglise peut précisément être moderne en étant antimoderne, en s’opposant à l’opinion commune 

     « A l’Eglise incombe un rôle de contradiction prophétique, et elle doit aussi en avoir le courage. C’est le courage de la vérité –même s’il semble plutôt nuire tout d’abord en diminuant la popularité de l’Eglise et en la refoulant pour ainsi dire dans un ghetto –qui est en réalité sa grande force.

    « Je ne voudrais toutefois pas réduire la mission de l’Eglise à une simple attitude d’opposition. Elle participe toujours essentiellement à une édification positive. Elle cherche toujours à agir positivement, afin que les choses trouvent leur véritable forme. Elle ne devra donc pas se retirer dans une attitude d’opposition générale, mais voir très exactement les points où elle doit offrir de la résistance et ceux où elle doit aider, apporter du renfort, aider à porter, où elle doit dire oui, où elle doit dire non, afin de défendre sa propre essence » (Joseph Ratzinger, Le sel de la terre, Flammarion/Cerf, mars 1997, p. 231 et sq.).

    JPSC

  • Ars bene moriendi

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    Notre-Dame_du_bien_mourir_(XIIIe_s.),_abbaye_bénédictine_de_Fontgombault_(36)_.jpgSi l'on ne se prépare pas à la mort de notre vivant, nous aurons bien du mal à le faire à la fin de notre vie. La façon dont les moines appréhendent la vieillesse est riche d'enseignements, comme l'explique Nicolas Diat, auteur d'un récit poignant sur le sujet. Il écrit : « Quand on s'y prépare, la mort s'impose comme une évidence simple et belle » Propos de l’auteur recueillis par Jérôme Cordelier pour « Le Point » :

    « Le journaliste Nicolas Diat, biographe de Benoît XVI et co-auteur avec le cardinal Robert Sarah de plusieurs livres à succès, a passé plusieurs mois derrière les murs de huit des plus grands monastères de France pour interroger des moines en fin de vie et ceux qui les accompagnent sur cette dernière étape terrestre. Son récit, minutieux et délicat, sorti cette semaine (1), est poignant et, bien au-delà des hauts murs de Citeaux, de La Grande Chartreuse ou de Solesmes, chemin faisant, à petites touches, ce sont les rapports que nos sociétés dites modernes entretiennent non seulement à l'au-delà et à la foi mais aussi, de manière plus générale, au corps, à la douleur, à la vieillesse qui sont interpellés dans cet ouvrage. Sur ces sujets, les moines ont beaucoup de choses à nous transmettre, et leurs témoignages prennent un relief particulier alors que les Ephad se retrouvent sur la sellette de l'actualité. C'est pourquoi nous avons voulu demander à Nicolas Diat de se faire leur interprète.

    Le Point : Les traitements déplorables des personnes âgées dans les Ephad provoquent en ce moment une vive émotion dans l'opinion publique. Quels enseignements pouvons-nous tirer de l'expérience des moines que vous avez approchés ?

    Nicolas Diat : J'ai été frappé par la manière dont les moines s'occupaient de leurs malades et de leurs frères âgés, pour lesquels ils font preuve d'une attention permanente. Il y a chez eux une logique de gratuité parfaite. Les religieux âgés bénéficient de soins à faire pâlir d'envie toute personne travaillant en Ephad ou dans une unité de soins gériatriques. Il s'agit avant tout d'un accompagnement humain, d'une présence continue, d'une amitié fraternelle. Dans un monastère, un religieux malade n'est jamais laissé seul. Quand, frappé par une leucémie arrivée à son dernier stade, le père-abbé émérite de l'abbaye de Mondaye part à l'hôpital de Caen, ces frères, les Prémontrés, choisissent de ne jamais l'abandonner. Ils sont trente-cinq. Jour et nuit, toutes les trois heures, ils se relaient à son chevet. Le problème devient simple : accompagner une personne, c'est avant tout un investissement. Le père infirmier de l'abbaye de Solesmes me racontait les heures qu'il a passées avec un moine atteint d'une forme de la maladie d'Alzheimer. Il se retrouvait chaque jour en face d'une personne qui ne parlait plus et qui était complètement dépendante dans ses actes les plus quotidiens. Il me disait que s'il n'y prenait garde, la routine pouvait conduire à bien des négligences. Chaque matin, il devait s'efforcer de reconsidérer le patient comme une personne, en se concentrant pour ne pas agir à la va-vite, en réfrénant son désir de rejoindre une activité plus gratifiante. Les soins sont un combat de chaque heure. Le mot de « frère », dans cette communauté d'hommes, prend tout son sens, dans le visage du moine meurtri par la disparition du camarade, de l'ami, du proche. Elle est un peu à l'image de la communauté humaine. C'est une chaîne à travers les temps ; c'est l'homme continu de Pascal. Dans ces communautés, on perçoit les doutes, la foi, la tristesse, mais jamais l'abandon parmi ces hommes qui se soutiennent.

     

    En clair, les moines font corps avec le malade, et cette proximité vaut acte thérapeutique…

    Les enjeux du débat sont évidents : comment rester le plus proche du malade ou de celui qui va mourir ? Comment s'investir par la présence ? Comment rassurer celui qui va partir ? Quand les frères envoient l'un des leurs à l'hôpital, ils ne se déchargent pas pour autant sur l'institution. Ils n'attendent pas des infirmières qu'elles fassent tous les soins pour eux. Ils prennent leur part.

    Que nous apprennent ces moines sur notre rapport à la vieillesse et à la mort ?

    Le père-abbé de l'abbaye de Fontgombault, dans le Berry, aime à décrire le paradoxe moderne qui nous entraîne à imaginer que nous allons réfléchir à notre mort à la toute fin de notre vie, lorsque nous serons malades, dépendants et, parfois, privés de notre discernement. Or, si l'on ne se prépare pas à la mort de notre vivant, nous aurons bien du mal à le faire à la fin de notre vie. Les moines ont tellement pensé la question de la mort qu'à l'instant de partir, elle n'en est plus une : la chose s'impose comme une évidence simple et belle.

    La fréquentation de ces moines en fin de vie a-t-elle changé votre rapport personnel à la maladie, la vieillesse, la mort ?

    J'ai beaucoup travaillé avec les pères infirmiers, qui parfois sont des médecins de formation. Et j'ai été frappé par la paix qui les habite. Ils ne parlent jamais de tristesse, on les voit peu pleurer. Parce que pour eux, répétons-le, la mort fait partie de la vie. Les monastères ont leurs singularités, liées à leur histoire particulière. S'y côtoie une multiplicité de destins, d'histoires et de parcours personnels singuliers mais ces lieux sont tous habités par une même paix. En les rejoignant, j'avais l'impression de partir aux marges. Mais, en fait, les monastères sont au centre de la vie, en phase avec les problèmes les plus humains. Je partais en dehors du monde, derrière les hauts murs des clôtures et, chemin faisant, je me retrouvais au centre de la vie.

    (1) « Un temps pour mourir, derniers jours de la vie des moines », par Nicolas Diat, Fayard, 226 pages, 20,90 euros

    Ref. Nicolas Diat : « Quand on s'y prépare, la mort s'impose comme une évidence simple et belle »

    Dans l'église abbatiale de Fontgombault, les moines viennent s'agenouiller tous les soirs devant la belle statue médiévale de "Notre-Dame du Bien mourir".

    JPSC