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Foi - Page 512

  • Pas de théologiens d'envergure derrière le document préparatoire au synode sur l'Amazonie

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    D'E Pentin sur le National Catholic Register en traduction française sur le Forum catholique :

    Le cardinal Müller s'exprime sur l'Instrumentum Laboris

    C'est une interview donné à E. Pentin au National Catholic Register. Pour lui, on a affaire à une crise de la Foi (répété deux fois dans l'interview) : la vraie réforme de l'Eglise se fera dans le renouveau dans le Christ et le zéle apostolique

    Votre Eminence, comment voyez-vous l'instrumentum laboris pour le synode pan-amazonien?

    Ce n’est qu’un document de travail, ce n’est pas un document du magistère de l’Eglise, et chacun est libre de donner son avis sur la qualité de la préparation de ce document. Je pense qu’il n’y a pas de grand horizon théologique derrière cela. Il a été écrit principalement par un groupe de descendants allemands et non par des personnes qui y vivent. Son point de vue est très européen et je pense que c'est davantage une projection de la pensée théologique européenne sur les habitants de la région amazonienne, car nous avons entendu toutes ces idées il y a 30 ans.

    Toutes les idées ne correspondent pas aux éléments de base de la théologie catholique, en particulier la conception de la religion. Nous avons la conception d'une foi révélée, historiquement réalisée dans l'Incarnation de la Parole du Père en Jésus-Christ, infusée par le Saint-Esprit. Mais l'Église catholique n'est pas une religion en tant que relation naturelle à la transcendance. Nous ne pouvons pas comprendre l'Église catholique uniquement dans le cadre d'un concept de religion. Les religions sont faites par l'homme, ce sont des impressions, des moyens, des rites de désirs anthropologiques et de réflexion sur le monde, mais notre foi est basée sur la révélation de Dieu dans l'Ancien et le Nouveau Testament, en Jésus-Christ. Nous devons donc corriger cette pensée dans ce document d’une manière plus catholique.

    Les critiques ont déclaré que ce document s'inspire des épreuves et des souffrances du peuple amazonien et non de l'Apocalypse et du Christ lui-même.

    Cela peut commencer par la souffrance du peuple, mais ce n'est pas le point de départ de la foi catholique. Nous commençons par le baptême et nous confessons notre foi à Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit. Le Christ lui-même est venu au monde et sa croix assume toutes les souffrances du monde. Mais c’est une autre chose de commencer par les gens, puis de relativiser la révélation en tant qu’expression de la culture européenne. C'est absolument faux.

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  • Un peu de science éloigne de Dieu, beaucoup y ramène...

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    Du site de La Nef :

    La science, un chemin vers Dieu

    L’objet de ce livre (1) est de mettre en lumière une idée formulée au XIXe siècle par Louis Pasteur, à savoir que si « un peu de science éloigne de Dieu, beaucoup y ramène ». La même idée a été reprise récemment par le physicien américain Stephen Bar, selon qui les « révolutions » scientifiques du XXe siècle « nous ont ramenés à une conception de l’univers, des êtres humains et de notre place dans l’univers qui est beaucoup plus en conformité avec les idées juives et chrétiennes traditionnelles qu’avec le matérialisme et l’athéisme ».

    Depuis les Lumières, on s’est acharné à nous convaincre qu’il n’y a pas d’autre raison que scientifique. On va jusqu’à nier la possibilité même d’une raison métaphysique et à affirmer qu’il y a incompatibilité entre science et foi chrétienne. Selon Bertrand Russell (1872-1970), il faut nous résigner à « bâtir nos vies sur le solide fondement du désespoir », toute croyance religieuse n’étant que superstition.
    Pour défendre la foi aujourd’hui, il faut, d’une part, expliquer comment on en est venu à prétendre que science et foi sont incompatibles, d’autre part, montrer comment le christianisme, loin d’avoir nui au développement de la science, l’a soutenue et encouragée.

    Première étape : mettre en lumière le fait que le vieux contentieux entre science et religion ne repose nullement sur des considérations scientifiques ou théologiques, mais bien sur un conflit opposant les tenants d’un rejet a priori, et donc dogmatique, du surnaturel et les tenants d’une pensée rationnelle ouverte au surnaturel. On pourrait donc parler d’un conflit entre naturalistes dogmatiques et surnaturalistes rationnels.

    Une telle distinction n’est pas le reflet d’un parti pris idéologique : elle repose sur les témoignages des personnes concernées. Ainsi le biologiste américain Richard C. Lewontin explique que, pour les naturalistes, « la question n’est pas que les méthodes et institutions de la science nous obligent en quelque sorte à accepter une explication matérielle du monde phénoménal, mais, au contraire, que nous sommes forcés par notre adhésion a priori aux causes matérielles de créer un système d’analyse et un ensemble de concepts qui produisent des explications matérielles ». Le philosophe américain Thomas Nagel n’en pense pas moins, pour qui « la crainte de la religion » pèse lourdement sur la pensée de ses collègues naturalistes, à tel point que cette crainte « a des conséquences importantes et souvent pernicieuses sur la vie intellectuelle moderne ». On pourrait multiplier à l’infini de telles citations.

    Mais il n’y a pas que les aveux des naturalistes qui nous autorisent à dénoncer la prétendue incompatibilité entre science et religion. Il y a aussi les données sociologiques. Selon une étude du Pew Research Center effectuée en 1996, par exemple, 40 % des scientifiques américains disent croire en un Dieu personnel et 45 % disent ne pas y croire. Fait plus étonnant encore, plus un scientifique est jeune, plus il est susceptible de croire en un Dieu personnel.

    Deuxième étape : rappeler l’apport du christianisme au développement de la science. Contrairement aux idées reçues, les racines lointaines de la science moderne ont été plantées, non pas au XVIIe siècle, mais dans le terreau fertile du vieux monde gréco-romain et de l’Occident médiéval chrétien. Comme l’a bien expliqué l’historien américain des sciences Edward Grant, quatre facteurs ont permis à l’Europe médiévale de préparer la voie à la révolution scientifique du XVIIe siècle :
    a) la traduction vers le latin des textes scientifiques grecs et arabes aux XIIe et XIIIe siècles ;
    b) la création à la même époque par l’Église catholique des universités, lesquelles se sont empressées d’utiliser les traductions latines comme point de départ d’une étude des sciences naturelles ;
    c) l’adaptation de la tradition chrétienne à l’enseignement de ces sciences ;
    d) la transformation de la philosophie aristotélicienne. Loin d’avoir retardé ou bloqué le développement de la pensée scientifique, l’Église catholique en a été un puissant vecteur.

    La science ne comporte aucune vérité qui puisse en principe être contraire à la foi en Dieu. Seule une fausse philosophie des sciences peut lui être contraire. Dans la mesure où elle met en lumière la beauté et l’intégrité de sa création, la science ne peut qu’affermir notre relation à Dieu.

    Richard Bastien

    (1) Richard Bastien, Le crépuscule du matérialisme, Salvator, 2019, 192 pages, 20 €.
    Journaliste et économiste canadien, Richard Bastien est membre fondateur de la revue Égards et directeur de la Ligue catholique des droits de l’homme (Ottawa) ; il a précédemment publié Cinq défenseurs de la foi et de la raison. Newman, Chesterton, Lewis, Kreeft, MacIntyre, Salvator, 2018, 200 pages, 20 €.

    © LA NEF n°316 Juillet-Août 2019

  • Notre-Dame de Paris : le Saint-Siège insiste sur la prise en compte des besoins du culte

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    De zenit.org :

    Notre-Dame de Paris : le Saint-Siège plaide pour la prise en compte des besoins du culte

    Intervention de Mgr Follo à l’Unesco

    « C’est une priorité de prendre en compte les besoins du culte et les pratiques qui y sont liées et qui doivent continuer à s’y exercer. Il est crucial de sauvegarder cette signifiance », souligne Mgr Francesco Follo en évoquant la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris après son incendie (15 avril 2019).

    L’observateur permanent du Saint-Siège auprès de l’Unesco intervenait ainsi le 4 juillet 2019 à la 43e session du Comité du patrimoine mondial, à Bakou, en Azerbaïdjan.

    Intervention de Mgr Follo

    Excellences,
    Mesdames et Messieurs,
    Je me permets de faire une intervention sur le document WHC/19/43.COM/7B.Add.3, concernant le site de Paris, Rives de la Seine, et d’offrir la contribution du Saint-Siège au sujet de la cathédrale Notre-Dame de Paris, ravagée par l’incendie du 15 avril dernier.

    À cet égard, le Saint-Père François a adressé des paroles claires à S.E. Monseigneur Michel Aupetit, Archevêque de Paris (16 avril 2019) : que la cathédrale Notre-Dame puisse redevenir, grâce aux travaux de reconstruction et à la mobilisation de tous, ce bel écrin au cœur de la cité, signe de la foi de ceux qui l’ont édifié, église-mère de votre diocèse, patrimoine architectural et spirituel de Paris, de la France et de l’humanité.1

    Son état actuel et les travaux de restauration et de reconstruction prévus nous poussent à mettre en évidence le caractère central de sa dimension cultuelle, comme il ressort aussi des mots et des images utilisés par S.E. Mgr Aupetit, archevêque de Paris, quelques jours après l’incendie: “ L’autre chose qui unit la cathédrale et la personne humaine, c’est l’onction qu’elles peuvent recevoir pour manifester une transcendance, une présence divine qui leur confère un caractère sacré”.2

    La restauration et la reconstruction de la cathédrale – mais aussi de tous les Biens d’Intérêt Religieux protégés par l’UNESCO – implique  » de reconstituer l’origine d’une œuvre », retrouvant « le fait générateur qui en a créé la signifiance » (Romano Guardini). C’est une priorité de prendre en compte les besoins du culte et les pratiques qui y sont liées et qui doivent continuer à s’y exercer.

    Il est crucial de sauvegarder cette signifiance. À la Cathédrale sont connexes et interdépendants, d’une part, la vie religieuse et les formes dans lesquelles elle s’exprime, et d’autre part, le culte et les structures qui le gardent: les éléments qui seront reconstruits doivent répondre à la finalité pour laquelle le bâtiment fut érigé. En effet, la forme conserve et transmet sa Beauté seulement si elle adhère à sa finalité, de manière à conserver la lisibilité de son identité.3

    L’homme ne se limite pas à vivre sur la terre, il l’habite poétiquement (Hölderlin) : non pas tant parce qu’il est un rêveur, mais parce qu’à travers la poiesis, c’est-à-dire la construction créative, il transforme un espace en un Lieu. Pour la communauté des chrétiens qui veulent revenir vivre à la cathédrale, il est nécessaire de redonner non seulement un bien culturel, mais aussi un Lieu où il soit possible de faire une expérience de sa signifiance et de la même foi que celle de ceux qui l’ont édifié.4

    C. Brandi, théoricien de la restauration, dit qu’un restaurateur doit mettre en œuvre toutes les procédures qui assurent et conservent l’œuvre, sans altération et sans ajout, pour la culture de l’avenir.5

    Le souhait du Saint-Siège est que la cathédrale Notre-Dame de Paris soit rendue aux croyants, aux non-croyants et aux générations futures, conformément au principe selon lequel la sauvegarde du patrimoine culturel, y compris sa fondamentale dimension religieuse, est une condition incontournable de sa valorisation.6

    1 Message du Saint-Père à l’Archevêque de Paris (France) pour l’incendie de la cathédrale Notre-Dame, 16 avril 2019: https://press.vatican.va/content/salastampa/it/bollettino/pubblico/2019/04/16/0322/00650.html
    2 De l’homélie de la messe chrismale célébrée à Saint Sulpice le 17 avril 2019 (voir https://www.famillechretienne.fr/eglise/vie-de-l-eglise/homelie-de-mgr-aupetit-notre-cathedrale-elle- alsoressuscitera-253 528).
    3 A cet égard, selon Jacques Maritain, le Beau est une fulguration d’intelligence sur une matière intelligemment disposée, une entité matérielle disposée de telle sorte que la « beauté immatérielle » soit intelligible par sa forme. Marco Renna, dans l’Introduction au Code du patrimoine culturel et de l’intérêt religieux (Italie), définit le patrimoine culturel d’intérêt religieux comme « non – matière ».
    4 Message du Saint-Père à l’Archevêque de Paris, 16 avril 2019, op. cit.
    5 C. Brandi, Carmine o della pittura, Rome 1945, p. 164.
    6 Cf. M. Renna, Les Biens culturels d’Intérêt Religieux dans le nouvel ordre autonomiste, in Aedon, 2/2003, disponible à l’adresse: http://www.aedon.mulino.it/archivio/2003/2/renna.html.

  • Les surprises de la prédication au Moyen Âge

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    Du site "Canal Académie" (Les Académies et l'Institut de France sur Internet) :

    De Xavier Darcos (Chancelier de l'Institut de France) :

    “Une leçon écoutée donne plus de profit que quatre étudiées par soi-même écrivait vers 1300 Raoul Le Breton, maître en théologie de la Sorbonne. Cette citation, qui illustre bien la grande estime dans laquelle le monde médiéval tenait l’art oratoire, figure dans l’ouvrage que Nicole Bériou, membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, a récemment consacré à la prédication au Moyen Âge (1).

    Au fil de cette vaste étude, comme dans l’entretien qu’elle nous a accordé, l’auteur souligne la haute idée que les prédicateurs médiévaux se faisaient de leur mission et à quel point, dans un contexte marqué par un foisonnement de paroles concurrentes et potentiellement hérétiques, ils envisageaient leurs prises de parole comme un véritable art.

    Parmi d’autres surprises, Nicole Bériou souligne ainsi que les prédicateurs n’hésitaient pas à innover en s’inspirant des techniques développées par leurs concurrents, jongleurs, poètes et musiciens, pour capter l’attention et mieux faire passer leur message, jusqu’à donner parfois à leurs prêches la forme de véritables saynètes de théâtre.

    De la sorte, elle nous invite à porter “un autre regard sur la prédication au Moyen Âge”, mais aussi sur le monde médiéval lui-même. La programmation que nous vous proposons cette semaine s’inscrit dans ce mouvement de redécouverte d’une période longtemps caricaturée et injustement dévalorisée. Vous y reconnaîtrez notamment les voix de Jean Favier, Michel Pastoureau, André Vauchez et Michel Zink, ainsi que des évocations des travaux de Georges Duby et Émile Mâle.

    (1) Religion et communication : un autre regard sur la prédication au Moyen Âge, par Nicole Bériou, Éditions Droz, juillet 2018, 563 p., 24€ 

     

     

     

    Un autre regard sur la prédication au Moyen Âge

    Entretien avec Nicole Bériou, membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres
    Comment être écouté et se faire entendre des simples gens ? Comment les entretenir efficacement de Dieu, des anges et des saints ? Comment les inciter à une authentique conversion ? Ces questions sont celles que se posaient les prédicateurs du Moyen Âge, dont la médiéviste Nicole Bériou souligne, dans un récent ouvrage (Religion et Communication, Éditions Droz, 2018), la volonté de parvenir à l’excellence dans l’art oratoire. En révélant notamment leur constant souci d’innovation, elle nous invite à porter “un autre regard sur la prédication au Moyen Âge”, mais aussi sur l’ensemble de cette période, décidément plus inventive qu’on a longtemps voulu le dire.
  • Liège : plain-chant, orgue et violons le dimanche 7 juillet 2019 à 10 heures en l’église du Saint-Sacrement au Bd d’Avroy

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    affiche_premier dimanche du mois.jpg

    L’église du Saint-Sacrement à Liège (Bd d’Avroy, 132) offre chaque premier dimanche du mois à 10h00 une messe particulièrement soignée sur le plan musical.

    Le dimanche 7 juillet prochain, l’organiste Patrick Wilwerth, professeur au conservatoire de Verviers et l’Ensemble instrumental Darius interpréteront des extraits de sonates à trois du XVIIIe siècle : l’un de Vivaldi, l’autre de Corelli et le troisième de Tartini.

    Le propre grégorien de la messe « Illuminatio mea » du 4e dimanche après la Pentecôte est chanté par la Schola du Saint-Sacrement : il exprime la foi sans réserve des Apôtres chargés par le Christ damener les peuples dans la barque de saint Pierre. Se chante également au cours de la liturgie du jour le Kyriale XI « Orbis factor » (XIVe s.) et le  célèbre « Salve Regina » » dédié à la Vierge Marie depuis le XIIe siècle.

    Plus de renseignements : tel 344 10 89   ou email : sursumcorda@skynet.be

    ______________________________

    Sursum Corda asbl, Association pour la sauvegarde de l’église du Saint-Sacrement au Boulevard d’Avroy, 132 à Liège. Siège social : Rue Vinâve d’île, 20 bte 64. Tel. 04.344.10.89. E-mail : sursumcorda@skynet.be.

    Web : http://eglisedusaintsacrementliege.hautetfort.com

    Restauration_depliant - Copie.jpgFaire un don pour la restauration de l’église du Saint Sacrement ?  Pour aider à la sauvegarde de ce joyau de l’art néo-classique, vous pouvez faire un don fiscalement déductible en versant le montant de votre choix au compte de projet : IBAN BE10 0000 0000 0404 – BIC BPOTBEB1 de la Fondation Roi Baudouin, rue Brederode, 21, 1000 Bruxelles, avec, en communication, la mention structurée (indispensable) : 128/2980/00091.  

    Pour en savoir plus sur les enjeux de cette importante opération, cliquez ici : Restauration de l'église du Saint-Sacrement à Liège . L'évêque s'implique. Et vous?  

    Tous renseignements : Tel. 04 344 10 89.

    JPSC

  • Monseigneur Aillet dénonce une conception erronée du cléricalisme

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    Mgr Aillet dénonce la conception erronée du cléricalisme

    (source : Riposte Catholique)

    […] Mais je veux parler de cette conception erronée du « cléricalisme » qui est distillée sournoisement au sein du peuple chrétien et qui consiste à faire croire que si le prêtre adopte une posture de consacré, de « mis à part », de configuré au Christ pour tenir sa place au sein de l’Eglise, il commettrait un grave abus de pouvoir. Et à force de communiquer en ce sens, se répand dans le peuple chrétien un affaiblissement grave du sens de l’identité sacerdotale. Nul doute que la crise des vocations sacerdotales que nous connaissons aujourd’hui trouve en partie sa source dans cette crise de l’identité du prêtre qui secoue notre Eglise depuis des décennies. D’où ces questions qui se posent de manière récurrente et qui n’étonnent plus personne : pourquoi n’y a-t-il pas de femmes prêtres ? Pourquoi tant souligner la différence entre les prêtres et les laïcs ? Pourquoi insister sur le pouvoir sacré des prêtres ? Pourquoi le prêtre ne pourrait-il pas se marier comme tout le monde ? Autant de questions qui remettent en cause, souvent par ignorance et sans malice, l’identité du prêtre que le Christ a assumée et que l’Eglise n’a jamais cessé d’affirmer. Nos communautés chrétiennes ont en ce sens un besoin urgent d’assainissement et de purification, tant les mentalités sont contaminées.

    Parmi les idéologies qui nous colonisent aujourd’hui, on aurait tort de sous-estimer l’influence de la théorie dite du gender qui impose à tous, de manière sournoise, une confusion grave sur l’identité de l’homme et de la femme, devenus interchangeables et soumis au critère totalement subjectif du libre- choix de l’individu. Au risque d’être simpliste, avec cette idéologie, on affirmera même qu’il n’y a pas plus de différence entre les prêtres et les laïcs, qu’il n’y a de différence entre l’homme et la femme !

    Au fondement de cette crise d’identité du prêtre, il y a l’effacement de la Métaphysique de l’être. La théologie semble avoir bradé la métaphysique pour se tourner vers l’histoire et finalement vers l’opérationnel. Sans doute l’importance donnée à la métaphysique, pour accueillir l’intemporel de l’éternelle Révélation, avait pu faire oublier que le Logos s’est incarné dans une histoire et qu’il en est résulté une transformation de l’homme et du monde. Mais de là à dénier à la métaphysique son rôle de fondement nécessaire et permanent, pour réduire la foi à une histoire en évolution permanente ou à un engagement pratique dans le monde, il n’y a qu’un pas.

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  • Le cardinal Newman sera canonisé le 13 octobre prochain

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    De Vatican News :

    Le cardinal Newman sera canonisé le 13 octobre

    La canonisation du cardinal Newman, de soeur Marie-Thérèse Chiramel Mankidiyan, de soeur Giuseppina Vannini, soeur Dulce Lopes Pontes et Marguerite Bays, de Suisse, a été annoncée pour le 13 octobre, lors du consistoire public ordinaire du 1er juillet tenu par le Pape François.
     
    Le Pape François a convoqué un Consistoire public ordinaire des cardinaux à Rome ce lundi 1er juillet pour décider de la canonisation de cinq bienheureux, dont le cardinal John Henry Newman d'Angleterre et sœur Marie-Thérèse Chiramel Mankidiyan. Le 12 février, le Pape François a autorisé la promulgation de décrets concernant un miracle attribué à l'intercession du Cardinal Newman et de la religieuse indienne, les permettant ainsi leur élévation à la sainteté. Le cardinal Newman deviendra bientôt le premier nouveau saint de Grande-Bretagne depuis la canonisation de saint Jean Ogilvie par le saint Pape Paul VI en 1976.  Le groupe précédent de saints anglais, 40 martyrs de la Réforme, avait été déclaré saint en 1970.

    De l’anglicanisme au catholicisme

    LIRE AUSSI : 14/02/2019 John Newman, poète et prophète du catholicisme britannique

    Né à Londres le 21 février 1801 et mort à Edgbaston le 11 août 1890, le cardinal Newman était un prêtre anglican qui s'est converti et est devenu prêtre et cardinal catholique. Le célèbre théologien et poète était une figure importante dans l'histoire religieuse de l'Angleterre de son temps. Il fut l'une des figures de proue du mouvement d'Oxford, né à l'Université d'Oxford en 1833, qui cherchait à relier plus étroitement l'Église anglicane à l'Église catholique romaine. Il est vénéré par les Églises catholique et anglicane. En tant que prêtre catholique, il a fondé l'Oratoire de Saint Philippe Neri à Edgbaston, en Angleterre. Le Pape Benoît XVI a béatifié le cardinal Newman le 19 septembre 2010, à Birmingham, en Angleterre. Le cardinal Newman restera notamment dans les mémoires pour son poème «Lead, Kindly light»*, écrit en 1833.

    *

    Conduis-moi, douce lumière, parmi l'obscurité qui m'environne, conduis-moi !
    La nuit est sombre, et je suis loin du foyer, conduis-moi !
    Garde mes pas ; je ne demande pas à voir
    Les scènes éloignées : un seul pas est assez pour moi

    Je n'ai pas toujours été ainsi : je n'ai pas toujours prié que tu me conduises ;
    J'aimais choisir et voir mon chemin, mais maintenant conduis-moi.
    J'aimais le jour éclatant, et, malgré mes craintes,
    L'orgueil dominait mon vouloir : ne te souviens pas des années passées.

    Aussi longtemps que Ta puissance m'a béni, aussi longtemps elle me conduira encore,
    À travers landes et marécages, rochers et torrents, jusqu'à ce que la nuit s'achève
    Et qu'avec ce matin sourient ces visages angéliques
    Que j'ai longtemps aimés et perdus pour une heure.

  • De la peur de l'enfer et des châtiments ici-bas

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    Du blog du Père Simon Noël (moine bénédictin au monastère de Chévetogne) :

    Peur de l'enfer et des châtiments ici-bas

    J'ai posté sur ce blog, il y a quelques semaines, la vidéo d'une conférence du mouvement Tradition, Famille, Propriété sur les apparitions modernes de la Sainte Vierge, en particulier sur La Salette et Fatima. On y parlait de l'enfer et des châtiments éventuels qui déjà ici-bas punissent les iniquités humaines. Cela a provoqué quelques réactions négatives, dont un ami m'a fait part, et du reste je l'en remercie, car cela me force à réfléchir et à affiner mes conceptions de foi. On peut donc légitimement m'objecter de pratiquer une pastorale de la peur. En fait je ne suis nullement un père fouettard obscurantiste. Mon travail quotidien se situe dans le domaine de l’œcuménisme et du dialogue interreligieux, en tant que chroniqueur à la revue Irénikon. C'est pourquoi je publie ces réflexions comme une introduction théologique aux thèmes abordés dans la vidéo en question.

    Apparitions mariales et religion populaire

    On peut dire que les apparitions mariales, en particulier celles qui ont été reconnues par l’Église, font partie de ce qu'on appelle la religion populaire. Ce terme n'a rien de péjoratif. La religion populaire est déjà présente dans l’Évangile : tous ces petits qui suivaient Jésus, comme la femme atteinte d'un flux de sang qui pensait qu'elle serait guérie en touchant la robe de Jésus. Jésus a dit que Dieu a révélé ses secrets aux petits alors qu'il les a cachés aux savants. Le pape François a complètement réhabilité cette religion populaire à plusieurs reprises, lui qui l'a vue de près en Amérique latine. Une ouvrière qui prie saint Antoine peut être plus proche de Dieu qu'un prêtre qui a étudié la philosophie et la théologie pendant des années.

    Quand Marie parle à de pauvres bergers, comme ceux de La Salette ou de Fatima, elle utilise évidemment les catégories religieuses populaires qui sont les leurs et celles de leur temps. Rien ne nous oblige donc de les prendre aux pieds de la lettre. Par exemple, si de simples enfants ont toujours cru que l'enfer était une mare de feu au centre de la terre, comme on le leur a peut-être dit au catéchisme ou en famille, ils verront ainsi l'enfer dans leurs expériences mystiques. Ces faits mystiques sont réels et authentiques, mais nous avons le droit de les décrypter. Il faut distinguer la substance de la foi de ses revêtements imagés. Je fais une analogie contemporaine. De nos jours beaucoup de personnes, à tort ou à raison, croient aux expériences de NDE. Eh bien, je dirais que la Vierge pourrait utiliser ces catégories d'aujourd'hui, pour nous lancer ses appels à la conversion et à l'espérance.

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  • La santé insolente du séminaire de La Castille (75 séminaristes)

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    D'Antoine Pasquier sur le site de l'Hebdomadaire Famille Chrétienne :

    Les secrets du succès du séminaire de Toulon

    ARTICLE | 26/06/2019 | Numéro 2163 | Par Antoine Pasquier

    Des séminaristes prient

    Le quotidien à La Castille est rythmé par trois temps longs de prière : l'adoration, la messe et l'oraison ©A.MICALLEF

    MAGAZINE – Le séminaire de La Castille affiche une santé insolente avec soixante-quinze séminaristes. Quels sont les secrets de sa réussite ? Visite guidée.

    La chapelle

    Trente minutes, tous les jours, sans exception. Chaque matin, à 7 h, les séminaristes de La Castille se retrouvent devant le Saint-Sacrement exposé dans la chapelle dédiée à l’Immaculée Conception. « Prendre quotidiennement ce temps d’adoration, tous ensemble, est vital », confie Albéric, 28 ans, originaire du diocèse de Bayeux-Lisieux, en 2e année de philosophie. « Je ne me voyais pas aller dans un séminaire qui ne propose pas cette forte vie de prière. Ce n’était pas négociable. » « Ici, on apprend vraiment à approfondir notre relation intime avec le Christ », abonde Leonardo, de la Communauté brésilienne Douce Mère de Dieu, en 2e année de théologie.

    Ce primat donné à la vie spirituelle, l’ancien évêque de Toulon, Mgr Joseph Madec, l’a voulu dès la réouverture du séminaire en 1983. « Un prêtre ne peut pas tenir s’il n’est pas enraciné en Dieu », rappelle le Père Jean-Noël Dol, le recteur. « La liturgie, la prière personnelle et communautaire, l’adoration, l’oraison chaque soir, la direction spirituelle font partie de nos fondamentaux depuis le début. Aujourd’hui encore, ils sont toujours très recherchés par les candidats qui se présentent chez nous. »

    C’est le cas de Foucauld, 24 ans, en 1re année de théologie. Alors qu’il avait reçu, deux ans plus tôt, l’appel au sacerdoce, ce Toulonnais d’origine a su, lors d’un séjour à La Castille où il révisait son examen d’entrée à l’ENS Lyon, que ce serait ici, et nulle part ailleurs, qu’il suivrait sa formation de séminariste. « J’ai été marqué par la beauté et la puissance de la liturgie. Ça a été le coup de cœur ! » Il n’est pas le seul !

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  • Eglise d'Allemagne : le pape constate avec douleur l'érosion et la détérioration croissante de la foi avec tout ce que cela implique...

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    De Vatican News :

    François à l'Église allemande : marcher ensemble, animés par l'Esprit

    Le Pape apporte sa contribution au parcours synodal de l'Église d’Allemagne dans une Lettre publiée ce samedi. François exprime son appréciation pour l'Église allemande et l'exhorte à ne pas marcher seule, soulignant le rôle central de l'Esprit Saint dans le renouvellement ecclésial.

    P. Bernd Hagenkord SI - Cité du Vatican

    «Nous sommes tous conscients que nous vivons non seulement une époque de changement, mais aussi un changement d'époque qui soulève des questions nouvelles et anciennes, face auxquelles un débat est justifié et nécessaire.»

    Au début de sa lettre, le Pape François indique clairement qu'il est conscient de la situation dramatique de l'Église d’Allemagne et offre son soutien à la réflexion en cours. La Lettre est une contribution du Pape au cheminement synodal décidé par les évêques lors de leur Assemblée plénière en mars dernier. L'Église souhaite discuter des thèmes centraux de sa crise avec des représentants laïcs et des experts extérieurs. Le point de départ de ce cheminement est constitué par une étude commandée par les évêques eux-mêmes sur la question des abus sexuels commis par des membres du clergé et des religieux. Mais il y a également d'autres questions, comme le vieillissement des communautés, la carence des vocations, le rejet de la doctrine sexuelle catholique et la question du mode de vie des prêtres.

    Contribution au débat

    Le Pape François ne répond pas directement à ces questions concrètes. Sa contribution constitue une base spirituelle au débat. Il ne propose pas de solutions, ni interdit les discussions, mais dans le style d’Evangelii gaudium, il rappelle le caractère central de l'Esprit Saint.

    Son approche de la question est liée à l'unité de l'Église: «Chaque fois qu'une communauté ecclésiale a voulu affronter seule ses problèmes, en s'appuyant uniquement sur ses propres forces, sur sa méthode et son intelligence, elle a fini par multiplier et entretenir les maux qu'elle voulait surmonter».

    Le Pape souligne deux des grandes forces et caractéristiques de l'Église allemande: «Les communautés catholiques d'Allemagne, dans leur diversité et leur pluralité sont reconnues dans le monde entier pour leur sens de coresponsabilité et leur générosité», affirme-t-il. Il s’agit d’une Église de la main tendue. En second lieu, François évoque le «chemin œcuménique parcouru».

    Outre ces caractéristiques positives, la raison du changement d'époque arrive en troisième position: «Aujourd'hui, cependant, avec vous, je constate avec douleur l'érosion et la détérioration croissante de la foi avec tout ce que cela implique non seulement sur le plan spirituel, mais aussi sur le plan social et culturel», un déclin multiforme, «ni simple ni rapide à résoudre», écrit le Pape.

    Synodalité et centralité de la foi

    François s'attarde sur le sens de la synodalité, en soulignant une «double perspective», dans la mesure où elle se réalise dans un premier temps «de bas en haut» avant de se réaliser ensuite seulement, «de haut en bas». La vie quotidienne et la vie concrète dans les différents lieux sont donc prioritaires.

    Dans cette lettre, la centralité de la foi, de l'évangélisation et surtout de l'Esprit Saint sont soulignés à plusieurs reprises sous des angles différents. Traduit dans la vie quotidienne, «cela stimule l'émergence et la continuation de processus qui nous construisent en tant que peuple de Dieu, au lieu de chercher des résultats immédiats avec des conséquences prématurées et médiatiques». Une mise en garde contre une fausse réforme résonne dans ce texte, à la suite d’Evangelii gaudium.

    Pour suivre la voie synodale - observe le Pape - il faut avant tout du courage. En même temps, cependant, il faut aussi veiller à ne pas tomber dans les pièges tendus le long de la route; pièges que François appelle «tentations».

    «A la base de cette tentation se trouve la conviction que la meilleure réponse aux nombreux problèmes et lacunes du moment passe par une réorganisation des choses: Changer les choses puis les “remettre ensemble” pour mettre de l’ordre et faciliter la vie ecclésiale en l'adaptant à la logique actuelle ou à celle d'un groupe particulier». Or, pour François, une réalité ecclésiale organisée ne résout rien car elle a aussi besoin de la «morsure de l'Évangile» et de sa fraîcheur.

    L'évangélisation, critère directeur

    Il est nécessaire de procéder avec sagesse. La vision rationnelle des problèmes a du sens, mais ce n'est pas l'accomplissement de «notre façon d'être fidèles». François repart de son message central: «la conversion pastorale». L'évangélisation doit être le «critère directeur par excellence».

    La centralité de l'Esprit façonne aussi la conduite des débats: «La vision synodale n'élimine ni les contradictions ni la confusion» et ne subordonne pas les conflits à de faux compromis.

    «L'évangélisation ainsi vécue n'est pas une tactique de repositionnement de l'Église dans le monde d'aujourd'hui», observe le Pape François . Ce n'est pas une «retouche» qui adapte l'Église à l'esprit du temps, qui lui ferait perdre son originalité et sa mission prophétique. D'autre part, l'évangélisation ne signifie pas «une tentative de retrouver des habitudes et des pratiques qui ont du sens dans d'autres contextes culturels».  C’est là un double rejet de ceux qui cherchent le salut par l'adaptation ou le traditionalisme.

    Pour ne pas rester confiné dans l'abstrait, le Pape indique les objectifs d'une véritable réforme: partir à la rencontre des frères et sœurs, et spécialement des marginaux, des plus faibles, dans le contexte d'une culture du rejet et qui entretient souvent des «discours xénophobes».

    Marchons ensemble

    Encore une fois, François revient sur le thème de la synodalité et son besoin de «Sensus Ecclesiae» vivant, une nécessité commune à toute l'Église, car le chemin parcouru ne doit pas finir «isolé dans ses particularités».

    «Les défis qui nous attendent, les différentes interrogations qui émergent, ne peuvent être ignorés ou cachés. Ils doivent être affrontés dans le souci de ne pas s’enliser et de ne pas les perdre de vue, ce qui rétrécirait nos horizons et notre réalité». C'est ainsi que le Pape résume sa conception du cheminement synodal. Tout le monde, et en particulier les «simples et les petits», doit être entendu.

    Enfin il ajoute : «Marchons ensemble sur ce chemin, comme un corps apostolique, et écoutons-nous les uns les autres sous la conduite de l'Esprit Saint, même si nous ne pensons pas de la même manière». François conclut : «Que le Seigneur nous montre le chemin des Béatitudes»

  • Comme un problème au royaume du progressisme triomphant

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    Pourquoi la génération la plus prospère, la plus libre et la mieux protégée de l’histoire est-elle en train de sombrer dans des pulsions d’euthanasie à cause de l’écologie ?

    Alors que notre génération est probablement l'une de celles vivant dans la plus grande prospérité, l'une des plus protégées et des plus libres, un sentiment de pessimisme, fortement lié au sentiment d'urgence écologique, la traverse...

    Pour « Atlantico », Eddy Fougier et Chantal Delsol  dialoguent sur ce phénomène:

    Atlantico : Alors que notre génération est probablement l'une de celles vivant dans la plus grande prospérité, l'une des plus protégées et des plus libres, un sentiment de pessimisme, fortement lié au sentiment d'urgence écologique, la traverse. Quelles sont les causes d'un tel pessimisme ambiant ? A quel point est-il intrinsèquement lié au sentiment d'urgence écologique ?

    Chantal Delsol : C’est la France qui est pessimiste et dépressive. Toutes les études sociologiques le montrent. Les Français se rendent compte que la mondialisation et l’ouverture à tous les vents leur fait perdre leur système social spécifique, très avantageux. Un Etat colbertiste n’est plus possible dans un pays moderne à l’époque de la mondialisation. Fait aggravant : le président de la République lui-même, élu et soutenu par l’élite cosmopolite et mondialisée, s’attache à mettre en cause le vieux modèle protecteur et colbertiste. Il y a pour le Français de quoi se révolter. D’où les gilets jaunes. Et je n’ose penser à ce qui se passera quand on voudra réformer les retraites ! Tout cela laisse comprendre le paradoxe : nous avons le pays le plus protecteur et redistributeur du monde, et nous sommes constamment mécontents, aigris et vindicatifs. C’est que nous sentons que ce système, on est en train de le rogner par tous les bouts.

    L’écologie joue un grand rôle parce qu’en l’absence désormais de religions, elle est devenue la seule religion partagée et conquérante, d’abord dans la jeunesse. Comme toutes les religions elle a ses clercs, ses prières, ses dogmes, ses grands-messes, ses grands mensonges qui fonctionnent très bien (regardez l’histoire des rats de Seralini en 2012), et son intolérance rituelle (on ne discute pas avec des euro-sceptiques: on les injurie). Il y a surement des vérités scientifiques dans le discours écologique. Mais il y a aussi des excès, des calembredaines, et même des tromperies conscientes faites pour affoler les fidèles croyants. On est encore dans une idéologie de type religieux. C’est pourquoi il est si difficile de savoir qui croire et ce qui est vrai.

    Eddy Fougier : Il y a effectivement, d'un point de vue objectif, quelque chose d'incompréhensible à l'échelle mondiale : l'amélioration d'un certain d'indicateurs, c’est-à-dire le niveau de vie, la mortalité infantile, l'espérance de vie, les indices liés à la malnutrition, la pauvreté également en baisse. D'un point de vue objectif, on a l'impression que les choses s'améliorent. Mais d'un point de vue subjectif, on a l'impression que les choses empirent, notamment pour les jeunes générations. Pour ces derniers, sûrement que cette de l'urgence climatique–qui est la chape de plomb de la lutte écologique - explique qu'on a du mal à se projeter dans le futur de manière optimiste, que la plupart des activités humaines sont entachés d'une sorte de péché, de culpabilité collective, qui fait que ces activités –industrielles, agricoles, animales- aboutissent à être l'origine de ce changement climatique. On est face à ce grand paradoxe où on n'a jamais aussi bien vécu à l'échelle mondiale, et pourtant le futur demeure incertain.

    Cette peur qui peut aller jusqu'à la volonté de ne pas faire d'enfant ou de s'euthanasier a une symbolique quasi-religieuse. Peut-on considérer que l'on fait face à un néo-millénarisme écologique ?

    Chantal Delsol : Les humains font des enfants pour deux raisons : soit parce qu’ils n’ont pas de moyens de contraception et donc souvent malgré eux, soit parce qu’ils ont une forme ou une autre de spiritualité, c’est-à-dire qu’ils valorisent quelque chose qui les dépasse. A une époque où nous avons la contraception sans la spiritualité, il n’y a plus grande raison de se reproduire. C’est pourquoi Raymond Ruyer disait que dans les cent prochains siècles, on était au moins sûrs d’une chose : les humains encore présents seraient religieux d’une manière ou d’une autre.

    Eddy Fougier : Effectivement. Quand j'ai vu monter la théorie de la collapsologie, j'avais un projet d'ouvrage que je souhaitais nommer ainsi. De même, il y a une dimension néo-religieuse dans ce qui se passe. On l'a ressenti en 2000 avec le bug qu'on prévoyait mais aujourd'hui ce sentiment est multiplié avec la crainte du grand effondrement à l'horizon 2030, 2040. Avec cette idée que seuls les "purs", ceux qui respectent la Terre-mère, Gaïa, pourront survivre. Et cette religion a ses prophètes, notamment suédois [ndlr. Greta Thunberg]. Ce sentiment ne sera que grandissant à mesure qu'on accumulera les preuves de l'impact de l'homme sur la terre. Mais ceci se trouvera également de plus en plus exploité par des marchands de peurs. Cela existe à l'échelle nationale avec les courants populistes. Mais ça pourra transparaître également dans des mouvements de nature religieuse, sectaire, voire idéologique, qui vont exploiter cette crainte de l'avenir et de l'effondrement de la civilisation.

    Le sentiment de déclin qui parcourt le monde occidental et à fortiori la France joue-t-il une part importante dans ce ressenti ? En quoi ce sentiment millénariste est-il associé au progressisme ?

    Chantal Delsol : Le sentiment de déclin est d’abord du au fait du déclin de notre modèle social dont j’ai parlé plus haut. Mais aussi au fait que la seule religion que nous ayons, la religion écologique, est une religion de catastrophe et non d’espérance: elle a restitué le temps circulaire des anciens paganismes, elle a renoncé au temps fléché du monothéisme judéo-chrétien. Le temps circulaire ne peut produire que du pessimisme : l’espoir y est vain.

    Eddy Fougier : Il y a un clivage de plus en plus fort entre les populations de pays développés et les pays émergents. Du côté de ces derniers, ils considèrent que leur vie s'améliore.  C'est le contraire pour les premiers qui estiment que les générations futures vivront moins bien que les générations actuelles. C'est un ressenti subjectif basé en terme de croissance, de niveau de chômage, d'insécurité économique et sociale, qui explique cette fracture. L'idée qu'il y a un jeu à somme nul où les pays émergents se sont développés au détriment des pays développés est finalement assez courante dans l'opinion publique. 

    Pour autant, je ne pense pas que le sentiment de déclin de l'Europe se retrouve lié à la collaspologie et à ses adeptes. Pour ces derniers, l'effondrement est lié à la diffusion d'un modèle occidental. Le bruit ambiant fait effectivement pourtant en sorte qu'il y a cet amalgame, comme on l'a vu chez les gilets jaunes qui y associent un déclin collectif de la civilisation occidentale et une incapacité à se projeter sans peur dans le futur. Pour résumer, pour ceux de la génération de Greta Thunberg à Pablo Servigne, l'Occident mourra de ses péchés.

    Le progressisme de l'autre côté –celui qui prône la décroissance- se retrouve également associé à cette chape de plomb du changement climatique. L'idée est un retournement du concept thatchérien "il n'y a pas d'alternative". C’est-à-dire que la seule alternative possible est en réalité la décroissance; c'est réduire de façon drastique les émissions de gaz à effet de serres par exemple ou mettre fin à notre système agro-alimentaire actuel. Donc remettre en cause de façon radical notre mode de développement, notre modèle économique à l'échelle individuelle et collective et éventuellement envisager un régime plus autoritaire pour imposer ce passage d'une abondance à une pénurie par anticipation de ce que pourrait être ce grand effondrement.

    Ref. Comme un problème au royaume du progressisme triomphant :

    Après la "religion" des droits de l’homme voici celle de l’écologisme et, en prime, une certaine Eglise déboussolée qui lui court après mais pour un chrétien, pas de quoi s’agiter: saint Paul nous avait déjà prévenus. Et la logique y ajoute le point de vue de la raison: la société occidentale est devenue mortifère. C’est pourquoi, en forçant un peu le trait, on peut en déduire, avec Rémi Brague et Raymond Ruyer, que les humains qui seraient présents d’ici quelques siècles dans nos contrées seront religieux d’une manière ou d’une autre…

    JPSC

  • Nos églises : quelle politique adopter et comment gérer au mieux leur avenir ? La réponse de nos évêques

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    Le bâtiment d’église – Signification et avenir


    Pendant des siècles, nous avons vécu en Europe occidentale, au sein d’une culture chrétienne assez homogène. Il fallait des églises dans toutes les villes, tous les villages et même tous les quartiers. Depuis, les temps ont beaucoup changé. L’infrastructure héritée du passé ne correspond plus à la situation réelle de l’Église dans notre société. Certaines églises sont encore bien fréquentées et visitées aujourd’hui. Mais pas toutes. Beaucoup sont moins utilisées qu’avant. D’où la question qui se pose de plus en plus : comment faire face au problème, quelle politique adopter et comment gérer au mieux l’avenir de nos églises ?

    Nous devons prendre des décisions concrètes. Certaines églises se voient attribuer une destination partagée. D’autres sont désaffectées et reconverties. Parfois, le choix est assez évident. Mais souvent, il est très délicat. Les gouvernements ne nous demandent pas de fermer des églises. Ils souhaiteraient de la part de l’Eglise un plan, une perspective précisant les églises qu’elle veut conserver pour le culte, celles qui peuvent recevoir une destination partagée et celles qu’elle veut désaffecter.  Ces plans et ces choix doivent être faits en concertation avec toutes les parties concernées, y compris les communautés locales. Cela ne facilite pas l’élaboration d’une politique commune et cohérente pour l’ensemble de l’Église.

    Il est important d’éviter que les questions concernant l’avenir des églises ne soient examinées et tranchées qu’au niveau local. Une politique commune est très importante. En effet, la manière dont nous traitons nos édifices religieux est aussi en lien avec la manière dont nous voulons être présents comme Eglise dans la société. Le problème des édifices religieux ne peut se réduire à ce dont nous avons besoin pour la pastorale. Il faut se poser la question de ce qu’on entend par pastorale et de ce qu’elle exige. Le sens et l’avenir de nos édifices religieux sont liés à des questions qui dépassent les simples besoins pastoraux. De nombreux facteurs interviennent. Il faut bien sûr tenir compte de la situation et des possibilités locales. Mais on ne peut se limiter à une approche au cas par cas sans vision commune, à fortiori sans vision plus large et sans politique à plus long terme. C’est pourquoi nous abordons ce problème sur base des significations multiples du bâtiment d’église.

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