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Foi - Page 663

  • L'année sainte de la Miséricorde : une révolution de tendresse selon le pape

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    La revue catholique italienne Credere publie ce jour une interview du Saint-Père, dans laquelle il explique les motivations et les attentes du Jubilé de la miséricorde, ainsi que son expérience personnelle de la miséricorde divine. En voici de larges extraits :

    ( Source : www.radinrue.com )

    ’’Le thème de la miséricorde a fortement été accentué dans l’Eglise à partir de Paul VI. Jean-Paul II y est revenu dans l’encyclique Dives in Misericordia, instituant avec la canonisation de sainte Faustine Kowalska la fête de la Divine Miséricorde, fixée à l’octave de Pâques.

    Dans ce sillage, j’ai ressenti comme un désir du Seigneur de montrer sa miséricorde envers les hommes. Il s’est donc agi pour moi de suivre une tradition relativement récente pour une attention qui a toujours existé... Il est évident que le monde a besoin de la miséricorde, besoin de compassion, c’est à dire 'souffrir avec avec'. Nous sommes habitués aux mauvaises nouvelles, à la cruauté et aux pires atrocités qui offensent le nom et la vie de Dieu. Le monde a besoin de découvrir que Dieu est Père, qu’il y a la miséricorde, que la cruauté n’est pas plus une solution que la condamnation.

    Si l’Eglise suit parfois une ligne dure ou est tentée de la suivre en soulignant les normes morales, beaucoup de gens sont laissés de côté. ... Je vois l’Eglise comme un hôpital de campagne après la bataille : Combien de personnes souffrent, sont blessées ou tuées !... Nous devons soigner, guérir, soutenir... Nous sommes tous pécheurs, et tous nous portons nos croix. J’ai senti que Jésus veut ouvrir la porte de son cœur, que le Père veut montrer sa tendre miséricorde, nous envoyant l’Esprit... C’est l’année du pardon, de la réconciliation. D’un côté, nous voyons la production et le commerce des armes qui tuent les personnes innocentes d’une manière la plus cruelle possible, de l’autre l’exploitation des personnes, des enfants. Un sacrilège est en cours contre l’humanité. L’homme est sacré, car image du Dieu vivant. Et le Père dit de nous arrêter pour aller vers lui".

    Plusieurs fois le Pape François a dit se sentir pécheur. Comment vit-il la miséricorde de Dieu ? : ’’Je suis un pécheur, j’en suis sûr, un pécheur que le Seigneur a regardé avec pitié. Comme je l’ai dit aux prisonniers en Bolivie, je suis un homme pardonné. Dieu me regarda avec compassion et m’a pardonné. Même maintenant, je fais des erreurs et commets des péchés. Je me confesse tous les quinze ou vingt jours, parce que je ressens toujours le besoin de la miséricorde de Dieu... J’ai eu ce sentiment à dix-sept ans, d’une manière spéciale le 21 septembre 1953, quand j’ai ressenti le besoin d’entrer dans une église me confesser...

    C’est devenu évident. J’ai décidé de devenir prêtre... et c’est un prêtre malade de leucémie qui m’a accompagné pendant un an. Il est mort l’année suivante. Après l’enterrement, je pleurais à chaudes larmes, je me sentais complètement perdu, comme si Dieu m’avait abandonnée. C’est là que j’ai suis rencontré la miséricorde de Dieu, qui est désormais étroitement liée à ma devise épiscopale... La traduction littérale serait en étant miséricordieux et en choisissant".

    Le Jubilé de la miséricorde peut-il être l’occasion de redécouvrir la maternité de Dieu ? Y a-t-il un aspect féminin de l’Eglise qui doive être reévalué ?

    ’’Oui, dans le livre d’Isaïe, Dieu affirme que si une mère en arrivait à oublier son enfant, lui ne nous oubliera pas. Voici la dimension maternelle de Dieu. Tout le monde ne comprend pas l’expression Maternité de Dieu, qui n’appartient pas au langage populaire... C’est pourquoi je préfère utiliser le mot tendresse, typique d’une mère, la tendresse de Dieu. Dieu est père et mère.’’

    La miséricorde dans la Bible nous fait découvrir un Dieu plus miséricordieux qu’on ne pourrait le croire. Cette tendresse envers l’homme peut-elle favoriser un changement d’attitude envers l’autre ?

    "Certes, cela conduira à être un plus tolérant, plus patient, plus attentif... Durant le Synode de 1994, j’avais dit qu’il fallait mettre en route une révolution de tendresse...

    Aujourd’hui cette tendresse nous devons la faire grandir comme résultante de l’Année de miséricorde : la tendresse de Dieu est pour chacun de nous. Chacun de nous a le droit de dire : Je suis malheureux, mais Dieu m’a aime, alors je dois aussi aimer les autres de la même manière. « Evoquant le célèbre Discours de la lune, lorsque Jean XXIII recommanda aux fidèles de rentrer chez eux avec une caresse aux enfants. C’est devenu une icône de l’Eglise de la tendresse, qui aide les communautés chrétiennes à se développer et à se renouveler : "Quand je vois les malades, les personnes âgées, je reçois une caresse spontanée, car c’est le premier geste que font les parents sur leur nouveau-né. C’est un Je t’aime, je veux tu ailles bien."

  • Religion, l’heure de vérité

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    9782360405985.jpgC’est le titre d’un ouvrage  publié aux éditions Artège par Mgr Minnerath, archevêque de Dijon. Christophe Geffroy l’a interviewé pour le mensuel « La Nef »:

    "La Nef – En quoi la liberté de religion a-t-elle été une exigence du christianisme dès l’origine ? Et cette exigence a-t-elle été propre au christianisme ?


    Mgr Roland Minnerath – Il faut bien comprendre que le christianisme n’entre pas dans la catégorie « religion » telle qu’on la connaissait au temps de Jésus. Le judaïsme est la religion d’un peuple, les différents cultes gréco-romains sont des cultes familiaux et civiques. Chaque cité a sa divinité protectrice ; l’empire tout entier est sous la protection des dieux de Rome. On n’imagine pas qu’on puisse distinguer entre appartenance familiale et civique d’une part et religion d’autre part. Que demande le Christ ? Il demande la foi en lui. Les disciples du Christ se recrutent dans tous les horizons religieux : judaïsme, cultes civiques, philosophies. Ils forment une communauté qui est l’Église, laquelle ne coïncide pas avec les communautés naturelles que sont la famille et la cité. Le christianisme va réclamer la liberté de croire et de vivre sa foi sans rompre avec les attaches naturelles familiales et civiques, mais en évacuant ce que ces attaches comportaient de religieux et d’idolâtrique. Surtout au IIe siècle, les Apologistes chrétiens, Tertullien en tête, expliqueront aux autorités romaines que les chrétiens, même s’ils rejettent les rites religieux païens, n’en sont pas moins de loyaux citoyens de l’empire. Ils prient pour le salut de l’empire. « L’empereur n’est grand qu’autant qu’il est inférieur au ciel », écrivait Tertullien. Le christianisme a donc mis fin aux religions civiques et politiques, ce que regrettera Rousseau qui trouvait que la cité antique, grâce au lien religieux, dominait mieux ses citoyens. Le christianisme exige donc un espace de liberté inconnu jusque-là : celui de la démarche de la conscience et de la liberté intérieure vécue dans la participation à une communauté de foi. 
    L’islam ne connaît pas cette distinction, puisqu’il se réfère à une loi, la charia, qui est à la fois loi religieuse et civile obligatoire pour tous. Le christianisme porte en germe la distinction de l’ordre politique et de l’ordre religieux, mais avec le christianisme la « religion » n’a plus la même définition qu’auparavant.

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  • Du 5 au 8 décembre : Pray for Belgium

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    Page facebook : https://www.facebook.com/events/1713781532177414/

  • Etre né en ces temps : une aubaine d'après Fabrice Hadjadj

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    41aXaJJutmL._SX342_BO1,204,203,200_.jpgDe Famille Chrétienne (Charles-Henri d'Andigné) : 

    L'aubaine d'être né en ce temps : pour un apostolat de l'apocalypse

    Auteur : Fabrice Hadjadj

    Editeur : Emmanuel; 64 pages«La conversion missionnaire : sortir de soi-même pour se laisser provoquer par les signes des temps. » C’était le thème d’une conférence donnée par Fabrice Hadjadj à Rome, en novembre 2014. Comment faire un texte passionnant avec un titre pareil ? Il fallait pour cela toute son habileté. Il en propose dans son dernier livre une version rallongée, avec un nouveau titre.Se convertir, avertit le philosophe, ce n’est pas appartenir à un parti. C’est se tourner vers Dieu. Et cette conversion est missionnaire, car, écrit-il, « en nous tournant vers Jésus, elle nous tourne nécessairement vers tous les autres ». Et quels sont ces « signes des temps » ? Fabrice Hadjadj en identifie plusieurs.La fin des progressismes, tout d’abord, qui nous ont fait croire aux lendemains qui chantent : les chrétiens devront les remplacer par l’Espérance, « qui s’ancre dans la foi en l’Avenir éternel ». De même, nous avons le choix entre la globalisation et la catholicité, ce qui change du tout au tout le regard que nous portons sur la Création en général, et nos frères en particulier. En outre, l’auteur en appelle à une théologie de la paternité : « L’homme, en étant époux et père, devient le défenseur de sa femme et de ses enfants. […] Il y aurait beaucoup à dire sur l’efféminement des chrétiens, […] les faux appels au dialogue où la vérité est exclue… »Notre monde, poursuit le philosophe, est marqué par la dématérialisation (celle du virtuel), d’où une perte du sens du réel et de ses contraintes, à laquelle s’oppose le Verbe incarné. Et il souffre du « dividualisme » : l’individu – qui prétend se construire seul – se réduit lui-même à un ensemble de pièces détachées. Or notre témoignage ne peut être seulement individuel. Il doit être le « témoignage d’une communauté vivante, hospitalière, rayonnante ». Bref, conclut-il, il nous faut, devant la désincarnation, retrouver la chair. 

    Extraits

    L’être et le néant

    « Telle est la difficulté de nos jours. Il ne s’agit plus seulement, pour les apôtres, de faire des miracles, mais de rappeler des évidences premières : que la femme est une femme et l’homme, un homme ; que le mariage est d’un homme et d’une femme ; que l’enfant naît d’un père et d’une mère ; que les vaches ne sont pas carnivores ; que le donné naturel n’est pas une construction conventionnelle ; que l’être n’est pas le néant… Rappeler ces évidences est plus difficile que la science, plus difficile que le miracle même. Car l’évidence première n’est pas spectaculaire comme le miracle, et elle ne peut pas se démontrer comme les conclusions d’une science. Si bien qu’on se retrouve à expliquer, avec un certain ridicule – surtout au milieu de l’incendie ou du déluge – que le feu brûle ou que l’eau mouille… »

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  • Saint André, le premier appelé (30 novembre)

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    Le mercredi 14 juin 2006, lors de l'audience générale, Benoît XVI évoquait la figure de l'apôtre André :

    Chers frères et soeurs,

    Dans les deux dernières catéchèses, nous avons parlé de la figure de saint Pierre. A présent, nous voulons, dans la mesure où les sources nous le permettent, connaître d'un peu plus près également les onze autres Apôtres. C'est pourquoi nous parlons aujourd'hui du frère de Simon Pierre, saint André, qui était lui aussi l'un des Douze. La première caractéristique qui frappe chez André est son nom:  il n'est pas juif, comme on pouvait s'y attendre, mais grec, signe non négligeable d'une certaine ouverture culturelle de sa famille. Nous sommes en Galilée, où la langue et la culture grecques sont assez présentes. Dans les listes des Douze, André occupe la deuxième place, comme dans Matthieu (10, 1-4) et dans Luc (6, 13-16), ou bien la quatrième place comme dans Marc (3, 13-18) et dans les Actes (1, 13-14). Quoi qu'il en soit, il jouissait certainement d'un grand prestige au sein des premières communautés chrétiennes.

    Le lien de sang entre Pierre et André, ainsi que l'appel commun qui leur est adressé par Jésus, apparaissent explicitement dans les Evangiles. On y lit:  "Comme il [Jésus] marchait au bord du lac de Galilée, il vit deux frères, Simon, appelé Pierre, et son frère André, qui jetaient leurs filets dans le lac:  c'était des pêcheurs. Jésus leur dit:  "Venez derrière moi, et je vous ferai pêcheurs d'hommes"" (Mt 4, 18-19; Mc 1, 16-17). Dans le quatrième Evangile, nous trouvons un autre détail important:  dans un premier temps, André était le disciple de Jean Baptiste; et cela nous montre que c'était un homme qui cherchait, qui partageait l'espérance d'Israël, qui voulait connaître de plus près la parole du Seigneur, la réalité du Seigneur présent. C'était vraiment un homme de foi et d'espérance; et il entendit Jean Baptiste un jour proclamer que Jésus était l'"agneau de Dieu" (Jn1, 36); il se mit alors en marche et, avec un autre disciple qui n'est pas nommé, il suivit Jésus, Celui qui était appelé par Jean "Agneau de Dieu". L'évangéliste rapporte:  ils "virent où il demeurait, et ils restèrent auprès de lui ce jour-là" (Jn 1, 37-39). André put donc profiter de précieux moments d'intimité avec Jésus. Le récit se poursuit par une annotation  significative:   "André,  le frère de Simon-Pierre, était l'un des deux disciples  qui avaient entendu Jean Baptiste et qui avaient suivi Jésus. Il trouve d'abord son frère Simon et lui dit:  "Nous avons trouvé le Messie (autrement dit:  le Christ)". André amena son frère à Jésus" (Jn 1, 40-43), démontrant immédiatement un esprit apostolique peu commun. André fut donc le premier des Apôtres à être appelé à suivre Jésus. C'est précisément sur cette base que la liturgie de l'Eglise byzantine l'honore par l'appellation de Protóklitos, qui signifie précisément "premier appelé". Et il est certain que c'est également en raison du rapport fraternel entre Pierre et André que l'Eglise de Rome et l'Eglise de Constantinople se sentent de manière particulière des Eglises-soeurs. Pour souligner cette relation, mon Prédécesseur, le Pape Paul VI, restitua en 1964 les nobles reliques de saint André, conservées jusqu'alors dans la Basilique vaticane, à l'Evêque métropolite orthodoxe de la ville de Patras en Grèce, où selon la tradition, l'Apôtre fut crucifié.

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  • Centrafrique : la Présidente de la République accueille le pape par un discours plus religieux que politique

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    Catherine-Samba-Panza-Je-confesse-tout-le-mal-qui-a-ete-fait-en-Centrafrique-et-je-demande-pardon_article_main.jpgEn accueillant le pape François, dimanche 29 novembre, à l’occasion de sa visite à Bangui, la présidente de transition de la République centrafricaine, Catherine Samba-Panza, a demandé « pardon » au nom des dirigeants ayant contribué à la « descente aux enfers » de son pays. Discours publié sur le site de « La Croix » :

    « Très Saint-Père,

    Leurs éminences les cardinaux, évêques et dignitaires religieux de toutes les obédiences,

    Distingués membres du clergé catholique, des églises protestantes, des mosquées et de différents cultes,

    Distinguées personnalités du monde entier qui ont bien voulu se joindre à nous en cette occasion exceptionnelle,

    Mes chers compatriotes unis en ce jour mémorable dans notre diversité,

    Au regard des incertitudes qui ont, un temps, entouré la visite du pape en terre centrafricaine, sa présence effective parmi nous aujourd’hui est vécue comme une bénédiction du ciel. Cette présence effective du pape François à Bangui est également perçue comme une victoire. Une victoire de la foi sur la peur, sur l’incrédulité et une victoire de la compassion et de la solidarité de l’église universelle. Nous nous en réjouissons tous et gloire soit rendue à Dieu pour cela.

    C’est pourquoi, ces 29 et 30 novembre 2015 sont des jours à marquer d’une pierre blanche dans l’histoire de notre pays. Car en ces jours historiques, nous sommes le cœur de l’Afrique, la fierté d’une région.

    Remplie de joie et d’allégresse, je souhaite très solennellement la bienvenue au pape François, ainsi qu’a toute sa délégation. « Nzoni gango na sesse ti be Afrika, Tobwa Francois ». Le peuple centrafricain se joint également à moi pour vous dire du fond du cœur « Singuila mingui » ainsi qu’à toutes les personnes qui ont effectué le déplacement à Bangui pour cet important événement.

    Très Saint-Père,

    Le contexte politique du moment, les menaces sécuritaires réelles ou amplifiées qui ont émaillé les préparatifs de votre visite, la résurgence ces derniers jours des mouvements extrémistes et du terrorisme avec une violence omniprésente, auraient pu vous décourager à prendre le risque de faire le déplacement de Bangui. Il n’en est rien. La leçon de courage et de détermination est ici exemplaire et devrait nous enseigner. Vous avez toujours manifesté votre solidarité aux victimes de la crise centrafricaine, en encourageant les hommes et les femmes de Centrafrique, toutes obédiences religieuses confondues, à rester mobilisés pour reconstruire la cohésion nationale. Aujourd’hui, Vous leur confirmez une fois de plus et aux yeux du monde entier que Vous êtes à leurs côtés dans la fraternité et l’amitié universelles entre les hommes. Vous avez surtout démontré une fois de plus que vous êtes le pape des pauvres, des meurtris et de tous ceux qui sont dans la détresse.

    Vous avez en effet choisi de visiter un pays détruit dans ses fondements par plusieurs décennies de crises à répétition, un pays qui vit des drames au quotidien. Vous avezdécidé de venir témoigner votre compassion et votre solidarité à un peuple tenaillé par la haine et l’esprit de vengeance, déchiré par des conflits interminables mais qui, malgré tout, n’a pas totalement perdu sa foi et est toujours debout par la force de l’espoir.

    Au nom de cette foi, je veux commencer par implorer, à travers vous, la miséricorde de Dieu tout puissant au seuil de cette visite que tous les Centrafricains sans distinction attendaient dans la ferveur et l’espérance. Votre présence nous apporte la lumière de la visitation divine qui vient illuminer et transfigurer nos cœurs dans la repentance.

    Très Saint-Père,

    La République centrafricaine, notre pays, a été fondée par un homme d’Église, Barthélémy Boganda dont la vision, en tant que serviteur de Dieu et homme d’État était de placer l’homme et la femme créés à l’image de Dieu au cœur du développement du pays sans distinction ethnique, religieuse ou sociale. Cette vision de « Zo kwe zo » prône l’unité nationale, l’humanisme et le respect de l’être humain. Mais les filles et les fils du pays n’ont pas su gérer l’héritage spirituel, moral, politique et social de notre Père fondateur. Il s’est ensuivi une histoire tumultueuse caractérisée par des crises à répétition. Notre pays, n’a ainsi pas été épargné de vents dévastateurs qui ont semé la désunion et la méfiance jusqu’à la violence entre ceux qui appartiennent à un même socle, à une même nation. Des Centrafricains ont infligé des souffrances inqualifiables à d’autres Centrafricains.

    C’est pour cela qu’il revient aux filles et aux fils de ce pays de reconnaître leurs fautes et demander pardon, un pardon sincère que votre bénédiction transformera en un nouveau levain pour la reconstruction du pays.

    Au nom de toute la classe dirigeante de ce pays mais aussi au nom de tous ceux qui ont contribué de quelque manière que ce soit à sa descente aux enfers, je confesse tout le mal qui a été fait ici au cours de l’histoire et demande pardon du fond de mon cœur.

    Très Saint-Père,

    Nous avons absolument besoin de ce pardon à l’occasion de votre visite simplement parce que les dernières évolutions de la crise dans notre pays sont apparues comme des abominations commises au nom de la religion par des gens qui se disent des croyants. Or, comment être croyants et détruire des lieux de culte, tuer son prochain, violer, détruire des biens d’autrui et procéder à des violences de toutes sortes?

    Nous avons absolument besoin de ce pardon parce que nos cœurs sont endurcis par les forces du Mal. L’amour sincère du prochain nous a quittés et nous sommes désormais ancrés dans l’intolérance, la perte des valeurs et le désordre qui en résulte.

    Nous avons besoin de ce pardon pour reprendre le chemin d’une nouvelle spiritualité plus vivante, accueillante et concrète parce que fondée sur l’amour vrai qui contribue à la réalisation et à l’affirmation de notre humanité.

    Nous sommes en effet conscients que la plus grande chose que votre séjour parmi nous peut nous apporter, c’est la prière, l’intercession pour que les démons de la division, de la haine et de l’autodestruction soient exorcisés et chassés définitivement de nos terres, pour que notre pays retrouve le chemin d’une nouvelle spiritualité solidement ancrée dans la tolérance, l’amour du prochain, le respect de la dignité humaine et des Autorités établies.

    Très Saint-Père,

    En tant que messager de la paix, vous avez choisi de venir consoler un peuple meurtri afin de le restaurer et de le réconcilier avec la grâce que Dieu lui a faite par son sol, son sous-sol, ses eaux, sa faune, ses forêts et sa diversité culturelle. Votre présence parmi nous doit nous réconcilier avec la paix. Que le souffle de paix que vous apportez demeure en République centrafricaine et établisse l’étendard de la gloire de Dieu sur notre pays.

    Vos messages sont attendus pournous libérer de la peur de l’autre, pour nous aider à cesser nos conflits, à changer nos cœurs et à nous établir sur la voie de la sérénité, de la sagesse, de la fraternité et de la paix.

    Il est incontestable que le message de paix que vous nous apportez ne manquera pas d’infléchir et de tourner nos cœurs vers Dieu qui est la source véritable de la paix profonde à laquelle nous aspirons.

    Après toutes les souffrances que notre peuple a vécues et continue de vivre, vous lui apportez certes le réconfort, la chaleur et la force de votre foi, votre commisération mais davantage: vous lui apportez l’espérance et la lumière d’une renaissance certaine.

    Aujourd’hui, le peuple Centrafricain vit dans l’espérance du retour durable de la sécurité sur toute l’étendue de son territoire, de l’organisation des élections libres, transparentes et démocratiques et au final, d’un retour à l’ordre constitutionnel avec des dirigeants élus qui présideront à sa destinée avec la préoccupation d’assurer son bien-être au quotidien.

    Et c’est dans l’allégresse et la piété que nous Centrafricains de toutes les confessions religieuses confondues attendons que Votre main puissante bénisse ce pays afin qu’il devienne enfin cette terre de Zo Kwé Zo dont avait rêvé Barthélémy Boganda, père fondateur de la République centrafricaine.

    Une Centrafrique sans rancœurs, sans haines, sans divisions, sans discrimination de religions et d’ethnies, une Centrafrique sans armes et dans laquelle tous les citoyens pourraient « se donner la main », pour relever et reconstruire leur pays.

    Puisse cette visite marquer la naissance d’une nouvelle ère de coopération renforcée entre le Saint-Siège et la République centrafricaine pour nous aider à atteindre l’épanouissement dans toutes ses dimensions matérielle et spirituelle.

    Avant de clore mon propos, je me dois de remercier toutes les bonnes volontés qui ont contribué à faire de cette visite non seulement une réalité, mais surtout un réel succès. Je voudrais remercier le nonce apostolique, l’archevêque de Bangui, le président de la conférence épiscopale de Centrafrique et toute la communauté catholique de Centrafrique, qui n’a ménagé aucun effort pour la concrétisation de cette visite. Le comité d’organisation ecclésiale et le comité gouvernemental ont ainsi travaillé en synergie au sein de la coordination nationale pour optimiser l’organisation de l’événement. À tous, je dis merci, mille fois merci, pour leurs précieuses contributions.

    Ces remerciements vont aussi à l’endroit des forces internationales notamment la Minusca et la Sangaris pour les efforts supplémentaires accomplis pour la circonstance. Leur présence sur le terrain aux côtés des forces intérieures est un élément essentiel de la réussite de cette visite.

    Très Saint-Père,

    Je terminerai mon propos en vous souhaitant ainsi qu’à toute la délégation qui Vous accompagne un très bon et agréable séjour en terre centrafricaine, terre de désolation aujourd’hui mais terre d’opportunités et d’avenir.

    Gloire à Dieu pour la présence de son messager parmi nous. Que la terre centrafricaine tressaille de joie car Dieu a jeté un regard favorable sur elle pour la sauver. Dieu a exaucé nos prières et nous a envoyé le messager de la paix. Nous sommes sauvés!

    Je vous remercie »

    Ref. Catherine Samba-Panza: « Je confesse tout le mal qui a été fait e Centrafrique et je demande pardon »

    JPSC

  • Le coktail explosif du choc des cultures

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    Lu sur le « salon beige » :

    loiseau.pngL'abbé Fabrice Loiseau, fondateur de la Société des Missionnaires de la Miséricorde Divine, livre ce témoignage exclusif aux lecteurs du Salon Beige, au sujet d'Hakim, arrêté fin octobre alors qu'il s'apprêtait à commettre un attentat à Toulon :

    Arrêté à Toulon fin octobre, Hakim s'apprêtait à commettre un attentat à l'arme blanche sur des marins selon la méthode palestinienne. Après le drame de Paris son histoire pourrait sembler anodine. Pourtant, elle est révélatrice d'un processus de radicalisation. Hakim souhaitait tuer et mourir « martyr » ; c'était devenu une obsession.

    On se connaissait depuis 2011. Hakim était un jeune du centre-ville de Toulon. Ce n’était pas un déséquilibré, ni un monstre. Au contraire, Hakim était un garçon sensible et intelligent. Passionné par le fait religieux, il refusait de pratiquer l'Islam et passait beaucoup de temps sur des sites ésotériques. La figure du Christ l'interpellait. Il souhaitait une religion remplie de symboles et de mystères, je lui ai expliqué notre foi mais il préférait intégrer l'Islam. En quête d'identité, Hakim était bien loin d'une pratique salafiste. Avec son côté « dandy », il ne fut jamais en lien avec des délinquants du quartier, d’où sa difficulté à trouver une arme.

    Passionné par la danse, il était fan de Michaël Jackson, animait des soirées à Saint-Tropez dans des boites de nuit et participait à des concours d'imitation de sa star préférée. 

    En évoluant dans le monde de la nuit et des habits de luxe (il travailla un temps chez Zara), les préoccupations religieuses diminuèrent. Plusieurs personnes le persuadèrent qu’avec son physique il pourrait devenir mannequin. Il monta à Paris et là ce fut l'échec !

    Il ne voulut pas me raconter ce qui s'était passé, je pense qu'il fut humilié, il comprit qu'il ne pourrait devenir mannequin ni poursuivre dans la danse. Il disparut quelques semaines puis je l’ai retrouvé dans la rue avec la barbe et en djellaba. Lorsque je lui ai proposé de discuter, il me répondit : « Non tu es mécréant, ton cœur est endurci, tu ne veux pas connaître la vérité, je n 'ai rien à te dire ». J'ai insisté, je lui dis que je veux comprendre ce qui se passe, pourquoi un tel changement ? « As tu peur de parler au mécréant que je suis ? »lui demandai-je, l' argument fit mouche. Hakim accepte alors de parler un peu et je m'aperçois qu'il a fait siennes toutes les théories salafistes.

    Il s’exprime avec une telle dureté que je comprends qu'il est en lien par internet avec des groupes radicaux, lui qui surfait auparavant sur tous les sites religieux possibles. Le monde pour lui se divise maintenant en deux réalités : les mécréants qui refusent la loi islamique et les vrais musulmans imitateurs du prophète.

    Kim Jackson, comme il se faisait appeler, est devenu partisan du djihad armé, sa piété doit passer par le courage pour soutenir la lutte armée. Je lui demande de rester mon ami. « Ton cœur résiste trop à Allah » me répondit-il. Il partit le visage fermé.

    De mois en mois, je vis sur son visage la haine grandir. Un algérien du bar à chicha me confia : « Hakim, il est devenu fou dans sa tête ». Quelques semaines plus tard, j'apprends par le quartier la convocation d’Hakim par la police, il avait pris ses billets pour la Syrie, son passeport est confisqué. Il était surveillé par la DGSI. Sa mère, une femme courageuse vient faire scandale à la sortie de la mosquée de Toulon : « Vous avez fait de mon fils un terroriste ».L'imam est médusé, il n'y est pour rien, le groupe des salafistes qui a ouvert une librairie à côté de la mosquée se tait. Hakim essaiera de nouveau de partir en car quelques semaines plus tard. Fiché, il se fait repérer et doit rentrer à Toulon où il loge dans un foyer. Il est en contact avec Mustapha, un jeune originaire de Toulon, incarcéré pour apologie du terrorisme puis parti en Syrie. Il essaye de se procurer des armes à feu, en vain. Je le surprends avec de nouveaux amis, il se rapproche de délinquants du quartier, que cherche-t-il à faire ? Les endoctriner, trouver un pistolet, je ne sais. Toujours en djellaba, nous nous croisons pour la dernière fois fin octobre. Voyant ma soutane, il eut un air gêné puis m'évita. J’apprends quelques jours plus tard son arrestation. Un colis de Chine lui est adressé contenant un poignard et deux cagoules, mais le paquet est déchiré et la police prévenue. Hakim se rend sans résistances et avoue : il voulait égorger des militaires de l'arsenal avec son couteau selon la méthode palestinienne, puis mourir en « martyr ». Était-il un loup solitaire ? Était-il commandé ou lâché par Daech ? Je ne sais. L' enquête le dira, mais plusieurs zones d'ombre demeurent dans cette histoire. Une semaine après les massacres de Paris, ce fait est oublié dans la presse. Pour ma part, je suis à la fois triste et soulagé. Triste parce que j'ai échoué, je n'ai pu au cours de ces heures de discussion lui faire prendre conscience du fanatisme de l'État Islamique. Je n'ai pas réussi à lui faire découvrir une spiritualité qui l'aurait sauvé. Triste pour sa maman et sa sœur qui doivent vivre un calvaire.

    Je suis soulagé parce que l'irréparable n'a pas été commis. À chaque fois qu'il allait commettre le pire, il a échoué comme si la Providence l'empêchait d'aller plus loin. Je ne peux m'empêcher de crier ma révolte devant ce processus de radicalisation pour l'un des garçons les plus sympathiques et les plus intelligent du quartier. Non Hakim n'était pas un fou ni un monstre ! Fragile il est devenu terroriste après un échec personnel, en fréquentant des salafistes et des sites islamistes. Ce garçon avait soif de spiritualité. C'est une religion dévoyée qui a eu raison de lui…

    Hakim n’est pas un cas isolé dans notre pays. Les pouvoirs publics, la laïcité, les valeurs de la République sont incapables d'empêcher ce phénomène. Si plusieurs facteurs peuvent jouer dans ce processus de radicalisation, il faut d’abord comprendre que c'est une raison religieuse qui a été cause de ce changement. Pris entre une société matérialiste et hédoniste et un terrorisme religieux, Hakim a choisi. Nous sommes dans une guerre religieuse dans laquelle les chars et les avions militaires ne pourront pas grand-chose. Ce drame est révélateur d'une crise de civilisation, les islamistes se nourrissent de nos faiblesses. Combien d'attentats faudra-t-il pour connaître un réveil spirituel pour notre nation ? Je ne désespère pas et je ferais tout pour revoir Hakim. Je vous invite à prier pour lui.

    Abbé Fabrice Loiseau

    Vous pouvez aider les Missionnaires de la Miséricorde ici.

    Ref. Témoignage de l'abbé Loiseau : "Hakim, mon ami devenu terroriste"

    JPSC

  • 1er dimanche de l'Avent : Tous les jours, nous devons être dans l'attente du Christ (Michel-Marie Zanotti-Sorkine)

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    Prédication du 2 décembre 2012 par le père Michel-Marie Zanotti-Sorkine (Lc 21, 25-28.34-36) / MERCI au père MICHEL-MARIE ZANOTTI-SORKINE de nous permettre de vous partager cette prédication de la Parole de Dieu. /

    Visitez son site Internet :http://www.delamoureneclats.fr / Visitez également le site : http://www.unfeusurlaterre.org

    Références bibliques : http://aelf.org/

    Évangile : L'attente de la venue du Fils de l'homme (Luc 21, 25-28.34-36)
    Jésus parlait à ses disciples de sa venue : « Il y aura des signes dans le soleil, la lune et les étoiles. Sur terre, les nations seront affolées par le fracas de la mer et de la tempête. Les hommes mourront de peur dans la crainte des malheurs arrivant sur le monde, car les puissances des cieux seront ébranlées. Alors, on verra le Fils de l'homme venir dans la nuée, avec grande puissance et grande gloire. Quand ces événements commenceront, redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche. Tenez-vous sur vos gardes, de crainte que votre cœur ne s'alourdisse dans la débauche, l'ivrognerie et les soucis de la vie, et que ce jour-là ne tombe sur vous à l'improviste. Comme un filet, il s'abattra sur tous les hommes de la terre. Restez éveillés et priez en tout temps : ainsi vous serez jugés dignes d'échapper à tout ce qui doit arriver, et de paraître debout devant le Fils de l'homme. »

  • L’hymne des vêpres de l’Avent à Rome, sous le règne d’un pape musicien

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  • Neuvaine à l’Immaculée Conception

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    Da_Gaeta_Mater_Misericordiae.JPG

    Bienheureuse Mère de Miséricorde

    Lu sur le site de l’Opus Dei – France :

    Chaque année, 9 jours durant, l'Église nous encourage à considérer le mystère de l'Immaculée Conception de la Vierge Marie. Pour nous préparer à cette fête, célébrée le 8 décembre et qui coïncidera cette année avec le début de l’année de la Miséricorde, découvrons la prière que le Pape François nous invite à réciter chaque jour de cette neuvaine, ainsi qu’un lien vers un recueil de textes de saint Josémaria (Télécharger le PDF) pour nous aider à prier.

    PRIÈRE

    Ô Marie, Vierge Immaculée, par la volonté du Père et par la grâce de l’Esprit Saint, vous avez donné au monde le Sauveur, le Fils du Dieu vivant.

    Mère de l’Église et première des consacrés, nous vous les confions tous. Que l’Esprit Saint les façonne à votre image pour qu’ils redisent chaque jour avec vous, le « oui » d’un don joyeux et irrévocable.

    Que ce don gratuit d’eux-mêmes au service de l’Eglise et de leurs frères, soit lumière pour les jeunes et leur donne d’entendre avec joie l’appel du Christ, « Lui qui n’enlève rien mais qui donne tout » !

    En ce Jubilé de la Miséricorde, notre monde assoiffé et désorienté a plus que jamais besoin de consacrés priants et saints qui manifestent auprès des pauvres et des plus fragiles l’amour infini du Père.

    Mère de Miséricorde et de l’Espérance, nous vous prions, avec le Pape François, de faire de nous tous des témoins de Jésus victorieux du mal par la Croix, pour annoncer au monde « la joie de l’Évangile » !

    Amen.

    Source : http://opusdei.fr/fr-fr/document/neuvaine-a-limmaculee-conception/

     JPSC

  • République centrafricaine : pourquoi le pape persiste à y aller

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    De Jean-Marie Dumont sur le site de « Famille chrétienne » 

    « Si le pape a choisi de maintenir son étape à Bangui en fin de semaine, c’est qu’il a de bonnes raisons. L’éclairage de Christine du Coudray, responsable Afrique auprès de la fondation pontificale Aide à l’Église en détresse. Malgré l’instabilité du pays, le pape a maintenu son voyage en République centrafricaine. Est-ce bien prudent ?

    bangassou_Mgr-nzapalainga_iman-08102013-01.jpgLe pape met ses pas dans ceux de Mgr Dieudonné Nzapalainga, le courageux archevêque de Bangui (photo ici à Bangassou, près de la frontière du Congo). Il a compris que renoncer à ce voyage créerait une situation de détresse absolue, en plus de l’humiliation que constituerait une telle décision. « Nous attendons tout du pape ! » me déclaraient des prêtres de là-bas, quelques semaines avant ce voyage. Le Saint-Père veut aller à la rencontre d’un pays immense, très méconnu, largement abandonné. Il vient aussi encourager une Église en pleine renaissance après la grave crise interne qui l’a affectée il y a huit ans. Il est stupéfiant de voir à quel point l’action de l’Esprit Saint a été efficace en quelques années dans les neuf diocèses de République centrafricaine. Elle a suscité un véritable renouveau.

    Les violences qui continuent de miner le pays ont-elles été l’occasion, pour l’Église, de faire les preuves de ce renouveau ?

    Les évêques, les prêtres, les religieuses sont présents partout où se déroulent ces événements tragiques. Ils restent jusqu’au bout dans les paroisses. Dans la mentalité commune, si les congrégations religieuses s’en vont, c’est qu’il est vraiment temps de partir. Les personnes ont la conviction qu’ils sont davantage protégés par l’Église que par les forces militaires présentes dans le pays, inefficaces, qui se contentent de compter les morts après les attaques. Elles n’en attendent absolument rien. Dans ce contexte, l’Église se présente comme un lieu de refuge, qui prend soin de ceux qui souffrent.

    Comment se traduit concrètement cette sollicitude ?

    Durant la saison des pluies, qui vient de se terminer, des prêtres ont pris l’initiative d’ouvrir les églises, la nuit, afin que les dizaines de milliers de réfugiés puissent être à l’abri. Les témoignages concordent : quelle que soit la culture de ces déplacés – chrétiens, animistes, musulmans –, ils prennent leur baluchon une fois la nuit terminée, nettoient l’Église et s’en vont discrètement. Jamais le tabernacle n’a été touché. Les terrains des églises, par ailleurs, sont remplis de réfugiés.

    L’attente à l’égard de la venue du pape est-elle aussi forte pour tous ?

    L’attente est colossale de la part d’une population – 4,6 millions d’habitants – qui n’en peut plus et qui veut la paix. Si les exactions commises n’épargnent aucune communauté – l’un commence, l’autre se venge… –, l’Église catholique a su s’affirmer comme une force de réconciliation. Et ce tout spécialement grâce à Mgr Dieudonné Nzapalainga, seule personnalité capable, lorsqu’un incident débute, de prendre sa voiture et d’imposer par sa seule présence un arrêt des violences entre des gens qui, quelques minutes avant, étaient en train de s’entre-tuer. Il a d’ailleurs été à l’origine d’une plate-forme interreligieuse très originale, qui permet la collaboration institutionnelle et contribue largement à l’apaisement.

    Je crois que la visite du Saint-Père peut être vue comme un encouragement, une manière de dire que ce chemin entrepris par l’Église centrafricaine est le bon.

    Ref. République centrafricaine : pourquoi le pape persiste à y aller

    La république centrafricaine est chrétienne à 80 %. L’importance numérique des musulmans de la "Séléka" (on pourrait traduire: conjuration) musulmane fut ou reste inversement proportionnelle au pouvoir de nocivité de cette coalition rebelle. 

    JPSC