Libre opinion - Pourquoi je ne pratiquerai pas l’euthanasie
Le Devoir l 5 novembre 2013 | Olivier Yaccarini - Québec
Je suis médecin d’urgence depuis 14 ans. Comme beaucoup de gens, j’ai suivi le débat sur l’euthanasie. Je crois que le projet a été mal expliqué et mal compris. Je crois aussi que, s’il en avait été autrement, la majorité des gens serait aujourd’hui en désaccord avec ce projet. Beaucoup de choses ont déjà été dites sur le sujet. Je me contenterai ici d’apporter une réponse toute personnelle à certaines de ces affirmations en m’appuyant sur mon expérience de médecin d’urgence qui côtoie quotidiennement des gens aux prises avec de grandes souffrances, et en espérant au passage clarifier certaines choses au sujet de l’euthanasie.
Tout d’abord, j’ai entendu et lu que s’opposer au libre choix d’un patient qui désirerait devancer et choisir le moment de sa mort était une forme de paternalisme, parce que c’était vouloir choisir à la place du patient ce qui est le mieux pour lui. Or, je crois être bien placé pour savoir qu’en matière de soins de fin de vie, c’est presque toujours le médecin qui amorce les discussions et qui propose les solutions. Et que c’est presque toujours l’opinion du médecin, lorsqu’il en exprime une, qui influe le plus sur le choix du patient. Il ne faut pas croire que les choses sont différentes quand le sujet de la discussion est l’euthanasie, car ce choix est souvent d’abord proposé par le personnel traitant. Et ce geste représente à mon avis un raccourci qui, à la longue, prendra de plus en plus de place dans la pratique médicale, toujours confrontée au manque de temps et de ressources financières et humaines. Des médecins hollandais avouent eux-mêmes que l’euthanasie est souvent pratiquée pour des raisons avant tout financières.
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