Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

islamisme - Page 3

  • Pakistan : deux adolescents chrétiens ont été arrêtés et inculpés de " blasphème "

    IMPRIMER

    Une dépêche de l'Agence Fides :

    ASIE/PAKISTAN - Deux adolescents chrétiens emprisonnés pour blasphème présumé, un religieux musulman tué

    20 mai 2023

    Lahore (Agence Fides) - Deux adolescents chrétiens de Lahore, Adil Baber, 18 ans, et Simon Nadeem, 12 ans, ont été arrêtés et inculpés de " blasphème " en vertu de l'article 295-C du Code pénal hier, 19 mai, sur ordre du tribunal. Un officier de police, Zahid Sohail, a déposé une plainte contre eux, affirmant qu'il les avait vus et entendus jouer et appeler un chiot chien "Muhammad Ali".

    Les familles des deux garçons ont déclaré qu'ils n'avaient pas de chien. Samina Nadeem, la mère de Simon, explique qu'il s'agissait d'un malentendu, car les garçons parlaient de "Naswar" (une pâte à mâcher, populaire au Pakistan, ndlr) dont la marque s'appelle "Muhammad Ali". Le policier, qui passait par là, a commencé à les frapper et à interpeller les gens, les accusant de blasphème. En peu de temps, une foule s'est rassemblée sur les lieux. "J'ai commencé à prier pour que la violence n'éclate pas", a déclaré le père de Simon. Les deux garçons ont été placés en garde à vue pour éviter le lynchage. Un rapport de première information a été enregistré contre les deux garçons. "Je ne pense pas que ces deux garçons aient jamais pensé qu'un passant surprendrait leur conversation et les accuserait de blasphème. L'utilisation abusive du blasphème est monnaie courante. La vie des chrétiens est constamment menacée", déclare Nasir Saeed, de l'organisation CLAAS.

    Dans un autre cas, Ishtiaq Saleem, un chrétien accusé de blasphème en novembre 2022, est toujours en prison . Son avocat et les membres de sa famille ont été empêchés de lui rendre visite en prison. L'homme, un travailleur écologique analphabète, est accusé d'avoir diffusé des contenus blasphématoires sur les médias sociaux. Selon sa femme, les images et les mots qu'il a publiés sur les médias sociaux sont en arabe et l'homme n'en connaît pas la signification. Pour les faits qui lui sont reprochés, il risque la réclusion à perpétuité.

    Les chrétiens ne sont pas les seuls à être victimes de cette loi : ces dernières semaines, un chef religieux musulman de la ville de Mardan, dans la province de Khyber Pakthunkhwa, au Pakistan, a été lynché par une foule après avoir été accusé d'avoir fait une allusion blasphématoire lors d'un rassemblement politique du parti de l'ancien premier ministre Imran Khan. Maulana Nigar Alam, 40 ans, aurait déclaré : "Imran Khan est une personne sincère et je le respecte comme le Prophète". Après ces propos, considérés comme blasphématoires, la foule a fait irruption dans la boutique où l'homme s'était réfugié et l'a lynché à mort.

    La loi pakistanaise sur le blasphème (trois articles du code pénal) punit toute personne qui insulte l'islam, le sentiment religieux, le prophète ou le Coran, de peines telles que l'emprisonnement à vie ou la peine de mort. L'organisation "Christian Solidairity Wordwide" déclare : "Cette loi est exploitée à des fins malveillantes, elle est incompatible avec le droit fondamental à la liberté de religion et doit être révisée et amendée de toute urgence".
    (PA) (Agence Fides 20/5/2023)

  • L'Europe, terre d'élection des Frères musulmans

    IMPRIMER

    Du site de la Nef :

    Entrisme de l’islam en Europe : entretien avec Florence Bergeaud-Blackler

    Florence Bergeaud-Blackler, anthropologue, chargée de recherche CNRS (HDR) au groupe Sociétés, Religions, Laïcités à l’École pratique des hautes études (EPHE) vient de publier un livre passionnant appelé à devenir une référence, Le frérisme et ses réseaux, L’enquête (1).

    La Nef – Pourriez-vous nous définir le « frérisme » et nous expliquer son rapport avec l’islamisme ?

    Florence Bergeaud-Blackler – J’appelle frérisme une forme d’islam politico-religieux qui s’est développée dans les sociétés démocratiques sécularisées à partir des années 1960. Je le distingue de l’« islamisme » par ses moyens et son objectif. En résumé, le frérisme veut instaurer la société islamique mondiale et mondialisée en contournant le politique et en utilisant l’économie mondialisée, la culture, la soft law et le soft power, alors que les partis islamistes des pays musulmans veulent conquérir le pouvoir politique des États par les urnes ou la révolution.

    Pourquoi les Frères musulmans ont-ils choisi l’Europe comme terre d’élection ? Comment la considèrent-ils ?

    L’Union européenne est forte économiquement et culturellement, elle est faible politiquement, le frérisme est donc adapté à son milieu. Remontons un peu le temps.

    Les Frères sont des théocrates plus que des théologiens, ils sont pragmatiques et opportunistes. Quand ils se sont implantés en Europe – mais également aux États-Unis ou en Australie et Nouvelle-Zélande –, à partir des années 1960, ils possédaient le statut provisoire d’« étudiant » ou de « réfugié », et n’étaient pas destinés à vivre sur les terres de mécréance (dar el kufr), considérées comme territoires de guerre (dar el harb). Ils préparaient leur retour dans les pays d’origine du Moyen-Orient, du Maghreb ou du continent indien. Le temps passant, nombre d’entre eux ont réalisé qu’ils jouissaient d’une grande liberté d’expression et de croyance alors qu’ils risquaient la prison ou la mort là d’où ils venaient. Plutôt que de faire la hijra comme l’islam le recommande et revenir vivre en pays musulmans, ils se sont trouvé une nouvelle mission qui les mettait en conformité avec les textes : faire de leur lieu de vie une terre d’islam.
    On a là tout l’esprit du frérisme : adapter l’environnement à l’islam plutôt qu’adapter l’islam à l’environnement. Ils ont déclaré l’Europe terre de contrat (dar el ahd) et ont déployé leurs activités à partir de plusieurs centres islamiques notamment en Suisse, Allemagne, France et au Royaume-Uni. Ils ont ouvert des associations « culturelles islamiques » plutôt que « cultuelles » et se sont ainsi fondus dans le paysage associatif. Il suffisait de faire passer une pratique rituelle comme culturelle pour que peu à peu se déploie une norme islamique intégraliste. C’est par cette culture islamique mondialisée qui aujourd’hui se déploie sous le nom d’économie halal qu’ils ont progressivement conquis les sociétés consuméristes européennes. Se pensant comme les nouveaux ambassadeurs de l’islam en Europe, ils ont peu à peu pénétré les universités, les entreprises, les administrations et les institutions européennes.

    (1) Florence Bergeaud-Blackler, Le frérisme et ses réseaux, l’enquête, préface de Gilles Kepel, Odile Jacob, 2023, 400 pages, 24,90 €.

    lire la suite sur le site de La Nef

  • Philippines : des familles contraintes à se réfugier dans les églises pour échapper aux violences

    IMPRIMER

    Du site des Missions Etrangères de Paris :

    Des familles réfugiées dans les églises pour échapper aux violences

    03/05/2023

    L’armée a lancé une offensive contre le groupe islamique Dawlah Islmamiyah dans la province de Mindanao, provoquant la fuite de centaines de familles.

    Des centaines de villageois tentent de trouver refuge dans des églises catholiques et des écoles publiques alors que l’armée philippine a lancé le mardi 2 mai une opération de frappes aériennes sur des repaires présumés d’un groupe terroriste lié à l’État islamique (EI), dans les marais de la province de Maguindanao, dans la région de Mindanao.

    Selon un porte-parole de l’archidiocèse de Cotabato, plus de 200 familles ont fui les villages de Magaslong et Datu Piang pour se mettre à l’abri, tandis que des cachettes présumées du groupe Dawlah Islamiya ont été pilonnées par des tirs de mortier.

    « Des membres du groupe terroriste ont été aperçus en train de consolider leurs forces dans des huttes de la communauté locale de Magaslong, Datu Piang, Maguindanao del Sur »,  a expliqué le général de brigade Oriel Pangcog lors d’une conférence de presse. Nous n’avons pas perdu de temps, nous avons immédiatement lancé l’attaque, après nous être assurés que les suspects ne se trouvaient pas dans un village ou une communauté où des civils pouvaient être tués »

    Des tirs d’artillerie ont duré de 3 heures du matin à midi, obligeant les villageois à fuir pour éviter d’être pris entre deux feux ou d’être utilisés comme boucliers humains.

    « Les forces gouvernementales recherchent activement les terroristes en raison de l’attentat à la bombe contre un bus à Isulan, Sultan Kudarat, qui a fait six blessés. Il s’agit d’anciens membres du groupe radical Maute qui a assiégé Marawi, dans la province de Lanao del Sur, en vue d’établir un califat », a déclaré M. Pangcog. La ville de Marawi a subi un siège de cinq mois en 2017, au cours d’affrontements entre l’armée philippines et des groupes islamistes.

    Susan Guinigundo, lectrice à la paroisse Sainte-Thérèse de l’Enfant Jésus, à Datu Piang, a abandonné sa maison et s’est enfuie avec ses enfants. »Dès le matin, nous entendions des hélicoptères et des tirs d’artillerie. Nos enfants n’arrêtaient pas de pleurer parce qu’ils entendaient les explosions et les tirs de l’autre côté du champ. » Cette mère de cinq enfants dit avoir eu peur d’être utilisée avec sa famille comme bouclier humain. « Nous ne savions pas comment la situation allait évoluer, nous avons dû quitter nos maisons. »

    Selon le père Clifford Baira de l’archidiocèse de Cotabato, la situation sur le terrain est « très difficile » et 43 familles catholiques sont actuellement hébergées dans des paroisses de la région. « La plupart d’entre elles ont des enfants, nous essayons de collecter du lait et d’autres produits pour leur permettre de se nourrir correctement ».

    Selon le père Baira, le centre d’action sociale de l’archidiocèse a tenté de négocier avec les familles et les proches des membres de Dawlah Islamiya en 2019, mais les réunions ont échoué en raison de « différences religieuses ». » Ils pensent que nous, catholiques, sommes des infidèles et qu’il faut donc nous convertir ou nous écarter par la violence. Il y a très peu de place pour la paix et la communication »,

    Selon le lieutenant-colonel Dennis Amorato, porte-parole de la 6e division d’infanterie de l’armée l’offensive actuelle est une « action préventive avant que le groupe ne puisse lancer une autre attaque terroriste. Nous avons veillé à ce qu’il n’y ait pas de dommages collatéraux, mais nous n’avons pas pu empêcher les habitants de se précipiter vers les centres d’évacuation en raison de l’impact des tirs d’obus »

    1. Amorato a indiqué que les forces gouvernementales n’étaient pas en mesure de confirmer le nombre exact de personnes tuées, mais que les tireurs d’élite se cachaient toujours dans les marais.

    « Nous ne pouvons pas encore nous approcher de la zone car nous sommes toujours la cible de tirs. » rapporte M. Amorato. Le militaire dit espérer pouvoir aller effectuer une opération terrestre de reconnaissance de terrain dans la zone d’ici un jour ou deux.

    (Avec Ucanews)

  • Le djihadisme émerge à nouveau en Europe

    IMPRIMER

    De Itxu Díaz sur First Things :

    LE DJIHADISME RÉAPPARAÎT EN EUROPE

    18 avril 2023

    Il existe un schéma récurrent : les auteurs sont de jeunes hommes arabes qui résident illégalement en Europe et n'ont pas encore été rapatriés. Ils agissent seuls, armés d'un couteau, et ont appris ce qu'est le djihad en ligne, par le biais de groupes WhatsApp et d'autres réseaux de médias sociaux. Bien que tous les "infidèles" soient considérés comme des ennemis, leurs cibles principales sont les chrétiens. Il y a deux ans, l'État islamique a ordonné à ses partisans d'attaquer des églises en Espagne. Aujourd'hui, il semble que l'appel ait été entendu.

    Le 25 janvier, un Marocain a attaqué deux églises à Algeciras, Cadix, dans le sud de l'Espagne. Armé d'une machette et vêtu d'une djellaba, l'homme a grièvement blessé un prêtre à l'église Maria Auxiliadora y San Isidro, a attaqué les participants à la messe, a détruit des objets sacrés et a loué Allah. À Nuestra Señora de La Palma, il a tué le sacristain, le prenant probablement pour un prêtre. L'auteur de l'attentat a ensuite tenté en vain d'enfoncer la porte d'une troisième église. Il a parcouru la ville en brandissant la machette et en incitant à la terreur, jusqu'à ce que les autorités l'appréhendent.

    Le djihadiste a traversé le détroit de Gibraltar à bord d'un jet ski en 2019. Au moment des faits, il résidait illégalement en Espagne et avait fait l'objet d'un arrêté d'expulsion, qui n'avait pas encore été exécuté.

    Deux heures avant l'attentat, un renseignement du FBI a conduit la police espagnole à arrêter un autre djihadiste marocain à Gérone. Il projetait d'attaquer des touristes dans la ville espagnole de Benidorm et avait tenté d'acheter un AK-47 et des ceintures d'explosifs sur l'internet.

    Dix jours avant l'attentat, la police espagnole avait démantelé une cellule terroriste de l'État islamique à Almeria, également dans le sud de l'Espagne. Et dans les jours qui ont suivi l'attentat, un homme criant en arabe a été arrêté pour s'être introduit dans une basilique à Oviedo, dans le nord de l'Espagne (bien que les autorités espagnoles ne considèrent pas qu'il s'agisse d'une attaque djihadiste).

    Ces incidents font suite à l'attentat terroriste perpétré à la gare du Nord à Paris le 11 janvier, lorsqu'un Libyen faisant l'objet d'une mesure d'expulsion active a poignardé six personnes en criant "Allah est grand". Avant cela, en septembre, deux personnes ont été poignardées à Ansbach, en Allemagne.

    Depuis 2014, une soixantaine d'attaques terroristes djihadistes ont coûté la vie à 300 personnes en Europe occidentale. Les attaques se produisent généralement par vagues ; les récentes agressions semblent indiquer le début d'une nouvelle vague. Jusqu'à présent, les attentats contre les églises se sont surtout produits en France. C'est à Nice que les attaques djihadistes contre les églises ont été les plus nombreuses ces dernières années. Mais l'Espagne connaît de plus en plus d'attaques de ce type.

    En 2019, la police a empêché un attentat majeur lors de la célèbre Semaine sainte de Séville. L'attaque terroriste de 2017 à Barcelone était censée être une attaque contre la Sagrada Familia, mais l'explosion accidentelle des bombes a forcé un changement de plan.

    Le gouvernement progressiste espagnol ne fait rien pour empêcher l'afflux d'immigrants illégaux. En outre, il a activement encouragé les régularisations massives, et sa mauvaise diplomatie avec le Maroc complique encore la tâche consistant à couper le flux d'immigrants africains illégaux qui pénètrent en Europe par les côtes espagnoles. 

    Le gouvernement a également minimisé les événements récents, choisissant plutôt de se préoccuper de ne pas criminaliser les musulmans ou les immigrés clandestins. Nous avons déjà vu tout cela, en particulier en France : Les social-démocraties européennes minimisent sans cesse les attentats djihadistes et les actes de vandalisme contre les églises, au détriment des musulmans et des chrétiens.

    Après l'attentat d'Algésiras, un groupe de civils - anciens policiers ou experts en autodéfense - s'est constitué dans la ville de Valence pour patrouiller dans les principales églises de la ville pendant les heures de culte. De nombreux chrétiens ne font pas confiance à un gouvernement qui affiche quotidiennement sa christophobie, qui ne manque pas une occasion de harceler l'Église, qui favorise la progression de l'islam dans l'enseignement tout en supprimant le christianisme des salles de classe, et qui profite de sa loi controversée sur la mémoire historique pour démolir des croix dans de nombreuses villes espagnoles.

    L'Europe n'a pas appris grand-chose de la dernière décennie de harcèlement djihadiste. L'immigration clandestine massive, la prolifération des autorisations de construire de nouvelles mosquées, parfois sans contrôle (en Espagne, les mosquées ont augmenté de 22 % en six mois), et la croissance exponentielle des "no-go zones" (quartiers musulmans régis par la charia), où la police ne peut même pas mettre les pieds, créent un terreau favorable à l'idéologie djihadiste. Ajoutez à cela le rejet du christianisme du Vieux Continent, et vous obtenez la recette parfaite pour agresser les chrétiens fidèles. 

    Itxu Díaz est un journaliste espagnol et l'auteur de neuf livres.

  • Pourquoi le parallélisme entre catholicisme et islam ne tient pas

    IMPRIMER

    Sur la Nuova Bussola Quotidiana, une interview de Rémi Brague par Lorenza Formicola :

    Rémi Brague : « L'islam n'est pas une religion »

    Brague : "Catholicisme et islam ? Un faux parallèle".

    18-04-2023

    Quelle est la finalité de l'islam, quelles sont les similitudes et les différences avec l'islamisme, quelle est l'origine du terme "islamophobie", pourquoi la charia se heurte à la tradition juridique européenne et pourquoi le parallélisme avec le catholicisme ne tient pas. La Nuova Bussola interroge le philosophe Rémi Brague, auteur de Sur l'Islam.

    Qu'est-ce que l'islam ? Pour le philosophe et islamologue Rémi Brague, la perception que les Occidentaux ont de ce credo est trop souvent contaminée par une analyse fondée sur le christianisme.

    Dans Sur l'Islam, récemment sorti en librairie, Brague, grâce à une connaissance approfondie des théologiens et penseurs musulmans, "redessine" le tableau de la civilisation islamique. Un texte précieux si l'on considère le rôle que joue l'islam dans l'Europe d'aujourd'hui. Ce sont des musulmans qui, désobéissant à ce que la charia interdit normalement, se sont volontairement installés dans un pays de mécréants et se retrouvent dans ce qu'ils appellent le "monde de la guerre", c'est-à-dire non soumis à l'islam. Et dans le monde de la guerre, il n'est pas déraisonnable de se comporter en guerrier.

    Brague, spécialiste de la philosophie médiévale arabe et juive, membre de l'Institut de France, professeur de philosophie, ancien professeur émérite de l'université Panthéon-Sorbonne, nous fait visiter le monde islamique, pour de vrai. La Nuova Boussola l'a interviewé.

    Professeur Brague, pourquoi écrire à nouveau un livre "Sur l'islam" ? Qu'est-ce qu'il a de plus que les autres livres ?

    J'ai voulu me situer, dans un langage simple, à mi-chemin entre les ouvrages d'initiation et de vulgarisation et les monographies très techniques. J'ai essayé de présenter l'islam d'une manière qui le rende compréhensible et qui donne la parole aux grands penseurs de son époque. D'où les nombreuses citations dans le texte. En outre, j'ai posé une question très rarement abordée : quel est le but de l'islam, que veut-il accomplir ?

    Et qu'est-ce que l'islam veut réaliser ?

    Un hadith bien connu fait dire à Mahomet qu'il a été envoyé aux rouges (on dirait : les gens à la peau rose, les "blancs") comme aux noirs, c'est-à-dire à tout le monde. Un autre hadith, également célèbre, lui fait dire qu'il a reçu l'ordre de combattre les gens jusqu'à ce qu'ils confessent leur foi en Allah et en son messager, fassent la prière et paient l'impôt. L'objectif est alors la conquête du monde entier, pas nécessairement par la violence. Une fois que le monde sera sous le pouvoir de l'Islam, la conversion sera une action raisonnable pour les soumis.

    L'islam est-il compatible avec la démocratie occidentale ?

    Le Coran ne dit rien sur le meilleur système politique, monarchie, aristocratie ou démocratie. La vie de Mahomet le montre en train de demander conseil à ses compagnons et même d'être d'accord avec eux. Il n'est pas difficile de trouver des musulmans progressistes affirmant que le Prophète a agi en démocrate, ou même que l'Islam promeut la démocratie. Les pays islamiques ont toujours été dirigés par des rois ou un "homme fort", un dictateur, un soldat, le mollah en Iran, etc. Dans l'idéal, rien n'empêche une démocratie parlementaire d'émerger un jour en terre d'Islam. Mais dans un tel régime, chaque parlementaire resterait soumis en interne à l'une des formes de la shari'a et ne voterait que des lois compatibles avec elle. Enfin, le seul législateur resterait Allah, qui a dicté sa volonté dans le Coran et dans les faits et gestes de Mahomet, le "bel exemple" (Coran, XXXIII, 21).

    Lire la suite

  • Islam : un débat éclairant

    IMPRIMER

    Dans l'émission "Répliques" d'Alain Finkielkraut sur France Culture (8 avril 2023) :

    Ecouter l'émission ICI

    Conversation autour de l'Islam aujourd'hui, avec Rémi Brague et Chems-Eddine Hafiz.

    Avec
    • Rémi Brague Professeur émérite de philosophie à Paris I et à l’université de Munich
    • Chems-Eddine Hafiz Recteur de la Grande Mosquée de Paris

    "L’islam est, par le nombre de ses fidèles, la deuxième religion de France. C’est une situation inédite : ce présent-là ne s’est jamais présenté dans l’Histoire. Faut-il s’en inquiéter ou s’en réjouir ? La République une et indivisible est-elle en passe de se transformer bon gré mal gré en société multiculturelle ? L’islamisme est-il une maladie de l’islam ? Si oui, y a-t-il moyen de l’éradiquer ou de la guérir ? Ces questions cruciales demandent à être abordées et traitées sans démagogie ni faux fuyant." (A. Finkielkraut)

    Alain Finkielkraut reçoit, pour débattre de l'Islam aujourd'hui, Rémi Brague, spécialiste de la philosophie médiévale arabe et juive, auteur de Sur l'islam (Gallimard, 2023) et Chems-Eddine Hafiz, avocat et grand Recteur de La Mosquée de Paris.

    "L’islam suscite des controverses sans fin et prête à bien des confusions. Mais qu’est-ce que l’islam ? Une manière d’être face à Dieu ? Une religion avec ses dogmes et ses normes ? Une civilisation ? Des personnes et des peuples ? Au fond de cette réalité plurielle se pose encore la question des fins : que veut obtenir l’islam et par quels moyens, violents ou pacifiques, cherche-t-il à y parvenir ?" Rémi BragueSur l'islam (Gallimard, 2023).

    "En quoi l’islam se distingue-t-il des autres religions monothéistes ?" sera la première question posée, à Chems-Eddine Hafiz.

    "L'islam et les deux grandes religions monothéistes sont complémentaires" (C-E. Hafiz)

    "La France a une relation avec l’islam depuis de nombreuses années. Si aujourd’hui, selon le chiffre que vous annoncez, il y a de plus en plus de musulmans en France, c’est qu’il y a une histoire. La plus récente, c’est la Première Guerre mondiale qui a donné lieu, du fait du sacrifice de plusieurs milliers de musulmans, à la création de la Grande Mosquée de Paris. Comme dans d’autres pays qui ont pratiqué à l’époque la colonisation, il s’avère qu’aujourd’hui, les musulmans en France viennent surtout du Maghreb, de l’Afrique subsaharienne. Faut-il qu’on s’en inquiète ? Je pense que c’est un constat et qu’il faut faire avec. Il faut aujourd’hui que ces musulmans puissent s’intégrer totalement pour devenir des citoyens à part entière en respectant les règles de la République et en disant que quelle que soit la loi divine qu’ils respectent de leur côté, elle est toujours en-dessous des lois de la République. Bien évidemment, l’islam est différent des deux autres grandes religions monothéistes, mais je pense qu’elles sont complémentaires. J’ai tendance à dire que l’islam est la petite sœur des deux grandes religions monothéistes, à savoir le judaïsme et le christianisme. Il y a évidemment des différences, l’islam ne cherche pas à ressembler aux autres religions, mais c’est la continuité. Il y a des versets coraniques dans lesquels on fait souvent référence à d’autres prophètes, le prophète de l’islam n’est pas plus mentionné dans le Coran que Jésus ou Moïse. Il y a une histoire commune qui se fait." Chems-Eddine Hafiz

    "Je n’aime pas tellement parler des trois monothéismes, et encore moins des trois religions d’Abraham et des trois religions du livre. Ce sont des façons de parler, qui n’ont pas de rapport avec la réalité. Pour ne parler que du monothéisme, il n’y en a pas que trois, il y en a des quantités. Le monothéisme est plus ancien que la religion d’Israël. Les philosophes sont monothéistes, il n’y a pas que des religions qui le soient. En ce qui concerne l’islam, il a cette particularité de se situer dans la continuité des deux religions précédentes, auquel on l’associe, et dont il reconnaît l’antériorité, mais c’est pour les relativiser, c’est pour les absorber en lui. Si la messe déclare le sceau des prophètes, c’est parce qu’il confirme les révélations précédentes, mais il y met le point final. Il les dépasse, il les relève au sens hégélien, il en constitue la vérité, que les porteurs de ces religions antérieures auraient trafiqué, dans la mesure où ils n’auraient pas laissé telle qu’elle la révélation que Dieu leur faisait, donc la Torah pour Moïse, et l’Évangile unique qui aurait été confié à celui que le Coran appelle Aïssa, que nous appelons Jésus." Rémi Brague

    "En ce qui concerne le rapport du christianisme au judaïsme, je crois que Pierre Manent a mis les choses au point en ce qui concerne Pascal. Il y a une différence sur laquelle Maïmonide, dont on ne peut pas soupçonner de ne pas être juif, a appuyé : les chrétiens, pour lui, sont des imbéciles, mais ont le mérite de n’avoir jamais contesté l’authenticité du livre qui avait été confié à Israël. Ils n’ont jamais supposé que l’Ancien Testament, la Bible hébraïque, aurait été trafiqué par ses porteurs. C’est le fameux dogme de la manipulation des écritures." Rémi Brague

    "Toute organisation humaine a commis des erreurs" (C-E. Hafiz)

    “Au VIIe siècle, lorsque Négus, éthiopien, chrétien, reçoit des musulmans qui étaient pourchassés, il leur pose la question : expliquez-moi votre religion. Après avoir entendu les musulmans lui expliquer, il va prendre un bâton et placer sur le sol une ligne droite, et dire “nous sommes ensemble dans cette ligne droite”. Je ne crois pas que l’islam a cherché à être hostile aux deux autres religions. On sait que le Coran a été révélé pendant 23 ans au prophète de l’islam, que c’était une transmission orale qui a été faite et qui répondait à des situations précises que vivaient à ce moment-là le prophète. Il y a eu à des moments précis des versets qui pouvaient contredire d’autres versets. Mais à aucun moment, il y a eu ce rejet. Le prophète disait, en s’adressant aux musulmans : “surtout, ne me préférez pas à Jésus ou à Moïse, ce sont mes frères”. Il y a eu plusieurs histoires, durant cette période, où il y a eu des erreurs humaines, car toute organisation humaine a commis des erreurs. Aujourd’hui, dire que le terrorisme en Irlande du Nord c’est la parole de Jésus, c’est le catholicisme ? Non. Est-ce que l’inquisition est la parole de Jésus ? Non. (...) Aujourd’hui, je me place dans un monde contemporain où il y a effectivement des fractures. Je me bats pour que la société ne soit pas multiculturelle, je veux qu’elle reste une société telle qu’elle a été voulue au nom de la République : nous sommes tous des enfants de la République, des citoyens à part entière. Aller chercher là où ça fait mal n’est pas nécessaire aujourd’hui.” Chems-Eddine Hafiz

    "Il faut distinguer trois différents types de péchés" (R. Brague)

    “C’est la tâche du philosophe de chercher les différences, de chercher de la clarté là où une certaine confusion peut s’installer. En ce qui concerne la révélation du Coran sur vingt ans, personnellement je n’y crois pas, c’est une question d’historien et il faut laisser cela aux gens qui ont rédigé le Coran des historiens, qui peut-être ne pas même pas assez loin. La question de la falsification des écritures a été reprise par un immense théologien musulman, le colonel Kadhafi en personne. Je dis cela avec plus qu’un grain de sel. Mais lors de la conférence de presse qu’il a tenu il y a quelques années, il a rappelé aux juifs et aux chrétiens qui étaient présents qu’ils n’étaient pas véritablement juifs et chrétiens car ils s’appuyaient sur des écritures qui ne sont pas authentiques. C’est une doctrine qui n’est pas exceptionnelle. Ce qui a été rappelé sur le christianisme, sur les péchés des chrétiens, il faut y mettre un peu de nuance historique. (...) Il faut distinguer les péchés qui ont été commis par les adhérents d’une religion, quelle qu’elle soit, et les péchés commis au nom de cette religion, et aussi les péchés qui sont en accord ou non avec le message du fondateur de la religion.” Rémi Brague

    Références bibliographiques :

  • La Belgique : premier état musulman d'Europe ?

    IMPRIMER

    "Une bombe démographique qui pourrait faire de la Belgique le premier état musulman d'Europe." Telle est l'analyse de Céline Pina sur Causeur. Un article relayé par le Salon beige.

  • Des vagues d'attaques forcent les autochtones catholiques à fuir dans le centre du Nigeria

    IMPRIMER

    D'acistampa :

    Des vagues d'attaques forcent les autochtones catholiques à fuir dans le centre du Nigeria

    18 mars 2023

    L'élection présidentielle controversée du 25 février fait toujours la une des journaux au Nigeria. Pendant ce temps, les récents raids terroristes à Benue, un État majoritairement catholique du centre-nord du Nigeria, ne sont guère mentionnés.

    Selon Mike Uba, président du comté de Guma, adjacent à la capitale de l'État, Makurdi, six comtés de l'État de la ceinture moyenne ont subi des attaques meurtrières de la part de militants peuls depuis les élections. Les comtés concernés sont situés aux frontières nord et sud de l'État.

    L'une des attaques les plus récentes, le 7 mars, a coûté la vie à au moins 20 habitants du village de Tse Jor après qu'une quarantaine d'assaillants armés de machettes sont arrivés à moto et ont battu des hommes, des femmes et des enfants sans défense pendant au moins deux heures. Helen Tikyaa. Une travailleuse humanitaire employée par le diocèse catholique de Makurdi a déclaré à CNA. Tikyaa a déclaré qu'elle s'était rendue au village pendant l'attaque, mais qu'elle n'avait pas osé entrer avant que les tueurs ne soient partis.

    Les femmes et les enfants de Tse Jor et des villages environnants continuent d'affluer vers les camps de personnes déplacées à Naka, à 20 miles à l'ouest de Makurdi, a déclaré Tikyaa.

    Paul Hemba, le conseiller en sécurité du gouverneur de Benue, a déclaré à CNA que les tueurs avaient probablement évité d'utiliser des fusils lors de ce raid pour ne pas alerter l'armée, qui a une base à environ sept miles au sud de Tse Jor.

    Le père Remigius Ihyula, un prêtre qui administre l'aide à Makurdi, a déclaré que l'attaque de la communauté de Tse Jor a pris les citoyens et les autorités au dépourvu.

    "C'était la première fois que la communauté était témoin d'une telle violence depuis le début des tueries en 2001, et les attaquants sont venus sans avertissement", a déclaré Ihyula à CNA dans un message texte. "Le motif ne peut être que le terrorisme et le désir d'infliger des souffrances et de disperser les populations pour occuper des zones désertes.

    Les attaques ont continué à 62 miles à l'est de Tse Jor le 7 mars, selon le père William Shom, pasteur d'une église à Yelewata, dans le comté de Guma. Une attaque de terroristes peuls, arrivés en grand nombre à Yelewata ce soir-là, a fait sept morts. Les terroristes ont également brûlé 27 maisons, a déclaré Shom dans un message texte envoyé à CNA.

    "Avec l'attaque de Tse Jor le 7 mars, il y a maintenant huit villages près de Naka qui ont été dépeuplés et occupés par des tribus musulmanes, dont les milices constituent les groupes d'extermination", a déclaré Tikyaa à CNA. "De nombreux enfants présentent des signes de malnutrition. Le gouvernement de l'État ne livre des rations qu'une fois par mois, et lorsque la nourriture vient à manquer, les habitants des camps tentent de gagner de l'argent en travaillant ou en mendiant dans les rues de Naka", rapporte encore CNA.

  • Islam: les contre-vérités (diplomatiques ?) du pape François

    IMPRIMER

    De Paul Vaute pour Belgicatho, cet examen critique de positions récentes qui ont de quoi interloquer:

       Promulguée en 2020, avec pour noyau thématique "la fraternité et l'amitié sociale", l'encyclique Fratelli tutti contient notamment, en son chapitre 8, point 271, cette phrase surprenante: "Les différentes religions, par leur valorisation de chaque personne humaine comme créature appelée à être fils et fille de Dieu, offrent une contribution précieuse à la construction de la fraternité et pour la défense de la justice dans la société". Je n'aurai pas l'audace de sainte Catherine de Sienne, qui se rendit à Avignon en 1376 pour demander au pape Grégoire XI d'organiser une croisade contre les infidèles, le convaincre de faire la paix avec Florence et lui confirmer qu'il était temps de rentrer à Rome. J'exposerai simplement, dans ce présent espace ô combien précieux de la blogosphère, les raisons de ma dissension à l'égard de cet enseignement et de quelques autres du pontificat actuel sur le même sujet.

       En lisant le passage précité, je me suis d'abord demandé naïvement comment on avait pu, dans un document qui engage l'Eglise au plus haut niveau, insérer pareille affirmation. Car tout lecteur disposant d'un minimum de culture théologique et historique ne peut y voir qu'une pure contre-vérité pour ce qui concerne, dans l'ordre démographique mondial, la deuxième religion après le christianisme, à savoir l'islam.

    Lire la suite

  • "L’islamisme est bel et bien un islam" (Rémi Brague)

    IMPRIMER

    Du Figaro (Alexandre Devecchio) via le site "Pour une école libre au Québec" :

    Rémi Brague : « l’islamisme est bel et bien “un islam” »

    7 février 2023

    Rémi Brague est membre de l’institut de France, normalien, agrégé de philosophie et professeur émérite de philosophie à l’université Panthéon-Sorbonne. À l’occasion de la sortie de son ouvrage le plus récent, Sur l’islam, Le Figaro s’est entretenu avec le professeur Brague.

    — La plupart du temps, le débat contemporain sur l’islam distingue islam et islamisme, comme si beaucoup d’observateurs ou de chercheurs s’interdisaient de procéder à l’examen critique des textes. Votre livre, au contraire, scrute les textes et refuse d’établir une frontière entre islam et islamisme. Pourquoi ce choix ?

    Rémi BRAGUE. — « Islamisme » était au XIXe siècle une façon anodine de désigner ce que nous appelons maintenant « islam ». C’était un « -isme » de plus à côté du judaïsme, du christianisme, et même de l’hindouisme, mot qui n’a aucun sens pour un hindou. « Islam » est un meilleur mot, parce que c’est celui que les musulmans utilisent, à la différence, par exemple, de « mahométisme », qui est choquant pour eux. Pour moi, ce que nous appelons maintenant « islamisme » n’est pas « l’islam », tout l’islam. Le français a la chance d’avoir deux articles, défini et indéfini. Je dis donc, en revanche, que l’islamisme est bel et bien « un islam ». Et un islam que je n’ai aucune raison de rejeter au-dehors. Qui serais-je, d’ailleurs, pour me permettre de l’exclure ? Ses partisans se considèrent eux-mêmes comme de bons musulmans, voire comme de meilleurs musulmans que les autres, qu’ils accusent d’une tiédeur capitularde. Et leur islam ressemble beaucoup à celui que pratiquait Mahomet lui-même, tel que nous le présente la biographie la plus ancienne que nous possédons de lui. C’est en tout cas ce que les gens du prétendu « État islamique en Irak et en Syrie » (Daech) ne manquaient pas de rétorquer aux critiques qui leur venaient d’al-Azhar et d’ailleurs. Il fallait donc regarder du plus près possible les textes faisant autorité auxquels se sont référés les musulmans à travers les siècles.

    — Vous avez choisi d’ouvrir votre livre par un chapitre consacré au terme « islamophobie ». En quoi ce terme alimente-t-il la confusion ?

    — Je dois bien avouer m’être un peu « lâché » dans ledit chapitre inaugural, voire m’y être soulagé. L’usage répétitif du mot « islamophobie » a en effet le don de m’exaspérer. Il permet de tout mélanger, alors que les philosophes aiment distinguer : confondre la religion avec ceux qui la professent, confondre le système dogmatique et juridique de cette religion avec la civilisation qu’il a marquée, voire dominée, mettre dans le même sac (en l’occurrence une poubelle) le racisme bête (si j’ose ce pléonasme) envers les immigrés et l’étude historico-critique des textes sacrés sur lesquels repose la religion, etc. Il interdit tout dialogue, puisqu’une « phobie » est toujours une forme de dérangement mental, et l’on ne perd pas son temps à discuter avec un aliéné. Enfin, le brandir comme une arme, ce que l’on fait le plus souvent, témoigne d’une mentalité paternaliste, quasiment néocolonialiste. On sous-entend que les musulmans seraient trop bêtes ou trop « princesse au petit pois » pour accepter un regard ne serait-ce qu’un peu distant sur leur religion.

    Lire la suite

  • Un sacristain tué et un prêtre gravement blessé dans un attentat djihadiste à Algesiras

    IMPRIMER

    De Patricia Ortega Dolz, Oscar Lopez-Fonseca et Jesus A. Canas sur le site d'El Pais :

    Un homme tue un sacristain et blesse au moins quatre autres personnes lors d'une attaque au couteau dans deux églises d'Algeciras.

    L'agresseur a été arrêté peu après l'incident. Le bureau du procureur de l'Audiencia Nacional considère qu'il s'agit d'une attaque terroriste présumée de nature islamiste.

    26 janvier 2023

    Au moins une personne a été tuée et quatre autres blessées lors de l'attaque par un homme armé d'une machette de plusieurs églises et paroisses du centre d'Algeciras (Cadix), mercredi après-midi. Selon des sources du ministère de l'Intérieur, "une personne a perpétré une attaque avec un couteau". L'homme, un Marocain de 25 ans identifié comme Yasine Kanjaa, selon des sources de l'enquête, est entré dans l'église de San Isidro, dans le centre de la ville, après 18h30 et "a commencé à discuter avec les paroissiens présents, leur disant qu'ils devaient suivre la religion islamique". Il a ensuite quitté les lieux, mais est revenu moins d'une heure plus tard, vers 19 h 20, avec "une machette et a attaqué le prêtre, lui causant de graves blessures", bien que les services médicaux aient réussi à le stabiliser et qu'on ne craigne pas pour sa vie. La Cour nationale enquête déjà sur cette affaire en tant que "terrorisme" de nature islamiste, bien que le ministère de l'Intérieur n'ait pas encore classé l'attaque comme djihadiste.

    Après cette première attaque, l'agresseur s'est ensuite rendu à l'église de La Palma, à seulement 200 mètres de la première, au moment où l'Eucharistie se terminait. Là, il a commencé à jeter des images religieuses, des crucifix et des bougies sur le sol avec sa machette, et est même monté sur l'autel de l'église. Le sacristain lui a demandé de quitter l'église, mais l'agresseur a refusé et l'a réprimandé. En quittant la sacristie, l'homme a menacé deux femmes et le prêtre lui a de nouveau demandé de partir. L'agresseur a alors commencé à le poursuivre jusqu'à ce qu'il le rattrape à la sortie de l'église, sur la Plaza Alta, dans le centre de la ville, à une centaine de mètres de l'hôtel de ville, où il l'a poignardé et frappé à la tête jusqu'à ce qu'il meure, selon des témoins oculaires. Par la suite, l'assaillant "a tenté de se cacher dans une autre chapelle voisine, où il a été réduit par des membres de la police locale", selon des sources de l'enquête. Le détenu, qui n'a pas d'antécédents judiciaires, est détenu au commissariat de la police nationale à Algeciras, une ville de 122 000 habitants.

    Les services de renseignement de la brigade provinciale et les services centraux du Commissariat général à l'information (CGI), spécialisés dans la lutte contre le terrorisme, ont pris en charge l'enquête, bien que la nature de l'attaque n'ait pas encore été déterminée, malgré le caractère islamiste des agressions. Le ministère public de l'Audiencia Nacional, pour sa part, a assumé l'affaire comme un attentat terroriste présumé, selon le ministère public. Des sources policières ont toutefois mis en garde contre la confusion qui règne dans les premiers temps. Les recherches en cours permettront de clarifier la nature des attaques, qu'il a apparemment perpétrées seul.

    À minuit, plus de vingt agents de la police nationale fouillaient une maison de la rue Ruiz Tagle, très proche de la paroisse de San Isidro, où a eu lieu le premier attentat, et de l'église de la Plaza Alta, où a eu lieu le deuxième attentat". C'est un immeuble avec des squats, selon les voisins eux-mêmes. L'un d'eux, un autre Marocain de 20 ans, a été l'un des premiers à être attaqué par Yasine Kanjaa. Selon la plainte qu'il a déposée auprès de la police, vers 19h45, il a croisé l'agresseur qui l'a réprimandé ("Tu es avec la magie !", en référence au fait d'être contre la religion musulmane), lui a donné un coup de poing au visage et a cassé ses lunettes à proximité de l'église de La Palma. À ce moment-là, selon sa plainte, Kanjaa portait déjà la machette. Trois autres personnes qui ont tenté d'empêcher ces agressions ont également été blessées.

    Le conseil municipal d'Algeciras a décrété un jour de deuil officiel pour la mort du sacristain, David Valencia, qui était bien connu et aimé au sein de la communauté chrétienne. Le prêtre, qui a été gravement blessé et se rétablit à l'hôpital, est Antonio Rodríguez.

    Le curé de l'église de La Palma, Juan José Marina, qui se trouvait ponctuellement à l'extérieur du temple au moment de l'attaque, décrit ce qui s'est passé : "Selon ce qu'on me dit, un musulman est entré et a commencé à jeter des objets de l'autel. Le sacristain a alors essayé de l'arrêter, et la première attaque au couteau a eu lieu à l'intérieur de l'église. Le pauvre homme est sorti dans la rue pour demander de l'aide, et là, il a été attaqué à nouveau, sur la place. L'assaillant venait de l'église de San Isidro et là, il avait également attaqué un salésien, également compagnon, qui était en train de donner la messe à ce moment-là". Le curé Marina a également déclaré à Cadena SER : "Il est possible que cette mort m'ait été destinée et qu'il l'ait trouvée pour lui-même".

    Le service d'urgence 112 Andalucía a reçu de nombreuses alertes de particuliers à propos de l'événement, mais le personnel médical n'a rien pu faire pour sauver la vie du sacristain. Le maire d'Algeciras, José Ignacio Landaluce, a exprimé ses condoléances, à titre personnel et au nom de la corporation municipale, pour le décès de Diego Valencia. De son côté, le président du gouvernement, Pedro Sánchez, a déploré les événements via Twitter. "Je tiens à transmettre mes sincères condoléances aux proches du sacristain décédé dans le terrible attentat d'Algésiras. Je souhaite un prompt rétablissement aux blessés. Tout notre soutien au travail effectué par les forces et corps de sécurité de l'État". Le président de la Junta de Andalucía, Juan Manuel Moreno, s'est également exprimé sur le réseau social : "Terrible et déchirant. Un sacristain a été assassiné et au moins un autre prêtre a été blessé dans une attaque à Algeciras. Prudence, les faits sont en cours d'investigation". Le secrétaire général de la Conférence épiscopale espagnole (CEE), Francisco César García Magán, a exprimé sa "douleur" sur Internet : "C'est avec douleur que j'ai reçu la nouvelle des événements d'Algésiras. En ces tristes moments de souffrance, nous nous associons à la douleur des familles des victimes et du diocèse de Cadix et nous prions le Dieu de la vie et de la paix pour le prompt rétablissement des blessés".

    La communauté musulmane a également envoyé une déclaration de condamnation : "Depuis la communauté islamique Al Rahmah, nous voulons rendre public notre consternation face à l'assassinat d'un religieux sur la Plaza Alta d'Algeciras et montrer notre solidarité et notre empathie avec les blessés".

    Jusqu'à présent en 2023, les forces de sécurité ont arrêté quatre djihadistes présumés. L'année dernière, 53 arrestations de personnes liées à ces groupes terroristes ont été enregistrées, dont 46 en Espagne et sept dans d'autres pays, principalement au Maroc. L'arrestation la plus importante en termes de nombre de personnes détenues a eu lieu en octobre, également dans le cadre d'une opération conjointe avec le pays du Maghreb. Ensuite, 13 personnes ont été arrêtées, dont 11 en Espagne, pour avoir endoctriné des mineurs à Melilla. Depuis 2020, 131 personnes ont été arrêtées pour djihadisme, selon les statistiques officielles du ministère de l'Intérieur.

  • Chrétiens persécutés : 15 tués par jour; l'Islam, principal responsable

    IMPRIMER

    D'Anna Bono sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    LE RAPPORT DE PORTES OUVERTES (Open Doors)

    Chrétiens persécutés, 15 tués par jour. L'Islam, la plus grande menace

    19-01-2023

    Publication de la World Watch List 2023. Plus de 360 millions de chrétiens subissent des niveaux élevés de persécution pour leur foi. En un an, 5 621 personnes ont été tuées, 4 542 arrêtées sans procès, 5 259 enlevées. Dans l'ensemble, on constate une augmentation du niveau de persécution. L'Asie et l'Afrique sont les continents les plus dangereux. Parmi les menaces figurent en premier lieu l'islam, le communisme en Amérique latine et le fondamentalisme hindou. La pression quotidienne au travail augmente et le "modèle chinois" se répand. Maillot noir : Corée du Nord.

    Les chiffres chocs de la persécution des chrétiens en 2022

    Plus de 360 millions de chrétiens souffrent de niveaux élevés de persécution et de discrimination en raison de leur foi : un sur sept et, répartis par macro-zones géographiques, un sur cinq en Afrique, deux sur cinq en Asie, un sur 15 en Amérique latine. C'est ce qui ressort du rapport 2023 de la section américaine de Portes Ouvertes, l'association internationale engagée depuis 1955 à soutenir les chrétiens en difficulté par la prière et l'aide matérielle, qui se charge depuis 1993 de publier la World Watch List (WWL), la liste des 50 États dans lesquels les chrétiens sont le plus gravement persécutés, accompagnée d'une mise à jour de la situation mondiale, portant sur une centaine de pays.

    Globalement, les données du rapport indiquent, pour la période considérée, qui va du 1er octobre 2021 au 30 septembre 2022, une certaine amélioration. Le nombre de chrétiens tués a légèrement diminué, passant de 5 898 à 5 621, soit une moyenne de 15 par jour. Il y a également moins de chrétiens arrêtés sans jugement et emprisonnés : 4 542 contre 6 175 dans le rapport précédent. Le nombre d'églises et de bâtiments connexes attaqués ou fermés a diminué de plus de moitié : 2 110 contre 5 110 en 2021, principalement en raison de la réduction du nombre de personnes touchées en Chine, où, toutefois, plus de 20 000 églises ont été fermées, endommagées ou détruites depuis 2016. En revanche, on constate une forte augmentation du nombre de chrétiens enlevés, qui est passé de 3 829 à 5 259, dont pas moins de 5 000 dans trois pays africains : le Nigeria, le Mozambique et la République démocratique du Congo.

    Cependant, au-delà des chiffres rapportés, on constate une nouvelle augmentation du niveau de persécution dans les 100 pays suivis par rapport à la période précédente et le plus élevé depuis la publication de la liste. On estime que près de 30 000 chrétiens ont été attaqués, battus ou harcelés avec des menaces de mort en raison de leur foi, mais il y a certainement beaucoup plus de cas qui ne sont pas signalés. La partie émergée de l'iceberg est également constituée par les attaques documentées contre des habitations (4 547) et des entreprises (2 210). Dévastatrice et en constante augmentation est ensuite la pression exercée sur les chrétiens au quotidien : discrimination au travail, exclusion ou difficulté d'accès aux services de base - école et santé - menaces et intimidations, manque de secours et d'aide en cas de crises et de catastrophes, omission de protection et d'assistance par les institutions, injustice légitimée.

    Au total, 76 États ont été considérés comme présentant un niveau de persécution élevé, très élevé ou extrême (les trois niveaux de gravité identifiés par Portes Ouvertes). De plus, comme dans les WWL 2021 et 2022, le niveau élevé de persécution disparaît dans les 50 pays du WWL : dans les 11 premiers, il est classé comme extrême, dans les 39 autres comme très élevé. Le phénomène de l'Église "réfugiée" prend également de l'ampleur : de plus en plus de chrétiens fuient pour échapper à la violence et à la discrimination et retrouver le droit de pratiquer leur foi sans risque. L'Église est particulièrement touchée au Moyen-Orient, où les communautés chrétiennes, menacées et sous pression, ne cessent de diminuer. Le nombre de pays qui adoptent le modèle chinois de contrôle centralisé de la liberté religieuse est en augmentation, souligne le rapport. La Chine, classée 16e dans le WWL (" gagnant " une position), est également en train de " forger une alliance internationale pour redéfinir les droits de l'homme ". Si l'Asie est le continent où il est le plus dangereux et le plus difficile d'être chrétien, Portes Ouvertes souligne enfin qu'en Afrique subsaharienne, la violence antichrétienne a atteint une intensité sans précédent, le Nigeria se confirmant comme "l'épicentre" des décès, qui passent de 4 650 à 5 014.

    Dans WWL 2023, la Corée du Nord, où toute liberté religieuse est refusée, revient à la première place. Dans la WWL 2022, il avait été remplacé par l'Afghanistan des talibans, qui a maintenant chuté à la neuvième place. Ce n'est pas parce qu'il persécute moins les chrétiens, explique Portes Ouvertes, mais parce que de nombreux chrétiens ont été tués ou ont fui en 2021 et qu'aujourd'hui le régime, concentré sur la consolidation de son pouvoir, a cessé de rechercher les survivants, qui sont néanmoins contraints de vivre dans la clandestinité la plus totale. Huit des onze pays où la persécution est extrême sont des pays à majorité musulmane. La liste est complétée par l'Érythrée, un pays que Portes Ouvertes appelle "la Corée du Nord de l'Afrique", et l'Inde, où les chrétiens sont de plus en plus victimes de l'intolérance des fondamentalistes hindous. L'Islam, qu'il soit majoritaire ou non, est responsable de persécutions classées très haut dans 28 des 39 Etats et représente donc, et cela se confirme, de loin la plus grande menace pour les chrétiens.

    Quant aux zones géographiques, l'Asie avec 27 pays et l'Afrique avec un total de 19 sont les continents où l'intolérance, la violence et la haine religieuse sont les plus répandues. L'Amérique latine est représentée par quatre pays : Cuba, la Colombie et le Mexique ont été rejoints par le Nicaragua, où la répression gouvernementale s'est intensifiée depuis 2018. À Cuba, le régime communiste est responsable de la persécution. En Colombie et au Mexique, en revanche, ce sont les groupes criminels et les chefs ethniques qui menacent les chrétiens, qui sont persécutés ne serait-ce que pour s'être opposés à la criminalité, par exemple en incitant les jeunes à ne pas rejoindre les gangs criminels et en essayant de leur offrir des alternatives avec des possibilités d'éducation et d'emploi.

    Aucun pays européen n'est dans la WWL 2023, et ne l'a jamais été. L'espoir est que l'Europe le sache et veuille continuer à protéger ses chrétiens.