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ASIE/PHILIPPINES - Satisfaction de l’Eglise après le rejet du projet de « mariage homosexuel » de la part de la Cour Suprême
mardi, 14 janvier 2020
Manille (Agence Fides) – Les responsables de l’Eglise des Philippines ont accueilli favorablement la décision de la Cour Suprême du pays qui a confirmé son précédent rejetant la pétition qui visant à légaliser le « mariage homosexuel » dans le pays. Selon la Cour, ladite pétition manque « d’arguments substantiels » pour justifier l’inversion de la décision prise précédemment.
Ainsi que l’a appris Fides, l’Evêque auxiliaire de Manille, S.Exc. Mgr Broderick Pabillo, a fait l’éloge de la décision, exhortant le monde politique et les législateurs « à s’occuper de questions urgentes telles que la pauvreté, le chômage et les changements climatiques ». De son côté, l’Evêque de Cubao, S.Exc. Mgr Honesto Ongtioco, a rappelé que « l’Eglise soutiendra toujours les enseignements de Jésus sur le mariage, indépendamment de ce que l’Etat pourra décider au travers de ses lois ». Selon le Père Melvin Castro, ancien Secrétaire au long cours de la Commission épiscopale pour la Famille, « la décision de la Cour demeure incomplète parce qu’elle n’interdit pas explicitement le « mariage » entre personnes du même sexe et conserve la possibilité au Congrès d’émaner une telle norme ». C’est pourquoi « les chrétiens devront rester vigilants et toujours sur leurs gardes » a-t-il déclaré.
En réaction à la décision de la Cour, Maria Sofia Robles, membre du groupe ecclésial Couples for Christ, exprimant les sentiments de tous les fidèles engagés dans la défense de la famille, de la vie et du sacrement du mariage, a déclaré à Fides : « Le Mariage est seulement celui entre un homme et une femme, fécond selon la loi naturelle. Nous sommes heureux que la Cour Suprême ait reconnu cette vérité que nous continuerons à promouvoir comme signe d’amour au sein de la société ». (SD) (Agence Fides 14/01/2020)
La justice condamne la censure d’Alliance Vita par le maire de Paris
« La société progressera à condition de respecter la maternité » ; « La société progressera à condition de respecter la paternité » ; « La société progressera à condition de respecter la différence » ; « La société progressera à condition de respecter la vie » : voilà des affirmations évidentes, assorties de photos paisibles, parfaitement respectueuses du droit et des personnes, et d’ailleurs validées par la société d’affichage. Mais elles ont déclenché l’ire d’Anne Hidalgo, maire de Paris. À peine installées dans des gares parisiennes le 2 janvier, deux ou trois (selon l’humeur locale !) de ces affiches ont été promptement enlevées par la société prestataire, sur l’injonction de la maire de Paris, elle-même actionnée par le lobby LGBT. Ces affiches font partie d’une campagne lancée par Alliance Vita à quelques jours de la reprise, au Sénat, du débat bioéthique, le 8 janvier prochain, afin d’alerter l’opinion sur les dangers que fait peser, selon cette association, le projet gouvernemental sur la maternité, la paternité, le handicap et le respect de la vie humaine. Mais, observe sur Twitter, Tugdual Derville, délégué général d’Alliance VITA, « ce qui leur est insupportable dans notre campagne, c’est la récupération (au sens plein et positif du terme) du verbe progresser. Un certain progressisme de la déconstruction s’acharne à en conserver le monopole. Mais non, toute rupture technique n’est pas progrès humain ! »
C’est un leitmotiv d’Alliance VITA : ce qui est faisable en raison des progrès techniques n’est pas forcément souhaitable du point de vue éthique. Sur son site, l’association résume ses principales objections aux « avancées » voulues par le gouvernement par ces interrogations : « Est-ce un progrès d’imposer aux femmes des traitements hormonaux, sans raison médicale, derrière la promesse illusoire d’une maternité impossible à garantir ? De sélectionner des enfants à naître selon des critères génétiques ou de capacités physiques ? Est-ce un progrès de supprimer les êtres fragiles plutôt que de les accueillir et de tenter de les guérir ? D’effacer la paternité derrière les techniques de procréation ? Est-ce un progrès de résumer la place de l’homme à ses gamètes ? D’utiliser l’embryon humain comme un matériau de laboratoire, le modifier génétiquement, associer ses cellules avec des cellules animales ? Est-ce un progrès de ne plus respecter l’intégrité de l’espèce humaine et de s’autoriser des expériences d’apprenti-sorciers ? »
Destinées à éveiller la réflexion du plus grand nombre, les affiches d’Alliance Vita se contentent d’une simple question, ouvrant à l’un des quatre principes d’écologie humaine qui fondent la vie en société : respect de la paternité, de la maternité, de la différence (handicap) et respect de la vie. Mais par sa sobriété même et par la beauté de ses images, cette campagne entreprise pour commencer sur 400 panneaux d’affichage dans les gares parisiennes, transiliennes et dans les rues de Paris, a provoqué un électrochoc. Trop fort pour Anne Hidalgo qui s’est empressée d’annoncer sur Twitter qu’elle allait censurer cette campagne : « Je suis profondément choquée et indignée par cette campagne anti-IVG et anti-PMA à la Gare du Nord et dans plusieurs autres lieux de la capitale. Je demande à ExterionMedia France et Mediatransports que ces affiches soient retirées immédiatement ». Un ukase en totale contradiction avec ses vœux aux Parisiens prônant « une année apaisée », « une année de dialogue » où chacun pourra « s’exprimer sur tous les sujets » !
Ce qu’il faut bien appeler une censure, pose évidemment un problème de fond. Que devient la liberté d’expression si les seules affiches autorisées à Paris doivent être conformes aux opinions du maire ? Ainsi le même édile qui ne trouve rien à redire aux publicités antifamiliales et libertaires de Gleden, « le site de rencontres extra-conjugales pensé par des femmes », que chacun a dû subir sur les bus parisiens et dans le métro, ou encore à des pubs véganes agressives, s’autoriserait à proscrire des affiches se contentant de promouvoir le respect de la paternité et de la maternité sous prétexte qu’il s’agirait d’un « acte militant » ? Gleden ne milite-t-il pas, lui, pour l’infidélité conjugale ? Il est clair qu’Anne Hidalgo n’aime pas la famille, la maternité, la paternité. Mais n’aurait-elle pas, cette fois, franchi une ligne rouge ? Tout en contribuant à la publicité de cette campagne, son diktat a déclenché un tollé sur les réseaux sociaux, et nombre de journalistes, dont certains n’adhèrent pas aux objectifs d’Alliance Vita, s’insurgent contre cette atteinte manifeste à la liberté d’expression.
Mais en quoi ces affiches contreviendraient-elles à la loi ? En rien, vient de répondre (alors que nous bouclons cet article) le juge des référés saisi par Alliance Vita, en ordonnant la reprise immédiate de l’affichage par Mediatransports, avec astreinte financière si non-exécution. Ce soir du 4 avril aura donc vu une grande victoire de la liberté d’expression !
"L’archevêque de Kinshasa, Mgr Fridolin Ambongo, a appelé vendredi les autorités congolaises à convaincre les dirigeants de trois pays voisins « d’arrêter de déverser » leurs ressortissants dans l’Est troublé de la République démocratique du Congo (RDC), affirmant que le pays ‘est en danger'. « Il appartient au gouvernement d’assumer ses responsabilités pour convaincre » par les voies diplomatiques « les pays voisins particulièrement l’Ouganda, le Rwanda et le Burundi d’arrêter de déverser (leurs) populations au Congo », a déclaré le cardinal Ambongo lors d’une conférence de presse à Kinshasa.
Les Congolais d’origine rwandaise ou ougandaise qui sont là depuis des années, « personne ne peut contester leur nationalité congolaise. Ce qui fait problème, c’est le déversement des autres qui arrivent, et on essaie de les faire passer comme des Congolais », a affirmé le prélat.
« Le cas le plus criant [est celui des] immigrés rwandais qui ont été chassés de la Tanzanie il y a quelques années et on a fini par les déverser au Congo » créant un « sentiment de frustration, de colère » ce qui, selon l’archevêque, « confirme qu’il y a un plan de balkanisation derrière » ces actes.
« On ne peut pas fêter l’an 1 de l’alternance démocratique au pouvoir critiquable, pendant que dans l’est de la RDC les gens meurent », a-t-il dit en référence à la date du 24 janvier, qui marquera le premier anniversaire de l’arrivée au pouvoir du président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, qui a succédé au président Joseph Kabila au terme d’élections contestées.
Mgr Ambongo a effectué une visite la semaine dernière dans la région de Beni-Butembo dans la province du Nord-Kivu, zone en proie aux violences depuis 25 ans.
« La situation de la population est dramatique. A cause de l’insécurité, la population a dû abandonner champs, villages, maisons, plantations », a détaillé le prélat.
Plus de 200 civils ont été tués les deux derniers mois dans cette région au cours de massacres attribués aux ADF, plus d’un millier depuis octobre 2014.
« Il faut une prise de conscience au niveau national sur le fait que notre pays est en guerre, que le pays est en danger », a insisté le prélat, appelant ses compatriotes à soutenir les militaires congolais qui se battent contre des dizaines de groupes armés locaux et étrangers.
Parmi ces derniers, se trouvent les milices ougandaises des Forces démocratiques alliées (ADF), les Forces démocratiques pour la Libération du Rwanda (FDLR) et les rebelles burundais des Forces nationales de Libération (FNL).
Fin décembre, l’ancien Premier ministre devenu opposant Adolphe Muzito avait appelé Kinshasa à « faire la guerre au Rwanda » et même à « l’annexer » pour rétablir la paix dans l’est congolais.
La RDC entretient des relations difficiles avec ses voisins du Rwanda et de l’Ouganda notamment. Kinshasa accuse ces deux pays de vouloir la déstabiliser, quand ces derniers considèrent la RDC comme une base arrière de milices hostiles à leurs régimes."
Jadis, entre le Rwanda, le Burundi et l’Est du Congo (Kivu et Ituri) les frontières étaient déjà peu visibles quoique sous le contrôle tutélaire de la Belgique : elles sont devenues perméables depuis que l’autorité de l’administration coloniale belge s’est effondrée, dans les années 1960, livrant de vastes territoires transfrontaliers à l’anarchie, l’instabilité et d’incessantes guérillas tribales (plus qu’idéologiques ou religieuses) que ni l’ONUC (depuis 1960 jusqu’en 1964), ni la MONUC (créée en 1996) ni la MONUSCO (depuis 2010) onusiennes, ni (moins encore) les « forces » armées des pays riverains des Grands Lacs n’ont jamais réussi à juguler. Is fecit cui prodest : le mal vient de ceux à qui il profite, et ceux-ci ont manifestement encore de beaux jours devant eux : dans l’Est africain comme au Conseil de sécurité de l’Onu.….
Un Rescrit du Pape François supprime le « secret pontifical » sur les plaintes et les procès concernant les cas d’abus sexuels et de pédopornographie perpétrés par des personnes consacrées. Salués par les médias comme un « tournant historique », il s’agit en réalité de changements apportés aux règles dans le sillage tracé à l’époque par le cardinal Ratzinger.
(…) Le Rescrit signé par le Cardinal Parolin, annonce que François « le 4 décembre 2019, a décidé de publier l’Instruction sur la confidentialité des affaires », qui stipule que « ne sont pas couverts par le secret pontifical les plaintes, procès et décisions concernant les cas d’abus sexuels par menace ou abus d’autorité, les actes sexuels commis avec un enfant ou une personne vulnérable, la détention, l’exposition ou la distribution de pédopornographie, les omissions et les dissimulations d’un religieux dans le cadre d’enquêtes canoniques ».
Il s’agit des crimes mentionnés à l’article 1 de « Vos estis lux mundi« , le motu proprio promulgué le 9 mai 2019 à la suite du sommet sur la protection des mineurs tenu au Vatican en février dernier. La décision du Souverain Pontife s’inscrit dans la ligne de tolérance zéro adoptée par son prédécesseur: le crime canonique d’achat, de détention ou de divulgation de matériel pédopornographique a en effet été sanctionné dans les modifications de 2010 à « Sacramentorum sanctitatis tutela » apportées par Benoît XVI. La retouche, il y a neuf ans, des normes sur les « gravioribus delictis » prévoyait en outre déjà la participation de laïcs dans le personnel des tribunaux, accélérait les procédures avec la possibilité de procéder par décret extrajudiciaire et permettait la réduction à l’état laïque sans procès décidé par le Pontife dans des cas particuliers.
La lettre circulaire de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, datée du 15 juillet 2010, faisait suite au « Guide pour la compréhension des procédures de base de la CDF en matière d’accusations d’abus sexuels » par lequel le Saint-Siège avait voulu donner un signal précis de clarté et de transparence dans l’annus horribilis caractérisé par des scandales continuels. Les Rescrits de François sont en pleine continuité avec ce document – qu’à l’époque, on avait accusé d’être « antidaté » – également en ce qui concerne la collaboration avec les autorités civiles: en effet, le Guide évacuait tout soupçon d’omission et de couverture, précisant que « les dispositions du droit civil concernant le renvoi des crimes aux autorités compétentes doivent toujours être suivies ».
Lu sur le site web « Vatican News », ce 17 décembre 2019 :
« Cette décision se traduit par deux documents qui feront date: dans un premier rescrit, le Pape François abolit le secret pontifical dans les cas de violences sexuelles et d’abus sur mineurs commis par des membres du clergé; dans un second, il change la norme concernant le délit de pédopornographie, faisant tomber dans la catégorie des «delicta graviora», -les délits les plus graves-, la détention et la diffusion d’images pornographiques montrant des mineurs âgés de moins de 18 ans.
Le premier document, le plus important, est un rescrit signé par le cardinal secrétaire d’État Pietro Parolin, qui communique que, le 4 décembre dernier, le Souverain Pontife a ordonné l’abolition du secret pontifical sur les plaintes, les procès et les décisions concernant les délits cités dans le premier article du récent Motu Proprio, «Vos estis lux mundi» (Vous êtes la lumière du monde), à savoir: les cas de violences ou d’actes sexuels accomplis avec menace ou abus d’autorité ; les cas d’abus sur mineurs et sur personnes vulnérables ; les cas de pédopornographie ; les cas de non-dénonciation et de couverture des abuseurs de la part d’évêques et de supérieurs généraux d’instituts religieux.
La nouvelle instruction spécifie que les «informations sont traitées de manière à en garantir la sécurité, l’intégrité et la confidentialité» établies par le Code de Droit Canon afin de protéger «la bonne réputation, l’image et la sphère privée» des personnes impliquées. Mais ce «secret professionnel», peut-on encore lire dans cette instruction, «n’empêche pas l’accomplissement des obligations établies par les législations nationales», y compris les éventuelles obligations de signalement, «ainsi que l’exécution des requêtes exécutives des autorités judiciaires civiles». En outre, «aucun devoir de silence sur les faits ne peut être imposé» à celui qui effectue une signalement, à la victime et aux témoins.
Dans un second rescrit, toujours signé par le cardinal Parolin et par le préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi, le cardinal Luis Ladaria Ferrer, sont rendues publiques les modifications appliquées à trois articles du Motu proprio « Sacramentorum sanctitatis tutela » (daté de 2001 et modifié une première fois en 2010). Sont désormais considérés comme relevant de la catégorie des délits les plus graves: «l’acquisition ou la détention ou la divulgation, à des fins sexuelles, d’images pornographiques de mineurs de moins de 18 ans par un membre du clergé, de quelque manière que ce soit et quel que soit l’instrument utilisé». Jusqu’à aujourd’hui, la limite d’âge était fixée à 14 ans.
Enfin, dans un autre article, il est permis que, dans les affaires concernant ces crimes les plus graves, «le rôle d'avocat et procureur» puisse également être assumé par des fidèles laïcs titulaires d'un doctorat en droit canonique et non plus seulement par des prêtres. "
Le triste Noël du Cardinal Pell en prison. Sans Messe
Àla prison de Melbourne, où il purge une peine pour abus, George Pell passera un Noël sans messe : la prison n’a pas d’aumônier et on l’empêche de la célébrer. En attendant la Haute Cour, le climat de chasse aux sorcières continue, mais beaucoup sortent du bois pour dénoncer les accusations et montrer leur solidarité à Pell. C’est aujourd’hui le 53e anniversaire de son ordination.
Le climat de chasse aux sorcières continue d’accompagner le sort du cardinal George Pell, qui se retrouve à l’isolement dans une cellule de la prison de Melbourne pour purger une peine de six ans pour abus. Une affaire judiciaire dans laquelle il y a le doute troublant de l’innocence totale du condamné et sur laquelle, très probablement, le dernier mot sera dit par la Haute Cour australienne, qui a admis l’appel interjeté par la défense contre la sentence en appel.
Le fort soupçon que la justice australienne a jusqu’à présent envoyé un homme innocent de 78 ans derrière les barreaux unit des milliers de personnes dans le monde entier. Cette conviction est appuyée par l’opinion de Mark Weinberg, l’un des juges – le plus expérimenté des trois – de la Cour d’appel de Victoria, qui, dans un rapport long et minutieux, a démantelé la crédibilité de la preuve contre Pell, examinée par le jury du tribunal du comté. Dans ce rapport, en désaccord avec la décision majoritaire prise par ses deux collègues, l’ancien chef du ministère public fédéral avait noté « des incohérences et des divergences » dans les accusations du plaignant, tout en soulignant qu’ « un certain nombre de ses réponses n’avaient simplement pas de sens ».
Sur cette base, Weinberg concluait que l’appel de la défense du cardinal contre la peine de six ans de prison pour abus pédo-sexuels devrait être accepté. Toutefois, les opinions divergentes des juges Anne Ferguson et Chris Maxwell ont confirmé le verdict négatif rendu contre Pell, qui purge toujours sa peine à la prison d’évaluation de Melbourne.
Dans le pénitencier, qui abrite principalement des prisonniers pour des crimes tels que la pédophilie et la violence sexuelle, le préfet émérite du Secrétariat à l’économie passe ses journées dans une cellule où il a un lit simple avec un mince matelas, une télévision et des toilettes en métal. Pour sa propre sécurité, le Cardinal Pell ne peut pas entrer en contact avec d’autres prisonniers, étant donné le risque élevé auquel sont confrontés les prisonniers célèbres, mais seulement avec le personnel pénitentiaire. Parmi ses voisins de cellule, il devrait encore y avoir James Gargasoulas, l’auteur de ce que Mark Weinberg lui-même – le juge qui l’a condamné à 46 ans de prison – a appelé « l’un des pires exemples de massacre de l’histoire australienne. Le tueur qui, il y a deux ans, sur Bourke Street (rue commerçante de Melbourne), a foncé dans la foule avec une voiture, tuant six personnes et en blessant plus de vingt, souffre de schizophrénie paranoïaque et est connu de la police pénitentiaire car il dérange habituellement les autres prisonniers, parlant continuellement la nuit et se déclarant « envoyé de Dieu ».
Le Cardinal Pell passera Noël prochain en prison, toujours sans avoir la possibilité de célébrer la Messe et sans pouvoir concélébrer. La prison d’évaluation de Melbourne, en fait, n’a pas de véritable aumônier et la seule assistance spirituelle est confiée à une religieuse. Ce n’est qu’occasionnellement que le cardinal communie dans sa cellule et ce sont les seules occasions où il a accès au sacrement.
Aujourd’hui marque le 53e anniversaire de son ordination sacerdotale, une date que beaucoup de croyants et même de non-croyants – convaincus de l’innocence de l’ancien archevêque de Sydney – n’ont pas oubliée: il y a de nombreuses lettres qu’il continue à recevoir et dont il a admis tirer une grande force pour endurer la détention. Sa santé continue d’être bonne, malgré la perte de poids importante. Ces dernières semaines, un appel à écrire à l’adresse de la prison de Melbourne pour exprimer la proximité humaine avec le prisonnier le plus célèbre d’Australie a provoqué des réactions de haine dans cette opinion publique qui reste sans doute convaincue de sa culpabilité: un diacre anglais qui sur Twitter avait invité ses followers à envoyer une lettre de félicitations au cardinal pour Noël prochain a été l’objet de menaces de mort.
Le climat d’intolérance dans l’affaire Pell a également fait une illustre victime: l’ancien Premier ministre australien, Tony Abbott, « coupable » d’avoir rendu visite au cardinal en prison. Le membre du Parti libéral [grosso modo ‘à droite’ de l’échiquier politique, ndt], qui n’a jamais nié son amitié avec le cardinal et qui avait déjà avoué l’avoir appelé le lendemain de sa condamnation, a été surpris à la sortie du pénitencier par une équipe de 7News et a réagi aux questions provocatrices du journaliste, se limitant à dire qu’il avait « rendu visite à un ami ». Le geste d’humanité d’Abbott a été fortement attaqué par Daniel Andrews, premier ministre catholique professé de l’État de Victoria, et s’est retrouvé dans le collimateur de nombreux commentateurs et médias nationaux.
Malgré cette ligne intransigeante d’une partie de l’opinion publique convaincue de la culpabilité du cardinal, il y a beaucoup d’innocentistes qui sortent au grand jour (voir, parmi les exemples les plus récents, l’enquête menée par Andrew Bolt de Sky [Affaire Pell: un basculement de l’opinion publique?]), comme en témoignent les diverses initiatives prises pour exprimer son soutien à la thèse de la défense. Parmi elles, une pétition a même été lancée sur Care2 [1], dans laquelle, s’adressant directement au cardinal, sont récitées des prières et des neuvaines pour sa libération.
Les culpabilistes et les innocentistes devront probablement attendre jusqu’au mois de mars prochain, date à laquelle devrait avoir lieu la première audience de la Haute Cour, qui a accepté d’écouter les raisons de la défense et est donc appelée à se prononcer définitivement sur cette affaire, qui continue à diviser l’Australie et au-delà.
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NDT
[1] Réseau social en ligne sur internet qui a été fondé en 1998 dans le but d’aider les militants du monde entier à communiquer plus facilement. ( https://fr.wikipedia.org/wiki/Care2)
En soins palliatifs, la magistrate honoraire nous adresse son « ultime texte ». Un hymne au corps médical et un avertissement à chacun d'entre nous.
Michèle Bernard-Requin, magistrate exemplaire, a rassemblé ses dernières forces pour écrire un hymne au personnel hospitalier du pavillon Rossini de l'hôpital Sainte-Perrine.
Voici un texte poignant, bouleversant, qui tirera les larmes même aux plus insensibles d'entre nous. Des lignes que Michèle Bernard-Requin nous envoie depuis l'hôpital Sainte-Perrine à Paris, où elle se trouve, selon ses mots, « en fin de vie ». Michèle Bernard-Requin est l'une des grandes figures du monde judiciaire. Elle fut tour à tour avocate, puis procureure à Rouen, Nanterre et Paris. En 1999, elle est nommée vice-présidente du tribunal de grande instance de Paris, elle présida la 10e chambre correctionnelle de Paris puis la cour d'assises, et enfin elle fut avocate générale à Fort-de-France de 2007 à 2009, date à laquelle elle prit sa retraite.
Autrice de plusieurs livres, elle intervient de temps à autre dans les médias et tient depuis 2017 une chronique régulière sur le site du Point dans laquelle elle explique avec clarté, talent et conviction comment fonctionne la justice et pourquoi, parfois, cette institution dysfonctionne. Aujourd'hui, c'est un tout autre cri d'alarme qu'elle pousse dans un « petit et ultime texte pour aider les "unités de soins palliatifs" », a-t-elle tenu à préciser dans ce mail envoyé par sa fille dimanche 8 décembre au matin. Un texte que nous publions tel quel en respectant sa ponctuation, ses sauts de ligne, son titre évidemment. JB.
UNE ÎLE
Vous voyez d'abord, des sourires et quelques feuilles dorées qui tombent, volent à côté, dans le parc Sainte-Perrine qui jouxte le bâtiment.
La justice, ici, n'a pas eu son mot à dire pour moi.
La loi Leonetti est plus claire en effet que l'on se l'imagine et ma volonté s'exprime aujourd'hui sans ambiguïté.
Je ne souhaite pas le moindre acharnement thérapeutique.
Il ne s'agit pas d'euthanasie bien sûr mais d'acharnement, si le cœur, si les reins, si l'hydratation, si tout cela se bloque, je ne veux pas d'acharnement.
Ici, c'est la paix.
Ça s'appelle une « unité de soins palliatifs », paix, passage… Encore une fois, tous mes visiteurs me parlent immédiatement des sourires croisés ici.
« Là tout n'est qu'ordre et beauté, luxe calme et volupté ».
C'est une île, un îlet, quelques arbres.
C'est : « Mon enfant, ma sœur, Songe à la douceur d'aller, là-bas, vivre ensemble ». C'est « J'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans » (« Spleen ») Baudelaire.
Voilà, je touche, en effet, aujourd'hui aux rivages, voilà le sable, voilà la mer.
Autour de nous, à Paris et ailleurs, c'est la tempête : la protestation, les colères, les grèves, les immobilisations, les feux de palettes.
Maintenant, je comprends, enfin, le rapport des soignants avec les patients, je comprends qu'ils n'en puissent plus aller, je comprends, que, du grand professeur de médecine, qui vient d'avoir l'humanité de me téléphoner de Beaujon, jusqu'à l'aide-soignant et l'élève infirmier qui débute, tous, tous, ce sont d'abord des sourires, des mots, pour une sollicitude immense. À tel point que, avec un salaire insuffisant et des horaires épouvantables, certains disent : « je préfère m'arrêter, que de travailler mal » ou « je préfère changer de profession ».
Il faut comprendre que le rapport à l'humain est tout ce qui nous reste, que notre pays, c'était sa richesse, hospitalière, c'était extraordinaire, un regard croisé, à l'heure où tout se déshumanise, à l'heure où la justice et ses juges ne parlent plus aux avocats qu'à travers des procédures dématérialisées, à l'heure où le médecin n'examine parfois son patient qu'à travers des analyses de laboratoire, il reste des soignants, encore une fois et à tous les échelons, exceptionnels.
Le soignant qui échange le regard.
Eh oui, ici, c'est un îlot et je tiens à ce que, non pas, les soins n'aboutissent à une phrase négative comme : « Il faut que ça cesse, abolition des privilèges, il faut que tout le monde tombe dans l'escarcelle commune. » Il ne faut pas bloquer des horaires, il faut conserver ces sourires, ce bras pour étirer le cou du malade et pour éviter la douleur de la métastase qui frotte contre l'épaule.
Conservons cela, je ne sais pas comment le dire, il faut que ce qui est le privilège de quelques-uns, les soins palliatifs, devienne en réalité l'ordinaire de tous.
C'est cela, vers quoi nous devons tendre et non pas le contraire.
Donc, foin des économies, il faut impérativement maintenir ce qui reste de notre système de santé qui est exceptionnel et qui s'enlise dramatiquement.
J'apprends que la structure de Sainte-Perrine, soins palliatifs, a été dans l'obligation il y a quelques semaines de fermer quelques lits faute de personnel adéquat, en nombre suffisant et que d'autres sont dans le même cas et encore une fois que les arrêts de travail du personnel soignant augmentent pour les mêmes raisons, en raison de surcharges.
Maintenez, je vous en conjure, ce qui va bien, au lieu d'essayer de réduire à ce qui est devenu le lot commun et beaucoup moins satisfaisant.
Le pavillon de soins palliatifs de Sainte-Perrine, ici, il s'appelle le pavillon Rossini, cela va en faire sourire certains, ils ne devraient pas : une jeune femme est venue jouer Schubert dans ma chambre, il y a quelques jours, elle est restée quelques minutes, c'était un émerveillement. Vous vous rendez compte, quelques minutes, un violoncelle, un patient, et la fin de la vie, le passage, passé, palier, est plus doux, c'est extraordinaire.
J'ai oublié l'essentiel, c'est l'amour, l'amour des proches, l'amour des autres, l'amour de ceux que l'on croyait beaucoup plus loin de vous, l'amour des soignants, l'amour des visiteurs et des sourires.
Faites que cette humanité persiste ! C'est notre humanité, la plus précieuse. Absolument.
La France et ses tumultes, nous en avons assez.
Nous savons tous parfaitement qu'il faut penser aux plus démunis. Les violences meurtrières de quelques excités contre les policiers ou sur les chantiers ou encore une façade de banque ne devront plus dénaturer l'essentiel du mouvement : l'amour.
UNE ENQUÊTE DE SKY NEWS AUSTRALIA DÉMONTRE L'INNOCENCE DU CARDINAL PELL
Andre Bolt, un journaliste de Sky News Australia, a méticuleusement reconstruit les déplacement du cardinal Pell et ceux de ses accusateurs dans un reportage démontrant que la version de la victime présumée d'abus n'est pas seulement incroyable, mais qu'elle est surtout impossible. Á l'approche de l'examen du recours du cardinal, il déclare : "Espérons que la Haute Cour remédie à ce scandale."
La prise de position de Sky News est courageuse dans un contexte de chasse aux sorcières contre l'Église catholique en Australie.
Pour rappel, les accusations graves qui pèsent contre le cardinal reposent sur la parole de deux enfants, dont l'un a avoué à sa mère avoir menti avant de mourir. Malgré le témoignage de plusieurs témoins qui affirment que le cardinal n'est pas entré dans la sacristie mais est resté à la porte pour discuter avec des paroissiens.
Fait incroyable, selon le journaliste, la victime présumée a affirmé se trouver en-dehors de la cathédrale au moment où les faits auraient été commis et les juges n'en ont pas tenu compte.
Cette enquête semble donc démontrer l'impossibilité matérielle des faits. Lors du jugement en appel, deux juges avaient pris les déclarations de la victime présumée pour argent comptant alors que le troisième juge, plus expérimenté en droit pénal, avait rédigé plus de deux cent pages pour s'opposer à la décision en déclarant qu'il y avait de grandes chances que Pell n'avait pas commis le crime dont on l'accusait.
Un arrêt de la CEDH favorable à la liberté religieuse
05 décembre 2019
La Cour européenne des droits de l’homme s’oppose au renvoi par la Suisse d’un demandeur d’asile afghan converti au christianisme. Un jugement qui satisfait les défenseurs de la liberté religieuse en Europe, et notamment du droit d’exprimer sa foi publiquement.
Dans son arrêt A.A. c. Suisse du 5 novembre 2019, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a considéré que le renvoi vers l’Afghanistan d’un demandeur d’asile converti au christianisme serait contraire au droit européen. Par une telle expulsion, la Suisse exposerait le ressortissant afghan à de fortes persécutions et violerait le droit de ne pas subir de « traitements inhumains ou dégradants », inscrit dans la Convention européenne des droits de l’homme. La décision des juges de Strasbourg permet au requérant d’obtenir le statut de réfugié.
L’interdiction des traitements inhumains et dégradants
Aslan [le prénom a été changé] a introduit une demande d’asile en Suisse en mars 2014, en raison de la situation d’insécurité régnant en Afghanistan et de sa conversion au christianisme. Mais le secrétariat d’État helvétique aux migrations rejette sa requête. En 2016, le tribunal administratif fédéral confirme cette décision et prononce l’expulsion d’Aslan. Les juges suisses ne mettent pas en doute l’authenticité de sa conversion mais considèrent qu’Aslan peut vivre en sécurité en Afghanistan chez ses oncles et cousins qui n’ont pas été informés de son baptême.
Saisie de l’affaire en avril 2017, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) demande immédiatement la suspension de l’expulsion pendant la durée de l’examen de la requête d’Aslan. Le 5 novembre 2019, les juges de Strasbourg s’expriment sur le fond : ils jugent qu’une expulsion violerait la Convention européenne des droits de l’homme en son article 3, interdisant les traitements inhumains ou dégradants. Cet arrêt est salué par plusieurs organisations d’inspiration chrétienne, dont l’European Centre for Law and Justice (ECLJ).
Une protection contre les persécutions en Afghanistan
D’après l’Index mondial de persécution des chrétiens 2019 diffusé par l’ONG évangélique Open Doors, l’Afghanistan est le deuxième pays où la persécution des chrétiens est la plus extrême, après la Corée du Nord. L’arrêt de la CEDH s’appuie sur d’autres documents et rapports internationaux, en particulier du Haut-Commissariat des Nations-unies pour les réfugiés (HCR). En Afghanistan, les chrétiens, lorsqu’il s’agit de convertis et donc « apostats » de l’islam, risquent la confiscation de leurs terres et biens, la perte de leur emploi, le rejet de leurs familles, voire l’emprisonnement ou la peine de mort.
La CEDH — probablement soucieuse d’éviter un « appel d’air migratoire » — considère qu’une telle situation générale de violence n’est pas, à elle seule, de nature à empêcher tout renvoi vers ce pays. En revanche, d’après la Cour, le tribunal suisse aurait dû mieux appréhender la situation personnelle d’Aslan et les conséquences qu’aurait son expulsion en Afghanistan. Les juges de Strasbourg rappellent d’ailleurs que ce même tribunal a reconnu, en 2017, la qualité de réfugié à un Afghan athée ou agnostique en raison des peines encourues pour « apostasie » en Afghanistan. Ces deux affaires étant comparables d’après la CEDH, il est donc étonnant que le jugement du tribunal suisse ait été différent.
La liberté de manifester publiquement sa foi
L’affaire A.A. c. Suisse a réouvert une question qui s’était déjà posée : peut-on expulser des chrétiens en leur recommandant de garder cachée leur foi afin d’éviter la persécution religieuse ? En 2016, à l’occasion d’une affaire suédoise, la Grande chambre de la Cour avait refusé le renvoi dans son pays d’un Iranien converti (F.G. c. Suède, 2016). Quatre juges avaient expliqué qu’ils ne pouvaient « admettre la présomption de l’État défendeur que le requérant ne serait pas persécuté en Iran parce qu’il pourrait adopter une pratique effacée, discrète, voire secrète, de ses convictions religieuses ». À l’inverse, en 2017, la Cour validait l’expulsion d’un autre converti en Iran, acceptant l’argumentation du gouvernement suisse selon laquelle les chrétiens « qui pratiquaient leur foi discrètement ne couraient pas de risque de mauvais traitements à leur retour » (A. c. Suisse, 2017).
« Pouvoir pratiquer sa foi en société est protégé par le droit européen. »
L’arrêt de 2019 semble donc plus favorable à la liberté de manifester extérieurement sa foi, protégée par l’article 9 de la Convention européenne des droits de l’homme. La CEDH critique en effet le fait que le tribunal suisse ait demandé à Aslan, après son retour en Afghanistan, « de modifier son comportement social de manière à cantonner sa foi dans le domaine strictement privé », au point même de cacher son baptême à ses oncles et cousins. Les juges européens rappellent ainsi que pouvoir pratiquer sa foi en société — avec autrui et en public — est protégé par le droit européen, dans la mesure où la religion a une dimension sociale et communautaire. Il est donc injuste d’exiger d’une personne qu’elle cache entièrement sa foi.
Comment apprécier la sincérité des conversions ?
Il reste que les demandeurs d’asile savent qu’une déclaration de conversion au christianisme peut faciliter l’accès au statut de réfugié. D’autres peuvent être tentés de revendiquer leur homosexualité dans le même objectif. Il paraît donc important de s’assurer de la sincérité de ces démarches. Dans le cas d’Aslan, la question s’est sérieusement posée en Suisse. D’après le secrétariat d’État aux migrations, non seulement le jeune homme aurait inventé avoir distribué des bibles en Afghanistan, mais ses connaissances sur le christianisme auraient en réalité « été acquises en Suisse pour les seuls besoins de la cause ». S’appuyant sur le certificat de baptême et sur une lettre d’un prêtre suisse, le tribunal suisse a préféré quant à lui laisser le bénéfice du doute à Aslan, ce que la CEDH n’a pas contesté.
L’avocat général rappelle qu’on ne peut demander à quelqu’un de dénoncer des faits prescrits alors que l’auteur de ces faits ne pourra être condamné puisque bénéficiant de cette même prescription ! « Qui peut souscrire à un tel système ? » conclut le ministère public. De Bérengère Dommaigné sur le site web « aleteia », le 29 novembre 2019 :
"La deuxième journée du procès du cardinal Barbarin devant la Cour d’appel de Lyon a pris fin vendredi avec les plaidoiries du ministère public et de la défense. Le parquet requiert la relaxe du prélat ne voulant pas ajouter « de l’injustice à l’injustice ». La cour rendra son arrêt le 30 janvier 2020.
L’ambiance était concentrée et technique dans la salle de la Cour d’appel de Lyon où s’est tenu pendant deux jours le procès du cardinal Barbarin. Celui-ci faisait appel de sa condamnation en première instance, le 7 mars dernier, à six mois de prison avec sursis pour ne pas avoir dénoncé les agressions commises sur des scouts, avant 1991, par le père Bernard Preynat. En interjetant appel, le cardinal conteste cette conclusion, reconnaissant des erreurs mais pas un délit, et niant toute volonté de cacher « ces crimes odieux », lui-même n’étant arrivé dans le diocèse de Lyon qu’en 2002.
Dans cette affaire, il y a avant tout des victimes. Les victimes du père Preynat qui, courageusement, inlassablement demandent justice et crient leurs douleurs et leurs souffrances. Par le biais de l’association la Parole libérée qui a fait un énorme travail de mise en lumière, ces victimes ont pu mettre à jour les drames subis par de nombreux scouts dans les années 1970 et 1980 du fait d’un prêtre, Bernard Preynat. En première instance comme lors de cet appel, c’est donc d’abord cette souffrance qui saute aux yeux ainsi qu’une certaine incompréhension. « Pourquoi donc n’est-ce pas Bernard Preynat qui est assis sur le banc des accusés ? » Cette question va enfin avoir sa réponse puisque le procès du père Preynat doit avoir lieu du 13 au 17 janvier prochain.
Les témoignages bouleversants qui se succèdent à la barre suscitent peu de questions de la part des parties civiles comme de la défense pendant ces deux jours d’appel. « Si j’avais parlé à 10 ans, jamais on ne m’aurait cru », témoignait au premier jour du procès l’un d’entre eux Christian Burdet. « Si le diocèse avait agit à l’époque, nous n’en serions pas là ». « Ma vie a changé le jour où j’ai enfin parlé, en janvier 2015, cela m’a libéré d’un fardeau que j’ai porté seul pendant quarante ans ! ». Les neuf victimes qui témoignent les unes après les autres, laissent la salle glacée et silencieuse. Beaucoup pensaient être « le seul à subir cela » et disent pourtant connaître aujourd’hui d’autres victimes qui n’ont pas ou ne veulent pas encore parler au grand jour. Des vies brisées, le poids du silence et de la culpabilité qui sort enfin aujourd’hui dans un cri « qu’il faut entendre », estime le ministère public dans son réquisitoire ce matin, en ce deuxième jour d’appel.
« La justice ne doit pas faire du symbolique »
« Il n’y a pas, de la part du ministère public, le moindre aveuglement ou la moindre distance en ce qui concerne la douleur des victimes », a commencé l’avocat général Joël Sollier avant de requérir la relaxe du cardinal Barbarin. Pour lui une condamnation présente un risque juridique : « La justice ne doit pas faire du symbolique. Le système juridique ne peut être soumis à de telles torsions pour servir une cause, aussi juste soit-elle « . Et d’expliquer ces torsions. Si on rend le cardinal Barbarin coupable d’une non-dénonciation, cela signifierait que d’autres témoins directs ou indirects des agressions sexuelles du père Preynat à la fin des années 1980 pourraient en être également tenus responsables : l’Église, les parents et les proches des victimes, et les victimes elles-mêmes parce qu’elles n’auraient pas cherché à protéger d’autres victimes potentielles. « Qui veut souhaiter vouloir créer une telle chimère (…) aux conséquences dévastatrices ? »
Autre question de droit incontournable pour l’avocat général, le caractère intentionnel de la non-dénonciation. Mgr Barbarin a-t-il eu conscience qu’il entravait la justice ? L’avocat général en doute, citant un mail du cardinal à Alexandre Hezez, suite à leur rencontre où celui-ci a confié les agressions subies. Dans ce mail, le cardinal lui suggère par écrit de porter plainte, bien qu’il pense que les faits soient prescrits. Peut-on « courir le risque d’ajouter de l’injustice à l’injustice » conclut l’avocat général rappelant qu’on ne peut demander à quelqu’un de dénoncer des faits prescrits alors que l’auteur de ces faits ne pourra être condamné puisque bénéficiant de cette même prescription ! « Qui peut souscrire à un tel système ? » , conclut le ministère public. La cour d’appel de Lyon doit rendre son arrêt le 30 janvier 2020. À sa sortie, le cardinal a rapidement pris la parole : Je m’en remets à la décision de la justice et je veux dire aux victimes que je ne pense qu’à elles ".
Rappelant la figure d’un magistrat assassiné en 1990 par la mafia, le pape François a souligné, vendredi 29 novembre, sa critique d’un droit à l’euthanasie dont il a souligné la « surprenante » actualité.
Alors qu’il rencontrait, vendredi 29 novembre, les membres d’une fondation consacrée à un magistrat sicilien assassiné par la mafia, le pape François est revenu sur le rôle des magistrats dans la vie publique et en a profité pour s’exprimer sur l’euthanasie.
La Fondation Rosario Livatino tient son nom d’un substitut du procureur d’Agrigente, assassiné en 1990 par la mafia à l’âge de 38 ans et qui fait l’objet d’un procès en béatification dont la phase diocésaine vient de s’achever.
Pour François, celui que Jean-Paul II avait qualifié de « martyr de la justice » continue à être « un exemple non seulement pour les magistrats, mais pour tous ceux qui travaillent dans le domaine du droit », notamment à cause de « la cohérence entre sa foi et son engagement au travail », mais aussi « pour l’actualité de ses réflexions ».
Critique de certains tribunaux
Le pape a alors pris pour exemple l’extrait d’une conférence donnée en 1986 par Rosario Livatino et où celui-ci évoquait les inquiétudes d’un parlementaire concernant l’introduction d’un droit à l’euthanasie.
« Si l’opposition du croyant à cette loi se fonde sur la conviction que la vie humaine (…) est un don divin qu’il n’est pas permis à l’homme d’étouffer ou d’interrompre, de même que l’opposition du non-croyant est fondée sur la conviction que la vie est protégée par la loi naturelle qu’aucun droit positif ne peut violer ou contredire, car il appartient à la sphère des biens "indisponibles", que ni les individus ni la communauté ne peuvent attaquer », estimait alors le jeune juge cité par le pape.
Pour François, ces considérations de Rosario Livatino semblent « éloignées » de la manière dont certains tribunaux, « en Italie et dans de nombreux systèmes démocratiques », envisagent la question du droit à la vie.
Une actualité « surprenante »
Ainsi des décisions où « le principal intérêt d’une personne âgée ou handicapée serait de mourir et de ne pas être soignée » ou, « selon une jurisprudence qui se dit "créative" » inventent « un "droit à mourir" dépourvu de fondement juridique ».
Selon le pape, ce genre de décisions « affaiblit les efforts pour soulager la douleur et ne pas abandonner à lui-même celui dont l’existence va s’achever ».
François relève ainsi l’actualité « surprenante » de Rosario Livatino qui avait su percevoir combien la revendication de « nouveaux droits individuels » amenait les juges à prononcer « des sentences soucieuses de réaliser des désirs toujours nouveaux, détachés de toute limite objective ».
Exclusif : l’état d’esprit du cardinal Barbarin à la veille de son procès
26/11/2019
À la veille de son procès, nous avons rencontré le cardinal Barbarin
Le cardinal Barbarin a déjà été condamné, le 7 mars 2019, à six mois de prison avec sursis pour non-dénonciation d’agressions pédophiles. A la veille de son procès en appel qui va s’ouvrir le 28 novembre prochain il se confie à Famille Chrétienne.
C’est dans un contexte lourd, parfois irrationnel et chargé de douleur, que nous avons pu rencontrer le cardinal. Sans évoquer avec lui le fond du procès, il est revenu sur cette longue période de retrait et aussi sur son état d’esprit en une heure si grave.
Manifestement, le cardinal veut croire en la justice : celle des hommes et celle de Dieu. Mais il a bien noté que le climat était rude. Les attaques du Nouvel Obs ont donné le ton et les proches du cardinal s’attendent à tout.
« Je remercie le bon Dieu parce qu’il m’a gardé en paix dans cette tempête » confie à Famille Chrétienne le cardinal Barbarin. Comment a-t-il réagi en découvrant l’enquête à charge parue le 20 novembre dans L’Obs ? Sans doute fut-il d’abord abasourdi par le nombre des attaques ad hominem contre lui. Frédéric Martel, l’auteur du livreSodoma, jette en effet le soupçon partout à défaut d’apporter des preuves : « attrait pour le pouvoir », « immaturité affective », proximité avec le « le pénisme, la Franc-maçonnerie », « homosexualité refoulée », « amour de l’argent. » Mais l’avalanche ne s’arrête pas là. Frédéric Martel donne aussi la parole à un ancien séminariste du diocèse de Lyon, aujourd’hui marié, qui accuse le cardinal de « harcèlement moral et sexuel. » N’en jetez-plus… Les avocats du cardinal ont jugé la parution « abracadabrantesque » : « Nous regrettons la parution d’une “enquête”, ou se voulant telle (…) à quelques jours de l’audience d’appel devant la cour de Lyon » qui aura lieu le 28 novembre. Les plaignants eux-mêmes ont douté de la qualité de cet article à charge.
Le cardinal a changé de vie depuis sa condamnation le 7 mars 2019 à six mois de prison avec sursis dans l’affaire Preynat. Il est désormais en retrait. « J’ai énormément de choses à ranger, explique-t-il, et je suis loin d’avoir terminé. Ces derniers temps, j’ai classé et organisé plusieurs milliers de livres pour les envoyer à Madagascar. » Une île de l’océan indien où il a laissé une partie de son cœur après y avoir passé quatre années comme prêtre fidei donum.
Cet homme avide de contacts n’a pas renoncé pour autant à la vie sociale ou plus exactement à son ministère sacerdotal : « J’ai du temps pour recevoir et pour faire de l’accompagnement spirituel. Je peux aller voir des gens qui souffrent, des pauvres, des gens abimés par l’alcool ou la drogue, des victimes de pédocriminalités. »A propos justement des victimes du père Preynat, il aime à répéter « Je suis plus sensible à leurs souffrances qu'à la mienne ». Il n’a donc pas varié de sentiment depuis son interview au journal Le Monde (12 août 2017) : « Pour elles, la souffrance est aussi brûlante qu'il y a trente ans, au premier jour, explique-t-il, pour elles, il est révoltant et inadmissible que le père Preynat ait pu continuer à être prêtre ».