Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Justice - Page 41

  • Emmanuel Hussenet : « Ce qui m'inquiète plus que le virus, c'est la peur que nous en avons »

    IMPRIMER

    emmanuel-hussenet_article.jpgDans les temps inédits où l’on se calfeutre pour éviter la propagation du coronavirus, Emmanuel Hussenet, auteur de Robinson des glaces, explorateur passionné des banquises et philosophe, donne son témoignage à Théophane Leroux pour les lecteurs  du magazine « Famille Chrétienne » :

    « Je suis confiné à la campagne, en Bourgogne. Sur le plan personnel, cela ne change pas forcément grand-chose et je ne souffre pas de la claustration. Sur le plan collectif, je ne peux pas être imperméable à ce que subissent beaucoup de personnes. J’ai beaucoup de peine pour ceux qui vivent un confinement dans un contexte de tension, dans un studio bruyant ou un quartier qui ne leur permet même pas de jouir des premiers soleils.

    J’ai une expérience du confinement volontaire : en expédition, lorsqu’on est seul dans son kayak au milieu des glaces, on accepte la solitude et on est totalement maître de soi. On a la liberté de pouvoir disposer de sa propre vie, quelles que soient les conditions même si elles sont austères, par exemple lorsqu’on reste enfermé sous la tente pendant trois ou quatre jours à cause d’une tempête. Si elle est acceptée, si elle découle d'un choix personnel, la contrainte physique n’est pas déterminante. Quand elle résulte d’un pouvoir en place qui touche ce qui est le plus fondamental, la liberté, quelque chose de l’ordre du sacré. La question que soulève cette situation est celle du sens de la vie: enfermer des gens au prétexte qu'il faut protéger des vies, même si cela est présenté comme nécessaire, a quelque chose de paradoxal, car on ne peut vivre que dans la liberté.

    « Il y a des morts que la société accepte, d'autres non »

    Quand on part en expédition, on sait qu’on prend des risques, qu’on accepte et mesure, on vit avec eux au point qu’à un moment, on ne les voit plus, ils font partie des paramètres qui nous conditionnent et nous inscrivent dans une trajectoire. On anticipe le danger, on est concentré sur les besoins vitaux. Et le principal besoin vital, ce n’est pas boire, manger ou dormir, mais c’est se déplacer. Si l’on est immobilisé sous sa tente, on meurt : tout l’enjeu d’une expédition, c’est de se déplacer. C’est donc la liberté, c’est le choix de sa route. Pour un prétexte sanitaire, on suspend notre route. Malheureusement, le Covid-19 fait beaucoup de victimes, mais moins que d'autres pathologies ou que des causes accidentelles auxquelles nous sommes habitués. Il y a des morts que la société accepte, d'autres non. Le virus fait peur parce que nous n'avons pas appris à vivre avec lui, ce qui est assez étonnant puisqu'à l'âge de la mondialisation, chacun sait que la pandémie est un risque majeur. Ce qui m'inquiète plus que le virus, c'est la peur que nous en avons, laquelle rend suspecte toute personne que nous croisons. Dans notre système hygiéniste, figé sur des représentations matérialistes, les relations humaines sont mises à mal. Le rapport à la vie strictement quantitatif qui nous est imposé exclut la question du sensible et celle de sens. C'est selon moi très préoccupant.

    Lire la suite

  • Allemagne : la cour constitutionnelle de Karlsruhe rétablit la liberté de culte

    IMPRIMER

    De Christophe Eoche-Duval sur aleteia.org :

    Allemagne : la cour constitutionnelle rétablit la liberté du culte

    02 mai 2020

    La Cour constitutionnelle de Karlsruhe a rétabli à titre conservatoire la liberté religieuse suspendue en Allemagne pour des raisons sanitaires. Une décision qui pourrait faire évoluer l’interdiction des rassemblements cultuels dans les autres pays européens.

    La liberté de cultes occupe beaucoup les esprits depuis que le confinement se prolonge et que, mardi 28 avril, le Premier ministre a annoncé devant l’Assemblée nationale « qu’il est légitime de demander de ne pas organiser de cérémonies avant le 2 juin ».

    En France, sous l’empire des textes en vigueur (décret du 23 mars 2020), les manifestations cultuelles sont encore interdites de manière absolue sur l’ensemble du territoire. Demeure cependant le maintien de l’ouverture des « établissements recevant du public de catégorie V », c’est-à-dire des « lieux de culte », mais sans faculté explicite de dérogation pour s’y rendre depuis son domicile, sans exception pour les aumôniers d’hôpitaux ou d’Ephad. Enfin, les funérailles sont autorisées, mais « dans la limite de vingt personnes ». 

    En Europe, « atteinte grave à la liberté des cultes »

    Ce régime se retrouve sensiblement chez nos voisins européens, avec les mêmes réserves de la part des représentants des religions. Dans une première analyse, nous avons fait mention d’un arrêt rendu par la Cour constitutionnelle d’Allemagne, dite Cour de Karlsruhe, plus haute juridiction, unanimement respectée, rendu au fond le 10 avril 2020, arrêt n° 1 BvQ 28/20, qui rejetait une requête tendant à contester la légalité de suspension de la liberté de culte pour prévenir le risque de contagion lors des assemblées religieuses.

    Malgré ce rejet, cet arrêt, le seul à notre connaissance d’une cour constitutionnelle d’un État de l’Union européenne, laissait entrevoir le réexamen de la question, car la Cour confirmait l’existence d’« une atteinte grave à la liberté des cultes ». Cet arrêt était donc provisoire en ce sens où le pragmatisme de l’évolution de la pandémie et le processus engagé de déconfinement impliquent nécessairement le rétablissement au plus tôt d’une liberté aussi fondamentale que l’est la liberté religieuse, tant dans la Loi fondamentale d’Allemagne, dont l’article 4 énonce :  « Le libre exercice du culte est garanti », que dans l’article 9 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales . 

    Lire la suite

  • Une réflexion en marge de la pandémie du Coronavirus : Dieu et le mal, un double mystère

    IMPRIMER

    9782866795269.jpgEn concluant son essai apologétique « Les raisons de croire » publié chez Fayard (1e édition en 1987) Mgr André Léonard, alors professeur de métaphysique et de philosophie à l’UCL, illustre ces questions que posent déjà des enfants eux-mêmes lorsque leur conscience s’éveille à l’étrangeté de la condition humaine :

    Les raisons de croire ont leurs limites. Le mal, sous toutes ses formes, demeure énigmatique. Pourquoi Dieu a-t-il pris le risque de créer un monde où le mal était « nécessairement possible »? Et, quoi qu’il en soi de ses promesses eschatologiques, pourquoi laisse-t-il ce monde transitoire, où nous sommes, aller encore vers sa fin, avec son cortège de maux et de souffrance, au lieu d’instaurer tout de suite les cieux nouveaux et la terre nouvelle inaugurés par la Résurrection de Jésus ?

    Pourquoi, écrit André Léonard, au moment où nous nous révoltons, nous mets-tu le doigt sur la bouche en nous montrant ton Fils crucifié, criant sur la croix : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? ». Pourquoi tardes-tu à faire éclater universellement la résurrection de ton Christ ? Je ne sais et je m’humilie devant toi. Et surtout, poursuit-il, pourquoi encore cet enfant martyrisé, cette fille violée, ces handicapés à perpétuité, ces hommes exploités ou écrasés, pourquoi ? Je connais la réponse : « à cause du pouvoir du mal, à cause du péché des anges et des hommes, à cause de notre péché à tous, à cause du mystère d’iniquité qui, forgé par Satan, accueilli par Adam et ratifié par chacun de nous, emprisonne l’univers et le tient provisoirement asservi à la vanité ».

     Mais quel sera donc le sens ultime de tant de souffrances et de cette histoire dont, toi-même Seigneur, tu as porté le poids ?

    Je ne sais, avoue le théologien, mais je crois que je puis te faire confiance jusqu’au bout car tu en as payé le prix de ton amour crucifié : le prix du sang de Jésus. Mais c’est aussi pourquoi le doute peut s’infiltrer dans mon esprit, la pensée peut me venir de trouver excessive la confiance que tu nous demandes et la tentation peut me guetter de rejoindre tous ceux qui se détournent de toi. Malgré tout, je souscris aux raisons que j’ai de croire en toi et je te prie qu’en mon nom propre et au nom de mes frères ma réponse soit toujours celle de Pierre à la question de Jésus : « Jésus dit alors aux Douze : « voulez-vous partir, vous aussi ? ». Simon-Pierre lui répondit : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as, toi, les paroles de la vie éternelle. Nous croyons, nous, et nous savons que tu es le Saint de Dieu » (Jn 6, 6-69).

    JPSC

    « Credo, Domine, adjuva incredulitalem meam » : je crois Seigneur, viens au secours de mon incrédulité (St. Marc, ch. 9, verset 23).

  • Cour Européenne des Droits de l'Homme : l'emprise de Soros se confirme

    IMPRIMER

    De Philippe Oswald sur la Sélection du Jour du 30 avril :

    La Cour Européenne des Droits de l’Homme promeut un proche de Soros

    La Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) vient d’annoncer l’élection du juge bulgare Yonko Grozev au poste de « président de section ». Dirigeant l’une des cinq sections de la Cour, il exercera des pouvoirs de direction générale et siégera systématiquement dans les affaires les plus importantes.

    Il y a deux mois, paraissait un rapport explosif du Centre Européen pour la Loi et la Justice (ECLJ – European Center for Law and Justice) intitulé : « Les ONG et les juges de la CEDH ». Ce rapport révélait que 22 juges sur la centaine ayant siégé à la CEDH entre 2009 et 2019 (élus pour 9 ans, ils sont en permanence 47 à siéger) avaient des liens avec 7 ONG financées par Georges Soros, le milliardaire idéologue de la « société ouverte » (« open society »). Ces 7 ONG sont intervenues dans 188 affaires au titre de requérante, représentante ou tiers intervenante devant la CEDH au cours de cette période.

    La plus importante de ces ONG est l'Open Society Foundation (OSF), spécialisée dans l’utilisation des institutions judiciaires à des fins politiques. L‘OSF, dans laquelle Georges Soros a déjà injecté plus de 18 milliards d'euros, finance les 6 autres organisations citées dans ce rapport. Or, avant sa nomination à Strasbourg en 2014 (nomination contestée à l’époque car trois membres du comité de sélection bulgare étaient ses collègues au sein d’ONG), Yonko Grozev avait été responsable mondial de l’Open Society Justice Initiative à New York, après être passé par la Fondation bulgare de l’Open society et avoir fondé le Comité Helsinki Bulgare, fondation largement financée par l’OSF. Il s’était fait connaître comme avocat des Pussy Riot, ces femmes punks inculpées pour avoir commis un spectacle sacrilège dans la cathédrale de Moscou, et avait fait condamner la Russie par la CEDH.

    Dans ce rapport, Grégor Puppinck, directeur du Centre Européen pour la Loi et la Justice, dénonce l’influence de Georges Soros sur la nomination à Strasbourg de magistrats issus de ses ONG ou d’organisations affiliées à sa fondation. Le but du milliardaire semble clair : imposer aux peuples européens un gouvernement de juges-militants. Le rapport de l’ ECLJ établit que dix-huit de ces magistrats de la Cour de Strasbourg ont rendu des jugements dans 88 affaires où leur ancienne ONG était impliquée, au lieu de se déporter, pour éviter un conflit d’intérêts. Peu commenté en France, ce rapport fait des remous à l’étranger, notamment en Bulgarie, le pays de Yonko Grozev. Le ministre bulgare de la Justice en personne, Danail Kirilov, s’en est publiquement inquiété.

    Non seulement la Haute Cour européenne n’a pas tenu compte du rapport de l’ECLJ, mais elle a promu le juge bulgare, l’un des plus contestables. Il a été saisi d’une dizaine d’affaires qu’il avait lui-même introduites à la CEDH en tant qu’avocat, ou qui l’avaient été par ses anciens collègues d’ONG liées à l’Open Society à New York. Le juge Grozev a répliqué personnellement aux accusations de l’ECLJ en soulignant qu’il ne pouvait être destitué, car cela impliquerait la destitution de tous les juges cités dans le rapport (il faut la majorité des 2/3 de la Cour pour révoquer un juge), et en accusant l’ECLJ d’être une organisation « conservatrice » relayant les griefs des autorités bulgares à son encontre.

    Cette nomination en forme de provocation pose à nouveau la question du statut de la CEDH. S’étant autoproclamée « La Conscience de l’Europe », la CEDH « n’est soumise à aucun contre-pouvoir, ni autorité de contrôle », dénonce Grégor Puppinck. Il espère toutefois une réaction du Comité des Ministres, l’organe diplomatique réunissant les ambassadeurs des 47 États membres du Conseil de l’Europe, qui vient d’être saisi par plusieurs députés membres de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe qui réclament des mesures pour « restaurer l’intégrité de la Cour européenne des droits de l’homme ». L’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, en charge de l’élection finale des juges de la CEDH, pourrait être saisie de cette question. L’ECLJ a d’ailleurs adressé une pétition (en lien ici) au Président de l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe, pour que ce sujet soit inscrit à l’ordre du jour.

    Philippe Oswald

    Pour aller plus loin : Emprise de Soros sur la Cour européenne des droits de l’Homme : la CEDH persiste et signe >>> Lire l'article sur : Valeurs Actuelles

  • Coronavirus-France : Les cultes ne reprendront pas avant le 2 juin, les évêques regrettent cette décision

    IMPRIMER

    édouard philippe 570-dicours-de-edouard-philippe-a-l-assemblee-nationale-sur-le-deconfinement.jpgLe Premier ministre français Edouard Philippe a dévoilé, devant les députés réunis ce mardi 28 avril, le plan de déconfinement établi par le gouvernement de la république.

    Déception pour l'Eglise: il a notamment exclu toute mesure de déconfinement pour les offices religieux publics au moins jusqu'au 2 juin, sans s'avancer sur la suite du calendrier.

    La Conférence des évêques de France a pris acte de cette décision "avec regret" et invite les catholiques à vivre le mois de mai comme un mois au "Cénacle".

    Commentaire d'’Antoine Pasquier sur le site web de « Famille Chrétienne » :

    « Les évêques n’auront donc pas été entendus. Alors qu’il présentait le plan de déconfinement du gouvernement devant les députés réunis à l’Assemblée nationale mardi 28 avril, le Premier ministre Édouard Philippe a annoncé que les cérémonies religieuses ne reprendraient pas avant le 2 juin. « Je sais l’impatience des communautés religieuses, mais je crois légitime de demander de ne pas organiser de cérémonies avant cette barrière du 2 juin ». Le Premier ministre a toutefois rappelé que les lieux de culte pourraient « continuer à rester ouverts » et a annoncé la réouverture au public des cimetières. Les obsèques, elles, « resteront autorisées comme aujourd’hui dans la limite de vingt personnes ».

    Ces mesures s’inscrivent dans le cadre d’un déconfinement progressif en plusieurs phases voulu par le gouvernement. Ce dernier craint en effet une seconde vague de contaminations au Covid-19. Le 2 juin a été choisi comme date de début de la seconde phase du déconfinement, soit trois semaines après le 11 mai. Le temps nécessaire pour mesurer les effets de la première phase sur la santé de la population.

    ▶︎ À LIRE AUSSI Déconfinement : les messes reprendront-elles début juin ?

    La Conférence des évêques de France (CEF) « prend acte avec regret de cette date qui est imposée aux catholiques et à toutes les religions de notre pays ». Si elle partage « le souci du Gouvernement de limiter au maximum la circulation de l’épidémie », elle diverge sur le fait que la messe puisse « favoriser la propagation du virus et gêner le respect des gestes barrières plus que bien des activités qui reprendront bientôt ». En attendant le 2 juin, les évêques encouragent « les fidèles à se rendre dans les églises pour y prier individuellement » et recommandent « aux diocèses et aux paroisses de continuer à proposer les moyens nécessaires à leur vie de foi ».

    Réunie le 24 avril en assemblée plénière extraordinaire, la CEF avait adressé au gouvernement son plan de déconfinement dans lequel étaient détaillées les mesures sanitaires envisagées pour une reprise du culte. Les évêques avaient réclamé auprès des autorités publiques une reprise à partir du dimanche 17 mai. Les catholiques français ne pourront donc pas vivre la fête de la Pentecôte, le dimanche 31 mai, au sein de leur communauté. Pour cette raison, les évêques invitent « les catholiques à vivre le mois de mai comme un mois "au Cénacle" dans une prière instante pour le don de l’Esprit Saint et comme un mois marial ». 

    La liberté religieuse serait-elle moins précieuse

    que la liberté d’entreprendre ou de travailler ?

    En réponse à cette question, le site du "Salon beige" publie par ailleurs le texte suivant: " Dans une tribune signée par un certain nombre de philosophes, professeurs, avocats… et publiée dans La Croix, il est rappelé que la liberté de culte est un droit qui ne saurait souffrir de limitations excessives :

    "[…] la liberté de culte, qui autorise les croyants à pratiquer leur religion en public et collectivement, est aussi protégée par le Conseil constitutionnel et le Conseil d’État. Elle ne peut être limitée par les États qu’avec circonspection, pour des raisons impérieuses d’intérêt général, et à condition que ces restrictions soient justifiées, nécessaires et proportionnées.

    Les limitations actuelles à la liberté de culte, justifiées par la crise sanitaire, ne peuvent donc être maintenues qu’à la condition qu’elles soient absolument indispensables. Au fur et à mesure que la situation s’améliore, les restrictions doivent s’estomper.

    Lire la suite

  • Coronavirus et déconfinement des messes en France : Mgr Matthieu Rougé, évêque de Nanterre et membre du Conseil permanent de la Conférence épiscopale française s’exprime sans ambages

    IMPRIMER

    JPSC

  • Déconfiner la France : « Interdire les messes après le 11 mai sera très difficile à justifier juridiquement »

    IMPRIMER

    messe_article.jpg

    Le gouvernement français est-il en droit de maintenir l’interdiction de célébrer la messe publique jusque début juin, comme l’a annoncé Emmanuel Macron le 21 avril ? Éléments de réponse avec le frère Joseph-Thomas Pini, canoniste et dominicain de la province de Toulouse dans une interview réalisée par Antoine Pasquier pour le magazine « Famille chrétienne » :

    "La Conférence des évêques de France et le gouvernement discutent des conditions de reprise des messes publiques après le 11 mai. L’État peut-il imposer ses conditions dans l’exercice du rite ?

    Dans l’édifice cultuel, le ministre du culte affectataire ou propriétaire est maître de l’organisation de la liturgie et de tout ce qui est cultuel, sous la modération de l’évêque. Si l’autorité civile dispose d’un droit de regard, très limité, en cas de trouble grave à l’ordre public, celle-ci n’est pas compétente pour tout ce qui touche au rite et à la liturgie. Le droit canonique rappelle ce principe d’indépendance absolue de l’Église en matière d’organisation du rite par ses autorités légitimes. Et deux autres principes essentiels : la préservation de l’intégrité des sacrements (à célébrer selon ce qui est prévu, même de manière simplifiée), et la légitimité de tout effort possible pour que les fidèles aient accès aux sacrements, s’il n’y a pas d’impossibilité ou d’empêchement.

    En France, cette question est rendue complexe par l’arrière-plan historique. Les pouvoirs publics français ont toujours eu la tentation de vouloir se faire les garants des bonnes pratiques religieuses. C’est très bonapartiste comme réflexe. Quelle est la bonne manière de donner la communion ? Quelle est la bonne manière d’organiser une messe ? Tout cela dépend uniquement de l’autorité de l’Église. L’État n’a pas à s’en mêler. Reste que dans la situation sanitaire actuelle, grave et difficile, les choses ne sont pas aussi binaires. Les troubles graves à l’ordre public concernent aussi la salubrité publique dont la préservation, par hypothèse, appellent les mesures les plus intrusives.

    L’État peut-il interdire la reprise normale du culte malgré le déconfinement annoncé le 11 mai ?

    Ce qui fait réagir les évêques dans les annonces d’Emmanuel Macron, et met un peu le feu aux poudres, c’est le risque d’une rupture d’égalité à partir du 11 mai. Certaines activités seraient autorisées, mais pas les offices religieux qui ne pourraient reprendre que début juin. Au nom du principe d’égalité, en quoi serait-il plus dangereux de se rendre dans une église que de prendre les transports en commun ? Pourquoi autoriserait-on des activités dont les conditions sanitaires seraient comparables à celles des célébrations eucharistiques, et interdirait-on toujours ces célébrations ? Si l’Église présente un plan de bonnes pratiques, maintenir une interdiction générale après le 11 mai sera très difficile à justifier, y compris juridiquement.

    Lire la suite

  • Indics, tracing, coronapp et autres big brothers au temps du Coronavirus

    IMPRIMER

    Big-data©Pixabay-620x330.jpg

    L’épidémie de coronavirus et le confinement viennent de nouveau poser la question de l’usage de nos données. Il se pourrait bien que cette crise change la manière dont les États exploitent cet or noir du XXIe siècle. Au risque de sacrifice les libertés publiques. De Pierre Mayrant sur le site web du mensuel « La Nef » :

    Fin mars dernier, Orange annonçait avoir mené une étude statistique en collaboration avec l’Insee démontrant que 17 % des Franciliens auraient trouvé refuge en province, soit 1,2 million de personnes [1]. L’entreprise s’est appuyée pour cela sur la géolocalisation de ses abonnés. Pour rassurer la population, elle expliquait que les données étaient « anonymisées » et qu’elles ne contrevenaient pas au Règlement général de la protection des données (RGPD).

    Au début du confinement, des professeurs nous expliquaient leur inquiétude à propos de leurs cours destinés à être intégrés dans l’environnement numérique de travail de leur université. Qu’allaient-ils devenir ? Allaient-ils être réutilisés ? Faut-il systématiquement, alors qu’une pression professionnelle légitime est exercée en plein confinement depuis le début du coronavirus, relire les conditions générales d’utilisation pour s’assurer du bon usage de nos données ? Que se passe-t-il si l’on refuse le traitement de nos données personnelles ? Aura-t-on toujours accès à la plateforme ? Dans les situations impérieuses du confinement, alors que le travail à distance se développe, voire s’impose à nous, il est difficile de garder la même vigilance sur ce qui sera fait de nos données.

    Dans le même temps, on apprend que le fondateur de l’agence web ITSS, Christophe Mollet, vient d’inventer une nouvelle application, le CoronApp, destiné à repérer tout porteur du virus afin de s’en éloigner. Il explique : « L’application retrace vos déplacements toutes les heures, durant quatorze jours. Toutes ces données figureront sur une carte accessible à tous ceux qui se sont inscrits. Comme cela, vous pourrez savoir où, et à quel moment, vous avez éventuellement pu croiser une personne porteuse du virus. Libre à vous ensuite de décider ou non de vous confiner à nouveau. Bien sûr, votre anonymat sera strictement respecté. » [2]

    États asiatiques : modèle de lutte contre l’épidémie, mais pilleur de données

    D’où vient cette idée qu’une surveillance de nos citoyens serait un remède à l’épidémie ? Les exemples nous viennent de Taïwan et de Corée du Sud, deux démocraties asiatiques. À Taïwan, il faut éviter d’éteindre son portable trop longtemps. La police est alertée dès lors qu’une personne en quarantaine sort, et les amendes sont sévères pour le non-respect du confinement : 30 000 € [3]. Si un tel traçage est possible dans ce continent désormais plus puissant que la vieille Europe, pourquoi ne pas l’envisager chez nous ? En France, le téléchargement de l’attestation de déplacement sur le smartphone est un préalable évident à ce type de fonctionnement. Un moyen efficace et sans contrainte pour assurer la géolocalisation de la population.

    Lire la suite

  • La première interview télévisée du cardinal Pell depuis sa libération

    IMPRIMER

    Le cardinal Pell s'est exprimé dans une longue interview télévisée, mardi soir; il a suggéré que son accusateur ait pu être manipulé et a expliqué que toute son affaire s'était passée dans un contexte d'affrontement culturel où ceux qui défendaient les positions chrétiennes sur toute une série de questions (famille, vie, genre, sexualité) étaient très mal vus. Il a également évoqué la corruption, tant à Rome qu'en Australie. On retiendra aussi de cette interview que l'acharnement policier et judiciaire à l'égard de Mgr Pell n'est peut-être pas terminé.

    La Nuova Bussola Quotidiana a publié une large analyse de cette interview. On en trouvera la traduction sur le site "Benoît et moi"

  • Epidémie et droit canonique : un survol instructif

    IMPRIMER

    De Cyrille Dounot sur le site de l'Homme Nouveau :

    Le droit canonique en temps d’épidémie

    13 avril 2020

    Le droit canonique en temps d’épidémie

    Cyrille Dounot est professeur d’histoire du droit (Clermont-Ferrand) et avocat ecclésiastique près l’officialité de Lyon. Il livre ici une remarquable analyse de l'évolution du droit canonique à l'occasion de différentes épidémies qui se sont produites dans l'Histoire. Une étude très éclairante pour notre situation.

    L’épidémie actuelle contraint les ordres juridiques nationaux à de substantielles modifications, notamment dans notre pays, par la suspension de plusieurs libertés publiques et l’instauration d’un « état d’urgence sanitaire » (interdiction des célébrations religieuses, prix maximums fixés par décret, possibilités de réquisitions, confinement obligatoire, etc.). L’ordre juridique canonique est aussi directement impliqué, dans ses dimensions locale (prescriptions diocésaines) et universelle (lois ecclésiastiques). Pour preuve, les trois récents décrets de la Congrégation pour le Culte divin et la Discipline des sacrements qui aménagent certaines règles liturgiques face à « l’évolution rapide de la pandémie de Covid-19 ». Ces décrets, rendus suite aux diverses sollicitations émanant d’évêques du monde entier, rappellent quelques éléments doctrinaux comme l’impossibilité de transférer la fête de Pâques, la nécessité de célébrer la messe même en l’absence de fidèles ou encore l’importance de la prière. En outre, ils apportent quelques dérogations aux règles liturgiques en vigueur « dans les pays touchés par la maladie » et pour la seule année 2020.

  • Retour sur l'acquittement du cardinal Pell

    IMPRIMER

    De sur Smart Reading Press :

    LE CARDINAL PELL ACQUITTÉ

    Le cardinal acquitté

    Le 7 avril, la Haute Cour d’Australie a annulé la condamnation du cardinal Pell à six ans de prison pour des accusations non fondées d’agressions sexuelles sur mineurs. La justice pénale a rendu son verdict. Quelle sera l’attitude de la justice ecclésiastique ? La position du Saint-Siège risque d’être attendue encore quelque temps.

    Pour le cardinal Pell, les ennuis commencent en 2013. À cette même époque, en Australie, aux États Unis, en Amérique du Sud et en Europe, l’Église est sous le coup de nombreuses affaires de pédophilie. Le vrai comme le faux circulent dans les médias. L’opinion publique est révoltée. Les politiques s’en mêlent. Inévitablement, des rumeurs circulent contre le cardinal Pell.

    Comme le cardinal Barbarin et d’autres ecclésiastiques acquittés depuis, le cardinal Pell est d’abord accusé de complaisance dans des affaires de pédophilie. Alors qu’il n’existe encore aucune plainte contre lui, la police de Victoria ouvre une enquête à son encontre dans le cadre de l’opération «Tethering», montée contre les crimes de pédophilie dans l’Église australienne. La police enquête et médiatise l’affaire. Celle-ci l’arrange. Avec le cardinal Pell, elle tient un bon sujet, car elle se trouve elle-même mise en cause dans des affaires de corruption. Depuis, en effet, on a appris que des officiers de police ripoux avaient consciemment utilisé l’affaire Pell pour détourner l’attention des médias de leurs propres turpitudes1. Passons !

    À Rome, les ennuis judiciaires du cardinal en arrangent aussi plus d’un, qui ne se privent pas non plus de colporter des rumeurs contre lui. Bien que considéré comme un théologien conservateur dans la ligne de Benoît XVI (à la différence du cardinal Reinhard Marx, qui préside le Conseil pour l’économie), le cardinal Pell vient d’être nommé à la tête du nouveau Secrétariat économique du Vatican (24 février 2014). À ce titre, il a la charge de lutter contre la corruption financière qui gangrène l’Église depuis l’époque de Paul VI. Ce ministère financier retiré au Secrétaire d’État, le cardinal Pietro Parolin, en fait un des trois plus importants responsables de l’Église. Et cet Australien redouté se fait quelques solides ennemis à la Secrétairerie d’État, et pas seulement. Il faut dire que sa devise est : «Nolite timere» («N’ayez pas peur»)…

    Lire la suite sur Smart Reading Press

    Lire aussi : https://www.laselectiondujour.com/index.php?143477&lsdj=329195

  • Jésus devant ses juges : le procès du Christ

    IMPRIMER

    Tommaso Stenico - Umanesimo Cristiano - Riflessione su: Incontri ...

    Du site de la Revue Item :

    Le procès de Jésus-Christ

    publié dans la doctrine catholique le 1 avril 2020

    Le procès de Jésus-Christ

    Nous voulons raconter, l’Evangile à la main, et discuter à la lumière de l’histoire, cet inique procès que le Sanhédrin intenta au Christ et qui aboutit au déicide.

    Il y aura trois parties :

    -Les juges de Jésus-Christ.

    -Le jugement de Jésus-Christ

    -Critiques du jugement de Jésus-Christ.

    Première partie : Les juges de Jésus-Christ.

    Chapitre 1 Les juges, membres du Sanhédrin

    Les juges qui condamnèrent le Christ à la mort, et firent ratifier par Pilate leur inique sentence, appartenaient au Sanhédrin de Jérusalem.

    Qu’est-ce donc que le Sanhédrin ?

    Etymologiquement, ce nom est d’origine grecque. Il désignait chez les Juifs « le grand conseil » ou le tribunal suprême de la nation qui fut créé à Jérusalem après l’exil de Babylone (Cf Lemann, Valeur de l’Assemblée, p. 3)

    Les sanhédrites tenaient ordinairement séance dans une salle du Temple, construite en pierres taillées et appelée pour cette raison lischkath-hagazith. Quand les sanhédrites se réunissaient au grand complet, ils ne devaient pas être moins de soixante-et-onze, y compris le président.

    Ces soixante et onze membres formaient trois chambres ou classes ; la classe des grands prêtres, la classe des anciens ; la classe des scribes ou docteurs de la loi. Tous ses détails nous sont donnés par le Nouveau Testament.

    En principe chacune des chambres du Sanhédrin comptait vingt-trois membres. Leur nombre ne furent pas toujours égal. Elles ne l’étaient pas au siècle de Jésus-Christ. A cette époque, les prêtres formaient avec les scribes la majorité du Sanhédrin. C’est donc le parti sacerdotal qui eut la grande responsabilité dans le procès de Christ.

    • 1 Anne, l’ex-grand prêtre.

    C’est le grand prêtre Anne qui fut l’acteur principal du drame du Christ, l’auteur véritable du meurtre religieux et juridique du Christ. . Caïphe, les scribes et le peuple ne furent en effet que des instruments dociles entre ses mains. Il fut élevé dans les doctrines des saducéens. Esprit vif, ambitieux et retors, il parvint à se faire de bonne heure une réputation rare d’habileté. Il était riche et habile en affaires. Il lui fut donc aisé de s’attirer par des dons magnifiques la faveur du gouverneur, même celle du grand-prêtre Josué qu’il cultivait assidument.

    Anne avait 37 ans lorsqu’il fut nommé « grand prêtre » ; C’était une affaire d’intrigues et d’argent. On donnait la tiare à qui offrait le plus. Aussi on pense qu’Anne  ne fut « oint » sans user de quelques manœuvres auprès de Sulpicius Quirinius, alors gouverneur de Syrie et de Judée pour briguer les honneurs du suprême sacerdoce.

    Lire la suite