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liturgie - Page 109

  • Le pape sur la liturgie : words... words... words... ?

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    Face à la médiocrité de la liturgie que nous subissons dans la plupart de nos églises depuis des décennies (oserons-nous dire depuis Vatican II ?), il nous est difficile d'entendre ces discours sur l'art de célébrer qui vantent les acquis des réformes. Or, ce que nous constatons, c'est la trivialité des célébrations, la pauvreté des chants, les digressions des célébrants qui sortent si souvent de leur rôle liturgique pour "communiquer", les interventions inopportunes de tiers (laïcs, animateurs pastoraux), l'introduction d'éléments qui n'ont rien à voir avec le sacré. Les rites ont perdu leur saveur mystique et nous lorgnions souvent avec envie vers les célébrations des églises orthodoxes et leur extraordinaire puissance d'élévation contrastant avec le pouvoir d'aplatissement des nôtres. Il ne s'agit pas de dédaigner les propos du pape (ou de ceux qui ont préparé son discours) renvoyant dos à dos ceux qui se réfugient dans le passé (suivez son regard...) ou ceux qui se projettent dans l'avenir (le regard devient plus vague...) et demandent de diffuser parmi le peuple de Dieu la splendeur du mystère vivant du Seigneur se manifestant dans la liturgie...

    D'Hélène Ginabat sur zenit.org :

    Liturgie: le pape demande d’ « approfondir » la formation liturgique (traduction complète)

    « La voie maîtresse à travers laquelle passe la vie chrétienne »

    Le pape François a reçu en audience les participants à l’assemblée plénière de la Congrégation pour le Culte divin et la Discipline des Sacrements – le dicastère pour la liturgie – ce jeudi 14 février 2019, dans la Petite Salle Paul VI du Vatican. Le thème de leur assemblée était « la formation liturgique du peuple de Dieu ».

    « Chers frères et sœurs, nous sommes tous appelés à approfondir et à raviver notre formation liturgique », a insisté le pape.

    Il a souligné son rôle dans la « croissance » du peuple de Dieu: « La liturgie, en effet, est la voie maîtresse à travers laquelle passe la vie chrétienne à toutes les étapes de sa croissance. »

    « Vous avez donc devant vous une grande et belle tâche : travailler pour que le peuple de Dieu redécouvre la beauté de la rencontre avec le Seigneur dans la célébration de ses mystères et qu’en le rencontrant, il ait la vie en son nom », a demandé le pape.

    Faisant observer le « défi » que présente la formation, le pape a par ailleurs souligné que la liturgie était un « trésor vivant qui ne peut être réduit à des goûts, des recettes et des courants mais qui doit être accueilli avec docilité et encouragé avec amour ».

    La liturgie revêt « un rôle irremplaçable dans l’Église et pour l’Église », affirme le pape François et la formation liturgique peut « aider concrètement le peuple de Dieu à mieux intérioriser la prière de l’Église », à faire « une expérience de rencontre avec le Seigneur et avec nos frères » et à « en redécouvrir les contenus et en observer les rites ». En ce sens, la liturgie a une fonction non seulement « formatrice », mais aussi « transformatrice », elle est « une vie qui forme et non une idée à apprendre » : c’est « une expérience tendue vers la conversion de la vie, à travers l’assimilation de la façon de penser et de se comporter du Seigneur

    Voici notre traduction du discours que le pape François a prononcé en italien.

    HG

    Dicastère pour la liturgie © Vatican Media

    Dicastère pour la liturgie © Vatican Media

    Discours du pape François

    Messieurs les Cardinaux,

    Chers frères dans l’épiscopat et dans le sacerdoce,

    Chers frères et sœurs,

    Je suis heureux de vous rencontrer à l’occasion de votre assemblée plénière. Je remercie le cardinal préfet pour les paroles qu’il m’a adressées et je vous salue, vous tous les membres, collaborateurs et consulteurs de la Congrégation pour le Culte divin et la Discipline des Sacrements.

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  • Paul VI entre dans le Calendrier Romain à la date du 29 mai avec mémoire facultative

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    De Jean-Marie Vaas sur InfoCatho.fr :

    La célébration de Saint Paul VI inscrite dans le Calendrier Romain Général avec mémoire facultative

    La mémoire de Saint Paul VI vient d’être inscrite dans le Calendrier Romain Général par décret de la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements du 25 janvier 2019.

    Le décret de la congrégation romaine :

    DECRET D’INSCRIPTION DE LA CELEBRATION DE SAINT PAUL VI, PAPE, DANS LE CALENDRIER ROMAIN GENERAL

    Jésus Christ, qui est la plénitude de l’homme, qui vit et agit dans l’Eglise, invite tous les hommes à la rencontre transfigurante avec lui, qui est “le chemin, la vérité et la vie” (Jn 14, 6). Les saints ont parcouru ce chemin. Ainsi a fait Paul VI, sur l’exemple de l’Apôtre dont il a pris le nom, lorsque l’Esprit Saint l’a choisi comme Successeur de Pierre.

    Paul VI (Giovanni Battista Montini) est né le 26 septembre 1897 à Concesio (Brescia), en Italie. Le 29 mai 1920 il a été ordonné prêtre. A partir de 1924, il prêta sa collaboration aux Souverains Pontifes Pie XI et Pie XII et, parallèlement, il exerça le ministère sacerdotal auprès des jeunes universitaires. Nommé Substitut de la Secrétairerie d’Etat, il s’est prodigué, pendant la Deuxième Guerre Mondiale, à trouver un abri pour des juifs persécutés et des réfugiés. Désigné par la suite Pro-Secrétaire d’Etat pour les Affaires Générales de l’Eglise, il a connu et rencontré, en raison de sa charge spécifique, beaucoup de promoteurs du mouvement œcuménique. Nommé Archevêque de Milan, il a eu soin de son diocèse avec zèle, de plusieurs façons. En 1958, il fut élevé à la dignité de Cardinal de la Sainte Eglise Romaine par Jean XXIII et, après la mort de celui-ci, il fut élu à la chaire de Pierre le 21 juin 1963. En poursuivant sans relâche l’œuvre commencée par ses prédécesseurs, il 4 porta à son achèvement, en particulier, le Concile Vatican II et il entama de nombreuses initiatives, signes de la vive sollicitude qu’il avait envers l’Eglise et le monde contemporain, parmi lesquelles il faut rappeler ses voyages comme pèlerin, entrepris à cause du service apostolique et qui ont servi d’une part à préparer l’unité des Chrétiens, et d’autre part à revendiquer l’importance des droits fondamentaux de l’homme. Il a exercé le magistère suprême en faveur de la paix, il a promu le progrès des peuples et l’inculturation de la foi, ainsi que la réforme liturgique, approuvant des rites et des prières conformes à la fois à la tradition et à l’adaptation aux temps nouveaux, et promulguant avec son autorité, pour le Rite Romain, le Calendrier, le Missel, la Liturgie des Heures, le Pontifical et presque tout le Rituel, dans le but de favoriser la participation active du peuple fidèle aux célébrations liturgiques. Egalement, il s’assura que les célébrations pontificales aient une forme plus simple. Le 6 août 1978, à Castel Gandolfo, il rendit son âme à Dieu et, selon ses dispositions, il fut inhumé de manière humble, comme il avait vécu.

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  • « Le Pape François n’a pas le même intérêt que Benoît XVI pour la liturgie traditionnelle »

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    Du site "Le Rouge et le Noir" :

    Abbé Claude Barthe : « Le Pape François n’a pas le même intérêt que Benoît XVI pour la liturgie traditionnelle »

    L’abbé Claude Barthe est aumônier du pèlerinage international Summorum Pontificum et vient de lancer une feuille de réflexion sur les questions d’actualité religieuse, Res Novae (resnovaeroma@free.fr). Spécialiste de la liturgie romaine traditionnelle et analyste reconnu de la crise actuelle de l’Église, son dernier ouvrage paru en décembre 2018 porte sur La messe de Vatican II. Dossier historique paru aux éditions Via Romana. Il a bien voulu répondre aux questions du Rouge & le Noir autour de la récente suppression de la Commission Ecclesia Dei.

    R&N : Pouvez-vous nous rappeler la finalité de la Commission Ecclesia Dei et la manière dont elle était organisée ?

    ABBÉ BARTHE : La finalité première de la Commission Ecclesia Dei permet de comprendre ce qui arrive aujourd’hui. Elle a été fondée en 1988, par le motu proprio de Jean-Paul II, Ecclesia Dei adflicta, à la suite des consécrations par Mgr Lefebvre de quatre évêques, sans mandat du pape. Son but était de « faciliter la pleine communion ecclésiale des prêtres, des séminaristes, des communautés religieuses ou des religieux individuels ayant eu jusqu’à présent des liens avec la Fraternité Saint-Pie-X (FSSPX) fondée par Mgr Lefebvre. » Concrètement cela consistait à organiser un monde traditionnel « officiel » :

    • avec l’érection et la supervision de communautés qui, au moins à l’origine, regroupaient des prêtres qui avaient appartenu à la FSSPX et à des communautés amies (Fraternité Saint-Pierre, prieuré puis abbaye du Barroux, notamment) et qui ne voulaient pas « suivre » les sacres d’Écône ;
    • avec l’incitation faite aux évêques diocésains de permettre « généreusement » la célébration de la messe traditionnelle dans leur diocèse, lorsque des fidèles en faisaient la demande.

    Même si la Fraternité Saint-Pie-X n’était pas la seule préoccupation de la Commission, elle était, à la manière d’une toile de fond, la plus importante. Cela est devenu encore plus vrai, lorsque, à partir de 2000, à l’occasion d’un pèlerinage de cette Fraternité à Rome, le cardinal Castrillón, Préfet de la Congrégation pour le Clergé, devenu aussi Président de la Commission, a établi des contacts avec elle en vue d’une réintégration canonique. Ils ont abouti, à titre d’étape, à la levée des excommunications des quatre évêques de la FSSPX, en 2009, par Benoît XVI.

    En revanche, le motu proprio Summorum Pontificum, de 2007, qui rendait théoriquement à la liturgie traditionnelle droit de Cité, suivi du « décret d’application », l’instruction Universæ Ecclesiæ du 30 avril 2011, a fortifié le rôle de gestion par la Commission de la liturgie traditionnelle, qualifiée de « forme extraordinaire ». On peut remarquer au passage que la Commission Ecclesia Dei, à l’époque du cardinal Castrillón, s’était arrogé la capacité d’ériger des communautés dont les membres n’étaient pas issus de la FSSPX, tel l’Institut du Christ-Roi Souverain Prêtre.

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  • "Les vrais ennemis du pape sont les courtisans" : quand le cardinal Müller met les points sur les i

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    De la Nuova Bussola Quotidiana en traduction française sur le site "Benoît-et-moi" :

    Formidable interview du cardinal Müller

    L'ex-préfet de la CDF s'entretient longuement avec Riccardo Cascioli, et il met les points sur les i sans langue de bois sur de nombreux sujets: abus sexuels, lobby gay, complot contre le Pape, différence entre opinions du Pape et Magistère, cléricalisme, francs-maçons, musulmans, relativisme doctrinal, oecuménisme... (4/2/2019)

    MÜLLER: "LES VRAIS ENNEMIS DU PAPE SONT LES COURTISANS"

    www.lanuovabq.it (3 février 2019) :

    «Parler d'abus de mineurs par des prêtres en ignorant que plus de 80% sont des actes homosexuels signifie ne pas vouloir résoudre le problème», «le problème le plus grave de l'Eglise aujourd'hui est la tendance au compromis avec le monde, le renoncement à proclamer la vérité toute entière». 

    Le cardinal Gerhard Müller parle d'un ton mesuré, toujours à la recherche des mots justes en italien, mais ses jugements sont clairs et sans ambiguïté. En dépit de sa silhouette imposante, il a des manières très débonnaires; et malgré une formation théologique plus que solide (il s'occupe entre autres de l'oeuvre complète du Cardinal Joseph Ratzinger-Benoît XVI), il a la capacité d'être très clair. Il m'accueille très cordialement dans son appartement à deux pas de la Basilique Saint-Pierre, qu'il a conservé même après avoir reçu le congé du Pape François lequel, de manière un peu brutale, n'a pas renouvelé en juillet 2017 sa charge de préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi. Mais cette année, ses interventions, face à la confusion croissante qu'il y a dans l'Église, ont toujours eu le cachet du "gardien de l'Orthodoxie", sorte de shadow-préfet de l'ex-Saint Office.

    ---

    Cardinal Müller, dans vingt jours, il y aura le sommet au Vatican sur les abus sexuels, un scandale qui brouille l'image de l'Eglise, mais qui provoque aussi de nombreuses tensions....

    Je crois qu'avant tout, cette question doit être comprise dans sa dimension réelle. Aussi grave que cela puisse être, il est injuste de généraliser, car les abus concernent un nombre très limité de prêtres. Et je voudrais remercier tous les évêques, prêtres, diacres et autres collaborateurs de l'Église catholique pour la manière dont ils se consacrent à la mission confiée par Jésus et dont ils vivent selon les critères de notre spiritualité chrétienne. Il est juste que l'opinion publique se rende compte de ce bon travail et des sacrifices que nos bons pasteurs font pour de nombreux hommes qui cherchent la vérité de leur vie, qui cherchent la vérité de Dieu en Jésus Christ. En second lieu, nous devons reconnaître qu'il s'agit d'un phénomène qui a atteint son pic dans les années 70 et 80 du siècle dernier, notamment comme effet de la révolution sexuelle. En outre, on peut se demander pourquoi l'opinion publique est incitée à ne parler que de cela et non de tous les abus et crimes contre les enfants et les adolescents qui existent dans le monde: non seulement les abus sexuels, qui dans la plupart des cas sont hors de l'Église, mais aussi d'autres crimes comme l'avortement, ou la possibilité que beaucoup se voient refuser de vivre avec leur propre père, mère, frère et sœur. Et ainsi de suite.

    C'est vrai. Mais l'Église s'est trouvée confrontée à un phénomène inquiétant et, comme le montre le cas de l'ex-cardinal McCarrick, il est encore difficile de juger le passé.

    Clairement, pour l'Église, il est terrible que des prêtres soient impliqués, des hommes qui, au lieu d'avoir une vie exemplaire, abusent de leur mission. Représentants de Jésus-Christ le bon pasteur, agissant comme des loups: c'est une perversion de leur mission. 

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  • Commission « Ecclesia Dei » : vie et mort d’un dicastère manqué

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    Ecclesia Dei pape_francois_islam.jpgOriginairement la Commission Ecclesia Dei -fondée en 1988 par le motu proprio du même nom, édicté par le pape par Jean-Paul II- avait un objet englobant deux aspects distincts :

    -1°)  la protection des communautés de fidèles désireuses de conserver l’usage des formes liturgiques antérieures aux réformes de Paul VI et de la spiritualité qui en découle ;

    2°) le dialogue pour faciliter la réconciliation doctrinale avec les communautés rejetant tout ou partie des conclusions du concile Vatican II et les actes de l’autorité pontificale qui s’en suivirent.

    La protection des communautés visées au premier point s’est traduite par le motu proprio "Summorum Pontificum" rendu public par Benoît XVI le 7 juillet 2007. Celui-ci confirme la licéité et précise le statut de l’ « usus liturgique antiquior » ainsi que le rôle de la commission "Ecclesia Dei" dont le mandat est même élargi : si un évêque ne veut pas pourvoir à la forme de célébration demandée par «un groupe stable de fidèles attachés à la tradition liturgique antérieure», il en sera référé à cette Commission pontificale (art. 7), et si l'évêque souhaite pourvoir mais se trouve dans l'impossibilité de le faire, il peut y recourir pour obtenir conseil et soutien (art. 8).

    Pour rencontrer le second point, qui concerne essentiellement la Fraternité Saint Pie-X,  le  pape Benoît XVI, décida ensuite, par le motu proprio « Ecclesiae unitatem » publié le 8 juillet 2009, de rattacher la Commission « Ecclesia Dei »  à la Congrégation pour la doctrine de la foi (CDF) dont le préfet devient aussi le président de la Commission.

    Le nouveau motu proprio, publié aujourd’hui par le pape François, supprime cette Commission aux motifs un peu sybillins que :

    - d’une part, les travaux de celle-ci seraient devenus essentiellement de nature doctrinale;

    - d’autre part,  les communautés célébrant selon la forme extraordinaire auraient désormais « atteint une vraie stabilité de nombre et de vie ».

    Qu’est-ce à dire, si on lit aussi entre les lignes ?

    - d’une part, le dialogue doctrinal en cause ne sera plus confié à un organe spécifique, qu'il se situe en dehors ou au sein de la CDF ;

    - d’autre part, les communautés célébrant selon l’ «usus antiquior » seront stabilisées en l’état (nombre et charismes spirituels) : une simple « section » administrative de la Congrégation de la doctrine de la foi (CDF) sera chargée d'exécuter cette œuvre de vigilance et de tutelle…

    Quant à Mgr Pozzo, Secrétaire de la défunte Commission, le pape François lui a confié l’administration et les finances du chœur de la Chapelle sixtine: une promotion ?

     JPSC

  • La liturgie pour cultiver le silence et la paix

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    Lu sur le site « Pro liturgia » :

    « Il y a une dizaine d’années Stéphane Wailliez avait publié dans la revue « Catholica » un article intitulé « La liturgie et le bruit ». L’Auteur commençait par donner une définition du bruit : « Le bruit, écrivait-il, est ce qui détourne de la fin. » Et plus loin : « Si Dieu est le bien suprême et la cause finale architectonique de l’univers, c’est à lui que tout doit être ordonné, de façon directe ou indirecte. Ce qui détourne de lui, compte tenu des circonstances et de l’état de vie divers de chacun, doit être tenu pour une déperdition, pour un bruit. »

    Et Stéphane Wailliez poursuivait : « S’il est un domaine où le bruit ne doit pas pénétrer, c’est celui du sacré. Or précisément, fumées de Satan ou vacarme, “rumor mundi” est entrée dans le temple de Dieu au lieu de rester “pro fano” - à l’extérieur du temple -. Des causes et responsabilités du désastre cultuel dans l’Eglise d’Occident, on peut discuter. Du fait, non. “Contra factum non fit argumentum”, dit l’adage : contre un fait, on n’argumente pas. »

    L’Auteur évoquait alors la liturgie de la Parole au cours des messes, avec ses monitions, introductions, commentaires, acclamations et autres expressions d’une créativité aussi malheureuse que dévastatrice introduite à la faveur de la corruption généralisée de la réforme liturgique conciliaire. Cette liturgie de la Parole est aujourd’hui loin d’être cantonnée à la Parole de Dieu ; telle qu’elle se fait dans bien des paroisses, elle a contribué à désacraliser la réception du message biblique.

    Mais le bruit se manifeste aussi sous d’autres formes qui ne sont pas auditives. La liturgie, telle qu’elle se présente dans bien des églises où l’on se réclame abusivement de Vatican II, en a incontestablement assimilé diverses manifestations : les panneaux de tel comité tiers-mondiste placés à l’intérieur des églises, les guirlandes confectionnées par les mamans-catéchistes, les affiches hautes en couleurs présentant le dynamisme (!) du secteur interparoissial, les vêtements profanes portés dans le sanctuaire, l’absence de limite clairement établie entre le choeur et la nef, les attitudes non rituelles des ministres (bras ballants ou jambes croisées), les vêtements liturgiques sur lesquels des sigles bien visibles remplacent les symboles discrets (les chasubles arc-en-ciel de Castelbajac, par exemple), le remplacement du chant grégorien créateur de silence par des cantiques visant à galvaniser les assistances... tout ceci se rattache au bruit du monde. A ce bruit qui détourne de Dieu.

    Les temps de silence indiqués dans l’Ordo Missae actuel - dont tout le monde se réclame mais que personne ne respecte - sont loin d’être respectés. Sauf peut-être juste après la communion. La Prière universelle est, elle aussi, trop souvent l’occasion d’amener jusqu’à l’autel, par le biais de longues tirades, le brouhaha du siècle.

    Bref, le silence propice au recueillement et à l’adoration, ce silence que devrait procurer la liturgie si elle était respectée, se trouve aujourd’hui dans une situation bien inconfortable.

    Or, comme par une saine réaction, l’inflation verbale provoque un besoin de silence. Alors, pour répondre à ce besoin, certains célébrants ponctuent à présent la célébration liturgique de plages de silence : on fait des pauses. Nouvelle erreur !

    En effet, quand on regarde comment sont organisés les rites traditionnels tant orientaux qu’occidentaux, on voit que les moments de silence ne sont pas créés par des interruptions du cursus liturgique, mais simplement par des instants durant lesquels certaines prières se font en secret. L’action liturgique ne s’interrompt pas pour faire place au silence : elle se poursuit, mais s’exprime simplement sur un autre plan, un plan généralement visuel. De cette façon, la cérémonie n’est jamais entravée par une attente qui ressemble parfois à une embarrassante minute de silence.

    Même l’élévation prolongée par un ralentissement des gestes dû à la piété subjective du célébrant devrait être considérée comme un abus, dans la mesure où la liturgie est alors perturbée par une rupture dans l’accomplissement « normal » des rites. Ainsi, les silences prévus par l’Ordo Missae deviennent-ils maladroits et incongrus lorsqu’ils trouvent leur place dans une liturgie qui ne semble avoir été inspirée que par le bruit, que par l’esprit de l’homme moderne qui cherche à se perdre dans l’agitation continuelle. Ces silences-là apparaissent comme une malhabile compensation de ce bruit : plaqués sur des liturgies disparates et agitées, ils ne résolvent pas le malaise que font naître nos célébrations actuelles mais le révèlent. »

    Ref. https://www.proliturgia.org/actua.html

    gravure saint sacrement 62a093729ba45a67a3df0eaaf0f68d39.jpgDécouvrez une liturgie grégorienne paisible, chaque jour de la semaine, au cœur de la ville de Liège: à église du Saint-Sacrement, Bd d’Avroy, 132, les lundi, mercredi et vendredi, à 18h00 ; mardi, jeudi et samedi, à 8h30. Plus d’information, voir ici :   HORAIRES DES CELEBRATIONS OU ACTIVITES RECURRENTES

    JPSC

  • Où en est la célébration de la messe traditionnelle dans le monde ?

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    Du site "Paix liturgique" :

    SITUATION DE LA LITURGIE TRADITIONNELLE DANS LE MONDE A LA FIN DE L’ANNÉE 2018

    Paix liturgique a entrepris de publier chaque année un bilan du développement de la messe traditionnelle dans me monde : ce bilan que nous présentons aujourd’hui pour la première fois comprendra trois parties

    - La première partie présentera la situation des célébrations dans le monde

    - La seconde sera consacrée aux prêtres qui célèbrent cette liturgie

    - La troisième essayera de fournir des éléments sur les fidèles qui sont favorables à ces célébrations

    Nous avons demandé à Christian Marquant, qui a présenté ce travail à la 5éme journée Summorum Pontificum, qui s’est tenu à Rome le 29 octobre 2018, de répondre à nos questions


    Q –Nous allons évoquer dans ce premier entretien les messes traditionnelles qui sont célébrées de par le monde : que pouvez-vous nous dire à ce sujet ?

    Christian Marquant - Avant de vous répondre je désire faire deux remarques indispensables sur la précision de ce que je vais dire.

    Tout d’abord ce que nous commençons cette année n’a jamais été réalisé d’une manière aussi complète, aussi, malgré la rigueur qui a été la nôtre dans la réalisation de ce travail, il est tout à fait possible que nous ayons fait des erreurs ou oublié certains éléments.

    De ce fait, nous remercions par avance toutes ceux qui le pourront de nous faire part de leurs remarques et corrections, notre désir étant de publier à la fin de l’année 2019, pour les 50 ans de la publication du nouvel Ordo Missæ un bilan plus complet et plus exact que celui que nous présentons pour 2018.

    Pour revenir à votre question je ferais remarquer tout d’abord que 49 ans après la prétendue interdiction de la messe traditionnelle, celle-ci est désormais célébrées, et régulièrement, sur les 5 continents En Europe et en Amérique bien sûr mais aussi en Asie, en Afrique et en Océanie : un tel développement n’était pas même envisageable il y a un demi-siècle.

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  • Entretien avec l'abbé Barthe : la messe de Vatican II

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    Lu sur le site web du bi-mensuel « L’Homme Nouveau »

    « L'abbé Claude Barthe vient de publier aux éditions Via Romana un nouveau livre sur la liturgie, La messe de Vatican II, qui devrait faire débat par les liens qu'il établit entre le nouvel ordo promulgué par le pape Paul VI et le concile Vatican II et par l'historique qu'il propose de la crise liturgique. Nous avons rencontré l'auteur.

    Selon vous, la réforme liturgique qui a suivi Vatican II n’a pas de précédent historique ?

    Barthe.jpgIl y a certes eu bien des modifications dans les liturgies catholiques, au cours des siècles, telle, pour la liturgie romaine, la synthèse romano-franque commencée au VIIIe siècle et achevée au XIe siècle, qui a vu une hybridation entre le rite vieux-romain et les rites des pays francs et germaniques. Quant au terme de réforme, qui désigne traditionnellement dans l’Eglise, un phénomène de rénovation disciplinaire, doctrinale et spirituelle (réforme grégorienne, réforme tridentine, par exemple), il a pu s’accompagner d’un versant liturgique (pour la réforme tridentine, l’édition des livres romains comme livres « canoniques » pour l’ensemble de l’aire latine). On peut parler à ce titre de réforme liturgique, mais cela n’a rien à voir avec la réforme liturgique de Vatican II. Celle-ci relève plutôt d’une réforme sous un mode d’inculturation, d’adaptation des formes cultuelles à une civilisation qui reçoit la mission catholique, comme cela s’est produit pour permettre l’accès des Slaves à la liturgie byzantine via le slavon ancien, lors de l’évangélisation des saints Cyrille et Méthode, au IXe siècle.

    Mais l’inculturation à l’époque de Vatican II a été très spécifique : elle visait à adapter la liturgie au monde moderne comme tel, avec cette différence, par rapport aux inculturations du passé, que la culture de la modernité est de soi étrangère, et même est hostile, au religieux chrétien contre lequel elle s’est édifiée.

    Le problème est le même que celui de l’appareil philosophique dans lequel s’exprime la théologie : on ne peut pas utiliser les philosophies contemporaines comme instrument de la théologie de la même manière que l’avait fait saint Thomas avec la philosophie d’Aristote. Ce qui ne veut pas dire qu’on n’a pas à tenir compte du monde dans lequel nous vivons pour faire entendre le message aux hommes qui s’y trouvent. Le faire comprendre par des traductions, celles des missels notamment, en faisant de gros efforts de pédagogie aussi. Mais il faut en même temps assumer l’opposition entre le sacré et le profane moderne comme un des moyens importants pour résister à l’esprit de sécularisation de la société actuelle. Ce fut l’option, entre autres, de l’œuvre de Solesmes. Ceci est tout autre que de réformer en gommant la différence avec les revendications modernes, par des modifications de mise à jour, pour évoquer le terme d’aggiornamento, qui a servi pour qualifier l’œuvre de Vatican II.

    La réforme liturgique de Vatican II s’est bien voulue une réforme d’aggiornamento : en prétendant restaurer la liturgie en son état supposé de l’Antiquité tardive, d’avant le Moyen Âge, elle l’a surtout restructurée et on peut dire, elle l’a largement refabriquée, conformément à la mentalité contemporaine.

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  • L’ambiance des années 1960-1970 sévirait-elle encore dans l'Eglise d'aujourd'hui ?

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    Ces évêques qui ont gardé la foi en la fécondité de l’ambiance des années 1960-1970

    Suite à cet article, un lecteur a adressé à "Riposte catholique" le commentaire suivant :

    A. Vous auriez aussi bien pu intituler votre texte de la manière suivante :

    “Ces évêques qui ont gardé la foi en la fécondité de l’ambiance des années 1960-1970,” car j’ai la conviction qu’à partir du début des années 1960, ce n’est pas avant tout le Magistère, ou une partie du Magistère, ce n’est pas avant tout la pastorale, ou une partie de la pastorale, dans l’acception orthodoxe et réaliste de chacun de ces deux termes, mais c’est avant tout une ambiance qui a commencé à naître, puis qui a continué à être profondément et durablement dérégulatrice, au sein du christianisme catholique contemporain.

    B. Quels sont les éléments constitutifs de cette ambiance ? Le déploiement de cette ambiance repose sur la prise en compte puis la mise en oeuvre de croyances, d’après lesquelles plus on laisse agir certaines conceptions, certaines paroles, certaines conduites, certaines pratiques, qui ont pour effet de contribuer à l’amputation, à la déformation, à la dénaturation, à la fragilisation, au mépris, à l’oubli, à l’ignorance, à l’occultation, à la déstructuration ou à la détérioration de la conception la plus catholique qui soit des fondements et du contenu du catholicisme, et de la relation la plus catholique qui soit à ces fondements et à ce contenu, et plus on est “authentiquement chrétien”, “vitalement chrétien”, ou “un chrétien adulte”.

    C. Ainsi, à une doctrine et à une pastorale catholiques se sont substituées une ambiance et une praxis “conciliaires”, puis “post-conciliaires”, une ambiance et une praxis que l’on considère, aujourd’hui, comme étant “inclusives”, et que l’on considérera, demain, comme étant “synodales”.

    D. Et nous sommes aujourd’hui en présence de clercs qui ne veulent presque plus parler et agir en faveur de la connaissance, de la compréhension, de la préservation, de la propagation, de la prise en compte, de la mise en oeuvre, de la réception, de la transmission, du respect et du souci des fondements et du contenu du catholicisme par les catholiques eux-mêmes, mais qui veulent bien continuer à imposer et à infliger aux catholiques les différentes composantes ou dimensions de cette ambiance, qui est à la fois officiellement évangélisatrice et effectivement décatholicisante.

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  • Liège : fêtez les Rois le samedi 5 janvier prochain à 17 heures à l’église du Saint-Sacrement (Bd d’Avroy, 132)

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    Une manifestation ouverte à tous. Entrée libre.

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    La Solennité de l’Epiphanie organisée à Liège le samedi 5 janvier 2019 à 17 heures  en l’église du Saint-Sacrement (Bd d’Avroy, 132), est une fête familiale, avec la procession à la crèche, le partage de la galette des rois et l’échange des vœux pour l’an nouveau au cours d’une réception clôturant la célébration.

    La messe sera animée par les membres du chœur de chambre « Praeludium »,l’organiste Patrick Wilwerth ainsi que les solistes du chant Isabelle Valloton et Peter Cannière.

    Au programme : les chants grégoriens de la Fête, une messe et des motets polyphoniques pour le temps de la Nativité ainsi que des noëls interprétés à l’orgue.

    Fondé en 1994 par Patrick Wilwerth, le chœur de chambre Praeludium est un ensemble vocal de haut niveau dont la plupart des membres sont issus des académies de musique de la région liégeoise. Son répertoire va de la musique ancienne à  la musique contemporaine.

    Isabelle Valloton est membre du Chœur grégorien de ParisPeter Cannière est directeur artistique du Gregoriaans Koor van Leuven et professeur au Centrum Gregoriaans de Drongen (Tronchiennes).

    Patrick Wilwerth est professeur d’orgue au conservatoire de Verviers et directeur musical du chœur universitaire de Liège.

    Cette manifestation est ouverte à tous. En prime cette année, autour de la crèche, petits et grands  découvriront une centaine de jolis santons liégeois habillés à l’ancienne pour illustrer les récits de l’enfance de Jésus.

    Extraits :

    « Rejoice » d’Henry Purcell

    Reges Tharsis, offertoire grégorien:

  • Noël selon Benoît XVI : mystère et silence au milieu de la nuit de Bethléem

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    Ce dimanche 30 décembre 2018, est celui dans l’octave de la nativité. Le chant d’entrée de la messe, tiré du livre de la sagesse, célèbre l’intervention de la Parole divine, au milieu de la nuit, pour délivrer Israël de la main des Egyptiens et l’Eglise reprend ce passage pour célébrer l’avènement du Verbe, Parole incarnée, qui vient régner, sauver et juger :

    Benoît XVI sipa_00629540_000001.jpg « Dum medium silentium tenerent omnia, et nox in suo cursu medium iter haberet, omnipotens sermo tuus, Domine, de caelis a regalibus sedibus venit . Alors qu’un profond silence enveloppait toutes choses et que la nuit en était au milieu de son cours, ta Parole toute-puissante, Seigneur, est venue du ciel, ta demeure royale » chante l’antienne dont l’esprit a manifestement inspiré Benoît XVI dans cet extrait de son homélie pour célébrer la nuit de Noël 2008 :

    « Jusqu’à ce moment – disent les Pères – les anges avaient connu Dieu à travers l’immensité de l’univers, à travers la cohérence et la beauté du cosmos qui proviennent de Lui et en sont le reflet. Ils avaient accueilli, pour ainsi dire, le chant de louange muet de la création et l’avaient transposé en une musique céleste. Mais alors, était survenue une chose nouvelle, véritablement bouleversante pour eux. Celui dont parlait l’univers, le Dieu qui soutient toute chose et porte tout dans sa main – Lui-même était entré dans l’histoire des hommes, il était devenu quelqu’un qui agit et qui souffre dans l’histoire. De ce joyeux bouleversement suscité par cet événement inconcevable, de cette seconde et nouvelle manière par laquelle Dieu s’était manifestée – disent les Pères – était né un chant nouveau, dont l’Évangile de Noël a conservé pour nous une strophe : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes ».

    La gloire de Dieu est au plus haut des cieux, mais cette hauteur de Dieu réside maintenant dans l’étable, ce qui était vil est devenu sublime. Sa gloire est sur la terre, elle est la gloire de l’humilité et de l’amour. Et encore : la gloire de Dieu est la paix. Là où il est, là est la paix. Il est là où les hommes ne veulent pas faire par eux-mêmes de la terre le paradis, en recourant pour cela à la violence. Il est avec les personnes dont le cœur veille, avec les humbles et avec ceux qui sont « en phase » avec sa grandeur, avec la grandeur de l’humilité et de l’amour. À ceux-là, il donne sa paix, afin que, par eux, la paix entre dans ce monde. (Benoît XVI, homélie du 24 décembre 2008)

    Ref. extrait publié sur le site web « Benoît et moi » :  la force du silence de Benoit XVI

    Nous voilà plus loin que les discours sur l’écologie diététique recommandables, certes, en ces jours de fête du solstice d’hiver mais qui ont tout de même leur limite pour célébrer l’esprit de Noël.

    JPSC

     

  • "Ne nous laisse pas entrer en tentation" : une traduction insatisfaisante du Notre Père ?

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    Du site de Paix Liturgique (qui relaie cet article de l'abbé de Tanoüarn paru dans Monde et Vie) :

    MALAISE LITURGIQUE A PROPOS DE LA NOUVELLE TRADUCTION DU NOTRE PÈRE

    Les années passent, la Réforme liturgique a presque 50 ans, mais le malaise persiste à son sujet. Le moins que l’on puisse dire est que son instauration obligatoire n’a pas permis à l’Eglise romaine d’échapper à la plus grave crise de son histoire. Faut-il revenir sur cette réforme ? Dès 1970, un an après son instauration, le pape Paul VI, cédant à la pression des traditionnalistes, avait modifié l’Instituto generalis, qui, dans l’article 7 de sa première version, expliquait que la présence eucharistique était celle à laquelle le Christ faisait allusion lorsqu’il déclarait : « Là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je serai au milieu d’eux ». On avait également ajouté la mention du « sacrifice eucharistique » qui ne se trouvait pas dans la première version. En 2002 Jean-Paul II, de son côté, proposa une nouvelle présentation générale du Missel romain, dans laquelle on insistait sur l’exactitude dans l’observation des règles liturgiques et sur le sens du sacré.

    Pour ceux qui ne veulent toujours pas revenir sur cette réforme mais qui reconnaissent que dans l’esprit quelque chose n’allait pas, au moment où elle a été instaurée, reste la question des traductions du latin dans les langues vernaculaires, et pour nous en l’occurrence, reste les problèmes que pose la traduction française. Mgr Aubertin, évêque de Tours, avait promis que la nouvelle traduction serait prête pour le premier dimanche de Carême de l’année …2017. Pour l’instant, on ne nous parle plus de cette entreprise titanesque. Mais on nous promet (c’est un vote de la Conférence épiscopale dans son assemblée de printemps qui nous le garantit) une nouvelle traduction du Notre Père pour le 3 décembre 2017. Au premier dimanche de l’Avent, on ne dira plus «  Ne nous soumets pas à la tentation » mais « Ne nous laisse pas entrer en tentation ».

    Vous me traiterez peut-être de traditionnaliste grincheux, mais, tout comme Mgr Aubertin  d’ailleurs, qui s’est exprimé sur la question, je ne crois pas à l’exactitude de cette nouvelle traduction. Cette fois il s’agit de métaphysique. Ce qui est en cause, encore et toujours, c’est le problème du mal. « Dieu est fidèle, dit saint Paul, et il ne permettra pas que vous soyez tentés au-dessus de vos forces » (Rom. 8). Dieu permet que nous soyons tentés. La tentation est le révélateur de l’amour. La tentation est la matrice de nos libertés réelles. Simplement Dieu ne permet pas que nous soyons tentés au-dessus de nos forces. C’est ainsi que nous prions Dieu, non pas pour que nous n’entrions pas en tentation : nous ne sommes pas dans le monde des bisounours métaphysiques. Le salut est une lutte ! Il faut engager cette lutte sous peine de ne jamais savoir à quoi elle nous mène, sous peine de ne pas connaître ce salut «  qui transformera nos corps de misère en corps de gloire».

    « Dieu ne tente personne » dit l’apôtre saint Jacques (Jacques 1, 14), parce qu’il n’y a pas en Lui une once de mal. Chacun est tenté ou « amorcé » (c’est le mot de saint Jacques) par sa propre convoitise. Mais en même temps, il faut bien reconnaître que Dieu permet la tentation, même s’il n’en est pas le cause. Autant donc la formule « Ne nous soumets pas à la tentation » est fausse, parce qu’elle laisse penser que Dieu nous obligerait à subir la tentation. Nous devons lui opposer le mot de saint Jacques : Dieu ne tente personne. Autant il est métaphysiquement impossible de ne pas admettre que Dieu, ayant créé le monde esclave de la vanité (Rom. 8, 21), n’ait métaphysiquement pris le risque que sa créature soit exposée à la tentation.

    Nous prions Dieu (c’est la version latine) pour qu’il ne nous laisse pas pénétrer (inducere) dans la tentation, pour qu’il ne nous abandonne pas alors que nous consommons la tentation, pour qu’il ne nous laisse pas succomber à la tentation. Cette dernière version (qui est aussi la plus ancienne en français) est une traduction légèrement périphrastique : pénétrer dans la tentation signifie en bon français y succomber, mais, c’est vrai, l’idée de « succomber » n’est pas indiquée explicitement dans le verbe « entrer dans » ou « pénétrer » qui est utilisé tant en latin que dans l’original grec. Succomber ? Le mot serait trop théâtral ? Pas sur, vu ce qui est en jeu, le péché ou la grâce, la mort ou la vie. Cela demeure, en tout cas, la traduction la plus exacte. Personnellement je déteste cette idée que l’on puisse demander à Dieu qu’il ne nous fasse même pas entrer … oui qu’il revoie tout son dispositif, pour ne pas nous faire « entrer » en tentation. Comme si nous étions parfaits, avant même d’avoir essayé de l’être !

    J’ai une dernière objection contre la nouvelle traduction du Notre Père (déjà actée d’ailleurs dans la nouvelle Bible liturgique de 2013). Qui de nous est au-dessus de la tentation ? Qui de nous peut se targuer de n’être jamais entré en tentation ? Même le Christ a été tenté au Désert ! C’est le genre de prière, prise à la lettre, que Dieu n’exaucera jamais. Comment Lui demander quelque chose qui va contre l’économie de sa Création ? Et pourquoi s’étonner si nous ne sommes pas exaucés ? Quand on multiplie ce genre de demandes absurdes par le nombre de fidèles et par le nombre de fois qu’ils vont réciter cette prière, cela donne légèrement le vertige… Il y aurait eu « entrer dans la tentation », on aurait pu se dire que la prière est simplement ambiguë : cela arrive souvent. Mais « entrer en tentation » ne laisse aucune chance à l’équivoque et nous fait retomber du mauvais côté, dans une métaphysique « sans mal », une métaphysique qui n’existe pas. Il me semble qu’il fallait le dire.

    Abbé Guillaume de Tanoüarn