Les catholiques belges n’ont pas de mots assez durs pour critiquer le nouveau protocole qui s’appliquera à partir du 8 mai aux messes : pas plus de 50 personnes et « uniquement sur des parcelles privées en plein air, qui ne jouxtent pas la voie publique ». Les curés pourront donc se faire prêter le préau d’une école ou coloniser le jardin d’un presbytère, mais le parvis des églises leur restera interdit. De nombreux prêtres et fidèles considèrent ce nouveau protocole comme une « tartufferie ». D’autant que, ce dimanche, une température de 13 degrés est annoncée… Les catholiques belges n’attendent qu’une seule mesure : pouvoir enfin célébrer, en fonction de la taille de l’église tant que durera l’épidémie, tout en respectant les mesures sanitaires, à l’intérieur. Car, depuis la Toussaint, en Belgique, les offices religieux ne sont autorisés qu’en présence de… 15 personnes !
La liberté de culte bafouée
A la paroisse Notre-Dame de l’Annonciation, tenue par la communauté de l’Emmanuel, le mot « injustice » revient en boucle dans la bouche des fidèles. « La liberté de culte inscrite à l’article 19 dans la Constitution est bafouée », dit l’un. « Le magasin Trafic est ouvert à tous, mais pas l’église », soupire un autre. Mais c’est surtout la jauge de 15 qui fait grincer des dents : «de juin à novembre 2020, on a eu une jauge proportionnelle à la taille de l’église, il n’y a eu aucun problème. On mettait du gel à l’entrée, on respectait une distance entre nous, on portait des masques, le sol était fléché et aucun cluster n’a été avéré », raconte une des rares personnes âgées présente le 2 mai dernier à la messe dominicale célébrée en comité réduit.
Malgré leur inventivité pour nourrir leurs ouailles, les trois prêtres de cette paroisse bruxelloise ont vite vu les limites de la messe en visioconférence. « La communion spirituelle n’est pas la présence réelle, les paroissiens ont besoin d’être nourris de l’Eucharistie et de se sentir appartenir au même corps », insiste le père Cédric Claessens, curé. En plus de passer de deux à quatre messes le dimanche, ce prêtre belge de 48 ans a eu l’idée géniale de proposer aux paroissiens de venir communier à l’église, de 11h à 12h30. Environ 700 personnes (Il y en a habituellement 1200) se déplacent. « Si le Christ a choisi de passer par son corps pour se donner, ce n’est pas pour rien », renchérit son vicaire, le père Benoît de Baenst. D’autres paroisses les ont imités.