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liturgie - Page 67

  • Le Motu Proprio du pape rouvre-t-il la guerre liturgique ?

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    D'Odon de Cacqueray sur le site de l'Homme Nouveau :

    Motu Proprio « Traditionis custodes »
    la guerre liturgique réouverte ?

    Après plusieurs semaines d’attente et de rumeurs, le pape François a publié le 16 juillet dernier sa Lettre apostolique « Traditionis custodes » (« gardiens de la Tradition ») sous forme de motu proprio (« de son propre mouvement »). Le pape insiste ainsi sur l’importance qu’il accorde personnellement à ce texte. Celui-ci abroge la lettre apostolique également sous forme de motu proprio de Benoit XVI : Summorum Pontificum, et apporte des restrictions à la célébration de la messe selon le missel de 1962, jusqu’alors communément appelée la Forme extraordinaire du Rite Romain (FERM) pour la différencier de la messe selon le missel de Paul VI appelée Forme ordinaire du Rite Romain (FORM). La Lettre apostolique est accompagnée d’une lettre à tous les évêques du monde qui vise à l’accompagner et l’expliciter. Le motu proprio du pape François publié le 16 juillet « Traditionis custodes », annule les normes jusqu'ici en vigueur pour la messe en Forme extraordinaire du Rite Romain. Le Souverain Pontife justifie son texte par le souci de l'unité. Le ton choisi, les arguments retenus ne vont-ils pas rouvrir de vieilles blessures ? 

    Premier fait anecdotique mais tout de même à relever, le document du pape a été originellement publié en anglais et en italien. Pas de latin ni de français. Outre le fait que notre langue a été très longtemps de rigueur dans les communications internationales, principalement diplomatiques, le contenu de la lettre touche particulièrement la France où la question liturgique entre les deux formes est toujours un sujet de débat houleux. 

    Le pape François a choisi de diviser sa lettre en huit articles, précédés d’un mot introductif conséquent et suivis d’une courte conclusion. L’introduction commence par rappeler le rôle d’unité qu’ont les évêques, citant Lumen Gentium (n°23) « Les évêques sont, chacun pour sa part, le principe et le fondement de l’unité dans leurs Églises particulières » et (n°27) « Chargés des Églises particulières qui leur sont confiées, les évêques les dirigent ». Très vite le pape rappelle le cadre dans lequel s’inscrivent les célébrations de la FERM « mes vénérables prédécesseurs, saint Jean-Paul II et Benoît XVI, ont accordé et réglementé la faculté d'utiliser le Missel romain édité par Jean XXIII en 1962 ». Dans Summorum Pontificum Benoit XVI parlait lui aussi, en mentionnant l’Indult Quattuor abhinc annos (1984), d’une faculté accordée « d’utiliser le Missel romain publié en 1962 » mais il précisait dans sa lettre qui accompagnait Summorum Pontificum « Quant à l’usage du Missel de 1962, comme Forma extraordinaria de la Liturgie de la Messe, je voudrais attirer l’attention sur le fait que ce Missel n’a jamais été juridiquement abrogé, et que par conséquent, en principe, il est toujours resté autorisé. » En conséquence l’Indult n’était pas nécessaire, pas plus que les deux motu proprio, celui de Benoit XVI et Ecclesia Dei de Jean-Paul II « On devra partout respecter les dispositions intérieures de tous ceux qui se sentent liés à la tradition liturgique latine, et cela par une application large et généreuse des directives données en leur temps par le Siège apostolique pour l'usage du missel romain selon l'édition typique de 1962 ». Pour autant ce qui va sans le dire, va mieux en le disant. Le rappel de la possibilité pour les prêtres de célébrer selon le missel de 1962 allait dans le sens de l’apaisement en donnant une base scripturaire sérieuse aux prêtres et aux fidèles qui souhaitaient en bénéficier. 

    Sont ensuite exposées les raisons qui ont conduit à l’écriture de cette lettre apostolique : le souci d’évaluer l’application et les fruits de Summorum Pontificum par une grande consultation de tous les évêques (voir Le club des Hommes en Noir sur le sujet), un avis de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi et la volonté de toujours plus œuvrer pour l’unité de l’Église.

    Que disent les articles de ce motu proprio ?

    L’article premier annonce que les livres liturgiques promulgués par Paul VI et Jean-Paul II sont la seule et unique expression de la lex orandi du Rite Romain. Un miroir de l’article premier de Summorum Pontificum « Le Missel romain promulgué par Paul VI est l’expression ordinaire de la lex orandi de l’Église catholique de rite latin. Le Missel romain promulgué par saint Pie V et réédité par le Bienheureux Jean XXIII doit être considéré comme expression extraordinaire de la même lex orandi  de l’Église ».

    L’article 2 donne à l’évêque le pouvoir d’autoriser ou non la célébration de la messe selon le missel de 1962 dans son diocèse. 

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  • Communiqué de Mgr Marc Aillet, évêque de Bayonne, Lescar et Oloron, sur le Motu proprio du Pape François Traditionis custodes

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    Aillet 12-Mgr-Marc-Aillet.jpgVoici le texte de Mgr Aillet publié sur le site web du diocèse de Bayonne, Lescar et Oloron dont on voudrait espérer que l’exemple sera suivi par un grand nombre de ses confrères :

    « Chers frères et sœurs,

    Le Pape François a promulgué le vendredi 16 juillet 2021, en la mémoire de Notre-Dame du Mont Carmel, un Motu proprio, intitulé Traditionis Custodes - Gardiens de la Tradition -, sur l’usage de la liturgie romaine antérieure à la Réforme de 1970. Il va sans dire que nous accueillerons ce motu proprio avec le même sens de l’Eglise et la même communion avec le Successeur de Pierre que le Motu proprio Summorum Pontificum, promulgué par le Pape Benoît XVI, le 7 juillet 2007.

    Le Pape rappelle qu’en tant que « gardiens de la tradition, les évêques, en communion avec l’évêque de Rome, constituent le principe et le fondement visible de l’unité dans leurs Eglises particulières ». Aussi, comme le stipule l’art. 2 du Motu proprio, « En tant qu’il est le modérateur, le promoteur et le gardien de toute la vie liturgique dans l’Eglise particulière qui lui a été confiée, c’est à l’évêque diocésain qu’il appartient de régler les célébrations liturgiques dans son propre diocèse. Par conséquent, c’est sa compétence exclusive d’autoriser l’usage du Missel Romain de 1962 dans le diocèse, selon les orientations du Saint-Siège ».

    Dans la lettre adressée aux évêques pour accompagner ce motu proprio, le Pape François explique pourquoi il a été amené à prendre de nouvelles dispositions qui abrogent celles prises par ses vénérés prédécesseurs. Tout en saluant la sollicitude paternelle et la magnanimité de Saint Jean Paul II et du Pape émérite Benoît XVI, pour faciliter l’usage du Missel de 1962, en vue de promouvoir la communion au sein de l’Eglise, le Saint-Père dit sa tristesse de constater, au terme de l’enquête qu’il a diligentée auprès des évêques du monde entier, que la possibilité offerte par ses prédécesseurs « ait été utilisée pour augmenter les distances, durcir les différences, construire des oppositions qui blessent l’Eglise et en entravent la progression, en l’exposant au risque de divisions ».

    Conscient de possibles dérives induites ici ou là dans l’Eglise et toujours à corriger, j’atteste pour ma part que l’application loyale du Motu proprio Summorum Pontificum dans le diocèse de Bayonne, Lescar et Oloron, a favorisé un climat de paix et de respect mutuel entre les prêtres et les fidèles attachés à ce que Benoît XVI désignait comme la forme ordinaire et la forme extraordinaire de l’unique rite romain. Il me semble pouvoir attester que les prêtres assurant dans le diocèse de Bayonne le service de la liturgie selon le Missel de 1962, adhèrent pleinement au Concile Vatican II, reconnaissent la légitimité du Missel de 1970, expression par excellence de la lex orandi de l’Eglise latine, et cultivent un sens aigu de la communion ecclésiale en participant activement aux manifestations et célébrations, comme aux orientations pastorales et missionnaires du diocèse. Je sais qu’ils ont le souci de faire grandir dans la foi, la vie chrétienne et le sens de la communion et de la mission, les fidèles qui participent habituellement ou occasionnellement aux célébrations liturgiques qu’ils président. Je constate d’ailleurs que leurs assemblées sont relativement jeunes et qu’on y trouve des familles très soucieuses de transmettre la foi à leurs enfants et de les éduquer à « sentire cum Ecclesia –  sentir avec l’Eglise ».

    Je veux leur redire ma confiance et les invite à poursuivre leurs efforts dans le même sens, dans l’esprit du nouveau Motu proprio Traditionis Custodes, dont je préciserai ultérieurement les modalités d’application. Et s’ils ressentent de l’incompréhension, je les invite à ne pas céder à la colère ni à des attitudes de fermeture ou de repli, mais bien plutôt, à l’instar de l’apôtre Thomas dans l’Evangile (cf. Jn 14, 5-6), à demander au Seigneur lui-même des explications, dans une prière d’abandon à sa volonté.

    Les prêtres qui célèbrent le Missel de 1962, en communion avec l’évêque, appartiennent pleinement au presbyterium du diocèse, au sein duquel ils entretiennent des relations fraternelles avec les autres prêtres et y assument des services diocésains appréciés. Je redis aux fidèles attachés au Missel de 1962 qu’ils sont membres à part entière de la communauté des fidèles qui constituent le diocèse de Bayonne, Lescar et Oloron et je les invite à recevoir ce Motu proprio avec foi, confiance et sens de l’Eglise.

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  • Traditionis Custodes du Pape François : cinq conséquences du nouveau Motu Proprio réduisant la Messe en latin

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    Du Père  Raymond J. de Souza sur le National Catholic Register :

    Traditionis Custodes du Pape François : Cinq conséquences du nouveau Motu Proprio réduisant la Messe en latin

    Le pape espère favoriser l'unité de l'Église par sa décision, mais il est peu probable que cela se produise immédiatement dans le sillage de la répression de la célébration de la forme extraordinaire de la messe par le Saint-Père.

    A Catholic priest celebrating the traditional Latin Mass in the Church of St. Pancratius, Rome.
    Un prêtre catholique célèbre la messe traditionnelle en latin dans l'église de Saint-Pancrace, à Rome. (photo : Shutterstock)

    16 juillet 2021

    Là où il y a de l'encens, il y a du feu, du moins lorsqu'il s'agit de catholiques qui s'affrontent au sujet de la liturgie. Il y a de nombreux affrontements aujourd'hui, le pape François ayant aboli la principale initiative liturgique de son prédécesseur, Benoît XVI. Le pape François entend qu'il y ait un peu moins d'encens, du moins de type extraordinaire.

    Le pape François a pris "la ferme décision d'abroger toutes les normes, instructions, permissions et coutumes" émises par saint Jean-Paul II et Benoît XVI concernant la "forme extraordinaire du rite romain", souvent appelée "messe latine traditionnelle", en utilisant le Missel romain de 1962 promulgué par saint Jean XXIII.

    Le pape François espère favoriser l'unité de l'Église par cette décision. Il est peu probable que cela se produise immédiatement, car ceux qui étaient reconnaissants à Benoît XVI d'avoir permis à tout prêtre de célébrer la forme extraordinaire dans son motu proprio Summorum Pontificum en 2007, seront déçus, probablement gravement, que le pape François ait complètement inversé la législation liturgique de Benoît XVI. 

    Le tremblement de terre provoqué par le motu proprio d'aujourd'hui peut expliquer, rétrospectivement pourquoi les observations du Vatican concernant le récent 70e anniversaire de l'ordination sacerdotale du pape émérite Benoît XVI ont été si discrètes, alors qu'un tel anniversaire n'avait jamais eu lieu dans toute l'histoire de l'Église. Il est impossible que cette décision soit autre chose qu'une pilule amère à avaler pour Benoît XVI.

    L'importance de la décision du Saint-Père, exprimée dans le motu proprio Traditionis Custodes (gardiens de la tradition) du 16 juillet 2021, est indéniable. 

    Le pape François juge que beaucoup de ceux qui sont attachés à la forme extraordinaire expriment en "paroles et en attitudes... [un] rejet de l'Église et de ses institutions au nom de ce qu'on appelle la "vraie Église". On a affaire ici à des comportements qui contredisent la communion et nourrissent la tendance à la division".

    Il est possible que ceux qui sont enclins à de telles tendances intensifient leur "rejet de l'Église" maintenant que leur expression liturgique préférée a été restreinte. Le pape François en est certainement conscient, mais il estime que ces catholiques "doivent revenir en temps voulu au rite romain promulgué par les saints Paul VI et Jean-Paul II". 

    À partir de maintenant, toutes les célébrations de la forme extraordinaire requièrent l'autorisation explicite de l'évêque diocésain, qui est chargé de "désigner un ou plusieurs lieux" où elle peut être célébrée, mais il ne doit pas s'agir d'"églises paroissiales" et il n'est pas permis d'"ériger de nouvelles paroisses personnelles".

    Il y aura beaucoup de réactions à examiner dans les jours à venir, mais cinq questions initiales émergent.

    Benoît XVI contre François ?

    Le Pape François a explicitement, délibérément et dramatiquement révoqué les permissions et la législation données par ses prédécesseurs. Il a rejeté sans ambiguïté l'argument de Benoît XVI selon lequel les deux formes du rite romain - extraordinaire et ordinaire - ne favoriseront pas la division. C'est précisément en raison des divisions qu'il a identifiées - après une enquête auprès des évêques du monde entier - qu'il juge que la forme extraordinaire doit être réduite.

    Rome accroît son autorité

    Alors que Summorum Pontificum donnait aux prêtres le droit de célébrer la forme extraordinaire sans avoir besoin de la permission de leurs évêques, le pape François a décidé d'aller dans le sens d'une centralisation. L'évêque seul doit réglementer "exclusivement" la forme extraordinaire dans son diocèse, mais Rome limitera la manière dont il peut réglementer. Les réglementations plus permissives sont interdites ; les plus restrictives sont encouragées. 

    En effet, pour tous les prêtres nouvellement ordonnés, l'évêque ne peut pas leur accorder la permission de célébrer la forme extraordinaire sans consulter au préalable le Saint-Siège. Traditionis Custodes renforce l'autorité de l'évêque sur ses prêtres, et renforce l'autorité du Pape François sur les évêques.

    Il s'agit d'un développement liturgique inattendu, dans la mesure où le pape François avait auparavant transféré l'autorité sur les questions liturgiques, en particulier les traductions, aux conférences épiscopales, dénonçant un trop grand contrôle romain. 

    Enquête sociologique

    Traditionis Custodes ne remet pas en cause "la dignité et la grandeur du [Missel de Saint Pie V]". Les arguments en faveur de sa réduction sont plus sociologiques que théologiques, à savoir qu'ils sont fondés sur un jugement concernant les types de personnes qui ont tendance à préférer l'ancienne tradition.

    Ce n'est pas entièrement nouveau ; Benoît XVI lui-même a fait appel à ses propres impressions sociologiques sur les communautés florissantes attirées par l'ancienne forme. Le motu proprio du Pape François fait peser sur l'évêque local la charge de déterminer si leurs communautés de forme extraordinaire "exposent [l'Eglise] au péril de la division" et "rejettent l'Eglise". 

    Si c'est le cas, alors le pape François a clairement l'intention que l'évêque les supprime, et plus tôt que tard, plus sévèrement que moins. Mais si la communauté locale ne se conforme pas à cette impression sociologique, alors l'évêque local devrait-il les laisser continuer, voire prospérer ?

    Prêtres ou laïcs ?

    Le Pape François demande aux évêques de "mettre fin à l'érection de nouvelles paroisses personnelles liées davantage au désir et aux souhaits de certains prêtres qu'aux besoins réels du "peuple saint de Dieu"". L'implication claire est que la Forme Extraordinaire est quelque chose de désiré par les prêtres que les fidèles laïcs subissent à leur tour - un type de cléricalisme liturgique.

    Le Summorum Pontificum de Benoît XVI a adopté l'approche inverse, à savoir que ce sont les prêtres qui doivent répondre généreusement aux groupes de fidèles qui désirent les anciennes formes. 

    Et si les fidèles étaient les initiateurs et que les prêtres répondaient ? Les nouvelles restrictions ne seraient-elles pas une autre forme de cléricalisme liturgique ?

    Fraternité Saint-Pie X

    Le pape François écrit que les décisions prises par saint Jean-Paul II et Benoît XVI de rendre le Missel de 1962 plus accessible étaient "avant tout motivées par le désir de favoriser la guérison du schisme avec le mouvement de [l'archevêque Marcel] Lefebvre", qui a créé la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X (FSSPX). La FSSPX conserve un statut canonique irrégulier.

    Le pape François a été généreux avec la FSSPX, accordant à ses prêtres la faculté d'entendre les confessions et d'être témoins de mariages. Leurs messes sont valides. 

    Les restrictions sur la forme extraordinaire, combinées au traitement plus généreux de la FSSPX par le Saint-Père, pourraient-elles signifier que les catholiques qui préfèrent l'ancienne forme ont tendance à fréquenter les chapelles de la FSSPX, la forme extraordinaire devenant moins disponible dans leurs diocèses ? C'est peut-être une conséquence involontaire possible.

  • Grillo : un des inspirateurs de la suppression de Summorum Pontificum

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    De "Paix Liturgique" (lettre n°807) :

    ANDREA GRILLO, UN DES PENSEURS DE LA SUPPRESSION DE SUMMORUM PONTIFICUM

    ENQUETE SUR LES ENNEMIS DE LA PAIX DANS L'EGLISE

    Dans notre lettre 805 du 28 Juin 2021, nous évoquions l’offensive contre Summorum Pontificum, menée par un groupe de pression œuvrant au sein de la Curie et de l’épiscopat italien, auquel un intellectuel engagé s’employait à donner des munitions, Andrea Grillo, professeur de liturgie à l’Université romaine Saint-Anselme. Nous citions un important article de cet auteur, « Il peccato dell’Ecclesia Dei si chiama Summorum Pontificum », Le péché d’Ecclesia Dei se nomme Summorum Pontificum ( http://www.cittadellaeditrice.com/munera/il-peccato-dellecclesia-dei-si-chiama-summorum-pontificum/ ), qu’il nous a paru utile de reproduire, car il éclaire parfaitement les motifs de ceux qui tentent aujourd’hui, en une ou plusieurs étapes, d’anéantir l’esprit et la lettre du motu proprio Summorum Pontificum.

    Qui est Andrea Grillo ?

    Ce laïc de soixante ans, marié et père de deux enfants, docteur en droit de l’Université de Gênes, docteur en théologie de l’Institut de Liturgie de Padoue, très en phase avec le monde épiscopal italien progressiste, a fait partie de la Commission de la Conférence des Évêques d’Italie chargée de traduire et d’adapter le nouveau rite du sacrement du mariage. Il s’est d’ailleurs beaucoup investi dans le soutien de la novation intervenue dans la morale de la famille à l’occasion des assemblées du Synode sur la Famille et de l’exhortation Amoris laetitia (sa trouvaille est que beaucoup d’ouvertures peuvent être obtenues si on prend soin de distinguer le mariage et la famille…)

    Il est professeur de théologie sacramentaire à l’Université pontificale Saint-Anselme, située sur l’Aventin, professeur de théologie à l’Institut de Liturgie pastorale de Padoue et à l’Institut théologique d’Ancône. Dans le petit monde extrêmement bugninien de l’enseignement de la liturgie en Italie, c’est une personnalité de poids (il est vice-président de l’Association des professeurs de liturgie), même s’il a par ailleurs une réputation d’intellectuel un peu répétitif. Son blog Come se non, est hébergé par Munera, « Revue européenne de Culture » : Andrea Grillo ( cittadellaeditrice.com ). On dit qu’il a l’oreille du pape.

    Un article-programme

    L’article que nous reproduisons ici, du 21 janvier 2019, très militant, comme tous ceux de Grillo, commente à chaud la suppression de la Commission Ecclesia Dei, intervenue quelques jours auparavant, le 17 janvier 2019, absorbée par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. Il y développe un thème martelé depuis l’élection du pape Francois au sein de la Curie et de l’épiscopat italien, celui du scandale représenté par cette Commission : elle protégeait l’existence d’un monde liturgique et doctrinal parallèle à l’Eglise rénovée par le Concile.

    Mais, à la différence des ecclésiastiques qui n’osaient pas s’en prendre directement à l’œuvre de Benoît XVI, A. Grillo se livre à une attaque frontale de Summorum Pontificum. Attaque qui a ensuite prospérée et qui a abouti aux projets actuellement sur la table.

    Sur le fond, A. Grillo pointe ce qui est la force et la faiblesse de Summorum Pontificum, à savoir son affirmation que deux formes rituelles (fondées sur deux états doctrinaux notoirement hétérogènes) étaient deux expressions d’une identique lex orandi. Du coup la communion ecclésiale, remarque Grillo, n’est plus fondée sur une expression unique de la foi catholique vécue au moyen de la liturgie.

    En un sens il a raison. C’était même tout le pari de Benoît XVI : d’une part, avec ce compromis, il assurait la paix de l’Église ; et d’autre part, il espérait qu’à terme cette coexistence de deux rites successifs, qualifiées de « formes » parallèles, contribuerait à raccrocher le rite nouveau à la tradition de l’Église par le biais de l’enrichissement réciproque » (un zeste de nouveauté dans la forme traditionnelle, préfaces, fêtes ; une infusion massive de tradition dans la forme nouvelle, sens de la célébration, communion, etc.) Sur le deuxième point, Benoît XVI était manifestement irénique. Sur le premier – la pacification – il avait obtenu un évident résultat.

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  • Que reproche le pape aux traditionalistes ?

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    D'Antoine Pasquier sur le site de Famille Chrétienne :

    Motu proprio Traditionis Custodes : ce que le pape François reproche aux tradis

    Le pape en exercice l’explique longuement dans sa lettre accompagnant son décret. Treize ans après la publication de Summorum pontificum par Benoît XVI, François a décidé en 2020 de charger la Congrégation pour la Doctrine de la Foi d’adresser aux évêques un questionnaire sur l'application du motu proprio. « Les réponses reçues ont révélé une situation qui m'angoisse et m'inquiète, confirmant la nécessité d'intervenir », écrit le Pontife, estimant que « l'intention pastorale de mes prédécesseurs, qui avaient entendu « tout mettre en œuvre pour que tous ceux qui désirent vraiment l'unité puissent rester dans cette unité ou la retrouver », a souvent été sérieusement négligée ». Le pape François considère que le geste envers les fidèles du missel de 1962 « a été utilisé pour augmenter les distances, durcir les différences, construire des contrastes qui blessent l'Église et entravent sa progression, l'exposant au risque de divisions ».

    Le successeur de Pierre ne mâche pas ses mots, se disant « attristé par une utilisation instrumentale du missel de 1962, de plus en plus caractérisée par un rejet croissant non seulement de la réforme liturgique, mais du Concile Vatican II, avec l'affirmation infondée et insoutenable qu'il a trahi la Tradition et « la vraie Église »". Le choix « des célébrations selon les livres liturgiques précédant le Concile Vatican II » et le rejet de l'Église et de ses institutions vont de pair, estime-t-il. « C'est un comportement qui contredit la communion, nourrissant cette pulsion de division (…). C'est pour défendre l'unité du Corps du Christ que je suis contraint de révoquer la faculté accordée par mes prédécesseurs ».

    De précédentes critiques

    Ce n’est pas la première fois que le pape François dénonce « les paroles et les attitudes » des prêtres et des fidèles attachés à la tradition. Le 23 juin dernier, lors de sa catéchèse du mercredi, il avait ainsi fustigé ceux qui « affirment avec force que le vrai christianisme est celui auquel ils sont attachés, souvent identifié avec certaines formes du passé ». Ces chrétiens, qu’il n’avait pas explicitement nommé, pensent « que la solution aux crises actuelles est de revenir en arrière pour ne pas perdre l’authenticité de la foi ». Il existe chez eux, avait-il ajouté, « la tentation de se refermer sur certaines certitudes acquises dans des traditions passées ».

    Rétrospectivement, l'épisode du renvoi de la Fraternité Saint-Pierre du diocèse de Dijon préfigurait déjà la direction prise par le pape François à l'encontre des communautés traditionnelles. L'évêque Mgr Roland Minnerath n'avait d'ailleurs pas caché aux fidèles venus manifester devant son évêché que Rome allait prochainement donner un sérieux tour de vis. Parallèlement, la Conférence des évêques de France avait décidé de mettre en place une instance de dialogue avec les principales communautés traditionnelles. Une manière d'anticiper la réception du document pontifical dans les milieux traditionnels ?

  • Le pape François s’en va-t-en guerre contre l’oeuvre liturgique de son prédécesseur Benoît XVI

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    De Jean-Marie Guénois, ce jour sur le site web du « Figaro » (extraits) :

    Bergoglio 7d7c4294e36933a020aa376ba5a15b07bcb1f807e183c061d5779576c2c46daa.jpg"Par le Motu Proprio «Traditionis Custodes» publié ce 16 juillet  2021 (en traduction française ICI), le pape François annule les effets du Motu Proprio «Summorum Pontificum» de Benoît XVI qui avait donné en 2007 un statut de rite «extraordinaire» à la messe selon le rite de Saint Pie V, pour en faciliter l'usage.

    À LIRE AUSSI :Liturgie: le pape François veut remettre en cause le motu proprio de Benoit XVI

    Il permettait aux fidèles qui désiraient la messe selon le rite tridentin, en usage avant le Concile Vatican II et communément appelé «messe en latin», de pouvoir en bénéficier à condition de représenter un groupe stable. Il suffisait de le demander au curé de la paroisse qui devait accepter ou trouver une solution pour satisfaire cette demande. En cas de conflit, l'évêque devait donner raison aux fidèles.

    Des conditions très strictes

    Dans son Motu Proprio, François rappelle que «l'unique expression» du rituel de messe latine est celle du Concile Vatican II. Il donne aux seuls «évêques» locaux, par «compétence exclusive», l'autorisation de célébrer selon l'ancien rite avec des conditions très strictes:

    – que le «groupe» en question «n'exclue pas la validité et la légitimité» de la réforme liturgique du Concile Vatican II, du concile Vatican II et du magistère des Papes.

    -qu'un lieu ou plusieurs soient définis dans le diocèse pour cette messe selon l'ancien rite mais «pas dans les églises paroissiales et sans ériger de nouvelles paroisses personnelles».

    – que les lectures de ces messes soit lues en langue vernaculaire, celle du pays et non en latin, selon les traductions établies par la conférence épiscopale.

    -qu'un prêtre, soit nommé par l'évêque, comme «délégué de l'évêque» pour ces célébrations et pour le «soin des fidèles».

    -qu'un contrôle soit réalisé par l'évêque dans toutes les paroisses personnelles (paroisses spéciales déjà constituées avec autorisation de célébrer le rite préconciliaire) pour «évaluer si elle seront maintenues ou pas».

    – que l'évêque «aura soin de ne pas autoriser la constitution de nouveaux groupes».

    À LIRE AUSSI :La méthode François déroute jusque dans son propre camp

     Le pape François demande aussi aux prêtres ordonnés «après la publication » de ce motu proprio et qui veulent célébrer selon l'ancien rite, «de faire une demande formelle à l'évêque» qui «avant de donner l'autorisation consultera le Siège Apostolique» donc Rome. Quant aux prêtres qui célèbrent déjà dans cette forme, ils devront «demander à l'évêque l'autorisation pour continuer ».

    Par ailleurs le pape supprime le bureau spécialisé au Vatican en charge de cette question «traditionnaliste» dans l'Église qui s'appelait «Ecclesia Dei» et confie aux différents ministères concernées du Vatican le soin de régler les éventuels problèmes.

    Ref. Le pape François réduit fortement l'usage de la messe en latin

    Un texte et un geste peu élégants, par lesquels le pape François rallume avec brutalité la guerre des deux messes, apaisée voici 14 ans (7 juillet 2007) par son prédécesseur le pape émérite Benoit XVI: toujours en vie…

    JPSC

  • Summorum Pontificum : une explication possible du sens précis à donner à l’expression des « deux formes de l’unique rite romain »

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    Du site Esprit de la Liturgie :

    L’apport juridique de Summorum Pontificum

    Note du traducteur : On trouvera ci-dessous une traduction d’un article de Gregory DiPippo paru le 9 juillet sur le site du New Liturgical Movement. M. DiPippo est le directeur de la rédaction du New Liturgical Movement, et un expert des réformes du rite romain au XXè siècle. Il propose dans cet article une explication possible du sens précis à donner à l’expression des « deux formes de l’unique rite romain », que Benoît XVI a introduit dans Summorum Pontificum pour caractériser la relation entre liturgies pré- et post-concilaires dans le cadre de l’Église latine. Cette réflexion est intéressante car elle intègre les aspects juridiques du problème tout en proposant une manière de classer les différentes liturgies chrétiennes, puis situe les deux formes du rite romain dans ce double-cadre juridique et liturgique. J’y ai ajouté quelques observations.


    Ces derniers jours, avec les rumeurs d’une possible suppression ou d’un retour en arrière de Summorum Pontificum, il y a eu beaucoup de discussions sur son statut et sa signification. J’ai donc pensé qu’il serait utile de rééditer cet exposé sur la question, publié à l’origine lors du dixième anniversaire du motu proprio [NDT : En 2017]. Pour résumer : le motu proprio n’est pas un document sur l’histoire de la liturgie, mais une disposition légale, et doit être lu et compris comme tel.

    Je me suis également souvenu aujourd’hui de cette déclaration sur le sujet d’un dominicain français, le père Thierry-Dominique Humbrecht, qui vaut la peine d’être considérée : « Le pluralisme liturgique des deux états du rite romain est peut-être dommageable, mais il est la conséquence d’un éclatement liturgique sauvage, plus dommageable encore, sur lequel la lumière officielle est encore trop timidement faite. »

    Je propose ici d’examiner ce que le pape Benoît XVI a voulu dire, et ce qu’il a réalisé, en caractérisant la messe traditionnelle et sa réforme post-conciliaire comme deux formes du même rite, l’une extraordinaire et l’autre ordinaire. Avant cela, je crois qu’il est nécessaire d’établir une distinction entre les termes qui ont été historiquement utilisés pour décrire les variations au sein d’une liturgie ou d’une famille liturgique : « rite » et « usage ».

    À ma connaissance, la distinction entre un rite et un usage n’a pas été officiellement établie par l’Église dans sa loi ; il s’agit donc uniquement de mon point de vue sur la question.

    Pour des raisons de clarté, les variantes d’un même rite devraient, à proprement parler, être appelées des usages, comme l’usage de Sarum [NDT : la liturgie de l’Église de Salisbury, qui était la plus répandue en Angleterre avant la Réforme protestante] ou l’usage carmélitain ; c’est ainsi qu’elles étaient le plus souvent appelées avant la réforme tridentine. Par exemple, on lit sur la page de garde du Missel de Sarum : « Missale ad usum insignis ecclesiae Sarisburiensis – le Missel selon l’usage de la célèbre église de Salisbury ».

    Le frontispice d’un missel de Sarum imprimé à Paris en 1555.

    Il est vrai que même avant le concile de Trente, il y avait une certaine confusion entre ces termes, et que « rite » était parfois employé au lieu de « usage » ; après Trente, le terme « usage » est devenu rare. La terminologie n’a certainement jamais été uniforme, et de nombreux livres liturgiques n’utilisent aucun des deux termes, et n’ont qu’un adjectif modifiant les mots « Missel », « Bréviaire », etc. Les Dominicains disaient soit « selon l’Ordre Sacré des Prêcheurs », soit « selon le Rite de l’Ordre Sacré des Prêcheurs ».

    A gauche, le début du Missel pré-tridentin « selon l’usage de la célèbre église de Liège ». À droite, le frontispice d’une édition post-tridentine du « Breviarium Leodiense – Bréviaire de Liège » ; « Leodiensis » est la forme adjectivale du nom de la ville en latin, Leodium. En français, on pourrait le traduire plus littéralement par « Bréviaire Liégeois ».

    Toutefois, si l’on souhaite établir une distinction entre les différentes liturgies d’une part, et les variantes au sein d’une même liturgie d’autre part, tout en conservant une certaine terminologie historique, il semble évident que « rite » est le plus approprié pour les premières, et « usage » pour les secondes. Il serait absurde de décrire les liturgies des églises orientales comme « l’usage byzantin, l’usage copte, etc. » en les comparant à « l’usage romain » ; il s’agit clairement de rites entièrement différents. « Usage », d’autre part, était le terme prédominant pour les variantes du rite romain alors qu’il y avait de nombreuses variantes de ce type célébrées dans toute l’Europe occidentale.

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  • Summorum Pontificum : et si on laissait l’œuvre liturgique de Benoît XVI poursuivre son chemin sans tracasseries cléricales ?

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    Un appel sans ambigüité du Cardinal Sarah sur sa page facebook :

    Sarah images (6).jpg« Dans l'histoire, on se souviendra de Benoît XVI, non seulement comme d’un grand théologien mais aussi comme du Pape de Summorum Pontificum, le Pape de la paix liturgique, celui qui aura construit un pont œcuménique avec l'Orient chrétien à travers la liturgie latino-grégorienne.

    Il restera comme le Pape qui aura eu à cœur la volonté de retrouver les racines chrétiennes et l'unité de l'Europe et se sera opposé au laïcisme vide de sens et à la déstructuration de la culture européenne.

    À partir du Motu Proprio Summorum Pontificum, malgré les difficultés et les résistances, l'Église a entamé un chemin de réforme liturgique et spirituelle qui, bien que lente, est irréversible.

    En dépit des attitudes cléricales intransigeantes d’opposition à la vénérable liturgie latino-grégorienne, attitudes typiques de ce cléricalisme que le Pape François a dénoncé à plusieurs reprises, une nouvelle génération de jeunes a émergé au coeur de l'Église.

    Cette génération est celle des jeunes familles, qui montrent que cette liturgie a un avenir parce qu’ elle a un passé, une histoire de sainteté et de beauté qui ne peut être effacée ou abolie du jour au lendemain.

    L'Église n'est pas un champ de bataille où l'on joue pour gagner en essayant de nuire aux autres et à la sensibilité spirituelle de ses frères et sœurs dans la foi.

    Comme Benoît XVI l'a dit aux évêques français : « Dans l'Église il y a de la place pour tout le monde », parce que nous savons nous traiter avec respect et vivre ensemble en louant le Seigneur dans son Église et en restant dans l'unique vraie foi.

    La crise liturgique a conduit à la crise de la foi. De la même manière, le respect des deux formes ordinaire et extraordinaire de la liturgie latine, nous conduira à un élan missionnaire d'évangélisation, et nous pourrons enfin sortir du tunnel de la crise. »

    https://twitter.com/Card_R_Sarah/status/1413090720097910784?ref_src=twsrc%5Egoogle%7Ctwcamp%5Eserp%7Ctwgr%5Etweet

    JPSC

  • RDC : Décès de Mgr Monsengwo, la disparition d’un pilier du Congo

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    Mgr-Monsengwo.jpgLu ce jour sur le site web de la Libre Afrique, cet éloge funèbre très mérité du Cardinal Laurent Monsengwo, archevêque émérite de Kinshasa, un Congolais de premier plan dont la mémoire honore son cher Pays et la Belgique à laquelle l’unissaient aussi tant de liens :

    "Une des plus grandes figures du Congo indépendant s’est éteinte ce dimanche 11 juillet à Paris. Mgr Laurent Monsengwo, 81 ans, avait été évacué de Kinshasa vers l’Europe le 5 juillet pour des soins. Si des difficultés de santé l’avaient éloigné, ces dernières années, des prises de position publiques, il reste, pour de nombreux Congolais, une référence morale primordiale.

    Ce brillant intellectuel fut le premier Africain docteur en exégèse (1971). Le premier Africain secrétaire spécial d’un synode des évêques (2008). En 2012, il copréside avec Benoît XVI le synode sur la nouvelle évangélisation. Membre de diverses sociétés savantes, il parlait sa langue maternelle, le kisakata, ainsi que le lingala (lingua franca de l’ouest du Congo), le swahili (idem pour l’est), le français, l’italien, l’allemand, l’anglais, le néerlandais, l’hébreu moderne, l’espagnol et le portugais ; il avait aussi “appris l’hébreu ancien, le grec, l’araméen, le syriaque et le latin” (1). Il a composé une dizaine de pièces pour orgue mais se défendait d’être, pour les jouer, autre chose qu’“un dilettante quelque peu formé” ; ce goût pour la musique classique européenne ne l’empêchait pas d’apprécier les grandes vedettes de la musique populaire congolaise – Rochereau, Franco, Kabasele ou Simaro.

    Mgr Monsengwo : « Félix Tshisekedi aurait dû reconnaître sa claire et nette défaite »

    Ses capacités intellectuelles et sa rigueur morale lui donnaient une sûreté de soi qui faisait défaut à nombre de ses interlocuteurs, hommes de pouvoir dont la plupart n’étaient, à ses yeux, que “des invertébrés”, girouettes reniant leur signature avant que l’encre ait séché sur le document. Elles ont contribué à donner à ce prélat à la voix douce, démentie par un visage sévère, un rôle politique essentiel pour le pays.

    Une famille de chefs du Maï Ndombe

    Laurent Monsengwo est né le 7 octobre 1939 près d’Inongo (Maï Ndombe, ex-Bandundu, ouest du pays), dans une famille de chefs des Basakatas “connus pour leur endurance et leur obstination” (1). Son père était charpentier et menuisier à la Forescom, une entreprise belge, et accroissait ses revenus en construisant des meubles après le travail. De quoi subvenir aux besoins de la famille, très chrétienne, qui comptera huit enfants, dont six garçons ; “nous étions une famille heureuse”, dira le prélat.

    Il fait ses études secondaires au petit séminaire de Bokoro et trois années de philosophie au grand séminaire de Kabwe, après lesquelles ce brillant élève est envoyé à Rome étudier la théologie ; il y est ordonné prêtre en 1963. Il deviendra le fils adoptif de Gaston Leysen et son épouse, des Anversois chez qui le jeune Congolais logera pendant ses études, dans les années 60.

    En 1980, Jean-Paul II le fait évêque et, huit ans plus tard, Mgr Laurent Monsengwo est archevêque de Kisangani ; il deviendra celui de Kinshasa en 2007, charge qu’il laissera à Mgr Fridolin Ambongo en 2018. En 2010, Benoît XVI le fait cardinal.

    Laurent Monsengwo a aussi été secrétaire général puis, par deux fois, président de la Conférence épiscopale du Zaïre ; président du Symposium des Conférences épiscopales d’Afrique et Madagascar ; président de Pax Christi International. Il représentait l’Afrique dans le collège des neuf cardinaux nommés par le pape François pour travailler à la réforme de la Curie.

    Hors du Zaïre, toutefois, c’est son irruption sur la scène politique qui le fera connaître du grand public.

    À partir des communautés ecclésiales de base

    En 1990, l’archevêque de Kisangani est la cheville ouvrière du mémorandum de l’Église adressé au président Mobutu et demandant, en définitive, un changement de régime. Les prélats jugent en effet de leur devoir de prendre position “lorsqu’un système de gouvernement est entaché dans ses principes ou traduit, dans ses structures et moyens d’action, des normes contraires au bien commun et aux droits de l’Homme”. L’Église en est venue à ces positions en développant, depuis quelques années, notamment sous l’impulsion de Laurent Monsengwo, les communautés ecclésiales de base – confiées à des laïcs locaux – pour approfondir la foi des chrétiens et organiser la solidarité dans les villages.

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  • Messe traditionnelle : le pape voudrait revenir sur les ouvertures de Benoît XVI

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    De Jean-Marie Guénois sur le site du Figaro via "Pour une école libre au Québec" :

    Le pape François veut réduire l'influence des traditionnalistes en revenant sur les ouvertures de Benoît XVI

    Quatorze ans après la décision de son prédécesseur de libéraliser la messe en latin, le pape argentin envisage de restreindre son application pour réduire l’influence des traditionalistes.

    Le 7 juillet 2007, Benoît XVI avait ouvert un nouvel horizon à la liturgie traditionnelle. Dans un décret devenu célèbre, le motu proprio Summorum pontificum, il accordait une place nouvelle à l’« ancienne messe » alors qu’elle avait été marginalisée par le concile Vatican II (1962-1965).La liturgie traditionnelle dans l’Église ne lésine pas sur l’encens. Ses volutes légères et profondes veulent exprimer un mystère. Un autre mystère plane toutefois sur l’avenir de cette tradition connue sous le nom de « messe en latin ». François pourrait en limiter l’usage. Benoît XVI avait pourtant redonné ses lettres de noblesse à cette liturgie. Nuage fugitif ou orage annoncé ?

    « Extraordinaire » et « ordinaire » Le pape allemand reconnaissait la pertinence de la messe dite de saint Pie V, telle qu’elle était dite avant ce concile en lui conférant un statut pérenne, celui de rite « extraordinaire ». Il demeurerait à côté du rite « ordinaire », celui de la messe dite de Paul VI. Non comme une alternative pour tous les catholiques, mais comme une possibilité pour les fidèles demandeurs. Il suffisait qu’un « groupe stable de fidèles attachés à la tradition liturgique antérieure » se signale au curé de la paroisse pour que celui-ci « accueille volontiers leur demande », sans recourir à l’autorisation de l’évêque. Benoît XVI attendait des deux formes du rite de l’Église latine, « extraordinaire » et « ordinaire », qu’elles vivent un « enrichissement mutuel ». Quelques mois plus tôt, dans une tribune collective publiée dans Le Figaro, des personnalités tels que le philosophe René Girard, le chef d’entreprise Bertrand Collomb, les comédiens Jean Piat et Claude Rich ou encore l’historien Jean-Christian Petitfils appelaient de leurs vœux cette décision pontificale.

    Cette libéralité pourrait avoir vécu. Le pape François lui-même a révélé le 24 mai dernier à Rome, aux évêques italiens réunis à huis clos, que la révision du motu proprio de Benoît XVI ne tarderait pas. De fait, ce projet, toujours tenu secret, en est à sa troisième version. Plusieurs sources fiables indiquent que cette révision ne remettrait pas en cause la reconnaissance du rite de saint Pie V à titre « extraordinaire ». Il ne toucherait pas davantage aux associations religieuses de prêtres constituées et concernés par ce rituel. Serait en revanche visé le libéralisme du motu proprio de Benoît XVI : ce serait désormais l’évêque local, et non plus les fidèles, qui contrôlerait le droit de célébrer selon le rituel extraordinaire. Second axe de révision : au Vatican, les « traditionalistes » — ainsi sont-ils dénommés dans l’Église — ne dépendraient plus d’une structure ad hoc abritée au sein de la Congrégation pour la doctrine de la foi qui protégeait de facto les entités traditionalistes.

    La sphère traditionaliste

    À l’avenir, toute question non soluble par l’évêque local serait traitée, selon la nature du sujet, au sein des congrégations vaticanes compétentes : évêques, clergé, liturgie, qui sont les « ministères » romains spécialisés du gouvernement de l’Église. Le dossier traditionaliste ne serait plus un cas à part.

    Quand cette révision sera-t-elle publiée ? Selon nos informations, la version finale aurait été validée pour une sortie imminente.

    Que représente la sphère traditionaliste en France ? Une enquête de l’épiscopat vient de recenser « un à deux » lieux de cultes par diocèse accueillant « moins de 100 fidèles », voire « entre 20 et 70 ». Soit 20 000 personnes au mieux. Le mensuel de référence en ce domaine, La Nef, vient de publier dans son dernier numéro une enquête complète, estimant ces pratiquants entre 31 000 et 51 000 fidèles. En ajoutant ceux qui désireraient aller à ces messes mais qui habitent trop loin, il estime « les fidèles tradis à environ 60 000 personnes ». Avec de fortes disparités régionales et la présence de bastions comme Versailles, qui représente 10 % de ce chiffre. Le choix pour le rite tridentin, 250 lieux de culte en France, attirerait, selon cette source, 4 % des pratiquants. Sans compter les fidèles de la Fraternité Saint-Pie-X (les « lefebvristes »), qui compteraient 35 000 fidèles en France. Au total, un poids loin d’être négligeable.

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  • Une brève histoire des catholiques traditionnalistes...

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    ... est retracée par Yves Chiron sur le site de la Nef :

    Brève histoire des traditionalistes

    L’histoire du traditionalisme ne commence pas avec le concile Vatican II. On pourrait remonter à la célèbre exhortation du pape saint Pie X dans la Lettre apostolique condamnant le Sillon, en 1910 : « Les vrais amis du peuple ne sont ni révolutionnaires ni novateurs mais traditionalistes. » Mais depuis le concile Vatican II, le traditionalisme a pris des visages nouveaux et très diversifiés.

    Le terme lui-même est contestable. La dénomination « catholique traditionaliste » est presque un pléonasme, tant il est vrai que tout catholique cohérent doit se reconnaître héritier de la Tradition. Le concile Vatican II (1962-1965), dans la constitution Dei Verbum, a rappelé que par la Tradition reçue des Apôtres « l’Église perpétue dans sa doctrine, sa vie et son culte et elle transmet à chaque génération, tout ce qu’elle est elle-même, tout ce qu’elle croit ».

    Lire la suite sur le site de La Nef

  • Le latin proscrit à Saint-Pierre de Rome?

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    De Jeanne Smits sur son blog :

    30 juin, 2021

    Saint-Pierre de Rome : on célébrera en vernaculaire, haro sur le latin

    L’étau se resserre sur la “Messe en latin” à la basilique Saint-Pierre de Rome. Le blog éponyme, Missa in latino, vient de publier la lettre envoyée au nom du cardinal archiprêtre de la basilique, le cardinal Mauro Gambetti, par le secrétaire de ce dernier, Mgr Franco Camaldo.

    Cette lettre indique que dès ce jour, fête de saints Pierre et saint Paul, les messes célébrées dans la basilique seront (c’est un ordre) en italien,  et les lectures et prières des fidèles « dans les différentes langues vivantes ». Le latin n’est conservé que pour le Kyriale et le Pater noster.

    L’office « pourra » être célébré en italien, quoique sur la mélodie grégorienne, seuls l’Hymne, l’Antienne, le Benedictus, le Magnificat et le Pater étant alors conservés en latin, et ce dès que les livrets ad hoc auront été imprimés.

    L’impression générale laissée par la lettre est celle d’une chasse ouverte contre le latin. On voit mal d’ailleurs comment, dans ce cadre voulu par le tout jeune cardinal nommé par le pape François, la liturgie tridentine pourrait trouver sa place dans la basilique Saint-Pierre.

    Ci-dessous, ma traduction de travail de la lettre de Mgr Camaldo.

    La lettre de Mgr Camaldo aux chanoines du chapitre,
    portée à l'attention du public par Missa in Latino

    Vatican, le 28 juin 2021 
    Vigile de la solennité des Saints Apôtres Pierre et Paul
     
    Chers Confrères 
     
    Lors de la réunion du Chapitre du 9 juin, un certain nombre d'idées, d'évaluations et de mesures à prendre en conséquence ont émergé concernant les célébrations du Chapitre dans notre basilique vaticane. 
     
    Compte tenu de ce qui a été proposé et après mûre réflexion, Son Éminence le Cardinal Archiprêtre me charge de communiquer ce qui suit : 
     
    À partir du 29 juin, les célébrations eucharistiques capitulaires suivront la procédure déjà en vigueur lors des célébrations papales, à savoir : la Sainte Messe sera célébrée en italien, les lectures et la prière des fidèles dans les différentes langues vivantes, et les parties fixes - Kyrie, Gloria, Sanctus, Pater et Agnus - en latin. Pour les hymnes, le préfet de la chapelle musicale et le chef de chœur décideront de la meilleure façon de procéder. Par la suite, la célébration de la Liturgie des Heures pourra également être célébrée en italien, en conservant la mélodie grégorienne, et en conservant certaines parties en latin : Hymne, Antienne, Benedictus, Magnificat et Pater : mais cela se fera dans un avenir proche, en tenant compte du temps nécessaire à la préparation des livrets.
     
    Il faudra réfléchir plus avant quant à la possibilité et aux modalités de mise en œuvre des rendez-vous quotidiens de la prière ligurgique par les membres du Chapitre : concélébration de la Sainte Messe à 7h30 suivie de la récitation des Laudes, et de même concélébration de la Sainte Messe à 17h00 suivie de la récitation des Vêpres. Ces célébrations - naturellement dans le style le plus sobre - pourraient avoir lieu dans la chapelle du Chœur, avec la participation des fidèles également.
     
    Son Éminence convoque également l'Assemblée des chanoines du Vatican pour le mercredi 7 juillet à 16h30, précédée de la célébration des vêpres (à la manière de Tierce du dimanche), dans la chapelle du chœur. 
     
    Je profite de l'occasion pour vous présenter mes meilleurs vœux pour la solennité de saint Pierre et mes salutations les plus cordiales. 
     
    Monseigneur Franco Camaldo
    Secrétaire