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liturgie - Page 63

  • Le pape François s’en va-t-en guerre contre l’oeuvre liturgique de son prédécesseur Benoît XVI

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    De Jean-Marie Guénois, ce jour sur le site web du « Figaro » (extraits) :

    Bergoglio 7d7c4294e36933a020aa376ba5a15b07bcb1f807e183c061d5779576c2c46daa.jpg"Par le Motu Proprio «Traditionis Custodes» publié ce 16 juillet  2021 (en traduction française ICI), le pape François annule les effets du Motu Proprio «Summorum Pontificum» de Benoît XVI qui avait donné en 2007 un statut de rite «extraordinaire» à la messe selon le rite de Saint Pie V, pour en faciliter l'usage.

    À LIRE AUSSI :Liturgie: le pape François veut remettre en cause le motu proprio de Benoit XVI

    Il permettait aux fidèles qui désiraient la messe selon le rite tridentin, en usage avant le Concile Vatican II et communément appelé «messe en latin», de pouvoir en bénéficier à condition de représenter un groupe stable. Il suffisait de le demander au curé de la paroisse qui devait accepter ou trouver une solution pour satisfaire cette demande. En cas de conflit, l'évêque devait donner raison aux fidèles.

    Des conditions très strictes

    Dans son Motu Proprio, François rappelle que «l'unique expression» du rituel de messe latine est celle du Concile Vatican II. Il donne aux seuls «évêques» locaux, par «compétence exclusive», l'autorisation de célébrer selon l'ancien rite avec des conditions très strictes:

    – que le «groupe» en question «n'exclue pas la validité et la légitimité» de la réforme liturgique du Concile Vatican II, du concile Vatican II et du magistère des Papes.

    -qu'un lieu ou plusieurs soient définis dans le diocèse pour cette messe selon l'ancien rite mais «pas dans les églises paroissiales et sans ériger de nouvelles paroisses personnelles».

    – que les lectures de ces messes soit lues en langue vernaculaire, celle du pays et non en latin, selon les traductions établies par la conférence épiscopale.

    -qu'un prêtre, soit nommé par l'évêque, comme «délégué de l'évêque» pour ces célébrations et pour le «soin des fidèles».

    -qu'un contrôle soit réalisé par l'évêque dans toutes les paroisses personnelles (paroisses spéciales déjà constituées avec autorisation de célébrer le rite préconciliaire) pour «évaluer si elle seront maintenues ou pas».

    – que l'évêque «aura soin de ne pas autoriser la constitution de nouveaux groupes».

    À LIRE AUSSI :La méthode François déroute jusque dans son propre camp

     Le pape François demande aussi aux prêtres ordonnés «après la publication » de ce motu proprio et qui veulent célébrer selon l'ancien rite, «de faire une demande formelle à l'évêque» qui «avant de donner l'autorisation consultera le Siège Apostolique» donc Rome. Quant aux prêtres qui célèbrent déjà dans cette forme, ils devront «demander à l'évêque l'autorisation pour continuer ».

    Par ailleurs le pape supprime le bureau spécialisé au Vatican en charge de cette question «traditionnaliste» dans l'Église qui s'appelait «Ecclesia Dei» et confie aux différents ministères concernées du Vatican le soin de régler les éventuels problèmes.

    Ref. Le pape François réduit fortement l'usage de la messe en latin

    Un texte et un geste peu élégants, par lesquels le pape François rallume avec brutalité la guerre des deux messes, apaisée voici 14 ans (7 juillet 2007) par son prédécesseur le pape émérite Benoit XVI: toujours en vie…

    JPSC

  • Summorum Pontificum : une explication possible du sens précis à donner à l’expression des « deux formes de l’unique rite romain »

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    Du site Esprit de la Liturgie :

    L’apport juridique de Summorum Pontificum

    Note du traducteur : On trouvera ci-dessous une traduction d’un article de Gregory DiPippo paru le 9 juillet sur le site du New Liturgical Movement. M. DiPippo est le directeur de la rédaction du New Liturgical Movement, et un expert des réformes du rite romain au XXè siècle. Il propose dans cet article une explication possible du sens précis à donner à l’expression des « deux formes de l’unique rite romain », que Benoît XVI a introduit dans Summorum Pontificum pour caractériser la relation entre liturgies pré- et post-concilaires dans le cadre de l’Église latine. Cette réflexion est intéressante car elle intègre les aspects juridiques du problème tout en proposant une manière de classer les différentes liturgies chrétiennes, puis situe les deux formes du rite romain dans ce double-cadre juridique et liturgique. J’y ai ajouté quelques observations.


    Ces derniers jours, avec les rumeurs d’une possible suppression ou d’un retour en arrière de Summorum Pontificum, il y a eu beaucoup de discussions sur son statut et sa signification. J’ai donc pensé qu’il serait utile de rééditer cet exposé sur la question, publié à l’origine lors du dixième anniversaire du motu proprio [NDT : En 2017]. Pour résumer : le motu proprio n’est pas un document sur l’histoire de la liturgie, mais une disposition légale, et doit être lu et compris comme tel.

    Je me suis également souvenu aujourd’hui de cette déclaration sur le sujet d’un dominicain français, le père Thierry-Dominique Humbrecht, qui vaut la peine d’être considérée : « Le pluralisme liturgique des deux états du rite romain est peut-être dommageable, mais il est la conséquence d’un éclatement liturgique sauvage, plus dommageable encore, sur lequel la lumière officielle est encore trop timidement faite. »

    Je propose ici d’examiner ce que le pape Benoît XVI a voulu dire, et ce qu’il a réalisé, en caractérisant la messe traditionnelle et sa réforme post-conciliaire comme deux formes du même rite, l’une extraordinaire et l’autre ordinaire. Avant cela, je crois qu’il est nécessaire d’établir une distinction entre les termes qui ont été historiquement utilisés pour décrire les variations au sein d’une liturgie ou d’une famille liturgique : « rite » et « usage ».

    À ma connaissance, la distinction entre un rite et un usage n’a pas été officiellement établie par l’Église dans sa loi ; il s’agit donc uniquement de mon point de vue sur la question.

    Pour des raisons de clarté, les variantes d’un même rite devraient, à proprement parler, être appelées des usages, comme l’usage de Sarum [NDT : la liturgie de l’Église de Salisbury, qui était la plus répandue en Angleterre avant la Réforme protestante] ou l’usage carmélitain ; c’est ainsi qu’elles étaient le plus souvent appelées avant la réforme tridentine. Par exemple, on lit sur la page de garde du Missel de Sarum : « Missale ad usum insignis ecclesiae Sarisburiensis – le Missel selon l’usage de la célèbre église de Salisbury ».

    Le frontispice d’un missel de Sarum imprimé à Paris en 1555.

    Il est vrai que même avant le concile de Trente, il y avait une certaine confusion entre ces termes, et que « rite » était parfois employé au lieu de « usage » ; après Trente, le terme « usage » est devenu rare. La terminologie n’a certainement jamais été uniforme, et de nombreux livres liturgiques n’utilisent aucun des deux termes, et n’ont qu’un adjectif modifiant les mots « Missel », « Bréviaire », etc. Les Dominicains disaient soit « selon l’Ordre Sacré des Prêcheurs », soit « selon le Rite de l’Ordre Sacré des Prêcheurs ».

    A gauche, le début du Missel pré-tridentin « selon l’usage de la célèbre église de Liège ». À droite, le frontispice d’une édition post-tridentine du « Breviarium Leodiense – Bréviaire de Liège » ; « Leodiensis » est la forme adjectivale du nom de la ville en latin, Leodium. En français, on pourrait le traduire plus littéralement par « Bréviaire Liégeois ».

    Toutefois, si l’on souhaite établir une distinction entre les différentes liturgies d’une part, et les variantes au sein d’une même liturgie d’autre part, tout en conservant une certaine terminologie historique, il semble évident que « rite » est le plus approprié pour les premières, et « usage » pour les secondes. Il serait absurde de décrire les liturgies des églises orientales comme « l’usage byzantin, l’usage copte, etc. » en les comparant à « l’usage romain » ; il s’agit clairement de rites entièrement différents. « Usage », d’autre part, était le terme prédominant pour les variantes du rite romain alors qu’il y avait de nombreuses variantes de ce type célébrées dans toute l’Europe occidentale.

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  • Summorum Pontificum : et si on laissait l’œuvre liturgique de Benoît XVI poursuivre son chemin sans tracasseries cléricales ?

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    Un appel sans ambigüité du Cardinal Sarah sur sa page facebook :

    Sarah images (6).jpg« Dans l'histoire, on se souviendra de Benoît XVI, non seulement comme d’un grand théologien mais aussi comme du Pape de Summorum Pontificum, le Pape de la paix liturgique, celui qui aura construit un pont œcuménique avec l'Orient chrétien à travers la liturgie latino-grégorienne.

    Il restera comme le Pape qui aura eu à cœur la volonté de retrouver les racines chrétiennes et l'unité de l'Europe et se sera opposé au laïcisme vide de sens et à la déstructuration de la culture européenne.

    À partir du Motu Proprio Summorum Pontificum, malgré les difficultés et les résistances, l'Église a entamé un chemin de réforme liturgique et spirituelle qui, bien que lente, est irréversible.

    En dépit des attitudes cléricales intransigeantes d’opposition à la vénérable liturgie latino-grégorienne, attitudes typiques de ce cléricalisme que le Pape François a dénoncé à plusieurs reprises, une nouvelle génération de jeunes a émergé au coeur de l'Église.

    Cette génération est celle des jeunes familles, qui montrent que cette liturgie a un avenir parce qu’ elle a un passé, une histoire de sainteté et de beauté qui ne peut être effacée ou abolie du jour au lendemain.

    L'Église n'est pas un champ de bataille où l'on joue pour gagner en essayant de nuire aux autres et à la sensibilité spirituelle de ses frères et sœurs dans la foi.

    Comme Benoît XVI l'a dit aux évêques français : « Dans l'Église il y a de la place pour tout le monde », parce que nous savons nous traiter avec respect et vivre ensemble en louant le Seigneur dans son Église et en restant dans l'unique vraie foi.

    La crise liturgique a conduit à la crise de la foi. De la même manière, le respect des deux formes ordinaire et extraordinaire de la liturgie latine, nous conduira à un élan missionnaire d'évangélisation, et nous pourrons enfin sortir du tunnel de la crise. »

    https://twitter.com/Card_R_Sarah/status/1413090720097910784?ref_src=twsrc%5Egoogle%7Ctwcamp%5Eserp%7Ctwgr%5Etweet

    JPSC

  • RDC : Décès de Mgr Monsengwo, la disparition d’un pilier du Congo

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    Mgr-Monsengwo.jpgLu ce jour sur le site web de la Libre Afrique, cet éloge funèbre très mérité du Cardinal Laurent Monsengwo, archevêque émérite de Kinshasa, un Congolais de premier plan dont la mémoire honore son cher Pays et la Belgique à laquelle l’unissaient aussi tant de liens :

    "Une des plus grandes figures du Congo indépendant s’est éteinte ce dimanche 11 juillet à Paris. Mgr Laurent Monsengwo, 81 ans, avait été évacué de Kinshasa vers l’Europe le 5 juillet pour des soins. Si des difficultés de santé l’avaient éloigné, ces dernières années, des prises de position publiques, il reste, pour de nombreux Congolais, une référence morale primordiale.

    Ce brillant intellectuel fut le premier Africain docteur en exégèse (1971). Le premier Africain secrétaire spécial d’un synode des évêques (2008). En 2012, il copréside avec Benoît XVI le synode sur la nouvelle évangélisation. Membre de diverses sociétés savantes, il parlait sa langue maternelle, le kisakata, ainsi que le lingala (lingua franca de l’ouest du Congo), le swahili (idem pour l’est), le français, l’italien, l’allemand, l’anglais, le néerlandais, l’hébreu moderne, l’espagnol et le portugais ; il avait aussi “appris l’hébreu ancien, le grec, l’araméen, le syriaque et le latin” (1). Il a composé une dizaine de pièces pour orgue mais se défendait d’être, pour les jouer, autre chose qu’“un dilettante quelque peu formé” ; ce goût pour la musique classique européenne ne l’empêchait pas d’apprécier les grandes vedettes de la musique populaire congolaise – Rochereau, Franco, Kabasele ou Simaro.

    Mgr Monsengwo : « Félix Tshisekedi aurait dû reconnaître sa claire et nette défaite »

    Ses capacités intellectuelles et sa rigueur morale lui donnaient une sûreté de soi qui faisait défaut à nombre de ses interlocuteurs, hommes de pouvoir dont la plupart n’étaient, à ses yeux, que “des invertébrés”, girouettes reniant leur signature avant que l’encre ait séché sur le document. Elles ont contribué à donner à ce prélat à la voix douce, démentie par un visage sévère, un rôle politique essentiel pour le pays.

    Une famille de chefs du Maï Ndombe

    Laurent Monsengwo est né le 7 octobre 1939 près d’Inongo (Maï Ndombe, ex-Bandundu, ouest du pays), dans une famille de chefs des Basakatas “connus pour leur endurance et leur obstination” (1). Son père était charpentier et menuisier à la Forescom, une entreprise belge, et accroissait ses revenus en construisant des meubles après le travail. De quoi subvenir aux besoins de la famille, très chrétienne, qui comptera huit enfants, dont six garçons ; “nous étions une famille heureuse”, dira le prélat.

    Il fait ses études secondaires au petit séminaire de Bokoro et trois années de philosophie au grand séminaire de Kabwe, après lesquelles ce brillant élève est envoyé à Rome étudier la théologie ; il y est ordonné prêtre en 1963. Il deviendra le fils adoptif de Gaston Leysen et son épouse, des Anversois chez qui le jeune Congolais logera pendant ses études, dans les années 60.

    En 1980, Jean-Paul II le fait évêque et, huit ans plus tard, Mgr Laurent Monsengwo est archevêque de Kisangani ; il deviendra celui de Kinshasa en 2007, charge qu’il laissera à Mgr Fridolin Ambongo en 2018. En 2010, Benoît XVI le fait cardinal.

    Laurent Monsengwo a aussi été secrétaire général puis, par deux fois, président de la Conférence épiscopale du Zaïre ; président du Symposium des Conférences épiscopales d’Afrique et Madagascar ; président de Pax Christi International. Il représentait l’Afrique dans le collège des neuf cardinaux nommés par le pape François pour travailler à la réforme de la Curie.

    Hors du Zaïre, toutefois, c’est son irruption sur la scène politique qui le fera connaître du grand public.

    À partir des communautés ecclésiales de base

    En 1990, l’archevêque de Kisangani est la cheville ouvrière du mémorandum de l’Église adressé au président Mobutu et demandant, en définitive, un changement de régime. Les prélats jugent en effet de leur devoir de prendre position “lorsqu’un système de gouvernement est entaché dans ses principes ou traduit, dans ses structures et moyens d’action, des normes contraires au bien commun et aux droits de l’Homme”. L’Église en est venue à ces positions en développant, depuis quelques années, notamment sous l’impulsion de Laurent Monsengwo, les communautés ecclésiales de base – confiées à des laïcs locaux – pour approfondir la foi des chrétiens et organiser la solidarité dans les villages.

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  • Messe traditionnelle : le pape voudrait revenir sur les ouvertures de Benoît XVI

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    De Jean-Marie Guénois sur le site du Figaro via "Pour une école libre au Québec" :

    Le pape François veut réduire l'influence des traditionnalistes en revenant sur les ouvertures de Benoît XVI

    Quatorze ans après la décision de son prédécesseur de libéraliser la messe en latin, le pape argentin envisage de restreindre son application pour réduire l’influence des traditionalistes.

    Le 7 juillet 2007, Benoît XVI avait ouvert un nouvel horizon à la liturgie traditionnelle. Dans un décret devenu célèbre, le motu proprio Summorum pontificum, il accordait une place nouvelle à l’« ancienne messe » alors qu’elle avait été marginalisée par le concile Vatican II (1962-1965).La liturgie traditionnelle dans l’Église ne lésine pas sur l’encens. Ses volutes légères et profondes veulent exprimer un mystère. Un autre mystère plane toutefois sur l’avenir de cette tradition connue sous le nom de « messe en latin ». François pourrait en limiter l’usage. Benoît XVI avait pourtant redonné ses lettres de noblesse à cette liturgie. Nuage fugitif ou orage annoncé ?

    « Extraordinaire » et « ordinaire » Le pape allemand reconnaissait la pertinence de la messe dite de saint Pie V, telle qu’elle était dite avant ce concile en lui conférant un statut pérenne, celui de rite « extraordinaire ». Il demeurerait à côté du rite « ordinaire », celui de la messe dite de Paul VI. Non comme une alternative pour tous les catholiques, mais comme une possibilité pour les fidèles demandeurs. Il suffisait qu’un « groupe stable de fidèles attachés à la tradition liturgique antérieure » se signale au curé de la paroisse pour que celui-ci « accueille volontiers leur demande », sans recourir à l’autorisation de l’évêque. Benoît XVI attendait des deux formes du rite de l’Église latine, « extraordinaire » et « ordinaire », qu’elles vivent un « enrichissement mutuel ». Quelques mois plus tôt, dans une tribune collective publiée dans Le Figaro, des personnalités tels que le philosophe René Girard, le chef d’entreprise Bertrand Collomb, les comédiens Jean Piat et Claude Rich ou encore l’historien Jean-Christian Petitfils appelaient de leurs vœux cette décision pontificale.

    Cette libéralité pourrait avoir vécu. Le pape François lui-même a révélé le 24 mai dernier à Rome, aux évêques italiens réunis à huis clos, que la révision du motu proprio de Benoît XVI ne tarderait pas. De fait, ce projet, toujours tenu secret, en est à sa troisième version. Plusieurs sources fiables indiquent que cette révision ne remettrait pas en cause la reconnaissance du rite de saint Pie V à titre « extraordinaire ». Il ne toucherait pas davantage aux associations religieuses de prêtres constituées et concernés par ce rituel. Serait en revanche visé le libéralisme du motu proprio de Benoît XVI : ce serait désormais l’évêque local, et non plus les fidèles, qui contrôlerait le droit de célébrer selon le rituel extraordinaire. Second axe de révision : au Vatican, les « traditionalistes » — ainsi sont-ils dénommés dans l’Église — ne dépendraient plus d’une structure ad hoc abritée au sein de la Congrégation pour la doctrine de la foi qui protégeait de facto les entités traditionalistes.

    La sphère traditionaliste

    À l’avenir, toute question non soluble par l’évêque local serait traitée, selon la nature du sujet, au sein des congrégations vaticanes compétentes : évêques, clergé, liturgie, qui sont les « ministères » romains spécialisés du gouvernement de l’Église. Le dossier traditionaliste ne serait plus un cas à part.

    Quand cette révision sera-t-elle publiée ? Selon nos informations, la version finale aurait été validée pour une sortie imminente.

    Que représente la sphère traditionaliste en France ? Une enquête de l’épiscopat vient de recenser « un à deux » lieux de cultes par diocèse accueillant « moins de 100 fidèles », voire « entre 20 et 70 ». Soit 20 000 personnes au mieux. Le mensuel de référence en ce domaine, La Nef, vient de publier dans son dernier numéro une enquête complète, estimant ces pratiquants entre 31 000 et 51 000 fidèles. En ajoutant ceux qui désireraient aller à ces messes mais qui habitent trop loin, il estime « les fidèles tradis à environ 60 000 personnes ». Avec de fortes disparités régionales et la présence de bastions comme Versailles, qui représente 10 % de ce chiffre. Le choix pour le rite tridentin, 250 lieux de culte en France, attirerait, selon cette source, 4 % des pratiquants. Sans compter les fidèles de la Fraternité Saint-Pie-X (les « lefebvristes »), qui compteraient 35 000 fidèles en France. Au total, un poids loin d’être négligeable.

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  • Une brève histoire des catholiques traditionnalistes...

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    ... est retracée par Yves Chiron sur le site de la Nef :

    Brève histoire des traditionalistes

    L’histoire du traditionalisme ne commence pas avec le concile Vatican II. On pourrait remonter à la célèbre exhortation du pape saint Pie X dans la Lettre apostolique condamnant le Sillon, en 1910 : « Les vrais amis du peuple ne sont ni révolutionnaires ni novateurs mais traditionalistes. » Mais depuis le concile Vatican II, le traditionalisme a pris des visages nouveaux et très diversifiés.

    Le terme lui-même est contestable. La dénomination « catholique traditionaliste » est presque un pléonasme, tant il est vrai que tout catholique cohérent doit se reconnaître héritier de la Tradition. Le concile Vatican II (1962-1965), dans la constitution Dei Verbum, a rappelé que par la Tradition reçue des Apôtres « l’Église perpétue dans sa doctrine, sa vie et son culte et elle transmet à chaque génération, tout ce qu’elle est elle-même, tout ce qu’elle croit ».

    Lire la suite sur le site de La Nef

  • Le latin proscrit à Saint-Pierre de Rome?

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    De Jeanne Smits sur son blog :

    30 juin, 2021

    Saint-Pierre de Rome : on célébrera en vernaculaire, haro sur le latin

    L’étau se resserre sur la “Messe en latin” à la basilique Saint-Pierre de Rome. Le blog éponyme, Missa in latino, vient de publier la lettre envoyée au nom du cardinal archiprêtre de la basilique, le cardinal Mauro Gambetti, par le secrétaire de ce dernier, Mgr Franco Camaldo.

    Cette lettre indique que dès ce jour, fête de saints Pierre et saint Paul, les messes célébrées dans la basilique seront (c’est un ordre) en italien,  et les lectures et prières des fidèles « dans les différentes langues vivantes ». Le latin n’est conservé que pour le Kyriale et le Pater noster.

    L’office « pourra » être célébré en italien, quoique sur la mélodie grégorienne, seuls l’Hymne, l’Antienne, le Benedictus, le Magnificat et le Pater étant alors conservés en latin, et ce dès que les livrets ad hoc auront été imprimés.

    L’impression générale laissée par la lettre est celle d’une chasse ouverte contre le latin. On voit mal d’ailleurs comment, dans ce cadre voulu par le tout jeune cardinal nommé par le pape François, la liturgie tridentine pourrait trouver sa place dans la basilique Saint-Pierre.

    Ci-dessous, ma traduction de travail de la lettre de Mgr Camaldo.

    La lettre de Mgr Camaldo aux chanoines du chapitre,
    portée à l'attention du public par Missa in Latino

    Vatican, le 28 juin 2021 
    Vigile de la solennité des Saints Apôtres Pierre et Paul
     
    Chers Confrères 
     
    Lors de la réunion du Chapitre du 9 juin, un certain nombre d'idées, d'évaluations et de mesures à prendre en conséquence ont émergé concernant les célébrations du Chapitre dans notre basilique vaticane. 
     
    Compte tenu de ce qui a été proposé et après mûre réflexion, Son Éminence le Cardinal Archiprêtre me charge de communiquer ce qui suit : 
     
    À partir du 29 juin, les célébrations eucharistiques capitulaires suivront la procédure déjà en vigueur lors des célébrations papales, à savoir : la Sainte Messe sera célébrée en italien, les lectures et la prière des fidèles dans les différentes langues vivantes, et les parties fixes - Kyrie, Gloria, Sanctus, Pater et Agnus - en latin. Pour les hymnes, le préfet de la chapelle musicale et le chef de chœur décideront de la meilleure façon de procéder. Par la suite, la célébration de la Liturgie des Heures pourra également être célébrée en italien, en conservant la mélodie grégorienne, et en conservant certaines parties en latin : Hymne, Antienne, Benedictus, Magnificat et Pater : mais cela se fera dans un avenir proche, en tenant compte du temps nécessaire à la préparation des livrets.
     
    Il faudra réfléchir plus avant quant à la possibilité et aux modalités de mise en œuvre des rendez-vous quotidiens de la prière ligurgique par les membres du Chapitre : concélébration de la Sainte Messe à 7h30 suivie de la récitation des Laudes, et de même concélébration de la Sainte Messe à 17h00 suivie de la récitation des Vêpres. Ces célébrations - naturellement dans le style le plus sobre - pourraient avoir lieu dans la chapelle du Chœur, avec la participation des fidèles également.
     
    Son Éminence convoque également l'Assemblée des chanoines du Vatican pour le mercredi 7 juillet à 16h30, précédée de la célébration des vêpres (à la manière de Tierce du dimanche), dans la chapelle du chœur. 
     
    Je profite de l'occasion pour vous présenter mes meilleurs vœux pour la solennité de saint Pierre et mes salutations les plus cordiales. 
     
    Monseigneur Franco Camaldo
    Secrétaire
  • Dijon : vers une guerre liturgique ?

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    D'Odon de Cacqueray sur le site de l'Homme Nouveau :

    Dijon, préface d'une nouvelle guerre liturgique ?

    Dijon, préface d'une nouvelle guerre liturgique ?

    Après 23 ans de présence dans le diocèse de Dijon, la Fraternité Sacerdotale Saint-Pierre (1) n’y est plus la bienvenue. Mgr Minnerath, archevêque du lieu, a signifié le 17 mai aux prêtres et à leur supérieur l’abbé Benoit Paul-Joseph qu’il se passerait de leurs services à partir du mois de septembre. L’association des « Amis de la basilique de Fontaine-lès-Dijon »(2) a été avertie de son côté qu’elle n’aurait plus de raison d’être une fois les prêtres partis. 

    En choisissant de ne pas renouveler la collaboration qui existe depuis 1998, l’évêque est dans son droit. Des fidèles attachés à la célébration de la forme extraordinaire du rite romain (FERM), assurée par la Fraternité Sacerdotale Saint-Pierre (FSSP), ont été tout de même surpris par cette annonce. Il est rare qu’un diocèse s’estime assez riche en prêtre pour se passer des services de certains d’entre eux. Pourquoi Mgr Minnerath a-t-il pris cette décision ? Il n’avait jusqu’ici jamais eu à se plaindre des prêtres présents, il les a même remerciés à plusieurs reprises pour le ministère qu’ils effectuaient. Alors quels sont les dessous de cette éviction ?

    De nombreux commentaires d’incompréhension ont été postés sur la page Facebook du diocèse suite à l’annonce du départ des prêtres de la FSSP. Ces derniers, dans leur lettre d’information du mois de juin à destination de leurs fidèles dijonnais, parlent d’une décision « profondément injuste » et s’étonnent de l’absence de concertation préalable. Une première réunion est organisée le 28 mai entre l’évêque et des fidèles, les prêtres n’y sont pas conviés. Il en ressort beaucoup de flou, les fidèles présents ont eu le sentiment d’être reçus mais pas écoutés. Ils déplorent les réponses évasives à leurs questions. Les premiers articles de presse publiés sur le sujet suscitent un premier communiqué public sur le site du diocèse, le 8 juin dernier. Le diocèse (il n’y a pas de signature) y explique que la mutation d’un des prêtre, l’abbé Paris, « a poussé le diocèse à assurer désormais le ministère auprès du groupe de fidèles attachés au Missel dit de Saint Pie V. » La Fraternité Sacerdotale Saint-Pierre proposait pourtant de remplacer l’abbé sortant. Le même communiqué précise que les célébrations de la messe dans la forme extraordinaire du rite romain, et l’accès plus général à tous les sacrements, continueront par le biais de prêtres diocésains. Pour les autres services (catéchisme, scoutisme, aumôneries diverses, patronages, etc.), les fidèles sont invités à se tourner vers les paroisses voisines. Dans sa conclusion, le diocèse précise : « Le fait de confier maintenant les fidèles à des prêtres diocésains ne fera que renforcer leur communion avec l’Église diocésaine »,  étant précisé que « le changement proposé par le diocèse n’a pas d’autre but que de renforcer l’unité ecclésiale dans le respect des sensibilités légitimes. » L’incompréhension grandit chez les fidèles qui ignoraient jusqu’alors que leur communion avec l’Église diocésaine n’était pas suffisante. Le choix liturgique de ces fidèles est-il réellement respecté ? Certains d’entre eux nous ont confié leurs doutes à ce sujet. Ils soulèvent d’ailleurs des questions importantes : dans quelle mesure des prêtres diocésains, que chacun sait déjà très occupés, vont-ils pouvoir assurer en plus de leurs missions habituelles celles que remplissaient les prêtres de la FSSP ? Obliger des prêtres qui n’ont pas l’habitude de célébrer la messe dite de saint Pie V va-t-il permettre un déploiement de la liturgie similaire à celui assuré par les prêtres de la FSSP ? 

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  • Fin du sacré, fin de la civilisation ?

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    Un échange entre Michel Onfray et Patrick Buisson où il est question de la perte du sacré et de la spiritualité :

    Fin de civilisation ?  Sur le même sujet, un commentaire de Gérard Leclerc extrait du site web de "France Catholique" :

    "Le cardinal De Kesel, archevêque de Bruxelles-Malines, vient de publier un essai sur la situation des chrétiens dans une société qui n’est plus chrétienne (Foi & religion dans une société moderne, Salvator). Faute de l’avoir lu, je ne me permettrai pas d’interpréter sa pensée. Je m’interroge néanmoins sur l’analyse qu’il peut faire de cette société. S’il lui accorde des crédits, quels sont-ils ? Peut-être ses jugements sont-ils accordés à la complexité du monde actuel. Mais je me pose tout de même une question. Signale-t-il le basculement spirituel, moral, d’une civilisation qui, de chrétienne, est devenue a-chrétienne ? Un Chesterton, un Bernanos étaient particulièrement sensibles à un tel basculement, car pour eux, un monde qui avait perdu le sens de Dieu, était mûr pour les pires déviations.

    Athéisme et christianisme

    Ce qui me frappe, aujourd’hui, c’est que ce sont le plus souvent des non-chrétiens, ou des gens éloignés de la pratique religieuse, qui se montrent les plus attentifs au caractère judéo-chrétien de notre civilisation et à la perte irréparable que constitue le naufrage de cet héritage. Le cas de Michel Onfray est particulièrement significatif. Il a commencé sa carrière philosophique à l’enseigne d’un athéisme revendiqué et d’une déconstruction du christianisme. Et voilà qu’il déclare dans Le Figaro du 18 juin : « Je regrette le déclin de la civilisation judéo-chrétienne, je me bats pour elle.  » . De ce déclin, il nous offre une analyse qui fait plus que froid dans le dos et qui devrait singulièrement alerter tous ceux qui, du côté chrétien, chantent les louanges de notre bel aujourd’hui. Le mieux est de le citer longuement.

    «  La fin du sacré tuile avec la prochaine civilisation qui sera probablement post-humaniste. Rien ne pourra moralement interdire son avènement qui s’effectue avec d’actuelles transgressions qu’aucune éthique, aucune morale ne saurait arrêter. L’intelligence artificielle qui crée des chimères faites d’humain et d’animaux, la marchandisation du vivant, l’abolition de la nature naturelle au profit de l’artifice culturel, constituent une barbarie qui, un jour, sera nommée civilisation, car toute civilisation nouvelle est dite un jour barbare par les témoins de ceux qui voient la leur s’effondrer. Nous sommes dans le temps nihiliste du tuilage qui tuile la décomposition et le vivant (…). Eu égard à ce qui nous attend, et en regard de l’idéologie “woke“ qui travaille à l’avènement de ce nouveau paradigme civilisationnel, bien sûr que je regrette la civilisation judéo-chrétienne. Pour l’heure, je me bats pour elle.  »

    Le rôle des non-chrétiens

    Voilà qui contraste avec les complicités des chrétiens qui saluent sans regrets «  feu la chrétienté  ». Faut-il donc un non-chrétien pour mesurer les dégâts irréversibles d’une mutation de civilisation ? Peu importe que je sois en désaccord avec Michel Onfray sur la cause de ce décrochage. Cause qu’il attribue à une Renaissance qui annoncerait les Lumières. Érasme et Pic de la Mirandole sont des génies chrétiens qui attestent combien l’humanisme post-médiéval ne va pas sans un ressourcement aux origines chrétiennes. Fides et ratio marchent de concert. Mais le problème actuel n’est pas là. Il réside dans une déshumanisation consécutive à une déchristianisation. « Ôtez le surnaturel, écrivait Chesterton, et il ne reste plus que ce qui n’est pas naturel. »

    JPSC

  • Les catholiques traditionnels vont connaître des temps difficiles

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    La Lettre de Paix liturgique (lettre 805 du 28 Juin 2021) :

    LES ENNEMIS DE SUMMORUM PONTIFICUM VEULENT LA GUERRE 

    « Vous allez avoir un nouveau Motu proprio dans les prochains jours ou semaines », a dit le 26 juin Mgr Minnerath, archevêque de Dijon aux fidèles de la messe traditionnelle venus manifester devant l’évêché leur mécontentement. » Mais avant même la parution de ce texte, si tant est qu’il soit bien publié, les témoignages sur les intentions des ennemis du précédent motu proprio, celui de Benoît XVI se multiplient :

    . Ainsi, le Cardinal Parolin, Secrétaire d’État, a affirmé devant un groupe de cardinaux : « Nous devons mettre fin à cette messe pour toujours !»

    . Et Mgr Roche, nouveau Préfet de la Congrégation du Culte divin, a expliqué en riant à des responsables de séminaires de Rome et des membres de la Curie, tous anglophones : « Summorum Pontificum est pratiquement mort ! On va redonner le pouvoir aux évêques sur ce point, mais surtout pas aux évêques conservateurs ».

    Il faut par ailleurs savoir que Mgr Minnerath, qui a ouvert les hostilités contre la communauté traditionnelle de Dijon, est membre de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi et se retrouve de ce fait tous les mois à Rome, immergé dans les milieux de la Curie qui ont préparé l’offensive contre Summorum Pontificum.  

    Le motu proprio Summorum Pontificum de Benoît XVI de 2007 était un compromis qui établissait ingénieusement une coexistence entre la messe de Paul VI et la messe tridentine, autrement dit, c’est vrai, entre l’eau et le feu. Il reste que la paix instaurée a été largement plébiscitée par le peuple chrétien, qu’il assiste ou pas à la messe ancienne, comme l’on démontré tous nos sondages.

    On sait, depuis que le pape en a parlé à la Conférence des Évêques d’Italie le lundi de Pentecôte, que le texte nouveau réduira la possibilité des prêtres diocésains de célébrer la messe traditionnelle. En outre, des mesures devraient intervenir pour conduire les prêtres des instituts Ecclesia Dei à célébrer aussi la messe nouvelle et pour faire entrer tant cette messe nouvelle que le magistère conciliaire dans la formation donnée dans les séminaires de ces communautés.

    Les partisans de la réforme liturgique ont pris conscience de l’importance du monde traditionnel

    L’exaspération, qui anime les partisans de la réforme liturgique devant l’opposition qu’ils ont rencontrée depuis l’origine, a été ravivée avec l’arrivée du pape François. Elle ne cesse de croître au fur et à mesure que le temps passe et que le pontificat va logiquement vers son achèvement : il faut en finir au plus vite avec cette opposition au Concile à laquelle le pape Benoît XVI avait donné un espace de liberté liturgique.

    L’offensive a été menée par un groupe de pression à la Curie et chez les évêques italiens qui s’est employé à faire comprendre aux décideurs romains que les deux messes en présence, la messe traditionnelle et la messe nouvelle, représentaient deux états doctrinaux incompatibles : celui de Vatican II et celui d’avant Vatican II. La grande idée d’Andrea Grillo, professeur de liturgie à l’Université romaine Saint-Anselme, est que Summorum Pontificum a introduit un état « d’exception liturgique » aberrant, qui met la liturgie traditionnelle et la liturgie nouvelle sur un pied d’égalité, ce qui est monstrueux et insupportable*.

    En outre, ces conciliaires purs et durs ont fini par comprendre que le monde traditionnel, avec ses prêtres, ses fidèles, ses œuvres, ses écoles, qu’ils affectaient de considérer comme marginal et méprisable, représente en réalité un poids non négligeable, d’autant que le monde conciliaire quant à lui s’épuise et s’étiole toujours plus.

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  • Dijon : manifestation des fidèles de Saint-Bernard (FSSP)

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    Lu ce dimanche 27 juin sur le site web « riposte catholique » :

    Ce matin, entre 10h et midi près de 200 fidèles de Saint Bernard de Dijon se sont réunis devant l’archevêché pour prier et supplier l’archevêque de revenir sur sa décision d’expulser les prêtres de la FSSP du diocèse après 23 ans de présence.

    L’archevêque est sorti et a maintenu sa position, allant jusqu’à dire “l’unité, c’est moi“. Il s’est vu répondre “vous aviez l’union, vous avez semé la scission et la division, l’unité, c’est Dieu”.

    Un manifestant a rappelé les propos de Mgr Schneider ce 25 juin en conférence à Paris : L’église n’est pas une dictature. Le Pape n’est pas un Roi, il ne peut dire l’Eglise c’est moi comme Louis XIV a pu dire L’état c’est moi.

    Mgr Schneider continuait d’ailleurs : Les fidèles, les prêtres ont le droit à la liturgie de tous les saints et de tous les temps. S’attaquer à cette messe est un abus”.

    Bien que campé sur sa position – exiger des prêtres de la Fraternité sacerdotale Saint Pierre qu’ils concélebrent “en signe de communion”, “sinon ils n’ont qu’à s’en aller“, une exigence qualifiée de “chantage” par les fidèles et qui témoigne d’une fragilisation croissante de la position de l’archevêque, apparu isolé et esseulé – il a néanmoins donné sa bénédiction en Latin aux fidèles.

    Après le départ de l’archevêque, chants et prières ont continué. Un fidèle a conclu par la parabole des amis importuns : “nous demandons notre pain spirituel, nous avons confiance (…) Tradidi quod accepi, j’ai transmis ce que j’ai reçu, nous demandons à continuer de faire l’expérience pleine et entière de la Tradition”.

    Ref. Dijon : manifestation des fidèles de Saint-Bernard (FSSP)

    La guerre des deux messes, apaisée sous le règne de Benoît XVI (motu proprio Summorum Pontiticum, 2007) va-t-elle reprendre sous celui de son turbulent successeur : en route vers une autre guerre de cent ans ?

    JPSC

  • Le sentimentalisme, venin de la liturgie

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    Il faut le dire sans ambages : le principal venin qui empoisonne la vie ecclésiale en général et la liturgie en particulier à notre époque, c’est le sentimentalisme. Le sentimentalisme aujourd’hui s’immisce partout, s’infiltre partout, déforme tout, défigure tout. Au cours de l’immense majorité des célébrations, c’est le sentimentalisme qui imprègne les chants, l’attitude des ministres comme des fidèles, les choix « décoratifs », les manières de prier, de proclamer la Parole de Dieu, etc. A la racine du sentimentalisme –qui réduit la vertu théologale de foi en un vague «sentiment religieux»- il y a cette erreur profonde voulant que l’acte de croire repose uniquement sur le « ressenti », par nature subjectif, de nature purement émotionnelle, et marqué par l’instabilité. C’est ce que souligne opportunément le site web « Pro Liturgia » dans un article paru ce 26 juin 2021 

    « On n’insistera jamais assez sur le fait que le sentimentalisme est la grande maladie qui ronge et corrompt la foi et la spiritualité dans le monde catholique d’aujourd'hui.

    Le sentimentalisme consiste à réduire la vertu théologale de foi à n’être plus qu'un « sentiment religieux », c’est à dire un « ressenti » ou un ensemble d’émotions plus ou moins fortes et variables non seulement d’une personne à une autre mais, au sein d'une même personne, d’un moment à l’autre. C’est ce qui explique qu’il n’y a plus aujourd'hui deux paroisses où la liturgie est célébrée de la même manière ; c’est ce qui explique que les célébrations soient envahies de chants sirupeux et mièvres qui plaisent à certaines catégories de fidèles mais qui en révulsent bien d’autres. Partout, c’est le règne de l’éphémère, de l’arbitraire, du relatif, du subjectif, de l’émotionnel, de la « pieuserie sucrée ». Il semble que les catholiques soient devenus totalement incapables de fonder leur spiritualité sur quelque chose de solide, de pérenne, de réellement et durablement nourrissant et, surtout, sur quelque chose d’objectif, de vrai.

    Que l’on ne s’imagine surtout pas que ce sentimentalisme ne touche que les catholiques étiquetés « progressistes » - qui ne sont d’ailleurs plus guère nombreux parmi les fidèles -. Le sentimentalisme touche tout le monde, même des catholiques réputés « conservateurs », voire « traditionalistes ». Mais il faut se poser la question : d’où vient cette invasion généralisée de sentimentalisme ?

    La racine du problème, loin de remonter simplement à la période post-conciliaire, est en réalité bien plus ancienne : elle a sa source dans une crise d’ordre anthropologique.

    En effet, pour les Anciens - c’est-à-dire pour les premiers chrétiens et toutes les générations qui se sont succédé jusqu’au bas Moyen-Âge, l’homme est un composé de trois réalités, unies mais distinctes : un corps, une âme, et un esprit. Cette réalité se fondait sur la vision chrétienne de l’homme telle qu’elle est exposée par S. Paul dans sa première épître aux Thessaloniciens : « Que le Dieu de la paix lui-même vous sanctifie tout entiers ; que votre esprit, votre âme et votre corps, soient tout entiers gardés sans reproche pour la venue de notre Seigneur Jésus Christ. » (1 Th. 5, 23)

    On a oublié que les animaux, eux aussi, ont une « âme » psychique : l’âme se dit « anima » en latin, ce qui a donné le mot « animal ». Tout être animé a une âme, c’est-à-dire une vie psychique. L’homme est un animal, mais il est aussi et surtout bien plus que cela : il est le seul animal spirituel de la Création, c’est-à-dire que c’est en lui insufflant un esprit que Dieu, qui « est Esprit » (Jean 4, 24) l’a créé à Son image (Gn 1, 26). Or, chez certains auteurs chrétiens, surtout en Occident à partir du Moyen-Âge déclinant (XIIIe siècle), cette très riche anthropologie ternaire s’est progressivement appauvrie en se transformant en un simple dualisme corps-âme. Certes, on a continué à distinguer « âme psychique » et « âme spirituelle », mais peu à peu la distinction entre ce qui relève de la « psychè » (l’âme psychique) et le « pneuma » (l’esprit) s’est affaiblie jusqu’à disparaître totalement des esprits.

    Cet obscurcissement de la doctrine anthropologique traditionnelle a eu deux conséquences majeures : l’une, très tardive et contemporaine, qui est que l’on ne voit plus clairement ce qui fait le propre de l’homme par rapport aux autres animaux, surtout à une époque où l'on découvre - ou où l’on re-découvre - que les animaux ont eux aussi une vie psychique, des sentiments, des émotions, etc. L’autre, beaucoup plus ancienne, qui est la confusion grandissante entre ce qui relève du psychique et ce qui relève du spirituel. Ceux qui étudient l’histoire de l’art sacré savent qu’une nette inflexion a lieu dans l’art religieux à partir de la fin du XIIIe siècle, et de manière croissante jusqu’à la Renaissance et les siècles suivants. Alors qu’auparavant l’art sacré se voulait la manifestation, par la médiation du symbolisme et du hiératisme intemporel, de vérités théologiques éternelles et objectives, il ne devient à partir de cette époque plus que l’expression du « sentiment religieux » de l’artiste et des modes religieuses subjectives de chaque époque. On prend pour une expression spirituelle authentique ce qui n’est en réalité qu’expression des affects et des émotions. On prend le psychique pour le spirituel. Les émois subjectifs naturels remplacent la foi conçue comme vertu théologale surnaturelle.

    Comme par hasard, cette même période correspond au moment où l’office divin chanté en communauté est remplacé par les dévotions privées, où le grégorien - chant théologique objectif par excellence - disparaît pour laisser la place à des pièces de polyphonie de plus en plus mièvres et compassées et théâtrales qui déjà annoncent les chansonnettes sirupeuses simili-liturgiques d’aujourd’hui. C’est aussi le moment où la très riche théologie biblique et patristique, fondée sur les données objectives de l’Écriture sainte et de la Tradition, et inscrite dans les rythmes du cosmos, laisse la place à une piété uniquement sentimentale et subjective versant tantôt dans le dolorisme le plus morbide, tantôt dans la mièvrerie la plus compassée.

    Il faut le dire clairement : une spiritualité qui n’est plus fondée que sur la confusion entre le psychique et le spirituel, et donc sur le sentimentalisme, n’est plus qu’une spiritualité gravement corrompue et frelatée et relève, en définitive, d'une fausse religion dont nos liturgies actuelles sont la parfaite illustration.

    Pour revenir à une religion vraie et à une spiritualité vraiment authentique, il est donc indispensable, d’une part, de revenir à l’anthropologie paulinienne fondée sur une claire distinction entre les dimensions corporelle, psychique et spirituelle de l’homme ; et d'autre part, de nourrir à nouveau la vie spirituelle des fidèles avec une piété qui soit vraiment, vraiment, vraiment liturgique, c’est-à-dire à la fois traditionnelle et biblique, fondée sur la spiritualité des psaumes ; c’est-à-dire nourrie des données objectives de l’Écriture sainte reçue et interprétée dans la Tradition pérenne de l’Eglise ; c’est-à-dire s’exprimant à travers les rites approuvés par l’Église et non les fadaises de tel célébrant - fût-il évêque - ou les pitreries pastorales de tel groupe de « laïcs en responsabilité ».

     JPSC