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Livres - Publications - Page 100

  • Selon Annie Laurent, les chrétiens d’Orient ont besoin de se réapproprier leur vocation

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    Du site du journal "L'Orient - Le Jour" :

    Annie Laurent : Les chrétiens d’Orient ont besoin de se réapproprier leur vocation

    ESSAI

    Pour l’essayiste, « le modèle libanais dépend du maintien d’une influence réelle de ses chrétiens sur les institutions et la culture ».

    Rien n’arrêtera Annie Laurent dans sa défense des chrétiens d’Orient. Depuis Guerres secrètes au Liban (1987), c’est une battante qui consacre d’incalculables conférences, articles, émissions à ce sujet. Elle est de surcroît une spécialiste académique de l’islam. Son essai, Les chrétiens d’Orient vont-ils disparaître ?, s’attaque aux problèmes actuels sociopolitiques et moraux des chrétiens dans un entourage de plus en plus hostile, miné par les guerres pernicieuses où se mêlent les grandes puissances sans connaissance approfondie ni considération des vicissitudes de l’histoire. 

    Il y a plus de 30 ans, vous découvriez le Proche-Orient, auquel vous avez consacré une thèse à l’Université de Paris. Depuis lors, vous êtes reconnue comme une spécialiste de notre région, notamment dans ses composantes religieuses, ce qui vous a valu de participer en tant qu’experte au synode pour le Moyen-Orient (Rome 2010). Votre dernier livre* porte un double titre, qui semble paradoxal. Pouvez-vous nous l’expliquer ?

    Le titre principal, Les chrétiens d’Orient vont-ils disparaître ?, veut attirer l’attention de mes lecteurs en France sur la menace existentielle qui pèse sur l’avenir du christianisme dans son berceau d’origine. Certes, les chrétiens d’Orient suscitent un regain d’intérêt dans mon pays, mais je le trouve trop limité à l’aide humanitaire et à l’approche sociologique. Pour réagir à cette insuffisance, je propose une réflexion en profondeur sur ce que les chrétiens proche-orientaux ont à apporter à leurs sociétés, aussi bien dans les pays arabes qu’en Iran, en Turquie et en Israël. Je dresse un état des lieux sociopolitique actuels dans toutes ces contrées, précédé par l’histoire et l’identité de chaque Église, ainsi que l’explication de leurs options face aux défis redoutables qu’elles affrontent. Ainsi, on n’est pas chrétien de la même manière selon qu’on appartient à telle ou telle communauté ou à tel ou tel pays. Mon intention est de faire comprendre cette complexité ; ce n’est pas suffisant, d’où le sous-titre, Une vocation pour toujours, qui veut encourager l’espérance. Il est essentiel que les chrétiens orientaux reprennent conscience des exigences de leur baptême. En me gardant de juger qui que ce soit et en m’appuyant sur les recommandations émises par Benoît XVI dans son exhortation apostolique Ecclesia in Medio Oriente, j’observe les fragilités qui affaiblissent aussi bien les hiérarchies religieuses que les laïcs : mondanité, amour de l’argent et des apparences, sécularisation, crise de la famille, imitation servile des mœurs occidentales, etc. Mais je suis aussi attentive aux admirables témoignages de sainteté que donnent tant d’Orientaux chrétiens. 

    L’une des causes de l’affaiblissement du christianisme au Proche-Orient ne résulte-t-elle pas de l’insuffisante solidarité entre Églises ?  

    Certainement ! L’unité est primordiale face aux défis auxquels sont confrontés les chrétiens au Levant, ceux-ci en sont de plus en plus conscients, comme le montre la création de structures vouées à la concertation, mais cela ne suffit pas. Les chrétiens ont à se libérer des conditionnements hérités d’une longue histoire tourmentée qui a engendré des mentalités confessionnelles. Je pense d’abord à l’éclatement de l’Église indivise des premiers siècles ; à partir du VIIe siècle, l’irruption de l’islam, profitant de ces divisions, a accru les clivages. Puis, l’instauration de la dhimmitude a poussé de trop nombreux chrétiens à se faire musulmans pour échapper à ce régime humiliant. Quant au millet** mis en place par l’Empire ottoman, il a accru les rivalités et la méfiance des Églises entre elles, dans un rapport malsain à l’autorité musulmane. De la communion entre chrétiens dépend aussi la crédibilité et l’efficacité du témoignage évangélique. Dans mon livre, je décris les progrès accomplis pour relever le défi de l’unité, mais aussi les échecs. Je n’oublie pas que Rome est elle aussi appelée à mieux respecter les particularités orientales pour rassurer les Églises qui sont encore séparées. 

    À l’aune des changements géopolitiques au Proche-Orient, comment voyez-vous les rapports entre les religions qui le composent ? 

    Entre musulmans de diverses obédiences et nationalités, la haine atteint un niveau terrifiant, si bien que l’on peut craindre l’éclatement de la région sur des bases ethniques et confessionnelles. Pour les chrétiens, l’alliance des minorités est un piège si, au nom de la solidarité et de la sécurité, elle conduit à les séparer de leur environnement. Or ce concept est promu au niveau stratégique par les dirigeants d’Israël, qui cherchent chez eux à séparer leurs citoyens arabes, selon qu’ils sont chrétiens ou musulmans. En entrant dans ce jeu, les chrétiens renonceraient à leur vocation missionnaire et médiatrice, privant les non-chrétiens des bienfaits de l’Évangile. Ils ont donc raison de réclamer de tous les États l’adoption du concept de citoyenneté. 

    Le Liban, confronté à l’installation massive de réfugiés étrangers et à l’émigration incessante de ses chrétiens, n’est-il pas menacé dans son identité et sa vocation ? 

    Évidemment... La pérennité du Liban en tant que modèle dépend du maintien d’une influence réelle de ses chrétiens sur les institutions et la culture, ce qui, outre un taux démographique suffisant, exige de leur part une réelle conscience de leurs responsabilités. Ils sont donc appelés à une forme de conversion pour renoncer à des pratiques archaïques en vue de faire prévaloir le bien commun, au bénéfice de tous, et surtout de la paix. Avec sa formule unique, le Liban n’est-il pas le ferment providentiel placé dans la masse et qui doit lever grâce à l’intercession de ses saints ? 

    *Éd. Salvator, 2017. 

    **Nation (sous-entendu confessionnelle).

  • Vient de paraître : le magazine trimestriel « Vérité et Espérance-Pâque Nouvelle », n° 106, printemps 2018

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    Le magazine trimestriel « Vérité & Espérance – Pâque Nouvelle » édité par l’association « Sursum Corda » (responsable de l'église du Saint-Sacrement à Liège) a publié sa livraison du printemps 2018. Tiré à 4.000 exemplaires, ce magazine abondamment illustré parcourt pour vous l’actualité religieuse et vous livre quelques sujets de méditation.Les articles mentionnés en bleu sont disponibles sur le blog de l'église du Saint-Sacrement (cliquez sur les titres ci-dessous pour y accéder).

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    Au sommaire de ce numéro n° 106 (printemps 2018) : 

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    Liturgie au Pays de Liège

    La réception de l’Eucharistie à travers le temps

    Eclipse de Dieu, éclipse de l’homme

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    Rome et le monde : 

    Comment vivre en chrétien dans un monde qui ne l’est pas ?

    Comment notre monde a cessé d’être chrétien

    RDC : une Eglise qui dérange le pouvoir

    Belgique :

    Le débat sur la laïcité est relancé

    De passage à Bruxelles, le Cardinal Sarah pointe les dérives du monde occidental 

     

    Secrétaires de Rédaction : Jean-Paul Schyns et Ghislain Lahaye

    Editeur responsable: SURSUM CORDA a.s.b.l. ,

    Rue Vinâve d’île, 20 bte 64 à B- 4000 LIEGE.

    La revue est disponible gratuitement sur simple demande :

    Tél. 04.344.10.89  e-mail : sursumcorda@skynet.be 

    Les dons de soutien à la revue sont reçus  avec gratitude au compte IBAN:

     BE58 0016 3718 3679   BIC: GEBABEBB de Vérité et Espérance 3000, B-4000 Liège

     JPSC

  • Pape François : une communication chaotique, selon le vaticaniste Sandro Magister

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    Sur son blog « Settimo Cielo », le vaticaniste Sandro Magister publie une réflexion très argumentée relative à la communication estimée chaotique du pape François sur des sujets sensibles concernant la foi et les mœurs. Le site « diakonos.be » en publie la traduction qu’on lira ci-dessous. Il en ressort une image du pontife qui, si elle s’avérait exacte, poserait un vrai problème ou -si elle ne l’est pas- appelle un démenti autorisé et circonstancié. Sandro Magister est spécialiste des questions religieuses au sein de l’un des principaux journaux de la péninsule : « l’Espresso ». Enseignant l'histoire religieuse contemporaine à l’université d’Urbino, Sandro Magister est considéré comme l’un des vaticanistes les plus anciens et les plus fiables. JPSC.

    « En théorie, tous les médias du Vatican devraient travailler main dans la main pour transmettre au grand public l’image fidèle du Pape.

    Mais en pratique, ce n’est pas le cas. La salle de presse du Vatican est prudemment restée à l’écart de l’instrumentalisation ratée d’une lettre privée de Benoît XVI.  Elle a laissé Mgr Dario Edoardo Viganò, le Préfet du Secrétariat pour la communication, se débattre seul dans la tempête et ce dernier n’a été sauvé du naufrage que grâce à la protection du pape qui ne tient décidément pas à se priver de son désastreux « spin doctor ».

    Le Pape, précisément. Parce que François lui-même fait souvent cavalier seul en matière de communication publique, sans prendre la peine de se concerter avec personne.  Et il s’y prend d’au moins trois manières :

    • En disant lui-même ce qu’il veut en public, sans passer par aucun contrôle ni aucune vérification préalable ;
    • En faisant en sorte que d’autres disent en public ce qu’il leur dit dans des entretiens privés ;
    • En recommandant d’écouter des personnes qui disent ce que lui-même ne dit ni en public ni en privé mais qu’il souhaite entendre dire.

    Ces derniers jours, François a eu recours à l’ensemble de ces trois modalités de communication. Avec des effets diversement perturbateurs.

    *

    La première de ces modalités, il l’a utilisée dans l’homélie de la messe du dimanche de Pâques. Il n’a lu aucun texte écrit, parlant à bâtons rompu en italien.  Et pour faire l’éloge des grandes « surprises » que Dieu fait, en particulier l’annonce de la résurrection, voici comment il s’est exprimé : « Pour le dire un peu avec le langage des jeunes : la surprise [de Dieu] est un coup bas  »  (en italique dans la retranscription officielle de l’homélie).

    Sauf que l’expression « coup bas » n’appartient pas au langage des jeunes mais à celui de la boxe. Il désigne un coup décoché sous le ceinture : interdit, répréhensible et qui peut valoir une disqualification.  Un coup vil, en traître.  Une bien mauvaise image pour illustrer l’annonce de la résurrection de Jésus au cours de l’homélie de Pâques place Saint-Pierre.  Il n’en reste pas moins que ce « coup bas » décrit par François a fait mouche dans les médias.  En Italie, il faisait même les titres d’un important journal télévisé du soir.

    *

    La seconde modalité est celle adoptée par François quand il a invité pour un entretien mardi dernier son ami Eugenio Scalfari, fondateur du quotidien « la Repubblica » et figure emblématique de l’intelligentsia laïque italienne.

    Au cours de cet entretien, à l’instar des autres qu’il a déjà eu avec le Pape, Scalfari n’enregistre pas et ne prend pas de notes. Mais il en retranscrit toujours le contenu dans « la Repubblica », avec çà et là quelques omissions et quelques ajouts aux paroles du pape « pour que le lecteur comprenne », comme il l’a lui-même expliqué dans une conférence de presse après la publication du premier compte-rendu.  Et cette fois, il a entre autre attribué à François l’affirmation suivante :

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  • Le Vatican, vérités et légendes

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    Vient de paraitre : Christophe Dickès, Le Vatican, vérités et légendes, Perrin, 270 pages, 13 €. Vu sur le blog « Salon Beige » :

    JPSC

  • Aveuglements

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    Lu sur le site du mensuel « La Nef » :

    Aveuglements 9782204110983-5a868999f0d73.jpgJean-François Colosimo, directeur des Éditions du Cerf, essayiste, a consacré l’ensemble de ses recherches aux métamorphoses contemporaines de Dieu.

    La Nef – Dans un panorama grandiose, votre livre apparaît comme l’une des charges les plus virulentes contre la modernité fille des Lumières : alors que ces Lumières semblent un acquis unanimement loué, que leur reprochez-vous principalement ?
    Jean-François Colosimo – En proclamant la mort de Dieu, les Lumières donnent libre cours au culte de l’humanité autonome, prométhéenne, libre de tout, y compris d’elle-même. La glorification du progrès de demain passe par la liquidation de l’obscurantisme d’hier. À commencer par le fait religieux que les Encyclopédistes transforment en une illusion et une pathologie contraires à l’avènement de la Raison. Ils en dressent une légende noire et lui attribuent le monopole de la violence. Or, la modernité, en divinisant le fait politique, va fabriquer des religions séculières purement mortifères. Voyez Robespierre et la Terreur, Lénine et le Goulag, Hitler et la Shoah : avec la descente apocalyptique du ciel sur la terre, l’homme nouveau et régénéré s’édifie sur l’élimination massive des « dégénérés ». Les totalitarismes sont d’abord des systèmes de croyance absolutisée détournant crédos, icônes et rites pour rasseoir le sacrifice sanglant.

    Dieu n’est donc pas mort, la sortie de la religion est une illusion, dites-vous : mais si cela saute aux yeux dans les pays musulmans où l’islam est bien vivant et même parfois très véhément, qu’est-ce qui vous permet d’affirmer cela pour l’Occident totalement sécularisé ?
    Le réveil du monde musulman nous aveugle pareillement. L’islamisme représente cet « islam des Lumières » moderne et réformé que certains appellent de leurs vœux. En ce sens, les djihadistes sont aussi les enfants des sans-culottes et des bolcheviks. Quant à l’Occident, c’est une fiction. L’Amérique se distingue foncièrement de l’Europe par sa religion civile et impériale : Dieu figure sur le dollar, le président jure sur la Bible, le Capitole est un temple et Thanksgiving un offertoire populaire. Résultat : la mobilisation de la jeunesse au service de guerres lointaines et idéalisées bat son plein. La même Europe qui se veut sécularisée se rêve sans ennemi. Dépourvue d’armée ou de diplomatie comme elle l’est de tout projet symbolique, c’est en fait elle, et non pas le christianisme, qui sort de l’histoire.

    En quoi le concept de « théologie politique » cher à Carl Schmitt est-il un athéisme ?
    Schmitt invente cette notion dans l’entre-deux-guerres pour expliquer pourquoi toutes les idées politiques modernes sont des concepts théologiques laïcisés. Ce qui n’est pas faux. Mais il endosse et naturalise cette mutation au point de se rallier au nazisme tout en se proclamant catholique. Sur un mode allemand, il professe « l’Église de l’ordre » contre la « révolution de l’Évangile ». Il revivifie philosophiquement les hérésies anciennes dans lesquelles il se reconnaît : comme les ariens, il préfère le monothéisme à la Trinité ; comme les manichéens, il suppose une certaine égalité entre le Bien et le Mal ; comme les marcionites, il élude Yahvé et méprise le Juif. Schmitt destitue la théologie de l’histoire, qui repose sur le mystère de la liberté, pour maximaliser la sacralité de la force qui n’est jamais que l’impiété poussée au maximum.

    Parmi les « aveuglements » que vous dénoncez, comment analysez-vous la question du « choc des civilisations », est-ce un mythe ou une réalité ? Et idem pour la mondialisation, quel clivage fondamental révèle-t-elle ?
    Telle qu’exposée par Samuel Huntington, la théorie du choc des civilisations est moins erronée dans l’intuition que fautive dans les développements. Les grands ensembles supposés l’animer ne sont en rien consistants : le « bloc islamique » est traversé par la guerre civile à laquelle se livrent sunnites et chiites tandis que la Grèce, la Roumanie et la Bulgarie se sont dissociées du « bloc slavo-orthodoxe » pour s’associer à l’OTAN contre Moscou. Ce qui veut dire que le choc des civilisations n’empêche pas l’implosion des cultures.
    Quant à la mondialisation, elle est à la fois centripète et centrifuge. Au centre, elle suscite un consommateur unique et identique. À la périphérie, elle provoque un éclatement paroxystique des identités. Plus elle unifie, plus elle nucléarise. Ce n’est pas l’un ou l’autre, mais les deux mouvements en même temps et pour longtemps. C’est aussi pourquoi le « christianisme culturel », en tant que réflexe identitaire et identité reconstruite, ne saurait être confondu avec le sursaut attendu de la foi et dont la France a besoin.

    Propos recueillis par Christophe Geffroy

    Jean-François Colosimo, Aveuglements. Religions, guerres, civilisations, Cerf, 2018, 544 pages, 23 €.

    Cette interview a été publiée dans le n° 302, avril 2018 du magazine.

    Ref. Aveuglements

    Jean-François Colosimo, est un historien, essayiste, théologien, éditeur et enseignant français, auteur de plusieurs livres et films. Il est directeur général des éditions du Cerf, après avoir été président du Centre national du livre de 2010 à 2013. Chrétien orthodoxe, il enseigne depuis 1990 l'histoire de la philosophie et de la théologie byzantine à l’Institut Saint-Serge (Paris).

    JPSC

  • La liturgie au Pays de Liège

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    LA LITURGIE AU PAYS DE LIEGE

    VE PN 106 Etienne de Liège etienne001.jpg

    Lu sur le site web de l’église du Saint-Sacrement à Liège cet extrait de la revue « Vérité et Espérance-Pâque Nouvelle éditée par l'association "sursum corda" :

    « Nous donnons ici, sans son appareil de notes, un chapitre de l'introduction à notre édition du « Missel selon l'ancien rit liégeois prétridentin », qui sera disponible sous peu. (Pour être tenu au courant de la parution, envoyer un simple courriel à : nexuslatin@yahoo.fr.)

    QUELQUES REPÈRES

    DANS L’HISTOIRE DU RIT LIÉGEOIS

    1. Les origines

    Héritière à sa naissance, dès l’aube du viiie siècle, de la liturgie célébrée depuis le ive siècle dans l’antique cité de Tongres, l’Eglise de Liège conserva et développa pendant un millénaire environ son rit propre.

    On cite comme premier évêque de Tongres saint Materne ; il semble que cela doive s’entendre au sens que Tongres relevait de lui en sa qualité d’évêque de toute la Germanie seconde.

    Ce n’est probablement pas avant sa mort que la cité fut érigée en évêché, et saint Servais est le premier pontife dont il soit historiquement bien établi qu’il ait occupé ce siège, aux environs de 340. Sans doute est-ce à lui que le diocèse, dont le centre passera de Tongres à Maastricht puis à Liège, est redevable de sa première organisation et de l’ordonnance de sa tradition liturgique, semée un peu plus tôt, au cours de l’évangélisation par Materne. En dehors de son rôle dans la résistance à l’arianisme, on n’a toutefois guère plus de renseignements sur cet évêque, sinon que son nom, Serbatios, indique une origine orientale.

    Cette maigre information s’inscrit parfaitement dans la ligne de ce que l’on sait par ailleurs des plus anciens vestiges liturgiques des Eglises transalpines : ils révèlent qu’elles ont en commun de s’apparenter à « un type d’inspiration et de forme orientales, introduit en Occident vers le milieu du ive siècle » (H. Leclercq).

    Le souvenir du premier substrat du Missel liégeois s’est vraisemblablement perpétué dans l’appellation « usage de Saint-Materne » dont fut qualifié autrefois le rit primitif de l’ancien diocèse

    2. La touche carolingienne

    VE PN 106 Chrodegang 359_council_bishop.jpg

    Dans la mouvance de la « renaissance » carolingienne, sous le règne de Pépin le Bref, de Charlemagne et de ses successeurs, la liturgie liégeoise s’imprègne d’éléments romains. Il semble que l’intérêt porté au chant de la chapelle pontificale ait engagé le processus.

    Originaire de la Hesbaye au pays de Liège où il fit ses études, sans doute à l’abbaye de Saint-Trond, le fondateur de l’école messine, saint Chrodegang (évêque de Metz de 742 à 766, conseiller et homme de confiance de Pépin le Bref), est impressionné par la qualité des mélodies de la tradition romaine : il les introduit d’abord dans son diocèse ; et comme il procède à l’ordination de fort nombreux évêques et clercs, les usages romains qu’il entend propager pénètrent aussi dans plusieurs autres sièges épiscopaux (civitates).

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  • Vient de paraître : un ouvrage sur la BD chrétienne

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    De Karthala.com :

    FRANCART Roland

    La BD chrétienne
    17,00 €TTC

    Résumé

    Cet ouvrage est constitué d’une présentation de 36 dessinateurs de BD chrétiennes ainsi qu’une sélection de 65 albums significatifs de cette forme d’expression, représentant à ce titre un ouvrage de référence pour tous les amateurs de bande dessinée, comme pour les animateurs pastoraux, catéchistes et professeurs de religion.

    Editeur : Karthala

    Description complète

    Petit poucet du Neuvième Art, la BD chrétienne, née en 1941, est forte de 70 000 pages, réparties en près de 1 500 albums francophones. Roland Francart propose une étude exhaustive sur ce pan de la BD qui a marqué toute une génération. Après avoir abordé le monde de la BD en général, sa naissance et son évolution, l’auteur met en exergue l’âge d’or de la BD chrétienne jusqu’en 1960, puis son tournant catéchétique et enfin un renouveau avec les mangas, comics et romans graphiques. Cet ouvrage est constitué d’une présentation de 36 dessinateurs de BD chrétiennes ainsi qu’une sélection de 65 albums significatifs de cette forme d’expression, représentant à ce titre un ouvrage de référence pour tous les amateurs de bande dessinée, comme pour les animateurs pastoraux, catéchistes et professeurs de religion.

    Roland Francart, jésuite, est géographe et spécialiste de la bande dessinée chrétienne. Il est le directeur-fondateur du Centre Religieux d’Information et d’Analyse de la BD (CRIABD) et président du Jury du prix européen Gabriel de la BD chrétienne, Roland Francart a publié 40 numéros de la revue Coccinelle et 80 de la revue Gabriel.

    Ils en ont parlé

    "Cet ouvrage est constitué d’une présentation de 36 dessinateurs de BD chrétiennes ainsi qu’une sélection de 65 albums significatifs de cette forme d’expression, représentant à ce titre un ouvrage de référence pour tous les amateurs de bande dessinée, comme pour les animateurs pastoraux, catéchistes et professeurs de religion."

    Une recension sur le site de jesuites.com (février 2018)

  • Pré-synode des Jeunes : les délégués de la jeunesse ont remis leur copie au pape François

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    Sur la place saint Pierre de Rome, à la fin de la messe des Rameaux, des jeunes ont remis au pape le document élaboré par 300 délégués du monde entier pour évoquer leurs attentes avant le synode des évêques qui doit se tenir au mois d'octobre. Leur rédaction sera remise aux experts chargés de l'élaboration de l' "instrumentum laboris" du synode.  Lu sur le site « aleteia » :

    « C’est un document qui fait douze pages. Douze pages qui vont servir de document de travail pour les évêques qui se réuniront en octobre prochain pour un synode sur « les jeunes, la foi et le discernement des vocations ». “Nous avons besoin de modèles qui soient attractifs, cohérents et authentiques” ont ainsi insisté les 300 jeunes réunis toute la semaine au Vatican pour un pré-synode.

    Lire aussi : Pré-synode : les cinq conseils du pape François aux jeunes

    Elaboré après une semaine d’échanges, ce document insiste également sur le besoin de formation. En préambule, les jeunes insistent sur son objectif : il doit être une “boussole” pour les Pères synodaux. Il vise ainsi à exposer les “réalités spécifiques” et “les différents contextes” des jeunes d’aujourd’hui. Les jeunes, écrivent-ils eux-mêmes dans cette synthèse, essayent de “donner du sens” dans un monde toujours en mouvement. Pour cela, ils ont tous le souhait d’un “sentiment d’appartenance”, de communautés qui les soutiennent. L’Eglise a un “rôle vital” à jouer pour cela, assurent-ils, en répondant à leur “désir d’avoir des communautés fortes”.

    Pour cela, la première mission de la communauté chrétienne vis-à-vis des jeunes et de leur offrir des “modèles qui soient attractifs, cohérents et authentiques”. Et le document d’expliciter cette demande : “Les jeunes veulent des témoins authentiques, des hommes ou des femmes qui donnent une image vivante et dynamique leur foi”. Trop souvent, déplorent-ils, la sainteté paraît “inatteignable”.

    Lire aussi : Plus de la moitié des jeunes Français pensent que Dieu existe

    Ce besoin concerne en particulier les jeunes femmes, qui cherchent des figures référentes, non pas en terme de responsabilité, mais de mission : beaucoup de jeunes ont une vision “peu claire” de son rôle propre au sein de la communauté des croyants.

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  • La réception de l'Eucharistie à travers le temps

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    mag_106_final-page-001.jpgPublié dans les n° 106 (printemps) et 107 (été) 2018 du magazine Vérité et Esperance-Pâque Nouvelle de l’association « Sursum Corda » pour la sauvegarde de l’église du Saint-Sacrement à Liège ( contact : sursumcorda@skynet.be , tel. +32.(0) 4. 344 10.89) 

    Depuis les réformes liturgiques opérées dans le sillage du second concile du Vatican (1962-65), et les dissensions qu’elles ont engendrées, le mode de réception de l’Eucharistie est devenu peu à peu un marqueur de la sensibilité du communiant. Communie-t-on debout, en file indienne et sur la main ? Nous voici dans l’air du temps, moderniste voire réformateur. Reçoit-on l’eucharistie au banc de communion, à genoux et sur la langue ? Nous voilà nostalgique, « tradi » voire réactionnaire !

    Un regard sur les pratiques anciennes[1] permettra sans doute d’élargir les perspectives et de distinguer l’essentiel de l’accessoire : toutes les traditions humaines ne doivent-elles pas s’incliner devant Celui qui est et qui daigne s’abaisser humblement jusqu’à nous ?

    Dans la main et sous les deux Espèces

    Dans les premiers siècles de l’Église, le baptême, la confirmation et l’eucharistie étaient reçus le mêmeVE PN 106 chalumeau communion.jpg jour et successivement. Telle est encore la pratique dans les Églises orientales et dans la tradition orthodoxe.

    La communion « sous les deux Espèces » a été longtemps la seule manière de communier dans toute la chrétienté. En effet, Jésus n’avait pas seulement dit : « Prenez, mangez, ceci est mon corps », mais aussi, selon le récit de S. Matthieu : Puis, prenant une coupe et rendant grâce, il la leur donna en disant : « Prenez et buvez-en tous, car ceci est mon sang… »[2]. Sous l’épiscopat de Grégoire de Tours (+ 594), on sait que les fidèles communiaient dans un calice spécial, différent de celui du prêtre, un calice à anses, afin que les fidèles pussent le maintenir fermement entre leurs mains ; la patène destinée aux fidèles était également plus grande et creusée comme un saladier. Cette familiarité avec les vases sacrés n’allait pas sans un profond respect du mystère approché de si près.

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  • Le Secret de Marie, retourner à Jésus par la Sainte Vierge

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    Ad Jesum per Mariam est un principe de la dévotion mariale énoncé par Louis-Marie Grignion de Montfort dans son Traité de la vraie dévotion.  De Philippe Maxence sur le site web de « L’Homme Nouveau » :

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    « Alors que nous allons entrer dans la Semaine sainte, pourquoi ne pas nous arrêter à un petit livre consacré à celle qui a accompagné le Christ jusqu’au bout : la Vierge Marie ? Si le livre est petit par la taille (80 pages en format de poche), il s’agit néanmoins d’un classique de la spiritualité, bien qu’il ne remonte qu’au XVIIIe siècle, sobrement intitulé, Le Secret de Marie. Son auteur ? Saint Louis-Marie Grignion de Montfort, né en 1673, non loin de Rennes, et grand évangélisateur de l’Ouest de la France. Ordonné prêtre en 1700, il prêche la conversion et le retour à Jésus par Marie. C’est dans ce sens qu’il propose plusieurs écrits dont l’un des plus connus est le Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge

    Le Secret de Marie ou selon son titre complet, Le Secret de Marie ou l’esclavage d’amour de la Sainte Vierge, est un écrit postérieur, plus bref, plus condensé et qui offre une synthèse de la doctrine mariale de l’auteur. Ce petit opuscule vient d’être réédité dans une belle version, agréablement illustrée par les Bénédictines de Jouques, par les éditions Traditions Monastiques. 

    Saint Louis-Marie Grignion de Montfort y invite ses lecteurs à la sainteté, avec et par Marie, laquelle est l’Évangile en acte. Pourquoi « par Marie » alors que le Christ est le seul véritable médiateur ? Le saint donne dix raisons qui montrent la nécessité de la Vierge Marie. Dix raisons exposées à travers des démonstrations rigoureusement menées. Comme l’écrit l’éditeur en note, il s’agit là d’« une véritable “somme” de théologie mariale, où les points de vue dogmatique, ascétique et même mystique s’enchaînent et se complètent mutuellement. Chacune de ces preuves demande à être sérieusement étudiée, méditée et approfondie, afin que convaincue du grand besoin qu’elle a de la Sainte Vierge, notre âme puisse vivre conformément aux grandes vérités ici exposées ».

    Théologique, spirituel, ascétique et mystique, ce petit livre est aussi pratique. Très pratique ! Il doit conduire normalement le lecteur à la consécration absolue à Marie, qui doit se préparer par trente jours d’exercices spirituels, « compatible, précise l’éditeur, avec les occupations de la vie quotidienne ».

    le-secret-de-marie (1).jpgLe Secret de Marie en donne d’ailleurs le texte précis qui mérite d’être connu et médité (cf. ci-dessous). Il propose également un certain nombre d’autres prières, invocations et chants en l’honneur de la Vierge Marie, afin de bien se préparer à vivre avec et par Marie

    Le Secret de Marie, Saint Louis-Marie Grignion de Montfort

    Traditions Monastiques, 80 pages, 6 €.

    Ref. Le Secret de Marie, retourner à Jésus par la Sainte Vierge

    JPSC

     

     

  • "Dieu est jeune" : un nouveau livre du pape (extraits)

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    De Jérôme Cordelier sur le site du Point :

    Pape François : « Un jeune a quelque chose d'un prophète »

    EXTRAITS INÉDITS. « Le Point » publie en exclusivité des passages du livre du pape François, « Dieu est jeune », à paraître en France le 22 mars.

    À 81 ANS, Jorge Bergoglio a conversé avec un homme de 32 ans, le journaliste et écrivain italien Thomas Leoncini.

    Dieu est jeune ©  DR

    « Dieu est jeune ! » L'assertion est signée de la main du pape François, l'une des personnalités les plus populaires, l'un des leaders les plus influents sur la planète, et, en l'occurrence, un homme de 81 ans qui s'adresse à un autre homme de 32 ans, le journaliste et écrivain italien Thomas Leoncini. Pour le pape, « Dieu est jeune » « parce qu'Il est toujours neuf », parce qu'Il est « l'Éternel qui n'a pas de temps, mais qui est capable de se renouveler, de rajeunir continuellement et de rajeunir toutes choses ». C'est ce qu'on peut lire dans un livre* à paraître le 22 mars en France aux éditions Robert Laffont et Presses de la Renaissance.

    Non, François ne cède pas à la mode du jeunisme, qu'il honnit : il a d'ailleurs quelques paroles savoureuses sur ces adultes qui refusent de grandir, font « copains-copains » avec leurs enfants, s'adonnent à la chirurgie esthétique… C'est en homme qui accepte son âge pour l'expérience et la sagesse qu'ils lui confèrent que François s'adresse à ceux qui lui succèdent au monde. Le livre paraît en même temps que se réunissent à Rome 300 jeunes du monde entier pour préparer le prochain synode prévu en octobre 2018.

    Ces adultes en « grande concurrence » avec les jeunes 

    Petit-fils d'immigrés italiens, l'Argentin Jorge Bergoglio a vécu une enfance heureuse à Buenos Aires, que ces biographes ont tous évoquée, au milieu des bandes joyeuses qui serpentaient dans son quartier de Flores, des échanges bruyants dans les cages d'escalier et des grandes tablées où se mêlaient toutes les générations. Prêtre, archevêque, pape, il ne perdra jamais une occasion de mettre en avant l'âge, l'expérience, la vieillesse pour promouvoir la mémoire, la transmission au cœur d'univers qui ont tendance à l'oublier, préoccupation que l'on retrouve davantage chez les peuples autochtones d'Amazonie – dont ce pape se fait aussi le protecteur – que dans nos sociétés post-modernes dites civilisées.

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  • Les chrétiens et la Cité

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    Christophe Geffroy 7995387-12441097.jpgPlusieurs livres récents évoquent l’engagement des chrétiens dans la cité avec pour toile de fond un monde occidental qui n’est plus chrétien, preuve qu’il s’agit là d’une question majeure. Petit tour d’horizon de ces différents ouvrages par Christophe Geffroy, dans le mensuel « La Nef », mars 2018 :

    « J’ai, sur mon bureau, une dizaine de livres récemment reçus qui s’interrogent, d’une façon ou d’une autre, sur ce qu’est être chrétien aujourd’hui dans un monde qui ne l’est plus, et comment, en conséquence, aborder le fait indubitable que les chrétiens sont devenus une minorité dans nos pays qui formaient jadis la chrétienté. Rod Dreher, qui a publié son essai stimulant, Le pari bénédictin (1), en septembre dernier, semble avoir fait rapidement des émules ! Une telle foison d’ouvrages montre en tout cas assurément que la question se pose et interpelle, comme on dit, les catholiques français.

    À vrai dire, avant Dreher, Jean-Luc Marion avait publié en mai un essai original au titre provocateur, Brève apologie pour un moment catholique (2), et au ton résolument optimiste. Le propos de Marion est d’expliquer qu’il n’existe pas de « période bénie de référence » où il aurait été facile d’être chrétien et, afin de relativiser notre situation, qu’« il y a eu bien pire dans le passé, quand tout clergé digne de ce nom avait disparu de régions entières » (p. 17). Il se demande si notre pessimisme ne s’enracine pas dans une nostalgie d’un passé quelque peu idéalisé, avec l’idée, derrière la tête, de la nécessité « pour l’Église, de redevenir en France majoritaire, sinon hégémonique » – et pour y parvenir, certains, avant guerre, estimaient que « la rechristianisation de la France devait passer par une alliance avec les forces politiques dominantes » (p. 22 et 23), ce qui fut un échec complet.

    Aujourd’hui, selon Marion, il faut sortir du dilemme : « soit les catholiques s’adaptent pour survivre, et ils disparaîtront, dilués dans le modèle commun et unique ; soit ils persistent dans leur marginalité, et ils disparaîtront aussi, minoritaires et insignifiants » (p. 24). Il ne reste pour notre auteur qu’une possibilité qu’il exprime de façon bien abstraite, « celle que seuls les catholiques puissent occuper, comme une responsabilité particulière et inaliénable, l’universalité » (p. 25). C’est ce qu’il nomme le « moment catholique » qui n’est pas celui de la conversion d’une majorité, le Christ n’ayant jamais assuré l’Église « de devenir majoritaire ou dominante dans le monde : il lui a seulement demandé de passer par la même croix, où il a conquis la Résurrection » (p. 27). Ce « moment catholique » est, pour Marion, d’autant plus d’actualité que les chrétiens sont « les seuls alliés fiables » de la République pour défendre la laïcité en tant que séparation des pouvoirs (la laïcité ne s’est imposée que dans les pays christianisés), entre une vision laïciste et l’irruption de l’islam. C’est surtout ce dernier qui pose problème reconnaît Marion, et la réponse qu’il suggère est vraiment très courte : appliquer la loi de 1905 à l’islam et demander aux chrétiens de « monter en première ligne de la prise de parole » (p. 46) dans la nécessaire disputatio avec les musulmans pour leur faire admettre la séparation, l’État ne pouvant qu’aider à rendre cette disputatio possible, mais sans y intervenir.

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