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Livres - Publications - Page 104

  • Liturgie : retour du « consubstantiel » dans le Credo

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    Lu sur le site de Riposte Catholique:

    "Après la nouvelle traduction du Pater Noster, plus conforme au latin, voici le Credo revisité. La commission épiscopale pour la liturgie et la pastorale sacramentelle est en train de finaliser la traduction du nouveau missel, attendue depuis 2002 (16 ans !). Celle-ci devrait être présentée lors de l’Assemblée plénière de printemps de la Conférence des évêques de France, avant d’être soumise à Rome pour validation.

    Dans les nouvelles traductions, on trouve la fin du “de même nature” et le retour bienvenu du “consubstantiel”. On se demande avec amusement si les intégristes n’ont pas pris le pouvoir au sein de l’épiscopat… Le « de même nature que » est en effet incomplet théologiquement. Selon le catéchisme de l’Église catholique, le Père et le Fils ne se contentent pas de partager une même nature divine. Ils sont de la même substance (homousios), et que le Fils est donc « consubstantiel » au Père. Ils sont un seul Dieu, et non pas deux personnes qui seraient simplement de même nature.

    La version en français du missel de 2002 a déjà été votée trois fois par les membres de la CEF. Il y a quelques mois, les évêques n’attendaient plus que le feu vert du Vatican. Pour régler les derniers points, ils avaient délégué un représentant chargé de traiter avec la congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements en la personne de Mgr Bernard-Nicolas Aubertin. Mais en septembre, le Motu proprio Magnum principium du pape François, accordant une plus grande marge de manœuvre aux conférences épiscopales, est venu changer la donne. Les responsables de la traduction du texte se sont mis d’accord pour relire une dernière fois leur travail. Une fois que la commission aura terminé son travail, elle doit une nouvelle fois le présenter aux évêques, certainement lors de l’Assemblée plénière de printemps de la CEF. Il sera ensuite envoyé à Rome afin d’obtenir une simple « confirmation » (confirmatio, en latin), et non plus la « reconnaissance » (recognitio) autrefois nécessaire, nouveauté introduite par le récent Motu proprio. Il n’y a donc pas de date prévue à ce stade pour la publication du nouveau missel en français, mais celle-ci pourrait intervenir en 2019.

    Autre modification discutée actuellement, celle concernant l’Orate fratres, actuellement caviardé : « Prions ensemble, au moment d’offrir le sacrifice de toute l’Église. Pour la gloire de Dieu et le salut du monde » pourrait faire place à une formulation plus proche du texte latin : « Priez mes frères afin que ce sacrifice qui est aussi le vôtre soit agréé par Dieu le Père tout-puissant. Que le Seigneur reçoive de vos mains ce sacrifice à la gloire de son nom. Pour notre bien et celui de toute Sa Sainte Église. » 

    Ref. Retour du « consubstantiel » dans le Credo

    Du haut du ciel, Etienne Gilson et Jacques Maritain doivent se réjouir…

    JPSC

     

  • Un nouveau livre de Rémi Brague sur la religion

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    9782081416864_1_75.jpgIl y a trente ans, quand on voulait être pris au sérieux, on parlait politique ; évoquer la religion, en revanche, était le meilleur moyen de faire rire. Aujourd'hui, la situation s'est inversée ; la religion fascine, inquiète, et la peur s'installe à l'égard de certaines de ses formes, voire de la violence que, suppose-t-on, elles fomentent. Il importe d'essayer d'y voir un peu clair. Poursuivant le travail d'élucidation qu'il a entrepris depuis une dizaine d'années, Rémi Brague s'interroge sur la légitimité même du terme « religion », puis sur le contenu propre des religions - avant tout sur celui des « trois monothéismes ». Qu'est-ce que la religion nous dit de Dieu, et de l'homme en tant qu'il est doué de raison ? Qu'est-ce qu'elle nous dit d'autres domaines de l'humain comme le droit, la politique ? En quoi garantit-elle - ou menace-t-elle - la liberté morale, sinon l'intégrité physique, des individus ? Un essai salutaire pour délaisser nos a priori et prendre de la hauteur.

    Pour le philosophe Rémi Brague, membre de l'Institut et auteur de " Sur la religion" ( Flammarion), dire que les religions sont violentes représente un échappatoire commode qui évite de s'interroger de trop près sur une religion déterminée.

  • Benoît XV et son engagement pour la paix lors de la Grande Guerre

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    De Philippe Maxence sur le site de l'Homme Nouveau :

    Benoît XV et la Grande Guerre 
    un pape pour la paix !

    Benoît XV et la Grande Guerre <br> un pape pour la paix !

    En cette nouvelle année 2018, nous allons commémorer le centenaire de la dernière année de combat de la Première Guerre mondiale. Le 11 novembre 1918, à 11h00, l’armistice entrait officiellement en vigueur. Dans le calendrier liturgique, c’était la fête de saint Martin, cet officier romain devenu apôtre du Christ et qui allait devenir l’une des grandes figures de la sainteté française. 

    Dès avant le déclenchement du conflit, la papauté avait appelé à la paix, en espérant jusqu’au bout que le dialogue remplacerait la voix des armes. Le pape saint Pie X d’abord, puis après sa mort, le 20 août 1914, son successeur, Giacomo della Chiesa, qui prit le nom de Benoît XV, lors de son élection, le 3 septembre 1914. Depuis fin juillet-début août de la même année, l’Europe s’était embrasée pour quatre longues et meurtrières années de guerre. 

    La papauté pour la paix

    Avant de mourir le 28 septembre 2016, l’historien de l’Église Paul Christophe, prêtre du diocèse de Cambrais, avait achevé un livre consacré au pape Benoît XV et à son rôle pendant la Grande Guerre. Publié peu après aux éditions du Cerf, cet ouvrage d’un peu plus de 250 pages entend offrir une synthèse de la manière dont l’activité déployée par le Pape en faveur de la paix a été perçue en France et comment Benoît XV a maintenu le cap pendant toute la durée du conflit. 

    L’auteur, dont trois précédents ouvrages étaient consacrés à la Première Guerre mondiale, notamment à travers la publication de lettres de catholiques engagés dans le conflit, est aussi celui qui avait mené à bien, entre 1994 et 2003, la publication des neuf volumes contenant les carnets du cardinal Alfred Baudrillart, lesquels s’étalaient entre 1914 et 1942, année de la mort de celui qui fut recteur de l’Institut catholique de Paris et membre de l’Académie française. C’est principalement à partir de la matière de ces carnets Baudrillart et de lettres de catholiques envoyés au front que Paul Christophe aborde le rôle de Benoît XV en faveur de la paix et, surtout, comment son action fut perçue en France. 

    Une guerre de civilisation ?

    Alors que l’Allemagne a envahi la Belgique, violant la neutralité de ce pays, une pression se fait jour qui demande au pape de condamner l’agression et de prendre partie. Pour les Alliés, la guerre menée contre l’Allemagne est une guerre de civilisation. Selon eux, ils luttent contre la barbarie germanique. Cette thèse est largement reprise et défendue, non seulement par la presse (soumise à la censure, ce que ne rappelle pas l’auteur), mais aussi la très grande majorité des élites. Les personnalités catholiques, membres du clergé ou laïcs influents, ne sont pas en reste. De là va naître l’incompréhension de la position de Benoit XV, incompréhension qui va se muer au fil du temps en refus de sa politique. Celui-ci trouve certainement son point d’acmé quand le lundi 10 décembre 1917, en l’église de la Madeleine, à Paris, le Père Sertillange prononce un discours sur la « Paix française », en, présence notamment du cardinal Amette, archevêque de Paris. Or, que déclare, ce jour-là, le célèbre dominicain ?

    « Très Saint Père, nous ne pouvons pas, pour l’instant, retenir vos appels de paix ». 

    Non seulement le cardinal Amette est présent ; non seulement, il ne proteste pas, mais plus encore, il a laissé donné l’imprimatur à la publication du discours du prédicateur. C’est évidemment trop pour Rome. Et, naturellement, le cardinal Gasparri, secrétaire d’État, exige des sanctions. 

    L’action du Saint-Siège

    Quelle aura été la position du Saint-Siège pendant toute cette guerre ? On a parlé de neutralité ? Ce n’est pas exact ! Benoît XV a pris constamment parti pour la paix. Il s’est opposé à la guerre, a milité pour la concorde entre les nations et « a condamné, écrit Paul Christophe, toutes les violations du droit et toutes les atrocités commises par qui que ce soit, en se voulant impartial. » De fait, le Souverain Pontife n’a pas voulu que la papauté fût entraînée d’un côté ou de l’autre, voulant rester le Père commun. 

    Pendant le conflit, Benoît XV a été décrié, en France, comme le « pape boche » ou comme « Pilate XV » pour reprendre les termes de Léon Bloy. Il subissait un sort à peu près similaire de l’autre côté du Rhin, ce que Paul Christophe ne rappelle pas assez. C’est d’ailleurs un manque de son livre : on aimerait voir comment était traité le pape dans la presse allemande ou parmi les politiques comme on aimerait savoir comment le pape était perçu par les pays alliés.

    La différence est que l’Allemagne n’avait pas coupé toutes relations officielles avec le Saint-Siège. Le 20 avril 1917, Mgr Eugenio Pacelli a été nommé nonce apostolique en Bavière, Munich étant alors l’unique représentation du Saint-Siège dans l’Empire allemand. Malgré ce fait, le nonce peut agir ou tenter d’agir. Ainsi, il rencontre le chancelier allemand Bethmann-Hollweg, le 26 juin de la même année, puis le Kaiser Guillaume II en personne, le 29 juin. Le lendemain, il s’entretient également avec un allié de l’Allemagne, l’empereur d’Autriche-Hongrie Charles Ier. 

    Toute la différence avec la France réside là : pour faire avancer les idées de paix, le cardinal Gasparri est obligé, par exemple, de s’en remettre, en 1915, à l’entremise de Mgr Baudrillart pour sonder le gouvernement français… Il ne peut agir directement ! Sans oublier que la France compte alors comme allié l’Italie, avec laquelle le Saint-Siège n’a pas encore réglé la Question romaine de 1870 et qui refuse obstinément, y compris pour la Conférence de la paix en 1919, de voir la papauté jouait un rôle ou simplement d’être reconnu comme partenaire international. 

    Un pape réhabilité

    Depuis quelques années, la figure de Benoit XV, et singulièrement son action pendant la Première Guerre mondiale, est réétudiée et réhabilitée. Parmi les ouvrages sur la questions, citons surtout celui de Nathalie Renoton-Beine, La colombe et les tranchées : Benoît XV et les tentatives de paix durant la Grande Guerre (Cerf), et les biographies de Marc Launay et d’Yves Chiron. Le livre de Paul Christophe s’inscrit dans cette veine, mais à travers un essai historique dont la thèse est de montrer que Benoît XV a œuvré en faveur de la paix sans céder aux pressions des gouvernants, des élites et de la « presse nationaliste », tout en rencontrant un accueil favorable parmi une grande partie des combattants. 

    Ce dernier aspect est, malgré tout, l’un des points faibles de l’ouvrage. Bien sûr, l’auteur cite plusieurs lettres de poilus montrant leur dégout de la guerre, de la barbarie des combats et, parfois, leur accord avec le pape. Mais il aurait fallu pouvoir établir dans quelle mesure ce sentiment était partagé parmi l’ensemble des combattants, avec, il est vrai, cette difficulté que les propos jugés défaitistes devaient passer au crible de la censure. 

    Par ailleurs, Paul Christophe s’en prend à la « presse nationaliste », opposée à l’action de Benoît XV. Malheureusement, le terme est équivoque. Et il n’est clairement défini par l’auteur. S’agit-il de la presse politiquement nationaliste, à l’instar de L’Action française, ou une fièvre nationaliste dans la presse en temps de guerre ? L’auteur ne cite qu’une fois L’Action française et, pour le reste, des titres et de noms de personnalités qui n’appartenaient pas politiquement au camp nationaliste. Par exemple, il évoque Fernand Laudet, le même Laudet qui avant guerre avait subi les foudres du nationaliste Péguy à propos de Jeanne d’Arc. 

    Une religion séculière

    Il est vrai pourtant qu’il y a eu chez les catholiques français – et ailleurs ! – une fièvre nationaliste pendant cette guerre, laquelle dépassait largement les mouvements et les partis nationalistes. Il y a eu, comme le montre Paul Christophe, une assimilation de la religion au patriotisme, laquelle a entraîné une confusion. Mais sur ce point, il est beaucoup moins clair que Jean de Viguerie dans son essai Les deux patries où l’historien n’oppose pas foi et patriotisme, mais la vertu de patriotisme, ordonnée elle-même à un ordre plus grand, au patriotisme révolutionnaire, idéologique et expansionniste par nature. 

    Au fond, la thèse de Paul Christophe, à travers cette étude intéressante sur Benoît XV, est que les réflexes nationalistes en temps de guerre ont sacralisé la patrie, en l’élevant au rang de religion de substitution, assimilant même la religion à son dessein. De ce point de vue, Les deux patries de Jean de Viguerie reste plus percutant. 

    De même, un certain nombre d’éléments de compréhension historique manquent ici, comme par exemple le fait que les catholiques ont répondu positivement à l’Union sacrée en espérant y retirer un bénéfice en faveur de leur retour dans la vie sociale (cf. à ce sujet 1914, l’Église face à la guerre, hors série n°16 de L’Homme Nouveau). À la place, il y eut certes le retour des relations diplomatiques avec le Saint-Siège, mais dans le cadre d’une religion séculière qu’avait très bien vue l’abbé Mugnier, cité par Paul Christophe : 

    « 13 novembre 1923. On a allumé, dimanche, une flamme perpétuelle devant la tombe du soldat inconnu. Voilà un culte nouveau établi. On nous a pris la lampe du sanctuaire, la voilà laïcisée. »

     Il y eut également une autre conséquence, qu’avait parfaitement perçu dès 1914, Mgr Baudrillart, cité aussi par Paul Christophe : 

    « À force de ménager tout le monde, le Saint-Siège finira, par laisser, à la fin de la guerre, le rôle d’arbitre moral au président des États-Unis. » La raison n’est peut-être pas celle invoquée par le recteur de l’Institut catholique de Paris. Mais le résultat est bien là. 

    Nous y sommes encore !

    Paul Christophe, Benoît XV et la Grande Guerre, Cerf, 258 pages, 22 €

  • "Nous sommes en pleine régression intellectuelle"

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    De Laure Joanin sur le site du Midi Libre :

    Dimitri Casali, historien : "Nous sommes en pleine régression intellectuelle"

    Selon Dimitri Casali, la société bascule dans l'ignorance. Chaque jour la science nous apporte de nouvelles découvertes. Mais d'après l'historien, jamais l'ignorance n'a gagné autant de terrain.

    Qu'est-ce qui vous permet d'affirmer que nous assistons à une lente montée de l'ignorance ?

    Ce qui est intéressant, c'est de constater qu'à mesure que le progrès scientifique s'accumule vers un savoir de plus en plus exact, on peut mesurer à travers le monde une lente montée de l'ignorance. En France, par exemple, les chiffres sont là : nous comptons 6 % d'illettrés, c'est-à-dire environ 3 millions de personnes. Si on additionne les personnes analphabètes qui ont des difficultés à lire et à écrire le français, on arrive à près de 10 % de la population.

    Ce constat est à mettre en corrélation avec le piètre classement de notre école. Nous sommes désormais 27e au classement international PISA. Il y a vingt ans, l'école française était 10e. En 17 ans, nous avons perdu 17 places. Dans les années 80, nous étions dans les cinq premiers, et nous avions l'un des meilleurs systèmes scolaires au monde. Dans une dictée test élémentaire de dix lignes données par l'Éducation nationale elle-même, les élèves faisaient en moyenne 10 fautes en 1987 alors qu'ils en font aujourd'hui 18. Il faut prendre conscience du phénomène qui devient vraiment effrayant.

    Est-ce un phénomène qui touche le monde entier ?

    Oui, c'est une constante. Selon une récente projection de l'ONU, l'an prochain, le monde arabe comptera 25 % d'analphabètes. Et il publie actuellement moins de 1 % du marché mondial du livre. Le monde arabe a publié plus de livres entre VIIIe et le XIIe siècle qu'aujourd'hui. Il y a ces prédicateurs saoudiens qui apprennent à leurs étudiants que la terre est plate et dernièrement, à l'Université de Sfax en Tunisie, qui est pourtant l'un des pays arabes les plus avancés, une chercheuse voulait démontrer aussi que la terre était plate et qu'elle ne tournait pas autour du soleil.

    On voit bien que nous sommes en pleine régression intellectuelle dans le monde. C'est vrai aussi aux États-Unis où 46 % des Américains pensent que la Terre a moins de 10 000 ans. C'est ce qu'on appelle les créationnistes qui commencent à prendre pied en France, en Angleterre, en Turquie où ils sont déjà très nombreux. Et en corrélation avec cette montée de l'ignorance, on assiste à une montée de l'islamisme. Ce vide spirituel et culturel qui saisit nos sociétés est l'avatar du djihadisme, du complotisme, du fanatisme et de l'obscurantisme.

    À partir de quand peut-on dater, selon vous, cette montée de l'ignorance ?

    Je vois un lien évident avec la révolution numérique. Cela a démarré dans les années 2000 où on a assisté à une surinformation qui a conduit à l'ignorance. Les 15-29 ans ne lisent plus de livres. En revanche, ils lisent davantage sur les réseaux sociaux, les blogs... D'après une étude de l'Université de Yale, la lecture sur internet n'est pas la même : les informations se superposent les unes aux autres alors que la lecture d'un livre permet de pénétrer les pensées de l'auteur et de structurer les informations.

    Cela organise le cerveau. D'autres études sont à rapprocher de cela : les Français auraient perdu 4 points de QI entre 1989 et 2009, phénomène mesuré aussi en Angleterre ou aux États-Unis. Wikipédia est le plus bel exemple des effets pervers d'internet. On a donné la culture aux imbéciles. Si dans le domaine scientifique, les notices sont rédigées par des experts, dans le domaine de la littérature et en histoire, c'est un agrégat d'informations nivelées par le plus grand nombre. Il n'y a plus de hiérarchisation du savoir. On est à l'époque du relativisme culturel. Tout se vaut. Ainsi la page de Kim Kardashian sera bientôt plus longue que celle de Montaigne et le grand poète grec Homère a déjà moins d'articles que Homer Simpson.

    Y a-t-il un moyen d'éradiquer la montée de phénomène ?

    Bien sûr, il faut replacer la culture générale et l'histoire au centre de nos préoccupations. Et d'abord à l'école. Or, depuis une trentaine d'années, la culture générale a été abandonnée. Les fameux pédagogistes de la rue de Grenelle ont remplacé la transmission du savoir et des connaissances par de simples compétences techniques. L'idée est de faire un homme nouveau, sans racines ni héritages, un bon consommateur. Rappelez-vous que Philippe Mérieu et Bourdieu préconisaient quand même d'apprendre à lire dans les notices d'appareil électroménager et non plus grâce aux textes de Hugo ou de Molière... Il faut sortir de ce rejet de la culture classique française qui fait du mal aux esprits faibles. Et cesser de croire que nous devons tous être égaux dans la médiocrité.

    “La longue montée de l'ignorance - obscurantismes, fanatismes : il n'y a pas de hasard dans l'Histoire” (Éditions First), 304 pages, 16,95 €.

  • Vient de paraître : le magazine trimestriel « Vérité et Espérance-Pâque Nouvelle », n° 105, hiver 2017-2018

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    Le magazine trimestriel « Vérité & Espérance – Pâque Nouvelle » édité par l’association « Sursum Corda » (responsable de l'église du Saint-Sacrement à Liège) a publié sa livraison de l’hiver 2017. Tiré à 4.000 exemplaires, ce magazine abondamment illustré parcourt pour vous l’actualité religieuse et vous livre quelques sujets de méditation. Les articles mentionnés en bleu sont disponibles sur le blog de l'église du Saint-Sacrement (cliquez sur les titres ci-dessous pour y accéder).

    Au sommaire de ce numéro n° 105 (hiver 2017-2018) : 

    contrat Delta ingenieur stabilité339.jpg

    Les conditions du dialogue interconvictionnel 

    Du Livre de Job au Livre éternel

    Aux anathèmes, le Savonarole de l’Ucl répond par un livre

     

    contrat Delta ingenieur stabilité340.jpg

    Rome et le monde : 

    Fêter le cinquième centenaire de la réforme protestante ?

    Liturgie : le pape François désavoue le cardinal Sarah

    Accès des divorcés-remariés à la communion sacramentelle

    Le nouvel archevêque de Paris n’a pas la faveur de l’intelligentsia progressiste

     

    Belgique:

    Un essaimage des Clarisses de Bujumbura à Liège

    Archevêché de Malines-Bruxelles : qu’as-tu fait de «Jérusalem»?

    Que faire de l’abbaye de Marche-les-Dames ?

    Pourquoi le cours de religion est important dans l’enseignement secondaire  

     

    Secrétaires de Rédaction : Jean-Paul Schyns et Ghislain Lahaye

    Editeur responsable: SURSUM CORDA a.s.b.l. ,

    Vinâve d’île, 20 bte 64 à B- 4000 LIEGE.

    La revue est disponible gratuitement sur simple demande :

    Tél. 04.344.10.89  e-mail : sursumcorda@skynet.be 

    Les dons de soutien à la revue sont reçus  avec gratitude au compte IBAN:

     BE58 0016 3718 3679   BIC: GEBABEBB de Vérité et Espérance 3000, B-4000 Liège

    JPSC

  • Lire (ou relire) Susan M. Stanford sur le traumatisme de l'avortement

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    Du site "Critiques libres" :

    Une femme blessée : Le traumatisme de l'avortement de Susan M. Stanford

    couverture

    À Chicago, Susan, 26 ans, professeure de psychologie en faculté, voit son mariage avec Franck, brillant juriste, se déliter peu à peu. Quand elle lui pose la question cruciale de savoir si elle peut espérer agrandir un jour la famille, il refuse en se disant pas prêt à être père. Le couple finit par se séparer. Susan rencontre un autre homme dont elle tombe enceinte. Ne se sentant pas la force de garder cet enfant conçu hors mariage, elle se résigne à avorter. Le traumatisme est tel pour la malheureuse qu’il lui faudra de longues années avant de retrouver le goût de vivre et de regagner la surface grâce à l’amitié de ses proches et surtout à la découverte du pardon et de l’amour divin. Elle doit bientôt quitter un poste de doyenne de l’Université pour ouvrir un cabinet de consultations psychologiques à Detroit où elle s’efforce d’aider d’autres femmes traumatisées par l’épreuve de l’avortement. Elle pratique ainsi une totale reconstruction « psychique et spirituelle » qui porte souvent de très beaux fruits.

    « Une femme blessée » se présente comme le très émouvant témoignage d’une femme honnête et intelligente. À la lumière d’une expérience aussi douloureuse que traumatisante, elle parvient à nous faire partager avec sensibilité et ferveur un message de foi et d’espoir en la vie et en la miséricorde divine laquelle permet aux femmes de se pardonner et de se faire pardonner. Ce chemin de résurrection peut être long et douloureux. Les séquelles psychiques de ce geste terrible pouvant être aussi nombreuses que la dépression nerveuse, le chagrin persistant, le remords chronique, les maladies psychosomatiques, les abus de drogues ou d’alcool et même les tentatives de suicide sans parler de celles purement physiques comme les possibles fausses couches ou grossesses extra-utérines. Un livre important sur une question aussi cruciale que vitale et nettement moins simple que voudraient le faire croire les tenantes de l’IVG fraîche et joyeuse.

     
  • L'assurance de la vie éternelle, ce don absolu

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    De Jules Germain sur aleteia.org :

    Martin Steffens : « L’assurance de la vie éternelle est un don absolu »

    Sorti aux éditions Desclée de Brouwer, "L'éternité reçue" de Martin Steffens, nous ouvre au plus grand des dons que nous fait Dieu : la vie éternelle. Il nous explique pourquoi ce don ne peut être un dû, mais une grâce dont il faut du temps pour en approcher le mystère.

    Comment ouvrir son cœur au don de la vie éternelle ? Nous avons rencontré Martin Steffens à l’occasion de la parution de son ouvrage L’Éternité reçue aux éditions Desclée de Brouwer. Il y poursuit sa profonde réflexion entamée notamment dans le très beau livre Petit traité de la joie. Consentir à la vie, ou encore dans Vivre ensemble la fin du monde. On y retrouve les mêmes interrogations avec cette approche très simple de la fragilité de nos vies comme lieu pour vivre les plus belles grâces.

    Aleteia : Dans votre ouvrage Petit traité de la joie et sous-titré « Consentir à la vie », vous évoquiez déjà cette « sagesse de camomille qui empoisonne la vie ». Que désignez-vous par « sagesse de camomille » et que lui reprochez vous ?

    Martin Steffens : Je reproche à cette sagesse de camomille ce que Hannah Arendt reprochait à la psychologie : elle tente de nous permettre de vivre dans le désert en nous faisant croire qu’on peut se réconcilier avec lui ; comme si l’on pouvait accepter et s’acclimater au tragique et à l’insupportable de l’existence humaine, le rendre acceptable. Alors que ce qui m’intéresse en philosophie, c’est au contraire d’analyser les points sur lesquels l’existence humaine achoppe, pour montrer que là où il y a contradiction, là où l’on est arrêté dans notre élan, dans notre vie, c’est là que quelque chose d’intéressant se passe. Les sagesses camomille sont ainsi ces stratégies de l’homme, inventées par l’homme et pour l’homme, consistant justement à nier cette contradiction, pour éviter d’avoir à s’ouvrir à un au-delà de l’homme.

    Lire aussi : Le grand entretien (1/2). Martin Steffens : « L’amour, c’est continuer d’aimer même quand on n’y trouve plus son compte »

    « La philosophie, dès lors qu’elle pense la mort autrement que comme un scandale profane la vie », écrivez-vous. Pourquoi la mort doit-elle d’abord être perçue comme un scandale ?

    Déjà, je pense qu’elle est spontanément perçue comme un scandale. Ce serait terrifiant si ce n’était pas le cas. La mère qui accueillerait la mort de son enfant comme un simple fait serait quelque chose d’affreux. Ensuite, ce fait bête qu’est l’instinct de survie, c’est aussi la forme dans ce monde que prend le fait que nous avons été faits pour la vie éternelle. La mort est un scandale parce que nous percevons dans le plus intime de nous-mêmes que nous ne sommes pas faits pour elle. Faire taire ce scandale, c’est refuser d’entendre que le cri de la vie contre ce qui la tue est beau. Je reste dans la tradition chrétienne de l’anti gnosticisme : la chair n’est pas une malédiction, la vie n’est pas un séjour pénible dont il faut être libéré. Tout le néoplatonisme, le catharisme, qui revient désormais sous la forme des sagesses orientales, a toujours été combattu par l’Église. L’idéal qui veut surmonter, dépasser ou oublier le corps, ce n’est pas chrétien.

     

     
    Lire la suite sur aleteia.org
  • Immigration libre et Etat providence sont radicalement inconciliables

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    Drieu Godefried, un compatriote, docteur en philosophie à la Sorbonne, publie sur internet (Amazone) un livre qui répond à la question sur l’immigration :

    « Je ne cache pas que le libéralisme se résume à la pensée de M. Gaspard Koenig. Milton Friedman constatait qu’immigration libre et Etat providence sont radicalement inconciliables. Et, de fait, nous assistons en Europe à la tentative complètement ratée d’un tel mariage. A Bruxelles, par exemple, 90% des allocataires sociaux sont d’origine étrangère : beau succès ! Le système de santé britannique, qui est socialisé, croule littéralement sous le poids des soins de santé dispensés aux populations immigrées, parfois dès le lendemain de leur arrivée sur le sol anglais. Autre exemple : en Belgique, jusqu’il y a peu, les immigrés avaient le droit — ce n’est plus le cas maintenant — de faire venir leurs ascendants. Souvent issus de pays pauvres et de santé médiocre, ces ascendants se mirent à dépendre des soins de santé les plus en pointe, et les plus coûteux : un enfant verrait que ce n’est ni tenable, ni finançable, ni souhaitable. Friedrick Hayek nous invitait à distinguer la libre circulation des marchandises – à laquelle nous sommes favorables – et celle des personnes, qui n’a en aucune façon à être imposée à ceux qui n’en veulent pas, en raison de considérations élémentaires de l’ordre de la propriété et de la fiscalité. Et bien sûr de la démocratie. Elections après élections, nous constatons que les classes moyennes occidentales rejettent l’anarchie migratoire qu’on leur inflige depuis 20 ans. Quelle est cette définition de la démocratie qui permettrait de la leur imposer ? La vérité est que cette anarchie migratoire a profondément abîmé nos démocraties et qu’il faut se réjouir qu’aux Etats-Unis comme dans de nombreux pays d’Europe centrale, une génération de dirigeants y mette un terme. » (source)

  • Débats autour du parcours de Jorge Mario Bergoglio

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    Un article traduit sur diakonos.be :

    Le mystère Bergoglio. Pourquoi le général des jésuites ne voulait pas qu’il devienne évêque

    Un nouveau livre qui va paraître sur le Pape François fait déjà parler de lui avant même sa sortie annoncée pour le 26 février :

    > Lost Shepherd : How Pope Francis is Misleading His Flock

    Un tel titre sonne particulièrement critique. Mais il ne s’agit pas d’une critique stérile. L’auteur du livre, Philip Lawler, est en fait l’un des auteurs catholiques les plus renommés et modérés aux Etats-Unis. Il a été directeur du « Catholic World Report », le magazine d’information d’Ignatius Press, la maison d’édition fondée par le jésuite Joseph Fessio, un disciple de Joseph Ratzinger. Il dirige aujourd’hui « Catholic World News », il est né et a grandi à Boston, est marié et père de sept enfants.

    Pendant la phase initiale du pontificat de François, Lawler n’a pas manqué d’en apprécier les nouveautés. Mais aujourd’hui, il finit par voir en lui le « pasteur égaré » d’un troupeau dispersé.

    Cet avis critique sur le pape Jorge Mario Bergoglio, il l’a notamment mûri en relisant attentivement le parcours du jésuite et de l’évêque Bergoglio en Argentine.

    C’est d’ailleurs exactement ce que les autres biographes du pape actuel ont fait, aussi bien ceux qui lui sont favorables que ses détracteurs : ils ont reconstruit son parcours argentin afin d’en tirer une meilleure compréhension de ses actions en tant que pape.

    *

    Le dernier livre en date qui vient d’être publié sur lui est un exemple frappant de cette relecture de la période argentine de Bergoglio: « The Dictator Pope », diffusé sous forme d’e-book en italien et en anglais depuis fin de l’automne dernier par un auteur anonyme, vraisemblablement anglophone, se cachant derrière le pseudonyme de Marcantonio Colonna.

    L’un des passages de « The Dictator Pope » qui a suscité le plus d’émoi est celui dans lequel l’auteur lève le voile sur le rapport rédigé en 1991 sur Bergoglio par le supérieur général de la Compagnie de Jésus, le hollandais Peter Hans Kolvenbach (1928-2016) au cours des consultations secrètes sur l’opportunité de nommer de ce même Bergoglio évêque auxiliaire de Buenos Aires.

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  • Le danger sociologique

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    De Vianney, cette note de lecture publiée sur le site "Des hauts et débats" :

    Note de lecture : Le danger sociologique

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    L’ouvrage et les auteurs

    Etienne Géhin est présenté sur la couverture comme un (ex) maître de conférences en sociologie. Avant cela, je n’avais jamais entendu parler de lui ; Gérald Bronner, en revanche, est plus connu du grand public, notamment pour ses analyses de la radicalisation et des théories du complot. Il a acquis récemment une notoriété médiatique relativement importante pour un sociologue.

    Le contenu du livre

    Le livre est un véritable plaidoyer pour la sociologie analytique, aussi appelée individualiste, ou encore compréhensive. Même s’il constitue une charge contre la sociologie holiste (ou structuraliste, ou culturaliste), le ton adopté n’a rien d’un pamphlet, comme certains médias l’ont prétendu (Le MondeLes Inrocks). Il est plutôt constructif et adopte résolument une posture scientifique (la liste des références est assez fournie).

    Une approche ouverte des phénomènes sociaux

    Le point le plus positif du livre, c’est l’approche pluridisciplinaire assumée. Elle est particulièrement réjouissante. Le livre puise abondamment dans les sciences cognitives (psychologie et neurosciences) et fait parfois appel à quelques raisonnements économiques. Cela est réjouissant parce qu’un authentique esprit scientifique doit s’attacher à remettre sans cesse sur le métier la seule question fondamentale des sciences de l’homme : comment expliquer le comportement humain ? Comment aujourd’hui peut-on se tenir par principe à une seule approche (expliquer le social par le social, cf. Durkheim), expliquer tous les phénomènes avec seulement un ou deux concepts et adopter une posture de cloisonnement disciplinaire ?  Plusieurs approches (et donc plusieurs sciences) peuvent être fructueuses et complémentaires pour expliquer le comportement humain. La posture de cloisonnement disciplinaire et ses querelles de chapelle est donc particulièrement insupportable tant elle dessert la quête scientifique. Comment un sociologue n’ayant qu’une vague formation économique peut-il encore ressortir le vieux cliché de “l’homo oeconomicus” froid et calculateur, sans aucune connaissance des multiples travaux existant depuis des décennies dans le domaine de la psychoéconomie, de la théorie des jeux, qui ont longuement nuancé, précisé, approfondi le modèle classique de la rationalité ? C’est une simple question de décence intellectuelle : quand on ne sait pas, on se tait. Ici, le « danger sociologique » dénoncé par Bronner et Géhin est clairement le danger idéologique : au nom de certains principes, de certaines valeurs ou d’une position épistémologique relativiste (la vérité objective ne serait que la reproduction historique du discours dominant), la sociologie perd en scientificité.  Le livre évoque à  ce sujet  (pour la critiquer) la pétition signée par certains chercheurs contre l’introduction à l’école de cours sur les théories du complot contre la « volonté de normalisation et l’injonction d’enseigner à tous comment penser droit ».Autre exemple, la défiance de principe d’une large partie des sociologues envers les sciences de la nature parce qu’utiliser des raisonnements issus des neurosciences serait “naturaliser” le comportement humain, donc constituerait une régression intellectuelle par rapport à une sociologie se devant d’être conçue pour expliquer que “tout est construit”. L’enjeu ici est tout à fait politique : si “tout est construit”, tout peut être déconstruit (et reconstruit), donc sauver le progressisme nécessiterait de lutter contre la “naturalisation” des comportements humains, ce qui serait le travail propre de la sociologie. Bronner et Géhin ont parfaitement raison de souligner qu’en plus d’être une posture de principe, cette position confond hâtivement déterminisme génétique et support biologique. Nos comportements prennent indubitablement leur source dans notre organisme, à commencer par le siège des décisions, le cerveau ; de fait, il est tout à fait réducteur de prétendre expliquer le comportement humain sans comprendre le corps humain, par qui s’opèrent toutes les décisions humaines. Pour le dire autrement, toute action et toute pensée a des fondements matériels. Pour autant, cela ne veut pas dire que ces fondements matériels induisent une hérédité génétique, comme si l’on pouvait par exemple trouver le « gène de l’homosexualité ». Ma pensée vient de mon cerveau : en ce sens, je suis le produit d’un ensemble de ressources organiques. Mais cela ne veut pas dire pour autant que tous mes comportements sont hérités : biologique et inné sont deux choses différentes. On peut donc parfaitement sauver le progressisme tout en acceptant la biologie. De toute façon, la biologie existe, et elle a une notoriété scientifique bien plus importante que la sociologie : qu’ont donc à gagner les sociologues en ignorant des travaux souvent considérés comme plus objectifs que les leurs, à part une décrédibilisation supplémentaire ?

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  • Subversive, la théologie de Joseph Ratzinger ?

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    Lu ICI :

    (...) L’attaque portée ces derniers jours contre le théologien Ratzinger se trouve dans un livre qui vient de sortir de presse sous la plume d’Enrico Maria Radaelli, connu comme étant le plus fidèle disciple de Romano Amerio (1905-1997), le philosophe suisse qui, en 1985, avait publié « Iota Unum », l’accusation la plus systématique et la mieux argumentée contre l’Eglise catholique de la seconde moitié du vingtième siècle à laquelle il reproche d’avoir subverti les fondements de la doctrine au nom du subjectivisme moderne. (Voir ICI et LA)

    Le livre de Radaelli s’intitule « Au cœur de Ratzinger, au cœur du monde » et une première mouture vient d’être éditée par Aurea Domus, l’éditeur dont ce même auteur est propriétaire auprès duquel il peut être acheté par courrier électronique ainsi que dans quelques librairies de Rome et de Milan. 

    Ce qui a décidé Radaelli à incriminer également la théologie de Ratzinger d’avoir été subversive c’est la lecture et l’analyse de son œuvre théologique la plus connue et la plus lue, « Einführung in das Christentum », Introduction au christianisme [paru en français sous le titre « La foi chrétienne hier et aujourd’hui », NdT]. Publié pour la première fois en 1968 avant d’être réédité des dizaines de fois et d’être traduit dans plusieurs langues jusqu’à aujourd’hui. 

    Le plus frappant c’est que Radaelli n’est pas le seul à démolir la théologie de Ratzinger puisqu’il a rapidement reçu le soutien de l’un des théologiens et philosophes les plus renommés, Mgr Antonio Livi, le doyen émérite de la faculté de philosophie de l’Université pontificale du Latran, académicien pontifical et président de l’International Science and Commonsense Association. 

    En effet, selon Mgr Livi, Ratzinger et sa théologie ont contribué de façon notable à la montée en puissance de ce qu’il appelle « la théologie moderniste et sa dérive hérétique évidente » qui est devenue de plus en plus hégémonique dans les séminaires, les athénées pontificaux, les commissions doctrinales, les dicastères de la Curie ainsi qu’aux plus hauts échelons de la hiérarchie, jusqu’à la papauté. 

    Nous ne pouvons pas résumer ici les arguments avancés par Radaelli dans son réquisitoire contre le théologien puis pape Ratzinger.  Il suffit d’en lire la présentation très claire qu’en fait Mgr Livi dans cette autre page de Settimo Cielo, au titre sans équivoque : 

    > L’eresia al potere (l’hérésie au pouvoir) 

    Il en ressort qu’aujourd’hui, François n’est pas le seul pape à être la cible d’une « correction » pour hérésie puisque même son prédécesseur émérite n’est plus à l’abri. 

    Radaelli comme Livi figurent parmi les premiers signataires de la « correctio » adressée au Pape François l’été dernier.  Et aujourd’hui également de celle contre Benoît XVI. 

  • Le pari bénédictin

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    Un itinéraire au rebours du christianisme post-moderne et de la tentation protestante dont Jean Guitton a montré qu’elle a toujours guetté l’Eglise catholique : aujourd’hui plus que jamais. Lu sur le nouveau site web du mensuel « La Nef » :Dreher.jpg

    Rod Dreher est un journaliste américain renommé qui tient un blog sur The American Conservative. Converti au catholicisme (1993) puis à l’orthodoxie (2006), il a publié aux États-Unis un essai qui a connu une forte audience, Le Pari bénédictin, traduit en français en septembre dernier (1). Nous l’avons longuement rencontré, il tient un discours stimulant qui appelle au débat. 

    La Nef – Vous êtes passé du protestantisme au catholicisme puis à l’orthodoxie : pourriez-vous nous expliquer votre itinéraire ?

    Rod Dreher –Je n’étais pas un protestant très pratiquant : nous allions à l’église pour Pâques et pour Noël, mais c’était à peu près tout. Adolescent, j’ai rejeté en bloc le christianisme, auquel je reprochais sa mollesse et son esprit bourgeois. Etre chrétien signifiait adhérer à une sorte d’idéologie thérapeutique, réconfortante pour l’esprit mais en aucun cas exigeante. La vraie foi ne pouvait s’y apparenter. Les seuls chrétiens passionnés que je rencontrais étaient des fondamentalistes, dont l’esprit anti-intellectuel et les idées étroites me rebutaient franchement.

    A l’été 1984, âgé de 17 ans, je me suis retrouvé à faire un tour d’Europe en car. Ma mère avait gagné un ticket à la loterie de notre paroisse, et m’y avait envoyé à sa place. Je voulais voir Paris, marcher dans les traces de mon héros d’alors, Ernest Hemingway. En chemin, nous nous sommes arrêtés à la cathédrale de Chartres. Je suis entré sans grande conviction, m’attendant à trouver un vieil édifice sans intérêt. Mais j’y ai rencontré Dieu. Rien, dans mon expérience de jeune Américain du XXe siècle, ne m’avait préparé à la magnificence spirituelle de ces pierres et de ces vitraux médiévaux. Ma reconversion n’a pas été immédiate, mais c’était le départ de ma quête. Je savais que Dieu existait et qu’Il m’appelait.

    J’ai résisté à Sa grâce pendant sept ou huit ans encore, puis j’ai compris que je désirais le Christ par-dessus tout, bien au-delà de mes désirs égocentriques, et je me suis converti. J’ignorais tout de l’Eglise orthodoxe, et je n’en voyais qu’une véritable : l’Eglise catholique romaine. En 1993, j’y ai été reçu lors de la Vigile pascale à Washington. Sans m’en rendre compte, j’ai alors lié ma nouvelle foi catholique à mes convictions politiques : il me plaisait de faire partie des cercles conservateurs catholiques de Washington et de New York, de m’engager sur les champs de bataille religieux et politiques.

    Ce que j’ignorais, c’est que ma conversion était avant tout intellectuelle. En 2001, alors journaliste au New York Post, j’ai beaucoup écrit sur les scandales d’abus sexuels dans l’Eglise. Je m’imaginais que ma foi résisterait à l’épreuve, parce que j’avais tous les arguments théoriques pour l’appuyer.

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