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Livres - Publications - Page 103

  • L'art moderne a-t-il perdu la tête ? Deux entretiens avec Jean Clair

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    Du site CanalAcadémie.com :

    La fabrique des monstres : l’art moderne a-t-il perdu la tête ?
    Entretien avec Jean Clair, de l’Académie française, sur son livre « Hubris". (1/2)

    De livres en livres, Jean Clair, de l’Académie française depuis 2008, s’en prend à l’actuelle décomposition de la culture visuelle – les anciens « beaux-arts ». Depuis Marcel Duchamp, et ceux qui lui emboitèrent le pas, une certaine conception classique a explosé. Nous avons quitté, dit Jean Clair, l’œuvre pour l’objet brut, le symbolique pour un réel écrasé sur lui-même, la re-présentation pour la platitude, le goût du monde pour la jouissance de l’im-monde, la peinture accrochée au mur pour les « installations » à même le sol. D’où vient ce processus barbare ? De l’extérieur ? Ce serait trop simple ! Il vient de l’intérieur, mis en œuvre par ceux-là même qui sont censés être les dépositaires d’un héritage artistique. En devenant contemporain, l’art n’a pas explosé, il a implosé sous l’effet de ces « barbares de la civilisation » - selon l’expression de Chateaubriand.

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    Les œuvres d’art peuvent-elles exister quand s’est perdu le sens du sacré et de la transcendance ?
    Entretien avec Jean Clair, de l’Académie française (2/2)

    Dans un premier entretien, Jean Clair, autour de son livre Hubris a dit l’importance du re-gard porté sur ce qui nous environne etles images formées par les artistes pour mieux comprendre la terre sur laquelle nous sommes. Garder, prendre avec. Les images sont là pour faire des hommes les gardiens du monde – pour éviter qu’il ne devienne im-monde, hostile à la présence des hommes. Dans ce second entretien, Jean Clair revient sur la dégradation de la Culture. La Culture est une « qualité qui unit et élève » alors que le culturel « disperse, éparpille, dégrade, disqualifie ». La culture en train de disparaître au profit du culturel – et des agents qui en font la promotion – suppose une con-templation des œuvres d’art – au sens d’un culte rendu au beau et d’un temple pour ceux qui s’introduisent dans ce culte.

     

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  • Offrir une bible à une personne détenue : une initiative du Vicariat de Bruxelles

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    Communiqué de presse :

    Des Bibles derrière les barreaux

    A dater de ce jour, Mercredi des cendres, l’Église de Bruxelles collecte des Bibles en toutes langues, pour les prisons bruxelloises.

    On constate en effet qu’en prison, des détenus demandent à disposer d’une Bible pour connaître davantage Jésus. Dans le cadre du cheminement proposé par l’aumônier catholique, tant la prière que la lecture de la Bible sont centrales. Les aumôniers des prisons de Bruxelles continuent à chercher des moyens créatifs pour atteindre les personnes derrière les barreaux dans leur langue maternelle, à travers la Bible. Ceci reste un défi éminemment pastoral, car il est compliqué de trouver ou d’acheter suffisamment de Bibles, en différentes langues.

    Boîte à Bible

    Le Vicariat de Bruxelles veut soutenir le service des aumôneries par une action de récolte de Bibles. Les croyants sont invités à offrir une ou plusieurs Bibles (Nouveau Testament ou/et Ancien Testament, Psaumes), en autant de langues que possible.

    Vous pouvez déposer votre Bible dans la « Boîte à Bible » prévue à cet effet dans les églises et autres lieux participants. Vous pouvez aussi les déposer ou les envoyer à l’attention d’Hellen Mardaga, au Centre pastoral, 14 rue de la Linière à 1060 Bruxelles.

    Le point culminant de cette action se situera pendant la Semaine Sainte, mais la récolte s’étend du Mercredi des cendres (14 février) à la Pentecôte (20 mai).

    Au nom de l’Eglise à Bruxelles, des aumôniers et des personnes détenues, je vous remercie.

  • Pour un féminisme écologique

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    Du site de l'excellente revue "La Nef" :

    Un féminisme écologique

    Une récente tribune, publiée dans Le Monde, dénonce bruyamment le « puritanisme » dont ferait preuve une large partie des féministes actuelles. Accusant certaines militantes d’attiser la guerre des sexes et de priver les séducteurs du « droit d’importuner », ses signataires ont surtout relancé la guerre des féminismes. Or, pendant que les femmes se déchirent pour savoir jusqu’à quel point elles veulent bien être harcelées, c’est un puritanisme d’un tout autre genre qui gangrène le sexe « faible ». Si le tabou des violences sexuelles ordinaires est peu à peu levé, ce n’est que l’un des multiples corsets qui oppriment le corps féminin : dans les cabinets gynécologiques se construit une domination d’autant plus insidieuse qu’elle prend les couleurs de l’émancipation. S’il faut dénoncer avec force les attouchements, les remarques blessantes et les œillades humiliantes, qui souillent les jeux de séduction, il faut également lever l’omerta sur les palpations brutales, les paroles méprisantes et les regards chosifiants, qui abîment la relation de soin. Ces deux phénomènes quotidiens doivent être dénoncés comme des atteintes à la dignité humaine.

    Dans mon livre (1), j’explique comment, au nom de la santé reproductive des femmes, notre époque ferme les yeux sur une brutalisation quotidienne de leur corps, qu’on gave de médicaments, d’hormones, d’implants, de patchs, pour mieux contrôler sa fécondité et la faire disparaître de la sphère publique. Depuis leur puberté jusqu’à leur ménopause, en passant par leur grossesse et leur contraception, les femmes remettent leur corps au pouvoir médical, apprennent à le considérer comme potentiellement malade, dangereux, sale et encombrant. Au nom de l’hygiène et de la prévention, elles acceptent d’être auscultées, implantées, analysées, et délèguent peu à peu la connaissance et la maîtrise de leur corps à l’expertise de gynécologues souvent indélicats.

    Dès les premières règles, et pour tout rituel de passage à l’âge adulte, la jeune fille est conduite chez un docteur, allongée les fesses à l’air sur la table d’examen : exposition crue de son corps nubile, qu’aucun œil n’a encore désiré, palpation brutale de ses seins menus qu’aucune main n’a encore flattés, pénétration gantée de son sexe imberbe qui, souvent, n’a pas même été défloré. Comment s’étonner que les femmes peinent ensuite à défendre la dignité de leur corps ? Relégué dans le secret des cabinets médicaux, le vrai corps des femmes est l’objet d’un puritanisme d’un nouvel ordre : cachez ces glaires que je ne saurais voir ! Alors qu’elle ovule pour la première fois, on prescrit à l’adolescente des hormones de synthèse qui infligent à son corps une véritable castration chimique. Ignorante de son cycle et de sa fécondité, la jeune fille n’a pas le temps d’appréhender son nouveau corps de femme qu’elle est déjà placée sous contrôle médical. Désormais, son sexe ne lui appartient plus, mais dépend du laboratoire qui commercialise sa pilule et du docteur qui la prescrit.

    Mon livre veut montrer que ce n’est que le début d’une longue dépossession, qui confie aux médecins la gestion du corps féminin pour mieux l’occulter de la sphère publique. La fécondité féminine cesse alors d’être un enjeu politique et devient un problème technique. Il est tellement plus facile de mettre toutes les adolescentes sous pilule, plutôt que d’imaginer une sexualité juvénile respectueuse du corps féminin. Tellement plus aisé de médicaliser la grossesse et l’accouchement, plutôt que d’allonger le congé maternité et d’accompagner humainement la naissance. Tellement plus commode de proposer des congélations d’ovocytes et des PMA aux working-girls quadragénaires, plutôt que de repenser le monde du travail à l’aune des réalités familiales. Toujours la femme est sommée de gommer ses spécificités et de faire taire son corps pour s’adapter au monde tel qu’il va. Ce faisant, elle paye son émancipation sexuelle d’une soumission sans précédent à la technique et au marché. Car sa fécondité est un terrain d’investissement pour les laboratoires pharmaceutiques : de la contraception à la reproduction artificielle, le corps féminin est un morceau juteux et un secteur d’avenir.

    De toutes parts, la parole se libère. Des violences sexuelles aux violences gynécologiques, des viols collectifs aux humiliations quotidiennes, les femmes ne veulent plus subir en silence ce corps qui devrait au contraire être célébré. Comme beaucoup de femmes, j’ai vécu ces deux formes de violence ordinaire – le harcèlement professionnel et l’aliénation médicale –, je voudrais modestement témoigner qu’une autre voie est possible : un féminisme écologique, respectueux du corps féminin, favorisant une réelle autonomie conjugale, et une société plus humaine.

    Marianne Durano

    9782226396181.jpg(1) Marianne Durano, normalienne et agrégée de philosophie, est professeur en lycée et collabore à la revue Limite. Elle vient de publier Mon corps ne vous appartient pas. Contre la dictature de la médecine sur les femmes, Albin Michel, 2018, 286 pages, 19 €.

  • Pourquoi la PMA n’est jamais éthique

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    Lu sur le site web du bimensuel « L’Homme Nouveau » :

    Après le Manuel de bioéthique des jeunes, La Fondation Jérôme Lejeune publie un deuxième opus consacré cette fois à la Procréaton Médicalement Assistée. Gratuit, disponible sur demande, ce manuel de plus de 90 pages ne se contente pas de donner un apercu de la situation. Il s'attache à poser les bonnes questions et apporter des solutions. Victoire de Jaeghere, membre de la Fondation Jérôme Lejeune a bien voulu répondre aux questions de notre rédactrice en chef adjointe, Adélaïde Pouchol.

    La Fondation Jérôme Lejeune vient de publier un manuel sur la Procréation Médicalement assistée. Un travail de synthèse très complet et didactique, mais la Fondation Lejeune n’en est pas à son coup d’essai...

    Ce manuel sur la PMA est le cinquième manuel publié par la Fondation Jérôme Lejeune. Ces manuels sont la principale publication bioéthique en termes de diffusion. Le premier de la série, le Manuel de bioéthique des jeunes a été diffusé à plus de 500 000 exemplaires depuis sa sortie, un vrai best-seller. Ils sont gratuits et sont destinés en priorité à ceux qui s’adressent aux jeunes : parents, professeurs, éducateurs... pour leur donner tous les outils nécessaires à la réflexion bioéthique.

    Votre manuel sort au moment de l’ouverture des états généraux de la bioéthique dont nous savons qu’ils traiteront en particulier de l’ouverture de la PMA aux couples de femmes et aux femmes célibataires. J’imagine que ce n’est pas un hasard !

    Effectivement, le contexte de la révision de la loi de bioéthique rend nécessaire la mise au point proposée par ce manuel. Le projet de loi doit être examiné en janvier 2019. Il sera rédigé sur la base du travail des états généraux de la bioéthique. C’est pourquoi il est essentiel que chacun y participe. Nous voulons informer le grand public sur cette question et l’inciter à participer au débat public pour soulever les problématiques posées par la conception artificielle des êtres humains. 

    Parler de la PMA dans ce contexte-là est assez compliqué, puisque cette année le débat sera centré sur l’ouverture de cette pratique aux couples de femmes et aux femmes célibataires et nous serions tentés de nous focaliser sur ce point. En réalité, si nous allons vraiment dans le sens du respect de l’enfant, c’est la PMA en général qu’il faudrait remettre en cause. 

    La « PMA pour toutes » sera en haut de l’affiche médiatique. Elle a d’importantes implications sociales, notamment sur le plan de la filiation. Et même si la Fondation Jérôme Lejeune défend l’idée que la PMA n’est pas un geste médical à proprement parler, reste que jusqu’à présent, elle était limitée dans sa pratique par un certain nombres de verrous médicaux... lesquels sauteraient avec l’autorisation de la PMA pour toutes, qui nous fait entrer dans une logique où l’acte médical doit obéir au désir social de n’importe quel couple ou personne seule. Mais notre manuel montre comment la PMA est déjà un problème, même lorsqu’elle est réservée aux couples hétérosexuels, parce qu’elle est une négation de la dignité de l’embryon et dissocie la sexualité et la procréation, ce qui est le lien fondamental d’un couple humain. 

    N’est-il pas trop tard pour se battre sur la question de la PMA « pour toutes » dans la mesure où des personnes célibataires peuvent déjà adopter des enfants ? N’est-ce pas là l’une des racines du problème ? 

    L’adoption par les personnes célibataires est l’accueil d’un enfant qui est déjà là, qui existe, et qui a été privé de ses parents par les accidents de la vie. La PMA est dans une logique inverse : logique de production d’un enfant à qui l’on donne naissance en le privant volontairement d’un ou de deux parents. 

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  • Le "pari bénédictin" : Rod Dreher se défend de l'accusation de donatisme

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    De Sandro Magister, traduit sur le site diakonos.be :

    Saint Benoît au XXIe siècle. Mais « La Civiltà Cattolica » le condamne au bûcher

    « The Benedict Option » a désormais traversé l’Atlantique et est devenu une question de portée internationale. Une question qui n’est pas sans importance puisqu’elle concerne le futur du christianisme dans une époque toujours davantage postchrétienne.

    C’est l’américain Rod Dreher qui est l’auteur de cette proposition et du livre et il est en ce moment en train de parcourir la France pour un cycle de conférence, il a également accordé un entretien-fleuve au mensuel catholique « La Nef ». Son livre a été traduit en Français et le sera bientôt également dans d’autres langues.

    (Voir aussi : http://magister.blogautore.espresso.repubblica.it/2018/02/14/pari-benedictin-ou-politique-antipolitique/)

    Mais c’est l’attaque frontale que « La Civiltà Cattolica » a lancé depuis Rome contre « The Benedict Option » qui a contribué à élever encore davantage le niveau de la polémique.

    Dreher n’est pas catholique. Il l’a été par le passé, aujourd’hui il est orthodoxe russe.  Mais c’est surtout dans la sphère catholique, à commencer par le catholicisme des Etats-Unis, que sa proposition a fait mouche et a lancé un débat enflammé.

    En fait, sa proposition remet radicalement en cause aussi bien le pontificat actuel de François que celui de son prédécesseur Benoît XVI, bien que très différents l’un de l’autre.

    Le Benoît de l’option en question n’est pas le Pape Joseph Ratzinger mais Benoît de Nursie, le grand saint du Ve et VIe siècle qui a su générer une formidable renaissance de la foi et de la culture chrétienne dans le chaos de l’effondrement de l’empire romain, cette renaissance que l’autre Benoît, le pape, a magistralement évoquée dans son mémorable discours du 12 septembre 2008 à Paris, au Collège des Bernardins, en proposant en substance aux catholiques d’aujourd’hui d’en retenir la leçon et de s’en servir dans l’actuel changement de civilisation.

    Il n’est donc pas surprenant que ce soit depuis Rome et de la part d’un pape tel que François qui défend une vision opposée que surgisse une mise à l’index de « The Benedict Option » à travers de l’organe de communication de Jorge Mario Bergoglio qu’est « La Civiltà Cattolica », dirigée par le jésuite Antonio Spadaro.

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  • En 2050, pour un Européen de 50 ans, il y aura trois Africains de moins de 30 ans

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    Démographie : en 2050 pour un Européen proche de 50 ans, il y aura trois Africains de moins de 30 ans (source)

    Le journaliste et universitaire Stephen Smith publie un ouvrage saisissant sur la dynamique migratoire africaine. D’une ampleur sans précédent dans l’histoire, elle sera le défi de l’Europe du XXIe siècle.

    Journaliste-écrivain et universitaire, Stephen Smith a tenu la rubrique Afrique de Libération (1988-2000) puis du Monde (2000-2005). Il a travaillé comme analyste pour les Nations unies et L’International Crisis Group [en anglais dans le texte]. Depuis 2007, il est professeur à l’Université de Duke aux États-Unis, où il enseigne les études africaines. Il est l’auteur d’une quinzaine d’ouvrages publiés en France, dont
    Négrologie : pourquoi l’Afrique meurt ou Oufkir, un destin marocain et d’ouvrages coécrits avec Antoine Glaser comme Ces Messieurs Afrique ou Comment la France a perdu l’Afrique.


    Présentation de l’éditeur


    L’Europe vieillit [vrai] et se dépeuple [note du carnet : pas vraiment pour l'instant]. L’Afrique déborde de jeunes et de vie. Une migration de masse va se produire [probablement]. Son ampleur et ses conditions constituent l’un des plus grands défis du XXIe siècle.

    L’Union européenne compte aujourd’hui 510 millions d’habitants vieillissants ; l’Afrique 1,25 milliard, dont quarante pour cent ont moins de quinze ans. En 2050, 450 millions d’Européens feront face à 2,5 milliards d’Africains. D’ici à 2100 [note du carnet : il faut se méfier des projections à 82 ans...], trois personnes sur quatre venant au monde naîtront au sud du Sahara.

    L’Afrique « émerge ». En sortant de la pauvreté absolue, elle se met en marche. Dans un premier temps, le développement déracine : il donne à un plus grand nombre les moyens de partir. Si les Africains suivent l’exemple d’autres parties du monde en développement, l’Europe comptera dans trente ans entre 150 et 200 millions d’Afro-Européens, contre 9 millions à l’heure actuelle.

    Une pression migratoire de cette ampleur va soumettre l’Europe à une épreuve sans précédent, au risque de consommer la déchirure entre ses élites cosmopolites et ses populistes nativistes. L’État-providence sans frontières est une illusion ruineuse. Vouloir faire de la Méditerranée la douve d’une « forteresse Europe » en érigeant autour du continent de l’opulence et de la sécurité sociale des remparts – des grillages, un mur d’argent, une rançon versée aux États policiers en première ligne pour endiguer le flot – corrompt[rait] les valeurs européennes.

    L’égoïsme [... le terme culpabilisant !] nationaliste et l’angélisme humaniste sont uniment dangereux. Guidé par la rationalité des faits, cet essai de géographie humaine assume la nécessité d’arbitrer entre intérêts et idéaux.


    Extraits d’un entretien sur son livre dans le Figaro

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  • Ars bene moriendi

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    Notre-Dame_du_bien_mourir_(XIIIe_s.),_abbaye_bénédictine_de_Fontgombault_(36)_.jpgSi l'on ne se prépare pas à la mort de notre vivant, nous aurons bien du mal à le faire à la fin de notre vie. La façon dont les moines appréhendent la vieillesse est riche d'enseignements, comme l'explique Nicolas Diat, auteur d'un récit poignant sur le sujet. Il écrit : « Quand on s'y prépare, la mort s'impose comme une évidence simple et belle » Propos de l’auteur recueillis par Jérôme Cordelier pour « Le Point » :

    « Le journaliste Nicolas Diat, biographe de Benoît XVI et co-auteur avec le cardinal Robert Sarah de plusieurs livres à succès, a passé plusieurs mois derrière les murs de huit des plus grands monastères de France pour interroger des moines en fin de vie et ceux qui les accompagnent sur cette dernière étape terrestre. Son récit, minutieux et délicat, sorti cette semaine (1), est poignant et, bien au-delà des hauts murs de Citeaux, de La Grande Chartreuse ou de Solesmes, chemin faisant, à petites touches, ce sont les rapports que nos sociétés dites modernes entretiennent non seulement à l'au-delà et à la foi mais aussi, de manière plus générale, au corps, à la douleur, à la vieillesse qui sont interpellés dans cet ouvrage. Sur ces sujets, les moines ont beaucoup de choses à nous transmettre, et leurs témoignages prennent un relief particulier alors que les Ephad se retrouvent sur la sellette de l'actualité. C'est pourquoi nous avons voulu demander à Nicolas Diat de se faire leur interprète.

    Le Point : Les traitements déplorables des personnes âgées dans les Ephad provoquent en ce moment une vive émotion dans l'opinion publique. Quels enseignements pouvons-nous tirer de l'expérience des moines que vous avez approchés ?

    Nicolas Diat : J'ai été frappé par la manière dont les moines s'occupaient de leurs malades et de leurs frères âgés, pour lesquels ils font preuve d'une attention permanente. Il y a chez eux une logique de gratuité parfaite. Les religieux âgés bénéficient de soins à faire pâlir d'envie toute personne travaillant en Ephad ou dans une unité de soins gériatriques. Il s'agit avant tout d'un accompagnement humain, d'une présence continue, d'une amitié fraternelle. Dans un monastère, un religieux malade n'est jamais laissé seul. Quand, frappé par une leucémie arrivée à son dernier stade, le père-abbé émérite de l'abbaye de Mondaye part à l'hôpital de Caen, ces frères, les Prémontrés, choisissent de ne jamais l'abandonner. Ils sont trente-cinq. Jour et nuit, toutes les trois heures, ils se relaient à son chevet. Le problème devient simple : accompagner une personne, c'est avant tout un investissement. Le père infirmier de l'abbaye de Solesmes me racontait les heures qu'il a passées avec un moine atteint d'une forme de la maladie d'Alzheimer. Il se retrouvait chaque jour en face d'une personne qui ne parlait plus et qui était complètement dépendante dans ses actes les plus quotidiens. Il me disait que s'il n'y prenait garde, la routine pouvait conduire à bien des négligences. Chaque matin, il devait s'efforcer de reconsidérer le patient comme une personne, en se concentrant pour ne pas agir à la va-vite, en réfrénant son désir de rejoindre une activité plus gratifiante. Les soins sont un combat de chaque heure. Le mot de « frère », dans cette communauté d'hommes, prend tout son sens, dans le visage du moine meurtri par la disparition du camarade, de l'ami, du proche. Elle est un peu à l'image de la communauté humaine. C'est une chaîne à travers les temps ; c'est l'homme continu de Pascal. Dans ces communautés, on perçoit les doutes, la foi, la tristesse, mais jamais l'abandon parmi ces hommes qui se soutiennent.

     

    En clair, les moines font corps avec le malade, et cette proximité vaut acte thérapeutique…

    Les enjeux du débat sont évidents : comment rester le plus proche du malade ou de celui qui va mourir ? Comment s'investir par la présence ? Comment rassurer celui qui va partir ? Quand les frères envoient l'un des leurs à l'hôpital, ils ne se déchargent pas pour autant sur l'institution. Ils n'attendent pas des infirmières qu'elles fassent tous les soins pour eux. Ils prennent leur part.

    Que nous apprennent ces moines sur notre rapport à la vieillesse et à la mort ?

    Le père-abbé de l'abbaye de Fontgombault, dans le Berry, aime à décrire le paradoxe moderne qui nous entraîne à imaginer que nous allons réfléchir à notre mort à la toute fin de notre vie, lorsque nous serons malades, dépendants et, parfois, privés de notre discernement. Or, si l'on ne se prépare pas à la mort de notre vivant, nous aurons bien du mal à le faire à la fin de notre vie. Les moines ont tellement pensé la question de la mort qu'à l'instant de partir, elle n'en est plus une : la chose s'impose comme une évidence simple et belle.

    La fréquentation de ces moines en fin de vie a-t-elle changé votre rapport personnel à la maladie, la vieillesse, la mort ?

    J'ai beaucoup travaillé avec les pères infirmiers, qui parfois sont des médecins de formation. Et j'ai été frappé par la paix qui les habite. Ils ne parlent jamais de tristesse, on les voit peu pleurer. Parce que pour eux, répétons-le, la mort fait partie de la vie. Les monastères ont leurs singularités, liées à leur histoire particulière. S'y côtoie une multiplicité de destins, d'histoires et de parcours personnels singuliers mais ces lieux sont tous habités par une même paix. En les rejoignant, j'avais l'impression de partir aux marges. Mais, en fait, les monastères sont au centre de la vie, en phase avec les problèmes les plus humains. Je partais en dehors du monde, derrière les hauts murs des clôtures et, chemin faisant, je me retrouvais au centre de la vie.

    (1) « Un temps pour mourir, derniers jours de la vie des moines », par Nicolas Diat, Fayard, 226 pages, 20,90 euros

    Ref. Nicolas Diat : « Quand on s'y prépare, la mort s'impose comme une évidence simple et belle »

    Dans l'église abbatiale de Fontgombault, les moines viennent s'agenouiller tous les soirs devant la belle statue médiévale de "Notre-Dame du Bien mourir".

    JPSC

     

  • La violence de l'islamisme doit-elle conduire à jeter l'opprobre sur toutes les religions ?

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    Michel De Jaeghere : Quand Rémi Brague pulvérise les dogmes relativistes

    FIGAROVOX/CHRONIQUE - Rémi Brague explore le sophisme qui tend à confondre toutes les religions dans une même réprobation en projetant sur elles la violence de l'islamisme.

    Michel De Jaeghere est directeur du Figaro Histoire et du Figaro Hors-Série. Dans le Figaro Histoire de février-mars 2018, il signe sa chronique «À livre ouvert» sur le dernier essai de Rémi Brague, Sur la religion. À commander en ligne sur la boutique du Figaro.

    Rémi Brague n'a pas de chance, et il doit lui arriver de ressentir comme une fatalité sa situation. Philosophe, servi par une érudition immense, une acuité dans l'analyse que colore un regard d'une humanité profonde, il s'efforce depuis quarante ans d'affiner de manière toujours plus juste et plus subtile nos connaissances sur l'interaction de la métaphysique et de la culture, la place des traditions religieuses dans l'essor des civilisations, l'actualité de la pensée antique et médiévale, les dangers que représentent les ruptures de la modernité. Venu trop tard dans un monde trop vieux, il doit confronter sa pensée avec les slogans, les idées toutes faites que répandent à foison des leaders d'opinion peu curieux de ces subtilités.

    La nocivité générale du «fait religieux», sa propension à susciter intolérance, guerre et persécutions, à maintenir dans l'obscurantisme des peuples qui ne demanderaient, sans lui, qu'à s'épanouir au soleil de la raison pure et au paradis de la consommation de masse, fait partie de ces évidences indéfiniment ressassées. C'est à elle qu'il s'attaque dans Sur la religion , son dernier essai, en montrant qu'elle relève de la paresse intellectuelle ou de l'ignorance, quand elle ne sert pas de paravent à notre lâcheté: «Pour fuir la peur que [l'islam] suscite, remarque-t-il, une tactique commode, mais magique, consiste à ne pas le nommer, et à parler, au pluriel, des religions. C'est de la même façon que, il y a quelques dizaines d'années, on préférait, y compris dans le milieu clérical, évoquer les dangers que représentaient “les idéologies” pour ne pas avoir à nommer le marxisme-léninisme.»

    Que d'autres religions que l'islam aient été parfois associées à la violence, Rémi Brague se garde certes de le nier. Que le meurtre et la guerre soient les inévitables conséquences de la croyance en un Dieu créateur auquel on rende un culte et qu'on s'efforce de prier dans l'espérance d'un salut qui dépasse notre condition mortelle, voilà qui demande des distinctions plus exigeantes. Explorant les relations de ceux que l'on désigne, non sans ambiguïtés, comme les trois grands monothéismes - le judaïsme, le christianisme et l'islam - avec la raison, la violence et la liberté, scrutant les textes saints et les fondements du droit, évaluant les pratiques (le crime d'un adepte n'engage pas nécessairement sa croyance, s'il l'a commis pour d'autres motifs, ou des motifs mêlés, ou en violation manifeste de la morale qu'induit la religion injustement incriminée), il montre au prix de quels amalgames on est parvenu à jeter le discrédit sur une aspiration qui est au fond de l'âme humaine et dont on a le témoignage depuis quelque trois cent mille ans.

    Dans la multiplicité des pistes de réflexion ouvertes par ce livre provocateur - au meilleur sens du terme -, l'une des plus fécondes se trouve sans doute dans la comparaison qu'il risque, après Benoît XVI, des relations entre foi et raison dans le christianisme et l'islam. Le premier, souligne-t-il, admet avec Pascal que si la raison permet de pressentir l'existence d'un Dieu créateur, elle est, seule, incapable d'accéder à des vérités qui la dépassent. Il lui faut le secours de la grâce: ce qu'on appelle la foi. Mais le chrétien peut et doit ensuite faire usage de sa raison pour ce qui relève de son ordre: la connaissance des choses et le choix des actions conformes à la justice, à l'accomplissement de sa nature, sous le regard de sa conscience. Pour le musulman, nous dit-il, c'est l'inverse. L'existence de Dieu a le caractère d'une évidence, que la raison devrait suffire à attester: cela rend inexcusable l'incrédulité. La raison est en revanche impuissante à découvrir par elle-même les comportements que ce Dieu transcendant, muet, inatteignable attend de sa créature. Elle devra dès lors s'en remettre aveuglément à la loi qu'Il a lui-même dictée à son prophète dans le Livre où a été recueillie une parole incréée, irréformable, indiscutable. La première conception fonde le droit naturel, clé de voûte de notre liberté face à l'arbitraire, dans la mesure où il déduit, de notre condition de fils de Dieu, les droits et les devoirs qui s'attachent à la créature. La seconde justifie l'application - toujours et partout - de règles de comportement conçues pour des Bédouins illettrés dans l'Arabie du VIIe siècle: la charia.

    La facilité qui conduit trop souvent, sous couvert de neutralité, intellectuels et responsables à traiter des différentes religions comme d'un phénomène interchangeable et, après en avoir utilisé les dérives pour disqualifier le christianisme, à se les représenter avec ses catégories pour plaquer sur l'islam des caractères qui lui sont profondément étrangers ne se révèle plus seulement, à la lecture de ce livre, comme une manifestation de pusillanimité: bien plutôt comme une utopie mortifère.

     

    Sur la religion , de Rémi Brague, Flammarion, 256 pages, 19 €.

  • Le cardinal Sarah sera à Stockel le 7 février et cela ne semble pas réjouir tout le monde

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    Nous avons annoncé la venue du cardinal Sarah à Stockel le 7 février (Conférence et messe concélébrée avec le cardinal De Kesel). Cela suscite des réserves de la part de l'abbé Mawet, responsable de l'Unité Pastorale, complaisamment relayées par Christian Laporte dans la Libre

  • Une excellente initiative : la traduction française d’un ouvrage inédit d’Etienne Gilson

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    Une excellente initiative : la traduction française d’un ouvrage inédit d’Etienne Gilson

    Lu sur le blog « Salon Beige » :

    Gilson 9782910769505.jpg« L'abbaye Notre-Dame de Fontgombault vient d'éditer la traduction d'un ouvrage de Gilson, précédé d’une préface de Rémi Brague, initialement écrit en anglais : Éléments de philosophie chrétienne. Etienne Gilson (1884-1978) fut professeur à la Sorbonne, à l’École pratique des hautes études, à Harvard et au Collège de France. Il fut élu à l’Académie française en 1946. Il a renouvelé l’étude de la pensée de saint Thomas d’Aquin en y dégageant une métaphysique de l’acte d’être. En 1929, il fonda à Toronto l’Institute of Mediæval Studies.

    Etienne Gilson avait fait paraître cet ouvrage sur les fondements de la philosophie chrétienne en 1960 en Amérique et personne ne l’avait traduit en français. Il s’agit d’une somme de philosophie chrétienne, qui couvre des questions fondamentales : Dieu, l’être, l’homme. Dans une partie consacrée à Dieu, il aborde son existence, les approches métaphysiques permettant de le connaître, son essence : 

    « Pour nous, connaître quelque chose, c’est connaître ce qu’elle est. Si Dieu n’a pas d’essence, il n’a pas de « ce qu’il est », en sorte qu’à la question : Qu’est-ce que Dieu ? la réponse correcte serait : Rien. Bien des mystiques n’ont pas hésité à parler ainsi, dans le sens bien déterminé que Dieu n’est nulle-chose, mais ils ne doutaient certainement pas de son existence. Dire que Dieu n’a pas d’essence serait le rendre entièrement impensable. Et plus important encore, ce serait trahir le sens authentique de la méthode négative en théologie. Une négation requiert nécessairement une affirmation, à savoir l’affirmation même qu’elle rejette. Dire que Dieu n’a pas d’essence, cela signifie en réalité que Dieu est comme un au-delà de l’essence. Pour mieux le dire, Dieu est l’être dont l’essence est d’être au-delà de l’essence ; autrement dit, Dieu est l’être dont l’essence est d’être. » (p. 214‑215)

    « Si nous disions que Dieu est ceci, fût-ce même l’essence, notre proposition entraînerait comme corollaire que Dieu n’est pas cela. Au contraire, le fait de dire que Dieu n’est ni ceci ni cela nous fait affirmer de façon implicite qu’il n’y a rien qu’à sa manière propre, qui est transcendante, Dieu ne soit. Affirmer que Dieu n’est qu’être revient à nier à son propos tout ce qui, parce que c’est une détermination de l’être, en est une négation. » (p. 217)

    A l'heure de la révision des lois bioéthiques, cette citation révèle toute son importance :

    « Pour modifier la nature de façon utile, il faut obéir à ses lois propres. Mais la nature ne peut être modifiée que dans certaines limites. Il est excessivement dangereux d’imaginer que, contrairement à la nature physique, la nature humaine et les sociétés humaines sont des créations libres de l’homme, et que par conséquent elles sont entièrement au pouvoir de l’homme. Le châtiment d’une telle erreur est terrible. Toute société qui méprise les lois fondamentales de la nature humaine et l’ordre établi par Dieu provoque sa propre destruction. » (p. 463)

    Michel Janva

    Ref. Traduction d'un ouvrage inédit d'Etienne Gilson

    JPSC

  • La rétrospective 2017 de l'Institut Européen de Bioéthique

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    RETROSPECTIVE 2017

    Institut Européen de Bioéthique

    Institut Européen de Bioéthique

    Bulletin de l'Institut Européen de Bioéthique - Bruxelles - Le 30 janvier 2018

    GPA

    DOSSIERS publiés en 2017 

    Pour les lecteurs qui  aiment avoir une vue d'ensemble des documents publiés au cours de l'année 2017.

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    FICHES DIDACTIQUES

    DOSSIERS in ENGLISH

  • Le cardinal Wim Eijk appelle le pape à clarifier les doutes semés par Amoris laetitia

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    Lu sur le blog « Salon beige »

    « De Jeanne Smits sur RITV :

    "Dans un entretien avec le quotidien néerlandais Trouw, l’archevêque d’Utrecht, le cardinal Wim Eijk vient d’appeler le pape François à apporter de la « clarté » face aux « doutes » semés par l’exhortation post-synodale Amoris laetitia à propos de l’accès à la communion pour les divorcés « remariés ». S’il s’efforce d’affirmer, dans cet entretien paru vendredi dernier, que le pape n’a « jamais, nulle part » déclaré que ces couples pouvaient recevoir le sacrement de pénitence et de l’Eucharistie, il emploie tout de même des mots qui ont été ceux de nombreux évêques, universitaires et théologiens, mais aussi ceux des quatre cardinaux des « Dubia » demandant au pape François de faire la lumière sur cette question, sans jamais recevoir de réponse.

    Le cardinal Wim Eijk, connu pour ses positions fidèles à la tradition de l’Eglise en matière de morale familiale et conjugale, avait déclaré à l’issue des deux synodes sur la famille que l’Eglise catholique ne saurait modifier son enseignement traditionnel sur le refus de la communion aux couples divorcés « remariés », assurant alors que le pape ne changerait pas la doctrine à cet égard.

    « A la suite des deux synodes sur la famille un document a été écrit par le pape, Amoris laetitia. De ce fait des doutes ont été semés. Les divorcés “remariés” peuvent-ils désormais communier ou non ? Ce que l’on voit, un peu, c’est que telle conférence épiscopale gère l’affaire d’une façon, tandis que tel autre la gère d’une manière exactement inverse. Mais bon, ce qui est vrai à l’endroit A ne peut subitement être faux à l’endroit B. A un moment donné on serait content de voir que la clarté soit faite. » 

    [...] Interrogé sur la question de savoir ce qu’il attend du pape François, le cardinal a répondu : « Je dirais : éclairez-nous. A propos de ce point précis. Otez ce doute-là. Sous forme d’un document, par exemple. » [...]"

    Ref. Le cardinal Wim Eijk appelle le pape à clarifier les doutes semés par Amoris laetitia

    Il se fait, malheureusement pour le Cardinal-Archevêque des Pays-Bas, que, dans l'esprit du pape, l’affaire est désormais close, comme l’explique clairement l’Agence Kathnet :

    « Le Vatican a publié dans les “Acta Apostolicae Sedis” (AAS), l’organe officiel du Saint Siège, le document explicatif qui avait été adressé aux évêques de la région pastorale de Buenos Aires suite à l’exhortation post synodale “Amoris Laetitia”, ainsi qu’une lettre du pape François, dans laquelle il donne son approbation au dit document.

    La parution dans les AAS de cette lettre privée du pape aux évêques de la région pastorale de Buenos Aires élève cet écrit au rang de “Lettre Apostolique”.

    Elle contient en outre une contribution du cardinal Pietro Parolin dans laquelle celui-ci précise que la parution des deux documents a été faite sur la demande expresse du pape François qui désire que, aussi bien le document explicatif aux évêques de Buenos Aires que sa propre lettre soient désormais considérés comme des éléments de son “magistère authentique”.

    Le document explicatif à l’adresse des évêques de Buenos Aires, datant de septembre 2016, prévoit au n°6, d’autoriser, au cas par cas, que des personnes “divorcées et remariées civilement” puissent recevoir la communion eucharistique, même si celles-ci ne se déclarent pas prêtes à vivre dans l’abstinence. La réception de la communion pourrait être le résultat d’un processus de discernement accompagné de façon personnelle et pastorale par un prêtre. A l’issue d’un tel processus, il n’y aurait pas obligatoirement une admission aux sacrements : les personnes pourraient aussi librement choisir une autre façon de participer à la vie de l’Eglise.

    Dans sa lettre aux évêques, le pape a expressément approuvé la valeur de ce processus. Le document explicatif se veut exhaustif en ce qui concerne le huitième chapitre d’ “Amoris Laetitia”. Le pape l’affirme sans ambiguïté : ‘Il n’y a pas d’autre interprétation’. »

    Ce point final péremptoire n’empêche évidemment pas de rappeler ici quels sont les divers degrés d’engagement de l’enseignement suprême du pape seul ou du pape et des évêques unis à lui et, spécialement, de préciser que le magistère le plus élevé peut se placer à deux degrés d’autorité :

    1°/ Celui des doctrines irréformables du pape seul ou bien du collège des évêques (Lumen gentium n. 25 § 2 et 3). Ce magistère infaillible, auquel il faut « adhérer dans l’obéissance de la foi », peut lui-même être proposé sous deux formes :

    1. a) les jugements solennels du pape seul ou du pape et des évêques réunis en concile ;
    2. b) le magistère ordinaire et universel (Dz 3011).

    2°/ Et, d’autre part, celui des enseignements du pape ou du collège des évêques avec le pape, sans intention de les proposer de manière définitive, auxquels est dû « un assentiment religieux de la volonté et de l’esprit » (Lumen gentium n. 25 § 1). On parle généralement de « magistère authentique », bien que le vocabulaire ne soit pas absolument fixé.

    C’est  à ce second degré d’autorité du magistère qu’il faut situer celle des deux documents que le pape vient de faire publier au « Moniteur » du Saint-Siège : le même que celui de l’exhortation post-synodale « amoris laetitia » : leur enseignement ne peut plus être remis en cause « nisi gravibus causis » (à moins de graves raisons). Cette clausule signifie, a contrario, qu’il peut l’être dans cette occurrence.

    JPSC