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Persécutions antichrétiennes - Page 19

  • Un cimetière chrétien profané en Turquie

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    Une dépêche de l'Agence Fides :

    ASIE/TURQUIE - Un ancien cimetière chrétien profané dans la région de Tur Abdin

    5 juillet 2022  
     

    www.aina.org

    Yemişli (Agence Fides) - Des centaines de tombes profanées, avec des restes mortels et des objets funéraires dispersés dans les terres environnantes. C'est la scène que les chrétiens de Yemişli, un village de la province turque de Mardin (sud-est), ont trouvé devant eux lors de leur dernière visite au cimetière pour honorer la mémoire de leurs ancêtres. La profanation impie - rapportent des journaux turcs tels que Yeni Yaşam Gazetesi - a été découverte le mercredi 29 juin, jour où est célébrée la mémoire liturgique des saints Pierre et Paul. La chapelle du cimetière, dédiée aux deux Saints Apôtres, a été érigée en 1967, au milieu d'une zone funéraire qui comprend des tombes remontant au premier millénaire chrétien.

    Chaque année, le 29 juin, les chrétiens qui vivent encore dans la région - appartenant pour la plupart aux communautés syriaque, assyrienne et chaldéenne - se rendent au cimetière pour célébrer des liturgies dans la chapelle dédiée aux saints Pierre et Paul et accomplir des actes de dévotion devant les tombes de leurs ancêtres. Cette année, la découverte des tombes violées a provoqué la tristesse et le découragement des chrétiens de la région, qui ont reçu des témoignages de solidarité immédiate de la part des représentants de la communauté yazidie vivant encore en Turquie. La profanation de l'ancien cimetière chrétien de Yemişli a été rapidement signalée à la police locale.

    La région montagneuse de Tur Abdin, dans le sud-est de la province de Mardin, constitue une zone d'enracinement historique des communautés chrétiennes syriennes de la région. Le siège du patriarcat syrien orthodoxe d'Antioche s'était installé près de Mardin au 13e siècle, dans le monastère de Mor Hananyo, et y est resté jusqu'en 1933, avant de se déplacer en Syrie (d'abord à Homs, puis à Damas).

    Au cours des premières années du conflit syrien, la province de Mardin a vu arriver un flux important de réfugiés chrétiens qui avaient fui la Syrie. En février 2018 (voir Fides 13/2/2018), un décret-loi a ordonné la restitution intégrale aux Fondations liées à l'Église orthodoxe syrienne de dizaines de biens ecclésiastiques - églises, monastères, terrains et même cimetières anciens - dispersés dans la région de Mardin et qui avaient été placés sous le contrôle d'institutions publiques turques en 2017.

    (GV) (Agence Fides 5/7/2022)

  • Burkina Faso : plus de 30 fidèles assassinés devant leur église

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    Du site de l'Aide à l'Eglise en Détresse (France) :

    Burkina Faso : Assassinés devant leur église

    05/07/2022

    L’AED dénonce une énième attaque terroriste au Burkina Faso. Dans la nuit du 3 au 4 juillet, plus de trente burkinabè ont été tués lors d’une attaque à Bourasso dans le diocèse de Nouna (Nord-Ouest).

    Réfugiés ayant fui les attaques terroristes

    « Les terroristes sont venus en motos dans le village de Bourasso le dimanche 3 juillet vers 17h, puis ils sont repartis sans rien faire….Mais ils sont revenus pendant la nuit, menaçant les villageois dans la cour devant l’église » explique l’un des survivants.  Alors que les villageois les suppliaient de les épargner, d’autres habitants sont venus se joindre à cette supplication car les terroristes étaient déjà venus plusieurs fois dans ce village et menaçaient toute la région depuis déjà deux ans. C’est alors que les hommes armés se sont mis à tirer sur la population. « Ils ont tué 14 personnes devant l’église » déplore un prêtre de la paroisse cathédrale de Nouna, située à 20 km de Bourasso. Puis ils sont rentrés plus à l’intérieur du village et en ont tué 20 autres* …Parmi eux, beaucoup de chrétiens et des personnes de la religion traditionnelle africaine. Le procédé est toujours le même, ces hommes arrivent en moto, deux par motos, ils sont encagoulés et armés. Dans la nuit, difficile de savoir combien ils sont mais sans doute quelques dizaines.

    « Ils sont venus chez moi et ont fait sortir deux membres de ma famille » témoigne un autre survivant. « Ils les ont égorgés avant de partir. La psychose était énorme. Je n’arrêtais pas de penser qu’ils allaient revenir chercher le reste de ma famille »

    « On est terrifié…continue le père.  » Toutes ces personnes victimes n’ont rien à voir avec la politique ou ces groupes terroristes, elles sont attaquées alors qu’elles n’ont rien pour se défendre. C’est vraiment le désarroi…» Lui-même avait échappé de justesse à une embuscade terroriste dans cette région le 9 mai dernier. « Je suis vraiment triste ….Je connaissais quasiment toutes les personnes. »

    Le courage de vivre

    La matin de l’attaque, le diocèse de Nouna célébrait dans la joie une messe d’action de grâce pour l’ordination de deux de ses prêtres qui avait eu lieu la veille.  Le diocèse remerciait aussi les sept années de service de son catéchiste qui habite à Bourasso. Sans savoir que la nuit même, une partie de ses paroissiens, dont les deux frères du catéchiste, allaient mourir, assassinés par des terroristes.

    « Mais malgré tout, nous gardons espoir. Nous gardons le courage de vivre les jours que Dieu nous donne. » affirme le prêtre. Et de conclure : «  Ici, quand on se lève, on sait qu’on est vivant, mas on ne sait pas si on sera encore vivant le soir. » 

    L’AED au chevet des victimes du terrorisme

    Depuis 2015, le Burkina Faso est en proie à une multiplication d’attaques terroristes que le précédent président Kaboré n’avait pas réussi à endiguer. Il s’est fait renversé par un coup d’Etat le 24 janvier dernier par le lieutenant-colonel Samdaogo Damiba, promettant une lutte acharnée contre le terrorisme. Mais force est de constater que pour l’heure, les attaques continuent de proliférer dans tout le Burkina Faso.

    L’AED apporte son soutien à l’Église catholique du Burkina Faso dans son action en faveur du « retour à la vie » de personnes victimes de la violence islamiste et de déplacés. L’AED finance en particulier des projets visant à guérir les traumatismes. Plusieurs projets de radio qui assurent la communication, l’information et la pastorale dans les zones où la majorité de la population est en fuite ont également été subventionnés. En 2021, l’AED a soutenu 75 projects au Burkina Faso.  

    *Nos interlocuteurs (qui souhaitent rester anonyme) parlent de plus de 30 morts. Le communiqué officiel du diocèse avait donné quant à lui un premier bilan provisoire de 22 morts.

  • Inde : plus de 200 cas de violence contre des chrétiens en cinq mois

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    Une dépêche de l'Agence Fides :

    ASIE/INDE - Plus de 200 cas de violence contre des chrétiens en cinq mois

    4 juillet 2022  
     

    New Delhi (Agence Fides) - Au cours de l'année 2022, de janvier à fin mai, 207 cas de violence contre les chrétiens en Inde ont été signalés. C'est ce qu'affirme une note envoyée à l'Agence Fides par le " United Christian Forum " (UCF), un organisme œcuménique qui surveille, grâce à un numéro de téléphone spécial gratuit, les cas de violence. "Cette année, en observant les données, il y a eu plus d'un incident par jour", commente le catholique A.C. Michael, président de l'UCF, rappelant que 2021 a été décrite comme "l'année la plus violente pour les chrétiens", avec 505 incidents de violence signalés dans tout le pays.

    En 2022, l'État le plus violent à ce jour est l'Uttar Pradesh, avec 48 incidents signalés. Il est suivi par le Chhattisgarh avec 44 incidents. Les incidents incluent des violences sexuelles, des intimidations et des menaces, l'ostracisme social, le vandalisme et la profanation de lieux religieux, et la perturbation des services de prière. Dans la plupart de ces cas, aucune brutalité physique et aucune fermeture arbitraire de chapelles ou de lieux de culte n'ont été signalées.

    Parmi les cas signalés par l'UCF, deux incidents de boycott social et d'agression se sont produits début mai contre des fidèles chrétiens à Chhattisgarh, tous deux du district de Bastar. Lors du premier incident, une chrétienne de 65 ans et son fils ont été battus et menacés de boycott social par le "Panchayat" (le conseil du village) lorsqu'ils ont refusé d'abjurer leur foi. Dans l'autre cas, une famille chrétienne entière du même district a été marginalisée et empêchée d'accéder à des services tels que l'eau et l'électricité.

    Dans un autre incident, survenu le 31 mai dans le district de Jaunpur, dans l'Uttar Pradesh, un pasteur protestant célébrait une liturgie de prière lorsqu'une foule est entrée dans la chapelle, l'a traîné dehors et l'a battu, affirmant qu'il convertissait les gens par la force.

    "La ligne d'assistance de l'UCF aide les personnes ciblées en raison de leur foi, en leur fournissant des conseils juridiques et une orientation", explique Michael, ancien membre de la commission des minorités de Delhi.

    "Il est alarmant que la liberté de religion soit bafouée de manière aussi brutale par quelques extrémistes. Nous demandons instamment aux autorités de prendre cette question au sérieux. Les chrétiens indiens épris de paix respectent les libertés constitutionnelles et souhaitent simplement vivre leur foi dans la nation", conclut-il.

    Les chrétiens représentent 2,3 % des 1,3 milliard d'habitants de l'Inde, dont 80 % sont hindous.

    (SD-PA) (Agence Fides 4/7/2022)

  • Nigeria : la chasse aux prêtres bat son plein

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    Une dépêche de l'agence Fides :

    AFRIQUE/NIGERIA - Deux autres prêtres catholiques enlevés

    lundi, 4 juillet 2022
     

    Abuja (Agence Fides) - Deux autres prêtres ont été enlevés au Nigeria. Il s'agit du père Peter Udo, de la paroisse de St Patrick, à Uromi, et du père Philemon Oboh, du centre de retraite de St Joseph, à Ugboha, dans la zone de gouvernement local d'Esan, dans l'État d'Edo, au sud du Nigeria. Selon la police de l'État d'Edo, les deux prêtres ont été enlevés le 2 juillet et emmenés dans un lieu inconnu par des ravisseurs qui ont bloqué leur voiture le long de l'autoroute Bénin-Auchi, entre les communautés d'Ehor et d'Iruekpen.

    Les deux prêtres revenaient de Benin City lorsque leur véhicule a été bloqué par les bandits qui auraient tiré plusieurs coups de feu en l'air pour forcer la voiture à s'arrêter.

    La police a déclaré avoir envoyé des agents dans la région "pour mener une chasse à l'homme agressive et bien coordonnée" afin de retrouver les ravisseurs et de libérer les deux prêtres.

    Il y a une semaine seulement, dans l'État d'Edo, un autre prêtre, le père Christopher Odia Ogedegbe, avait été tué lors d'une tentative d'enlèvement le dimanche 26 juin alors qu'il se rendait à la messe à Auchi (voir Fides 27/6/2022).

    Un autre prêtre catholique, le père Vitus Borogo, avait été tué le 25 juin dans sa ferme à Kaduna, dans le nord-ouest du Nigeria. Lors de ses funérailles, 700 prêtres ont manifesté pacifiquement pour demander une plus grande sécurité pour eux et pour tous les citoyens nigérians (voir Fides 1/7/2022).

    L'enlèvement contre rançon est aujourd'hui l'un des crimes dominants dans diverses villes nigérianes : les hommes politiques, les hommes d'affaires, les religieux et toute personne disposant d'argent, y compris les écoliers issus de familles relativement aisées, sont des cibles faciles pour les bandits.

    (L.M.) (Agence Fides 4/7/2022)

  • Deux prêtres ont été tués au cours du week-end au Nigeria, l'un dans l'État de Kaduna et l'autre dans l'État d'Edo

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    De Catholic News Agency :

    Deux prêtres tués au Nigeria dans des incidents distincts

    26 juin 2022

    Deux prêtres ont été tués au cours du week-end au Nigeria, l'un dans l'État de Kaduna et l'autre dans l'État d'Edo.

    Le père Vitus Borogo, prêtre de l'archidiocèse de Kaduna, a été tué le 25 juin "à Prison Farm, Kujama, le long de la route Kaduna-Kachia, après un raid des terroristes sur la ferme", a déclaré le chancelier de l'archidiocèse de Kaduna dans un communiqué transmis à ACI Afrique. 

    Le prêtre, âgé de 50 ans, était l'aumônier catholique du Kaduna State Polytechnic.

    Dans l'État d'Edo, le père Christopher Odia a été enlevé de son presbytère à l'église catholique St. Michael, Ikabigbo, Uzairue, vers 6h30 le 26 juin. Il a été tué par ses ravisseurs, a annoncé le diocèse d'Auchi.

    Le père Odia, âgé de 41 ans, était administrateur de l'église St. Michael et directeur de la St. Philip Catholic Secondary School à Jattu.

    The Sun, un quotidien nigérian, a rapporté qu'un servant de messe et un vigile local qui suivait les ravisseurs ont été abattus pendant l'enlèvement du père Odia.

    Le nombre de chrétiens tués pour leur foi est plus élevé au Nigeria que dans tout autre pays du monde - au moins 4 650 en 2021, et près de 900 rien qu'au cours des trois premiers mois de 2022.

    Selon la fondation britannique de défense des droits de l'homme Christian Solidarity Worldwide, l'État de Kaduna est devenu "un épicentre des enlèvements et des violences perpétrés par des acteurs non étatiques, bien qu'il s'agisse de l'État le plus garni du Nigeria."

    Au début du mois, des hommes armés ont attaqué une église catholique et une église baptiste dans l'État de Kaduna, tuant trois personnes et enlevant plus de 30 fidèles, et plus de 40 chrétiens ont été tués dans une attaque contre une église catholique dans l'État d'Ondo le 5 juin.

  • Chine; l'évêque Cui Tai est toujours détenu : le Vatican va-t-il insister sur sa libération ?

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    De Wu Xiuying sur Bitter Winter :

    L'évêque Cui Tai est toujours détenu : Le Vatican va-t-il insister sur sa libération ?

    22/06/2022

    Ce n'est qu'en faisant de sa libération une condition préalable au renouvellement de l'accord avec la Chine que le Saint-Siège pourra mettre fin au calvaire du prélat.

    Bishop Cui Tai. From Weibo.

    L'évêque Cui Tai. De Weibo.

    En octobre 2022, l'accord Vatican-Chine de 2018 expirera, après avoir été renouvelé lors de sa première échéance en 2020 pour deux années supplémentaires. Le Vatican le renouvellera-t-il ? Les catholiques chinois ne doutent pas que le renouvellement de l'accord soit dans l'intérêt du PCC. Mais est-ce dans l'intérêt du Vatican ?

    Ici, les avis divergent. Certains catholiques qui ont parlé à Bitter Winter apprécient le fait que, au moins en théorie, il y a maintenant en Chine une seule Église catholique - au lieu de deux, la "patriotique" contrôlée par le gouvernement et la "clandestine" indépendante - et les catholiques qui décident d'assister aux services de l'Église catholique patriotique peuvent maintenant le faire avec la bénédiction du Vatican et sans se sentir coupables de participer à des rites "schismatiques".   

    Cependant, la majorité des catholiques chinois n'étaient pas satisfaits de l'accord au départ ou sont déçus de ses résultats. Bien sûr, il est impossible de réaliser des sondages d'opinion indépendants, mais les catholiques votent visiblement avec leurs pieds. Parmi ceux qui fréquentaient les églises clandestines, rares sont ceux qui suivent les évêques patriotes, même s'ils sont désormais reconnus par le Vatican. Dans un climat général de confusion, beaucoup ont abandonné l'Église catholique. Bitter Winter a également recueilli l'opinion de dizaines de prêtres et de laïcs qui, tout en respectant le pape et le Saint-Siège, estiment avoir été trompés en signant un accord qui ne profite qu'au régime.

    Un test que ces catholiques dissidents ou perplexes considèrent comme crucial est de savoir si le PCC libèrera les évêques clandestins qu'il a arrêtés. Bitter Winter a mentionné le cas de l'évêque Joseph Zhang Weizhu du diocèse de Xinxiang, qui a été arrêté en mai 2021 et dont on ignore toujours où il se trouve. Nous avons rapporté que, selon des sources crédibles, le Vatican a demandé sa libération, mais en vain.

    Le cas le plus discuté par les catholiques chinois concerne l'évêque Augustine Cui Tai, qui était évêque coadjuteur du diocèse de Xuanhua, dans la province de Hebei. L'évêque Cui Tai, âgé de 72 ans, a été emprisonné pendant de longues périodes depuis 2007, bien qu'il ait été périodiquement libéré pour quelques jours à l'occasion du Nouvel An chinois et d'autres fêtes. De janvier à juin 2020, il a connu sa plus longue période de liberté, car après le Nouvel An chinois, il a été confiné chez lui à cause de la pandémie. Mais il a ensuite été de nouveau arrêté. Selon les catholiques de Xuanhua, plusieurs rumeurs circulent, mais on ignore où il est détenu.

    L'évêque Cui Tai est l'un des "objecteurs de conscience" qui refusent de rejoindre l'Association patriotique, bien que cela soit autorisé et même encouragé par le Vatican. Il est accusé par le PCC de dire à ses ouailles que même s'il n'a pas rejoint l'Association patriotique, il est en communion avec le Saint-Siège. Or, cela est vrai, selon le Vatican lui-même, qui a déclaré à plusieurs reprises qu'il n'encourage pas l'objection de conscience mais considère les objecteurs comme des catholiques en règle dont le choix doit être respecté. 

    L'évêque Cui Tai est un prélat populaire et sa détention est un immense scandale. Des rapports crédibles indiquent qu'il a été torturé à plusieurs reprises en prison, car il refuse obstinément de rejoindre l'Association patriotique. Son calvaire prouve que quelque chose cloche dans l'accord de 2018. De nombreux catholiques chinois pensent que, comme il l'a fait sans succès pour l'évêque Zhang Weizhu, le Vatican demande maintenant discrètement la libération de l'évêque Cui Tai également.

    Cependant, demander n'est pas suffisant. La libération des évêques objecteurs de conscience, dont l'évêque Cui Tai, devrait être une condition préalable au renouvellement de l'accord. Sans cela, l'évêque Cui Tai et d'autres continueront d'être détenus et torturés.

  • Nigeria : nouvelle agression contre une église catholique (trois morts et une quarantaine de personnes enlevées)

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    Une dépêche de l'Agence Fides ;

    AFRIQUE/NIGERIA - Nouveau massacre de fidèles au Nigeria

    20 juin 2022  
     
    Abuja (Agence Fides) - Au moins trois morts et une quarantaine de personnes enlevées. C'est le bilan de l'agression des fidèles de l'église catholique de Saint-Moïse, Robuh, Ungwan Aku, dans la zone de gouvernement local de Kajuru, dans l'État de Kaduna, qui a eu lieu hier dimanche 19 juin.

    Le commando terroriste composé de plusieurs hommes armés a attaqué les fidèles pendant la messe du matin, en tirant au hasard. Au cours de la fusillade, trois personnes ont été tuées tandis que d'autres ont subi des blessures plus ou moins graves et ont toutes été transportées à l'hôpital. Environ 40 personnes sont portées disparues et on pense qu'elles ont été enlevées par les bandits.

    Selon des sources officielles, le commando est arrivé sur une moto et a pris d'assaut plusieurs villages, en commençant par Ungwan Fada. Dans le village de Rubuh, le commando a attaqué les fidèles de l'église baptiste de Maranatha et de l'église catholique de Saint-Moïse. Le village de Rubuh avait déjà été attaqué le 5 janvier de cette année et le 27 avril 2020. C'est pourquoi les fidèles des églises catholique et méthodiste avaient décidé de tenir leur service religieux dominical à 7 heures du matin afin que les participants puissent rentrer chez eux le plus tôt possible. Mais cette fois, les assaillants sont intervenus juste après 7 heures du matin et ont frappé pendant les deux services religieux.

    Les proches des personnes enlevées attendent maintenant des demandes de rançon pour pouvoir retrouver leurs proches, souvent au prix de devoir vendre tous leurs biens.

    Nous rappelons que le dimanche 5 juin (voir Fides 6/6/2022), une quarantaine de fidèles ont perdu la vie dans l'attaque de l'église Saint-François-Xavier à Owo, dans l'État d'Ondo (sud-ouest du Nigeria). (L.M.) (Agence Fides 20/6/2022)

  • Nigeria : le témoignage d'un survivant du massacre de la Pentecôte

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    Du site de l'Aide à l'Eglise en Détresse (France) :

    Nigeria : Un survivant de l’attaque de la Pentecôte témoigne

    Le père Andrew Adeniyi Abayomi a vu ses paroissiens se presser autour de lui dans la sacristie ce dimanche 5 juin : « Père, s’il vous plaît, sauvez-nous ; père, priez ! ». Pendant ce temps, des terroristes massacraient les fidèles venus célébrer la Pentecôte en l’église St Francis Xavier à Owo, dans l’État d’Ondo. 41 sont morts et il y a eu de nombreux blessés. Le prêtre témoigne pour l’AED.

    Bénédiction de l’un des survivants de l’attaque terroriste du 5 juin 2022.

    Où étiez-vous quand l’attaque s’est produite ?

    J’étais encore dans le sanctuaire. J’avais fini la messe et j’étais en train de mettre l’encens dans l’encensoir pour préparer la procession devant l’église. C’est alors que j’ai entendu un bruit. J’ai cru que c’était une porte qui claquait, ou que quelqu’un était tombé, ou avait vu un serpent, parce que c’était déjà arrivé.

    Mais ensuite j’ai entendu un deuxième grand bruit et j’ai vu des paroissiens courir dans différentes directions dans l’église. Je suis resté là, sous le choc, me demandant ce qui se passait, quand quelqu’un a couru vers moi en criant : « Père, des inconnus armés ! »

    Avez-vous craint pour votre vie ?

    À ce moment-là, je ne craignais pas pour ma vie ; je pensais plutôt à sauver mes paroissiens. Certains d’entre eux ont trouvé le courage de verrouiller la porte d’entrée. J’ai exhorté les gens à se déplacer à travers le sanctuaire jusqu’à la sacristie. Certains paroissiens se sont échappés par là. Je suis resté dans la partie intérieure de la sacristie. Je ne pouvais pas bouger, car j’étais entouré d’enfants, tandis que des adultes se cramponnaient à moi, certains même à l’intérieur de ma chasuble. Je les ai protégés comme une poule protège ses poussins.

    J’ai entendu les voix de mes paroissiens : « Père, s’il vous plaît, sauvez-nous ; père, priez ! » Je les ai encouragés et calmés et je leur ai dit qu’ils ne devaient pas s’inquiéter, que j’étais en train de prier et que Dieu ferait quelque chose. J’ai entendu trois à quatre explosions, l’une après l’autre. Toute l’attaque était bien planifiée et a duré environ 20 à 25 minutes.

    Que s’est-il passé ensuite ?

    Enfin, nous avons reçu un message indiquant que les assaillants étaient partis. Nous avons quitté la sacristie et j’ai vu que certains paroissiens étaient morts, tandis que beaucoup étaient blessés. Mon esprit était troublé. J’ai supplié les gens de conduire nos frères et nos sœurs blessés à l’hôpital. J’ai commencé à déplacer certains des blessés à l’hôpital St. Louis et au centre médical fédéral (Federal Medical Centre) avec l’aide de paroissiens qui pouvaient conduire. Nous avons laissé les cadavres à l’église, tout en essayant de sauver les blessés.

    Le père Andrew Adeniyi Abayomi est le pasteur adjoint de l’église St Francis Xavier à Owo, dans l’État d’Ondo, au Nigeria

    L’État d’Ondo était calme, en particulier par rapport au nord du Nigéria et à la Middle Belt, bien qu’il y ait eu des tensions entre les bergers peuls et les agriculteurs chrétiens. Comment expliquez-vous ce soudain déchaînement de violence ?

    On a entendu dire que des groupes militants sont en train de mobiliser des gens dans le sud-ouest et dans d’autres régions du pays. On ne sait pas à quelle tribu, ou race ou groupe appartiennent les agresseurs. Même si pendant l’attaque, certains les ont vus, ils n’ont pas pu les identifier, car ils ne parlaient pas. Certains des agresseurs se sont déguisés en simples paroissiens pendant la messe. Ils ont prié avec nous pendant la messe jusqu’au début de l’attaque.

    Comment comptez-vous prendre soin des paroissiens blessés et endeuillés ?

    Nous avons déjà commencé à le faire en leur offrant des soins pastoraux, en leur rendant visite, en priant avec eux, en administrant le sacrement des malades et en les encourageant à garder vivante l’espérance. Nous sommes engagés davantage pour prendre soin de leurs familles et des personnes endeuillées. Le diocèse a fait appel à d’autres paroisses pour avoir du soutien. Des organisations gouvernementales et non gouvernementales, comme la Croix-Rouge, et d’autres groupes, même des groupes musulmans et des imams, nous aident matériellement et financièrement. La Croix-Rouge a été la plus active, faisant appel au grand public pour des dons de sang et du soutien matériel.

    Quels sont les plus grands besoins en ce moment ?

    Nous avons besoin d’un soutien matériel et financier pour prendre soin des victimes et des survivants. Nous avons également besoin de notre propre stratégie de sécurité. Pas très loin, il y avait du personnel de sécurité et la police, qui ne nous ont pas prêté secours, même si l’attaque a duré 20 minutes et que quatre artefacts ont explosé. Nous avons besoin de notre propre dispositif de sécurité.

    Après une expérience comme celle-ci, les gens se sentiront-ils en sécurité quand ils retourneront à l’église ?

    La peur s’est installée dans l’esprit de certains paroissiens. Cela dit, nous sommes déterminés à les aider à se remettre debout, à les garder forts dans la foi et à les réconforter en nous rapprochant de chacun, pas seulement de ceux et celles qui ont été directement touchés. Le but est d’établir un contact personnel avec eux, de les rendre plus forts et de leur rappeler que lorsque nous professons notre foi en Dieu, cela signifie que nous avons renoncé à toute notre vie. Cette vie n’est qu’un passage vers l’éternité – et l’éternité devrait être notre point focal.

    L’attaque a-t-elle renforcé ou affaibli leur foi ?

    Lors de ma rencontre avec mes paroissiens, j’ai vu que leur foi s’est renforcée, pas affaiblie.  Ils sont prêts et résolus. Je continue de prier pour eux, tous les jours, et la messe est offerte aux intentions de ceux qui sont encore à l’hôpital, pour les aider à se rétablir rapidement. La messe est également dite pour les âmes de ceux qui sont morts, qu’ils reposent en paix. Enfin, des messes sont offertes aux intentions de tous les membres de la paroisse afin qu’ils demeurent fermes dans la foi et vivants dans l’espérance.

  • 27 martyrs dominicains de la guerre civile espagnole sont désormais bienheureux

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    D'ALMUDENA MARTÍNEZ-BORDIÚ sur ACI Prensa :

    Héros de l'Église : 27 martyrs dominicains de la guerre civile espagnole sont désormais bienheureux !

    19 juin 2022

    Ce samedi 18 juin, le ciel et la terre - et surtout l'Espagne - sont en fête. La cathédrale de Séville a accueilli la cérémonie de béatification de 27 martyrs dominicains de la guerre civile espagnole.

    Parmi ces nouveaux héros de l'Église figurent 25 frères dominicains martyrisés à Almagro (Ciudad Real, Espagne) et à Almeria (Espagne), ainsi qu'un laïc dominicain qui a subi le martyre à Almeria et une moniale dominicaine de Huéscar (Espagne), qui est devenue la deuxième moniale dominicaine espagnole à être béatifiée dans l'histoire de l'Ordre.

    Il convient de noter que le pape François a approuvé la béatification de ces martyrs en décembre 2019, et bien que les préparatifs de la cérémonie aient commencé à ce moment-là, elle a finalement dû être reportée en raison de la pandémie de coronavirus.

    La cérémonie

    Par un samedi matin ensoleillé, il régnait une atmosphère de joie et d'attente dans la cathédrale de Séville. Parents, amis et membres de l'Ordre des Prêcheurs (Dominicains) occupaient les bancs de la partie centrale de l'église. 

    La messe a été présidée par le cardinal Marcello Semeraro, préfet de la Congrégation pour les causes des saints. Dans son homélie, le cardinal Semeraro a rappelé la vie et le témoignage des nouveaux béatifiés et a souligné que Sœur Ascension, une religieuse dominicaine de Huéscar, a été tuée "après avoir été cruellement torturée pour avoir refusé de marcher sur le crucifix". Le cardinal a également souligné leur "témoignage sans paroles" et assuré que "la situation des chrétiens dans le monde n'est pas une vie facile, puisqu'ils sont appelés à la sainteté".

    Exécutés pour avoir défendu leur foi à Almagro

    Sur ces 27 martyrs, 20 étaient des frères du couvent de l'Assomption d'Almagro (Espagne). Au cours de l'été 1936, année du début de la guerre civile espagnole, ces frères ont été expulsés du couvent et détenus dans une maison, où ils ont été martyrisés. 

    La cause est dirigée par Ángel Marina Álvarez, prieur de la communauté, et avec lui les prêtres Manuel Fernández, Camazón Junquera, Antonio Trancho, Luis Suárez, Eduardo Sainz, Pedro López et José Garrido, professeurs responsables de la formation des plus jeunes frères, ont été béatifiés. Ainsi que les frères coopérateurs Arsenio de la Viuda, Ovidio Bravo, Dionisio Pérez et Mateo de Prado, chargés de l'organisation du couvent. Les frères étudiants Francisco Santos, Sebastián Sainz, Paulino Reoyo, Santiago Aparicio, Ricardo Manuel López et Justo Vicente, et enfin, les novices Fernando García de Dios et Antolín Martínez-Santos, les plus jeunes, qui ont perdu la vie en défendant leur foi alors qu'ils n'avaient que 20 ans.

    Les reliques de ces nouveaux bienheureux peuvent être vénérées au couvent Santo Tomás de Aquino à Séville. 

    Les héros d'Almeria

    À Almería, six membres de l'ordre des prêcheurs ont été arrêtés, emprisonnés et finalement abattus dans différentes parties de la province. Les restes de certains d'entre eux sont conservés dans le panthéon dominicain du cimetière de la ville, mais d'autres n'ont jamais pu être localisés. Du couvent de la ville ont été martyrisés les prêtres Juan Aguilar, un musicien, Tomás Morales, un enseignant, et Fernando Grund, un orateur renommé. Ainsi que les frères coopérateurs Fernando de Pablos et Luis Mª (Ceferino) Fernández. Le laïc Fructuoso Pérez Márquez, journaliste et éditeur du journal espagnol La Independencia, a également été béatifié pour la même cause. 

    Une deuxième moniale dominicaine béatifiée

    La religieuse dominicaine Sœur Ascensión de San José, du monastère Madre de Dios à Huéscar, a également été béatifiée. Elle a été torturée puis assassinée en février 1937, à l'âge de 76 ans. Elle est la deuxième moniale dominicaine à être béatifiée en Espagne à ce jour. Ses restes sont conservés dans le monastère dominicain de Baza.

  • Ce jeune catho tradi et facétieux croupit dans les geôles chinoises

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    De LAI MINGXIA sur Bitter Winter :

    Jacob Pius : Un "catholique traditionaliste" chinois reste en prison

    17/06/2022

    Un jeune catholique ayant le sens de l'humour a proposé d'établir une monarchie catholique traditionnelle dans une partie de la Chine. Le PCC n'a pas été amusé. Il a été arrêté en janvier 2021 et est toujours en prison.

    *Massimo Introvigne a fourni des détails sur les mouvements non chinois mentionnés par "Jacob Pius".

    Proposed coat of arms of the traditional Catholic monarchy of Yuyencia, designed by Jacob Pius. From Weibo.
    Proposition d'armoiries de la monarchie catholique traditionnelle de Yuyencia, conçue par Jacob Pius. De Weibo.

    "Viva Cristo Rey". Ce slogan était le symbole de l'insurrection Cristero de 1926 contre la République mexicaine anticléricale, et résonne encore aujourd'hui chez les catholiques conservateurs du monde entier. L'entendre répéter en Chine au 21e siècle est une toute autre affaire.

    En 2014, un jeune homme signant "Jacob Pius" a fait surface sur les médias sociaux chinois, plaidant pour l'indépendance d'un "pays" qu'il appelait Yuyencia (幽燕西亚), qui comprendrait une partie de l'actuel Hebei, Pékin et Tianjin. Il a étayé la création de Yuyencia par des théories sur la mythique première dynastie chinoise Xia.

    Ses arguments semblaient si farfelus que beaucoup soupçonnaient qu'ils étaient proposés de manière ironique, bien que le jeune homme aurait dû savoir que prôner le séparatisme en Chine n'est pas un sujet de plaisanterie mais un crime puni de lourdes peines de prison.

    Par la suite, "Jacob Pius" a expliqué que, même si d'autres religions seront tolérées, Yuyencia aura le catholicisme romain comme religion d'État et sera gouvernée selon le modèle des monarchies catholiques traditionnelles. "Jacob" a mentionné les théoriciens monarchistes français du 19e et du début du 20e siècle et la branche carliste traditionaliste du mouvement monarchiste en Espagne comme ses sources d'inspiration. Il a également déclaré que le catholicisme actuel est largement contaminé par "l'hérésie moderniste" et ne sera pas en mesure de fournir la doctrine officielle de l'État de Yuyencia. Il s'agira plutôt d'un catholicisme "traditionaliste". Là encore, c'est tout à fait inhabituel en Chine - et dangereux, puisque prôner des idéologies "contre-révolutionnaires" est également un crime.

    Proposed flag of the kingdom of Yuyencia.
    Proposition de drapeau du royaume de Yuyencia.

    Certains net-citoyens doutaient du sérieux de "Jacob Pius". D'autres pensaient qu'il avait tiré ses idées de Liu Zhongjing, apparu sur le web au début des années 2000 et connu sous le surnom de "Tante" (阿姨). Son idéologie, appelée "Tatieologie", s'inspire du philosophe nationaliste allemand Oswald Spengler, mort en 1936. Liu a théorisé que la Chine, depuis les Qing, était devenue un projet déchu, et qu'il serait préférable qu'elle se désintègre en États indépendants autonomes, dont les frontières peuvent être reconstituées sur la base de l'histoire ancienne de la Chine. Certaines de ses remarques étaient racistes et anti-islamiques, et Liu a exprimé son admiration pour les partis européens de droite et anti-immigration.

    Le fait qu'il n'ait pas été mis en prison et, bien que critiqué, qu'il ait même été invité à débattre avec des universitaires du PCC, témoigne de la tolérance limitée qui existait avant Xi Jinping - et en même temps du fait que l'extrémisme de droite de Liu n'était pas considéré comme réellement dangereux. Lorsque Xi Jinping est arrivé au pouvoir, Liu a été assez intelligent pour voir à temps ce qui s'écrivait sur les murs à temps et s'échapper aux États-Unis.

    "Jacob Pius", lui, est resté en Chine. "Gao Yang" est un militant catholique des droits de l'homme qui a été interviewé par des médias de Hong Kong et occidentaux en 2019 et 2020 sous ce nom d'emprunt, et a fourni des informations sur la persécution dans le Hebei des "objecteurs de conscience" catholiques qui ont rejeté l'accord Vatican-Chine de 2018. Bitter Winter a appris que "Jacob Pius" et "Gao Yang" sont une seule et même personne. Son vrai nom est Pang Jian, et il est né dans la ville de Baoding, dans la province du Hebei, en 1991. Il réside à Gaobeidian, une ville de niveau comté sous la juridiction de la ville de Baoding, et a publié sous le nom de "Gao Yang" des articles sur l'histoire et le folklore du Hebei.

    Pang Jian, aka “Jacob Pius.” From Weibo.
    Pang Jian, alias "Jacob Pius". De Weibo.

    Que Pang Jian alias Gao Yang alias Jacob Pius soit un catholique conservateur est vrai, bien que l'origine de sa passion pour le catholicisme monarchiste et contre-révolutionnaire européen reste obscure. Il est également difficile de distinguer les théories qu'il défend sérieusement, et celles qu'il propose simplement comme des paradoxes et des sortes d'expériences sociales.

    Sur ces questions, cependant, le PCC préfère toujours être du côté le plus sûr. Le 15 janvier 2021, Pang a été arrêté par la police de Gaobeidian et emmené au centre de détention de Gaobeidian. Le 28 janvier 2021, il a été officiellement arrêté et accusé de "séparatisme", un délit très grave. Ses amis n'ont aucune information sur son procès, s'il a lieu, mais on pense qu'il est toujours dans la prison de Gaobeidian.

    L'indépendance de Yuyencia était peut-être une blague. Mais la réaction du PCC est mortellement sérieuse.

  • Monde : des millions de chrétiens déplacés de force à cause de leur identité religieuse

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    Du site des Missions Etrangères de Paris :

    Journée mondiale des réfugiés : plusieurs millions de chrétiens déplacés dans le monde selon un rapport

    17/06/2022

    Quelques jours avant la Journée mondiale des réfugiés (célébrée le 20 juin prochain), l’ONG chrétienne internationale Portes Ouvertes a publié un nouveau rapport intitulé « The Church on the run » (« l’Église en fuite ») sur la situation des populations chrétiennes déplacées et réfugiées. Ainsi, parmi les pays analysés par l’organisation via son Index mondial de persécution des chrétiens 2022, dans 58 pays sur 76, on compte des chrétiens affirmant avoir été déplacés de force à cause de leur identité religieuse.

    Des réfugiés Karen au bord du fleuve Salouen, le 29 mars à Mae Hong Son, Thaïlande.

    En amont de la Journée mondiale des réfugiés (célébrée le 20 juin par les Nations unies, à l’occasion du 50e anniversaire de l’adoption de la Convention du 28 juillet 1951 relative au statut des réfugiés), l’organisation internationale Portes Ouvertes, qui soutient les chrétiens persécutés, a publié un nouveau rapport via son Index mondial de persécution des chrétiens 2022. Le rapport, intitulé The Church on the run « l’Église en fuite » et qui porte sur les personnes déplacées internes et sur les réfugiés, croise ses chiffres sur la liberté religieuse avec ceux de l’UNHCR (Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés), qui a élevé récemment à 100 millions le nombre de personnes dans le monde forcées de fuir leur communauté.

    Il en résulte que dans 58 pays sur 76, on compte des chrétiens qui affirment avoir été déplacés de force de leur domicile à cause de leur identité religieuse. Parmi les déplacés internes – c’est-à-dire au sein des frontières de leur propre pays –, presque la moitié (46 %) viennent de cinq pays qui sont sur la liste des lieux où les chrétiens sont les plus persécutés (notamment en Afghanistan et au Yemen). Par ailleurs, 68 % des réfugiés (qui ont dû quitter leur pays à cause de la guerre ou de la violence) viennent de cinq pays considérés parmi le plus dangereux en termes de discriminations et de persécutions religieuses, notamment en Birmanie.

    « Pour bien comprendre la situation des persécutions religieuses, il faut regarder à la fois l’Église dans les pays d’origine et l’Église en fuite », commente Hélène Fisher, une experte de l’équipe de recherche de Portes Ouvertes« Diviser les communautés religieuses, cela fait partie d’une stratégie délibérée. Les déplacements ne sont pas qu’une conséquence des persécutions, mais dans beaucoup de cas, il s’agit de tentatives délibérées d’éradiquer le christianisme de leur communauté ou de leur pays. »

    L’instabilité politique a aggravé la situation des réfugiés internes en Birmanie

    En Asie, les principaux facteurs poussant les gens à quitter leur maison sont la famille et la communauté locale, avec de fortes pressions imposées à ceux qui se convertissent d’une autre religion au christianisme. La situation est particulièrement grave au Pakistan, où les minorités religieuses subissent des lois contre l’apostasie et le blasphème, ce qui veut dire que même au sein des familles, une conversion peut être vue comme une menace bafouant leur honneur. L’instabilité politique et la montée de l’extrémisme religieux sont d’autres facteurs alimentant les déplacements sur le continent asiatique, comme c’est le cas en Birmanie, particulièrement dans les États Karen, Chin, Kayah et Kachin.

    Par ailleurs, en Corée du Nord, où aucune religion n’est autorisée, ceux qui fuient recherchent une plus grande liberté en tentant de traverser la frontière, par exemple en rejoignant la Chine. Mais selon un expert régional, le Covid-19 a compliqué la situation alors que les hommes nord-coréens sont encore plus exposés aux dénonciations des employeurs chinois, et les femmes nord-coréennes risquent d’être victimes de trafics en Chine continentale.

    Portes Ouvertes conclut son rapport en appelant à prendre conscience de la présence de nombreux chrétiens parmi les personnes déplacées internes et les demandeurs d’asile, afin « de mieux les protéger dans leur exode ». « Il y a en fait des situations où leurs souffrances se poursuivent même dans les camps, justement à cause de violences religieuses, ce qui n’est pas suffisamment évoqué », explique l’ONG. « Dans certains cas », explique Eva Brown, analyste pour l’organisation, « les gouvernements et même des ONG internationales bien intentionnées peuvent malheureusement se montrer complices de discriminations contre les chrétiens déplacés ». « C’est pourquoi il est vital d’informer sur cette vulnérabilité à différents niveaux, pour mieux répondre aux besoins des déplacés et des réfugiés marginalisés. »

    (Avec Asianews)

  • Les chrétiens du Nigeria au coeur des ténèbres

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    De Philippe Oswald sur La Sélection du Jour :

    16 juin 2022

    Au Nigeria, les chrétiens sont au cœur des ténèbres

    Les persécutions islamiques redoublent au Nigeria, spécialement contre les chrétiens. Dernières exactions connues : le meurtre atroce d’une jeune fille et une attaque sanglante contre une église durant la messe de la Pentecôte.

    Il y a huit ans, dans la nuit du 14 au 15 avril 2014, le groupe terroriste islamique Boko Haram enlevait 276 lycéennes, chrétiennes pour la plupart, à Chibok, dans le nord-est du Nigeria. Ce rapt avait provoqué une émotion mondiale. 109 des lycéennes de Chibok n’ont toujours pas été retrouvées, et ne le seront sans doute jamais… « Selon les témoignages des rescapées, elles ont toutes été mariées de force, vendues, réduites à l’état d’esclaves sexuelles et domestiques » ( La Croix, 15/4/2022). Voit-on des manifestations pour exiger une enquête internationale sur cette abomination ? Où sont passées les féministes ? Depuis cet enlèvement collectif, plus de 1 500 élèves ont été victimes d’enlèvement au Nigeria sans susciter de notable regain d’émotion. L’opinion s’est habituée aux exactions et attentats islamiques sur tous les continents, en particulier en Afrique. Ils n’ont jamais cessé au Nigeria, le pays qui paie le plus lourd tribut aux massacres, enlèvements et viols de chrétiens (cf. LSDJ n°847).

    Le 12 mai, en réaction à un simple message WhatsApp où elle remettait en cause la légitimité de Mahomet, Deborah Samuel, une jeune étudiante dans l'État de Sokoto, a été lapidée par d’autres étudiants et son corps brûlé. Les meurtriers ont été arrêtés, mais leur arrestation a déclenché de violentes manifestations. Dans cet État au nord-ouest du Nigeria, la charia est en vigueur. Un couvre-feu a été décrété. Quelques jours plus tard, dans le Nord-Est du pays, une autre femme accusée elle aussi de blasphème, a été sauvée du lynchage par les tirs de sommation des policiers contre une foule déchaînée.

    Dimanche 5 juin, solennité de la Pentecôte, l’attaque de l'église catholique St Francis dans la ville d'Owo, dans le sud-ouest du Nigeria, une région habituellement épargnée par les djihadistes, a fait au moins 40 morts et une soixantaine de blessés. Un massacre perpétré par explosifs et mitraillage. Selon le ministre nigérian de l’intérieur, les terroristes appartiendraient au groupe État islamique en Afrique de l’Ouest (acronyme en anglais : Iswap). L’Iswap a été fondée en 2016 par Mohammed Yusuf après une scission de Boko Haram, groupe islamiste fondé en 2002 à Maiduguri. Il est d’ailleurs dirigé par Abou Moussab Al-Barnaoui, le fils aîné du fondateur de Boko Haram, Mohammed Yusuf. L’inspiration est la même : wahhabisme, stricte application de la charia Boko Haram, dictature islamique.

    Le président de la République fédérale du Nigeria, Muhammadu Buhari, a condamné ce « meurtre odieux de fidèles » tandis que le gouverneur de l'État d'Ondo, appelait les forces de sécurité à retrouver les assaillants après cette « attaque ignoble et satanique ». Mais Muhammadu Buhari, musulman, est originaire du nord-ouest du pays où a été lapidée Deborah Samuel. Son électorat se trouve dans cette zone, où 90% de la population vote pour lui, ce qui ne l’incite pas à prendre des mesures à la hauteur du mal qui ronge le pays depuis des années. Une insurrection djihadiste ensanglante depuis douze ans le nord-est du Nigeria, des gangs de pilleurs et de kidnappeurs terrorisent le nord-ouest et le centre, et le sud-est est le théâtre de mouvements séparatistes.

    L’ambiguïté des autorités se traduit en particulier par une double législation dans plusieurs États du Nigeria où ont été instaurés des tribunaux islamiques pour juger certaines affaires criminelles et civile, explique Benjamin Augé, chercheur associé à l'Ifri, dans un entretien au Figaro (en lien ci-dessous). Paradoxalement, c’est un chrétien (protestant) originaire du sud à majorité chrétienne, Olusegun Obasanjo, président de 1999 à 2007, qui a accepté l’instauration de ces tribunaux islamiques pour donner des gages au Nord où se concentre la majorité des musulmans du pays (sur 206 millions d’habitants, le Nigeria compte 53.5% de musulmans et 45.9% de chrétiens – dont environ 74% sont protestants ou évangéliques, et 25% catholiques).

    Pour aller plus loin :

    «La radicalité religieuse, seule boussole» d'une partie de la population musulmane

    Lire l'article sur : Le Figaro

     

    Lire également :

    Nigéria : les causes de la dégradation de la situation des chrétiens

    Nigeria: la population d’Owo a toujours besoin d’aide