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Politique - Page 355

  • Non, Monseigneur, tuer un bébé n’est jamais « compréhensible » !

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    Du site de la Fondation Pro Europa Christiana

    Lettre ouverte à Mgr Hapigny, évêque de Tournai :
    Non, Monseigneur, tuer un bébé n’est jamais « compréhensible » !

    Monseigneur,

    Le 13 septembre dernier, le journal « Le Soir » a publié un entretien que vous avez bien voulu lui accorder. Interrogé sur une série de sujets brûlants vous déclarez notamment « comprendre le recours à l’IVG dans certains cas. » Comme beaucoup de catholiques, j’ai d’abord espéré que vos propos aient été tronqués par un journaliste mal intentionné. Malheureusement, aucun démenti public de votre part n’est venu, à ma connaissance, confirmer cet espoir. C’est donc avec stupeur que je dois me résigner à admettre que vous, successeur des apôtres, avez, dans certains cas, de la compréhension pour un « crime abominable » (Gaudium et Spes, n. 51) !

    J’imagine que jamais vous n’auriez osé dire la même chose à propos d’un abus sur mineur… Pourtant, tuer un innocent n’est-il pas le pire des abus ? Et mettre à mort son bébé, la chose la plus incompréhensible qui soit pour une mère ?

    Vous affirmez que l’avortement n’est pas un acte banal, ce qui, hélas, est de moins en moins vrai, mais que, pour autant, « vous ne condamnez pas » celles qui y ont recours. Encore une fois, votre prise de position est en contradiction flagrante avec celle de l’Eglise. Les femmes qui se font avorter, faut-il vous le rappeler, sont en effet condamnées latae sententiae à l’excommunication, c’est-à-dire à la peine la plus grave prévue par le droit canon, de même que tout ceux qui participent volontairement, d’une façon ou d’une autre, à un tel acte.

    « En Belgique, le discours de l’Eglise sur l’IVG, tout le monde s’en fout un peu », affirmez-vous, non sans une certaine légèreté, surprenante pour un problème aussi grave. Cette fois, sans doute avez-vous raison. Mais, si vous le déplorez, ce dont il est difficile d’être certain en vous lisant, alors peut-être accepterez-vous de vous demander « pourquoi ? » Ces paroles de Jésus dans l’Evangile vous apporteront, j’ose l’espérer, un début de réponse : « Vous êtes le sel de la terre. Mais si le sel perd sa saveur, avec quoi la lui rendra-t-on ? Il ne sert plus qu'à être jeté dehors, et foulé aux pieds par les hommes. » 

    Puisse la lecture de ces paroles évangéliques, vous rappeler, Monseigneur, que la vocation de l’Eglise est d’éclairer les ténèbres, et non d’être le satellite d’un monde en pleine décomposition… 

    Antony Burckhardt
    Cofondateur et ancien porte-parole de la Marche pour la Vie de Bruxelles. 

    publié avant ici: https://www.ultramontain.be/ 

  • Comment dit-on dhimmitude en chinois ?

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     Un article du vaticaniste Sandro Magister paru sur « Settimo Cielo » et  traduit par notre confrère « diakonos.be »

    dhimmitude Cina4-300x193.jpg« Au geste du pape François qui, le jour même de la signature de l’accord avec la Chine, levait l’excommunication pesant sur les sept évêques installés d’autorité ces dernières années par le parti communiste sans l’accord du Saint-Siège, les autorités chinoises ont répondu en désignant les deux évêques qui se rendront à Rome pour participer au Synode des Jeunes :

    > Vescovi cinesi potranno prender parte al prossimo sinodo

    C’est une première et il semble que cette décision soit un avant-goût de ce qui nous attend en matière de futures nominations épiscopales, sur base de l’accord stipulé entre les deux parties. Un accord dont le contenu n’a pas été divulgué mais qui n’est visiblement pas équitable.

    Alors que par le passé, d’abord en 1998 et ensuite en 2005, les évêques chinois invités respectivement par Jean-Paul II et par Benoît XVI aux synodes de ces dernières années n’ont jamais obtenu l’autorisation de se rendre à Rome, c’est aujourd’hui le contraire qui se passe. Ce sont les autorités de Pékin qui désignent les évêques à envoyer au synode et Rome n’a pas soulevé la moindre objection.  C’est le haut fonctionnaire chinois Wang Zuo’an, directeur de l’administration d’état pour les affaires religieuses, qui a rendu leur désignation publique.

    Les deux élus sont Jean-Baptiste Yang Xiaoting, évêque de Yan’an-Yulin et Joseph Guo Jincai, évêque de Gengde. Tous deux sont depuis longtemps des exécuteurs dociles de la volonté des autorités chinoises et le second – qui fait partie des sept qui ont été absous de leur excommunication – est également le secrétaire général de la pseudo-conférence épiscopale des évêques chinois dont continuent à ne pouvoir faire partie les évêques soi-disant « clandestins », c’est-à-dire en communion avec Rome mais non reconnus par le régime.

    Aujourd’hui, les évêques « clandestins » sont au nombre de 17, dont 7 ont largement dépassé les 75 ans. Deux d’entre eux sont flanqués, dans leurs diocèses respectifs, de deux évêques nommés par le gouvernement et amnistiés ces derniers jours par le Pape.  Dans le diocèse de Shantou, l’évêque « clandestin » a 87 ans et pourra être facilement remplacé.  Mais dans celui de Xiapu-Mindong, l’évêque « clandestin » Vincent Guo Xijin, 56 ans, devra céder sa place à son concurrent Vincent Zuahn Silu, pour obéir au « sacrifice » qui lui a été demandé par le Vatican depuis l’hiver dernier.  Cela montre encore une fois combien le régime chinois se trouve avantagé en matière de contreparties.

    Settimo Cielo a fourni en février dernier un organigramme détaillé de tous les évêques actuellement présents en Chine – dont l’annuaire pontifical ne cite pas les noms, sauf pour Hong-Kong et Macao – sur base du livre très bien informé du vaticaniste Gianni Cardinale sorti au début de cette année à la Librairie éditrice du Vatican :

    > Evêques chinois illégitimes, officiels, clandestins… ceux que François récompense et les autres

    Il faut cependant ajouter que pour le diocèse de Ningbo, où le dernier évêque reconnu, nommé Hu Xiande, « clandestin », est décédé le 25 septembre 2017, le Saint-Siège s’est bornée à communiquer que « le successeur a pris possession du diocèse » signe qu’il doit y avoir là aussi un nouvel évêque non reconnu par le gouvernement chinois mais dont l’identité n’a cependant pas été révélée.

    Une dernière remarque sur l’étrange affaire ce huitième évêque dont le Pape François a levé l’excommunication le 22 septembre dernier, non pas de son vivant mais après sa mort.

    Dans l’acte papal de révocation de l’excommunication, il est en effet écrit que cet évêque, Antoine Tu Shihua, un franciscain, décédé le 4 janvier 2017, « avait exprimé avant de mourir le désir d’être réconcilié avec le siège apostolique ».

    « L’Osservatore Romano » n’a pas publié la nécrologie de cet évêque, ni celle des autres évêques illégitimes décédés sans s’être réconciliés avec l’Église ni publiquement ni dans leur for interne.

    Il y a donc deux explications possibles à cette absolution « post mortem » récemment accordée par le Pape François.

    Ou bien le Saint-Siège n’a appris son désir de réconciliation que longtemps après sa mort. Ou bien le gouvernement chinois a exigé de Rome sa réhabilitation à titre posthume.  Et qu’il l’a obtenue.

    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso.

    Ref. Dans la partie avec le Vatican, c’est la Chine qui commande

    JPSC

  • Un spécialiste du christianisme chinois décrypte l'accord Chine-Vatican

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    Du site "Eglises d'Asie" (Agence d'Information des Missions étrangères de Paris) :

    L’accord Chine-Vatican du 22 septembre : un ballon d’essai au gré du vent

    27/09/2018

    En janvier, EDA publiait un dossier sur les échanges Chine-Vatican, intitulé « La longue marche de l’Église vers une entente Chine-Vatican ». Le but est-il enfin atteint ? Un accord provisoire a été signé à Pékin le samedi 22 septembre entre Mgr Antoine Camilleri, sous-secrétaire pour les relations du Saint-Siège avec les États et Son excellence M. Wang Chao, ministre député aux Affaires étrangères de la République populaire de Chine, tous deux à la tête de leurs délégations respectives. Voici l'analyse du père Jean Charbonnier, prêtre des Missions Étrangères de Paris (MEP) et spécialiste du christianisme chinois.

    Une première remarque s’impose sur les modalités de l’accord. Il a été signé à Pékin. À tout seigneur, tout honneur. Le représentant du pouvoir chinois relève du ministère des Affaires étrangères, qui peut traditionnellement se montrer plus libéral au moment même où la politique intérieure renforce sa discipline. L’accord n’implique en aucune façon un changement dans l’application brutale de la nouvelle loi sur les religions en vigueur depuis février dernier. Le gouvernement chinois peut même faire valoir son accord officiel avec Rome pour forcer tous les catholiques à entrer dans le cadre « patriotique » de la politique officielle du Parti. La position des clandestins s’en trouve affaiblie. Cependant, l’accord est annoncé comme une victoire par le cardinal Parolin et le monde entier est invité à s’en réjouir. Ce premier signe d’entente entre Rome et Pékin est sans doute attendu depuis longtemps. Mais est-il si important ? Les médias chinois, pour leur part, y font peu d’échos.

    Que savons-nous de cet accord ?

    Trois éléments sont révélés explicitement :

    1. Les sept évêques illicites nommés sans l’accord de Rome, y compris trois d’entre eux excommuniés, sont réconciliés avec le Saint-Siège après avoir officiellement demandé pardon.

    C’est une victoire pour le gouvernement chinois. C’est un réconfort pour les évêques concernés. C’est un affaiblissement de l’autorité romaine pour les catholiques clandestins qui ne comprennent pas ce revirement du Saint-Siège. Du point de vue de la psychologie chinoise, c’est une perte de la face intolérable et la crainte de sanctions accrues. Si l’on peut comparer le dialogue Vatican-Pékin à un match de football, l’équipe des blancs du pape laisse les rouges de Pékin tirer le premier coup dans le ballon et les laisse même marquer leur premier but.

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  • Mgr Michel Aupetit : « En libéralisant la PMA, nous créons des souffrances futures »

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    Interview de l’archevêque  de Paris par Antoine Pasquier et Samuel Pruvot  pour le magazine « Famille Chrétienne » :

    « EXCLUSIF - L’archevêque de Paris ne mâche pas ses mots après le dernier avis rendu par le Comité consultatif national d’éthique (CCNE). L'ancien médecin juge que l’embryon n’est plus protégé par la loi qui cède à la volonté du plus fort.

    Quel regard portez-vous sur l’avis du CCNE qui recommande l’ouverture de la PMA aux couples de femmes et la libéralisation de la recherche sur l’embryon ?

    Ces deux points se rejoignent. Ceux qui sont sans-voix demeurent sans-voix. La France refuse toujours de statuer sur l’embryon alors que d’autres pays l’ont déjà fait. L’embryon n’est pas protégé par la loi ; il n’a pas même droit à la parole. Une larve de scarabée doré est certainement mieux protégée aujourd’hui qu’un embryon humain ! Au lieu de protéger le plus faible, ce qui est sa mission normalement, le droit se met aujourd’hui au service de la volonté du plus fort. Nous avons tous été un embryon à un moment donné. Nous étions totalement dépendants de la volonté de nos parents. Mais une chose est de dépendre de nos parents, qui nous ont accueillis avec amour, et une autre d’être à la merci d’une volonté coercitive.

    En quoi cette logique de domination est-elle présente dans la PMA ?

    De quel droit les parents font-ils peser sur leurs enfants leur désir ? Demain, ils voudront choisir aussi leur morphologie !? En libéralisant la PMA, nous sommes en train de créer des souffrances futures. J’ai constaté que les jeunes chrétiens de cette génération sont plus sérieux et plus pieux que ceux de la génération précédente. Quand on les écoute en confession, on perçoit qu’ils portent en eux les déchirures de cette société « liquide » dont parlent les sociologues. Une société dont les relations ne sont ni stables ni fiables.

    En demandant aux médecins de répondre à des demandes sociétales, ne modifie-t-on pas leur rôle ?

    On veut transformer les médecins en prestataires de services. Autrefois, le médecin et son patient entretenaient une vraie relation, avec la possibilité pour le premier de refuser de soigner (sauf urgence) et pour le second de changer de médecin. Aujourd’hui, la relation a disparu. Seul demeure un désir individuel auquel le médecin doit se soumettre.

    ︎ À LIRE AUSSI : Les objections de l'Église sur la PMA

    L’ordre des médecins se dit pourtant favorable à la PMA pour les femmes…

    Autrefois, l’ordre des médecins défendait une certaine forme de déontologie. Le mot « déontologie » vient du grec deontos, ce qui doit être. Le serment d’Hippocrate était ordonné au bien du malade et comportait une liste d’actes que les médecins se refusaient de poser. L’ordre des médecins a perdu cette capacité. Quand j’entends son président dire : « Nous n’avons pas à faire de morale », cela veut dire que la déontologie a disparu puisque la déontologie et la morale sont une seule et même chose.

    Le CCNE ne semble pas du tout tenir compte des avis exprimés lors des États Généraux de la bioéthique. Pourquoi ?

    On peut effectivement se poser la question de savoir à quoi ont vraiment servi ces États Généraux !? Près de 80% des personnes ont exprimé leur opposition à la PMA. Pourquoi organiser une telle concertation si on ne tient aucun compte de ses résultats ?

    Le CCNE est-il fidèle à sa mission d’origine ?

    Le comité d’éthique a été institué au départ comme une entité indépendante de sages, autour du professeur Bernard. Celui-ci avait la réputation d’être un sage, mais aussi un esprit libre. Aujourd’hui, force est de constater qu’une majorité de membres du CCNE sont choisis parce qu’ils pensent la même chose que le gouvernement ! Le CCNE n’est plus vraiment un comité de sages dont on peut attendre une parole indépendante et libre. Il existe cependant des voix divergentes, courageuses, grâce auxquelles cela ne ressemble pas trop à une démocratie à l’africaine.

    ︎ À LIRE AUSSI : Mgr Michel Aupetit : « sur la PMA, l’Église et les chrétiens doivent s’exprimer »

    Que peuvent faire les fidèles catholiques qui ont joué le jeu des débats de bioéthique et qui se sentent floués ?

    Les fidèles vivent la même chose que les évêques… Nous avons mené un important travail de réflexionpour informer les politiques et les citoyens, dont notre dernière déclaration « La dignité de la procréation » est un des fruits. Cependant, il est peut-être possible que la détermination du gouvernement ou du Parlement sera telle que notre parole ne sera pas entendue. Ceci dit, nous avons posé une parole, et cette parole demeurera toujours. Personne ne pourra nous reprocher de n’avoir rien dit.

    Vous défendez une parole prophétique des évêques, mais quelle est la valeur d’une parole qui ne produit pas de résultats tangibles au niveau législatif ?

    Notre parole continue à faire son chemin. Elle passe de conscience en conscience, de pensée en pensée. Un jour prochain, l’opinion publique se rendra compte que nos alertes étaient légitimes. La vérité a toujours le dernier mot. Quand Pilate demande à Jésus, « qu’est-ce que la vérité », Jésus ne lui répond pas. C’est maintenant que nous comprenons la vérité du Christ. Nous continuerons donc à parler sans nous faire d’illusion. Notre parole est pareil au grain de blé qui tombe en terre ; il meurt mais pour porter beaucoup de fruits. Si ma parole n’est pas entendue aujourd’hui, je crois qu’elle portera du fruit avec la grâce de Dieu.

    Pour hâter un retournement de l’opinion, faut-il se mobiliser dans la rue comme le demande La Manif pour tous ?

    Les chrétiens pourront agir en tant que citoyens pour se manifester ou manifester tout court. Il existe de nombreuses possibilités pour engager une action citoyenne.

    Des parlementaires demandent la suppression de la clause de conscience des médecins pour l’IVG. Êtes-vous inquiet ?

    Je crois vraiment que tout Etat qui touche à la liberté de conscience s’appelle une dictature. »

    Ref. Mgr Michel Aupetit : « En libéralisant la PMA, nous créons des souffrances futures »

    JPSC

     

  • Chine : vers la fin d’un schisme, à quel prix ?

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    Selon le pape François (le texte de l’accord n’a pas été rendu public), les nominations à venir de tous les évêques chinois « seront faites par le pape », en quoi, prétend-il, elles se distingueraient des pratiques désuètes de l’ancien régime. Mais il faut ici s’entendre sur le sens des mots...

    Les procédures de nomination épiscopale ont beaucoup varié de l’antiquité romaine à nos jours. En France, par exemple, depuis le concordat de 1518 jusqu’à la Révolution, le roi nommait le candidat à l’évêché vacant qui devait ensuite (après examen) recevoir du pape l’investiture canonique octroyant une juridiction sur les fidèles de son diocèse : après quoi seulement le roi pouvait lui donner l’investiture temporelle. Bref, le pape disposait là d’un droit de veto possible à la nomination royale.

    Pekin téléchargement (20).jpgEn Chine, l’Eglise catholique romaine a été interdite par les communistes en 1949. Elle a subsisté depuis sous une forme clandestine tandis que le gouvernement de Pékin a suscité à partir de 1957 une « association de patriotes catholiques chinois » schismatique qui nomme ses évêques parallèlement aux évêques clandestins légitimes, désignés par Rome. Pour résorber ce schisme, le pape François serait, semble-t-il, convenu avec Pékin, entre autres dispositions, d’une procédure négociée (dont les termes n’ont pas été révélés) d’agréation conjointe d’un seul évêque pour chaque diocèse à pourvoir : si elle aboutit, l’acte de nomination comme tel peut alors être formalisé par Rome. Mais que fait-on en cas de blocage ?

    En toute hypothèse, l’esprit de ce « concordat » encore mystérieux est, sans aucun doute, fort loin de l’esprit de l’Eglise libre dans l’Etat libre qui prévaut dans les Etats s’inspirant du libéralisme moderne.

    JPSC

  • Une analyse sérieuse et équilibrée de l’accord entre le Saint-Siège et les autorités chinoises

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    De diakonos.be :

    Un « brin de positivité » dans l’accord sur la Chine. Le commentaire d’un expert

    Le commentaire que nous reproduisons intégralement ci-dessous a été publié lundi 24 septembre sur Asia News, l’agence en ligne de l’Institut pontifical des missions étrangères dirigée par le P. Bernardo Cervellera qui est spécialisée dans les informations sur la Chine et qui publie en quatre langues, dont le chinois.

    Il s’agit à ce jour de l’analyse la plus sérieuse et la plus équilibrée publiée au sujet de l’accord entre le Saint-Siège et les autorités chinoises signé à Pékin le 22 septembre. Un accord qui a été officiellement annoncé le même jour sans pour autant que son contenu n’ait été rendu public :

    > Soumission. L’accord fantôme entre le Saint-Siège et la Chine

    La parole est au directeur d’Asia News.

    *

    L’accord Chine-Vatican : quelques avancées positives, sans oublier les martyrs

    de Bernardo Cervellera

    Deux jours après la signature de cet accord entre la Chine et le Saint-Siège sur la nomination des évêques que beaucoup ont qualifié d’« historique » avec beaucoup d’insistance, essayons de comprendre et d’analyser sa portée. Le communiqué laconique de la salle de presse du Vatican – alors que tous les journalisées étaient occupés ailleurs, avec le voyage du Pape François en Lituanie – a été accueilli à la fois avec un grand optimisme mais aussi avec un profond pessimisme.

    Chez les optimistes, on a usé et abusé de l’adjectif « historique » en oubliant que cet accord est défini comme étant « provisoire », sujet à des « évaluations périodiques » et que le directeur de la salle de presse lui-même a parlé de « début » d’un « processus » et non de son « terme ».

    Pour les pessimistes, il s’agit du « début » d’une remise complète de l’Église chinoise entre les mains de l’État qui, comme c’est déjà le cas, en fera ce qu’il veut, c’est-à-dire un instrument du parti communiste, et ils pointent du doigt le silence sur les souffrances que les catholiques officiels et non officiels endurent depuis 70 ans.

    Comme nous l’avons dit à d’autres occasions, chez Asia News, nous nous considérons ni comme des optimistes ni comme des pessimistes mais comme des réalistes. Et ce réalisme nous permet de voir le positif et le négatif dans cet accord fragile et « provisoire ».

    Le pape et la nomination des évêques

    Cet accord contient en effet une nouveauté : d’une certaine façon – que nous ignorons puisque le texte de l’accord n’a pas été rendu public et qu’il ne le sera pas – le Saint-Siège sera impliqué dans les nominations des évêques. Ce qui signifie, au moins sur papier, la fin de cette Église « indépendante » dont on a tant fait étalage pendant toutes ces années et la reconnaissance que le lien avec le pape est nécessaire même à un évêque chinois pour exercer son ministère.  En vertu de cet accord, il ne sera plus possible de nommer et d’ordonner un évêque sans mandat papal, même si le gouvernement ou l’association patriotique ou le conseil des évêques pourront proposer leur candidat.  Voilà pour la partie optimiste.

    Mais il y a également un revers de la médaille : que se passera-t-il si le candidat proposé par la Chine est refusé par le pape ? Jusqu’à aujourd’hui, on parlait d’un pouvoir de veto temporaire du pontife : c’est-à-dire que le pape devait fournir les motivations de son refus dans les trois mois mais que si le gouvernement estimait ces motivations insuffisantes, il se réservait le droit de nommer et d’ordonner son candidat.  N’ayant pas le texte de l’accord, nous ne savons pas si cette clause a été maintenue et si le pape aura véritablement le dernier mot sur les nominations et les ordinations ou si au contraire son autorité ne sera que purement formelle.

    L’un de mes amis canonistes est certain que le pape disposera d’un pouvoir permanent sur le choix ultime des candidats « parce que l’Église ne peut pas faire autrement ». En tout cas, en l’absence du texte de l’accord, il s’agit de l’un des points qu’il faudra surveiller au cours des prochains mois, étant donné les nominations et les ordinations potentielles qui sont en attente depuis des années.

    L’annulation des excommunications

    L’autre élément positif, c’est l’annulation des excommunications de sept évêques ordonnés sans mandat papal entre 2000 et 2012. Il s’agit d’une bonne nouvelle parce qu’elle contribuera au moins en principe à renforcer l’unité des catholiques chinois.  L’Association patriotique se servait de ces évêques pour diviser l’Église en imposant par la force de la police leur présence aux cérémonies et aux ordinations épiscopales.  On dit que certains d’entre eux ont effectué un chemin de repentance et demandent depuis plusieurs années d’être réconciliés avec Rome.  La levée de l’excommunication ne fait pas partie du « package » de l’accord mais il s’agit d’une décision interne à l’Église, même si – par un jeu politique un peu naïf – l’annonce de la réconciliation a été faite le même jour que celui de l’accord.

    Mais chez les fidèles chinois – qui appartiennent à ce « saint peuple fidèle de Dieu » que le pape nous demande d’écouter – c’est la tristesse et le désarroi parce certains de ces évêques réconciliés sont connus pour avoir des amantes et des enfants et pour être des « collaborateurs ». Ils sont nombreux à se demander si ces évêques réconciliés feront une demande publique de pardon devant le peuple qu’ils ont scandalisé par leur façon d’agir « indépendante ».  Le cardinal Pietro Parolin lui-même, en commentant l’accord, a demandé que l’on pose « des gestes concrets qui aident à dépasser les incompréhensions du passé et même du passé récent ».

    Un accord « pastoral » et « non politique »

    Un autre élément positif de l’accord, c’est son caractère « pastoral » et « non politique ». Et en effet, l’accord a été signé sans que la Chine n’exige comme condition préalable la rupture des rapports diplomatiques avec Taiwan.  Pendant des décennies et même jusqu’à ces dernières années de dialogue à l’époque du Pape François, la Chine revenait sans cesse sur le même refrain : si le Vatican voulait améliorer ses rapports avec Pékin, il devait avant tout interrompre les relations avec Taiwan et ne plus se mêler des affaires internes de la Chine.  Avec cet accord « pastoral », ces deux conditions ont sauté : le Vatican est impliqué dans la nomination des évêques et il n’y a aucune rupture avec Taiwan, pour le plus grand bonheur du ministère des affaires étrangères de l’île et son ambassadeur auprès du Saint-Siège.

    La persécution dont on ne parle pas

    Il y a un autre élément très négatif : ni la nouvelle de l’accord ni les explications n’ont fait la moindre allusion aux persécutions que les catholiques et tous les chrétiens endurent pour le moment. Comme notre agence l’a évoqué à de nombreuses reprises, en Chine, des croix sont brulées et détruites, des églises sont abattues, des fidèles sont arrêtés et les jeunes de moins de 18 ans ont l’interdiction d’assister aux offices et à l’enseignement religieux au nom de la sinisation.  Sans parler des évêques et des prêtres disparus aux mains de la police, des évêques aux arrêts domiciliaires, des évêques non « officiels » considérés comme des criminels et des contrôles en tous genres dans la vie des communautés.  Ajoutons à tout cela les persécutions auxquelles sont soumises les autres communautés religieuses bouddhistes, taoïstes et musulmanes qui sont autant de manifestations du regard négatif que la Chine porte sur les religions et de son projet de les assimiler et de les détruire.

    Cela nous incite à considérer cet accord provisoire comme un résultat étrange, un peu inespéré, provisoire, mais sans avenir, parce qu’il jette un ombre de suspicion sur l’interlocuteur avec lequel le Saint-Siège a décidé de dialoguer. En effet, nous recevons depuis la CHine des commentaires qui se réjouissent de l’accord mais également des réactions de la tristesse parce que les chinois ne font pas confiance à leurs autorités politiques.

    À ce propos, dans une interview remontant à quelques mois, le Pape François François avait déclaré « le dialogue est un risque mais je préfère ce risque à la défaite certaine de ne pas dialoguer ». Il est donc préférable d’entamer le dialogue, même avec un adversaire non fiable, que de rester ferme.  De ce point de vue, l’accord, même s’il est provisoire, représente certainement une nouvelle page.

    Les martyrs lituaniens et chinois

    Reste le silence sur les persécutions. Pendant toutes ces années, le Saint-Siège a passé sous silence sur toutes sortes de persécutions : les meurtres de prêtres, les églises détruites, les arrestations des évêques…  Ce qui a donné à beaucoup l’impression que le dialogue était davantage « politique » que « pastoral ».  Hier encore, à Vilnius, en rappelant les victimes des génocides nazi et communiste, le Pape François a formulé une prière pour demander au Seigneur que nous ne devenions pas « sourds au cri de tous ceux qui continuent aujourd’hui à crier vers le ciel ».  Et c’est justement ce que demandent les catholiques chinois.

    Je me suis demandé comment il était possible que le Saint-Siège ait décidé de rendre publique la signature de cet accord précisément au moment où le Pape François évoquait à Vilnius le grand témoignage des catholiques lituaniens sous le communisme, leur résistance et leur foi sous la torture et le fait qu’ils aient été des germes d’une société plus libre et plus accueillante. À cette époque également, les catholiques discutaient et se divisaient entre la dénonciation et la résistance et l’Ostpolitik du Vatican.  Si on ne considère cet accord que comme quelque chose de négatif, alors la mémoire des martyrs lituaniens pourrait susciter une interprétation des « deux poids deux mesures » à laquelle la diplomatie a souvent recours et les célébrations des martyrs à Vilnius ne serait alors qu’une moquerie des souffrances des chrétiens chinois.

    Mais on voit dans cet accord, même s’il n’est que provisoire, un brin de positivité, alors les célébrations lituaniennes sont un signe d’espérance : le communisme, ce « délire de toute-puissance de ceux qui prétendaient tout contrôler », n’a pas triomphé. Et c’est un signe d’espérance pour la Chine également.

    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso.

  • Vatican : Retour à l’Ostpolitik ?

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    Zen_and_Parolin_810_500_75_s_c1.jpgSur le site de France Catholique, la chèvre et le chou font bon ménage. Commentaire publié le 24 septembre par Gérard Leclerc :

    « L’accord conclu entre le Saint-Siège et la Chine communiste est significativement qualifié de provisoire. Il se signale, en effet, par son caractère pragmatique. Nul n’est en mesure de prévoir encore s’il aboutira à une véritable réconciliation des catholiques sur le terrain et débouchera sur des relations diplomatiques normales. Comment présumer déjà d’une communion effective entre «  l’Église patriotique  » officielle et l’Église clandestine fidèle à Rome ? La réaction très vive de l’ancien évêque de Hong Kong, le cardinal Joseph Zen, constitue un sérieux avertissement. Dénonçant une capitulation du Saint-Siège, il est le porte-parole d’une résistance ancrée dans plusieurs décennies de persécution. Comment les «  loups  » d’hier pourraient-ils se transformer en pacifiques partenaires, alors que les signes d’hostilité et les mesures de répression n’ont cessé de se manifester ? Mais l’histoire montre aussi qu’arrive un moment où il faut prendre acte de certaines réalités pour franchir une étape nécessaire.

    N’est-ce pas ce qui s’est passé après la Révolution française, avec le Concordat refusé par une partie de l’Église de France au sortir de la persécution et devant consentir des concessions douloureuses ? On peut alléguer aussi la conciliation accomplie sous Mussolini, et qui permit enfin au Saint-Siège de trouver un régime normal d’exercice. Dans ce cas, il est vrai que les négociations avaient débouché sur des accords qui n’avaient rien de provisoire. Le compromis qui veut que Pékin garde l’initiative des nominations épiscopales, même si cela se fait en concertation avec l’Église, comporte une large part d’incertitude. Il ne pourra prouver sa fiabilité qu’avec l’usage. Et si le Pape était contraint d’utiliser son droit de veto, qui lui est reconnu, on peut craindre qu’une crise ne compromette le processus en cours.

    Ainsi, on en revient sensiblement à l’Ostpolitik pratiquée sous Paul VI à l’initiative de Mgr Casaroli. Le chef de la diplomatie vaticane n’avait rien à voir avec un supposé progressisme. Il ne cherchait qu’à négocier, en situation de faiblesse, avec les régimes communistes pour obtenir le maximum de liberté d’exercice à des Églises locales persécutées. C’était du pur pragmatisme, parfois couronné de certains succès. On sait que l’Ostpolitik fut abandonnée sous Jean-Paul II, mais les conditions politiques avaient radicalement changé. La Chine, en dépit de formidables évolutions intérieures, demeure dominée par un Parti communiste intraitable quant à son autorité et son idéologie. C’est donc un peu la méthode Casaroli qui est reprise par le cardinal secrétaire d’État Parolin. Il s’agit de conduire au mieux une marche difficile vers la concorde. C’est un pari risqué qui devra se concrétiser dans l’aléatoire et non sans une intense mobilisation spirituelle des chrétiens de Chine, en union avec l’Église tout entière. 

    Ref. Retour à l’Ostpolitik ?

    Mais où donc le cardinal-secrétaire d’Etat Parolin aurait-il pu pêcher l’idée que le régime communiste chinois était aujourd’hui en état de faiblesse ? On peut, en outre, douter que  son homologue Casaroli ait posé ce genre de diagnostic au sujet de l’empire soviétique : dans les années 1970, l’idée était plutôt que l’URSS avait encore un bel avenir et que, dès lors, il  valait mieux composer avec elle. C’est probablement ce que pense aussi Parolin au sujet de la Chine contemporaine. La manie du dialogue à tout prix a fait le reste, dans un cas comme dans l’autre.

    Fruit d’un dialogue nébuleux, l’accord entre la Chine et le Saint-Siège est aussi qualifié par eux de provisoire" et "secret", ce qui suscite la méfiance. Le pape serait impliqué dans les nominations d’évêques, mais comment ? Et que se passe-t-il si le candidat proposé par la Chine est refusé par le pape ? Qui a le pouvoir du dernier mot ? Mystère…

    JPSC    

  • 45% de chrétiens, 34% d’athées et 10% de musulmans en Province de Liège

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    Un sondage réalisé par Butterfly Research à l'initiative de RCF Liège sur la situation politique dans la province donne des résultats fort instructifs dont ceux qui concernent les appartenances religieuses : 

    45% de chrétiens, 34% d’athées et 10% de musulmans en Province de Liège.

    Remarque: d’un point de vue méthodologique, il convient de relever que la question « quelle est votre religion actuelle » était précédée de la question « quelle est la religion de vos parents ». 62% ont des parents catholiques et le fait de poser cette première question semble créer un biais dans la réponse à la seconde question sur la religion actuelle, pour laquelle 38% se déclarent alors eux-mêmes catholiques et beaucoup d’autres athées ou agnostiques. En effet, dans une enquête d’audience RCF réalisée en 2017 auprès de 1.500 liégeois, la question sur la religion des parents n’a pas été posée et 48% ont alors répondu qu’ils étaient catholiques. Une enquête réalisée début 2017 par ORELA-ULB-LeSOIR donnait 63% de catholiques. Bref, prudence dans l’interprétation de ces données.

    (cliquer sur les tableaux ci-dessous pour les agrandir)

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    Grande dispersion des spiritualités dans l’ensemble des grands partis. En nombre d’électeurs, le vote catholique bénéficie d’abord au PS même si 78% de l’électorat CdH est catholique tandis que le vote musulman se réparti 40% PS, 40% indécis et 20% Islam.

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    L’électorat de la Province de Liège est 55% à gauche, 22% au centre et 23% à droite. L’électorat du PS s’estime plus à gauche que celui du PTB.

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  • Vatican-Chine : un échec diplomatique et ecclésiastique

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    Le 26 février dernier, cet article de George Weigel (traduit par Bérengère Viennot) publié sur Slate analysait déjà de façon tout à fait pertinente la perspective d'un accord entre le Saint-Siège et la Chine communiste tel qu'il vient d'être conclu :

    La stratégie chinoise du pape François est anachronique

    La diplomatie du Vatican avec la Chine et d'autres gouvernements autoritaires est basée sur des fantasmes de puissance datés de plus d'un siècle.

    Ces dernières semaines, de nombreux observateurs sont restés perplexes, voire profondément troublés, devant la perspective d’un accord sur le point d’être conclu entre le Vatican et la République populaire de Chine.

    Cet accord concèderait un rôle considérable au régime communiste chinois dans la nomination d’évêques catholiques en Chine et s’inscrirait dans une démarche visant à rétablir des relations diplomatiques pleines et entières entre Pékin et le Saint-Siège. La possibilité d’un tel accord soulève bon nombre de questions.

    Poursuite obstinée de relations avec la Chine

    Pourquoi le Vatican se fierait-il à un quelconque accord cosigné par une puissance autoritaire, compte tenu de ses précédentes expériences malheureuses avec l’Italie de Mussolini et le Troisième Reich de Hitler, qui ont tous les deux systématiquement violé les concordats qu’ils avaient conclus avec le Saint-Siège?

    Pourquoi les diplomates du Vatican (et peut-être même le pape François lui-même) ont-ils choisi d’ignorer les avertissements venus de l’intérieur de la Chine et du cardinal Joseph Zen, ancien évêque de Hong Kong, sur l’impact négatif d’un accord de ce type sur les catholiques chinois restés loyaux à Rome plutôt qu’à l’Association catholique patriotique parrainée par le régime?

    Pourquoi l’Église violerait-elle son propre droit canonique (selon lequel «aucun droit ou privilège d’élection, de nomination, de présentation ou de désignation d’évêque n’est accordé aux autorités civiles») dans le cadre de démarches pour établir des échanges diplomatiques officiels avec un régime qui viole les droits humains de façon quotidienne, et souvent en faisant preuve d’une grande cruauté?

    Qu’est-ce qui peut bien motiver, depuis quarante ans, la poursuite obstinée par les diplomates du Vatican de relations diplomatiques entre le Saint-Siège et la Chine?

    Pour répondre à ces questions, il est nécessaire de faire trois bonds en arrière: d’abord en 1870, puis en 1929 et enfin en 1962.

    Lire la suite

  • Chine : le pape François signe un accord avec le régime de Pékin sur la nomination des évêques catholiques

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    Lu sur le site de notre confrère diakonos.be :

    « La seule chose que l’on sait officiellement sur l’accord signé aujourd’hui 22 septembre à Pékin entre le Saint-Siège et la Chine, c’est qu’il « traite de la nomination des évêques », qu’il est « provisoire » et qu’il « prévoit des évaluations périodiques de sa mise en œuvre ».

    Pas un mot de plus sur son contenu.

    Les signatures de cet accord sont, du côté du Saint-Siège, Antoine Camilleri, le sous-secrétaire pour les relations avec les États et du côté de la Chine le vice-ministre des affaires étrangères Wang Chao.

    Le cardinal Pietro Parolin, le secrétaire d’état du Vatican, a ensuite ajouté dans une déclaration que pour le Saint-Siège, l’accord a « un objectif pastoral » et répond au besoin d’avoir des pasteurs « qui soient reconnus par le successeur de Pierre et par les autorités civiles légitimes de leur pays ».

    Ce qu’on on dit pas, c’est que le choix des pasteurs incombera en premier lieu aux autorités chinoises avec un fragile droit de véto concédé au pape sur les candidats qui lui déplairaient.

    En ce sens, on peut à juste titre qualifier cet accord d’« historique » puisqu’il signe une retentissante marche arrière sur le chemin que l’Église catholique a réalisé à travers des siècles d’histoire pour s’affranchir de la soumission aux pouvoir politiques, en particulier en ce qui concerne l’« investiture » de ses pasteurs.

    Et pour commencer, François a mise en pratique cet accord dès le jour de sa signature en levant l’excommunication qui pesait sur sept évêques « officiels » mis en place par le régime et qui n’avaient jusqu’à hier non-reconnus par le jamais été reconnus par le Saint-Siège.

    Ou mieux, pas sept mais bien huit puisque François a également levé l’excommunication d’une autre évêque « décédé le 4 janvier 2017 qui avait, peu avant de mourir, exprimé le désir d’être réconcilié avec le siège apostolique. »

    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso.

    Ref. Soumission. L’accord fantôme entre le Saint-Siège et la Chine

    Une régression qui renvoie la diplomatie vaticane aux pratiques de l’ancien régime et à l’ostpolitik de Paul VI au temps de l’empire soviétique.

    JPSC 

  • France : les évêques signent une déclaration solennelle contre la PMA

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    De Jean-Marie Guénois sur le site du Figaro :

    Les évêques de France signent une déclaration solennelle contre la PMA

    Pour eux, la procréation ne peut être une «fabrication» ni une «marchandisation», pas même un «projet parental».

    L'Église catholique de France s'engage contre la procréation médicalement assistée (PMA) par une «déclaration» solennelle intitulée «La Dignité de la procréation» de 112 pages, signée par tous les évêques de France, sans exception - ce qui est très rare - et publiée jeudi soir. Mais Mgr Pierre d'Ornellas, qui fut longtemps secrétaire du cardinal Lustiger, aujourd'hui archevêque de Rennes, à l'origine de ce texte, corrige aussitôt: «Notre attitude n'est pas d'être “contre”. Mais nous sommes pour la dignité de la procréation.» On lui objecte une facilité rhétorique dans sa réponse, il rétorque: «Ce long document ne joue pas sur les mots! Il est le résultat d'années de réflexions, impliquant le groupe de travail bioéthique de l'épiscopat et une dizaine de consultants mais aussi les départements d'éthique biomédicale du Centre Sèvres et du Collège des Bernardins. Nous entendons les souffrances. Mais c'est avec sérénité que nous présentons ici des arguments éthiques car c'est le dialogue que nous cherchons et non la confrontation.»

    L'évêque se justifie: «Dans des sujets aussi complexes, éthiques, techniques et évolutifs, qui touchent toute la société et pour longtemps, il faut que la voie la meilleure soit cherchée par tous. S'il n'y a pas de vrai dialogue, nous risquons d'aller tout droit vers un eugénisme libéral où chacun choisira les qualités qu'il veut pour son enfant. Et vers une société où la grande distinction juridique classique entre une personne et une chose risquera d'être écornée. Comment accepter qu'à la place de la dignité de la personne, la marchandisation du corps prenne le pas? La vie ne se vend pas ni ne s'achète. La vie est donnée et elle se donne.»

    De fait, bien qu'affaiblie actuellement par les scandales de la pédophilie qui pèse sur sa crédibilité, cet engagement n'est pas une passade pour l'Église catholique: elle n'a jamais cessé d'investir dans la recherche éthique. Le «groupe de travail bioéthique» de l'épiscopat, présidé par Pierre d'Ornellas, a été créé dès 2009. Quant au Centre Sèvres, il est l'équivalent de l'université jésuite à Paris, qui est très respectée. Le Collège des Bernardins, fondé par le cardinal Lustiger, est à la fois la faculté théologique du diocèse de Paris mais aussi un lieu de dialogue très actif avec la culture dominante.

    C'est d'ailleurs en ce «Collège» que le président de la République, le 9 avril dernier, avait invité les catholiques à s'impliquer, en tant que tels, dans le débat sur la révision des lois de bioéthique. «Voici donc notre contribution éthique au débat, souligne Mgr d'Ornellas. Nous allons faire en sorte que le président de la République ait connaissance de ce document. Nous ne faisons pas de “politique”, mais l'éthique est le ressort fondamental de la politique. D'ailleurs, nous dialoguons en citant les avis du Comité consultatif national d'éthique et le Conseil d'État.»

    Que dit cette déclaration? Les 122 pages - disponibles en librairie cette semaine (1) - sont denses mais accessibles. Elles s'articulent autour de deux concepts phares: la «dignité» et la «fraternité». Pour l'Église, «la procréation» ne peut donc pas être une «fabrication» ni une «marchandisation». Certes la «souffrance» de ne pas avoir d'enfant ne peut pas être «minimisée» - et l'épiscopat souhaite davantage «d'accompagnement» dans ce domaine -, mais le désir d'avoir un enfant ne peut pas être «abordé par la seule technique», comme l'envisage la PMA. Pourquoi? Essentiellement parce que l'on ne sait pas ce qu'il adviendra «des embryons humains surnuméraires» nécessaires à la réussite de la PMA et qui ne seront pas implantés. Parce qu'il y aurait «une suppression juridique de la généalogie paternelle». Enfin parce que la PMA conduirait à «la tentation de rémunérer les donneurs» masculins - causée par une «pénurie prévisible» si «l'anonymat était levé» -, soit un «commerce qui ruinerait le principe de gratuité des éléments du corps humain». Le document critique ensuite la notion de «projet parental» qui donne une «prépondérance aux volontés individuelles». Enfin, il explique pourquoi «l'ouverture de la PMA pour toutes les femmes conduira à la légalisation de la gestation pour autrui (GPA)».

    (1) «La Dignité de la procréation», les évêques de France, coédition Bayard Éditions, Mame, les Éditions du Cerf.

  • Bruxelles, 9 octobre : l'embryon : sujet ou objet ? Soirée de la Bioéthique avec le Professeur Emmanuel SAPIN

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    Embryon: sujet ou objet? Avec le Professeur Sapin

    · Organisé par Les Soirées de la Bioéthique
    (RDVS à l'Institut Marie Haps avec un paf de 3€ - pas d'inscription nécessaire)

    Pour entamer une nouvelle année de Soirées de la bioéthique, nous aurons la chance d'accueillir le mardi 9 octobre prochain le Professeur Emmanuel Sapin

    Pour entamer une nouvelle année de Soirées de la bioéthique, nous aurons la chance d'accueillir le mardi 9 octobre prochain le Professeur Emmanuel Sapin, Chef de service en Chirurgie Pédiatrique et Néonatale au CHU de Dijon, et Professeur à la Faculté de Médecine, qui a participé aux premières interventions chirurgicales fœtales, et s'est fortement intéressé aux questions éthiques relatives à la recherche scientifique anténatale; comme celles-ci :

    • L'embryon, lorsqu'il est sujet de recherche scientifique, est-il sujet ou objet de cette recherche?
    • Qu'est-on avant notre naissance?
    • A partir de quel moment un embryon peut-il être considéré comme pleinement humain, et quelle dignité lui accorder alors?
    • Quel statut est réservé aux embryons dans le cadre des recherches scientifiques ?
    • Peut-on l'utiliser comme un objet pour la cause de la science, particulièrement lorsqu'elle a une visée thérapeutique?
    • La société partage-t-elle la même vision de l'embryon?
    • Quel impact cela a-t-il sur notre perception du commencement de la vie humaine?
    • Quel impact sur notre perception de l'homme?
    • Nos semblables peuvent-ils être mis à notre service pendant leur vie anténatale?
    • Peut-on créer des embryons de laboratoire?

    C'est en tant que médecin-chercheur spécialisé que le Professeur Sapin creusera ces questions, afin de nous offrir un regard à la fois scientifique et éthique sur cette réalité qu'est la recherche sur les embryons humains.

    Nous vous attendons nombreux pour cette première conférence de l'année, qui sera suivie du traditionnel petit verre collectif !

    Des livres écrits par nos conférenciers vous seront proposés à des prix démocratiques dans notre librairie.