La liberté et l’autonomie institutionnelle de l’Eglise (OSSERVATORE ROMANO)
Nous publions ci-dessous le texte de la note sur la liberté et l’autonomie institutionnelle de l’Eglise catholique présentée par la représentation permanente du Saint-Siège au Conseil de l’Europe à l’occasion de l’examen des affaires Sindicatul «Pastorul cel Bun» contre la Roumanie (n. 2330/09) et Fernández-Martínez contre l’Espagne (n. 56030/07) par la Cour européenne des droits de l’homme.
La doctrine de l’Eglise catholique relative aux aspects de la liberté religieuse affectés par les deux affaires susmentionnées peut être présentée, en synthèse, comme fondée sur les quatre principes suivants: 1) la distinction entre l’Eglise et la communauté politique, 2) la liberté à l’égard de l’Etat, 3) la liberté au sein de l’Eglise, 4) le respect de l’ordre public juste.
1. La distinction entre l’Eglise et la communauté politique
L’Eglise reconnaît la distinction entre l’Eglise et la communauté politique qui ont, l’une et l’autre, des finalités distinctes; l’Eglise ne se confond d’aucune manière avec la communauté politique et n’est liée à aucun système politique. La communauté politique doit veiller au bien commun et faire en sorte que, sur cette terre, les citoyens puissent mener une «vie calme et paisible». L’Eglise reconnaît que c’est dans la communauté politique que l’on trouve la réalisation la plus complète du bien commun (cf. Catéchisme de l’Eglise Catholique, n. 1910), entendu comme «l’ensemble des conditions sociales qui permettent tant aux groupes qu’à chacun de leurs membres d’atteindre leur perfection d’une façon plus totale et plus aisée» (ibid., n. 1906). Il revient à l’Etat de le défendre et d’assurer la cohésion, l’unité et l’organisation de la société de sorte que le bien commun soit réalisé avec la contribution de tous les citoyens, et rende accessibles à chacun les biens nécessaires — matériels, culturels, moraux et spirituels — à une existence vraiment humaine. Quant à l’Eglise, elle a été fondée pour conduire ses fidèles, par sa doctrine, ses sacrements, sa prière et ses lois, à leur fin éternelle.