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Religions - Page 66

  • Israël : nouvelles intimidations antichrétiennes

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    Du site de France Catholique :

    Nouvelles intimidations antichrétiennes en Israël

    24 juillet 2019

    L’église Saint-Maron de Jish (CC / Bukvoed)

    Dégradations, graffitis, jets de projectiles… Des petites communautés chrétiennes de Terre Sainte sont régulièrement les cibles de mouvements extrémistes juifs, proches des colons. L’Assemblée des ordinaires catholiques de Terre Sainte a fait part de sa préoccupation après de nouvelles agressions.

    « Le prix à payer » (« Tag Mehir » en hébreu). C’est le slogan, identifié dès 2012, utilisé par les extrémistes juifs pour intimider les communautés palestiniennes, notamment chrétiennes, dans plusieurs régions d’Israël. Les derniers tags de ce type ont été observés vendredi 19 juillet au matin à Jish, une localité de 3000 habitants à majorité chrétienne située en Haute-Galilée, à proximité de la frontière libanaise. Plusieurs véhicules ont également été vandalisés à cette occasion. Le chef du conseil communal a qualifié ces actes de « méprisables » et a appelé la police à identifier leurs auteurs.

    Agenzia Fides@AgenziaFides

    ASIA/ISRAELE - Vescovi cattolici denunciano nuovi atti intimidatori verso le comunità cristiane http://dlvr.it/R8rlMP 

    Voir l'image sur Twitter

    Sentiment d’impunité

    Ces nouveaux incidents ont suscité la réaction de l’Assemblée des ordinaires de Terre Sainte qui regroupe les responsables des différents rites catholiques locaux (latin, maronite, grec melkite, syro-catholique, arménien, chaldéen…). Dans un communiqué diffusé peu après les agressions de Jish, elle a déploré l’impunité dont semble bénéficier les activistes juifs et réclamé que des mesures de sécurité soient prises par les forces de police.

    Les autorités catholiques ont par ailleurs assuré les fidèles de leur solidarité. « Nous prions le Tout-Puissant de les encourager à persévérer malgré les menaces et nous prions pour les agresseurs et ceux qui les soutiennent, en les invitant à se repentir pour le mal commis et à œuvrer pour que tous puissent vivre ensemble dans un pays sûr  » ont-elles indiqué, selon l’agence SIR.

    Des précédents réguliers

    Les chrétiens de Terre Sainte sont régulièrement l’objet des menaces des extrémistes orthodoxes juifs. Un pic avait été enregistré avant la visite du pape François qui s’étaient tenue du 24 au 26 mai 2014. De 2011 à mars 2014, vingt-deux attaques visant des églises, des monastères ou des couvents avaient ainsi été décomptées, sans parler des tags blasphématoires ou des menaces de mort. Le 27 avril 2014, jour de la canonisation de Jean-Paul II et Jean XXIII, trois sites chrétiens avaient été vandalisés ou profanés par les extrémistes en Galilée.

  • Evêques chinois à Liège : se laisser convaincre par tant de bonne volonté?

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    Nous avons, sur ce blog, manifesté un certain scepticisme au lendemain de la visite effectuée à Liège (plus précisément à Cornillon et à Banneux) par cinq évêques chinois adhérant à la politique religieuse du régime communiste de la RPC. Il semble que, ce faisant, nous avons manqué de foi dans l'esprit de dialogue qui a présidé à cette rencontre entre ces évêques, l'évêque de Liège et les membres de l'Institut Verbiest de la KUL. Nous avons, par la même occasion, pris la liberté de ne pas souscrire à la politique de rapprochement voulue, semble-t-il, par le pape et activée par le cardinal Parolin, ce nouveau Casaroli.

    Si l'on veut se faire une idée, on pourra toujours visionner les deux videos reprises ci-dessous : la première retrace brièvement la journée du 19 juillet à Liège, la seconde donne la parole au fondateur de l'Institut Verbiest; peut-être se laissera-t-on convaincre par tant de bonne volonté? Ce n'est malheureusement pas notre cas, nous qui pensons avec Georges Weigel que la stratégie chinoise du pape et du cardinal Parolin est franchement anachronique.

  • Asie : la liberté religieuse toujours plus menacée

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    Du site des Missions Etrangères de Paris :

    La liberté religieuse toujours menacée en Asie selon un nouveau rapport

    Publié le 19/07/2019

    Un rapport du Pew Research Center – un centre de recherche américain qui fournit des statistiques et des informations sociales sous forme de démographie, sondages d’opinion et analyses de contenus – vient de confirmer l’Asie comme le continent où l’on trouve le plus de restrictions et d’obstacles à la liberté religieuse. Le rapport révèle que « durant la décennie 2007-2017, les restrictions gouvernementales contre la religion – par des lois ou des actions destinées à limiter les pratiques et les croyances religieuses – ont considérablement augmenté dans le monde ». Les derniers chiffres montrent que 52 gouvernements – dont plusieurs géants comme la Chine ou l’Indonésie – imposent des restrictions religieuses « élevées » voire « très élevées », par rapport à 2007.

    Selon le dernier rapport du Pew Research Center, un centre américain d’analyses sociales, le nombre de pays dans le monde où la population a subi des formes aggravées d’hostilités sociales contre les religions est passé de 39 pays à 56 pays en dix ans (sur 198 pays étudiés). Dans certains pays, les favoritismes contre certains groupes religieux en particulier se sont particulièrement développés, notamment en Thaïlande, où une nouvelle Constitution est passée en 2017. Une clause de la nouvelle Constitution thaïlandaise élève le statut du bouddhisme theravada à travers l’éducation, la propagation de ses principes et la mise en place de mesures et de dispositifs contre la profanation du bouddhisme sous toutes ses formes. Depuis 2007, les gouvernements asiatiques se sont également davantage référés aux autorités religieuses et aux textes ou aux doctrines religieuses.

    Activités religieuses limitées

    Depuis 2015, l’islam est la religion la plus fréquemment citée au rang de religion d’État ; sur 43 pays ayant une religion officielle, 27 ont adopté l’islam (63 %). En Indonésie, les gouvernements locaux ont continué leurs tentatives de conversions forcées des musulmans ahmadis, en leur demandant par exemple de signer leur renonciation à leurs convictions avant un mariage ou avant de partir en pèlerinage à La Mecque. En Chine, seuls certains groupes religieux sont autorisés à s’enregistrer auprès du gouvernement et à pratiquer des célébrations religieuses. Pour cela, ils doivent appartenir à l’une des cinq « associations religieuses patriotiques » reconnues par l’État (associations officielles bouddhistes, taoïstes, musulmanes, catholiques et protestantes). « Toutefois, des rapports affirment que le gouvernement chinois a arrêté, torturé et abusé physiquement aussi bien des membres de groupes enregistrés et non enregistrés », souligne l’étude. Parmi les pays comptant le plus de limitations contre la religion, de nombreuses mesures ont été appliquées afin de limiter les activités religieuses. Aux Maldives, par exemple, il est interdit de promouvoir toute autre religion que l’islam – un crime qui peut conduire jusqu’à cinq ans d’emprisonnement. Au Laos, les groupes religieux doivent obtenir l’autorisation du gouvernement pour pouvoir se rassembler, organiser des rites religieux, construire des lieux de culte et fonder de nouvelles communautés.

    « C’est le devoir de l’État de protéger tous les citoyens »

    Enfin, l’étude conclut que « globalement, les restrictions gouvernementales contre la religion et les hostilités sociales contre la religion sont restées constantes en 2017 par rapport aux années précédentes. En 2017, il y a également eu peu de changements après deux années de reculs majeurs contre la liberté religieuse, causés par des gouvernements, des groupes privés ou des individus ». « En 2017, près d’un quart des 198 pays étudiés (26 %) a connu des restrictions gouvernementales ‘élevées’ ou ‘très élevées’, contre 28 % en 2016. Ce sont les niveaux les plus élevés depuis 2013, mais cela reste en dessous du pic de 2012 – 33 %. » En 2017, 83 pays (42 %) ont expérimenté des niveaux élevés ou très élevés de restrictions religieuses, dues au gouvernement ou à des actions privées. Ce chiffre s’est maintenu depuis 2016 après deux années d’augmentations, et reste légèrement inférieur à 2012 (43 %). Enfin, comme au cours des années précédentes, la majorité des pays étudiés en 2017 restent à des niveaux de restrictions religieuses considérés comme ‘bas’ ou ‘moyens’. Le 16 juillet, lors de la présentation d’un rapport sur la persécution des chrétiens dans le monde, Mgr Antoine Camilleri, sous-secrétaire du Saint-Siège pour les relations avec les États, a dénoncé « la tendance grandissante, même dans les démocraties stables, à la criminalisation ou à la sanction des autorités religieuses sous prétexte qu’elles proclament leur foi ouvertement, en particulier dans les domaines du mariage et de la famille ». Au contraire, affirme-t-il, « c’est le devoir de l’État de protéger tous les citoyens, qu’ils revendiquent une conviction religieuse ou non ».

    (Avec Asianews)

  • Les églises sont vides, les séminaires ferment, les âmes se perdent... mais l'Eglise a d'autres chats à fouetter

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    C'est ce qui ressort des propos - on ne peut plus mous et consensuels - tenus par notre cardinal primat. Heureusement que, lors de la Réforme, il s'est trouvé des papes, des évêques et des cardinaux d'une autre trempe...

    Cardinal Jozef De Kesel: « l’Eglise n’est pas là pour reconquérir » (source)

    Dans une interview accordée par l’hebdomadaire européen «  », le cardinal Jozef De Kesel, archevêque de Malines-Bruxelles, revient sur le rôle de l’Eglise catholique dans une Europe sécularisée et pluraliste. Pour le cardinal, l’Eglise ne doit pas céder à la tentation d’une « reconquête », mais a une mission à remplir et des valeurs à défendre au sein des sociétés européennes. 

    A la question de savoir quel est le rôle de l’Eglise catholique dans l’Europe d’aujourd’hui, où la sécularisation et le pluralisme ont modifié la dynamique entre les citoyens et leurs relations avec l’une des institutions les plus anciennes du continent, le cardinal Jozef De Kesel répond qu’être catholique implique de participer à cette société sécularisée, où différentes convictions se côtoient. Il s’agit de « vivre ensemble en respectant les autres. L’Eglise n’est pas là pour ‘reconquérir le terrain perdu’. Ce n’est pas notre mission. Être catholique, c’est être fidèle à ses convictions, dans un environnement qui s’est transformé en une société pluraliste. Cela implique le respect de l’être humaine et de ses convictions« .

    Pour le cardinal, l’Eglise ne doit donc pas chercher à s’imposer. Elle a cependant pour mission de défendre ses convictions et certaines valeurs, dans une attitude de « solidarité avec tous ceux qui aspirent à une société plus juste et plus fraternelle« . « Si nous luttons pour le respect de la liberté religieuse« , ajoute-t-il, « c’est parce que nous acceptons la société sécularisée« . C’est peut-être là que réside le principal défi pour l’Eglise en Europe, mais il s’agit également d’une opportunité: accepter pleinement la société sécularisée, ce qui « nous aide à redécouvrir nos racines et notre mission« , et à rencontrer les autres. Cela implique une forme de conversion pour de nombreux évêques.

    Fondamentale ouverture

    Pour certains, l’Eglise catholique serait toujours à la recherche de pouvoir, comme par le passé. Pour le cardinal De Kesel, ce n’est pas vrai: « Ce que nous revendiquons, c’est le droit d’être ce que nous sommes. Cela s’applique à chacun, à toutes les religions et aux non croyants également« . Avant le concile Vatican II, l’Eglise catholique avait du mal à accepter la modernité. Mais le concile a amené un « changement fondamental concernant l’ouverture« . Il ne s’agit pas de condamner le passé, mais les circonstances historiques ont changé: « Il n’est pas bon de vivre dans la nostalgie et pour un passé qui n’est plus possible« .

    Au journaliste qui le qualifie de progressiste et libéral, le cardinal répond ceci: « Je n’aime pas les étiquettes. Certains disent que je suis progressiste, d’autres disent le contraire. Je ne me sens pas à l’aise quand on dit que je suis ‘progressiste’. Je préfère le terme ‘ouvert’« . Et de se pencher sur la notion de progrès: « Qu’est-ce que le progrès? Si on parle d’euthanasie, par exemple, est-ce un progrès ou non? Un progrès est un progrès seulement s’il est valable pour tout homme et pour toute l’humanité. Car on peut progresser économiquement et devenir et, en même temps, être spirituellement et humainement très pauvre« .

    Poursuivant sa réflexion, le cardinal désigne deux valeurs fondamentales, liées au respect de l’être humain: la liberté et la solidarité. Si la Révolution française a placé la liberté au premier plan, il ne peut y avoir de vraie liberté sans solidarité. Quant au communisme, c’est la fraternité sans liberté, ce qui équivaut à un totalitarisme. Ces valeurs sont donc indissociables: « Si la liberté se pose de manière absolue, cela ne sert pas le progrès. les deux vont toujours ensemble – liberté et fraternité. C’est un concept chrétien qui, aujourd’hui, ne lui appartient plus exclusivement, il est entré dans notre culture« .

    Le défi de la pauvreté

    Selon le cardinal Jozef De Kesel – qui se situe à cet égard, comme sur d’autres sujets, clairement dans la ligne du pape François -, le défi le plus important au niveau mondial est cependant la pauvreté. « C’est un problème global qui touche aussi le problème de l’immigration. cela ne peut être résolu qu’à travers la solidarité« . S’agissant de ces problématiques, les chrétiens doivent agir en tant que citoyens à part entière: « l’Eglise ne peut se retirer de la société. Avec tous les citoyens, nous travaillons à une société plus juste. Comme le dit le pape François, notre planète est notre ‘maison commune’, pour laquelle nous sommes conjointement responsables« .

    « Nous ne pouvons privatiser tout ce qui est religieux« , ajoute le cardinal. « Nous avons des convictions religieuses, nous sommes en même temps des citoyens. on ne peut séparer les deux. C’est vrai pour les catholiques comme pour d’autres religions et convictions« . Il s’agit d’un défi, car « il y a des tendances extrémistes dans la société. Aussi dans l’Eglise, ce qui nous renferme sur nous-même. mais la mission de l’Eglise est de travailler ensemble pour une société plus humaine et plus juste« .

    Un appel à la mémoire, à la spiritualité et à la solidarité

    Dans la dernière partie de l’interview accordée à « New Europe », le cardinal s’élève contre la privatisation extrême de la religion dans nos sociétés. « Je ne suis pas d’accord avec cela. Je soutiens de tout coeur une société pluraliste, mais ce pluralisme, je le vois comme un pluralisme actif. Bien sûr, les lois sont déterminées par le Parlement, mais la société civile est un espace de liberté dans lequel les religions ont un rôle à jouer« .

    S’il est pour un un gouvernement séculier, il n’en reste pas moins que l’Etat ne peut pas tout imposer. « Regardez, par exemple, en Italie, la déclaration de Mr Salvini (ministre italien de l’Intérieur, NDLR.), qui dit que le capitaine du Sea Watch, qui a permis à des migrants d’être secourus à Lampedusa, a commis un acte criminel. A-t-il le droit de dire cela? D’autres pensent que ce qu’il a fait n’est pas un acte criminel« . Par ailleurs, « l’Etat doit respecter la liberté de conscience et la liberté de religion« .

    Enfin, le cardinal invite les jeunes générations en Europe à trois choses. D’abord, ne pas oublier le passé, ne pas oublier ce qui s’est passé en Europe au moment de la deuxième Guerre mondiale. « A Anvers, la police a collaboré et arrêté les Juifs de la ville. A Bruxelles, ils ont refusé d’obéir à cet ordre. Il faut que les jeunes se souviennent de cela« .

    « Je dirais également aux jeunes de ne pas perdre leur âme. Il y a un besoin de spiritualité. Que dit la société aux jeunes quand ils demandent quoi faire de leurs vies. La société dit: ‘tout ce que vous voulez’. mais qu’est-ce qui donne sens à ma vie? Qu’est-ce qui peut combler ma vie? Qu’est-ce qui me rend heureux? Ces questions trouvent leur réponse dans la spiritualité« .

    Pour terminer, le cardinal De Kesel appelle les jeunes à la solidarité, qui répond à la question: que puis-je signifier pour l’autre?

    Christophe Herinckx, d’après « New Europe »

    Retrouvez l’intégralité de l’interview du cardinal De Kesel (en anglais) en cliquant ici.

  • Dieu veut-il la pluralité des religions ?

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    Lu sur le site web des missionnaires de la miséricorde divine :

    scan_Lexmark_2019-06-07-141907-1.jpg« Cette question aurait semblé incongrue il y a un siècle. Deux circonstances poussent maintenant à y répondre avec précision. La première est la prise en compte d’un pluralisme religieux durable. Notre monde est définitivement sorti de l’état de chrétienté où la religion chrétienne était majoritaire dans le monde connu. La seconde est un climat relativiste, répandu depuis une cinquantaine d’années, qui tend à penser qu’il n’y a pas de vérité absolue. Ces deux éléments ont poussé à se poser la question : le pluralisme des religions est-il voulu par Dieu ? La déclaration d’Abu-Dhabi, signée conjointement par le pape François et l’imam d’Al-Azhar, a redonné une actualité particulière à cette question.

    Liberté religieuse

    Afin de justifier le droit à la liberté religieuse, c’est-à-dire à ne pas être empêché d’adhérer à la religion de son choix, la déclaration d’Abu-Dhabi stipule : « Le pluralisme et les diversités de religion, de couleur, de sexe, de race et de langue sont une sage volonté divine, par laquelle Dieu a créé les êtres humains. Cette Sagesse divine est l’origine dont découle le droit à la liberté de croyance et à la liberté d’être différents ».

    Il faut d’abord souligner que ce texte n’est pas magistériel. Cependant, il doit transcrire la pensée de chaque signataire, donc de l’Église. Or la formulation présente une imprécision de taille, car elle met sur le même plan la différence de sexes ou de races et la différence de religions. Elle semble affirmer implicitement que ces différences sont voulues de la même manière par la Sagesse divine.

    Interrogé en privé par Mgr Schneider, évêque en visite ad limina, le pape lui a répondu que cette diversité de religions n’était que la volonté permissive de Dieu alors que la diversité des sexes était formellement souhaitée par Dieu.

    Conformité avec le plan de Dieu

    Il y a donc une distinction capitale qu’il faut rappeler. En Dieu se trouve une volonté antécédente par laquelle la Sagesse divine veut positivement telle ou telle chose. Ce qui est ainsi voulu est forcément bon et conforme au plan de Dieu. Ainsi, la Sagesse a voulu que l’être humain ait un corps sexué et différencié. Mais il y a aussi une volonté permissive de Dieu, qui intègre la réponse libre de l’homme, par laquelle Dieu permet que certaines choses arrivent sans échapper à sa Providence. Elles n’étaient pourtant pas voulues premièrement dans le plan divin. Ainsi Dieu permet le mal physique, l’erreur, le péché sans que cela soit positivement voulu par Lui. Mais sa Sagesse, sa Miséricorde sait utiliser ce qui est permis pour le faire concourir au bien.

    Dieu veut la différence des sexes dans le premier sens, mais il ne veut la diversité des religions que dans le second sens de « permettre ». Sans cette distinction, on met sur le même plan la religion chrétienne et les autres religions, ce qui nierait l’affirmation du Christ : « Je suis la Voie, la Vérité et la Vie » (Jn 14, 6).

    Cette façon de comprendre la volonté divine permet de rendre compte de l’affirmation du concile sur les croyants non chrétiens : « Tout ce qui, chez eux, peut se trouver de bon et de vrai, l’Église le considère comme une préparation évangélique et comme un don de Celui qui illumine tout homme pour que, finalement, il ait la vie. Bien souvent, malheureusement, les hommes, trompés par le Malin, se sont égarés dans leurs raisonnements, ils ont échangé la vérité de Dieu contre le mensonge, en servant la créature de préférence au Créateur (cf. Rm 1,25) » (Lumen Gentium, n° 16). Il y a dans les religions non chrétiennes des éléments de vérité, par exemple pour l’islam l’existence de Dieu créateur, la nécessité de la prière… Mais il y a aussi des éléments faux, par exemple la possibilité de la polygamie, la négation de la Trinité… C’est parce que Dieu ne peut pas vouloir une religion dans laquelle vérité et erreur se mêlent qu’il ne veut pas positivement les religions non chrétiennes. Mais il les permet en tant que leurs éléments de vérité peuvent conduire à l’accueil de la révélation évangélique, seule révélation intégralement vraie voulue par Dieu.

    L’annonce missionnaire

    Derrière cette question se trouve l’enjeu de l’annonce missionnaire, comme le souligne la déclaration Dominus Iesus : « La pérennité de l’annonce missionnaire de l’Église est aujourd’hui mise en péril par des théories relativistes, qui entendent justifier le pluralisme religieux, non seulement de facto (de fait), mais aussi de iure (ou en tant que principe). » (n° 4) En effet, si les autres religions sont voulues directement par Dieu, alors l’annonce missionnaire devient presque contraire au plan de Dieu. Mais si elles ne sont que permises, avec une part de bonté qu’il faut déceler en vue d’annoncer la plénitude du salut qui vient du Christ Sauveur, alors le dialogue interreligieux lié à l’annonce missionnaire prend tout son sens.

    Abbé Jean-Raphaël Dubrule »

    Ref. Dieu veut-il la pluralité des religions ?

    JPSC

  • 97% des chrétiens tués en 2018 l'ont été en Afrique

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    De Malik Acher sur le site de RT France :

    Afrique : l'inexorable montée en puissance des violences contre les chrétiens

    L'histoire est là pour témoigner du fait que ces populations ont toujours vécu ensemble sans pour autant qu'il y ait eu des tensions et des guerres interreligieuses

    Outre les violents conflits opposant éleveurs nomades et sédentaires, les Africains de confession chrétienne sont également victimes, à l'instar des autres communautés religieuses, de l'expansion des activités terroristes. Récent épicentre de ces violences, la bande sahélienne, vaste territoire de plusieurs milliers de kilomètres, souffre en premier lieu de l'incapacité des Etats «à imposer leur autorité» et de facto à assurer la sécurité des populations, selon Bakary Traore, spécialiste de la géopolitique du Sahel. 

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  • Le Dalaï Lama a une nouvelle fois mis en garde l’Europe qui pourrait devenir « musulmane ou africaine »

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    Du site de Valeurs Actuelles :

    Migrants : le Dalaï Lama redoute que l’Europe devienne “musulmane ou africaine”

    Vendredi 28 juin 2019

    Le chef spirituel bouddhiste tibétain a ajouté, en interview sur la BBC, qu’un “nombre limité” de réfugiés devait être autorisé à rester.

    Non, le Dalaï Lama n’a pas pris sa carte au Rassemblement national. Mais il pourrait s’y trouver fort à l’aise à entendre ses dernières déclarations fracassantes sur l’immigration. Le chef spirituel bouddhiste, qui vit comme réfugié en Inde depuis qu’il a fui le Tibet en 1959, a une nouvelle fois mis en garde l’Europe, qui pourrait devenir « musulmane ou africaine » si les migrants arrivés sur le continent ne sont pas renvoyés dans leurs pays d’origine. Lui pense, au contraire, qu’un « nombre limité » d’entre eux doivent être autorisés à rester.

    Au cours de cette interview à la BBC, le Dalaï Lama a précisé que les migrants nécessiteux devraient pouvoir être formés avant de s’en retourner chez eux. « Les pays européens devraient accueillir ces réfugiés et leur procurer éducation et formation, le but étant qu’ils retournent dans leurs pays avec certaines compétences », a ainsi déclaré le leader religieux de 83 ans. Interrogé sur ceux qui voudraient rester en Europe, il a ajouté : « Un nombre limité, ça va. Sinon, toute l’Europe deviendra un jour musulmane ou africaine, c’est impossible. »

    « Chaque pays a sa propre culture »

    Relancé par le journaliste de la chaîne britannique sur son statut de réfugié, le Dalaï Lama l’a répété : « L’Europe est pour les Européens. » Avant de poursuivre : « Eux-mêmes sont mieux sur leurs propres terres. » Ce n’est pas la première fois que le chef spirituel bouddhiste, très respecté et populaire dans le monde occidental, prononce des propos aussi iconoclastes, rappelle le Dailymail. L’année dernière, à Malmö en Suède comme à Rotterdam aux Pays-Bas, il avait déjà affirmé au cours de conférences : « L’Europe appartient aux Européens. »

    « Chaque pays a sa propre culture, sa propre langue, son propre mode de vie, et il est mieux pour chacun de vivre dans son propre pays. C’est mon opinion », a souligné le Dalaï Lama sur la BBC, alors que 4,4% de la population de l’Union européenne (512 millions d’habitants) ne sont pas citoyens du continent et que 2,4 millions de migrants sont entrés dans l’UE en 2017. Décidément peu politiquement correct, ce féministe revendiqué avait même déclaré, en 2015, à propos de sa succession : « Si c’est une femme, elle devra être plus attirante. »

  • Comme un problème au royaume du progressisme triomphant

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    Pourquoi la génération la plus prospère, la plus libre et la mieux protégée de l’histoire est-elle en train de sombrer dans des pulsions d’euthanasie à cause de l’écologie ?

    Alors que notre génération est probablement l'une de celles vivant dans la plus grande prospérité, l'une des plus protégées et des plus libres, un sentiment de pessimisme, fortement lié au sentiment d'urgence écologique, la traverse...

    Pour « Atlantico », Eddy Fougier et Chantal Delsol  dialoguent sur ce phénomène:

    Atlantico : Alors que notre génération est probablement l'une de celles vivant dans la plus grande prospérité, l'une des plus protégées et des plus libres, un sentiment de pessimisme, fortement lié au sentiment d'urgence écologique, la traverse. Quelles sont les causes d'un tel pessimisme ambiant ? A quel point est-il intrinsèquement lié au sentiment d'urgence écologique ?

    Chantal Delsol : C’est la France qui est pessimiste et dépressive. Toutes les études sociologiques le montrent. Les Français se rendent compte que la mondialisation et l’ouverture à tous les vents leur fait perdre leur système social spécifique, très avantageux. Un Etat colbertiste n’est plus possible dans un pays moderne à l’époque de la mondialisation. Fait aggravant : le président de la République lui-même, élu et soutenu par l’élite cosmopolite et mondialisée, s’attache à mettre en cause le vieux modèle protecteur et colbertiste. Il y a pour le Français de quoi se révolter. D’où les gilets jaunes. Et je n’ose penser à ce qui se passera quand on voudra réformer les retraites ! Tout cela laisse comprendre le paradoxe : nous avons le pays le plus protecteur et redistributeur du monde, et nous sommes constamment mécontents, aigris et vindicatifs. C’est que nous sentons que ce système, on est en train de le rogner par tous les bouts.

    L’écologie joue un grand rôle parce qu’en l’absence désormais de religions, elle est devenue la seule religion partagée et conquérante, d’abord dans la jeunesse. Comme toutes les religions elle a ses clercs, ses prières, ses dogmes, ses grands-messes, ses grands mensonges qui fonctionnent très bien (regardez l’histoire des rats de Seralini en 2012), et son intolérance rituelle (on ne discute pas avec des euro-sceptiques: on les injurie). Il y a surement des vérités scientifiques dans le discours écologique. Mais il y a aussi des excès, des calembredaines, et même des tromperies conscientes faites pour affoler les fidèles croyants. On est encore dans une idéologie de type religieux. C’est pourquoi il est si difficile de savoir qui croire et ce qui est vrai.

    Eddy Fougier : Il y a effectivement, d'un point de vue objectif, quelque chose d'incompréhensible à l'échelle mondiale : l'amélioration d'un certain d'indicateurs, c’est-à-dire le niveau de vie, la mortalité infantile, l'espérance de vie, les indices liés à la malnutrition, la pauvreté également en baisse. D'un point de vue objectif, on a l'impression que les choses s'améliorent. Mais d'un point de vue subjectif, on a l'impression que les choses empirent, notamment pour les jeunes générations. Pour ces derniers, sûrement que cette de l'urgence climatique–qui est la chape de plomb de la lutte écologique - explique qu'on a du mal à se projeter dans le futur de manière optimiste, que la plupart des activités humaines sont entachés d'une sorte de péché, de culpabilité collective, qui fait que ces activités –industrielles, agricoles, animales- aboutissent à être l'origine de ce changement climatique. On est face à ce grand paradoxe où on n'a jamais aussi bien vécu à l'échelle mondiale, et pourtant le futur demeure incertain.

    Cette peur qui peut aller jusqu'à la volonté de ne pas faire d'enfant ou de s'euthanasier a une symbolique quasi-religieuse. Peut-on considérer que l'on fait face à un néo-millénarisme écologique ?

    Chantal Delsol : Les humains font des enfants pour deux raisons : soit parce qu’ils n’ont pas de moyens de contraception et donc souvent malgré eux, soit parce qu’ils ont une forme ou une autre de spiritualité, c’est-à-dire qu’ils valorisent quelque chose qui les dépasse. A une époque où nous avons la contraception sans la spiritualité, il n’y a plus grande raison de se reproduire. C’est pourquoi Raymond Ruyer disait que dans les cent prochains siècles, on était au moins sûrs d’une chose : les humains encore présents seraient religieux d’une manière ou d’une autre.

    Eddy Fougier : Effectivement. Quand j'ai vu monter la théorie de la collapsologie, j'avais un projet d'ouvrage que je souhaitais nommer ainsi. De même, il y a une dimension néo-religieuse dans ce qui se passe. On l'a ressenti en 2000 avec le bug qu'on prévoyait mais aujourd'hui ce sentiment est multiplié avec la crainte du grand effondrement à l'horizon 2030, 2040. Avec cette idée que seuls les "purs", ceux qui respectent la Terre-mère, Gaïa, pourront survivre. Et cette religion a ses prophètes, notamment suédois [ndlr. Greta Thunberg]. Ce sentiment ne sera que grandissant à mesure qu'on accumulera les preuves de l'impact de l'homme sur la terre. Mais ceci se trouvera également de plus en plus exploité par des marchands de peurs. Cela existe à l'échelle nationale avec les courants populistes. Mais ça pourra transparaître également dans des mouvements de nature religieuse, sectaire, voire idéologique, qui vont exploiter cette crainte de l'avenir et de l'effondrement de la civilisation.

    Le sentiment de déclin qui parcourt le monde occidental et à fortiori la France joue-t-il une part importante dans ce ressenti ? En quoi ce sentiment millénariste est-il associé au progressisme ?

    Chantal Delsol : Le sentiment de déclin est d’abord du au fait du déclin de notre modèle social dont j’ai parlé plus haut. Mais aussi au fait que la seule religion que nous ayons, la religion écologique, est une religion de catastrophe et non d’espérance: elle a restitué le temps circulaire des anciens paganismes, elle a renoncé au temps fléché du monothéisme judéo-chrétien. Le temps circulaire ne peut produire que du pessimisme : l’espoir y est vain.

    Eddy Fougier : Il y a un clivage de plus en plus fort entre les populations de pays développés et les pays émergents. Du côté de ces derniers, ils considèrent que leur vie s'améliore.  C'est le contraire pour les premiers qui estiment que les générations futures vivront moins bien que les générations actuelles. C'est un ressenti subjectif basé en terme de croissance, de niveau de chômage, d'insécurité économique et sociale, qui explique cette fracture. L'idée qu'il y a un jeu à somme nul où les pays émergents se sont développés au détriment des pays développés est finalement assez courante dans l'opinion publique. 

    Pour autant, je ne pense pas que le sentiment de déclin de l'Europe se retrouve lié à la collaspologie et à ses adeptes. Pour ces derniers, l'effondrement est lié à la diffusion d'un modèle occidental. Le bruit ambiant fait effectivement pourtant en sorte qu'il y a cet amalgame, comme on l'a vu chez les gilets jaunes qui y associent un déclin collectif de la civilisation occidentale et une incapacité à se projeter sans peur dans le futur. Pour résumer, pour ceux de la génération de Greta Thunberg à Pablo Servigne, l'Occident mourra de ses péchés.

    Le progressisme de l'autre côté –celui qui prône la décroissance- se retrouve également associé à cette chape de plomb du changement climatique. L'idée est un retournement du concept thatchérien "il n'y a pas d'alternative". C’est-à-dire que la seule alternative possible est en réalité la décroissance; c'est réduire de façon drastique les émissions de gaz à effet de serres par exemple ou mettre fin à notre système agro-alimentaire actuel. Donc remettre en cause de façon radical notre mode de développement, notre modèle économique à l'échelle individuelle et collective et éventuellement envisager un régime plus autoritaire pour imposer ce passage d'une abondance à une pénurie par anticipation de ce que pourrait être ce grand effondrement.

    Ref. Comme un problème au royaume du progressisme triomphant :

    Après la "religion" des droits de l’homme voici celle de l’écologisme et, en prime, une certaine Eglise déboussolée qui lui court après mais pour un chrétien, pas de quoi s’agiter: saint Paul nous avait déjà prévenus. Et la logique y ajoute le point de vue de la raison: la société occidentale est devenue mortifère. C’est pourquoi, en forçant un peu le trait, on peut en déduire, avec Rémi Brague et Raymond Ruyer, que les humains qui seraient présents d’ici quelques siècles dans nos contrées seront religieux d’une manière ou d’une autre…

    JPSC

  • Chrétien sans le savoir ?

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    De Jean-Pierre Snyers :

    Chrétien sans le savoir?
     
    Une expression parfois entendue et qui souvent (à bon droit) peut irriter les athées est de leur dire qu'ils sont "des chrétiens qui s'ignorent". 1) Il n'est (fort heureusement) pas nécessaire de faire partie du christianisme pour accomplir des actes de charité, de bonté et de dévouements à l'égard des autres. 2) Je pense que ce n'est pas les respecter que de de leur laisser entendre que dans le fond, ils sont chrétiens sans le savoir. C'est un peu comme si un athée, un musulman ou un bouddhiste me disait: "tu es athée, musulman et bouddhiste, même si tu crois en Jésus-Christ, mort sur la croix et corporellement ressuscité pour nous sauver du péché et de la mort éternelle" Non, je ne suis pas athée, pas plus que musulman ou bouddhiste et c'est mon droit de ne pas l'être. Mais c'est aussi le droit des athées, des musulmans et des bouddhistes de ne pas être chrétiens et cela ne m'empêche en rien de reconnaître en certains d'entre eux des comportements et des vertus qui forcent l'admiration.

    Pour ne rien vous cacher, mon père tant regretté était athée et socialiste. En plus d'avoir été un excellent père, son intelligence très cartésienne m'a beaucoup aidé à ne pas mourir complètement idiot, à ne pas avancer des arguments qui, pour justifier ma foi ne tiendraient pas la route. Peu avant sa mort douloureuse qui me blesse encore aujourd'hui, j'ai perçu en lui une ouverture quant à ce Dieu qu'il avait nié toute sa vie. Et quand, sans plus aucune force, il a essayer de murmurer avec moi cette humble prière qu'est le "Je vous salue Marie", quelque chose m'a semblé me dire qu'in extremis, une lumière éternelle est venue le rejoindre dans sa nuit profonde. Merci papa d'avoir été celui que tu as été et rendez-vous plus haut, là ou pour toujours, l'horizon est clair.

  • Synode amazonien : la perspective théologique de Benoît XVI renversée

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    De Stefano Fontana dans la nuova bussola quotidiana, cet article traduit et publié aujourd’hui par et sur le site « Benoît et moi » :

    Benoît XVI sipa_00629540_000001.jpg

    « Ceux qui ont lu quelque chose de Joseph Ratzinger en tant que théologien, puis en tant que pape et maintenant en tant que pape émérite, ne peuvent s'empêcher d'observer l'énorme écart de perspective par rapport au contenu de l'Instrumentum laboris du prochain synode sur l'Amazonie, présenté il y a trois jours par le Cardinal secrétaire Baldisseri. Comparé aux considérations de Ratzinger sur les "religions du mythe" et sur la "religion du Logos", l'Instrumentum laboris est aux antipodes.

    Comme on le sait, Ratzinger-Benoît XVI soutenait que les religions du mythe, c'est-à-dire les religions païennes, étaient des formes humaines d'exorcisme du péril de l'existence, à travers la protection d'une divinité contre d'autres divinités. Pour ces religions, le monde était entre les mains de divinités et de pseudo-divinités souterraines, contradictoires entre elles, en perpétuel conflit, forces obscures et arbitraires terrifiant l'homme qui était à la merci de leurs tensions. C'est pourquoi l'humanité cherchait à obtenir la protection de l'un sur les autres, par des rites et des sacrifices (y compris d'êtres humains). C'était la religion de la peur, de l'obscurité, du mystère qui effrayait. L'homme se sentait à la merci de forces arbitraires, dans un monde absurde et conflictuel.

    Mais la religion chrétienne, disait Ratzinger-Benoît XVI, était au contraire la religion du Logos. Le christianisme ne se rattache à aucun des cultes païens de la Palestine de l'époque, mais se met en contact avec la philosophie grecque, qui cherchait le principe rationnel de toutes choses, et avec la religion juive elle-même qui croyait au Dieu unique, vrai et bon. Le monde n'était pas un lieu absurde et les hommes n'y étaient pas perdus, à la merci de dieux violents et arbitraires. Au commencement était le Logos, tout a été fait selon la Vérité, le monde est bon et la raison humaine peut se connecter avec la foi, qui n'est pas irrationnelle.

    Toute les recherches théologiques de Joseph Ratzinger portent sur ces sujets, ainsi que tout le magistère de Benoît XVI.

    C'est pour cela qu'il est incroyable qu'au contraire, dans l'Instrumentum laboris récemment publié, il y ait une véritable célébration du paganisme et de l'animisme des peuples amazoniens, un éloge du primitivisme religieux, et la description de ce monde culturel comme un paradis, où il n'y aurait ni violence ni désaccord et où tous vivraient en amitié et harmonie. On ne sait pas d'où le secrétariat du synode a tiré les arguments scientifiques à l'appui de ce point de vue. Il est certain qu'il il a dû renverser complètement les enseignements du Pape Benoît XVI lequel, à Ratisbonne, avait dit que «ce qui est contre la raison ne vient pas du vrai Dieu».

    L'Amazonie serait «pleine de vie et de sagesse»; ses cultures inspireraient «de nouveaux chemins, de nouveaux défis et de nouveaux espoirs»; ses peuples vivraient admirablement «l'harmonie des relations entre l'eau, le territoire et la nature, la vie communautaire et la culture, Dieu et les différentes forces spirituelles»; l'Amazonie est un lieu «de sens pour la foi, ou l'expérience de Dieu dans l'histoire... un lieu épiphanique... une réserve de vie et de sagesse pour la planète, une vie et une sagesse qui parlent de Dieu»; il émane d'elle «un enseignement vital pour une compréhension intégrale de nos relations avec autrui, avec la nature et avec Dieu»; en Amazonie «la vie est un chemin communautaire où tâches et responsabilités sont partagées pour le bien commun».

    C'est ce que dit l'Instrumentum laboris du synode, mais en réalité les religions des peuples indigènes ont toutes les caractéristiques que Ratzinger-Benoît XVI attribuait aux religions du mythe, construction d'idoles humaines pour exorciser la peur et implorer protection contre des forces obscures et colériques. L'animisme païen asservissait l'homme aux forces de la nature et aux autres hommes de la tribu. Ce monde n'était pas convivial et amical, mais violent et discriminatoire. La ritualité ancestrale n'élevait pas spirituellement à Dieu, mais mettait en communication avec les forces de la nature, considérées de manière panthéiste comme un tout, la grande Mère Terre. L'homme n'émergeait pas en dignité des autres éléments naturels, mais en était le sujet. Dans l'instrumentum laboris, c'est le retour du mythe rousseauiste du bon sauvage et de la nature originellement bonne , avant d'avoir été pollué par la civilisation. Mais c'est une hypothèse irréaliste et purement fonctionnelle qui sert de prémisse au système politique du contractualisme des Lumières du gouvernement de la volonté générale.

    L'Instrumentum laboris du Synode sur l'Amazonie propose que l'Église «désaprenne» puis «apprenne» et «réapprenne» à partir des sollicitations des cultures indigènes amazoniennes, qui seraient une véritable «épiphanie» fruit de l'Esprit Saint et de la présence de semences de la Parole dans les cultures païennes. Comment il est possible que le Logos (Parole) sème des graines dans l'irrationalité des religions du mythe est difficile à comprendre. Comment on peut partir de l'idolâtrie païenne absurde et irrationnelle pour convertir la foi de l'Église qui, depuis deux millénaires, se comprend comme la vraie religion est encore plus incompréhensible.

    La régression de l'Église de cet Instrumentum laboris par rapport à l'Église du Pape Benoît XVI est évidente et impressionnante. »

    Ref. Synode amazonien : la perspective théologie de Benoît XVI renversée

    Le Père Daniélou considérait les religions naturelles comme autant de mains tendues confusément vers la transcendance et la révélation judéo-chrétienne comme la main de Dieu qui les attire à Lui en purifiant leur démarche: d’Abraham à Jésus c’est l’histoire emblématique du peuple élu accomplie dans l’unique Eglise qui clôt ce que l'histoire de ce peuple préfigure.

    JPSC  

  • Quand François plaide en faveur d'une "théologie de l'accueil"

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    De Nicolas Senèze sur le site du journal La Croix :

    A Naples, François prône la liberté théologique

    Analyse 

    Invité vendredi 21 juin midi par la Faculté de théologie d’Italie méridionale, le pape François a souligné l’importance d’une théologie en dialogue avec la société comme avec les autres religions, insistant sur la nécessaire liberté de recherche des théologiens.

    La longue intervention du pape François, vendredi 21 juin midi à Naples, fera sans nul doute date pour les théologiens du monde entier.

    À rebours de certains chiens de garde, c’est en effet « une théologie du discernement, de la miséricorde et de l’accueil, qui se met en dialogue avec la société, les cultures et les religions pour la construction de la convivence pacifique des personnes et des peuples » dont le pape a dressé le portrait à la Faculté de théologie d’Italie méridionale.

    Invité à s’exprimer sur la théologie dans le contexte méditerranéen après Veritatis gaudium, texte par lequel il réformait les études de théologie en insistant sur leur dimension « dialogale », François a livré une véritable leçon, sans doute comparable sur le fond au discours de Benoît XVI en 2006 à Ratisbonne, mais totalement différent sur la forme, en cohérence avec son approche d’une théologie moins dogmatique et plus en prise avec la réalité.

    « Dans le dialogue, l’Église annonce la Bonne Nouvelle »

    « Je dirais que la théologie est appelée à être une théologie de l’accueil et à développer un dialogue authentique et sincère avec les institutions sociales et civiles, les universités et les centres de recherche, les chefs religieux et toutes les femmes et des hommes de bonne volonté, pour construire dans la paix une société inclusive et fraternelle », a-t-il résumé.

    Un dialogue qui ne met pas l’identité chrétienne dans la poche. Pour le pape, en effet, « dans le dialogue avec les cultures et les religions, l’Église annonce la Bonne Nouvelle de Jésus et la pratique de l’amour évangélique qu’il prêchait comme une synthèse de tout l’enseignement de la Loi ».

    Mais il voit aussi les écoles de théologie comme des lieux de « discernement », fonctionnant dans un dialogue permanent, tant entre étudiants et professeurs qu’avec le monde extérieur.

    « Des théologiens ouverts aux innovations inépuisables de l’Esprit »

    Prônant « une proclamation sans esprit de conquête, sans volonté de prosélytisme et sans intention agressive de réfutation », il appelle à « un dialogue “de l’intérieur” avec les hommes, leurs cultures, leurs histoires, leurs différentes traditions religieuses ». En allant y compris jusqu’au « sacrifice de la vie », donnant l’exemple de Charles de Foucauld, des moines de Tibhirine ou de Mgr Pierre Claverie.

    Dans le contexte méditerranéen, François met particulièrement en avant les dialogues avec l’islam et le judaïsme, esquissant aussi « une théologie de l’accueil » qui sache « écouter l’histoire et le vécu des peuples » et mettre en œuvre l’interdisciplinarité.

    « Une théologie de l’accueil qui, comme méthode interprétative de la réalité, adopte le discernement et le dialogue sincère a besoin de théologiens capables de travailler ensemble et sous une forme interdisciplinaire, en surmontant l’individualisme dans le travail intellectuel, a-t-il expliqué. Nous avons besoin de théologiens – hommes et femmes, prêtres, laïcs et religieux – qui, dans un enracinement historique et ecclésial profond et en même temps ouverts aux innovations inépuisables de l’Esprit, sachent échapper aux logiques autoréférentielles, compétitives, et de fait aveuglantes. »

    « Pentecôte théologique »

    Parmi les nombreux exemples qu’il a donnés dans son intervention, François n’a ainsi pas hésité à évoquer, comme lieu de recherche commun, « les attitudes et les pratiques coloniales qui ont façonné l’imagination et les politiques (…) ainsi que les justifications de toutes sortes de guerres et de toutes les persécutions commises au nom d’une religion ou d’une prétendue pureté raciale ou doctrinale ».

    Appelant à « revisiter et réinterroger continuellement la Tradition », il a rappelé que « les théologiens ont pour tâche de toujours encourager la rencontre des cultures avec les sources de la Révélation et de la Tradition ».

    « Les anciennes architectures de pensée, les grandes synthèses théologiques du passé sont des mines de sagesse théologique, mais elles ne peuvent être appliquées mécaniquement aux questions actuelles », a-t-il expliqué, plaidant pour « une “Pentecôte théologique”, permettant aux femmes et aux hommes de notre époque d’écouter “dans leur propre langue” une réflexion chrétienne qui réponde à leur recherche de sens et de vie ».

    « Sans l’expérience de nouveaux chemins, rien de nouveau n’est créé »

    Ce qui suppose à la fois, a-t-il insisté « une assomption de l’histoire au sein de la théologie, comme espace ouvert à la rencontre avec le Seigneur », et « la liberté théologique » : « Sans la possibilité de faire l’expérience de nouveaux chemins, rien de nouveau n’est créé, et il n’y a plus de place pour la nouveauté de l’Esprit du Ressuscité », a-t-il souligné.

    Tout en critiquant « ceux qui rêvent d’une doctrine monolithique défendue par tous sans nuances », il a toutefois souligné la nécessité que les questions « disputées » restent dans le domaine académique pour ne pas troubler le peuple de Dieu.

  • Après les élucubrations de l’instrumentum laboris du synode amazonien convoqué par le pape François

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     Lu sur le site Benoît et moi  (extrait):

    pape amazonie 1548924559385.png« Les élucubrations de l'"Instrumentum Laboris" m'ont fait revenir en mémoire le discours prononcé [par le Saint-Père Benoît XVI] au Sanctuaire de Notre-Dame d'Aparecida le 13 mai 2007, lors de la séance inaugurale des travaux de la CELAM (cf. w2.vatican.va). En voici un extrait, que les Pères synodaux seraient eux aussi bien inspirés de relire:

    La foi en Dieu a animé la vie et la culture de ces pays [d’Amérique latine] pendant plus de cinq siècles. De la rencontre de cette foi avec les ethnies originelles est née la riche culture chrétienne de ce continent exprimée dans l'art, dans la musique, dans la littérature et, surtout, dans les traditions religieuses et dans la manière d'être de ses peuples, unis par une même histoire et un même credo, en donnant ainsi le jour à une grande harmonie également dans la diversité des cultures et des langues. Actuellement, cette même foi doit affronter de sérieux défis, parce que sont en jeu le développement harmonieux de la société et l'identité catholique de ses peuples. A cet égard, la Vème Conférence générale se prépare à réfléchir sur cette situation pour aider les fidèles chrétiens à vivre leur foi avec joie et cohérence, à prendre conscience d'être disciples et missionnaires du Christ, envoyés par Lui dans le monde pour annoncer et témoigner de notre foi et de notre amour.

    Mais, qu'a signifié l'acceptation de la foi chrétienne pour les pays de l'Amérique latine et des Caraïbes? Pour eux, cela a signifié connaître et accueillir le Christ, le Dieu inconnu que leurs ancêtres, sans le savoir, cherchaient dans leurs riches traditions religieuses. Le Christ était le Sauveur auquel ils aspiraient silencieusement. Cela a également signifié qu'ils ont reçu, avec les eaux du Baptême, la vie divine qui a fait d'eux les fils de Dieu par adoption; qu'ils ont reçu, en outre, l'Esprit Saint qui est venu féconder leurs cultures, en les purifiant et en développant les nombreux germes et semences que le Verbe incarné avait déposés en elles, en les orientant ainsi vers les routes de l'Evangile.

    En effet, à aucun moment l'annonce de Jésus et de son Evangile ne comporta une aliénation des cultures précolombiennes, ni ne fut une imposition d'une culture étrangère. Les cultures authentiques ne sont pas fermées sur elles-mêmes ni pétrifiées à un moment déterminé de l'histoire, mais elles sont ouvertes, plus encore, elles cherchent la rencontre avec les autres cultures, elles espèrent atteindre l'universalité dans la rencontre et dans le dialogue avec les autres formes de vie et avec les éléments qui peuvent conduire à une nouvelle synthèse dans laquelle soit toujours respectée la diversité des expressions et de leur réalisation culturelle concrète.

    En dernière instance, seule la vérité unifie et la preuve en est l'amour. C'est pour cette raison que le Christ, étant réellement le Logos incarné, "l'amour jusqu'au bout", n'est étranger à aucune culture ni à aucune personne; au contraire, la réponse désirée dans le cœur des cultures est celle qui leur confère leur identité ultime, en unissant l'humanité et en respectant dans le même temps la richesse des diversités, en ouvrant chacun à la croissance dans la véritable humanisation, dans l'authentique progrès. Le Verbe de Dieu, en se faisant chair en Jésus Christ, se fit également histoire et culture.

    L'utopie de redonner vie aux religions précolombiennes, en les séparant du Christ et de l'Eglise universelle, ne serait pas un progrès, mais plutôt une régression. En réalité, il s'agirait d'un retour vers un moment historique ancré dans le passé.

    La sagesse des peuples originaires les conduisit, fort heureusement, à créer une synthèse entre leurs cultures et la foi chrétienne que les missionnaires leur offraient. C'est de là qu'est née la riche et profonde religiosité populaire, dans laquelle apparaît l'âme des peuples latino-américains:

    - L'amour pour le Christ souffrant, le Dieu de la compassion, du pardon et de la réconciliation; le Dieu qui nous a aimés jusqu'à se livrer pour nous;

    - L'amour pour le Seigneur présent dans l'Eucharistie, le Dieu incarné, mort et ressuscité pour être Pain de Vie;

    - Le Dieu proche des pauvres et de ceux qui souffrent;

    - La profonde dévotion à la Très Sainte Vierge de Guadalupe, l'Aparecida, la Vierge des diverses invocations nationales et locales. Lorsque la Vierge de Guadalupe apparut à l'indio saint Juan Diego, elle lui adressa ces paroles significatives: "Ne suis-je pas ici moi qui suis ta mère? N'es-tu pas sous mon ombre et mon regard? Ne suis-je pas la source de ta joie? Ne demeures-tu pas à l'abri sous mon manteau entre mes bras?" (Nica Mopohua, nn. 118-119).

    Cette religiosité s'exprime également dans la dévotion aux saints avec leurs fêtes patronales, dans l'amour pour le Pape et pour les autres Pasteurs, dans l'amour pour l'Eglise universelle comme grande famille de Dieu qui ne peut ni ne doit jamais laisser seuls ou dans la misère ses propres fils. Tout cela forme la grande mosaïque de la religiosité populaire qui constitue le précieux trésor de l'Eglise catholique qui est en Amérique latine, et qu'elle doit protéger, promouvoir et, lorsque cela est nécessaire, purifier également. »

    Ref.La foi chrétienne en Amérique latine

    JPSC