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Sciences - Page 22

  • Voici venu le temps des humains génétiquement modifiés

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    "DANS L’INDIFFÉRENCE GÉNÉRALE, VOICI VENU LE TEMPS DES HUMAINS GÉNÉTIQUEMENT MODIFIÉS (HGM)"

     

    CRISPR-Cas9 a permis, ces cinq dernières années de franchir une nouvelle étape dans l’édition de « l’ADN d’une bactérie, d’une plante, d’un insecte, d’un animal ou d’un humain ». Trois chercheurs Alexandra Henrion-Caude[1], Catherine Bourgain[2] et Alain Privat[3] le décrivent comme « une combinaison hybride entre le ciseau, le Tipp-Ex et l’encre […] facile, rapide, efficace et peu coûteuse ».

    Cette technique « loin d’être arrivée à maturité » soulève cependant de nombreuses questions : « Modifier tel ou tel gène, c’est modifier le gène ciblé, mais aussi d’autres informations, mal connues ou inconnues. Les conséquences de ces changements sont imprévisibles. Nous ignorons jusqu’au moyen d’en assurer le suivi sur l’individu modifié, ainsi que sur les générations suivantes » (cf. CRISPR : des mutations « off-targets » nombreuses et inattendues chez l’homme).

    Une « inquiétude » latente au sein de la communauté scientifique puisqu’appliquer CRISPR « à des embryons humains issus de parents porteurs de mutation » reviendrait à « éliminer leurs embryons sains et, paradoxalement, à ne conserver que ceux porteurs de la mutation sur laquelle la technique serait mise au point ».

    En outre, cette inquiétude dépasse la « simple logique des soins » car à « souhaiter des enfants parfaits », « nous jouons en fait le jeu des promoteurs de l’eugénisme ». Ce « patrimoine le plus partagé entre tous les hommes, le plus ancien, le plus irréductible » est « l’intimité de notre humanité ». « En ce sens, ne devrait-il pas être considéré comme le plus précieux de tous nos patrimoines ? ».

    Les trois chercheurs lancent un « SOS à nos consciences » en rappelant que « le désir de connaître la nature du vivant et d’en dévoiler ses secrets » ne doit pas nous mener à « créer des variétés d’humains sélectionnés ».

    « Certains voient dans ces hommes génétiquement modifiés une évolution vers l’homme du futur. Nous y voyons la mise en place d’un programme d’anéantissement de l’homme dans son altérité, notamment par déni de notre complexité et de notre histoire génétique ».

    Pour aller plus loin :

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    [1] Généticienne, directrice de recherche à l’Inserm.

    [2] Généticienne, chargée de recherche à l’Inserm.

    [3] Neurologiste et membre correspondant de l’Académie de médecine.

     
    Sources: Le Figaro (26/10/2017)
  • Le transhumanisme en débat (Fabrice Hadjadj - Laurent Alexandre)

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    FABRICE HADJADJ-LAURENT ALEXANDRE, LE TRANSHUMANISME EN DÉBAT

     de genethique.org (31 octobre 2017)

    Dans une interview croisée publiée par le magazine Famille chrétienne, le philosophe Fabrice Hadjadj et le docteur Laurent Alexandre confrontent leur point de vue sur le transhumanisme : mort de la mort, intelligence artificielle, eugénisme, des sujets au cœur de l’actualité qui interrogent notre vision de l’homme et de sa dignité.

    La quête de l’immortalité des transhumanistes ouvre un débat « qui ne fait que commencer », estime Laurent Alexandre, et elle « suppose une technologie très avancée : beaucoup d’informatique, d’intelligence artificielle, de nanotechnologie… ». Pour Fabrice Hadjadj, l’enjeu se situe plutôt à la naissance, car « l’immortel rompt avec ses pères, qui étaient mortels, et il ne laisse jamais la place à ses fils, puisqu’il n’y a plus de succession ». La vie est alors « une propriété que l’on conserve avec avarice ». En outre, ces immortels « finiront par se donner la mort », car « la possibilité technologique de prolonger la vie va s’accoupler avec la nécessité technologique d’y mettre fin ».

    Quant à l’intelligence artificielle, le terme pose problème au philosophe : intelligence artificielle et intelligence humaine sont-elles « dans un même genre » « Dans quelle mesure parler d’intelligence à propos de la computation des microprocesseurs ? Cela suppose de réduire l’intelligence à une gestion algorithmique du Big data ». Il préfère donc le terme d’ « artifice intellectuel », qui nous dépasse non pas du fait d’une intelligence plus grande, mais « parce que nous nous sommes mis à voir l’intelligence humaine comme un ordinateur sophistiqué, et donc que nous avons abandonné la quête de l’intelligence au profit d’un management cybernétique ». Laurent Alexandre explique de son côté qu’aujourd’hui, « on ne sait pas faire autre chose que de l’IA faible », mais « un jour l’IA générale arrivera », probablement « avant 2100 ». Celle-ci nous obligera à adapter nos métiers, à « repenser l’école et la formation ». Pour lui l’intelligence « est ce qui nous permet de prendre le pouvoir et de nous reproduire ».

    Enfin, la perspective du bébé à la carte est inéluctable pour Laurent Alexandre, qui craint particulièrement « l’eugénisme intellectuel » : « tous les arguments seront bons pour le justifier (…) on aura mille arguments pour penser que quelqu’un avec 180 de QI aura plus de dignité que quelqu’un avec 92 de QI ! ». En conséquence, il pense que « notre définition de la dignité [sera] profondément modifiée ». Fabrice Hadjadj invite à une réflexion plus profonde qu’une opposition de fait à l’eugénisme : « Confrontés à une proposition réelle d’amélioration des ‘performances’ de leur enfant, sans aucune élimination d’embryons » que feront ces opposants ? « Ce qui va se passer, c’est qu’au nom d’une certaine morale, et même au nom d’un moralisme, celui du bien de l’enfant à venir, le monde va entrer dans une logique eugéniste (…) L’issue n’est pas à trouver dans une morale plaquée, mais dans une conversion de nos modes de vie ».

    Sources: Famille chrétienne, Antoine Pasquier, Bénédicte Drouin-Jollès (27/10/2017)

  • Demain, un nouveau totalitarisme ?

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    De Gérard Leclerc sur le site de France Catholique :

    Le totalitarisme du XXIe siècle

    La déchristianisation de l’Europe (et celle des États-Unis que nous évoquions la semaine dernière dans le sillage de Rod Dreher) est souvent évoquée sur le mode d’un changement de paradigme et sous les couleurs d’un optimisme progressiste. En régime de démocratie pluraliste, la société permettrait la coexistence de toutes les conceptions du monde possibles. La régulation par l’État de droit nous protégerait de toutes les dérives, notamment grâce à la laïcité qui garantit la liberté de conscience. Mais cet optimisme pèche peut-être par manque de lucidité. Le XXe siècle ne vivait-il pas déjà dans la trajectoire des Lumières ? Cela n’a pas empêché la naissance du nazisme et du communisme stalinien. Au désenchantement du monde religieux peut très bien correspondre un réenchantement idéologique, avec le surgissement de ce que Raymond Aron appelait les religions séculières. Le XXIe siècle peut très bien produire les siennes, aussi redoutables que celles qui les ont précédées, en dépit de leur absence apparente de dimension guerrière.

    Chantal Delsol, dans un article remarquable du Figaro (16 octobre) vient de tirer la sonnette d’alarme, en attirant notre attention sur le néo-matérialisme scientiste en quoi consiste le dataïsme : «  Les chercheurs de la Silicon Valley, les artisans de l’Université de la Singularité attendent les lendemains qui chantent et même les considèrent comme un destin grec. Les data résument tout et réduisent tous les champs vitaux, sociaux, disciplinaires en un seul point : les algorithmes biochimiques ou physico-chimiques qui nous définissent.  » Les avancées vertigineuses de la technique nous placent sous l’empire de gigantesques données dont la gestion relève d’une raison purement calculatrice. L’humanité, dans cette logique, perd tous ses repères traditionnels, ceux que la philosophie et la religion lui conféraient, tels le libre arbitre, la réflexion sur les fins et sur les conduites morales. Tout cela serait dépassé dans le mouvement d’une transgression inévitable, celle du transhumanisme.

    La vogue d’un auteur comme Yuval Noah Harari [1] devrait nous alerter, tant elle est significative des dérives graves qui sont en train de changer nos conditions de vivre et de penser. Le déclin de la foi dans nos pays nous expose ainsi à l’expansion d’une gnose scientiste qui ne se contente pas de susciter un nouvel imaginaire avec sa propre eschatologie, car elle veut prendre possession de la terre entière, avec les moyens redoutables que lui confèrent les avancées de la technique et l’intelligence artificielle. Il nous faudrait un nouveau Gaston Fessard pour écrire le manifeste nécessaire contre ce totalitarisme qui s’en prend à notre âme, à notre liberté, à notre corporéité et à notre art de vivre.


    [1Auteur des best-sellers Sapiens : une brève histoire de l’humanité et Homo deus : une brève histoire de l’avenir (Albin Michel).

  • L’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe met en garde contre l’utilisation des nouvelles technologies génétiques chez l'embryon humain

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    Une information de genethique.org :

    CONSEIL DE L'EUROPE : VERS L'INTERDICTION DE L'UTILISATION DES TECHNOLOGIES GÉNÉTIQUES CHEZ L'EMBRYON HUMAIN ?

    L’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) a adopté hier une recommandation concernant « le recours aux nouvelles technologies génétiques chez les êtres humains ».

    L’Assemblée parlementaire rappelle que « les découvertes récentes en matière de génome humain ont ouvert la voie à des opportunités nouvelles et des préoccupations éthiques sans précédent ». L’utilisation de ces nouvelles technologies génétiques soulève aussi des questions liées aux « droits humains », et interroge « quant aux préjudices involontaires pouvant découler des techniques utilisées, de l’accès et du consentement à ces techniques, et des abus potentiels à des fins d’amélioration du capital génétique ou d’eugénisme ».

    La recommandation souligne que les interventions sur la lignée germinale des êtres humains auront des « conséquences imprévisibles dans la mesure où leur descendance est également concernée ». Aussi, « selon le consensus scientifique, ces techniques ne sont pas ‘sûres’, ce qui conduit à un moratoire de fait ». Elle demande l’interdiction « des grossesses induites à partir de cellules germinales ou d’embryons humains dont le génome a été modifié de manière intentionnelle ».« La modification intentionnelle du génome humain franchirait des limites jugées éthiquement inviolables ».

    Elle dénonce l’utilisation de la technique de la « FIV à trois parents » (cf. Un bébé, 3 ADN, 3 transgressions) utilisée « malgré les grandes controverses éthiques et les grandes incertitudes scientifiques quant aux effets à long terme ».

    La recommandation adoptée, sur la base d’un rapport préparé par Petra De Sutter (cf. Conseil de l’Europe : vers une régulation internationale de l'édition du génome ?), demande au Comité des Ministres d’exhorter les Etats membres « qui n’ont pas encore ratifié la Convention d’Oviedo à le faire le plus rapidement possible » ;  « d’encourager le débat public sur cette question ; de demander au Comité de Bioéthique du Conseil de l’Europe d’évaluer les enjeux éthiques et juridiques ; et de développer un cadre réglementaire et législatif commun » relatif à la modification du génome et aux interventions sur la lignée germinale des êtres humains. Enfin, les États membres « devraient élaborer une position claire sur l’utilisation des nouvelles technologies génétiques, en fixant les limites et en promouvant de bonnes pratiques ».

  • La maladie de Charcot

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    Sur RCF, le docteur Xavier Mirabel évoque la maladie de Charcot :

  • PMA, euthanasie : il faut débattre de ce monde que l’on nous prépare dans la Silicon Valley au nom du transhumanisme et de la promesse de tout maîtriser et transformer, y compris la mort

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    De Jean-Pierre Denis sur le site de La Vie :

    Par-delà l'euthanasie et la PMA

    Vous reprendrez bien une tranche de sociétal ? Ainsi formulée, la question peut surprendre. Mais il y a de quoi s’avouer perplexe à l’heure où revient, ô combien organisé et ô combien prévisible, le double débat sur le début et sur la fin de vie. Avec, simultanément, l’annonce d’une procréation médicalement assistée « pour toutes » en 2018 et la médiatisation d’une demande de suicide assisté par une personne malade, faut-il réagir ? Surréagir ? Passer son tour de parole ? Après tout, il est moins que sûr que ces offensives idéologiques passionnent les citoyens, tandis qu’elles obsèdent activistes, moralistes, polémistes et autres… éditorialistes.

    Un seul point commun dans les deux camps : on reste toujours tenté de faire de ces sujets l’alpha et l’oméga de l’humanité telle que nous voulons l’envisager, voire, pour paraphraser Christiane Taubira, l’enjeu d’une « réforme de civilisation » qui nous « arrache » à nos déterminismes physiques ou culturels. Force est de constater que nous vivons dans une pénible ambiance de guérilla culturelle. Défavorable à la PMA généralisée – notamment parce qu’elle rend inéluctable la légalisation progressive des mères porteuses au nom de l’égalité des droits – et vigoureusement opposé à l’euthanasie – au nom de la défense des plus fragiles –, puis-je m’exclure de ce champ ?

    Ce qui complique aussi les choses, c’est la difficulté, pour ne pas dire l’impossibilité, de parvenir à des compromis authentiques, c’est-à-dire stables. En fait, il s’agit de processus qui ne cessent de se nourrir de leurs propres avancées. On l’a vu en quelques décennies sur l’IVG, de la dépénalisation de l’avortement (loi Veil) à la quasi-criminalisation des sites hostiles à l’interruption de grossesse. On le constate déjà sur la fin de vie : malgré la loi Leonetti, malgré sa réforme sous François Hollande, ce n’est jamais assez. Il suffit de regarder comment se développent la question et la pression en Belgique comme aux Pays-Bas. En France, la double absence d’une éthique du débat et d’une véritable culture du compromis aggrave sans doute les choses. Chez nous, tout est toujours plus vif, plus idéologique, plus caricatural.

    Emmanuel Macron a évoqué l’humiliation dont ont été victimes les opposants au mariage pour tous. Il n’est pas certain que l’écoute qu’il prône soit tout à fait authentique, ou simplement possible. Respecter l’autre, c’est être prêt à l’entendre. Au moins un peu. Personne n’a le monopole du mépris, d’ailleurs. Avant d’y voir l’expression d’un capricieux « droit au bébé », ne ­pourrait-on pas donner l’exemple, chez les catholiques, en commençant par reconnaître que le désir d’enfant qu’expriment des lesbiennes ou des femmes célibataires est tout simplement beau et humain ? Que la demande d’euthanasie se comprend, face à la souffrance, au sentiment de déchéance, à l’absence d’accompagnement digne ?

    L’autre élément, c’est ce qu’on appellerait en anglais « the bigger picture », disons « le tableau d’ensemble » plus que le détail qui nous est montré. Les catégories sociales influentes des pays riches et démocratiques sont habitées par l’idée d’un progrès fondé sur l’expansion illimitée des droits individuels. Elles professent une foi aussi positiviste que naïve dans les possibilités que la technique offre, quand en réalité elle les impose. De ce double credo technophile et libertaire, elles ne font d’ailleurs qu’un. À l’inverse, ce n’est pas un hasard si un José Bové, en disciple du protestant Ellul, s’oppose si frontalement à la PMA, comme il l’a fait récemment encore dans la revue Limite. Il y a plus que la PMA dans la PMA et plus que la volonté d’abréger des souffrances dans le suicide assisté. Il y a déjà ce monde que l’on nous prépare dans la Silicon Valley au nom du transhumanisme et de la promesse de tout maîtriser et transformer, surtout la mort. De ce monde-là, il faudrait parler. Le voulons-nous ? Tel quel ? Tel qu’il prétend s’imposer à nous pour changer l’homme ? C’est sur cela que le débat devrait porter. Le reste…

    Lire également : PMA et euthanasie : deux éléments d'une même mutation

  • Il y a onze ans : le fameux discours du pape Benoît XVI à l'Université de Ratisbonne

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    VOYAGE APOSTOLIQUE DU PAPE BENOÎT XVI 
    À MUNICH, ALTÖTTING ET RATISBONNE 
    (9-14 SEPTEMBRE 2006)

    RENCONTRE AVEC LES REPRÉSENTANTS DU MONDE DES SCIENCES

    DISCOURS DU SAINT-PÈRE

    Grand Amphithéâtre de l'Université de Ratisbonne
    Mardi 12 septembre 2006

    Foi, Raison et Université:  
    souvenirs et réflexions

    Eminences, Messieurs les Recteurs, Excellences, 
    Mesdames, Messieurs!

    C'est pour moi un moment émouvant que de me retrouver encore une fois à l'université et de pouvoir de nouveau donner une conférence. Mes pensées me ramènent aux années durant lesquelles, après une belle période à l'Institut supérieur de Freising, j'ai commencé mon activité académique comme enseignant à l'université de Bonn. C'était encore le temps – en 1959 – de l’ancienne université des professeurs ordinaires. Les différentes chaires n'avaient ni assistants ni secrétaires propres, mais, en revanche, il y avait un contact très direct avec les étudiants et surtout aussi entre les professeurs. Dans les salles des professeurs, on se rencontrait avant et après les cours. Les contacts avec les historiens, les philosophes, les philologues et naturellement entre les deux facultés de théologie étaient très vivants. Chaque semestre avait lieu ce qu'on appelait le dies academicus, au cours duquel des professeurs de toutes les facultés se présentaient aux étudiants de l'ensemble de l'université. Cela rendait possible une expérience d'Universitas, à laquelle, Monsieur le Recteur magnifique, vous venez précisément de faire allusion. Malgré toutes les spécialisations, qui nous rendent parfois incapables de communiquer les uns avec les autres, nous faisions l'expérience de former cependant un tout et qu'en tout nous travaillions avec la même raison dans toutes ses dimensions, en ayant le sentiment d'assumer une commune responsabilité du juste usage de la raison ; voilà ce que nous pouvions vivre. Sans aucun doute, l'Université était aussi très fière de ses deux facultés de théologie. Il était clair qu'elles aussi, en s'interrogeant sur la raison de la foi, accomplissaient un travail qui appartient nécessairement au tout de l'Universitas scientiarum, même si tous pouvaient ne pas partager la foi, dont la corrélation avec la raison commune est le travail des théologiens. Cette cohésion interne dans l'univers de la raison n'a pas même été troublée quand on entendit, un jour, un de nos collègues déclarer qu'il y avait, dans notre université, une curiosité : deux facultés s'occupaient de quelque chose qui n'existait même pas – de Dieu. Il s'avérait indiscutable dans l'ensemble de l'Université que, même devant un scepticisme aussi radical, il demeurait nécessaire et raisonnable de s'interroger sur Dieu au moyen de la raison et de le faire en relation avec la tradition de la foi chrétienne.

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  • La pilule : un perturbateur endocrinien

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    De Cécile Deffontaines sur le site de l'Obs :

    "La pilule est un perturbateur endocrinien"

    Dans son essai "J’arrête la pilule", la journaliste Sabrina Debusquat dresse un réquisitoire contre ce symbole de la libération sexuelle. Débat avec la gynécologue Nasrine Callet.

    1967-2017 : en France, la pilule fêtera ses 50 ans en décembre. Joyeux anniversaire ? Pas vraiment. Le petit cachet que les femmes avalent chaque jour, sûres de s’épargner les grossesses à répétition, fières de ce geste symbole de leur liberté sexuelle, n’a plus l’aura d’antan. Le scandale des pilules de troisième et quatrième génération, en 2012, l’a entachée d’une terrible réputation : mener des femmes jeunes, en pleine santé, au seuil de la mort, par AVC et embolie. Lesdites pilules ont beau avoir été mises au rancart au profit des pilules de seconde génération, le mal est fait. Les prescriptions sont en forte baisse. Selon la dernière enquête de l’Ined sur la contraception (2014), 41% des femmes prenaient la pilule en 2013, contre 50% sept ans plus tôt.

    Dans ce contexte de désamour, un essai sorti en librairie jeudi 6 septembre enfonce le clou. Dépression, libido à zéro, cancers, mais aussi pollution chimique qui pourrait nuire aux futurs bébés… N’en jetez plus ! "J’arrête la pilule" (1), de la journaliste indépendante Sabrina Debusquat, est un réquisitoire dérangeant étayé par une année d’enquête, à éplucher des centaines d’études et interviewer de nombreux experts. L’auteure, qui dit redouter un "scandale sanitaire" à venir, est allée à la rencontre, aussi, des jeunes femmes qui s’en détournent, quitte à opter pour des méthodes naturelles modernisées. Ironie de l’histoire, ces aventurières de la courbe de température sur smartphone se veulent les pionnières d’un nouveau féminisme. Désireuses d’enfin partager la "charge mentale contraceptive" avec les hommes.

    Parce que prendre la pilule est un rite de passage à l’âge adulte, parce qu’elle reste, pour les soixante-huitardes, une indiscutable évidence, parce qu’elle est toujours, dans les esprits, l’un des emblèmes de la libération sexuelle, parions que ce livre va faire polémique. "L’Obs" a confronté son auteure à Nasrine Callet (2), oncologue-gynécologue à l’Institut Curie, pour savoir si, oui ou non, il faut jeter la pilule. Le débat est lancé.

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  • Le récit d'un médecin qui communique avec ses patients en état végétatif

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    LE RÉCIT DU DOCTEUR OWEN, QUI COMMUNIQUE AVEC SES PATIENTS EN ÉTAT VÉGÉTATIF

     

    Le docteur Adrian Owen, « célèbre neuroscientifique anglais » qui mène ses recherches à l’université d’Ontario de l’Ouest, au Canada, a mis au point une méthode pour permettre aux patients en état végétatif[1] de communiquer en répondant à des questions par oui ou non, qu’il raconte dans son livre Into the grey zone [2] sur le point de sortir.

    Suite à une demande fermée du médecin, il est indiqué au patient, s'il souhaite répondre « oui », de « penser à un match de tennis pendant 30 secondes, et cela dix fois de suite, afin d’être sûr à 100% qu’il répond bien à la question ». Cette « pensée particulière » stimule des zones spécifiques du cerveau : le « pic d’activité est alors observé à l’IRM fonctionnelle », technique d’imagerie qui « permet de suivre l’évolution de l’activité cérébrale comme sur une vidéo, et en temps réel ».

    Cette procédure, qui est « en réalité l’aboutissement de 20 ans de recherches » (cf. Activité cérébrale en ''état végétatif''Considéré en état végétatif, il communique par la pensée), ne permet cependant pas de communiquer avec tous les patients en état végétatif : « une fois sur cinq » affirme le docteur Owen. « Dans les autres cas, le cerveau des patients est trop endommagé pour permettre un quelconque échange. »

    Dans son livre, qui sortira en anglais ce 7 septembre, le docteur Owen raconte cette exploration incroyable « entre la vie et la mort ». La première patiente avec laquelle il a travaillé en 1997, une fois sortie son coma, l’a encouragé à poursuivre ses recherches : « Je ne donnais aucune réponse et j'étais enfermée, sans espoir, mais le scanner a montré au monde que j’étais là. C’était magique, ce scanner m’a trouvée ».

    Pour aller plus loin : Une interface cerveau-ordinateur pour diagnostiquer les niveaux de conscience

    [1] Etat qualifié « désormais plutôt d’éveil non-répondant, ne présentant aucun signe extérieur de conscience ». Leur « activité cérébrale n’est pas nulle », mais jusqu'alors elle ne permettait pas de communiquer avec eux, à la différence des patients en état de conscience minimale, qui peuvent cligner des yeux.

    [2] « Dans la zone grise »

    Sources: Pourquoi Docteur, Jonathan Herchkovitch (30/08/17); The independent (29/08/17)

  • Expériences de mort imminente : pourquoi la prudence est requise

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    De Louise Alméras sur le site Aleteia.org :

    Expériences de mort imminente : la mise en garde d’un théologien

    Les expériences de mort imminente suscitent (NDE), comme tout événement inexplicable, un engouement qui mérite la prudence.

    Arnaud Join-Lambert, théologien, enseigne à l’université de Louvain, en Belgique. Après avoir publié en 2010 un ouvrage sur les NDE (expérience de mort imminente en français), il continue de s’intéresser à ce phénomène, souvent très positif pour les personnes qui le vivent. Que tirer de ces expériences hors du commun sans les dénaturer ? Quelle est la prudence à avoir vis-à-vis d’elles ? Arnaud Join-Lambert privilégie une approche théologique et universitaire. Il aborde ces phénomènes dans le contexte précis de la culture occidentale, où la théologie chrétienne est marquée par le recours à la raison.

    Aleteia : Vous semblez prudent face aux « dérives » que les NDE peuvent susciter vis-à-vis de la foi ou de l’utilisation que l’on peut en faire pour l’accompagnement des personnes en fin de vie. Notamment vis-à-vis de ceux qui en tirent une théorie sur la mort, comme Elisabeth Kübler-Ross, Marie de Hennezel et le père Monbourquette. Pourquoi?

    Arnaud Join-Lambert : Cela fait plus de 40 ans que les NDE ont fait leur entrée dans la culture contemporaine. Il y a ce que j’appelle une sorte de « péché originel » dans ce domaine, bien involontaire au départ mais qui continue à se transmettre. Je m’explique. Lorsque Raymond Moody (médecin auteur de La vie après la vie) a collecté sa centaine de récits, il a constaté des éléments récurrents. Il a alors reconstitué un récit type, qui est devenu la référence des NDE. Tous avaient été vécu positivement, ce qui a aussi orienté les premiers écrits sur le sujet. Comme c’était des éléments en commun, cela équivalait à une sorte de preuve. Des auteurs, aussi connus que ceux que vous citez, sont restés dans le registre de la preuve, typique des années 1970 et 1980. Or des milliers de récits ont modifié ce récit type de Moody, jusqu’à réduire les éléments communs à très peu. Il convient donc d’être au minimum prudent si l’on s’aventure dans l’utilisation de ces récits. Et cela me parait hasardeux d’en tirer des « recettes » pour « bien mourir ».

    Les témoignages de NDE ne cessent d’augmenter. Certains évoquent des connaissances acquises lors de leur expérience, comme la réincarnation de leur âme à plusieurs époques, ou d’une « mission » qu’ils n’auraient pas accompli sur terre. Certains reviennent même avec des facultés qu’ils n’avaient pas auparavant : capacité de guérison par les énergies, télépathie, vision d’anges sur terre etc. Que pensez-vous ou que pense l’Église de cela ?

    Les NDE complexes que vous évoquez sont assez rares, par rapport aux NDE « simples » qui se résument à une expérience de sortie de corps, une impression de chaleur ou parfois de froid, de joie ou plus rarement de terreur, la vision ou la rencontre de personnages connus ou de figures religieuses, un retour à la conscience plus ou moins bien vécu. Les recherches scientifiques en neurosciences, actuellement les plus performantes sur les NDE, par exemple au sein du Coma Science Group de l’Université de Liège, se focalisent sur les éléments simples et les plus communs. Les expériences que vous relatez peuvent se passer en état conscient, dans des périodes de transes ou dans une expérience mystique. Selon moi, il faut les considérer de la même manière, sans valeur ajoutée par la perte de conscience et la situation de NDE. Dans ce cas l’Église catholique, ainsi que les autres Églises, sont très prudentes, voire méfiantes.

    Lire la suite sur aleteia.org

  • Crispr-Cas9 : les premiers humains génétiquement modifiés, une réalisation technique qui fait bon marché de l'espèce humaine

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    De la Fondation Jérôme Lejeune :

    Crispr-Cas9 : 1ers humains génétiquement modifiés

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    1ers humains génétiquement modifiés : une réalisation technique qui fait bon marché de l’espèce humaine

    La revue Nature vient de publier des travaux relatifs à la modification du génome d’embryons humains par les « ciseaux moléculaires » Crispr-Cas9.

    La fondation Jérôme Lejeune souhaite apporter des éléments complémentaires essentiels, de nature à corriger l’engouement médiatique et susciter une compréhension plus complète de ce qui se joue. En effet les enjeux de ces travaux ne se situent pas uniquement sur le plan technologique. Des « craintes éthiques » sont partiellement évoquées et trop rapidement évacuées. L’accent est mis sur l’innovation et la perspective thérapeutique, alors que les principaux enjeux anthropologiques sont minorés ou oubliés.

    • Les travaux ont nécessité la destruction de plusieurs dizaines d’embryons humains.

    Or, le sacrifice d’êtres humains pour la recherche, fussent-ils minuscules, fusse pour servir d’autres êtres humains, n’est pas éthique. On n’a entendu personne, aucune autorité morale en France, s’en émouvoir.

    Il est par ailleurs inquiétant de trouver le mot « œuf », pour parler de l’embryon formé d’une à trois cellules, sous la plume de certains experts et journalistes.

    • Les inquiétudes éthiques mentionnées dans les médias portent uniquement sur le risque de la fabrication d’enfants à la carte à partir de critères comme la couleur des yeux ou la force physique. Outre le fait que ce risque est  réel, cette mention laisse entendre que la fabrication d’enfants en soi, et la fabrication d’enfants sur d’autres critères, notamment celui de la santé, seraient acceptables. Accepter la fabrication d’enfant sur quel que critère que ce soit conduit à anéantir la considération que la société porte à l’enfant, à la personne malade, celle porteuse de handicap, et à développer une médecine eugéniste.
    • L’absence d’implantation des embryons génétiquement modifiés joue le rôle de la limite destinée à rassurer ceux qui s’inquiètent que la modification génétique soit transmissible aux générations suivantes. Cette limite n’est pas efficace, elle n’est que provisoire. En effet, la perspective annoncée est bien la naissance d’enfants après modification (quand ils sont au stade d’embryon à une cellule) de leur génome. La modification génétique impactera leurs gamètes : elle sera donc transmissible à leur descendance.

    Quel impact en France ?

    Malgré l’interdiction en droit français, de la création d’embryons pour la recherche et de la création d’embryons transgéniques (Article L2151-2 CSP) et malgré la ratification par la France de la convention d’Oviedo (qui autorise les interventions sur le génome humain uniquement si elles n’entraînent « pas de modification dans le génome de la descendance »), la fondation Jérôme Lejeune rappelle qu’une équipe de chercheurs a été autorisée en France à créer des embryons génétiquement modifiés. C’est pourquoi elle conteste la légalité de cette recherche pour faire arrêter ces travaux déjà en cours.

    A l’approche de la révision de loi bioéthique annoncée à partir de 2018, la fondation Jérôme Lejeune développera d’autres actions, des opérations de sensibilisation et des mobilisations, pour protéger l’intégrité du patrimoine génétique de chaque être humain. Il en va du destin de l’humanité.

  • Après la mort du petit Charlie Gard : une déclaration de l'hôpital du Bambino Gesu

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    D'Anne Kurian sur zenit.org :

    Charlie Gard : développer un modèle de médecine personnalisée

    Déclaration du Bambino Gesù

    « C’est le véritable héritage du cas Charlie [Gard] : l’engagement à développer concrètement un modèle de médecine personnalisée », estiment les experts de l’hôpital Bambino Gesù du Saint-Siège. Il « valait la peine de faire tout ce que nous avons fait », affirment-ils alors que le petit britannique de 11 mois atteint d’une maladie rare mitochondriale, s’est éteint le 28 juillet 2017.

    La fin de vie a été décidée le 27 juillet par la Haute Cour de Justice britannique, suite à l’accord manqué entre les parents de l’enfant et l’Hôpital Great Ormond Street de Londres, où Charlie est hospitalisé. Le Great Ormond « nous a refusé notre ultime désir », a déclaré la mère du petit Charlie, Connie Yates, faisant allusion à la possibilité de garder le petit en vie pendant quelques jours avant sa mort, pour passer quelques jours « dans la tranquillité ». Le nourrisson a été transféré dans un centre assisté pour malades en phase terminale et est décédé en l’absence de respirateur artificiel.

    « Nous avons fait tout ce que nous pouvions pour répondre à l’appel de la famille et chercher de donner une nouvelle opportunité de soins au petit Charlie », peut-on lire dans un document diffusé le 25 juillet par l’hôpital du Bambino Gesù, après la décision des parents d’abandonner leur bataille judiciaire pour la survie de l’enfant.

    L’hôpital romain a participé à une confrontation internationale entre cliniciens et chercheurs, pour étudier le bien-fondé d’un traitement expérimental et pour assurer une évaluation clinique de Charlie Gard « qui, malheureusement, au moment où nous avons pu l’effectuer, a donné un résultat non positif ».

    Lors de « l’évaluation clinique conjointe effectuée sur place par notre chercheur et médecin – le professeur Enrico Silvio Bertini, médecin-chef pour les maladies musculaires et neurodégénératives – avec le professeur de neurologie de l’Université Columbia, Michio Hirano, a émergé l’impossibilité de lancer le plan thérapeutique expérimental, à cause des conditions gravement compromises du tissu musculaire du petit Charlie ».

    « Le très grave contexte clinique que nous avons trouvé aurait fait de la tentative de thérapie expérimentale un acharnement thérapeutique. (…) Tout ceci rempli notre cœur de tristesse », soulignent les soignants : « nous avons malheureusement constaté que nous sommes peut-être arrivés tard… Dans le domaine des maladies rares et ultra-rares, chaque histoire est un cas en soi ».

    Un précédent pour l’avenir des maladies rares

    Mais ils soulignent deux résultats : « On n’a pas débranché sans avoir auparavant répondu à une demande de soins légitime de la part des parents et sans avoir auparavant vérifié jusqu’au bout les conditions de l’enfant et les opportunités concrètes offertes par la recherche au niveau international ».

    Le second résultat a été celui de la « confrontation conjointe internationale approfondie, sur le plan scientifique comme sur le plan clinique ; un fait extraordinaire, un cas emblématique pour l’avenir des maladies rares ».

    « Pour la première fois, explique la note, la communauté scientifique internationale s’est démenée pour évaluer concrètement et jusqu’au bout les possibilités de soins. La communauté clinique et scientifique internationale, qui se met en réseau et crée une synergie pour un malade et se mobilise pour une vie, en travaillant en lien étroit, représente un précédent qui donnera plus de force à tous les Charlie qui viendront. C’est le véritable héritage du cas Charlie : l’engagement à développer concrètement un modèle de médecine personnalisée ».

    « C’est pourquoi, conclut le texte, cela valait la peine de faire tout ce que nous avons fait, tirés par la force de Charlie et de ses magnifiques parents, par la force du partage indispensable dans le parcours de soins avec la famille, par la force de l’alliance entre les cliniciens, la famille et le patient ».

    Avec une traduction de Constance Roques

    Voir aussi : le_pape_François_prie_pour_le_petit_Charlie_Gard