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Idées - Page 128

  • L'Univers n'aurait pas besoin de Dieu pour exister

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    Telle est la position de Stephen Hawking dans son ouvrage qui vient de paraître : Y a-t-il un grand architecte dans l'Univers?, de Stephen Hawking et Leonard Mlodinow, Odile Jacob.

    "Un feu de paille. C’est ainsi qu’Hubert Reeves qualifie la polémique autour du nouveau livre de Stephen Hawking, dans lequel l’astrophysicien britannique remet en cause l’origine divine de la création de l’univers. Pour son confère franco-québécois, cette thèse est «un peu naïve» et «ne fait pas beaucoup avancer les choses».

    Entretien sur 20minutes.fr. extraits :

    "La thèse de Stephen Hawking est-elle nouvelle?
    Non, ce n’est pas quelque chose de nouveau et cela me pose problème. Hawking suppose qu’au commencement, il y avait la gravité. Cela n’explique pas ce qu’il y avait avant. Hawking ne fait que relancer le débat: qu’est-ce qu’il y avait avant et d’où vient la gravité?

    Est-ce alors la renommée internationale de Stephen Hawking qui donne de l’ampleur à cette affaire?
    Oui, il y a une entreprise médiatique très importante autour de lui. Stephen Hawking est un excellent scientifique, mais je ne suis pas certain qu’il soit à l’origine de ces propos (son ouvrage est co-écrit avec le physicien Leonard Mlodinow, ndr).

    Y a-t-il une confusion entre la science et la foi dans ses propos?
    Oui, parce que la science ne peut pas répondre à la question de Leibniz: Pourquoi y-a-t-il quelque chose plutôt que rien? Elle ne peut pas dire non plus si telle chose est bonne ou pas bonne, ce n’est pas son domaine, son champ d’action. La science relie une chose à une autre chose, ce sont des «pourquoi emboîtés».

    La science et la religion sont-elles donc incompatibles?
    Elles ne sont pas incompatibles, mais il vaut mieux les séparer. La science vous dit comment faire les choses, comment cela fonctionne. Par exemple, elle vous donne les recettes pour faire des OGM ou des nanotechnologies, mais elle ne vous dit pas s’il est bon de les utiliser. Les questions de valeurs, du bien ou du pas bien, c’est du domaine de la religion.(...)  Ce sont deux discours différents. Cela n’empêche pas pour autant un très bon scientifique d’être croyant ou athée. (...)"

    Propos recueillis par Corentin Chauvel

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    "Pour le Britannique John Lennox, «scientifique et chrétien», la théorie de son compatriote est «maladroite»: «Il nous demande de choisir entre Dieu et les lois de la physique, comme si elles étaient nécessairement en conflit mutuel». «Contrairement à ce que prétend Hawking, les lois de la physique ne peuvent jamais fournir une explication complète de l'univers. Les lois elles-mêmes ne créent rien, elles sont simplement une description de ce qu’il se passe sous certaines conditions», ajoute ce professeur d’Oxford dans le Daily Mail.

    D’après John Lennox, ce sont peut-être des lois de la physique qui sont à l’origine de la création de l’univers, mais c’est bien Dieu qui est derrière celles-ci. «Pour moi, en tant que croyant, la beauté des lois scientifiques renforce ma foi en une force créatrice d’origine divine. Plus je comprends la science, plus je crois en Dieu», affirme le scientifique qui conclut que ce n’est pas «la nouvelle fusillade d’Hawking» qui va pouvoir «ébranler les fondations d’une foi basée sur des preuves».

    20minutes.fr

  • IIe Rapport sur la doctrine sociale de l'Eglise dans le monde

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    lp51-unex200.jpgLiberté Politique N° 51

    Dossier : Rectitude et perversion de la pensée

    CE IIe RAPPORT SUR LA DOCTRINE SOCIALE DE L’ÉGLISE DANS LE MONDE, dont ce numéro de Liberté politique offre la version francophone avec ses principaux éléments, est le fruit de la collaboration de quatre centres de recherche internationaux, l’Observatoire Cardinal Van-Thuân sur la doctrine sociale de l’Église (Vérone), le Centre de réflexion sociale catholique de l’université Saint-Paul d’Arequipa (Pérou), la Fondation Paul-VI (Madrid) et la Fondation de Service politique (Paris).
    Il propose un outil novateur pour faire le point sur l’actualité de la doctrine sociale de l’Église et les principaux défis qui l’attendent à travers quelques événements et problèmes qui se sont posés à certains de ses acteurs, comme le réchauffement climatique ou la défense du dimanche. Ce Rapport montre que la doctrine sociale de l’Église est aujourd’hui « un signe de contradiction », comme en témoignent la persécution des chrétiens dans de nombreux pays, la lutte ardue pour la dimension publique du christianisme en Occident, mais aussi la division au sein même de l'Église sur le rôle de sa doctrine sociale. Au cœur de tout, la force de l'enseignement social de Benoît XVI.

    Liberté Politique

  • Une culture idolâtre

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    "Il serait plus judicieux de qualifier notre culture moderne, plutôt d’idolâtre que d’agnostique ou d’athée. En effet, à peine Dieu et la Religion (avec un "D" et un "R" majuscules) périclitent, refoulés plus précisément dans l’invisibilité de l’inconscient, qu’une multitude de dieux et de religions (avec un "d" et un "r" minuscules) apparaissent et pullulent, les uns plus pervers et manipulateurs que les autres.Tout ou chacun serait susceptible de devenir idole de nos jours, c'est-à-dire investi d’une manière démesurée, "sacrée", avec son bréviaire, son culte et ses rituels. Anesthésiant les consciences, la nouvelle idole promet alors d’exaucer nos vœux infantiles de béatitude; la politique, les stars, le sport, la consommation, le sexe, l’argent, le corps surtout érigé à l’heure actuelle en seule source et en unique espace de bonheur, jeunesse, beauté, santé mais en même temps le lieu où se déversent nos inquiétudes; d’où l’augmentation cancéreuse des dépenses de santé. Le projet biblique, toujours vivant et d’actualité, telle une braise sous la cendre, malgré le poids des ans, véritable entreprise de psychothérapie avant la lettre, consiste à aider les humains à se construire, à devenir soi, à s’épanouir, grâce au respect d’une seule loi, sa clé de voûte sans cesse rappelée: la différenciation."

    Dans la Libre (15/2) (débats et opinions), extrait de "La Bible : une parole moderne et "psy"

  • La décadence que constitue l'art contemporain est le signe d'une société moribonde

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    21347134 jpeg_preview_large.jpgLa rupture du dialogue avec l’Autre par excellence, avec Dieu, a provoqué dans notre société une dévalorisation de l’altérité comme catégorie, malgré les apparences, ce qui a conduit à une dissolution de la communauté, à une atomisation de la personne, pour aboutir, dans bien des cas, à l’enfermement mortifère du moi, à une sorte d’autisme existentiel. Le monde des arts en constitue l’illustration malheureuse, et à certains égards paroxystique, précisément à cause de la plus grande sensibilité de l’artiste. La décadence que constitue l’AC est le signe révélateur d’une société moribonde. Ce nombrilisme pathétique de tant de performances subventionnées par l’art officiel n’est que l’expression de la vacuité d’une culture qui a répudié son origine. Car une société qui renie ses racines est comme une rivière qui s’affranchit de sa source : elle devient un marécage putride. Nous n’en sommes pas loin aujourd’hui, et la puanteur d’un certain AC est là pour nous alerter ! Car qu’est-ce que l’AC sinon le triomphe du nihilisme, expression d’un moi incapable de s’inscrire dans une relation constructive avec le passé, avec l’autre, avec l’absolu. Permettez-moi de rappeler des souvenirs personnels. Comme aumônier de la Salpêtrière pendant dix ans, j’ai vu défiler toutes sortes de réalisations, absconses aurait dit Marie-José. Absconses et désespérantes, mais fidèles reflets d’une société où les philosophes à la mode jouent à déconstruire le monde. Déconstruire, disait encore Tolkien, c’est l’œuvre d’un cerveau où les rouages ont remplacé l’esprit. A force de déconstruire l’être, la philosophie, l’histoire, les valeurs, il ne reste plus rien sur quoi bâtir sa vie. Quoi d’étonnant alors au fait que nos plasticiens participent de cette impuissance et la reflètent ? Incapables de créer, ces impuissants ne sont plus capables que de décréer, de salir ce qu’ils ne savent même plus imiter. Car l’artiste contemporain est bien trop imbu de sa supériorité bourgeoise pour apprendre un savoir-faire qui l’apparenterait à un artisan ! Non, son impuissance, il la maquille sous une logorrhée vaniteuse, absconse en un mot. Et comme ce qu’il produit n’a pas plus de consistance qu’un excrément, il l’applique à ce qui en a, l’œuvre classique. Les moustaches de la Joconde ! Ou ces réalisations prétentieuses pensées exprès pour inverser le sens d’œuvres belles, comme la chapelle de la Salpêtrière, la façade des Invalides, et j’en passe. L’AC entendu de cette manière tombe sous la définition du mal donnée par la métaphysique aristotélicienne : une privation d’être, un néantement de ce qui est, un parasite, une inversion hideuse de l’œuvre divine, qui elle est pleine de sens et d’intelligibilité. Quand les talents humains sont mis au service d’un moi aux aspirations sécularisées et égocentriques, il se produit une perte de la dimension épiphanique d’autrui et du cosmos. Le monde n’est plus qu’une carrière de matériaux, la société un réservoir de main d’œuvre, l’un et l’autre à exploiter.

    Découvrir le texte d'Eric IBORRA dans son intégralité

  • A propos des "liens" figurant dans la colonne de droite

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    Né il y a moins d'un mois, notre blog puise ses informations dans diverses sources :

    - les sites d'Eglise (Vatican.va, Eglises d'Asie, Aide à l'Eglise en détresse, Catho.be, Sites des diocèses et des congrégations, etc.;

    - des agences de presse catholiques comme Fides, Zenit ou Cathobel;

    - des sites consacrés à l'éthique et à la défense de la vie parmi lesquels le remarquable généthique.org de la Fondation Jérôme Lejeune;

    - des infos mises en ligne par la "grande presse" sont parfois précieuses même s'il faut faire preuve de discernement étant donné que cette presse pèche souvent par  anti-catholicisme systématique;

    - des sites "d'information alternative" peuvent apporter des éléments intéressants mais nécessitent que l'on procède à un tri rigoureux de ce qui est proposé pour conserver notre cohérence chrétienne;

    - la "blogosphère catholique" est une mine où l'on peut puiser de très nombreuses informations et analyses, tout en restant extrêmement vigilant pour faire le tri entre ce qui s'intègre dans notre projet (catholique romain, rien que cela et tout cela) et ce que nous refusons.

    Que refusons-nous?

    Nous refusons tout ce qui s'apparente à des formes de racisme, de nationalisme, d'irrespect à l'égard des personnes. Le Christ nous recommande "d'aimer nos adversaires et de faire du bien à ceux qui nous haïssent". Ce n'est pas en recourant à l'insulte, aux insinuations malsaines, au dénigrement systématique que nous ferons avancer le Royaume.

    Cela ne veut pas dire qu'il faille sombrer dans un irénisme naïf. Les adversaires de la Croix du Christ et de l'Eglise doivent être désignés comme tels, mais cela n'autorise pas à ostraciser des gens parce qu'ils n'apprécient pas tel rite, telle forme de dévotion, ou encore parce qu'ils ont des divergences sur certains points relevant de l'économie ou de l'écologie...

    Si donc, vous décelez, parmi les liens des sites ou des blogs certaines orientations discutables ou condamnables, sachez que nous en sommes conscients, que nous tâchons de faire le tri et que nous n'avalisons pas tout ce qui s'y publie.

    Prenons un exemple d'actualité : une ancienne élue du Vlaams Belang vient de mourir d'un cancer; or elle avait pris précédemment une position favorable à l'euthanasie. Elle serait cependant décédée sans y avoir eu recours (elle aurait été aidée par une "forte dose de morphine"). Mettons tout cela au conditionnel parce que la presse n'est pas toujours très rigoureuse. (D'ailleurs, est-il vraiment nécessaire de faire place à ce type d'informations?) Voilà, en tous cas, certains blogs franco-catholiques bien embarrassés : en effet, leurs sympathies les aveuglent; ils considèrent avec bienveillance le Vlaams Belang pour son nationalisme flamboyant et manifestent par conséquent beaucoup d'indulgence à l'égard de cette élue décédée. Evidemment, nous ne les suivons pas, parce que nous savons quel mal font, dans notre pays, les extrémistes nationalistes flamands, semant la haine à l'égard de leurs concitoyens francophones et développant des théories xénophobes et racistes inconciliables avec un véritable esprit chrétien. Conseillons-leur  plutôt de bien se documenter sur les pitoyables formations de l'extrême-droite flamande avant de s'avancer plus loin.

  • Guy Gilbert : L'Islam que j'aime

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    guy_gilbert_01.jpgUn article à lire et qui donne certainement matière à discussion, sur le site officiel de Guy Gilbert:

    L'Islam que j'aime

    "En Egypte, après le terrible attentat à la sortie de la messe de minuit à Alexandrie, plusieurs associations musulmanes ont décidé de former des boucliers humains.
    « Munis de fleurs, nous irons garder les églises de nos frères chrétiens. Celui qui veut s’en prendre à eux devra d’abord nous tuer. Par ce geste nous montrerons ce qu’est vraiment l’Islam. »

    Jamais n’avait raisonné si fort le message de l’ange à l’annonce de la naissance du Christ: « Paix aux hommes de bonne volonté », message bouleversant, vécu par des musulmans, pourtant de plus en plus critiqués et craints, au point que l’Europe sombre dans une islamophobie qui avance à grands pas. Ce fait très récent et inédit de la défense d’une autre religion persécutée me fait dire : « Cet islam, je l’aime ».

    Et je l’aimerais infiniment plus, le jour où ce ne seront pas seulement quelques centaines de musulmans égyptiens qui oseront franchir le pas pour la défense de leur frères chrétiens, mais un milliard de musulmans qui dénonceront l’assassinat de l’évêque de Bagdad ou la tragédie d’une centaine de chrétiens assassinés ou blessés en Irak en pleine messe dans leur église éclaboussée de sang.

    Le pape, qui a osé affirmer son horreur devant ce drame inexpiable, a été accusé d’«ingérence » par un grand ayatollah pour avoir demandé aux états de « protéger les chrétiens ». Insoutenable parole qui révulse les chrétiens du monde entier.

    Oui j’aime l’Islam.

    Mais pas celui du repli conquérant sur lui-même. Pas celui qui s’enferme ou qui enferme ses femmes dans des étoffes où seuls les yeux ont droit à une minuscule lucarne. Pas celui qui prescrit de lapider la femme adultère, ou l’homme à qui on refuse de vivre parce qu’il est homosexuel. Pas celui qui refuse celui ou celle qui décide de vivre sa foi autrement, dans une autre religion, ce qui le ou la condamne à l’opprobre, à l’exclusion et parfois à la mort. Pas celui qui ne permet pas, lorsqu’il est majoritaire dans un pays, de refuser tout lieu de culte autre que le sien.

    Ce qui aux yeux du monde donne à croire aujourd’hui que les musulmans ont la possibilité de s’épanouir librement dans les nombreuses mosquées qui s’élèvent dans les pays majoritairement chrétiens. Alors que les petites communautés chrétiennes, noyées au coeur de nombreux pays musulmans, n’ont que le droit de raser les murs, d’être suspectées, de devenir des citoyens de seconde zone, et en finale, de quitter la terre où elles sont nées. Bien avant que les musulmans ne s’y établissent.

    Non, cela n’est pas l’Islam revendiquant le titre de religion de « la paix » au travers du mot magique, universel et prophétique « Salam ». Seule une religion qui d’abord respecte les droits de l’homme, qui en fait son étendard premier avec comme devise commune sur tous les frontons de ses temples les mots « unité », « solidarité », « accepter la différence de l’autre » et mieux « chercher chez l’autre une vérité qui lui manque », bâtira la paix sur la terre, et sera crédible.

    « Tolérer les chrétiens d’orient, c’est les insulter » écrivait ces jours-ci le politologue Hasni Abidi. Le même concluait son article par cette phrase prémonitoire et si juste : «Les chrétiens orientaux ont toujours appartenu à la terre qui les a vu naître et grandir. Ils doivent y rester. Leur départ serait la fin de notre histoire et le début de toutes les dérives. »

    A vous musulmans du monde entier de lutter pour que l’Islam soit une religion de « paix ».
    Alors ce ne sera plus la crainte, mais une joie en Europe et dans le monde, de voir fleurir à côtés de nos églises vos minarets. Ce jour viendra. Mais le temps presse."

    Vos réactions à cet article paru dans la Croix du 22 janvier sont les bienvenues pourvu qu'elles s'expriment dans le respect et la mesure.

  • Sur le blog de P. de Plunkett, ce qui pourrait être notre manifeste :

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    Société et religion (etc) : la défensive ou l'offensive ?
     

    L'offensive ! Mais pas pour faire n'importe quoi :

    Faut-il « défendre l'Eglise » ? Evidemment oui : mais pas n'importe comment, pour faire n'importe quoi avec n'importe qui ! Certaines « défenses » font le jeu des attaquants. Comme dit un évêque, l'athéisme est « alimenté par le contre-témoignage de chrétiens exprimant mal la vérité qu'ils défendent (un risque sur lequel Vatican II nous a aussi alertés) » : et cette responsabilité impose aux catholiques un devoir de réflexion.

    D'autre part, les situations historiques ne se modifient pas par des « défensives », mais par des offensives.

    1.  Dans le domaine chrétien, l'offensive est l'évangélisation. Ce n'est jamais une offensive belliqueuse. Laissons le bellicisme aux mal-comprenants ! Lorsque Paul parle du « bouclier de la foi » et de « l'épée de l'Esprit » (Ephésiens 6, 17), ce sont des métaphores paradoxales : l'Esprit n'a pas pour but de tuer mais de faire vivre. La foi, l'espérance et la charité ont pour effet d'aimer, non de repousser. Partout où l'on entend un langage de haine, le christianisme est absent, et ça depuis deux mille ans (d'où la repentance de l'Eglise en l'an 2000). Il faut sans doute « résister à l'islam » là où c'est socialement nécessaire, mais les conversions personnelles de musulmans au christianisme – il y en a plus qu'on ne croit – ne s'opèrent pas par l'intimidation : elles s'opèrent par la grâce divine, secondée par le témoignage de fraternité qu'un chrétien rend au musulman. J'en connais des exemples : ces hommes et ces femmes n'ont pas été convertis par les cris de guerre de certains « défenseurs », mais malgré ces cris de guerre ; ils ne fréquentent pas les réunions xénophobes, parce qu'ils tiennent à aider à la conversion d'autres musulmans – et qu'ils savent ce qui peut l'entraver.  

    2.  Une autre sorte d'offensive est indispensable : c'est l'analyse critique de notre société. D'où vient la tyrannie du « politiquement correct » qui prétend nous faire marcher sur les mains ? De l'engrenage de destruction des repères, à l'oeuvre depuis le basculement de 1990. Pourquoi cette destruction ? Pour livrer les individus au seul empire du marketing, qui a besoin de détruire tous les repères parce que ce sont des freins à la libido consommatrice. Le marketing détruit le repère religieux comme il détruit par exemple le repère éducatif [1].  Je croirais que la religion est la seule cible de ces destructions si je ne voyais pas leur cause, qui est le système économique ultralibéral : cette économie financière illégitime, envahissante, totalitaire, qui s'empare de tous les domaines de l'existence humaine.

    On s'aveugle  sur la cause lorsqu'on refuse, pour diverses raisons, de comprendre ce qu'est le système économique. En déplorer seulement tel ou tel effet et attribuer cet effet à une conspiracy, selon le réflexe américain, n'est pas une analyse : c'est une irritation subjective qui ne mène à rien, sinon à réactiver des fantasmes.

    Lorsqu'on comprend le système, alors on désire passer à l'offensive contre lui. Elle commence par la prise de conscience : cesser de croire qu'un tel système puisse être « moralisé ». Ensuite elle débouche sur la contestation active, jusque sur le terrain politique et sous des formes à inventer (les partis actuels n'étant que des succursales du système économique). Ces formes neuves feront naître une Internationale, non pas « occidentale » mais nord-sud.

    Ne parlons donc plus de « défendre » quoi que ce soit. Dans tous les domaines et selon des modalités très variables, c'est l'offensive qui est urgente.

    _________

    [1]  D'où l'ineptie d'opposer "le prêtre" à "l'instituteur", comme dans ce pavé de l'ours que fut le discours du Latran de Nicolas Sarkozy.

  • Gender : "féminisme de la subversion"

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    Elizabeth Montfort, ancien député européen et présidente de l’Alliance pour un nouveau féminisme européen, explique les conséquences dangereuses de la théorie du "Gender".

    "Cette "véritable révolution anthropologique" risque de créer "de nouveaux droits arbitraires et déconnectés du bien commun et de la stabilité de notre communauté humaine". 

    Né aux Etats unis, et développé dans les années 1990, ce concept s’est imposé dans le vocabulaire international après la 4ème conférence mondiale sur les femmes organisée par l’ONU en 1995. Ce mouvement, théorisé par Judith Butler, devient aujourd’hui un "nouveau courant idéologique", portée par les féministes radicales, notamment lesbiennes.           

    Il succède à deux mouvements féministes, l’égalitarisme et le différentialisme qui avaient pour but d’obtenir l’égalité des droits par la loi. Le premier, voulant copier le modèle de l’homme pour contrer sa domination, tandis que le second, au contraire, exaltait la différence des sexes en revendiquant fièrement ce qui constitue la féminité. 

    A l’inverse, la théorie du "Gender" affirme que la distinction entre les deux sexes est culturelle et que cette construction sociale est irrémédiablement mise au service de la domination masculine et de l’aliénation de la femme.           

    Ainsi, pour Judith Butler, il faut déconstruire totalement le stéréotype des genres "homme–femme" imposé par la culture, en déconstruisant l’identité sexuelle même de l’individu. C’est à l’individu de se définir et de créer lui-même sa propre identité au delà même de sa nature biologique liberticide car non choisie.   

    Elle écrit, dans son livre Trouble dans le genre, pour un féminisme de la subversion, vouloir déstabiliser "l’hétérosexualité obligatoire" et supprimer le concept de "femme" : "les femmes ne seraient pas opprimées s’il n’existait pas". Il faut repenser, selon elle, l’organisation sociale en se basant sur l’orientation sexuelle et non sur son identité.          

    Elizabeth Montfort explique que cette déconstruction de la différence sexuelle a pour but final, de déconstruire la vie sociale familiale basée sur le mariage monogamique. Cette nouvelle conception du couple polymorphe aura pour conséquence l’évolution des techniques de reproduction asexuée (mère porteuse, utérus artificiel, AMP...)        

    "Il est urgent de réagir" explique-t-elle, soulignant que la révision proche des lois de bioéthiques est "une opportunité" pour les partisans du Gender."

    Valeurs actuelles 03/02/11 sur genethique.org

  • Tim Jackson à l'Université de Louvain : "il faut réinventer le concept de croissance"

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    Sur "Catho.be" : Tim Jackson à l'UCL

    Jackson_Tim

    "750 à 800 personnes, en grande majorité des étudiants, ont rempli le Socrate 10 de l'UCL à Louvain-la-Neuve, lundi dernier, pour écouter Tim Jackson désormais docteur honoris causa. Le lendemain midi, l'économiste britannique dialoguait avec Thomas Leysen, Thierry Jacques  et Philippe Defeyt. 

    Comment est-il possible de croître sans cesse dans une planète close, s'est interrogé Tim Jackson. "La croissance n'est pas tenable en l'état. On est déjà au-delà des limites de notre planète." Mais surtout, qui sommes-nous? La question de la croissance est en effet profondément liée à celle de "l'âme humaine". Certains estiment que l'économie peut continuer à croître tout en réduisant l'impact matériel. Ce n'est pas le cas, réagit le Docteur honoris causa. De plus, ceux qui disent qu'il y a une solution technologique ne se posent pas la question de l'être humain.
    Souvent, l'orateur a fait la distinction entre les pays riches - les nôtres - et les pays pauvres ou émergents. Le rapport à la croissance ne peut être le même. Si elle est encore nécessaire pour ces derniers, dans les premiers, on peut se demander si elle améliore vraiment le bien-être. Ne serait-ce pas aux pays développés à élaborer un nouveau système plus durable?
    La consommation est profondément liée à la dynamique sociale. Elle est ostentatoire. Il faut éviter la honte et montrer que l'on peut acquérir les dernières nouveautés. Celles-ci relancent l'économique ainsi que le cercle vicieux du crédit. "On dépense plus que ce qu'on a pour acheter ce dont on n'a pas besoin afin de produire des effets, qui ne durent pas!" Quant à l'État, il est mal pris. Il doit en effet stabiliser l'économie, évitant la récession, et protéger les biens sociaux, les deux n'allant pas souvent de pair. Et l'orateur d'en appeler à un épanouissement moins matérialiste, attentif à autrui plus qu'à soi, et à retrouver l'espace social, mettant en place une économie construite autour des activités de service...

    De la conception à l'action

    Animé par Eddy Caekelberghs (RTBF), le tour de table du mardi 1er février, a commencé avec Thomas Leysen. Le président de la Fédération des entreprises de Belgique est également président de Umicore. Il reconnait l'importance du développement durable, mais rappelle que le monde des entreprises n'est pas uniforme à ce sujet. «Ce sont les années à venir qui vont nous enseigner comment vivre cette croissance ralentie.» Il suggère une solidarité  interpersonnelle, intercontinentale et intergénérationnelle.

    Thierry Jacques (CSC) a rejoint Thomas Leysen sur un point: le système actuel n'est plus aussi efficace qu'avant. Selon lui, le livre de Tim Jackson sort du cadre. Or, il est difficile de sortir de ce cadre en pratique, car nous restons attachés à la croissance. «La croissance nous a permis de vivre dans une société du plein emploi et de la protection sociale, elle reste donc très importante pour les travailleurs.»

    Philippe Defeyt, a alors pris la parole en tant que président du CPAS. Selon lui, il faut aborder ce projet en partant du point de vue des personnes les plus précarisées. Celles pour qui «l'opulence n'existe plus». La mondialisation du travail a mis les petits revenus «hors jeu». «Depuis 77, on dit que plus de croissance résoudra les problèmes de chômage. Or sur le terrain, on constate que c'est faux!»

    Tim Jackson a ensuite réagi à ces différentes interventions. Selon lui, la pauvreté et la prospérité sont liées. C'est pourquoi, il faut réinventer le concept de croissance. Pour la première fois dans l'histoire, l'Homme va manquer de ressources et doit réinventer sa manière de les travailler, de les consommer et de les échanger."

    Quelqu'un a-t-il songé à faire le lien avec l'enseignement du pape dans la récente encyclique "Caritas in veritate" où il écrit notamment (§ 51) : "La façon dont l’homme traite l’environnement influence les modalités avec lesquelles il se traite lui-même et réciproquement. C’est pourquoi la société actuelle doit réellement reconsidérer son style de vie qui, en de nombreuses régions du monde, est porté à l’hédonisme et au consumérisme, demeurant indifférente aux dommages qui en découlent. Un véritable changement de mentalité est nécessaire qui nous amène à adopter de nouveaux styles de vie « dans lesquels les éléments qui déterminent les choix de consommation, d’épargne et d’investissement soient la recherche du vrai, du beau et du bon, ainsi que la communion avec les autres hommes pour une croissance commune ». Toute atteinte à la solidarité et à l’amitié civique provoque des dommages à l’environnement, de même que la détérioration de l’environnement, à son tour, provoque l’insatisfaction dans les relations sociales. À notre époque en particulier, la nature est tellement intégrée dans les dynamiques sociales et culturelles qu’elle ne constitue presque plus une donnée indépendante. La désertification et la baisse de la productivité de certaines régions agricoles sont aussi le fruit de l’appauvrissement et du retard des populations qui y habitent. En stimulant le développement économique et culturel de ces populations, on protège aussi la nature. En outre, combien de ressources naturelles sont dévastées par les guerres! La paix des peuples et entre les peuples permettrait aussi une meilleure sauvegarde de la nature. L’accaparement des ressources, spécialement de l’eau, peut provoquer de graves conflits parmi les populations concernées. Un accord pacifique sur l’utilisation des ressources peut préserver la nature et, en même temps, le bien-être des sociétés intéressées."

  • Belgique : au sommaire de "Pâque Nouvelle"

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    Un nouveau numéro de la revue trimestrielle "Pâque nouvelle" vient de sortir. Une publication, dans laquelle Anne-Marie Libert revient sur le thème de la conférence qu’elle a prononcée le 27 novembre dernier à l’église du Saint-Sacrement à Liège. Son article,  qui dénonce l’ordre nouveau qui s’installe contre la vie, s’intitule « La tactique du salami ».

     Toutes les autres contributions sont aussi à citer. Épinglons « Verbum Domini  (au sujet de la dernière exhortation de Benoît XVI) et « Lectio divina » ( par l’abbé Bruno Jacobs), « Et le Verbe s’est fait chair » (par l’abbé Pascal-Marie Jerumanis), « Que ta volonté soit faite » (par Marion Guében-Baugniet), un portrait du P. Joseph Kentenich, fondateur du mouvement marial international (90 pays) de Schönstatt (par Bénédicte et Paul-Bernard Lesuisse) et un article sur le livre du cardinal Marx, archevêque de Munich intitulé,comme de juste : « Le Capital » (par Joseph Pirson).

    Depuis le décès (août 2010) du regretté Mgr Dangoisse, la rédaction de « Pâque Nouvelle » est dirigée par l’abbé Bruno Jacobs (bjacobs@gmx.com).

    Le secrétariat et la gestion des abonnements sont confiés à Marc Emond (tél.+32 (0)83.61.36.30 courriel marc.emond@skynet.be )

    L’abonnement annuel coûte 13€ (Belgique) ou 15€ (autres pays). Pour un premier abonnement découverte ou un abonnement-cadeau à un ami : 10€ (Belgique) ou 12€ (autres pays). A verser au compte IBAN : BE57 0682 1849 3335   BIC : GKCCBEBB de Pâque Nouvelle.

  • Le courage d'une journaliste égyptienne musulmane

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    Un brin d'imagination ne nous fera pas de mal !, par Fatma Naout

    Fatma2 Dans mon article précédent j'ai dit que je m'imaginais souvent à la place des chrétiens, je partage leur chagrin et je l'exprime dans mes écrits. Ceci a eu pour effet de mettre en colère quelques-uns de mes lecteurs, à tel point que l'un d'eux a cru bon de m'écrire: "Repens-toi à Allah!" Comme si la tâche de tout musulman consiste à tyranniser le chrétien !

    Mais malgré l'horreur que m'inspirent les qualificatifs discriminatoires tels que chrétien et musulman, je suis disposée à m'y conformer et à adresser cet article aux seuls musulmans ; chrétiens s'abstenir ! De toutes façons cet article fait appel à l'imaginaire, attendu que la loi ne punit pas l'imagination, pas encore en tout cas.

    Imagine que le maître d'école demande à ton fils musulman: où vas-tu? Et que ton fils réponde: "Au cours de religion Monsieur !" Et que le maître se mette à rire et qu'il lance à ton fils : "Parce que vous appelez ça une religion !"

    Imagine qu'un élève s'étouffe en mangeant et que ton fils plein de bonté se précipite pour lui porter secours en lui offrant de l'eau et que l'élève en question lui crie: " Non ma mère m'a dit de ne pas boire de la bouteille d'un musulman parce qu'ils sont tous impurs."

    Imagine que tu feuillettes le manuel scolaire de ton fils et que tu le trouves rempli de passages tirés des évangiles et pas un seul verset du coran.

    Imagine que tu t'es égaré, tu demandes ton chemin à un habitant du quartier et celui-ci te répond : "Tournez à gauche et continuez jusqu'à… excusez-moi, la mosquée, ensuite tourner à droite" (en Égypte la politesse exige de s'excuser quand on mentionne certains lieux comme latrines, égouts, lupanars…"

    Imagine que ta petite fille s'éveille en sursaut à l'aube, parce que le haut-parleur de l'église voisine (une des nombreuses églises du quartier) se met à hurler: " Donnez-nous aujourd'hui notre pain quotidien et pardonnez-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés etc."

    Imagine que ton ami chrétien t'invite à la messe et que tu entendes le curé exhorter ses paroissiens dans son prêche du dimanche : "Ne saluez pas les musulmans, ce sont des incroyants, ne prenez pas de repas avec eux et ne laissez pas vos enfants jouer avec leurs enfants !"

    Que ferais-tu si tu  étais obligé de vivre dans une telle société ? Je sais que tu te dis actuellement: Quelle plaisanterie? Question stupide qui ne mérite pas de réponse, et je serai tout à fait d'accord avec toi et j'admettrai la futilité de mon hypothèse, n'ai-je pas pris la précaution dès le départ de mentionner que tout ceci n'est que le fruit de mon imagination ?

    Bien évidemment les chrétiens n'agissent pas ainsi. Non c'est plutôt nous qui avons pris l'habitude de dire certaines choses comme : "C'est un chrétien mais c'est quand même un brave type" ou bien "ce sont des idolâtres" ou "des mécréants", sans y penser ou volontairement, bien appuyés sur notre majorité et conscients de leur minorité, rassurés par les principes de leur religion qui leur commande: "Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites le bien à ceux qui vous haïssent et priez pour ceux qui vous veulent du mal et qui vous rejettent"

    J'ai voulu aujourd'hui mettre en évidence ces situations aberrantes pour que chacun de nous tente de ressentir leur impact s'il avait à les endurer. Nous qui hurlons dans les microphones "Allah Akbar" sans tenir compte qu'Allah aime que son nom soit prononcé avec douceur. Nous qui entendons nos imams dénigrer les non-musulmans alors qu'ils se font un devoir de prier pour leurs frères non-chrétiens. Me permettriez-vous de les envier du fait que plusieurs parmi nous n'ont pas retenu la leçon de charité alors que la plupart d'entre eux la mettent en pratique ?

    Soyons plus intelligents que notre gouvernement (nous le sommes en effet), bien que notre gouvernement nous tyrannise tous ensemble, il se plaît à séduire la majorité en l'incitant à tyranniser la minorité, sommes-nous tenus à agir de cette façon ? Mais n'allons pas trop vite, depuis combien de temps nous nous comportons de la sorte ? Depuis les années 70, quelques décennies seulement, un battement de paupière à l'échelle de l'histoire.

    Avant que les poisons du désert (le désert d'Arabie) ne s'abattent sur l'Égypte, les locataires d'un même bloc laissaient leurs portes ouvertes aux voisins, musulmans comme chrétiens, les enfants des uns se mêlaient allègrement aux enfants des autres, et l'amour irradiait dans tous les recoins du quartier. Et le ciel souriait en disant : "Voilà des gens qui ont appris comment aimer le Bon Dieu !"

    Cet article a été publié dans le périodique "el Masry el Yom" ce qui se traduit par "l'égyptien aujourd'hui", et repris sur un site copte en langue arabe.

  • Ce sont les hommes qui font leur propre histoire...

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    jacques_le-goff.jpgCarte blanche à Jacques Le Goff, Professeur de droit public à Brest(*)

    Que pèsent les actes de simples citoyens au regard de l'Histoire ? D'ordinaire, peu de choses. L'actualité a tôt fait de les réduire à l'oubli, et la prison - ou les armes  - au silence. Seule leur répétition peut finir par créer un cours nouveau. La Résistance, toutes les résistances organisées, se fondent sur la fusion entre choix individuels et force collective.

    Il arrive pourtant que des hommes, des femmes, incarnent, à eux seuls, la protestation, au point d'en devenir l'emblème ou l'icône. On pense à Gandhi, à Mandela ou à de Gaulle. Mais aussi à Mohamed Bouazizi, cet étudiant tunisien dont l'immolation ne visait pas à provoquer un effet immédiat d'aussi grande ampleur. Simplement, son désespoir est entré en résonance avec celui d'un peuple qui n'attendait plus que le signal du soulèvement. Puis l'onde de choc s'est propagée jusqu'en Égypte. Avant lui, combien, qui avaient osé braver le pouvoir en place, l'avaient payé de leur travail, de leur liberté, de leur intégrité même, pour ceux qui subirent la torture ?

    Naturellement, revient à la mémoire le geste de Jan Palach, immolé par le feu sur la place Venceslas de Prague, le 19 janvier 1969, pour protester contre l'occupation soviétique. Vingt ans plus tard, Vaclav Havel sera arrêté pour avoir fleuri la plaque commémorative, puis condamné à neuf mois de prison. Avant l'achèvement de sa peine, le régime communiste aura sombré. Si l'acte de Palach n'a pas « créé » la dynamique de résistance, il l'a considérablement amplifiée. Il a donné du courage, par la force d'un témoignage qui montrait une vérité le dépassant de beaucoup. C'est la définition même du « martyr » : celui qui meurt pour attester une vérité qui vaut qu'on lui sacrifie l'essentiel.

    Ces mots sont souvent venus sous la plume d'un grand philosophe qui mourra, comme Socrate, conformément à ce qu'il avait dit et écrit : Jan Patocka, l'un des initiateurs de la Charte 77. Lui, que Havel tenait pour son père spirituel, est mort d'une hémorragie cérébrale à 70 ans, en mars 1977, après une semaine d'interrogatoires de dix heures par jour, debout. Le policier qui l'interrogeait écrira dans son procès-verbal : « Il a assumé ses devoirs civiques et déclaré que, s'il ne le faisait pas, personne d'autre ne pourrait le faire. Il a, en outre, déclaré qu'il était conscient qu'il ne pourrait plus retourner à la vie normale. » À un ami qui voulait quitter la Tchécoslovaquie, il objectait : « On doit rester et garantir une vie spirituelle ici. » Tout est dit. Et Aung San Suu Kyi en Birmanie ? Et Liu Xiaobo en Chine ? Et le père Popieluszko en Pologne ? Combien d'autres, hier comme aujourd'hui, poussent l'indignation jusqu'à ses plus ultimes conséquences.

    Ces « justes » manifestent avec éclat la capacité de soulèvement que peut avoir la conviction, et le pouvoir d'initiative d'individus dont les choix peuvent se situer aux antipodes de l'individualisme (1). Les sociologues, comme Georges Gurvitch, nous ont rappelé que le social, c'est aussi des personnes responsables et agissantes. Et les historiens redécouvrent, après l'engouement pour la « longue durée », le rôle décisif des acteurs et des événements imprévisibles dans le cours de l'Histoire.

    Oui, ce sont les hommes qui font leur propre histoire.

    Parue dans ouestfrance.fr