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Patrimoine religieux - Page 23

  • Le récit officiel de l'islam contesté par les historiens

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    D'Olivier Bonnassies sur La Sélection du Jour :

    Les historiens contredisent le récit officiel de l'islam

    Photo : Les manuscrits de Sanaa, le plus ancien texte du Coran qui a été retrouvé, est un palimpseste (texte écrit sur une première écriture, grattée ou lavée) qui diffère de la version actuelle du Coran.

    Une véritable révolution est en marche concernant les origines de l'islam après la publication, en 2019, du « Coran des historiens » qui remet tout en cause. Même le site de référence des musulmans en France "Oumma.com" reconnaît que La Mecque n'existait pas au temps de Mahomet ou que le Coran est le fruit d'un long processus éditorial. Enquête autour de la vérité sur l'islam.

    Le Coran des historiens, sorti en 2019, est une somme de 3 500 pages qui recense, en trois tomes encyclopédiques, les différentes découvertes historiques relatives à la naissance de l'islam et à la rédaction du Coran. 28 chercheurs et universitaires reconnus ont apporté leur contribution à cette synthèse présentée par certains comme « sans précédent dans l'histoire » (Gavin Mc Dowell) ou comme « le livre le plus important du XXIe siècle » (Hashim Saleh).

    Oumma.com, le site de référence des musulmans en France, a publié une série d'articles se référant à ces recherches. Par exemple : « L'islam à l'épreuve de ses origines »« Origines de l'islam : écueil du discours musulman »« Origines de l'islam : le tabou musulman ? » ou encore « Origines de l'islam : le déni musulman » expliquant qu' « une révolution copernicienne est en train de balayer le champ des études historiques sur les premiers temps de l'islam » en invitant « à ne pas nier l'évidence des acquis de la recherche historique » qui « ébranlent profondément l'historiographie musulmane des premiers temps de l'islam ».

    En substance, il semble d'abord que « La Mecque n'existait pas au temps de Mahomet » (sic). Alors que le récit traditionnel islamique fait remonter la ville à Abraham ou même à Adam, la présentant comme « la mère des cités » (Coran 42,7), un carrefour « florissant » de grandes routes commerciales, y décrivant élevage, pêche et végétation abondante (blé, dattes, olives, vignes, …), tous ces éléments sont formellement contredits par les découvertes historiques. On a pu recenser en Arabie, avant l'islam, vingt-deux sanctuaires païens de forme cubique, appelés eux aussi « Kaaba ». La pratique de tourner autour d'une pierre est déjà attestée dans l'Arabie préislamique idolâtre ou chez les Nabatéens — et les Juifs aussi faisaient exactement cela : 7 fois autour du Temple. La Mecque, avec son pèlerinage et des rituels de même type, semble n'émerger qu'un siècle après Mahomet et auparavant, de 640 à 725, l'orientation de la prière (qibla) n'était jamais vers l'Arabie mais plutôt vers Jérusalem ou Pétra. Enfin, toute une série de faits concordants (descriptions, climat, eau, toponymie, linguistique, caravansérail des Quraychites, archéologie, guerres, témoignages, etc.) font localiser certains événements fondateurs de l'islam « près de Lattaquié » dans le nord de la Syrie, très loin de La Mecque. Elle ne devient centrale qu'à partir de 822, « au IXe siècle » explique Oumma.com qui conclue : « La Mecque serait une création tardive des califes omeyyades ».

    Le Coran, de son côté, apparaît non comme tombé du Ciel mais comme le fruit d'un long processus d'édition, sur environ un siècle, sous l'autorité des califes : les plus anciens manuscrits découverts à Sanaa au Yémen en 1972, analysés par les paléographes allemands Gerd & Elisabeth Puin, sont « datés de la deuxième moitié du VIIe siècle » et « probablement rescapés d'autodafés ordonnés par les califes ». Le livre de l'islam a donc « été élaboré dans le temps » et « procède d'un travail éditorial ». « Les études sur les manuscrits anciens révèlent des activités manifestes de réécritures et de corrections du texte » et « attestent de la circulation de versions concurrentes jusqu'au VIIIe siècle. »

    La figure de Mahomet enfin est également devenue très floue : « l'examen des témoignages non-musulmans contemporains du Prophète et des premières conquêtes arabes dressent de lui un portrait tout à fait étranger à la biographie convenue qu'en donnent Sira et Sunna » écrites du VIIe au Xe siècles sous l'autorité de califes exerçant un pouvoir absolu qui leur a permis de réécrire l'histoire. C'est ainsi qu'on constate « un véritable trou noir » de 150 ans entre la mort de Mahomet vers 632-635 et les premiers écrits musulmans qui contredisent les autres sources. Par exemple, il est établi qu'au départ et jusqu'à la prise de Jérusalem en 637, certaines factions arabes subissent l'influence déterminante de courants juifs ou judéo-chrétiens, mais tout cela sera gommé et oublié par la suite dans le discours qui se fixe à la fin du premier millénaire.

    Comment un récit islamique officiel si différent a-t-il alors pu se constituer ? La vidéo « L'islam est faux » publiée sur Internet propose l'explication la plus logique : les califes avaient objectivement intérêt à glorifier la figure de Mahomet dont ils se proclamaient les successeurs. Avec à la clé la justification « divine » d'une autorité absolue leur permettant de revendiquer le pouvoir, l'argent, les femmes et la soumission de tous leurs sujets au nom de la religion.

    Toutes ces découvertes sont « accablantes pour la crédibilité du discours musulman » (sic) si l'on en croit les articles du site Oumma.com ou les chercheurs du site Al-Kalam qui vient de se lancer. Tout cela devrait continuer à provoquer de grands débats et de grands remous dans l'avenir car effectivement « une véritable révolution est en marche dans les milieux de la recherche islamologique ».

    L’islam à l’épreuve de ses origines

    >>> Lire l'article sur Oumma.com

  • Dernière mesure pour restreindre la liturgie traditionnelle : le document est là

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    De BORGO PIO (NBQ):

    Dernière mesure pour restreindre la liturgie traditionnelle : le document est là

    La vaticaniste Diane Montagna le révèle : le texte décréterait l'arrêt total du rite ancien (avec une tolérance limitée pour les anciens instituts Ecclesia Dei). Mais cela vaut-il vraiment la peine que le Pape inflige une nouvelle blessure à une Église déjà désorientée ?

     26_06_2024

    «Après avoir mené plusieurs enquêtes sur l'actualité récente, j'ai été informée par des sources fiables qu'il existe actuellement un nouveau document du Vatican, plus restrictif que Traditionis Custodes, soutenu par le secrétaire d'État du Vatican, le cardinal Pietro Parolin et présenté au pape François », déclare Diane Montagna, experte du Vatican (The Remnant ). Le document marquerait donc la « solution finale » pour l'ancien rite romain, longtemps aéré ou redouté, qui mettrait fin aux libertés résiduelles subsistant après Traditionis Custodes .

    «Des sources bien informées ont confirmé que le nouveau document, s'il était publié», explique Montagna, «interdirait à tous les prêtres, à l'exception de ceux appartenant aux instituts Ecclesia Dei agréés, de célébrer le Saint Sacrifice de la Messe selon le  Vetus Ordo,  rite ancien, comme on l'appelle communément. Elle interdirait également aux évêques de célébrer ou d'autoriser eux-mêmes  la célébration du Vetus Ordo  dans leurs diocèses et suspendrait les autorisations existantes accordées par le Dicastère pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements post- Traditionis Custodes. Les signes sont déjà là. De plus, ces mois-ci, les autorisations accordées sont sur le point "d'expirer" et la tendance du Vatican est de remplacer les messes actuelles selon le rite ancien par des messes selon le nouveau rite mais en latin et avec l'autel coram Deo, comme s'il ne s'agissait que d'aspects significatifs comme la langue ou l'orientation liturgique. 

    Seuls les anciens instituts Ecclesia Dei pourraient continuer, mais on ne sait pas de quelle manière : « Cependant, il n'est pas clair si et dans quelle mesure les prêtres de ces instituts seront autorisés à administrer des sacrements tels que le baptême, la confirmation et le mariage aux les fidèles sous la forme traditionnelle" et "si les ordinations diaconales et sacerdotales dans le  Vetus Ordo  continueraient à être autorisées". Ce qui serait pourtant conforme aux assurances papales à la Fraternité Saint-Pierre et aussi à l'audience cordiale de lundi dernier à l'Institut du Christ Roi Prêtre Suprême ( voici les photos et le communiqué). Tolérance limitée, face à la disparition totale. Et avec un renversement de tendance : ces réalités, qui sous le pontificat de Saint Jean-Paul II ont été créées pour favoriser la liturgie traditionnelle, seront utilisées sous le pontificat de François pour l'enfermer autant que possible dans et non au-delà de leurs limites.

    Il y a aussi toujours une inconnue favorable : « si » le document sera promulgué. Sera-t-il vraiment opportun pour François de le promulguer et de laisser son pontificat être marqué par une nouvelle blessure dans une Église déjà divisée et désorientée ? À l'époque, Traditionis Custodes avait affligé bien plus de fidèles et de prêtres que ceux réellement touchés par la répression, y compris le pape émérite. Et il y a peu d’explication sur la raison d’une telle fureur (contre une liturgie qui appartenait à toute l’Église latine jusqu’à il y a quelques décennies !) face aux divers  todos, todos, todos  accordés au « monde ». Serait-il question du sensus Ecclesiae, comme on le dit parfois spécieusement ? Si tel était le cas, plutôt que l’ancien rite, ils devraient abolir le Synode allemand.

  • Saint Irénée de Lyon, 37e docteur de l’Église catholique

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    De Loup Besmond de Senneville sur le site du journal la Croix (archive du 21/01/2022):

    Le pape François reconnaît saint Irénée de Lyon comme docteur de l’Église

    Le Vatican a publié vendredi 21 janvier (2022) le décret, signé par le pape, reconnaissant saint Irénée de Lyon comme « docteur de l’unité ».

    Saint, théologien, deuxième évêque de l’église de Lyon. Saint Irénée de Lyon a été officiellement déclaré, vendredi 21 janvier, docteur de l’Église, avec le titre de « doctor unitatis », « docteur de l’unité ».

    « Il a été un pont spirituel et théologique entre les chrétiens d’Orient et d’Occident », peut-on lire dans le décret signé par François. « Son nom, Irénée, exprime cette paix qui vient du Seigneur et réconcilie et qui rétablit l’unité », écrit encore le pape.

    Celui qui fut le successeur de saint Pothin, fondateur de l’Église de Lyon, devient ainsi le 37e docteur de l’Église catholique, titre porté par des personnes non seulement reconnues saintes mais aussi étant à l’origine d’une « doctrine éminente ».

    L’unité comme méthode

    Saint Irénée, mort vers l’an 201, est considéré comme le premier grand théologien de l’Occident. Né en Asie mineure, il fut dans sa jeunesse un disciple de saint Polycarpe de Smyrne, réputé pour avoir été lui-même été proche de l’apôtre saint Jean.

    → COMPRENDRE. Les docteurs de l’Église

    Il fut en particulier l’un des défenseurs les plus virulents du dogme face aux doctrines gnostiques, qui connurent un grand développement à la fin du IIe siècle. Ses travaux sont regroupés dans un traité intitulé, Contre les hérésies. Dénonciation et réfutation de la gnose au nom menteur.

    « Fidèle à sa conception de l’homme marquée par la croissance et la liberté, il propose moins l’unité comme un résultat que comme une méthode et un état d’esprit », peut-on lire dans la présentation d’un colloque international qui lui était consacré en octobre 2020 à Lyon.

    « Son nom, Irénée, porte l’empreinte du mot paix »

    C’est le cardinal Philippe Barbarin, alors archevêque de Lyon, qui, en 2017, avait demandé au pape de proclamer saint Irénée, docteur de l’Église. En octobre 2021, le pape François avait annoncé à un groupe de théologiens catholiques et orthodoxes son intention de faire d’Irénée un docteur de l’Église.

    → RELIRE. Qui est saint Irénée de Lyon

    « Son nom, Irénée, porte l’empreinte du mot paix », avait alors rappelé François. « Nous savons que la paix du Seigneur n’est pas une paix “négociée”, fruit d’accords pour protéger des intérêts, mais une paix qui réconcilie, qui rétablit l’unité. »

    Saint Irénée est le cinquième venant du territoire qui est aujourd’hui la France, après saint Bernard de Clairvaux (proclamé docteur en 1830), saint Hilaire de Poitiers (1851), saint François de Sales (1877) et sainte Thérèse de Lisieux (1997). Il est le deuxième dernier docteur de l’Église proclamé par le pape François, après l’Arménien saint Grégoire de Narek, proclamé docteur en 2015, à l’occasion du 100e anniversaire du génocide arménien.

    Lire : Rencontrez Saint Irénée de Lyon, Docteur de l'Église

    Lire l'enseignement de Benoît XVI consacré à Irénée de Lyon

  • Irénée de Lyon, défenseur de l'orthodoxie catholique (28 juin)

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    Saint Irénée de Lyon

    Le 28 mars 2007, Benoît XVI a consacré sa "catéchèse" du mercredi à ce grand témoin de la Foi (IIe siècle) que l'on fête aujourd'hui : saint Irénée de Lyon

    Chers frères et sœurs!

    Dans les catéchèses sur les grandes figures de l'Eglise des premiers siècles, nous arrivons aujourd'hui à l'éminente personnalité de saint Irénée de Lyon. Les informations biographiques à son sujet proviennent de son propre témoignage, qui nous est parvenu à travers Eusèbe, dans le livre V de l'Histoire ecclésiastique. Irénée naquit selon toute probabilité à Smyrne (aujourd'hui Izmir, en Turquie), vers 135-140, où, encore jeune, il alla à l'école de l'Evêque Polycarpe, lui-même disciple de l'Apôtre Jean. Nous ne savons pas quand il se rendit d'Asie mineure en Gaule, mais son transfert dut coïncider avec les premiers développements de la communauté chrétienne de Lyon:  c'est là que, en 177, nous trouvons Irénée au nombre du collège des prêtres. C'est précisément cette année qu'il fut envoyé à Rome, porteur d'une lettre de la communauté de Lyon au Pape Eleuthère. La mission romaine qui permit à Irénée d'échapper à la persécution de Marc-Aurèle, dans laquelle au moins 48 martyrs trouvèrent la mort, parmi lesquels l'Evêque de Lyon lui-même, Pothin, âgé de 90 ans, mort des suites de mauvais traitements en prison. Ainsi, à son retour, Irénée fut élu Evêque de la ville. Le nouveau Pasteur se consacra entièrement au ministère épiscopal, qui se conclut vers 202-203, peut-être par le martyre.

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  • Du bon goût liturgique et de l'ignorance théologique

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    De Denis Crouan :

    Du bon goût liturgique et de l'ignorance théologique
     
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    Le Figaro de ce 26 juillet montre le futur mobilier liturgique de Notre-Dame de Paris. Il y a de quoi être dubitatif en voyant ce que sera l'autel. 
     
    Traditionnellement et objectivement, un autel est une table où se déroule un repas qui tient son sens de ce qu'il est un sacrifice. Il est aussi l'élément liturgique qui symbolise le Christ, pierre d'angle sur laquelle est bâtie l'Eglise. Il n'est pas réductible à un goût subjectif. 
     
    Or, l'autel prévu pour être placé à Notre-Dame fait davantage penser au véhicule intergalactique de "La soupe aux choux" qui aurait atterri à l'envers qu'à une pierre angulaire en lien avec une doctrine stable soustraite de l'influence des modes."
  • Bruxelles : que vont devenir les églises désaffectées ? Des temples ? Et pourquoi pas des mosquées ?

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    Lu sur La Libre Belgique de ce 24 juin (pp. 4-5) :

    À Bruxelles, le grand casse-tête de la réaffectation des églises 

    Années après années, des églises ferment à Bruxelles. Pour des raisons patrimoniales ou budgétaires, leur assigner un nouvel avenir est cependant très complexe. Les cultes protestants, orthodoxes et islamiques sont cependant ouverts à reprendre certains lieux. Il y a quinze ans, Bruxelles comptait 109 églises diocésaines (relevant donc des paroisses, et non des congrégations religieuses).

    Aux yeux des évêques et au vu d’une pratique à la baisse, c’était devenu trop. Leur nombre a donc baissé. La capitale compte désormais 92 églises catholiques diocésaines en activité. L’objectif était de réorganiser les paroisses autour de clochers principaux et de voir, au cas par cas, les églises qui pouvaient être réaffectées. Lorsque c’est le cas, un ordre de priorité est édicté.

    La première piste est de confier l’église à une communauté catholique qui célèbre les offices dans une langue particulière ou dans un rite oriental. C’est ainsi que l’église Sainte-Thérèse de Schaerbeek a été confiée aux Chaldéens et qu’il y a désormais des églises confiées aux hispanophones, aux Tchèques, aux Philippins, aux Polonais… Sous les voûtes de ces églises, le culte est donc toujours catholique, mais n’est plus célébré en français. Si ce n’est pas envisageable, l’édifice est vendu ou confié à un culte chrétien : essentiellement aux protestants (très présents dans le nord de Bruxelles) et aux orthodoxes.

    Le culte islamique n’est pas fermé au fait de reprendre des églises

    Pour l’heure, il n’est pas dans les intentions de l’Église de confier un lieu de culte catholique aux fidèles musulmans. Les raisons invoquées sont patrimoniales : si le bâtiment est classé avec son mobilier, que faire, par exemple, des vitraux ou des statues qui ne pourraient trouver leur place dans une mosquée ? Elles sont aussi symboliques : voir une église transformée en mosquée serait sans doute très difficile à vivre pour certains chrétiens.

    Nous n’avons aucun problème avec le fait que l’Église catholique préfère confier ses églises à d’autres confessions chrétiennes” , réagit Michaël Privot, administrateur du Conseil musulman de Belgique, l’actuel organe représentatif du culte islamique auprès de l’État. “Cependant, le culte islamique s’est déjà dit ouvert au fait de pouvoir récupérer des églises à Bruxelles. La communauté turque avait par exemple marqué son intérêt pour l’église Sainte-Marie à Schaerbeek. Théologiquement, une telle réaffectation ne poserait pas de problème majeur pour les musulmans. Aujourd’hui, la chapelle de l’Université Saint-Louis, chrétienne d’origine, est devenue un lieu de prière interconvictionnel et, tout au long de l’histoire, on a vu des lieux passer d’un culte à l’autre. L’orientation, par exemple, n’a jamais été un absolu. La grande mosquée de Fès n’est pas tout à fait orientée vers la Mecque.

  • Malgré le triomphe de la sécularisation, le christianisme restera indispensable

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    Du Tagespost (Johannes Hartl) :

    Après l'ère laïque

    Johannes Hartl est convaincu que malgré le triomphe de la sécularisation, le christianisme restera indispensable.

    23 juin 2024

    Si vous souhaitez passer une soirée amusante, surfez sur Internet pour connaître les prédictions futures des époques antérieures. Par exemple, il existe des vidéos YouTube de programmes d’information des années 90 dans lesquels Internet est introduit. À la fin des années 1990, on entendait encore dans les formats en allemand que l'Internet ne se généraliserait certainement pas parce que c'était trop compliqué pour cela. L'empereur Guillaume II aurait déclaré que l'automobile était un phénomène temporaire et qu'il croyait lui-même à l'avenir du cheval. En ce qui concerne l’avenir, la première et la plus importante leçon est que nous ne pouvons pas le prédire. Ludwig Wittgenstein l'a exprimé philosophiquement ainsi : « Lorsque nous pensons à l'avenir du monde, nous pensons toujours à l'endroit où il sera s'il continue comme nous le voyons maintenant, et nous ne pensons pas qu'il ne se déroule pas actuellement, mais dans une courbe et sa direction change constamment. Il y a actuellement très peu de choses qui suggèrent une renaissance du christianisme en Europe. Afin de développer une vision à cet effet, la capacité de l’imagination à penser à quelque chose qui n’est pas encore visible est nécessaire.

    Le désenchantement du monde

    En termes d’histoire humaine, il y a probablement peu de développements plus graves au cours des 500 dernières années que ceux que l’on peut qualifier de « sécularisation » et d’« industrialisation ». Les deux ont à voir l’un avec l’autre. L’histoire à succès de la modernité est une séquence auto-accélérée d’innovations techniques et scientifiques qui ont porté le niveau de vie mondial à des niveaux auparavant impensables. Avec l’exploration et l’asservissement du monde est venu son désenchantement. Comme l'écrit Charles Taylor sur la première page de son ouvrage monumental A Secular Age : En l'an 1500, il était pratiquement impossible en Europe de ne pas croire en Dieu. 500 ans plus tard, la croyance en Dieu semble en quelque sorte inappropriée dans la vie publique, hors du temps, comme quelque chose de presque curieux. Mais le désenchantement a un prix. La question reste ouverte de savoir si la grande tendance à la sécularisation, qui continue de progresser jusqu’à aujourd’hui, touche à sa fin. Les époques ne durent pas éternellement, y compris celles de l'histoire des mentalités. Quoi qu’il en soit, il n’est pas inconcevable que, dans quelques décennies ou quelques siècles, l’Europe regarde en arrière et se demande comment une époque entière a pu perdre de vue quelque chose d’aussi essentiel que la foi en Dieu. Cela semble difficile à imaginer ? Eh bien, depuis que les humains existent, ils sont religieux. Et même aujourd’hui, la vision laïque n’est typique que de l’Occident. Ni en Afrique, ni en Amérique latine, ni en Inde, ni au Moyen-Orient, l’idée selon laquelle tout fonctionne sans religion ne semble convaincante. Nous seuls, en Europe, pensons cela. Mais pour combien de temps ?

    Indépendamment de la question de savoir si la mégatendance de la sécularisation va s’effondrer à un moment donné, le fait est que chaque mégatendance entraîne des fractures internes et des angles morts. Le dernier chapitre de l'épais livre de Taylor porte sur les « fronts troublés de la modernité ». Au cœur de ces fronts difficiles se trouve l’énorme écart entre les promesses et les réalisations réelles de la modernité. Bien que l'écart par rapport aux concepts moraux traditionnels soit récompensé par des expériences momentanées de libération, de plaisir et d'autonomie, à long terme, la solitude des personnes âgées, les familles brisées, les enfants émotionnellement déstabilisés et le sentiment général d'isolement sont un prix élevé. Peu importe combien quelqu’un gagne, combien de médias, d’expériences et de nourriture quelqu’un consomme : à un moment donné, rien de tout cela ne suffira. Le vide intérieur qui se cache dans le cœur de chaque être humain entache toute tentative superficielle d’accepter la banalité d’une existence finalement dénuée de sens. Tout le monde ne ressent pas cela, mais beaucoup d’entre eux le ressentent. Les jeunes vivant aujourd’hui constituent la génération la plus triste jamais étudiée. Les préoccupations concernant la « santé mentale » et les souffrances liées à la dépression, à l’anxiété et aux exigences excessives sont devenues une caractéristique essentielle de la génération Z et de l’Alpha. Les gens ne se portent donc pas mieux à tous égards simplement parce que nous sommes plus rapides et plus riches qu’avant.

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  • Dominus fortitúdo plebis suæ (Introït du 12ème dimanche du temps ordinaire)

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    Introitus Introït
    Ps. 27, 8-9  
    DÓMINUS fortitúdo plebis suæ, et protéctor salutárium Christi sui est: salvum fac pópulum tuum, Dómine, et bénedic hereditáti tuæ, et rege eos usque in sǽculum. Ps. ibid. 1 Ad te, Dómine, clamábo, Deus meus, ne síleas a me: ne quando táceas a me, et assimilábor descendéntibus in lacum ℣. Glória Patri. Le Seigneur est la force de Son peuple, et le protecteur qui ménage les délivrances à Son oint. Bénis Ton héritage; conduis-le à jamais. Ps. Je crierai vers Toi, Seigneur mon Dieu, ne garde pas le silence à mon égard, de peur que, si Tu ne me réponds pas, je ne sois semblable à ceux qui descendent dans la fosse. ℣. Gloire au Père.
  • Mgr Delville, évêque de Liège, sur KTO

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    De KTO TV :

    Mgr Jean-Pierre Delville - Diocèse de Liège (Belgique)

    17/06/2024

    Mgr Jean-Pierre Delville, évêque du diocèse de Liège, est l’invité de "La vie des diocèses" pour parler de l’actualité et des enjeux pastoraux de l’Eglise catholique dans la Province de Liège, en Belgique.

    REPORTAGE à la rencontre des prêtres retraités, âgés de plus de 75 ans, accompagnés le service pour la Santé des acteurs pastoraux, l’organe prévu par le diocèse pour aider ces prêtres dans leurs démarches du quotidien, mais aussi pour leur permettre d’assumer une mission, quelle qu’elle soit. Céline Matthieu, assistante sociale et responsable de l’équipe pour la santé des prêtres au sein du Vicariat, et le père Matthias Schmetz, 83 ans, lui-même responsable des prêtres visiteurs, expliquent leur mission.

    INTERVIEW : Dans le cadre du Synode, le diocèse de Liège a choisi d’entamer une réflexion spécifique sur la question des « ministères institués », en lien avec le motu proprio « Spiritus Domini », promulgué en 2021, dans lequel le pape François a notamment ouvert aux laïcs le lectorat et l’acolytat. Eclairage de Delphine Mirgaux, doctorante en droit canonique, sur la mise en oeuvre de ces ministères institués... Projet européen, Fête-Dieu à Liège, avenir des églises et des chapelles, pastorale des jeunes, Mgr Jean-Pierre Delville revient sur les principaux sujets de la vie du diocèse à l’occasion de cette émission, présentée par Honorine Grasset.

  • Synode : se souvenir du "discours du Biglietto" de Newman

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    De George Weigel sur le Catholic World Report :

    Un ticket pour l'oubli ?

    Alors que l'Église attend l'Instrumentum Laboris, le "document de travail", pour le Synode 2024 en octobre, il faut espérer que ceux qui rédigent ce texte reconnaîtront que ce que Newman a qualifié de "grand mal" est vivant parmi nous aujourd'hui.

    19 juin 2024

    Avant que le pape Paul VI ne simplifie les rituels entourant la création de nouveaux cardinaux, les hommes qui avaient été informés qu'ils avaient été choisis se réunissaient à Rome ; là, un jour ou deux avant le consistoire au cours duquel ils seraient "proclamés" et recevraient le chapeau rouge, ils recevaient ce que l'on appelait le biglietto ("billet"). Remis par un chambellan papal à l'endroit où le futur cardinal se trouvait dans la Ville éternelle, le biglietto était, littéralement, le "billet" annonçant officiellement la nomination de l'homme d'église au Collège des cardinaux et l'admettant, comme le font les billets, au consistoire imminent.

    Il s'agit d'une cérémonie charmante, qui donne généralement lieu à la première des nombreuses fêtes organisées en l'honneur du nouveau cardinal. Mais avant que les célébrations ne commencent, l'homme qui recevait le biglietto était censé faire des remarques.

    Le "discours du biglietto" le plus célèbre de l'histoire a eu lieu il y a cent quarante-cinq ans le mois dernier. Son passage le plus mémorable parle encore à l'Église aujourd'hui.

    John Henry Newman a été l'un des convertis les plus célèbres et l'une des figures les plus controversées du catholicisme du milieu du XIXe siècle. Son parcours personnel de foi l'avait conduit d'un scepticisme juvénile à un anglicanisme robuste et évangélique, puis d'une bourse de l'Oriel College et du pastorat de l'église universitaire de Sainte-Marie-la-Vierge à la direction du Mouvement d'Oxford, qui réformait l'anglicanisme. L'étude approfondie et intense des Pères de l'Église du premier millénaire l'avait finalement convaincu que l'Église d'Angleterre était - en termes de faits historiques, de convictions théologiques et de relations avec le pouvoir de l'État - une autre dénomination protestante. Newman entra donc en pleine communion avec l'Église catholique, ce qui lui coûta ses postes à Oxford et lui valut de nombreux ennuis - de la part des anglicans qui le considéraient comme un traître et des catholiques qui se méfiaient des subtilités de sa théologie.

    Newman, âme sensible et esprit brillant, a souffert pendant des décennies de ce que Dorothy Day a décrit comme la "longue solitude" du converti. Cette souffrance fut considérablement atténuée lorsque le pape Léon XIII, dans l'un des premiers actes de son grand pontificat réformateur, annonça son intention de créer Newman cardinal et de permettre à cet homme désormais âgé de continuer à vivre à l'Oratoire de Birmingham plutôt qu'à Rome (ce qui était alors la règle pour les cardinaux qui n'étaient pas des évêques diocésains).

    Newman se rend donc à Rome et, le 12 mai 1879, prononce son discours de biglietto, dans lequel il se présente en ces termes :

    Au cours de ces longues années, j'ai commis de nombreuses erreurs....mais ce que j'espère pouvoir revendiquer tout au long de ce que j'ai écrit, c'est ceci : une intention honnête, l'absence de buts personnels, un tempérament d'obéissance, la volonté d'être corrigé, la crainte de l'erreur, le désir de servir la Sainte Eglise et, grâce à la miséricorde divine, une bonne dose de succès.

    Et, je me réjouis de le dire, je me suis opposé dès le début à un grand mal. Pendant trente, quarante, cinquante ans, j'ai résisté du mieux que j'ai pu à l'esprit de libéralisme en matière de religion. Jamais la Sainte Église n'a eu autant besoin de champions pour le combattre...

    Le libéralisme religieux est la doctrine selon laquelle il n'y a pas de vérité positive dans la religion, mais qu'une croyance est aussi bonne qu'une autre... Il est incompatible avec la reconnaissance de toute religion comme vraie. Il enseigne que toutes doivent être tolérées, car toutes sont des questions d'opinion. La religion révélée n'est pas une vérité, mais un sentiment et un goût ; ce n'est pas un fait objectif, ni miraculeux ; et c'est le droit de chaque individu de lui faire dire ce qui lui plaît.

    Alors que l'Église attend l'Instrumentum Laboris, le "document de travail", pour le Synode 2024 en octobre, il faut espérer que ceux qui rédigent ce texte reconnaîtront que ce que Newman a appelé un "grand mal" est toujours vivant parmi nous aujourd'hui. La réduction de la foi religieuse à une question de sentiment plutôt qu'à une conviction rationnellement défendable (dont les débuts remontent au théologien allemand Friedrich Schleiermacher au début du 19ème siècle) est peut-être le facteur le plus important de la décadence des dénominations protestantes libérales en petits caucus de travail religieux ayant le lien le plus ténu avec le christianisme de la Grande Tradition.

    Et pourtant, en voyant cela, il y a des catholiques qui proposent de suivre ce même chemin bien tracé vers... quoi ? L'insignifiance totale ? L'oubli ecclésiastique ?

    Lorsque les cardinaux qui dirigent le Synode 2024 parlent de leur désir d'une "Église arc-en-ciel" ou déclarent ouvertes des questions morales réglées, il y a lieu de s'inquiéter : en fait, il y a lieu d'être très inquiet, car la sagesse et la prescience du "discours du Biglietto" de Newman sont ignorées. Et ceux qui ont des yeux pour voir ont vu où cela mène.

  • Sous la basilique Saint-Pierre de Rome repose l’Apôtre Pierre

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    De Maria Milvia Morciano et Jean-Benoît Harel sur Vatican News :

    «Pierre est ici»: comment les ossements de l'Apôtre ont été identifiés

    Sous la basilique Saint-Pierre de Rome repose l’Apôtre Pierre. Cette vérité n’a été prouvée que tardivement, au milieu du XXe siècle, après les fouilles lancées par le Pape Pie XII. Une découverte sensationnelle, qui est venue sublimer presque deux millénaires d’une tradition de prière et de dévotion.

    Du sommet de la coupole, à plus de 133 mètres, jusqu’à l’endroit où reposent les restes de saint Pierre, à quelques mètres sous le sol de l’actuelle basilique, se devine un fil invisible qui retrace des siècles d'histoire. Aujourd’hui visitable, la tombe de saint Pierre n’a pourtant été redécouverte qu’il y a quelques dizaines d’années.

    À sa mort en 1939, Pie XI demande à être enterré près de la tombe de saint Pierre. Un an plus tard, Pie XII, son successeur ose alors lancer des fouilles inédites sur le lieu supposé de la tombe de saint Pierre, presque 1900 ans après son martyre. 

    Crucifié dans le cirque de Néron, sur la rive droite du Tibre à Rome, l’apôtre Pierre est enterré non loin, sur la colline avoisinante faisant office de nécropole, au milieu de nombreux anonymes. Aucun signe n’a été conservé dans les archives de l’Empire romain concernant cet insignifiant pécheur galiléen. Mais les chrétiens ont gardé la trace de ce lieu hautement sacré, lieu de pélerinage depuis presque deux millénaires.

    Le Pape François en prière devant la tombe de saint Pierre, au début de son pontificat.

    Le Pape François en prière devant la tombe de saint Pierre, au début de son pontificat.

    Le triomphe de Gaïus

    Signalé d’abord par un simple édicule, forme de petite chapelle, appelé le triomphe de Gaïus, la tombe de l’Apôtre s’est vue honorée par différents autels dans la basilique constantinienne, puis celui actuel, commandé par Clément VIII en 1549, à l’ombre du baldaquin du Bernin.

    Le triomphe de Gaïus.

    Toutefois seule la transmission orale prouvait la réalité de la tombe de saint Pierre, jusqu’aux fouilles des années 1940, compliquées par la Seconde Guerre mondiale, et surtout jusqu'à l’annonce retentissante de Pie XII lors du message radiophonique de Noël du 23 décembre 1950, à la fin de l'Année Sainte: «la tombe du Prince des Apôtres a été retrouvée». Mais, le Pape poursuit en expliquant qu’il est impossible d’affirmer que les ossements retrouvés parmi tant d’autres dans cette nécropole du premier siècle ont appartenu à saint Pierre.

    La découverte des ossements

    En 1952, l’archéologue et épigraphiste florentine Margherita Guarducci prend la direction des fouilles et va faire une découverte extraordinaire. Spécialiste des inscriptions réalisées de main d’homme, elle travaille sur les nombreux graffiti retrouvés sur les murs du triomphe de Gaïus. Ces inscriptions témoignent de l'activité dévotionnelle et de tout un mouvement des premiers fidèles de la communauté de Rome qui se sont rendus près de cet édicule, pour honorer la mémoire du premier pape.

    Margherita Guarducci se met au travail et déchiffre les différents graffiti parmi lesquels, «Petros eni», c'est-à-dire en grec «Pierre est ici». Près de cette inscription, elle retrouve une boîte précieusement décorée de porphyre insérée dans un trou creusé dans un mur du triomphe de Gaïus. Les ossements contenus dans cette boîte sont ensuite analysés et correspondent à un homme d’une soixantaine d’année et perclus d’arthrose, la maladie des pêcheurs. Saint Pierre est retrouvé. 

    Saint Pierre retrouvé

    Pour Fiocchi Nicolai, professeur de topographie des cimetières chrétiens à l'Institut pontifical d'archéologie chrétienne, «lorsque la capsule constantinienne a été créée, on aurait pris ce qui restait des ossements de Pierre dans la fosse du tombeau et on les aurait placés dans la boîte murale pour les sauvegarder pour l'éternité».

    Une découverte corroborée par les textes les plus anciens, comme celui d’Eusèbe de Césarée au IVe siècle, qui dans ses Historiae ecclesiasticae (II 25, 5-7) fait parler un certain Gaïus, qui assure qu’il peut montrer les tombeaux des apôtres Pierre et Paul, respectivement au Vatican et sur le chemin d’Ostie.

    Lors de l'audience générale du 26 juin 1968, le Pape Paul VI, rappelant les enquêtes et les études passées, tout en précisant que «les recherches, les vérifications, les discussions et les controverses ne s'épuiseront pas avec cela», a fait une «heureuse annonce»: «il nous faut être d'autant plus prompts dans notre joie que nous avons toute raison de croire que l'on a retrouvé les restes mortels -réduits mais sacro-saints- du Prince des Apôtres, de Simon fils de Jonas, du pêcheur appelé Pierre par le Christ, de celui qui fut choisi par le Christ comme fondement de l'Église, à qui le Seigneur a confié les clefs de son royaume, avec la mission de paître et de réunir son troupeau, l'humanité rachetée, jusqu'à son retour final et glorieux».

    Depuis les années 1980, les fouilles de la basilique Saint-Pierre sont accessibles au public, proposant aux fidèles un véritable pélerinage au plus près des origines de l'Église. 

  • Le Sacré-Cœur, une dévotion qui unit l'affection et la raison

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    De Nico Spuntoni sur la NBQ :

    Le Sacré-Cœur, une dévotion qui unit l'affection et la raison

    Le monde offre "une vision superficielle et illusoire de l'amour", où le sacrifice n'est pas envisagé. "Mais l'amour chrétien est plus profond et signifie imiter le Christ". Dans la spiritualité du Sacré-Cœur, l'affection, l'intelligence et la volonté travaillent ensemble. La Bussola s'entretient avec le cardinal Collins.

    19_06_2024

    Juin est le mois consacré au Sacré-Cœur de Jésus. Un culte qui a apporté de grands fruits de sainteté à l'Église et dont la diffusion est particulièrement due à sainte Marguerite-Marie Alacoque (1647-1690). Benoît XVI a rappelé que "dans le cœur du Rédempteur, nous adorons l'amour de Dieu pour l'humanité, sa volonté de salut universel, son infinie miséricorde". Cette dévotion profondément eucharistique est particulièrement chère au cardinal Thomas Christopher Collins qui, lorsqu'il était archevêque de Toronto, a écrit une belle lettre pastorale sur le Sacré-Cœur de Jésus intitulée "Le cœur parle au cœur". Le cardinal canadien revient sur l'importance de ce culte, surtout aujourd'hui, dans cet entretien accordé à la Nuova Bussola Quotidiana. 

    Cardinal Collins, que peut enseigner la couronne d'épines avec laquelle est représenté le Sacré-Cœur de Jésus à une société comme celle d'aujourd'hui où la souffrance fait peur ?

    L'amour véritable implique le sacrifice, et cet amour généreux et sacrificiel implique souvent la souffrance. Nous lisons l'amour sacrificiel de Jésus dans la lettre aux Philippiens (2,6-11), où saint Paul dit que la deuxième personne de la Trinité ne s'est pas accrochée à son égalité avec Dieu, mais qu'elle s'est vidée d'elle-même et est venue dans notre monde, jusqu'à accepter la mort sur la croix. Une couronne d'épines entoure donc le Sacré-Cœur de Jésus, comme lors de sa crucifixion, car l'amour qu'il offre n'est pas autoréférentiel, mais généreusement sacrificiel, comme devrait l'être le nôtre si nous vivons à l'imitation du Christ. Nous partageons la souffrance des autres, et parce que nous vivons dans un monde qui se détourne de Dieu, aujourd'hui comme dans la vie du Christ sur Terre, ceux qui sont fidèles peuvent faire l'expérience de la souffrance. Il y a plus de martyrs aujourd'hui qu'au premier siècle. Notre monde offre souvent une vision superficielle et illusoire de l'amour qui évite la possibilité d'une couronne d'épines ; mais l'amour chrétien est plus profond et signifie imiter le Christ ; il a offert un amour généreux dans un monde de gens au cœur dur, et cela a conduit à une couronne d'épines. Nous, chrétiens, ne devons pas essayer d'éviter le risque de souffrance que courent ceux qui offrent l'amour du Christ dans ce monde parfois froid.

    Un cœur blessé pour symboliser l'amour véritable, l'amour divin. Pourquoi ne s'agit-il pas d'une contradiction ?

    La blessure dans l'image du Sacré-Cœur nous rappelle le fondement biblique de cette dévotion, qui n'est pas un simple exercice de piété, mais qui, comme la dévotion à l'Eucharistie et la dévotion à Marie, a un solide contenu doctrinal enraciné à la fois dans l'Écriture et dans la tradition. En Jean 19, 34, nous lisons qu'un soldat a transpercé le côté de Jésus avec une lance et qu'il en est sorti du sang et de l'eau. Cette blessure au cœur physique de Jésus sur la croix a été considérée à juste titre comme représentative non seulement de sa souffrance, au même titre que la couronne d'épines, mais aussi de la grâce sacramentelle qui découle de la souffrance, de la mort et de la résurrection du Christ. La grande encyclique du pape Pie XII sur le Sacré-Cœur s'intitule Haurietis aquas, d'après le verset du prophète Isaïe (12, 3) : "Vous puiserez avec joie l'eau aux sources du salut". L'amour du Christ se déverse sur nous et, surtout à travers les sacrements, en particulier le baptême et l'eucharistie, nous offre une source de salut dans notre voyage à travers le désert séculaire, dans ce territoire hostile à notre foi, dans lequel nous sommes en route vers la terre promise. L'amour chrétien s'enracine dans la réalité et non dans l'illusion, et cette réalité implique à la fois la lutte contre le mal et la réalité encore plus grande de l'expérience de la grâce de Dieu.

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