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Structures ecclésiastiques

  • « Le Christ doit revenir au centre » (cardinal Erdo)

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    De Franca Giansoldati sur Il Messaggero :

    6 mai 2024

    Les 127 cardinaux électeurs qui composent le Collège des cardinaux ne se connaissant pas tous parfaitement, depuis quelque temps, une revue française spécialisée, Cardinalis-Magazine, fait son entrée dans l'Église. Elle publie des radiographies approfondies des papables potentiels afin de faciliter leur connaissance.

    Le vieil adage selon lequel « celui qui entre pape sort cardinal » s'applique toujours, soulignant l'imprévisibilité des événements au sein de la chapelle Sixtine sur la base d'accords souvent définis dans ces moments pleins de tensions, d'attentes, de programmes et de projets pour l'Église. Le dernier cardinal à avoir fait l'objet d'une analyse approfondie est le très respecté Hongrois Peter Erdo, âgé de 71 ans. Dans le passé, il a participé au conclave qui a élu le pape Benoît XVI et à celui du pape François.

    On l'entend souvent dans les conciliabules informels : archevêque de Budapest, internationalement distingué lorsqu'il était orateur aux synodes sur la famille de 2014 et 2015, il s'est taillé une place de choix en tant que figure de dialogue tout en restant ferme sur les fondamentaux. Il est considéré comme ouvert d'esprit, très cultivé, polyglotte et pro-européen convaincu. Une figure clé de l'Église en Europe et un candidat possible à la succession le moment venu.

    Le premier sujet abordé par Mgr Erdo dans le cadre d'un vaste dialogue a été le phénomène de la déchristianisation, qui mine de manière dramatique la présence de l'Église en Occident depuis des décennies. Comme antidote, Erdo souhaiterait un renforcement des mouvements et de la centralité de la foi.

    « S'il s'agissait d'une période de crise, de nombreuses tendances disparaîtraient rapidement, mais il semble que nous soyons confrontés à une crise à long terme. La crise est toujours synonyme de danger, mais aussi d'opportunité. Mais il est important que notre identité chrétienne catholique reste enracinée dans les choses les plus essentielles, à savoir le fait que le Christ est ressuscité, que nous croyons en Dieu, en la Trinité et en la vie éternelle. Il y a ensuite les éléments secondaires de la tradition, qui ne représentent plus la Sainte Tradition, mais seulement une coutume, une tradition peut-être à respecter, mais pas à observer au prix de notre vie. Ces éléments secondaires peuvent enrichir la religiosité, mais il faut savoir les distinguer. Et les critères, Dieu merci, sont là. Car la Sainte Écriture et les documents authentiques du Magistère ou de la Sainte Tradition sont également présents, sous une forme actualisée, dans le Catéchisme de l'Église catholique, qui est un document providentiel", explique-t-il.

    En ce qui concerne le risque de schisme en Allemagne causé par les poussées ultra-progressistes d'une grande partie de l'épiscopat, Erdo est prudent. Comme beaucoup d'autres, je constate - y compris lors des derniers synodes - qu'une sorte d'« alternative » est en train d'émerger dans l'Église. Certains pensent que le christianisme est presque une religion naturelle, que sur la base de la bonne volonté et de l'ouverture intellectuelle, il peut suivre les besoins des gens dans la société d'aujourd'hui et chercher des solutions qui semblent raisonnables, et si elles ont un lien avec la Bible, c'est encore mieux. Mais il s'agit d'inventer des solutions et des réponses avec une logique humaine ». Puis il répète : « Nous sommes plutôt des disciples du Christ. (...) La voix de Jésus, le fondement de l'Eucharistie, le Notre Père et d'autres choses qui ont été conservées sont précisément le contenu de son enseignement. Nous avons un trésor et nous ne sommes pas condamnés à affronter les problèmes de notre temps les mains vides (...) Alors des catastrophes peuvent toujours se produire ».

    Enfin, la géopolitique n'est pas en reste. « La diplomatie vaticane n'est qu'un des instruments à sa disposition, mais elle peut être d'une grande aide, surtout lorsqu'une communauté catholique se trouve dans une situation d'oppression, de persécution (...) Il est certain que le Saint-Siège peut encore aider au développement, à la stabilisation, à la résolution des problèmes humanitaires dans n'importe quel pays, dans la mesure où l'Eglise catholique a la possibilité de développer son activité. En Hongrie, pendant le communisme, nous avons fait l'expérience qu'il est vital pour l'Église que les catholiques sachent qui est leur évêque, qu'ils aient des Églises locales, des évêques consacrés nommés par le Saint-Siège, et qu'ils ne dépendent pas seulement des forces de la société dans laquelle ils vivent ». 

  • Kasper : le retour ?

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    D'Aldo Maria Valli sur son blog (traduction de "Benoît et moi") :

    Pape, cardinaux et décentralisation dans l’Eglise.

    Kasper le progressiste redescend sur le terrain

    Le 10 avril, l’abbaye Saint-Pierre de Salzbourg – le plus ancien monastère bénédictin du monde germanophone – était remplie de spectateurs venus écouter la conférence introductive donnée par un invité de marque dans le cadre du symposium  » Cardinaux et bénédictins« .

    Le cardinal Walter Kasper, défenseur d’une ligne progressiste dans l’interprétation du Concile Vatican II – et qui était autrefois en désaccord avec le cardinal Joseph Ratzinger pour cette raison – a intitulé son discours Les cardinaux au service de l’Église et de la papauté.

    Le cardinal, qui a joué un rôle de premier plan lors des deux derniers conclaves mais qui est aujourd’hui privé de ses droits en raison de son âge, reste une voix écoutée par le pontife actuel. Selon lui, le synode sur la synodalité sera l’occasion de ramener les cardinaux à leur vraie place.

    L’ex-évêque de Rottenburg-Stuttgart estime que, dans le cadre du synode, le pape François a lancé un grand mouvement de décentralisation de l’Église : il faudrait maintenant faire un nouveau pas vers la réforme du collège des cardinaux, dans le sens d’un prétendu retour aux sources.

    Dans cette perspective, les cardinaux se verraient attribuer une nouvelle prérogative : celle de présider les conciles pléniers dans les régions dont ils sont originaires, afin d’établir une sorte de système bicaméral dans le gouvernement de l’Église, composé du synode des évêques et du Conseil des cardinaux. Du jamais vu dans l’histoire de l’Église.

    D’abord ancrée dans la liturgie, la fonction cardinalice se serait, selon l’ancien professeur de l’université de Tübingen, « politisée » pour devenir le jouet des grandes familles romaines jusqu’à participer au déclin de la Rome décadente de la fin du Moyen-Âge.

    À l’époque moderne, la fonction de cardinal se serait alors réduite à exercer le rôle d’un fonctionnaire de la Curie romaine, avant la grande « redécouverte » de cette vénérable institution lors du Concile Vatican II, qui constitue toujours, selon Kasper, l’alpha et l’oméga de l’Église.

    Les spécialistes s’accordent à voir l’origine lointaine des cardinaux dans le presbyterium, une assemblée de prêtres et de diacres qui assistaient et conseillaient l’évêque dans la conduite de son troupeau. Saint Ignace d’Antioche le décrit comme « le sénat de l’évêque », auquel les fidèles devaient du respect parce qu’il représentait l’évêque, tout en étant en dessous de lui.

    L’évêque de Rome était également entouré d’un presbyterium. Mais « de la similitude d’origine et du fait que le nom de cardinal était commun au haut clergé de Rome et au haut clergé des autres évêchés, on aurait tort de conclure », précise le Dictionnaire de théologie catholique, « que ce nom répondait dans les deux cas à des prérogatives identiques ».

    « Le titre de pape était autrefois donné indistinctement à tous les évêques et il n’est venu à l’idée d’aucun catholique de les mettre tous, pour cette raison, au même rang. Il en va de même pour le nom de cardinal : il était à l’origine générique et n’impliquait en lui-même aucun rôle spécifique ; aucun degré uniforme de pouvoir ; sa valeur exacte était déterminée selon les circonstances. »

    « Les cardinaux d’un diocèse donné autre que celui de Rome ne pouvaient jamais recevoir de leur évêque, pour le partager avec lui, d’autre pouvoir que celui contenu dans les limites de ce diocèse ; mais les dignitaires associés par le Souverain Pontife à l’administration des affaires qui le concernent acquéraient nécessairement un pouvoir et une influence qui s’étendaient à toute l’Église. »

    Ces lignes autorisées suffisent à remettre en cause le bien-fondé historique du « bicamérisme » défendu par le cardinal Kasper, qui reviendrait à diluer davantage l’autorité du Pontife romain.

    « Nous espérons garder François encore quelques années et que ses successeurs achèveront ses réformes », a déclaré le cardinal Kasper.

    Le progressisme est encore loin d’avoir gagné et lors du prochain conclave, sous la grâce bienveillante de l’Esprit Saint, toutes les possibilités sont ouvertes.

    Source : katholisch.de

  • Cette formidable machine nommée Sant’Egidio, qui plaît tant au Pape François

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    De Sandro Magister sur Settimo Cielo (Diakonos.be) :

    La formidable machine nommée Sant’Egidio, qui plaît tant au Pape François

    Le Pape François n’est pas tendre avec les mouvements catholiques nés au XXe siècle qui étaient pour Jean-Paul II une « refloraison de l’Église dans le monde » : Opus Dei, Focolari, Communion et Libération, Légionnaires du Christ, charismatiques, Chemin néocatéchuménal, et bien d’autres encore. Plutôt que de les soutenir, il les punit.

    Mais il en est pourtant un qui trouve grâce à ses yeux : la Communauté de Sant’Egidio.

    François semble la privilégier de manière démesurée. Et la Communauté le lui rend bien en occupant de plus en plus de place dans les hautes sphères de l’Église.

    Les deux dernières conférences de presse organisée par la salle de presse du Vatican, dirigée depuis 2019 par Matteo Bruni, un membre de Sant-Egidio, en sont la preuve.

    Au cours de la conférence de presse du 8 avril, à l’occasion de la première sortie publique du controversé préfet du Dicastère pour la Doctrine de la foi, le cardinal argentin Victor Manuel Fernández, siégeait à ses côtés Paola Scarcella, professeur d’université et responsable de la Communauté de Sant’Egidio pour la catéchèse des personnes handicapées, qui était chargé de donner du crédit à la dernière déclaration doctrinale émise par le cardinal.

    Tandis qu’à la conférence de presse du 22 avril, convoquée pour annoncer la rencontre de François « avec les grands-parents et les petits-enfants » programmée quelques jours plus tard, deux piliers historiques de la communauté trônaient, Vincenzo Paglia et Mario Marazziti, flanqués de l’acteur comique Lino Banfi, invité fréquent du Pape à Sainte-Marthe qui l’a affublé du titre de « papy d’Italie ».

    Cette rencontre du Pape avec les grands-parents, qui s’est tenue le 27 avril, était organisée par la Fondation « Età Grande », elle aussi créée par Sant’Egidio, présidée par Paglia et dont le secrétaire général est le P. Riccardo Mensuali, un autre membre de la Communauté. Cette fondation a été élevée au rang de « papale » et a ses bureaux dans les bâtiments du Vatican situés dans le quartier romain du Trastevere, à quelques encablures du siège historique de Sant’Egidio.

    Mgr Paglia, qui a été évêque de Terni mais qui a été rappelé au Vatican en 2012 pour y occuper des fonctions prestigieuses, est également engagé dans la politique italienne, où il préside depuis 2020 la Commission pour l’aide sociale et sanitaire aux seniors, en lien avec le ministère de la santé.

    Au Vatican, ses principales fonctions sont celles de président de l’Académie pontificale pour la vie et de Grand chancelier du l’Institut pontifical Jean-Paul II pour les sciences du mariage et de la famille.

    Deux autres membres historiques de Sant’Egidio sont d’ailleurs vice-présidents de cet institut : Agostino Giovagnoli, professeur d’histoire contemporaine à l’Université catholique de Milan, et son épouse Milena Santerini, pédagogue dans la même université.

    Mais Giovagnoli est mieux connu comme étant le grand commentateur des questions entre le Vatican et la Chine pour « Avvenire », le quotidien de la Conférence épiscopale italienne, où il défend bec et ongles – en cheville avec le Pape – le bien-fondé de l’accord secret entre Rome et Pékin sur la nomination des évêques, malgré que cet accord n’ait jusqu’ici produit que des résultats controversés et d’ailleurs critiqués par plusieurs parties.

    La compétence sur la Chine que l’on attribue à Giovagnoli est notamment liée au fait qu’il est membre du comité scientifique de l’Institut Confucius de l’Université catholique de Milan, l’un des nombreux instituts du même nom que le régime de Pékin a essaimé dans le monde entier.

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  • Le régime hostile du Congo pourrait être le directeur de campagne idéal du papabile

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    De John L. Allen Jr. sur Crux Now :

    Le régime hostile du Congo pourrait être le directeur de campagne idéal du candidat papal

    5 mai 2024

    ROME - Autrefois, les monarques et les empereurs qui gouvernaient les grandes puissances catholiques de l'époque revendiquaient ce qu'ils appelaient de manière plutôt fantaisiste un jus exclusivae, ou « droit d'exclusion », lors des élections papales, c'est-à-dire le pouvoir d'exercer un veto sur un candidat particulier.

    La dernière fois que ce droit d'exclusion a été invoqué, c'était en 1903, lorsque l'empereur François-Joseph d'Autriche s'est opposé au choix éventuel du cardinal Mariano Rampolla, que les Autrichiens considéraient comme excessivement pro-français. En conséquence, le cardinal Giuseppe Sarto de Venise a été élu à la place comme pape Pie X, et l'un de ses premiers actes a été de publier le Commissum nobis le 20 janvier 1904, abolissant de fait le veto impérial.

    Il est ironique de constater qu'aujourd'hui, le jus exclusivae continue d'exister, mais avec l'effet inverse : La perception des efforts déployés par les puissances séculières pour bloquer la carrière d'un ecclésiastique donné favorise sans doute ses perspectives papales au lieu de les retarder.

    La République démocratique du Congo nous le rappelle en ce moment : une nouvelle enquête judiciaire sur le cardinal Fridolin Ambongo de Kinshasa, accusé de sédition et de fomenter la désobéissance au sein des forces armées du pays, semble être une tentative plutôt transparente d'intimider et de museler le prélat de 64 ans, qui est souvent une épine dans le pied du gouvernement congolais.

    En effet, le régime du président Félix Tshisekedi pourrait faire une énorme faveur à Ambongo en renforçant sa célébrité mondiale, en le transformant potentiellement en martyr et en cause célèbre. Si tel est le cas, ce serait un résultat particulièrement ironique pour Tshisekedi, dont le grand-oncle a été évêque catholique au Congo pendant 28 ans.

    Malgré ce pedigree, les relations de Tshisekedi avec les hiérarques catholiques actuels du pays, en particulier Ambongo, n'ont jamais été étroites. D'une part, Tshisekedi s'est éloigné de ses racines catholiques, pratiquant son culte dans une méga-église pentecôtiste appelée le Centre missionnaire Philadelphie et s'entourant d'un groupe de pasteurs-conseillers pentecôtistes et évangéliques.

    Plus fondamentalement, Ambongo et ses confrères évêques ont constamment critiqué Tshisekedi pour des raisons de justice sociale, reprochant au gouvernement de prétendues déficiences démocratiques, de ne pas s'être attaqué à une situation sécuritaire désastreuse dans l'est du Congo, du rôle des intérêts miniers multinationaux dans les affaires nationales, et d'une foule d'autres questions.

    Il faut dire qu'en agissant ainsi, Ambongo perpétue une grande tradition africaine et congolaise. Dans de nombreuses nations africaines, où la société civile est sous-développée et l'opposition politique étouffée, les églises sont souvent la seule sphère de vie où une vision véritablement alternative peut être articulée. En conséquence, les chefs religieux jouent souvent un rôle directement politique qui, selon les normes occidentales de séparation de l'Église et de l'État, peut sembler excessif.

    Pour prendre un exemple classique, le prédécesseur d'Ambongo à Kinshasa, feu le cardinal Laurent Monsengwo Pasinya, a été président d'un « Haut Conseil de la République » transitoire après la fin du régime de Mobutu Sese Seko, faisant de Monsengwo le chef d'État de facto du pays. Plus tard, il a également été président transitoire du parlement national en 1994.

    Ce qui rend tout cela pertinent pour les élections papales, c'est qu'Ambongo a récemment émergé comme un nouveau papabile, ou candidat à devenir pape, principalement en raison de sa gestion habile de la résistance africaine à la Fiducia Supplicans, le document hyper-controversé du Vatican autorisant la bénédiction des couples dans les unions de même sexe.

    En tant que président élu de la Conférence épiscopale d'Afrique et de Madagascar (SECAM), M. Ambongo a conduit ses collègues prélats africains à rédiger une déclaration commune déclarant que la Fiducie restait lettre morte sur le continent. Il a pourtant publié cette déclaration avec la bénédiction du pape François et en coordination avec le cardinal Victor Manuel Fernandez, chef du Dicastère pour la doctrine de la foi et principal auteur de Fiducia, gagnant ainsi le respect des détracteurs du document et des partisans du pape.

    Après avoir fait tourner les têtes sur une question ad intra, c'est-à-dire une question relative à la vie interne de l'Église, le rôle ad extra d'Ambongo est maintenant sous les feux de la rampe grâce aux efforts du gouvernement congolais pour l'intimider et l'obliger à se taire.

    En mars, le Congo a annoncé qu'il levait l'interdiction de la peine de mort, en vigueur depuis deux décennies, et qu'il rétablissait la peine capitale pour les cas de trahison et d'espionnage. Si personne ne s'attend sérieusement à ce que les procureurs cherchent à mettre Ambongo à mort, les accusations de sédition dans un pays confronté à une rébellion armée ne sont pas une plaisanterie, et il est difficile de prédire à ce stade la gravité de la menace qui pèse sur Ambongo.

    Si l'enquête devait déboucher sur des accusations ou d'autres mesures juridiques, l'une des conséquences prévisibles serait de faire du sort d'Ambongo une question d'intérêt catholique mondial, ce qui rehausserait considérablement son profil.

    En termes de politique papale, non seulement cela donnerait à Ambongo une plus grande reconnaissance de son nom, mais cela mettrait également en lumière les aspects de son CV susceptibles de trouver un écho auprès des électeurs de la « continuité », c'est-à-dire les cardinaux désireux de poursuivre l'agenda du pape François. Son rôle au sein de la Fiducia a été bien accueilli par les conservateurs, mais ses conflits avec le gouvernement congolais reposent en grande partie sur les motifs classiques du pape François.

    Lors de sa visite dans le pays en janvier 2023, le souverain pontife a dénoncé le colonialisme économique, insistant notamment sur le fait qu'il ne fallait pas toucher à la République démocratique du Congo ni à l'Afrique. Ce n'est pas une mine à exploiter, ni un terrain à piller ».

    Aujourd'hui, Ambongo confirme ce message, au prix de certains risques personnels, d'une manière que les partisans de François ne peuvent s'empêcher d'admirer.

    En d'autres termes, en tentant d'étouffer Ambongo, le régime congolais pourrait par inadvertance se révéler être le meilleur directeur de campagne qu'un papabile puisse jamais avoir - qu'il le veuille ou non.

  • Qui seront les cardinaux arc-en-ciel du prochain conclave ?

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    De Nico Spuntoni sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    Qui seront les cardinaux arc-en-ciel du prochain conclave ?

    Même dans les soi-disant périphéries, tout le monde ne pense pas comme Ambongo, homme-symbole de la rébellion contre les suppliciés de la Fiducie. Parmi les électeurs du futur pape, il y aura un quota particulièrement sensible aux groupes Lgbt.

    30_04_2024

    Il n'y a pas que Tucho Fernandez. Au sein du sacré collège, façonné par François au gré de neuf consistoires en onze ans, l'actuel préfet du Dicastère pour la doctrine de la foi est loin d'être le seul cardinal à s'être montré particulièrement sensible aux questions LGBT dans l'Église. Les positions sur le sujet de cardinaux considérés comme ultra-progressistes tels que les Américains Blaise Cupich et Robert McElroy, l'Allemand Reinhard Marx, le Luxembourgeois Jean-Claude Hollerich et l'Autrichien Christoph Schönborn sont bien connues. Le manque de connaissance parmi les membres du collège conduit cependant à sous-estimer l'étendue du soutien aux communautés LGBT engagées dans la revendication d'une plus grande ouverture au sein de l'Église.

    C'est particulièrement vrai pour les noms les moins en vue des futurs électeurs du successeur de François. Les choix contre-culturels opérés dans les consistoires par le pape argentin ont fait croire à tort que c'est précisément de ces périphéries privilégiées durant l'actuel pontificat qu'aurait pu venir une surprise au nom de la discontinuité par rapport à la ligne ouverte de la dernière décennie. La publication de 'Fiducia supplicans' et la résistance de l'épiscopat africain et de plusieurs évêques dans le monde ont donné l'illusion de confirmer cette vulgate. Plus d'un ont pensé que le cafouillage du feu vert aux bénédictions pastorales pour les unions homosexuelles pouvait renverser le résultat considéré comme acquis du prochain conclave, isolant ceux qui voulaient aller trop loin. Mais parmi les électeurs du sacré collège, expression des périphéries, tout le monde ne pense pas comme Fridolin Ambongo Besungu, l'homme qui symbolise la rébellion africaine contre la Déclaration du Dicastère pour la Doctrine de la Foi. En dehors de l'Afrique, en effet, quelques cardinaux "périphériques" sont sensibles à la cause arc-en-ciel.

    L'un des plus actifs est l'Indien Anthony Poola, qui dirige la HASSS (Hyderabad Archdiocese Social Services Society) dans son diocèse, laquelle dispose d'un programme ad hoc pour l'émancipation des transgenres. Les initiatives de l'archidiocèse dans ce domaine sont soutenues par Misereor, l'organisation de coopération internationale de la Conférence épiscopale allemande. Outre des actions louables telles que l'assistance médicale et la formation professionnelle pour la production de sacs de jute, l'HASSS a également organisé des célébrations de Noël inclusives et une journée des femmes dédiée à la communauté transgenre. Le cardinal Poola a participé à ces événements et, à cette occasion, il a donné raison aux récentes indications du Dicastère pour la doctrine de la foi qui ont ouvert la participation aux sacrements du baptême et du mariage aux personnes transgenres et homoaffectives. 

    Sur le même continent, mais aux Philippines, l'actuel archevêque métropolitain de Manille est le cardinal Jose Fuerte Advincula qui, le jeudi saint 2023, afin de répondre à l'appel du pape à "devenir une Église plus à l'écoute et plus compatissante", a décidé de laver les pieds de Ryan Borja Capitulo, choisi précisément en tant que représentant de la communauté LGBT. Il convient toutefois de souligner que M. Capitulo a expliqué qu'il avait accepté en s'engageant à partager son "combat permanent (...) pour vivre dans la chasteté et la pureté sexuelle, en vivant l'enseignement catholique sur l'homosexualité et en accompagnant mes compatriotes LGBT sur notre chemin de foi".

    De l'Asie au Pacifique : l'évêque de Tonga Soane Patita Paini Mafi est un ami de la Tonga Leitis' Association, la seule association pro-LGBT existante dans le royaume polynésien. Le 6 décembre 2016, Mafi est intervenu lors du congrès national de l'association et a félicité les militants arc-en-ciel pour leur discussion ouverte avec les autorités religieuses. À cette occasion, parlant des droits lgbt dans l'Église, le cardinal a déclaré : "Nous espérons parler de ces choses de plus en plus avec des mots encourageants les uns avec les autres. Mais la chose fondamentale est de faire en sorte qu'ils se sentent acceptés. Ils sont appréciés dans leur dignité. Ce sont des personnes créées par Dieu. Ces dernières années, M. Mafi a continué à assister aux conférences de l'association et, en décembre 2020, il a célébré une messe dans la basilique Saint-Antoine de Padoue pour la communauté transgenre locale connue sous le nom de "leitis", se laissant représenter aux côtés d'activistes arborant des symboles arc-en-ciel. L'évêque de Tonga a même participé à un documentaire consacré à leurs luttes, sorti en 2018 sous le titre Leitis in Waiting. 

    L'habitude des groupes pro-lgbt caractérise également certains des futurs électeurs brésiliens. C'est le cas du cardinal Sérgio da Rocha, archevêque métropolitain de São Salvador da Bahia, qui, lors de la célébration d'une messe ad hoc pour les victimes de la transphobie le 21 mai 2021, a accepté une demande du Centre de plaidoyer et de défense des droits LGBT de l'État de Bahia et a consenti à ce qu'une drag queen chante l'Ave Maria à la fin de la liturgie. Toujours au Brésil, le cardinal Leonardo Ulrich Steiner, qui s'est déjà prononcé en faveur de la légalisation des unions homosexuelles, est évêque de Manaus, où se trouve l'église de São Sebastião qui, il y a trois ans, a été le théâtre de l'enregistrement d'un clip vidéo réalisé par un groupe LGBT. 

    Lointain ou proche, sans exclure un éventuel nouveau consistoire avant le début de la nouvelle session du Synode en octobre, le prochain conclave devra compter avec cette sensibilité généralisée sur les questions de l'arc-en-ciel. Il n'est pas certain que la mise sur la table des congrégations générales (s'il y en a) de Fiducia supplicans ou en tout cas une approche trop musclée garantisse un consensus dans les périphéries pour ceux qui voudraient un agenda en discontinuité avec le pontificat actuel (bloc africain mis à part, au sein duquel il y a cependant l'exception du Sud-Africain Stephen Brislin). Le quorum de la majorité des deux tiers, rétabli par Benoît XVI, exigera des cardinaux qui veulent exercer une influence de suivre l'invitation évangélique à être "prudents comme des serpents et simples comme des colombes", confiants dans le fait que, comme l'a rappelé Ratzinger lors de sa dernière audience générale, "la barque de l'Église n'est pas la mienne, elle n'est pas la nôtre, mais elle est la sienne, et le Seigneur ne la laisse pas sombrer".

  • Le pape François vient-il d'approuver le "shopping paroissial" ?

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    Du Père Raymond J. de Souza sur le National Catholic Register :

    Le pape François vient-il d'approuver le "shopping paroissial" ?

    COMMENTAIRE : L'anomalie canonique, suggérée par le Saint-Père dans une interview avec CBS News, était autrefois une anomalie mais est devenue la norme parmi les catholiques.

    25 avril 2024

    Dans une interview publiée mercredi, le Pape François a approuvé une pratique qui était autrefois mal vue mais qui est maintenant un phénomène robuste parmi les catholiques pratiquants : choisir sa propre paroisse.

    Le pape François a accordé une interview à Norah O'Donnell de CBS News - sa première interview télévisée avec une chaîne américaine. L'intégralité de l'entretien sera diffusée dans l'émission "60 Minutes" le mois prochain, mais des extraits ont été publiés mercredi, qui traitent des guerres en Ukraine et à Gaza, ainsi que du changement climatique. Les réponses du Saint-Père s'inscrivent dans la lignée de ses récents et fréquents commentaires sur ces questions.

    Ce commentaire ne sera pas considéré comme une nouvelle, mais il reste digne d'intérêt :

    "Je dirais qu'il y a toujours une place, toujours", a déclaré le pape François, s'adressant à ceux qui ne voient pas de place pour eux dans l'Église catholique. "Si dans cette paroisse le prêtre ne semble pas accueillant, je comprends, mais allez voir ailleurs, il y a toujours une place. Ne fuyez pas l'Église. L'Église est très grande. ... Il ne faut pas la fuir".

    Le pape François propose ce que l'on appelait autrefois, par dérision, le "shopping paroissial".

    En droit canonique, un catholique appartient à la paroisse sur le territoire de laquelle il réside. Il existe des exceptions à cette règle, notamment les "paroisses personnelles", dans lesquelles la paroisse inclut les personnes appartenant à certaines catégories "personnelles", telles que la langue, l'ethnie, les associations, le campus, les professions ou les traditions liturgiques. Mais il s'agit là d'exceptions. La norme veut que votre paroisse soit celle où vous vivez.

    À certaines époques de l'histoire récente, ce lien était si fort que les catholiques s'identifiaient à leur paroisse. "Je suis de Sainte-Croix", plutôt que le nom civique du quartier.

    Au cours des dernières décennies, la facilité des transports et la mobilité sociale ayant augmenté, le nombre de catholiques qui choisissent leur paroisse non pas en fonction de leur lieu de résidence, mais selon un autre critère, a augmenté. Les enquêtes indiquent généralement que l'horaire des messes tend à prédominer parmi ces raisons, mais la qualité et le style de l'architecture, de la prédication, de la musique et de la liturgie sont également des facteurs. Parfois, les programmes pour les enfants, les jeunes, les familles ou les personnes âgées sont déterminants. 

    Cette anomalie canonique est mise en évidence lors des baptêmes ou des mariages, pour lesquels le pasteur de la paroisse doit donner son accord. Le couple en question peut être totalement inconnu dans sa paroisse territoriale, car il a choisi de fréquenter une autre paroisse territoriale. Cela peut s'arranger, bien sûr, mais il faut le faire. 

    Cela vaut pour les catholiques pratiquants. Pour les couples - souvent la majorité - qui demandent le mariage ou le baptême et qui ne franchissent jamais la porte d'une église, il importe peu de savoir où ils ne vont pas. Ils sont aussi éloignés spirituellement de leur paroisse d'origine que de n'importe quelle autre.

    Pour les catholiques pratiquants de moins de 40 ans qui s'engagent à observer fidèlement l'obligation dominicale, des impressions anecdotiques suggèrent que la plupart d'entre eux choisissent leur paroisse non pas par territoire mais par préférence. Dans les grandes villes, les jeunes catholiques ont pris l'habitude de se rassembler dans quelques paroisses où ils créent des communautés de jeunes adultes dynamiques. 

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  • L'impossible débat synodal sur les diaconesses

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    D'Ed. Condon sur The Pillar :

    L'impossible débat synodal sur les diaconesses

    25 avril 2024

    Un responsable du synode du Vatican a de nouveau évoqué cette semaine la possibilité d'introduire des femmes diacres dans l'Église dans une interview accordée à un journal catholique allemand. 

    Dans une interview accordée à la publication allemande Die Tagespost, la sous-secrétaire du synode, Sœur Nathalie Becquart, a déclaré que l'introduction de femmes diacres sur une base régionale était "une possibilité" à la suite du processus synodal.

    Depuis sa nomination au secrétariat permanent à Rome en 2021, la religieuse s'est imposée comme une sorte de booster itinérant du processus synodal mondial. 

    Dans son interview, publiée en avant-première le 24 avril, elle souligne que la question des femmes diacres reste un point de discorde, qui n'a pas pu faire l'objet d'un consensus lors des assemblées synodales d'octobre. 

    Au lieu de cela, a-t-elle déclaré au journal, "le synode pourrait mettre l'accent sur cette diversité en poursuivant la décentralisation", et elle a cité le rétablissement du diaconat permanent à la suite du concile Vatican II, qui a été laissé à l'appréciation des conférences épiscopales pour qu'elles le mettent en œuvre, ou non, selon leur convenance.

    Bien qu'elle n'ait pas personnellement soutenu l'institution de femmes diacres, les commentaires de Becquart sont susceptibles de susciter une controverse alimentant les attentes quant à la possibilité même d'une telle évolution, étant donné qu'il semble y avoir peu de consensus parmi les participants synodaux ou les défenseurs d'un diaconat féminin plus largement, sur ce que serait exactement une femme diacre.

    Ce manque d'accord sur ce que pourrait être une "diaconesse" pourrait s'avérer être un obstacle plus important à leur introduction que l'opposition générale à la notion d'un diaconat féminin.

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    La question des femmes diacres est débattue dans l'Église depuis plus d'une décennie, souvent dans le contexte des réunions du synode des évêques à Rome, au milieu de discussions plus larges sur la manière d'ouvrir de nouveaux rôles et de nouvelles voies de leadership pour les femmes dans l'Église.

    Pour beaucoup, y compris d'éminents dirigeants de l'Église dans la "voie synodale" controversée d'Allemagne, l'ordination sacramentelle complète des femmes est une ambition déclarée - souvent présentée comme une exigence - pour la "modernisation" de l'Église au cours du troisième millénaire.

    À cette fin, l'avancement de l'ordination diaconale féminine est souvent considéré comme une première étape nécessaire vers l'ordination sacerdotale féminine mais, comme Becquart l'a souligné dans son interview, le pape François a clairement déclaré qu'elle n'était pas possible dans l'enseignement de l'Église, même s'il est apparemment disposé à écouter le cas des "diaconesses", pour lesquelles il y avait un certain précédent dans l'Église ancienne.

    En 2016, François a mis en place une commission au sein de la Congrégation pour la doctrine de la foi pour examiner le rôle historique des "diaconesses" dans l'Église primitive. Bien que cette commission n'ait pas rendu de conclusions définitives, François lui-même a noté que le rôle historique n'était pas apparenté à l'ordination sacramentelle et était plus proche du rôle d'une abbesse dans de nombreux cas.

    La question a refait surface lors du Synode sur l'Amazonie, le document synodal final demandant que la question soit réexaminée, ce que le pape a accepté de faire.

    Entre-temps, l'Église a déclaré à plusieurs reprises que le fait de réserver l'ordination sacerdotale aux seuls hommes est une fonction de la loi divine et que l'Église n'a pas le pouvoir de la modifier ou de s'en écarter. 

    Mais la question de savoir s'il existe une marge de manœuvre théologique ou doctrinale entre l'ordination de femmes prêtres et diacres reste au centre du débat actuel. 

    Certains théologiens et évêques ont fait valoir que, puisque les diacres n'ont pas le pouvoir du ministère sacramentel au-delà de ceux qui sont communs à tous les fidèles, conférer l'ordination diaconale aux femmes ne remettrait pas directement en cause l'enseignement sur la réservation de l'ordination sacerdotale aux seuls hommes.

    Cependant, d'autres théologiens ont souligné que l'Église reconnaît et enseigne qu'il n'y a qu'un seul sacrement de l'ordre, commun aux diacres, aux prêtres et aux évêques, chaque classe d'ecclésiastiques recevant une plénitude d'ordres croissante. L'enseignement de l'Église qui exclut les femmes de l'ordination sacramentelle, affirment-ils, s'applique aux trois grades puisque la nature essentielle du sacrement ne peut être divisée.

    François lui-même a souligné, pas plus tard qu'en octobre dernier, que l'enseignement immuable de l'Église sur l'ordination masculine concerne le sacrement unifié des "ordres sacrés", plutôt qu'une compréhension plus étroite de "l'ordination sacerdotale", et il a précédemment resserré le langage canonique pour refléter cette compréhension.

    En 2021, le pape a promulgué une version révisée du livre VI du Code de droit canonique, le code pénal universel de l'Église. Dans le cadre de cette révision, une nouvelle version du canon 1379 a été publiée.

    La formulation précédente de la loi prévoyait la peine d'excommunication pour "une personne qui simule l'administration d'un sacrement", alors que la nouvelle version excommuniait spécifiquement "à la fois une personne qui tente de conférer un ordre sacré à une femme, et la femme qui tente de recevoir l'ordre sacré". 

    Cette formulation a été considérée par de nombreux canonistes comme un renforcement important à la fois de la discipline d'interdiction de l'ordination diaconale féminine et de la théologie de la nature unifiée des ordres sacrés, puisqu'elle reconnaissait la nature " simulée " d'une telle tentative d'ordination à n'importe quel niveau, ce qui signifie qu'elle serait invalide de par sa nature, et pas seulement un acte illicite comme ce serait le cas d'une consécration irrégulière d'un homme en tant qu'évêque, par exemple.

    Néanmoins, les partisans des femmes diacres continuent d'utiliser le langage de l'"ordination" dans leurs pressions sur la question, y compris dans le processus synodal mondial - et même de lier explicitement ces discussions à la perspective de l'ordination sacerdotale des femmes.

    Dans son interview avec Tagespost, Becquart semble faire une référence similaire à une division des rangs des ordres sacrés. 

    Selon le journal, alors que Sœur Nathalie Becquart a déclaré que le pape François n'était pas disposé ou pas en mesure d'introduire des femmes diacres à l'heure actuelle en raison de préoccupations pour l'unité de l'Église; le pape n'est "pas ouvert à l'ouverture de l'ordination sacerdotale aux femmes" pour des raisons sacramentelles.

    Pourtant, alors que les théologiens, les cardinaux et les activistes continuent de débattre pour ou contre l'impossibilité de l'ordination diaconale sacramentelle pour les femmes, peu de conversations ou de réflexions ont été menées pour explorer les autres modèles de "diaconesses" qui seraient possibles en accord avec l'enseignement de l'Église et en s'appuyant sur des exemples anciens.

    Au lieu de cela, la discussion actuelle sur les femmes diacres, tant de la part de ceux qui y sont prudemment opposés que de ceux qui y sont farouchement favorables, reste bloquée au niveau du débat sur l'impossibilité sacramentelle. 

    Lorsqu'on les presse, toutes les parties concèdent que d'autres modèles de diaconesses non sacramentelles pourraient être envisagés. Mais, jusqu'à présent, aucune des deux parties au débat ne semble intéressée à développer les aspects pratiques de ces possibilités. 

    Jusqu'à ce qu'ils le fassent, les appels synodaux ou les recommandations pour que les Églises locales aient la latitude d'instituer des diaconesses - comme le suggère Becquart - semblent avoir peu de chances de figurer dans un document synodal final, et encore moins de trouver la faveur du Pape.

  • Selon Parolin, les réformes du pontificat de François sont irréversibles

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    De Vatican News (it) (Salvatore Cernuzio) :

    Parolin : pas de retour en arrière sur les réformes du pontificat de François

    Qu'adviendra-t-il des réformes entreprises par le Pape ? Ces "processus" sur l'évangélisation, sur le rôle des femmes et des laïcs, et d'autres encore, initiés ou en cours, non pas pour occuper l'espace - comme le disait Jean XXIII - mais pour susciter des réflexions, des questions et surtout des réponses pour l'Église et le monde d'aujourd'hui ?

    La question fait partie des "Cinq questions qui agitent l'Église", comme le titre le livre du journaliste Ignazio Ingrao, vaticaniste pour Tg1, publié par San Paolo, et présenté cet après-midi, 24 avril, dans une salle Spadolini bondée au ministère de la Culture. Il s'agit d'un volume vaste et multiforme qui va des nouvelles et de l'actualité de l'Église universelle - les nominations à la Curie ou l'expansion des églises pentecôtistes en Amérique latine - au magistère du pape François et aux documents du Saint-Siège. Fiducia Supplicans n'est pas en reste.

    Le risque d'un demi-tour

    C'est le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d'État du Vatican, qui s'est attardé sur chacune des questions posées par le livre, en commençant par la dernière, celle sur les processus engagés au cours de ces onze années de pontificat : "Qu'adviendra-t-il des réformes entreprises par le pape François ?" À cette question, a dit le cardinal - assis à la table des orateurs avec le ministre de la Culture, Gennaro Sangiuliano - "il y en a aussi une qui sonne pour certains comme une menace et pour d'autres comme une illusion : y a-t-il le risque d'un demi-tour ?".

    "Pour tenter d'apporter une réponse, le cardinal s'est ensuite référé aux paroles de la Lettre de Jacques : "Soyez donc patients, mes frères, jusqu'à l'avènement du Seigneur...". Ici, a ajouté le Secrétaire d'Etat, "le discernement, qui n'est pas une simple intuition mais le fruit d'une prière continue dans l'Esprit, indiquera, dans le temps détendu de ceux qui savent être patients, comment continuer et ce qu'il faut rendre institutionnel. C'est précisément parce qu'il s'agit de l'action de l'Esprit qu'il ne peut y avoir de demi-tour".

    Ecclesia semper reformanda

    Nous parlons donc de "processus irréversibles", comme l'a dit Ingrao lui-même dans son introduction, auxquels doit correspondre "une réponse pastorale" qui est "importante et nécessaire mais pas suffisante" parce qu'"une réponse éthique et morale est nécessaire". Mgr Parolin s'est fait l'écho de ces déclarations de l'auteur, en rappelant également l'expression latine bien connue "Ecclesia semper reformanda", qui signifie, a-t-il expliqué, que "l'Église doit toujours être ramenée à sa forme propre". Lumen Gentium l'exprime ainsi : "Alors que le Christ n'a pas connu le péché", l'Église "qui comprend en son sein des pécheurs" a "besoin de se purifier, en avançant sur le chemin de la pénitence et du renouveau".

    Des difficultés comme autant d'opportunités

    Dans son discours, le cardinal a ensuite réfléchi au verbe contenu dans le titre du livre d'Ingrao, "agitate" : "Il m'a frappé", a-t-il dit, car "il semble inviter le lecteur à parcourir le texte avec cette conscience et cette prudence avec lesquelles nous abordons la narration d'une situation de trouble et de peur que nous trouvons dans l'Évangile de Matthieu" avec l'épisode de la barque déchaînée. "Toute traversée, même celle de l'histoire, est une traversée", a affirmé le cardinal, "les difficultés peuvent être lues non seulement comme des troubles, non seulement comme des dangers, mais aussi comme des opportunités" ; cela "fait partie de la sage pédagogie de Dieu avec laquelle il nous éduque, nous fait mûrir et progresser". 

    La joie de l'Évangile

    Le cardinal a également fait référence à Evangelii Gaudium, le document programmatique du pontificat de Jorge Mario Bergoglio, en réponse à l'une des cinq questions du volume : "Où en est l'Église sortante ? Quelle est la distance qui sépare l'Église de la réalité d'aujourd'hui, malgré ses efforts ? M. Parolin a ajouté une autre question : "Qu'est-il advenu de cette joie de la redécouverte de l'Évangile ? "Le grand risque du monde d'aujourd'hui est une tristesse individualiste", a-t-il déclaré.

    Les jeunes et les églises pentecôtistes

    Mgr Parolin a ensuite analysé une à une les cinq questions. La première, tout d'abord : une "fresque sur les jeunes", toujours en équilibre entre "explorateurs" et "avant-postes d'une société distraite par les médias sociaux". Des jeunes avec une sensibilité écologique et sociale, "avec une attention profonde à l'époque et aux défis du pontificat", dont les vrais sentiments et la capacité de rêver doivent être "réveillés". Sur la deuxième question, centrée sur la "fascination" exercée en Europe et surtout en Amérique latine par les églises pentecôtistes, le cardinal a rapporté les différentes opinions sur ce phénomène : entre ceux qui parlent d'une conséquence du soutien économique des Etats-Unis "pour contrer la dérive marxiste alimentée par la théologie de la libération" et ceux qui au contraire voient un paradoxe : "L'Eglise a choisi les pauvres et les pauvres ont choisi les pentecôtistes". Mgr Parolin a plutôt voulu rappeler ce que Benoît XVI et François ont dit à maintes reprises : "L'Église ne grandit pas par le prosélytisme mais par l'attraction".

    L'ouverture aux laïcs et aux femmes

    La troisième question sur l'ouverture aux laïcs et aux femmes est également d'actualité : "Est-ce une réalité ou une façade ? demande Ingrao dans le livre. Et Parolin a répondu précisément avec les mots du livre dans lequel il rappelle les expériences des femmes, qui pour le Pape François ont un point de vue privilégié et qui sont racontées "en filigrane par rapport à ce qui est énoncé dans l'exhortation post-synodale Querida Amazonia". Des femmes qui offrent une contribution à l'Église "à leur manière, en prolongeant la tendresse de Marie, la Mère". Les femmes sont l'un des thèmes au centre du Synode sur la synodalité dont la deuxième phase est en cours de préparation : "L'accent est mis sur la relation entre le Synode de l'Église universelle et les questions et les attentes qui découlent des chemins synodaux entrepris par les différentes Églises locales".

    Début et fin de vie

    Des "urgences anthropologiques" qui s'ouvrent à la quatrième question sur le début et la fin de la vie, les frontières de la médecine et les questions de genre : "Des thèmes qui demandent beaucoup de réflexion", a dit le cardinal, pour lesquels - a-t-il ajouté en citant l'auteur - "il faut avancer avec une prudence absolue" : "Il ne s'agit pas de chercher des réponses plus ou moins en phase avec l'époque ou alignées sur la défense d'une morale translationnelle. Il s'agit plutôt de faire mûrir un nouvel humanisme qui, enraciné dans le personnalisme chrétien, sache répondre aux questions d'aujourd'hui".

    Partir de ce qui unit

    Pour parvenir à "une réponse morale", a poursuivi M. Ingrao, il faut "une réflexion anthropologique sur ce que deviendront les hommes et les femmes d'aujourd'hui", en dépassant les barrières qui divisent et en voyant au contraire ce qui unit. Pour sa part, le ministre Sangiuliano a rappelé l'importance du caractère sacré de l'Église qui, a-t-il dit, "a survécu à tout parce qu'elle répond au besoin intérieur de l'être humain", répond "au besoin philosophique de croire en Dieu : aussi bien Dostoïevski que Heidegger arrivent à la conclusion que seul Dieu peut nous sauver".

    La parole désarmée de l'Eglise

    Enfin, le journaliste Ingrao remercie le cardinal secrétaire d'État pour sa volonté constante de s'arrêter et de répondre aux questions des journalistes à chaque événement public : un geste "de grand respect pour notre travail". Mais surtout, "un message profond au-delà du contenu : la réponse d'une parole douce, d'une parole qui sert la croissance de l'autre. Dans un monde de paroles violentes qui blessent et divisent, la parole du cardinal est la parole de l'Eglise qui peut apparaître comme une parole désarmée", alors qu'il s'agit au contraire d'une parole de force qui est aussi la marque de la diplomatie vaticane. Une force "construite sur la rencontre avec l'autre".

  • Le cardinal Brandmüller ne mâche pas ses mots

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    De FSSPX Actualités :

    Cardinal Brandmüller : « Des oasis dans le désert »

    11 avril 2024

    Le cardinal Walter Brandmüller, qui a fêté ses 95 ans au début de l’année, a publié un article sur le site de langue allemande Kath.net, dans lequel il ne mâche pas ses mots contre l’Eglise d’Allemagne – ce qui n’est pas la première fois – mais il développe une réflexion sur la conduite à tenir dans la situation actuelle, qui se tourne assez franchement vers la tradition.

    Le cardinal Brandmüller, qui a signé les deux lettres de dubia adressées au pape François, en 2016 et en 2023, a repris la plume pour déplorer l’état de l’Eglise et pour proposer des solutions aux prêtres et aux fidèles dans la situation de crise actuelle.

    Un constat désabusé sur le résultat du Chemin synodal

    Il note que « comme on pouvait s’y attendre, la “voie synodale” est depuis longtemps en train de se perdre dans l’inconnu ». Le bilan : des millions d’euros d’impôts ecclésiastiques dépensés et « la discorde sur des questions centrales de foi et de morale », même parmi les évêques, qui permettent de parler d’hérésie et de schisme.

    L’état du catholicisme en Allemagne est « une apostasie de masse ». Quant aux séminaires, quand ils ne sont pas fermés, ils sont presque vides. « Mais, constate le cardinal, les lieux de formation de certaines communautés – comme la Fraternité Saint-Pierre, l’Institut du Christ-Roi, la Communauté Saint-Martin, le couvent Heiligenkreuz – (…) jouissent d’une vie active et croissante. »

    Une période de chrétienté révolue

    Le cardinal historien rappelle que « la doctrine sociale catholique a été à la base de la reconstruction et du développement de la République fédérale d’Allemagne sous Konrad Adenauer ». Mais avec le succès du miracle économique allemand « les nuages de plus en plus épais de l’esprit matérialiste de l’époque ont commencé à bloquer la vue du ciel ».

    La vague de biens terrestres « a submergé le pays ». Il en est résulté « une société postchrétienne et athée, dans laquelle le christianisme, l’Eglise, n’a plus qu’une existence de niche. Elle est ignorée, méprisée, combattue. » Ainsi « dans la plupart des régions d’Allemagne, l’Eglise a dû troquer son ancienne place dans la tribune d’honneur contre le banc des accusés ».

    Une société dénaturée et apostate devant laquelle il faut réagir

    Le constat note encore que « la législation récente a fixé des normes dans le domaine du mariage, de la famille et de la santé, qui se moquent de la morale chrétienne et de la doctrine sociale, voire de l’anthropologie développée depuis l’Antiquité classique ». Ainsi « presque toutes les perversions imaginables, de la fécondation in vitro à l’euthanasie et au suicide assisté, ont été admises ».

    Il faut donc réagir : « le chrétien, le catholique doit trouver, créer des oasis dans ce désert humain, culturel, où il peut encore respirer librement et survivre ». Cela nécessitera de passer d’une « Eglise fortement présente à une Eglise de petites communautés ». Cette évolution, pour le cardinal, est inéluctable.

    Redonner sa place au prêtre…

    Pour accomplir cette évolution, le cardinal réclame « une accentuation plus décisive de l’image que les prêtres ont d’eux-mêmes ». Pour décrire cette image, le prélat fait appel à « l’ancien rite d’ordination » qui énumérait les devoirs du prêtre : « offrir le saint sacrifice, bénir, diriger la communauté, prêcher et baptiser ».

    Et il ajoute qu’il « n’est pas fait mention de la gestion du ministère paroissial, des comités ou de la gestion des biens et des institutions sociales ou d’autres “œuvres” ». Il note enfin que « cette liste d’obligations date du Moyen-Age, mais elle contient précisément les activités pour lesquelles le prêtre est aujourd’hui ordonné, comme il l’a toujours été ».

    Il enfonce nettement le clou : « le catholicisme de comité et de réunion, qui a fleuri depuis Vatican II, est de toute façon devenu un modèle en voie de disparition, sur lequel personne ou presque – à l’exception des “fonctionnaires” du Comité central – ne versera une larme ».

    Aussi, « cette distinction, qui ne réserve au prêtre que le “praeesse” – la présidence – la direction de la communauté, devrait être faite pour permettre au prêtre d’être libre d’accomplir sa véritable mission : la prédication, la liturgie, l’administration des sacrements et la pastorale ». Autrement dit, tout ce dont les novateurs veulent le dépouiller.

    … et aux laïcs la leur

    Quant aux laïcs, explique le cardinal Brandmüller, « tout comme les prêtres, ils répondent à une vocation propre. Leur domaine de responsabilité n’est pas la chaire et l’autel, mais, comme le souligne Vatican II, “le monde” dans lequel l’Eglise doit accomplir sa mission. »

    Ainsi, une saine répartition des tâches « à condition que les collaborateurs soient choisis avec soin et que la confiance mutuelle règne » permettrait au prêtre « de gagner le temps nécessaire à la préparation consciencieuse de la prédication, de la catéchèse, de l’entretien pastoral, et à sa propre vie spirituelle ».

    Le cardinal conclut sur ces mots : « des communautés vivantes, telles des îles dans la mer, pourraient offrir un havre de paix aux personnes désorientées qui dérivent sur les vagues de l’esprit du temps ».

    Quoique l’analyse cardinalice vise premièrement et principalement l’Allemagne, elle doit être étendue à tous les pays catholiques, qui subissent, peu ou prou, d’une manière ou d’une autre, cette « apostasie silencieuse » déjà dénoncée par Jean-Paul II. Le plan que le cardinal allemand envisage pour son pays, doit être réalisé dans toute la chrétienté. (...)

  • La vie de l’Eglise catholique dans le monde, du 1er décembre 2021 au 31 décembre 2023

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    Du site de l'Osservatore Romano :

    Publication de l’annuaire pontifical 2024 et de l’Annuarium Statisticum Ecclesiae 2022

    L’Eglise catholique dans le monde

     L’Eglise catholique dans le monde  FRA-015

    11 avril 2024

    L’annuaire pontifical 2024 et l’Annuarium Statisticum Ecclesiae 2022, dont la rédaction a été réalisée par le Bureau central de statistiques de l’Eglise, sont depuis quelques jours en vente en librairie, édités par la Typographie vaticane.

    La lecture des données rapportées dans l’Annuaire pontifical fait apparaître les informations relatives à la vie de l’Eglise catholique dans le monde, du 1er décembre 2021 au 31 décembre 2023.

    Au cours de cette période, neuf nouveaux sièges épiscopaux et une administration apostolique ont été érigés; deux sièges épiscopaux ont été élevés au rang de sièges métropolitains, et un vicariat apostolique a été élevé au rang de siège épiscopal.

    Les données statistiques de l’Annuarium Statisticum Ecclesiae permettent de dresser un cadre synthétique des principales tendances concernant l’évolution de l’Eglise catholique dans le monde.

    Ci-dessous sont reportées les informations sur certains aspects fondamentaux de l’Eglise catholique entre 2021 et 2022:

    — Le nombre de catholiques baptisés au niveau mondial a augmenté, passant de 1.376 millions en 2021 à 1.390 millions en 2022, soit une augmentation relative de 1,0%.

    Le taux de variation diffère d’un continent à l’autre: en effet, tandis qu’en Afrique, on enregistre une augmentation de 3%, avec un nombre de catholiques qui est passé, au cours de la même période, de 265 à 273 millions, à l’inverse, en Europe, se manifeste une situation de stabilité (en 2021 et en 2022 le nombre de catholiques s’élève à 286 millions). Des situations intermédiaires s’enregistrent en Amérique et en Asie, où la croissance des catholiques est importante (respectivement +0,9% et +0,6%), mais entièrement en ligne avec le développement démographique de ces deux continents. Une situation stationnaire, sur des valeurs absolues évidemment plus faibles, s'applique également à l'Océanie;

    — le nombre des évêques au cours des deux années 2021-2022 a augmenté de 0,25%, passant de 5.340 à 5.353 unités. Ce mouvement de croissance se manifeste en Afrique et en Asie, avec des variations relatives respectivement de 2,1 et 1,4%. Une situation de stabilité s’enregistre en Amérique (avec 2.000 unités) et en Océanie (avec 130), tandis que l’on enregistre une légère baisse (-0,6%) en Europe (de 1.676 à 1.666 unités);

    — l’année 2022 marque une baisse ultérieure du nombre de prêtres par rapport à l’année précédente, en continuité avec la tendance à la baisse qui a caractérisé les années à partir de 2012.

    Le nombre total de prêtres dans le monde en 2022, par rapport à 2021, a subi une diminution de 142 unités, passant de 407.872 à 407.730 unités. Alors que l’Afrique et l’Asie enregistrent une croissance soutenue (respectivement +3,2% et +1,6%) et que l’Amérique se maintient à peu près stationnaire, l’Europe, ayant le poids le plus important sur le total, et l’Océanie enregistrent en revanche des taux de variation négatifs, respectivement de 1,7 et de 1,5%;

    — la population des diacres permanents continue d’enregistrer une évolution dynamique importante: le nombre de diacres augmente, en 2022, de 2% par rapport à la même date un an auparavant, passant de 49.176 à 50.150 unités. Le nombre augmente sur tous les continents à des ryth-mes significatifs. En Afrique, en Asie et en Océanie, où il n’atteignent pas encore 3% du total, ils augmentent de 1,1%, s’attestant à 1.380 unités en 2022. Ce nombre augmente également dans les régions où leur présence est quantitativement importante. En Amérique et en Europe, où résident environ 97,3% de la population totale, le nombre de diacres a augmenté, dans l’intervalle de temps considéré, respectivement de 2,1 et de 1,7%;

    — Le groupe des religieux profès non prêtres constitue un groupe en baisse au niveau mondial: on en comptait 49.774 unités en 2021, qui sont devenues 49.414 en 2022. La baisse est due, par ordre d’importance, au groupe européen, au groupe africain, et au groupe océanique, tandis qu’en Asie, le nombre de ces agents augmente, ainsi qu’en Amérique, bien que dans une moindre mesure;

    — les religieuses professes constituent une population d’une certaine importance: en 2022, elles dépassaient de près de 47% le nombre de prêtres dans le monde entier et sont actuellement en nette diminution. Au niveau mondial, elles passent de 608.958 unités, en 2021, à 599.228 en 2022, soit une baisse relative de 1,6%. L’analyse des évolutions temporelles pour chaque région territoriale fait apparaître des différences de comportements. L’Afrique est le continent ayant connu la plus grande augmentation de religieuses, qui sont passées de 81.832 unités en 2021 à 83.190 en 2022, soit une augmentation relative de 1,7%. Suit la région de l’Asie du sud-est, où le nombre de religieuses professes est passé de 171.756 en 2021 à 171.930 en 2022, soit une augmentation d’à peine 0,1%. Le sud et la région centrale d’Amérique enregistrent une baisse: on passe de 98.081 religieuses en 2021, à 95.590 en 2022, soit une baisse totale de 2,5%. Enfin, trois régions continentales partagent une baisse évidente: il s’agit de l’Océanie (-3,6%), de l’Europe (-3,5%) et de l’Amérique du Nord (-3,0%);

    — La baisse qui caractérise depuis 2012 déjà l’évolution des vocations sacerdotales se poursuit: en 2022, le nombre de grands séminaristes s’élevait à 108.481 unités, soit une variation de

    -1,3% par rapport à la situation un an auparavant. Une analyse sommaire accomplie au niveau des sous-continents révèle une différence dans les comportements locaux. En Afrique, par exemple, le nombre de grands séminaristes, au cours des deux années étudiées, a augmenté de 2,1%. Dans toutes les régions d’Amérique a eu lieu une diminution des vocations qui s’est traduite par une variation de -3,2%. En Asie on enregistre une diminution qui porte le nombre des grands séminaristes en 2022 à un niveau inférieur de 1,2% par rapport à celui de 2021. La crise des vocations qui a touché l’Europe depuis 2008 ne semble pas s’arrêter: au cours des deux années 2021-2022, le nombre des séminaristes a diminué de 6%. En Océanie, les vocations sacerdotales en 2022 dépassent de 1,3% celles de 2021. Sur les 108.481 séminaristes du monde entier, en 2022, le continent qui enregistre le plus grand nombre de sémina-ristes est l’Afrique avec 34.541 unités. Il est suivi de l’Asie avec 31.767, l’Amérique avec 27.738, l’Europe avec 14.461 et enfin l’Océanie avec 974 grands séminaristes.

  • Benoît XVI : "pape de transition" ?

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    Du Tagespost :

    Peter Seewald défend Benoît XVI. Il n'a pas seulement posé des "jalons décisifs", il a aussi écrit l'histoire.

    08.04.2024

    La semaine dernière, un livre d'entretiens avec le pape François est paru en Espagne, dans lequel celui-ci qualifiait son prédécesseur, le pape Benoît XVI, de "pape de transition". Le biographe de Benoît XVI, Peter Seewald, contredit cette affirmation dans une interview accordée au "Katholische SonntagsZeitung für das Bistum Regensburg". Benoît XVI n'a pas seulement posé des "jalons décisifs", il a aussi écrit l'histoire, affirme Seewald dans l'interview qui paraîtra cette semaine. Selon l'historien Peter Watson, il serait à placer au même niveau que Beethoven, Bach et Hölderlin.

    Parmi les nouveautés que l'on doit à Benoît XVI, il y a, selon Seewald, les "synodes des évêques ouverts" que Benoît a été le premier à introduire. Il a restructuré les finances du Vatican, "réalisé d'énormes progrès dans le dialogue interreligieux" et "intensifié les relations avec le judaïsme, qui n'ont jamais été aussi bonnes que durant son mandat". Seewald rappelle également qu'en matière d'abus sexuels, Benoît a été le premier à prendre des mesures décisives selon une "stratégie de tolérance zéro".

    Un berger qui se souciait de l'humanité

    De même, le prédécesseur de François était "le seul à avoir l'expérience, la tête, le cœur, la noblesse" et l'humilité "pour faire entrer l'héritage du grand Jean-Paul II dans une nouvelle ère". La conclusion de Seewald : Benoît XVI est considéré comme "le plus grand théologien qui ait jamais siégé sur le siège de Pierre et comme le docteur de l'Eglise des temps modernes" - et comme le plus lu de surcroît. Pour lui-même, Benoît XVI a été un pasteur "qui ne s'est pas ménagé dans le souci de l'humanité" et "la fidèle transmission du message du Christ ".

    L'écrivain et journaliste souligne également le don prophétique de Benoît XVI. Il n'a pas seulement annoncé le paganisme qui se trouve "aujourd'hui dans l'Eglise elle-même" - et a donc demandé une sécularisation -, mais il a également prévu que l'Eglise deviendrait une "Eglise des petits" - une Eglise simplifiée dans laquelle "une grande force affluerait".

    L'Évangile non seulement enseigné, mais aussi vécu

    Pour le pape, la réforme a toujours signifié un retour à l'essence de la foi, ce que même Walter Kasper - "notoirement pas forcément un partisan de Ratzinger" - a souligné lorsqu'il a déclaré, après la démission du pape, que celui-ci avait "beaucoup contribué à la consolidation de l'Eglise dans la foi et à l'approfondissement de la foi". En fait, son objectif était de "dégager le véritable noyau de la foi sous les incrustations et de donner à ce noyau force et dynamisme".

    Selon Seewald, il ne peut pas répondre à la question de savoir pourquoi le pape François l'appelle pape de transition. "Une fois, il fait l'éloge de Benoît, le qualifiant même de 'grand pape', ... puis il le rabaisse, l'appelle grand-père, ami paternel ou justement 'pape de transition'". Pourquoi l'appellation de "pape de transition" serait en outre erronée : "Personne ne l'égalait dans la clarté de ses déclarations, l'acuité de son intellect, la brillance de sa manière de s'exprimer". Benoît XVI disposait en outre "d'une grandeur et d'une authenticité humaines et chaleureuses", "grâce auxquelles il n'a pas seulement enseigné l'Evangile, mais l'a aussi vécu".

  • Pourquoi la prochaine élection papale pourrait être différente de ce que beaucoup pensent

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    De George Weigel sur le Tagespost :

    Le prochain pape : George Weigel sur les mythes du conclave

    Pourquoi la prochaine élection papale pourrait être différente de ce que beaucoup pensent.

    6 avril 2024

    Faux. En 1878, Léon XIII a été élu rapidement, ce qui laisse supposer qu'il devait être extrêmement "papabile" avant le conclave. Giacomo Della Chiesa, cardinal-archevêque de Bologne et diplomate pontifical de longue date, était certainement "papabile" lors du conclave de 1914, même si son élection a nécessité une lutte acharnée. Pratiquement tous ceux qui savaient quelque chose s'attendaient à ce qu'Eugenio Pacelli succède à Pie XI (y compris Pie XI), et de fait, Pacelli fut élu sans coup férir. Giovanni Battista Montini était sans aucun doute très "papabile" en 1963 - en partie parce que de nombreux cardinaux électeurs l'avaient considéré en 1958 comme le successeur logique de Pie XII. Mais pour une raison encore inexpliquée, Montini, bien qu'archevêque de Milan, n'était pas cardinal à la mort de Pie XII.

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