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Structures ecclésiastiques

  • Rapport budgétaire du Vatican : miracle ou mirage ?

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    D'Ed. Condon sur le Pillar :

    Rapport budgétaire du Vatican : miracle ou mirage ?

    1er décembre 2025

    Le Saint-Siège a publié des résultats financiers meilleurs que prévu pour l'exercice 2024, annonçant une réduction de moitié de son déficit budgétaire et dégageant même un léger excédent.

    Ces chiffres, le premier compte de résultat du Vatican depuis plusieurs années, semblent confirmer l'approche plutôt positive du pape Léon XIV concernant les finances de la Curie depuis son entrée en fonction au printemps.

    Mais les nouvelles financières en provenance de Rome sont-elles vraiment bonnes, et les progrès annoncés la semaine dernière sont-ils durables ?

    Après des années sans publication des états financiers consolidés, et face aux rapports faisant état d'une mauvaise gestion persistante des actifs, d'un déficit abyssal dans les caisses de retraite et d'avertissements de plus en plus pressants du pape François durant ses derniers mois de mandat , le bilan général des finances du Saint-Siège est sombre.

    Pourtant, la publication des états financiers de 2024 le 26 novembre laissait penser que la situation n'était peut-être pas aussi sombre qu'on le craignait.

    Le déficit budgétaire structurel a été quasiment réduit de moitié entre 2023 et 2024, passant de 83,5 millions d'euros à moins de 44,5 millions. Les dons extérieurs, la performance des investissements financiers et la génération de revenus d'exploitation ont tous progressé au cours de la même période.

    Les coûts opérationnels ont également augmenté, mais le rapport du Secrétariat à l'Économie a tenu à souligner que, dans le contexte financier général, il s'agissait d'une hausse maîtrisée plutôt que d'une inflation galopante.

    Au final, les chiffres semblent confirmer les propos du pape Léon XIV, tenus en juillet mais publiés en septembre, selon lesquels il ne s'inquiétait pas de l'état des finances du Vatican et qu'il estimait nécessaire d'adopter un ton plus généralement positif concernant les perspectives économiques du Saint-Siège.

    « Les choses vont bien se passer », a déclaré le nouveau pape cet été. « Je ne dis pas que nous pouvons nous relâcher et considérer la crise comme terminée… Je pense que nous devons continuer à travailler sur ce sujet, mais cela ne m’inquiète pas outre mesure, et je pense qu’il est important de communiquer un message différent. »

    Et, même si l'on ne peut nier les bons résultats, la lecture du rapport financier du Vatican la semaine dernière montre clairement qu'il reste encore du travail à accomplir.

    Mais concernant la communication, l'un des aspects les plus frappants des chiffres de l'exercice 2023-2024 est leur apparente contradiction avec le ton adopté par le pape François durant les derniers mois de son pontificat.

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  • En Ukraine, Poutine entend aussi s’emparer de l’Église orthodoxe. Mais celle-ci lui est presque entièrement hostile

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    De Sandro Magister sur Settimo Cielo (en français sur diakonos.be) :

    En Ukraine, Poutine entend aussi s’emparer de l’Église orthodoxe. Mais celle-ci lui est presque entièrement hostile

    Dans le plan de paix en vingt-huit points que Donald Trump a repris à son compte – un plan très largement favorable à Vladimir Poutine – figure, entre autres, outre l’introduction du russe en tant que langue officielle en Ukraine, la reconnaissance officielle de la « section locale de l’Église orthodoxe russe ».

    Il s’agit d’une exigence que Poutine juge absolument non négociable. Il l’avait déjà mise sur la table lors des très brèves et infructueuses rencontres organisées à Istanbul le 2 juin dernier entre émissaires russes et ukrainiens, avant de la remettre en avant deux jours plus tard au cours d’un entretien téléphonique avec le pape Léon XIV.

    Mais cette revendication touche à un point très sensible de la vie religieuse ukrainienne. En août 2024, en effet, le Parlement de Kyiv a adopté la loi n° 3894, immédiatement dénoncée par le patriarche Cyrille de Moscou comme étant « la pire persécution des chrétiens depuis l’époque de Néron et de Dioclétien ».

    À Rome, le pape François avait lui aussi critiqué cette loi, à l’issue de l’Angélus du 25 août : « S’il vous plaît, qu’aucune Église chrétienne ne soit abolie, ni directement ni indirectement. On ne touche pas aux Églises ! »

    En substance, cette nouvelle loi interdit sur le territoire ukrainien toute organisation religieuse dont le « centre » se trouverait en Russie et qui serait « gouvernée » depuis la Russie. Mettant ainsi en péril l’existence de la plus importante Église orthodoxe présentes en Ukraine, celle qui est historiquement rattachée au patriarcat de Moscou – à la différence de l’autre Église orthodoxe, plus jeune, née en 2018 avec l’approbation du patriarche œcuménique de Constantinople, ce qui avait provoqué une rupture définitive et douloureuse entre ce dernier et Cyrille de Moscou.

    La procédure prévue par la loi pour déterminer si cette Église est dans les faits et de manière durable soumise à Moscou – pour, le cas échéant, prononcer son interdiction – n’est pas encore arrivée à son terme, mais déjà elle a déjà mis le feu aux poudres, tant en Ukraine qu’à l’étranger.
    Les chefs des autres Églises chrétiennes présentes dans le pays, à commencer par l’archevêque majeur de l’Église gréco-catholique Mgr Sviatoslav Chevtchouk, ont expressément donné leur approbation à la loi n° 3894 au nom du « droit et du devoir de l’État de garantir la sécurité nationale face à la possible instrumentalisation des organisations religieuses par des États agresseurs ».

    En revanche, nombre d’observateurs et d’analystes indépendants et compétents estiment que cette loi antilibérale, telle qu’elle est rédigée, a peu de chances de résister à l’examen des conventions internationales sur la liberté religieuse auxquelles l’Ukraine a souscrit.

    Mais c’est surtout au sein même de l’Église menacée d’interdiction que la polémique fait rage. D’abord souterraine, la polémique s’étale à présent sur la place publique à travers des prises de position en sens contraire de plusieurs hauts dignitaires. Deux personnages se détachent particulièrement : le métropolite Sylvestre, recteur de l’Académie théologique de Kiev et archevêque de Bilhorod sur la mer Noire, non loin d’Odessa, et le métropolite Théodose, archevêque de Tcherkassy, au centre du pays.

    Le métropolite Sylvestre incarne la grande majorité de l’Église orthodoxe ukrainienne qui a rompu avec l’Église mère moscovite après l’agression russe de février 2022. Il défend sans réserve les décisions prises par le Synode de cette Église, présidé par le métropolite Onuphre, le 27 mai 2022 au monastère de Théophanie à Kiev.

    À cette date, toutes les formules de dépendance envers le patriarcat russe avaient été rayées des statuts ; décision avait été prise de ne plus recevoir chaque année le saint chrême de Moscou et on avait autorisé, dans la liturgie, d’omettre le nom du patriarche Cyrille – une omission déjà spontanément pratiquée par un très grand nombre d’évêques et de prêtres dès le début de l’invasion.

    Mais ce que le Synode ne pouvait décider – malgré ses aspirations – c’était l’autocéphalie, c’est-à-dire l’autonomie pleine et entière de cette Église. Dans le monde orthodoxe, en effet, toute autocéphalie, pour être valide, doit être reconnue par les autres Églises sœurs, un processus qui peut prendre des années.

    C’est très clairement l’objectif du métropolite Onuphre et de la grande majorité de ses évêques, comme cela a été solennellement réaffirmé lors de la liturgie solennelle célébrée le 27 mai 2025 à l’Académie théologique de Kiev, pour le troisième anniversaire du Synode de 2022 : Onuphre y a réaffirmé « la séparation sans équivoque d’avec l’Église de Moscou » et l’espérance que « la famille des Églises orthodoxes autocéphales toute entière nous soutienne moralement, approuve notre indépendance et en prenne acte avec la distinction qui convient ».

    Malheureusement, ces velléités répétées et résolues d’indépendance n’ont pas mis l’Église orthodoxe ukrainienne à l’abri des rigueurs de la loi n° 3894 : aux yeux de celle-ci, il suffit que la dépendance reste inscrite – comme c’est encore le cas – dans les statuts du patriarcat de Moscou pour justifier son interdiction.

    Il y a pire. Car depuis Moscou, le patriarche Cyrille est passé à l’action et exerce concrètement la suprématie qu’il revendique.

    Sur les cinquante-trois éparchies (diocèses) de l’Église orthodoxe ukrainienne, dix sont désormais occupés par l’armée russe dans l’est du pays : Berdiansk, Horlivka, Djankoï, Donetsk, Louhansk, Nova Kakhovka, Rovenky, Sievierodonetsk, Simferopol et Théodosie. Pour chacune d’entre elles, ni le Synode ni le métropolite Onuphre ne peuvent plus rien décider ; ils ont même autorisé les évêques locaux à agir de leur propre initiative en attendant de pouvoir rétablir le contact.

    Mais sur le terrain, ces dix éparchies subissent de plein fouet l’autorité du patriarcat de Moscou, qui a même commencé à destituer certains de leurs évêques – à commencer par le métropolite Hilarion de Donetsk et Marioupol – pour les remplacer par des prélats de nationalité russe. Depuis Kiev, Onuphre refuse de reconnaître ces changements, mais, pour être réaliste, ces diocèses sont considérés comme perdus, compte tenu de la restitution improbable de ces territoires à l’Ukraine.

    Quoi qu’il en soit, en Ukraine, cet abus de pouvoir du patriarcat de Moscou ne fait qu’attiser l’opposition contre la Russie, aussi bien politique que religieuse. Pour le métropolite Sylvestre, l’agression russe a constitué un « point de non-retour ». Après la guerre, il ne sera plus possible, ni même concevable, de rétablir la subordination canonique de l’Église orthodoxe ukrainienne envers Moscou.

    Et c’est pourtant ce rétablissement que réclame la minorité prorusse au sein des orthodoxes ukrainiens, dont le métropolite Théodose s’est fait le porte-parole dans le débat public.

    Bien plus : selon lui, la subordination à Moscou n’aurait même pas été affectée par les décisions du Synode du 27 mai 2022, un Synode selon lui « non libre », organisé sous pression politique et même « sous la menace des armes ». Des accusations publiquement rejetées par une douzaine d’évêques, mais relayées avec sarcasme sur les canaux Telegram russophones, tous acquis à la cause de Théodose.

    « Si les choses s’étaient vraiment passées ainsi, a répliqué Sylvestre à Théodose, ce seraient précisément ceux qui veulent appliquer à l’Église orthodoxe ukrainienne, toujours formellement soumise à Moscou, les rigueurs de la loi n° 3894, qui triompheraient. »

    Pour bien mesurer ce qui pourrait se passer si cette loi était appliquée, il faut garder à l’esprit que l’Église orthodoxe ukrainienne, dont l’organe administratif est la métropolie de Kiev, ne possède pas la personnalité juridique en tant que telle : elle est reconnue comme l’association religieuse de plusieurs milliers d’entités juridiques distinctes que sont ses diocèses, paroisses, monastères, séminaires, écoles, confréries, etc.

    Si donc l’organisme chargé de l’application de la loi n° 3894 décidait que ne serait-ce qu’un petit nombre de ces entités est encore aux ordres du patriarcat de Moscou, c’est toute la métropolie de Kiev qui les chapeaute qui perdrait son enregistrement étatique, si elle ne faisait rien pour éliminer de telles dépendances.

    À l’inverse, si l’enquête détermine que la métropolie de Kiev reste formellement affiliée à Moscou, ce ne serait pas seulement elle qui serait interdite, mais aussi les milliers de diocèses, paroisses et institutions qui en dépendent.

    Bref, dans la perspective d’une Ukraine d’après-guerre, il faudra aussi lever cette lourde hypothèque qui pèse sur l’avenir de sa principale Église orthodoxe. Et certainement pas en cédant aux exigences de Poutine et de Cyrille.

    — — —

    Sandro Magister est le vaticaniste émérite de l'hebdomadaire L'Espresso.
    Tous les articles de son blog Settimo Cielo sont disponibles sur diakonos.be en langue française.
    Ainsi que l'index complet de tous les articles français de www.chiesa, son blog précédent.

  • Le Pape et son prédécesseur : une approche différente du gouvernement de l'Eglise ?

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    D'Andrea Gagliarducci sur Monday Vatican :

    Léon XIV : Déplacer les pièces

    La semaine où Léon XIV partit pour son premier voyage international fut également celle où le pape prit plusieurs décisions et commença véritablement à donner une direction à son pontificat.

    Les décisions qu'il a prises ont révélé certains aspects de la personnalité de Léon XIV : il est capable de renverser les décisions du pape François, notamment en matière administrative ; en matière doctrinale, il absorbe les problèmes plutôt que d'alimenter les débats ; il n'est assurément pas un pape qui met en œuvre un système de partage des dépouilles féroce, et par conséquent, on ne peut s'attendre à aucun écart significatif et exemplaire.

    Mais avant d'analyser ces caractéristiques, il convient d'examiner les faits.

    Cette semaine, le nouveau Règlement général de la Curie romaine a été promulgué ; le Dicastère pour la doctrine de la foi a publié sa note sur la monogamie ; le budget du Saint-Siège a été publié ; l'évêque Marco Mellino a été nommé secrétaire adjoint du Conseil pontifical pour les textes législatifs ; et Léon XIV a rétabli le secteur central pour le diocèse de Rome.

    Chacun de ces cinq événements a son propre poids spécifique.

    La publication du nouveau règlement général de la Curie romaine conclut l'œuvre entreprise par le pape François avec la réforme de la Curie. Ce nouveau règlement apparaît avant tout comme une adaptation des structures définies dans la constitution apostolique Praedicate Evangelium. Par exemple, le Secrétariat pour l'Économie est chargé de la rédaction des contrats et de la vérification de leur validité. Le Secrétariat d'État ne propose plus la nomination des chefs des dicastères, qui sont désormais nommés par le pape. Les responsabilités des dicastères ont évolué.

    Il a été souligné que le nouveau règlement stipule clairement que chaque dicastère doit enregistrer les demandes qu'il reçoit et y apporter des réponses adéquates et motivées. Cette bureaucratisation vise à prévenir les abus, mais il est vrai aussi que toutes les demandes reçues par les dicastères sont, de fait, enregistrées, ne serait-ce que pour des raisons d'archivage. Il a également été souligné que le latin demeure la langue officielle de l'Église, mais qu'objectivement, il ne saurait en être autrement. Cela est resté vrai même sous le pape François, qui rédigeait ses textes en espagnol ou acceptait une édition typique italienne.

    Ce qui est frappant, cependant, c'est que le Secrétariat d'État conserve son rôle de coordination de tous les dicastères, un fait significatif compte tenu du fait que le pape François avait progressivement démantelé les prérogatives du Secrétariat d'État, le privant même de son autonomie financière. Mais la réforme de François, il s'avère, n'est pas inviolable. Léon XIV l'a démontré en rétablissant la capacité de chaque dicastère à investir et à lever des fonds en dehors de l'Institut pour les Œuvres de Religion, la soi-disant « banque du Vatican ». Le pape François, en revanche, avait imposé à tous d'investir uniquement par l'intermédiaire de l'IOR. Le changement de perspective est évident.

    Il y a ensuite le revirement de Léon XIV concernant la décision du pape François d'abolir le secteur central du diocèse de Rome, historiquement divisé en cinq secteurs pastoraux et administratifs géographiques : Nord, Sud, Est, Ouest et Centre historique. Le secteur central disposait toujours d'une unité auxiliaire dédiée et d'un profil particulier, en raison de son riche patrimoine historique et culturel et de sa spécificité pastorale, accueillant un grand nombre de pèlerins, de touristes et de personnes de passage.

    Le pape François a aboli le secteur central, estimant qu'il ne devait pas y avoir de zones « privilégiées » et souhaitant placer les faubourgs au cœur du village. Léon XIV a rétabli ce secteur par un motu proprio qui ne remet pas en cause les raisons de la décision de François et n'invoque aucune nécessité administrative.

    Léon XIV a donc agi sans pour autant afficher ouvertement sa rupture avec le pape François, mais en prenant néanmoins une direction très opposée. Il en ressort un double enseignement important : d’une part, nous savons que Léon ne considérera pas la réforme de François comme une œuvre inachevée ; d’autre part, nous savons qu’il n’hésitera pas à changer de cap .

    Un autre signe de l'attitude de Léon est évident dans la manière dont le budget du Saint-Siège a été présenté .

    Les différents organes du Saint-Siège ont affiché un léger excédent budgétaire de 1,6 million d'euros, tandis que le déficit d'exploitation structurel du Saint-Siège, considéré dans son ensemble, a été réduit de moitié en 2024, passant de 83,5 millions d'euros en 2023 à 44,4 millions d'euros . Les résultats de 2024 ont cependant été fortement influencés par la gestion des hôpitaux, intégrés aux comptes débiteurs et créditeurs du Vatican depuis 2022. Ce qui a changé, c'est le discours.

    Ces dernières années, on a beaucoup parlé de déficit. Pour la première fois depuis longtemps, il semble plausible d'évoquer une voie vertueuse vers la consolidation . Qu'on ne s'y trompe pas : le Saint-Siège est loin d'être tiré d'affaire. Le système financier a subi de profonds bouleversements ces dernières années et a toujours un besoin urgent de consolidation. Sous le pontificat de Léon XIV, pape très attaché aux institutions, celles-ci seront préservées.

    La nomination de l'évêque Marco Mellino comme secrétaire adjoint du Dicastère pour les textes législatifs en est un autre signe.

    Mellino était secrétaire du Conseil des cardinaux et est actuellement secrétaire du Comité pour la révision du Règlement général de la Curie . Il occupe désormais un poste au Vatican, celui de « numéro 2 », dans un dicastère actuellement sans préfet – Léon XIV ayant promu Iannone au poste de préfet du Dicastère pour les évêques. Mellino n'a pas été nommé préfet, mais secrétaire adjoint, et sa nomination indique non seulement que le Conseil des cardinaux a rempli ses fonctions, mais aussi que la révision du Règlement de la Curie ne lui sera plus confiée. Mellino n'est cependant pas promu ; il est simplement affecté comme secrétaire adjoint dans un dicastère.

    Autrement dit, Mellino ne quitta pas Rome, mais accepta un autre poste au Vatican.

    Ilson de Jesus Montanari, secrétaire du Dicastère pour les évêques pendant de nombreuses années, était également un homme d'une influence et d'un réseau exceptionnels sous le pontificat de François. On s'attendait à ce qu'il quitte ses fonctions s'il n'obtenait pas le poste le plus élevé du dicastère (précédemment dirigé par celui que nous appelons aujourd'hui Léon XIV). Or, Montanari est resté en poste.

    Le seul à avoir été destitué fut Andrés Gabriel Ferrada Moreira, un fonctionnaire du Dicastère pour le Clergé, envoyé à San Bartolomé de Chillán, au Chili, pour y exercer les fonctions d'évêque. Léon XIV n'a donc ni puni ni exilé, et contrairement au pape François, il n'a pas non plus créé de postes ad hoc ni laissé sans affectation ceux qu'il jugeait dissidents .

    Avec ces décisions, certaines expériences du pontificat de François semblent toucher à leur fin, à commencer par le concile des cardinaux, sorte de « cabinet de conseillers » caractéristique de l'ère François. Léon XIV privilégie les consistoires pour les débats – celui des 7 et 8 janvier sera le premier, mais probablement pas le dernier – et les réunions interdépartementales, plutôt que la multiplication des institutions. Léon XIV n'entreprendra donc pas de nouvelles réformes. Il procédera à des ajustements et supprimera ce qu'il jugera superflu.

    On pourrait presque dire que la réforme de Léon XIV sera une réforme par absorption.

    Les documents laissés inachevés par le pape François sont également en cours d'intégration. La semaine dernière a vu la publication d'un document sur la monogamie : quarante pages de citations, avec une invitation, en préambule, à passer directement à la conclusion pour ceux qui ne souhaitent pas s'attarder sur chaque point. Il ne s'agit pas d'un document hétérodoxe ou controversé, malgré les efforts de quelques commentateurs pour y déceler une ouverture progressive aux relations sexuelles non procréatives au sein du mariage ; mais, fondamentalement, cette question n'est pas abordée. C'est en réalité un document qui s'inscrit dans une tradition théologique solide, même s'il ne traite pas du problème spécifique de la polygamie africaine qui, en apparence, lui a donné naissance.

    Il s'agit néanmoins d'un document hérité du pontificat précédent. Deux autres sont en cours de publication, après quoi le mandat confié par le pape François au Dicastère pour la Doctrine de la Foi aura expiré. La décision de Léon XIV de poursuivre son mandat témoigne du respect qu'il porte à son prédécesseur et d'une volonté d'assurer la continuité.

    Léon XIV n'est pas un pape révolutionnaire.

    Léon XIV ne souhaite pas rompre brutalement avec le pontificat de François. Il a poursuivi la voie tracée par son prédécesseur, avec peu d'interventions. Pourtant, une nouvelle orientation, un nouveau mode de vie, se dessine, qui a presque conduit à l'oubli de François.

    Presque.

    Une analyse lucide de la situation montre que beaucoup, dans l'entourage de Léon, souhaitent que les décisions du pape François restent au cœur des préoccupations. Ce qui est en construction sera vraisemblablement achevé.

    L'approche léonine, cependant, sera différente.

  • Le pape Léon XIV : « Le latin est la langue de l'Église »; les cardinaux retournent à l'école

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    De Francesco Capozza sur Il Tempo :

    Le pape Léon XIV : « Le latin est la langue de l'Église. » Les cardinaux retournent à l'école.

    Le latin est la langue officielle de l'Église, et ceux qui ne la maîtrisent pas, même parmi les cardinaux (comme cela a été clairement démontré lors du dernier conclave en mai dernier), devraient désormais reprendre leurs manuels scolaires, car Léon XIV l'a entériné dans le nouveau « Règlement général de la Curie romaine » publié hier. Certes, il n'est pas nouveau que le latin soit la langue ecclésiastique dans laquelle les prélats du monde entier communiquaient jusqu'à il y a quelques décennies, mais certains ont récemment souhaité que cette langue ancienne soit universellement remplacée par l'italien.

    Suite au décès du pape François le 21 avril, tous les cardinaux du monde entier se sont réunis à Rome. Plusieurs personnalités éminentes se sont retrouvées démunies face à la nécessité de dialoguer et d'échanger des idées en vue de l'élection du nouveau pontife. La plupart d'entre eux ne parlent pas italien (et, à vrai dire, pourquoi le devraient-ils), mais le plus surprenant fut que nombre de cardinaux ignoraient même le latin. C'est le nouveau pape lui-même qui mit fin à ce chaos linguistique. Près de sept mois après son élection au Siège de Pierre, il jugea indispensable de clarifier la situation une fois pour toutes.

    Le nouveau Règlement de la Curie romaine est un document divisé en deux parties : la première, adressée aux plus hauts gradés de la hiérarchie ecclésiastique qui constituent le gouvernement central de l’Église, comprend 52 articles ; la seconde, destinée aux employés de second rang, aux prélats et aux laïcs, comprend 92 articles qui traitent de divers aspects du travail au Saint-Siège, de la mobilité à la retraite, de l’avancement de carrière à la rémunération ordinaire et extraordinaire, des motifs de licenciement aux congés. Toutefois, comme indiqué, ce règlement concerne principalement le personnel laïc employé au Vatican, des huissiers aux employés de la poste, par exemple.

    L’essence même de ce nouveau règlement réside cependant dans sa première partie, qui concerne les cardinaux, les archevêques et les prélats de haut rang travaillant dans les dicastères (ministères) du Siège apostolique. Et c’est précisément dans cette première partie, au titre XIII, intitulé « Langues en usage », article 50, que Léon XIV établit que « les institutions curiales doivent, en règle générale, rédiger leurs actes en latin ». Pour ceux qui, malheureusement, ne le connaissent pas si bien (et malheureusement, ils sont nombreux, même dans les hautes sphères du Vatican), le pape crée, au paragraphe suivant, « un office pour la langue latine au sein du Secrétariat d’État, au service de la Curie romaine » – en somme, une sorte d’école de rattrapage prête à instruire ceux qui ont oublié la langue qui a été la langue officielle de l’Église pendant des siècles.

    Le texte substantiel publié hier vise à réglementer les aspects purement opérationnels et administratifs de la Constitution apostolique « Praedicate Evangelium », promulguée par le pape François le 19 mars 2022. Cette Constitution a profondément transformé la Curie romaine, le gouvernement central de l’Église, mais n’a pas codifié les règlements internes des dicastères ni mis en place une structure bureaucratique efficace pour ceux qui y travaillent au quotidien. Une fois encore, comme pour le Motu Proprio relatif au Gouvernorat de l’État de la Cité du Vatican, publié il y a seulement trois jours, Prévost corrige, ou plutôt « rafistole », comme on dit à Rome, ce que Bergoglio a publié à la hâte et, peut-être, avec une certaine superficialité.

  • Le pape réorganise le diocèse de Rome et annule les réformes de son prédécesseur, le pape François

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    De kath.net/news :

    Le pape réorganise le diocèse de Rome et annule les réformes de son prédécesseur, le pape François.

    27 novembre 2025

    Léon XIV rétablit la zone pastorale du centre-ville de Rome, que François avait dissoute environ un an auparavant.

    Cité du Vatican/Rome (kath.net/KAP) Le pape Léon XIV a annulé la réorganisation du diocèse de Rome mise en œuvre par son prédécesseur, François. Par un décret publié mercredi par le Bureau de presse du Vatican, Léon XIV rétablit le territoire pastoral du centre de Rome, dissous par François il y a environ un an. 

    Son principal atout réside dans la vieille ville historique, qui abrite une concentration unique au monde d'églises, de monastères et d'autres institutions ecclésiastiques. Pour des raisons à la fois ecclésiastiques et symboliques, François a dissous le centre historique, où résidait la majeure partie du clergé romain, et l'a intégré aux quatre quartiers extérieurs de la ville.

    Léon XIV voit les choses différemment.

    Dans sa brève lettre, le pape explique que les raisons invoquées par son prédécesseur pour la réforme territoriale demeurent valables. Il constate cependant que l'Année sainte en cours a clairement démontré l'homogénéité du centre urbain de Rome. En conséquence, il décrète que le centre-ville redevienne un district distinct au sein du diocèse. Le nombre de secteurs pastoraux passe ainsi à cinq : un dans le centre et quatre dans les districts périphériques.

    Le pape est le chef de l'Église catholique et l'évêque de Rome. Le démantèlement du centre dans le diocèse de Rome, ordonné par le pape François le 4 octobre 2024 avec le motu proprio « La vera bellezza » (La vraie beauté), a suscité de vives critiques de la part du clergé et n'a été mis en œuvre qu'à contrecœur et sans conviction.

    À l'époque, François avait déclaré vouloir rapprocher le centre romain, qu'il craignait de devenir un musée à ciel ouvert, de la périphérie de la ville. La majorité des trois millions d'habitants de la métropole vivent dans les quartiers périphériques ; pourtant, on y trouve relativement peu de prêtres et d'églises.

    initiative personnelle

    Le nouveau document de Léon XIV s'intitule « Immota manet » (en latin : « Il reste inchangé… »). Il est daté du 11 novembre 2025 et a également le rang de « Motu Proprio ».

    Un « motu proprio » est un décret papal promulgué de l'initiative personnelle du pape. Il se distingue des autres formes de législation papale, qui sont édictées en réponse à une demande. Son nom provient de l'expression latine « motu proprio datae » (« promulgué de sa propre initiative »). Ces mots figurent toujours en exergue du document et soulignent l'implication personnelle du pape.

  • Le latin n'est plus la première langue officielle du Vatican.

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    De kath.net/news :

    Le latin n'est plus la première langue officielle du Vatican.

    25 novembre 2025

    Le règlement révisé de la Curie romaine stipule : « Les autorités de la Curie rédigent généralement leurs documents en latin ou dans une autre langue » – l’exigence d’une « bonne connaissance du latin » pour les employés du Vatican est supprimée.

    Cité du Vatican (kath.net/KAP) Le latin n'est plus la langue officielle privilégiée au Vatican. C'est ce que stipule le règlement révisé de la Curie romaine, publié cette semaine et approuvé par le pape Léon XIV. Le chapitre relatif aux langues d'usage au Vatican précise désormais : « Les autorités de la Curie rédigent généralement leurs documents en latin ou dans une autre langue. »

    Dans l'ancienne version du « Regolamento », la langue de César et de Cicéron occupait encore une place prépondérante. Il y était stipulé : « Les autorités de la Curie rédigent généralement leurs dossiers en latin, mais elles peuvent également utiliser d'autres langues plus courantes aujourd'hui pour leur correspondance ou la rédaction de documents, selon les besoins spécifiques de l'époque. »

    L’exigence d’une « bonne connaissance du latin » a également été supprimée du nouveau règlement applicable aux employés du Vatican. À l’avenir, seules une bonne connaissance de l’italien et d’une autre langue seront requises. Toutefois, le « Bureau de la langue latine », rattaché à la Secrétairerie d’État du Vatican et accessible à l’ensemble de la Curie romaine, sera maintenu.

  • À quel point l'Orient et l'Occident peuvent-ils se rapprocher à Nicée ?

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    D'Ed. Condon sur The Pillar :

    À quel point l'Orient et l'Occident peuvent-ils se rapprocher à Nicée ?

     
    Le pape Léon XIV a appelé dimanche à un engagement renouvelé en faveur de l'œcuménisme entre les confessions chrétiennes, exhortant tous les chrétiens et leurs dirigeants à approfondir leur communion dans les principes communément confessés de la foi.
    Le pape Léon XIV rencontre le patriarche œcuménique Bartholomée de Constantinople. Crédit : Médias du Vatican.

    Dans une lettre apostolique publiée avant un voyage papal à Nicée — au cours duquel Léon XIV rejoindra le patriarche de Constantinople pour commémorer le 1700e anniversaire du concile œcuménique qui a élaboré le credo éponyme —, Léon XIV a rappelé les querelles doctrinales âpres et clivantes qui ont précédé et suivi la formulation du Credo de Nicée.

    Le pape a souligné qu'après des générations de divisions et d'hérésies concernant la nature essentielle de la Trinité, une grande partie du christianisme mondial est aujourd'hui unie dans la confession de la nature essentielle de Dieu.

    « Nous devons donc laisser derrière nous les controverses théologiques qui ont perdu leur raison d’être afin de développer une compréhension commune et plus encore, une prière commune au Saint-Esprit, afin qu’il nous rassemble tous dans une seule foi et un seul amour », a déclaré le pape.

    Bien sûr, l’œcuménisme a toujours été une priorité pour tous les papes, et plus particulièrement depuis le concile Vatican II. Et, comme l’a observé Léon XIV dans sa lettre intitulée In Unitate Fidei , « en vérité, ce qui nous unit est bien plus grand que ce qui nous divise ».

    Léon a observé que « dans un monde divisé et déchiré par de nombreux conflits, l’unique communauté chrétienne universelle peut être un signe de paix et un instrument de réconciliation, jouant un rôle décisif dans l’engagement mondial en faveur de la paix. »

    Mais si cela résonne profondément, sur le plan émotionnel et spirituel, pour de nombreux chrétiens de différentes confessions, la situation actuelle des relations œcuméniques présente un tableau complexe.

    Bien que les points de divergence actuels ne soient pas d'ordre trinitaire, certains trouvent sans doute leur origine dans des désaccords concernant d'autres articles du credo et la nature des sacrements. D'autres encore, sans être nécessairement insolubles, peuvent paraître l'être en pratique, du moins pour le moment.

    Dans quelle mesure la vision d'unité de Léon XIV entre les Églises d'Orient et d'Occident pourra-t-elle se rapprocher dans les années à venir ?

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  • Léon XIV met les pièces en place

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    D'Andrea Gagliarducci sur Monday Vatican :

    Léon XIV met les pièces en place

    Le pape Léon XIV a initié un changement générationnel majeur au sein de l'appareil central de gouvernement de l'Église, la Curie romaine.

    Ce changement a débuté la semaine dernière au sein du Secrétariat d'État, avec la nomination d' Anthony Onyemucho Epko comme assesseur et de Mihăiţă Blaj comme sous-secrétaire d'État aux Affaires étrangères, organe central et essentiel de la Curie romaine. Il s'étendra à divers dicastères du Vatican jusqu'à ce qu'une nouvelle génération d'ecclésiastiques – les hommes de Léon XIV – occupe des postes clés au sein de l'appareil gouvernemental. Ce processus pourrait prendre du temps et se prolonger jusqu'en 2026.

    La nomination des deux nouveaux vice-ministres du Secrétariat d'État a été rendue publique après plus d'un mois de vacance de ces postes. Plus tôt dans la semaine, le jubilé du personnel diplomatique avait été célébré, et la photo de groupe prise lors de la rencontre avec le pape témoignait d'une période où le Secrétariat d'État était privé à la fois de son assesseur et de son sous-secrétaire d'État aux relations avec les États .

    C'était inhabituel, car ces deux postes ne peuvent rester vacants longtemps. Le sous-secrétaire d'État aux Relations avec les États, une sorte de « vice-ministre des Affaires étrangères », est responsable de dossiers clés, à commencer par celui concernant la Chine. L'accord sino-vatican relatif à la nomination des évêques a toujours été signé, jusqu'à présent, au niveau des vice-ministres des Affaires étrangères, et les délégations vaticanes qui ont rencontré périodiquement les délégations chinoises pour discuter de l'avancement de cet accord ont également toujours été dirigées par le sous-secrétaire d'État aux Relations avec les États.

    En résumé, il existait un risque d'arriver à la prochaine réunion d'information avec la Chine en décembre sans chef de délégation désigné pour gérer le dossier. Le choix s'est porté sur Monseigneur Blaj, un jeune homme ayant une expérience dans diverses nonciatures, qui avait récemment occupé le poste de secrétaire particulier de l'archevêque Paul Richard Gallagher , ministre du Vatican pour les relations avec les États.

    Le rôle de l'évaluateur est encore plus crucial.

    En effet, il existe deux sous-secrétaires aux Relations avec les États, ainsi qu'un sous-secrétaire aux Affaires multilatérales, Mgr Daniel Pacho, qui peut assurer l'intérim en l'absence de l'autre « vice-ministre des Affaires étrangères », même si ses responsabilités ne concernent pas les relations interétatiques. Cependant, l'organigramme du Saint-Siège ne prévoit pas de second assesseur. L'assesseur, adjoint du substitut du Secrétariat d'État, est chargé du bon fonctionnement de ce dernier . Il exerce diverses fonctions, est également membre du Comité de sécurité financière et supervise son fonctionnement général.

    Pour ce poste, Monseigneur Epko fut choisi, premier assesseur à ne pas provenir du Secrétariat d'État, où il avait pourtant exercé ses fonctions avant d'être nommé sous-secrétaire du Dicastère pour le service du développement humain intégral. Epko est également l'auteur d'un ouvrage en anglais sur la Curie romaine, l'une des rares études consacrées aux origines, à l'histoire et au fonctionnement de l'appareil vaticanais, et qui jouit d'une excellente réputation dans les pays anglophones.

    Que pouvons-nous déduire de ces deux rendez-vous ?

    Premièrement, Léon XIV a entrepris la réorganisation de la Curie, et la nomination de Monseigneur Epko, expert en la matière, en est un signe très clair. De plus, Epko est un « outsider » au sein du Secrétariat d'État du Vatican, et il est réputé pour sa fidélité. Son nom ne semble pas avoir été proposé par son successeur actuel, l'archevêque Edgar Peña Parra, ce qui est interprété par certains observateurs comme un indice du départ imminent de ce dernier.

    Mais le choix d'Epko laisse également présager de profonds changements au sein du Dicastère pour le service du développement humain intégral. Epko en était le sous-secrétaire, et l'actuel préfet, le cardinal Michel Czerny, fêtera bientôt ses 80 ans. Czerny fut l'un des symboles de la « révolution » du pape François, et lui-même un fervent défenseur de cette révolution. C'est lui qui a perpétué l'héritage de François en organisant la rencontre de Léon XIV avec les mouvements populaires, et en dirigeant également le discours de Léon XIV sur cette question, profondément imprégné de spiritualité bergoglienne.

    Dès la nomination du sous-secrétaire, le dicastère pourrait connaître une transformation majeure, dans l'attente d'un nouveau président qui pourrait également lui insuffler une nouvelle orientation. Jusqu'à présent, le dicastère s'est concentré sur l'ancienne section Migrants et Réfugiés, perdant ainsi nombre de ses caractéristiques propres lorsqu'il était le Conseil pontifical Justice et Paix.

    Un autre signe d'une possible restructuration du Dicastère a été la récente réforme de la pastorale maritime, que le Pape a structurée sous le nom de « Stella Maris ». Mais cette réforme, elle aussi, doit résister à l'épreuve du temps. D'une part, elle doit corriger une lacune de Praedicate Evangelium, la constitution apostolique de l'ère François qui a réformé la Curie sur le papier (et qui mentionnait à peine la pastorale des gens de mer). D'autre part, la nouvelle structure semble refléter quelque peu celle de Caritas Internationalis, que le Pape François avait réformée avec une approche plus managériale, surpassant ainsi la réforme de Benoît XVI, qui avait cherché à inscrire l'action de Caritas dans un cadre théologique solide, plutôt que managérial.

    Nous verrons si Epko, en tant qu'assesseur et expert de la Curie romaine, aura également pour mission de rétablir l'ordre au sein d'une machine curiale dont le travail s'est complexifié après les réformes du pape François .

    La nomination de Blaj semble toutefois annoncer une autre promotion : celle de son supérieur hiérarchique direct, l’archevêque Paul Richard Gallagher. Le « ministre des Affaires étrangères » du Vatican pourrait être destiné à un poste au sein de la Curie, peut-être avec le titre de cardinal, et l’indice réside précisément dans la promotion accordée par le pape à son secrétaire particulier, une mesure qui annonce généralement une mutation.

    Si Pena Parra et Gallagher venaient à quitter leurs fonctions, le Secrétariat d'État connaîtrait de profonds bouleversements. Mais il ne serait pas le seul. Léon XIV a déjà nommé un vice-régent de la Maison pontificale, le père augustinien Dalong, en qui il a toute confiance, et tout porte à croire que cette nomination préparera le terrain pour le remplacement de l'actuel régent, Monseigneur Leonardo Sapienza.

    L’archevêque Diego Ravelli, l’actuel maître des cérémonies papales, semble lui aussi prêt à être muté dans un diocèse, car le pape souhaiterait choisir une personne plus en phase avec ses sensibilités et n’apprécie guère l’idée d’un archevêque réduit à un rôle d’« enfant de chœur ».

    Tous ces changements devraient intervenir après le consistoire des 7 et 8 janvier, dont le sujet n'a pas encore été annoncé par Léon XIV. Ils ouvriraient la voie à une période de renouvellement générationnel intense, culminant avec un consistoire pour l'élection de nouveaux cardinaux fin 2026. Actuellement, le nombre de cardinaux électeurs s'élève à 126, mais il passera sous la barre des 120 d'ici la fin de l'année prochaine.

    Les nouveaux cardinaux auront eux aussi, à terme, davantage leur mot à dire sur ce que Léon XIV souhaite pour l'Église.

  • Léon XIV modifie la composition de la Commission de l'État du Vatican et légalise la nomination de Raffaella Petrini

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    D'InfoVaticana :

    Léon XIV modifie la composition de la Commission de l'État du Vatican et légalise la nomination de Raffaella Petrini

    Léon XIV a promulgué sa deuxième lettre apostolique sous la forme d'un Motu Propriomodifiant la composition de la Commission pontificale pour l'État de la Cité du Vatican. Cette réforme, purement procédurale, introduit deux changements majeurs : premièrement, la possibilité pour cet organe de ne plus être composé uniquement de cardinaux, permettant au Pape d'y intégrer d'autres membres – laïcs, religieux ou experts – et ainsi favoriser une plus grande diversité au sein de la direction ; deuxièmement, l'établissement d'une durée de mandat de cinq ans, garantissant une gestion plus rigoureuse et responsable.

    L’entrée en vigueur de cet amendement légalise la nomination de la religieuse Raffaella Petrini, qui a pris ses fonctions en mars 2025 sous le mandat du pape François, à la présidence de la Commission pour l’État de la Cité du Vatican.

    Le document, signé le 19 novembre place Saint-Pierre et publié le 21 novembre, souligne la nécessité de consolider un modèle de gouvernance plus coresponsable face aux défis croissants de l'administration de l'État de la Cité du Vatican. Dans la lignée du pape François, le Motu Proprio s'inscrit dans la lignée de l'approche instaurée par Praedicate Evangelium , la Constitution apostolique qui a réorganisé la Curie selon le principe de « communion opérative » entre ses différents organes.

    Une étape conforme au programme synodal

    Cette réforme s’inscrit dans la dynamique synodale qui anime l’Église à l’heure actuelle. Il ne s’agit pas seulement d’ajuster les aspects juridiques de l’État du Vatican, mais aussi d’appliquer au sein de sa propre structure le principe de coresponsabilité exigé des diocèses du monde entier.

    Dans un récent entretien consacré à la mise en œuvre du Synode, Nathalie Becquart, sous-secrétaire du Secrétariat général du Synode , a expliqué que la véritable synodalité implique « d’investir dans des pratiques concrètes », et non de simples discours. Son point de vue nous aide à comprendre le sens du Motu Proprio : ouvrir l’espace de la prise de décision, élargir les équipes de travail et créer des structures qui reflètent une mission partagée.

    Lire aussi : Nathalie Becquart : « Il existe de nombreuses façons d’être Église et aucun modèle unique de vie ecclésiale ne devrait être imposé »

    Selon Becquart, il n’existe pas de modèle unique pour le chemin synodal. L’essentiel, affirme-t-elle, est que chaque Église locale, en fonction de son contexte, adopte des mécanismes lui permettant de cheminer, de discerner et de décider avec tout le Peuple de Dieu. Cela se traduit par des propositions concrètes : introduire le dialogue spirituel dans les conseils paroissiaux, organiser des assemblées synodales, instituer des conférences pastorales diocésaines, accroître la participation des laïcs (en particulier des jeunes et des femmes) aux responsabilités pastorales, et former les séminaristes et les prêtres à exercer une véritable autorité synodale.

    Un signe du style de gouvernement du nouveau pape ?

    Ce changement ne constitue ni une rupture avec les étapes précédentes, ni un changement de style de la part du nouveau pape. Il s'inscrit dans la continuité directe du processus de réforme déjà en cours. (processus initié durant le pontificat de François ndB)

    Le document prend effet immédiatement après sa publication dans L'Osservatore Romano et sera incorporé dans le commentaire officiel des Acta Apostolicae Sedis.

  • Le nouveau pontificat va-t-il vraiment commencer ?

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    D'Andrea Gagliarducci sur Korazym.org :

    Léon XIV au début de son pontificat ?

    Le pape Léon XIV
     

    L'annonce de la convocation d'un consistoire par le pape Léon XIV les 7 et 8 janvier 2026 n'a pas encore été officialisée par le Bureau de presse du Saint-Siège. Depuis la publication de l'information par le National Catholic Register, de nombreuses confirmations ont toutefois émergé – certaines émanant des cardinaux eux-mêmes – et la lettre circulaire adressée à tous les cardinaux circule largement sur Internet.

    Ce consistoire n'aura pas pour objet la création de nouveaux cardinaux. Il y a déjà une douzaine de cardinaux en âge de voter de plus que ne le permet strictement la loi. Le nombre de cardinaux en âge de voter ne descendra pas en dessous de la limite légale de 120 avant fin 2026. Le consistoire des 7 et 8 janvier sera consacré à l'examen de questions importantes pour l'ensemble de l'Église – un examen qui n'a pas eu lieu ces dernières années.

    Le pape François a convoqué un consistoire en 2014, lors duquel le cardinal Walter Kasper a prononcé un discours sur la famille qui a suscité de vifs débats. Un autre s'est tenu en 2015, avec plusieurs sessions consacrées à la réforme de la Curie. Enfin, un troisième consistoire a eu lieu en 2022 pour discuter de la réforme de la Curie déjà promulguée.

    Le dernier consistoire extraordinaire du pape François – le premier en sept ans – a laissé un goût d'inachevé. Les cardinaux étaient répartis en groupes linguistiques, les interventions prolongées en séance plénière étaient impossibles, et beaucoup ont eu le sentiment que la collégialité – ou synodalité – dont parlait le pape François n'avait pas été véritablement appliquée.

    Léon XIV renoue avec les anciennes pratiques. Benoît XVI précédait toujours le consistoire pour la création de nouveaux cardinaux d'une réunion de l'ensemble du Collège des cardinaux. Jean-Paul II a convoqué les cardinaux à plusieurs reprises pour discuter de réformes et de décisions. Paul VI aimait même rencontrer les cardinaux résidant à Rome immédiatement après chaque voyage apostolique, dès son retour, presque avant même d'avoir franchi le seuil des appartements du Palais apostolique.

    Il reste à voir quel modèle suivra Léon XIV, mais la convocation d'un consistoire le 7 janvier est un signe significatif. En effet, le 7 janvier est le lendemain de la fin du Jubilé de 2025. Léon XIV a délibérément choisi de laisser traîner les choses pendant le Jubilé et de clore tous les dossiers ouverts du pape François. La publication de l'exhortation Dilexi te, la publication de la note du Dicastère pour la Doctrine de la Foi sur les titres mariaux, la publication prochaine d'un document sur la monogamie préparé par ce même dicastère durant le pontificat de François, et même le prochain voyage apostolique en Turquie et au Liban sont autant de questions laissées en suspens par son prédécesseur.

    Certaines décisions du pape François resteront en vigueur l'année prochaine. Par exemple, un voyage en Afrique, actuellement en préparation, dont il rêvait pour l'Année jubilaire. Cependant, la fin du Jubilé marquera aussi, concrètement, la fin de son mandat. Léon XIV a pris le temps de réfléchir à la question et il devrait maintenant annoncer clairement sa position.

    Que pourrait-il se passer au consistoire les 7 et 8 janvier ? Le pape souhaitera sans doute écouter. Il le fait toujours. Les nonces apostoliques affirment qu’il tient toujours à être informé en premier lieu de la situation dans le pays où ils exercent leur ministère.

    Mais le pape pourrait alors définir son équipe dirigeante. Il pourrait présenter un projet de ce qui deviendrait sa première encyclique. Il pourrait aborder des questions cruciales : l’impact de la période des procès, la crédibilité de l’Église et les réformes nécessaires à la restructuration de la Curie.

    Quoi qu'il arrive, ce sera un tournant fondamental. Les paroles du pape Léon XIV et la manière dont il dirige le consistoire nous permettent de comprendre le déroulement de son pontificat. Nous en avons déjà aperçu quelques éléments clés. La semaine dernière, Léon XIV a nommé le père augustin Edward Danian Daleng vice-régent de la Préfecture de la Maison pontificale. Ce poste n'existe pas dans l'organigramme – il pourrait tout au plus y avoir un régent adjoint – mais il témoigne de la volonté du pape de redonner toute sa place à l'institution. Le vice-régent travaillera aux côtés du régent, Mgr Leonardo Sapienza, qui a dirigé la Préfecture ces dernières années. Le pape François, en effet, n'a jamais nommé de préfet pour succéder à l'archevêque Gänswein. Le pape Léon XIV pourrait en nommer un, et l'archevêque Peter Rajic, actuellement nonce apostolique en Italie, serait pressenti pour ce poste.

    La nomination d'un vice-régent témoigne de la pratique constante du pape de confier des postes clés à des amis jeunes et de confiance. Il s'agit souvent d'augustins, mais pas nécessairement : les deux secrétaires particuliers ne le sont pas. Ils sont toutefois âgés de trente ans et possèdent une expérience et une fiabilité éprouvées.

    Au plus haut niveau, le Pape souhaite toutefois rétablir une hiérarchie claire. La Préfecture de la Maison pontificale constituera un organe central. Il reste à voir comment le Saint-Père réorientera le Secrétariat d'État, et l'on peut s'attendre à des changements au sommet après le Consistoire.

    Le Secrétariat d'État est actuellement privé de deux postes essentiels à son fonctionnement : celui d'évaluateur et celui de sous-secrétaire d'État pour les relations avec les États. Le rôle de l'évaluateur est d'autant plus crucial qu'il assiste le substitut pour les affaires générales dans la gestion du Secrétariat d'État. Il reste à voir si le Pape décidera d'apporter une réforme plus profonde au Secrétariat d'État, en nommant de nouveaux supérieurs pour l'évaluateur et le sous-secrétaire d'État. La question sera tranchée après le Jubilé.

    Parallèlement, Léon XIV poursuit la correction des carences institutionnelles. Suite au rescrit autorisant à nouveau les entités vaticanes à s'abstenir d'investir par l'intermédiaire de l'Institut pour les Œuvres de Religion, le pape a institué, le 13 novembre, un organe de coordination pour l'Apostolat de la Mer, appelé Stella Maris. Avec la réforme de la Curie, l'Apostolat de la Mer avait été marginalisé par le Dicastère pour le Service du Développement Humain Intégral, qui avait certes assumé ses responsabilités, mais sans mettre en place de structure. Cette structure est en cours de déploiement, bien que des étapes supplémentaires soient nécessaires pour garantir son efficacité. Elle s'inscrit dans le cadre d'une adaptation plus large des réformes inachevées du pape François.

    Peut-être n'approchons-nous que très lentement du début du nouveau pontificat, ou du moins du nouveau gouvernement papal. Le pape semble déterminé à établir une institution et une organisation solides, sans renoncer à plus que le strict minimum des éléments qui ont caractérisé le pontificat de François. Il faudra beaucoup d'équilibre pour que cet effort porte ses fruits.

  • Janvier 2026 : un consistoire pour quoi faire ?

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    De Christopher R. Altieri sur Crux :

    Le consistoire offrira à Léon XIV l'occasion de faire part de ses projets aux cardinaux.

    L'une des principales nouvelles de la semaine dernière était la tenue prochaine d'un consistoire début 2026. Prévu les 7 et 8 janvier 2026, ce rassemblement n'a pas pour but la création de nouveaux cardinaux, mais de donner aux cardinaux l'occasion de se rencontrer et de discuter ensemble.

    De telles rencontres furent rares et espacées durant le pontificat de François, un fait que de nombreux cardinaux déploraient en privé.

    « Ce sera une excellente occasion pour beaucoup d’entre nous de faire connaissance », a déclaré le cardinal Isao Kikuchi de Tokyo à Crux, « et de partager nos préoccupations du point de vue de la périphérie et d’aider le Saint-Père à discerner ensemble la direction du Saint-Esprit. »

    Ce sera l'occasion pour le pape Léon XIV de poser des questions à ses cardinaux, et ce sera l'occasion pour eux de s'adresser à lui ainsi qu'entre eux.

    L'un des enseignements du pontificat de François est que le pape ne s'isole que lorsqu'il ne dévoile pas ses pensées à ses plus proches collaborateurs.

    Une autre leçon du pontificat de François – souvent apprise à ses dépens – est que le pape succède à Pierre et à tous ses prédécesseurs à la papauté. Ce fait, ancré dans l'histoire et fruit d'une longue et difficile construction de l'identité propre à l'Église, a constitué une force structurante essentielle au sein et pour la papauté à travers les siècles. Il a profondément influencé l'action des papes, leurs intentions et leurs convictions quant à leurs possibilités, ainsi que la manière dont ils l'ont menée.

    François l'a reconnu en théorie, mais les circonstances de son élection au siège de Pierre étaient extraordinaires et exceptionnelles, à l'image de sa personnalité et de son caractère. De l'avis général de ses plus fervents partisans comme de ses critiques les plus implacables, François accordait peu d'importance aux précédents (ni même aux protocoles établis au fil des siècles en fonction des traditions institutionnelles).

    Cela signifie que Léon XIV a une aiguille difficile à enfiler.

    Léon XIV doit prouver aux cardinaux qu'il est un homme indépendant, tout en assurant la continuité avec un prédécesseur anticonformiste et avec tous ses prédécesseurs à la charge qu'il occupe actuellement. C'est un peu comme le vieux précepte commercial : « Grand, Rapide, Bon ». Deux suffisent. Léon a besoin de trois : être lui-même, s'inscrire dans la continuité de François et s'inscrire dans la continuité de l'histoire même de la charge pétrinienne.

    Dimanche dernier – jour de la dédicace de la basilique du Latran, en réalité la cathédrale et archibasilique de Rome – Léon XIV a parlé de l'Église comme d'un « chantier » et a souligné que cette image, également utilisée par son prédécesseur, « évoque l'activité, la créativité et le dévouement, ainsi que le travail acharné et parfois des problèmes complexes à résoudre ».

    « Cela témoigne des efforts concrets et tangibles déployés par nos communautés qui grandissent chaque jour, partageant leurs charismes sous la direction de leurs pasteurs », a déclaré Léon.

    Si l'Église est un chantier, le pape n'en est pas l'architecte mais l'ingénieur en chef, et les cardinaux en sont les contremaîtres.

    Léon XIV a également souligné que la construction de la basilique du Latran « a connu son lot de moments critiques, de retards et de modifications des plans initiaux ».

    Les penchants anticonformistes de François et son goût pour un leadership déroutant – pour reprendre les mots de John L. Allen Jr., rédacteur en chef de Crux – ont souvent libéré une énergie énorme au sein de l'Église, mais en l'absence d'une direction claire, ces énergies se sont également dissipées rapidement.

    Le prochain consistoire est l'occasion pour le nouveau pontife, successeur de François, de marquer le début d'une nouvelle ère léonine, mais seulement s'il fait connaître à ses cardinaux – et leur permet de bien comprendre – quels sont ses projets.

    De manière subtile et réfléchie, Léon a déjà préparé le terrain. Il est d'un classicisme presque irréprochable quant aux attributs de sa charge et au respect du protocole pontifical. Il est remarquable de le voir retrouver une certaine régularité, voire une certaine dignité, dans ses actions, tout en tissant des liens avec les fidèles et en laissant transparaître sa personnalité avec subtilité, parfois à des moments clés.

    Lors de leur visite au pape Léon XIV au Vatican le mois dernier, le roi Abdallah II et la reine Rania de Jordanie ont été interrogés par la reine sur son prochain voyage au Liban – une étape d'un voyage prévu du 27 novembre au 2 décembre qui le mènera d'abord en Turquie pour le 1700e anniversaire du concile de Nicée – lui demandant : « Pensez-vous qu'il soit sûr d'aller au Liban ? »

    « Eh bien, » répondit Léon XIV, un léger sourire se dessinant aux coins de ses lèvres, « nous y allons. »

    L’idée de continuité papale – j’entends par là une continuité papale à travers les siècles, et non pas seulement ou même principalement d’un pape à l’autre – a certainement été éclipsée durant le pontificat de François, mais Léon XIV a déjà commencé à la faire renaître, ou du moins à créer les conditions de sa renaissance.

    Il existe un sens très réel et palpable dans lequel le conclave qui a élu Léon n'était pas tant un référendum sur le programme de son prédécesseur – en effet, il est même difficile de parler de programme pour un homme dont la devise papale officieuse était « Hagan lio ! » (mettons le désordre) – qu'un référendum sur la nécessité d'un retour à une gouvernance stable et ordonnée.

    C’est là une des principales raisons pour lesquelles le pape Léon XIV se doit d’exposer ses propres plans, de donner ses propres dispositions, en un mot : de dire ce qu’il pense de ce qui doit être fait.

    Le pape avait déjà expliqué aux cardinaux pourquoi il avait choisi Leo comme nom de règne.

    « Il y a différentes raisons à cela », a-t-il déclaré aux cardinaux réunis dans la nouvelle salle synodale le 10 mai dernier, « mais principalement parce que le pape Léon XIII, dans son encyclique historique Rerum Novarum, a abordé la question sociale dans le contexte de la première grande révolution industrielle. »

    « De nos jours », a déclaré Léon, « l’Église offre à tous le trésor de son enseignement social en réponse à une nouvelle révolution industrielle et aux développements dans le domaine de l’intelligence artificielle qui posent de nouveaux défis pour la défense de la dignité humaine, de la justice et du travail. »

    Les cardinaux sont ravis de cette occasion de mieux se connaître, et ils sont impatients d'en savoir plus sur les projets de Léon XIV.

    Suivez Chris Altieri sur X :  @craltieri

    *Nirmala Carvalho a contribué à la rédaction de cet article.

  • Le cardinal Fernández : "the right man in the right place" ?

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    De Michael Haynes sur le Catholic Herald :

    La nomination du cardinal Fernández au Vatican a provoqué un scandale et des divisions inutiles.

    L'irruption théologique provoquée par le cardinal Victor Manuel Fernández début novembre était parfaitement prévisible et ne fait que souligner l'état déplorable actuel du bureau qu'il dirige.

    Il semble depuis longtemps admis à Rome qu'un ecclésiastique n'a pas nécessairement besoin de posséder des aptitudes naturelles pour la fonction qui lui est confiée au Vatican. Le cas de l'évêque déchu Gustavo Zanchetta en est un exemple flagrant. Lorsque Zanchetta a démissionné de son siège en 2017, suite aux révélations d'abus sexuels sur des séminaristes, le pape François a créé un nouveau poste pour l'évêque au Vatican, le défendant pendant les deux années suivantes.

    Ce fut également le cas du père Marko Rupnik, dont les œuvres et les mosaïques ornaient les murs des notables romains, tandis que les accusations d'abus sur des religieuses étaient minimisées par sa hiérarchie. Qu'importe les abus répétés présumés et le lien étroit entre ces abus et son art, Rupnik était l'artiste le plus demandé de la saison, et quelle saison faste il a connue !

    Depuis 2023, l'Église a connu une situation similaire avec le cardinal Fernández, préparé à diriger la Congrégation pour la Doctrine de la Foi (aujourd'hui DDF) par son ami et mentor de longue date, le pape François. Le passé de Fernández avait été si polémique que la DDF avait constitué un dossier en 2009 faisant état de préoccupations concernant ses écrits, ce qui avait conduit préventivement à une enquête lorsque le cardinal Bergoglio l'avait nommé recteur de l'Université pontificale catholique d'Argentine.

    Ces derniers mois, certains ouvrages scandaleux du passé de Fernández ont refait surface, notamment ses écrits à caractère sexuel explicite sur les baisers et les orgasmes. Tellement embarrassants pour l'image publique du cardinal, nouveau préfet de la Doctrine de la Foi, ils ont été omis des informations biographiques publiées par le Vatican, dans une tentative vaine d'effacer son passé.

    Son mandat à la tête de la DDF n'a pas été plus glorieux que son précédent mandat en Argentine. Moins de six mois après sa prise de fonction, Fernández publia Fiducia Supplicans, un texte qui faillit provoquer une scission majeure et une guerre civile au sein de l'Église, comme on n'en avait pas vu depuis le Concile Vatican II. Les critiques à l'égard de ce texte furent si nombreuses et si virulentes qu'il dut subir l'humiliation de voir un proche conseiller du pape François, le cardinal Fridolin Ambongo, négocier une clause d'exemption pour l'Afrique. Cette exemption fut obtenue grâce à une rencontre en personne entre François et Fernández.

    Fernández a certainement travaillé rapidement durant son mandat judiciaire, publiant un certain nombre de documents et s'attaquant également à l'arriéré de paperasse au DDF concernant les visions présumées, avec toutefois des résultats très mitigés, comme en témoigne son document lamentable du printemps 2024 sur les phénomènes surnaturels.

    Ses premiers mois ont suscité un tel déferlement médiatique et une telle controverse qu'il est vite apparu évident que quelqu'un lui avait conseillé de cesser les interviews et de ne plus répondre aux courriels externes. Les réactions provoquées par son travail n'ont fait qu'amplifier le scepticisme alors très répandu à l'égard du pontificat de François.

    Il n'est donc guère surprenant qu'avec son dernier document, Mater Populi Fidelis, sur Marie en tant que « Corédemptrice », Fernández n'ait fait qu'attiser la confusion et les querelles intestines, et dévaloriser davantage encore la fonction qu'il occupe. En déclarant que le terme « Corédemptrice » est « toujours inapproprié », le cardinal a balayé d'un revers de main des siècles de développement théologique et des décennies d'usage pontifical de ce terme, les reléguant au rang de simple note de bas de page.

    Il procéda d'ailleurs de manière singulière : en publiant le document lors d'une soirée de lancement plutôt que d'une conférence de presse classique, expliquant que c'était pour éviter les questions des journalistes, incapables de saisir les subtilités théologiques du texte – une citation quasi littérale. Cette stratégie se retourna contre lui, même au sein de la salle, puisqu'un spécialiste de la religion mariale se mit à crier après Fernández à propos du texte.

    Mais il convient de se demander pourquoi le cardinal a même rédigé ce texte. Le mouvement en faveur d'une déclaration formelle de Marie comme Corédemptrice reste relativement marginal au sein de l'Église, et ses plus fervents défenseurs sont des théologiens et des spécialistes mariaux respectés – loin d'être des figures marginales. En réalité, Mater Populi Fidelis n'a fait qu'élever le débat théologique à un niveau inédit. Les catholiques qui ignoraient jusqu'alors ce terme ou cette dévotion découvrent désormais des arguments en sa faveur, tandis que les mariologues qui la proposent redoublent d'efforts pour en préciser la nature.

    En bref, tout comme pour Fiducia Supplicans , il n'y avait aucune raison valable d' écrire Mater Populi Fidelis , et tout ce que cela a fait, c'est se retourner contre l'intention publique de Fernández.

    Le journaliste catholique chevronné Phil Lawler a exprimé ce sentiment lorsqu'il a écrit :

    « Parfois, quand il n'est pas nécessaire de parler, il est préférable de se taire. C'était peut-être le cas ici. La réaction à la déclaration du Vatican était parfaitement prévisible : des cris de colère de la part de ceux qui se sentent trahis et abandonnés par les déclarations du Vatican depuis 15 ans. »

    Malheureusement, il ne s'agit là que du dernier épisode d'une longue série de désastres en matière de relations publiques et de controverses théologiques qui ont entaché le Vatican depuis l'arrivée du cardinal Fernández il y a un peu plus de deux ans.

    Avant d'occuper son poste actuel, l'archevêque Fernández avait déclaré : « Sur de nombreux points, je suis bien plus progressiste que le pape », en référence au pape François. À l'heure où les églises perdent massivement des fidèles et où les vocations, notamment en Europe, continuent de décliner d'année en année, cette affirmation était pour le moins audacieuse.

    J'ai demandé à l'un de ses précédents de réagir à une telle remarque. « Les éloges des grands médias à l'égard des réformateurs progressistes ne se sont pas encore traduits par une conversion des fidèles à la foi en Jésus-Christ », a déclaré le cardinal Gerhard Müller, ancien préfet de la DDF, peu après la nomination de Fernández. « Car c'est dans le Fils du Dieu vivant seul qu'ils peuvent placer leur espérance, pour vivre et pour mourir. »

    Scandales, controverses, imprécisions et un manque général de rigueur scientifique sont devenus monnaie courante sous la direction de Fernández à la tête du Dicastère pour la Doctrine de la Foi. Non seulement il a démontré son inaptitude à occuper cette fonction, mais il l'a même admis lui-même lorsqu'il a déclaré ne pas avoir les compétences requises pour gérer l'aspect disciplinaire du DDF.

    Les théologiens, les prélats les plus influents et même les simples journalistes désespèrent de plus en plus de l'état déplorable dans lequel Fernández a plongé la DDF, autrefois respectée, et si le pape Léon XIV souhaite rétablir un semblant de paix et d'ordre au sein de l'Église, Fernández ne doit pas être maintenu au pouvoir.

    Michael Haynes est un journaliste anglais indépendant et membre du corps de presse du Saint-Siège. Vous pouvez le suivre sur X ou sur son site web Per Mariam .