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Structures ecclésiastiques - Page 2

  • Le cardinal Burke propose une neuvaine en vue du conclave

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    Du blog de Jeanne Smits :

    Le cardinal Burke propose une neuvaine en vue du conclave, depuis ce 26 avril au 5 mai


    Le cardinal Raymond Burke, cardinal électeur au conclave qui devrait s’ouvrir dans quelques jours, exhorte les fidèles à prier pour l’Eglise en ces jours graves. Voici la traduction française officielle de la prière qu’il a composée pour une neuvaine commençant aujourd’hui, ce 26 avril, et prenant fin le 5 mai prochain. Je la publie ci-dessous avec l’aimable autorisation de Son Eminence.
    Neuvaine pour le Sacré Collège des cardinaux rassemblés en vue du conclave pour élire le Pontife romain 
    26 avril – 5 mai, 2025 
    Me voici à genoux à vos pieds, ô Vierge Mère de Dieu, Notre-Dame de Guadalupe, mère compatissante de tous ceux qui vous aiment, qui vous implorent, qui vous cherchent et qui ont mis leur confiance en vous. Je viens vous supplier pour l’Église au moment où elle traverse une période de grandes épreuves et de grands dangers. De même que vous êtes venue au secours de l’Église à Tépotzátlan en 1531, daignez intercéder pour le Sacré Collège des cardinaux réuni à Rome pour élire le successeur de saint Pierre, Vicaire du Christ et Pasteur de l’Église universelle. 
    En cette période de tumulte pour l’Église et pour le monde, plaidez auprès de votre Divin Fils afin que les cardinaux de la Sainte Église romaine, son Corps mystique, obéissent humblement aux inspirations du Saint-Esprit. Puissent-ils, par votre intercession, choisir l’homme le plus digne d’être le Vicaire du Christ sur terre. Avec vous, je mets toute ma confiance en Celui qui, seul, est notre secours et notre salut. Amen. 
    Cœur de Jésus, salut de ceux qui placent leur confiance en vous, avez pitié de nous ! 
    Notre Dame de Guadalupe, Vierge Mère de Dieu et Mère de la Divine Grâce, priez pour nous ! 
    Cardinal Raymond Leo BURKE
    24 avril 2025
    (Je remarque que le dernier jour de la neuvaine tombe le 5 mai, fête liturgique de saint Pie V dans le rite traditionnel. Que ce pape, dont le pontificat fut marquée par l’unification de la liturgie latine et le combat victorieux de Lépante sur les Ottomans par la puissance du Rosaire, nous obtienne un digne et saint successeur de saint Pierre ! – J.S.)
  • Les quatre voeux du cardinal Ruini pour l'avenir proche de l'Eglise

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    De Sandro Magister sur Settimo Cielo (en français sur diakonos.be) :

    Card. Ruini : quatre conditions sine qua non pour le bon gouvernement de l’Église

    Le cardinal Camillo Ruini offre cette « prière » aux cardinaux qui, dans quelques jours, entreront en conclave pour élire le prochain pape.

    Mais il l’offre également à l’ensemble du peuple chrétien que le prochain successeur de Pierre sera chargé de « confirmer dans la foi ».

    À 94 ans, Ruini a été le cardinal le plus proche de Jean-Paul II, dont il était vicaire pour le diocèse de Rome, en plus d’avoir présidé la Conférence épiscopale italienne. Il a été parmi les grands électeurs et admirateurs de Benoît XVI, dont il rappelle dans cet écrit la valeur mais également une limite : sa « piètre aptitude à gouverner ».

    Une limite dont le futur pape ferait bien de se garder.

    *

    Prière pour l’Église de l’avenir proche

    de Camillo Card. Ruini

    L’héritage du Pape François est une question qui agite et interpelle en profondeur l’Église. Dans ces quelques lignes, je l’aborderai dans une perspective confiante, parce que fondée sur la puissance miséricordieuse de Dieu qui guide nos pas sur le chemin du bien.

    Je formulerai quatre vœux – qui sont également des appels – pour l’Église d’un avenir que j’espère très proche. Je mets mon espoir en une Église bonne et charitable, doctrinalement sûre, gouvernée selon les normes du droit, profondément unie en son sein. Telles sont mes intentions de prière que je souhaiterais partager largement.

    1. En premier lieu, donc, une Église bonne et charitable. L’amour rendu efficace dans la vie est en effet la loi suprême du témoignage chrétien et dans de l’Église. Il est ce à quoi les gens, aujourd’hui encore, aspirent le plus. Éliminons donc de notre manière de gouverner toute dureté inutile, toute mesquinerie et toute sécheresse de cœur.

    2. Comme l’a écrit Benoît XVI, la foi est aujourd’hui une flamme qui menace de s’éteindre. Raviver cette flamme est donc une autre priorité majeure pour l’Église. Il faut pour cela beaucoup prier, il faut la capacité de répondre sur une note chrétienne aux défis intellectuels d’aujourd’hui, mais il faut également la certitude de la vérité et de la doctrine. Depuis trop longtemps, nous avons fait l’expérience que quand ces dernières s’affaiblissent, nous tous, pasteurs et fidèles, en pâtissons durement.

    3. Il y a ensuite la question du gouvernement. Le pontificat de Benoît XVI a été marqué par sa piètre aptitude à gouverner et il s’agit là d’un point d’attention valable en tout temps, y compris dans un avenir proche. Prenons garde à ne pas oublier qu’il s’agit de gouverner cette réalité très spéciale qu’est l’Église. Là encore, comme je l’ai dit, la loi fondamentale, c’est l’amour : le style de gouvernement et le recours au droit doivent être le plus conforme possible à cette loi, particulièrement exigeante pour chacun.

    4. Ces dernières années, nous avons éprouvé certaines menaces – que je ne voudrais pas exagérer – pour l’unité et la communion de l’Église. Afin de les surmonter et de faire apparaître en pleine lumière ce que je me plais à appeler la « forme catholique » de l’Église, la charité réciproque est, une fois encore, décisive, mais il est tout aussi important de raviver la conscience que l’Église, à l’instar de tout corps social, a ses propres règles, que nul ne peut ignorer impunément.

    À l’âge de 94 ans, le silence convient mieux que les mots. J’espère cependant que ces quelques lignes puissent être un petit fruit du bien que je veux à l’Église.

    ———

    Sandro Magister est le vaticaniste émérite de l’hebdomadaire L’Espresso.
    Tous les articles de son blog Settimo Cielo sont disponibles sur diakonos.be en langue française.
    Ainsi que l’index complet de tous les articles français de www.chiesa, son blog précédent.

  • Les lignes de force et les tensions d’un pontificat très débattu

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    D'Elisabeth Geffroy sur le site de la Nef :

    Pape François : lignes de force et tensions d’un pontificat très débattu

    Le pape François est mort le lundi de Pâques, 21 avril 2025. Il nous revient d’analyser ici les lignes de force de son pontificat, ses apports pour l’Église et le monde, mais aussi les tensions qui l’ont traversé et les doutes qu’il a suscités.

    Le merveilleux chant de l’Exultet qui illumine la nuit pascale se termine par cette supplique : « et que passent tous les hommes de cette terre à votre maison. » La joie de Pâques, joie du salut obtenu pour nous par le Christ, enveloppait encore nos cœurs quand le pape François a rejoint la maison du Père, à qui il avait donné toute sa vie. Maintenant qu’il nous a quittés et que son action terrestre est close, il nous revient d’analyser les lignes de force de ce pontificat long de douze ans.

    Lire l'article sur le site de La Nef où l'on dépeint "un homme qui a voulu être avant tout un pasteur universel, un apôtre de la miséricorde, mais qui a pu sembler ne pas toujours comprendre les besoins de son temps."

  • Les médias du Vatican entrent en Conclave en donnant la parole aux candidats les plus progressistes

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    D'InfoVaticana via Il Nuovo Sismografo :

    Selon le site espagnol InfoVaticana, les médias du Vatican entrent en Conclave en donnant la parole aux candidats les plus progressistes, parmi lesquels, au premier plan, se distingue le candidat de la Communauté de Sant'Egidio Matteo Zuppi, soutenu par une importante machine politico-médiatique à l'intérieur et à l'extérieur des murs du Vatican. Aucune interview des cardinaux qui, ces dernières années, sont restés en retrait et ont été écartés des rôles de direction. 

    Vatican Info - Chaque geste et chaque action qui émane des Palais Sacrés est mesuré au millimètre près et orienté vers un objectif précis. Il est donc intéressant d’analyser à quels cardinaux les médias officiels du Vatican donnent la parole.

    Évidemment, celui qui ne pouvait pas manquer cette campagne pour se faire connaître et faire connaître les candidats est l'Italien Matteo Zuppi, président de la Conférence épiscopale italienne. Les médias officiels ont publié des déclarations du cardinal italien sur ce que le pontificat du défunt pape signifiait pour lui. François « s'est adressé aux gens parce qu'il voulait communiquer à tous l'amour de Dieu pour l'humanité telle qu'elle est, sans filtres, sans hypocrisie, en impliquant tout le monde. » "Créer un certain mécontentement parmi ceux qui ont peur, parmi ceux qui préfèrent regarder de loin, parmi ceux qui ne veulent pas sentir - comme il le disait - la fameuse 'odeur des brebis', qui est aussi un peu gênante, mais qui est précisément l'odeur du Bon Pasteur", a déclaré Zuppi.

    Un autre cardinal mentionné par Vatican News est l'ultra-progressiste Jean-Claude Hollerich, qui a été rapporteur général du Synode sur la synodalité et est connu pour ses opinions hétérodoxes sur le sacerdoce féminin et l'homosexualité. Réfléchissant à l'héritage du Pape, le cardinal luxembourgeois souligne la valeur de la synodalité que François a transmise à l'Église. « Le Pape a toujours soutenu les démarches que nous avons entreprises au Synode. « Lorsque le cardinal Mario Grech et moi allions le voir chaque mois pour nous préparer, il nous encourageait toujours à continuer », a-t-il déclaré à Vatican News. Hollerich souligne ensuite que, déjà lors de son hospitalisation à la polyclinique Gemelli, François avait approuvé le début d'un itinéraire qui mènera à une rencontre en 2028, consolidant ainsi les acquis jusqu'alors, sans convoquer un nouveau synode.

    Une autre figure promue par la machine médiatique du Vatican est le cardinal brésilien Leonardo Ulrich Steiner, archevêque de Manaus. 

    Selon Steiner, le pape François « a restitué à l’Église le sens premier du Royaume de Dieu : être le royaume de la miséricorde, le royaume de l’attention ». C’est le grand héritage du pape François ; c'était un immense trésor. Même dans la question de la miséricorde, on peut lire son souci des pauvres et des personnes âgées. Mais nous lisons aussi ses gestes continus visant à ouvrir une participation toujours plus grande des femmes au sein de l’Église.

    Même l'actuel préfet du Dicastère pour les évêques, Robert Prévost, a été soutenu ces derniers jours par les médias officiels du Vatican. Le cardinal péruvien a été l’un des grands protégés de François ces derniers mois, au cours desquels il a été pointé du doigt pour sa mauvaise gestion dans des cas d’abus...

  • Le cardinal Müller prévient que l'Église risque une division si un pape « orthodoxe » n'est pas choisi

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    Lu sur le Catholic Herald :

    Le cardinal Müller prévient que l'Église risque une division si un pape « orthodoxe » n'est pas choisi

    24 avril 2025

    L'Église catholique risque un schisme si elle ne choisit pas un dirigeant « orthodoxe », a averti le cardinal allemand Gerhard Müller avant le conclave du mois prochain.

    Müller, 77 ans, est depuis longtemps une figure de proue parmi les catholiques traditionnels qui s'opposaient souvent à l'approche réformiste du pape François, et il est l'un des rares « penseurs conservateurs » de l'Église catholique basée à Rome, aux côtés du cardinal américain Raymond Burke, rapporte Le Times .

    Müller s'oppose à l'utilisation des étiquettes « libéral » et « conservateur » pour désigner l'Église catholique, soulignant que le clivage au sein de l'Église est plus profond. Le nouveau pape, a-t-il déclaré, « doit être orthodoxe – ni libéral ni conservateur ».

    Il a déclaré que « la question n’est pas entre les conservateurs et les libéraux mais entre l’orthodoxie et l’hérésie », ajoutant : « Je prie pour que le Saint-Esprit illumine les cardinaux, car un pape hérétique qui change tous les jours en fonction de ce que disent les médias de masse serait catastrophique. »

    Le prochain pape, soutient Müller, ne devrait pas « rechercher les applaudissements du monde séculier qui voit l’Église comme une organisation humanitaire faisant du travail social ».

    Müller a décrit François comme un « homme bon », malgré de nombreux désaccords. Il a énuméré ses divergences avec François, à commencer par la décision du défunt pape en 2023 d'autoriser la bénédiction des couples de même sexe. Le pape François avait alors déclaré que « nous ne pouvons pas être des juges qui se contentent de nier, de repousser et d'exclure », mais cette décision a suscité une vive controverse, des évêques d'Afrique et d'Asie ayant refusé d'autoriser ces bénédictions.

    La liste des griefs de Müller à l'égard du pape François s'étend également à l'attention portée par le défunt pontife aux migrants et à l'environnement, rapporte le Times .

    Müller note que « le pape François est bien vu par les médias et il y a un risque que [les cardinaux] disent : "Nous devons continuer". » Au contraire, a-t-il ajouté, « ils ont la responsabilité [au conclave] d'élire un homme capable d'unifier l'Église dans la vérité révélée ».

    Il a ajouté : « J’espère que les cardinaux ne sont pas trop influencés par ce qu’ils lisent dans les gros titres. »

    Près de 80 % des 135 cardinaux éligibles ont été choisis par François, ce qui laisse entrevoir une potentielle majorité dite libérale au sein du conclave, rapporte le Times . Mais les opinions de nombre d'entre eux ne seront connues que lorsqu'ils se mêleront à leurs confrères cardinaux lors des réunions pré-conclave, appelées congrégations générales, qui pourraient bien influencer les votes ultérieurs.

    Lorsqu'on lui a demandé s'il promouvrait sa marque de catholicisme doctrinal lors de ces réunions, qui commencent sérieusement après les funérailles de François ce samedi, Müller a déclaré : « Je dois le faire ; je le dois à ma conscience. »

    L’alternative, a-t-il averti, est une Église qui risque de se diviser en deux si un pape « orthodoxe » n’est pas élu.

    « Aucun catholique n’est obligé d’obéir à une doctrine erronée », a-t-il déclaré, ajoutant : « Le catholicisme ne consiste pas à obéir aveuglément au pape sans respecter les saintes écritures, la tradition et la doctrine de l’Église. »

    Nommé par le prédécesseur traditionaliste de François, Benoît XVI, chef doctrinal du Vatican, Müller a conservé son poste après l'élection du pontife argentin en 2013, mais a rapidement contesté le programme libéral de son chef.

    En 2017, il a été limogé par François après avoir critiqué la décision du pape d'autoriser la communion aux divorcés remariés hors de l'Église. Ses opinions sont probablement représentatives d'autres cardinaux « conservateurs » déterminés à élire un successeur plus orthodoxe à François.

    Ancien évêque de Ratisbonne en Allemagne, Müller a également été directeur de la théologie dogmatique à l'Université Ludwig Maximilian de Munich.

    Dans un livre de 2023 qui, selon le Times , « constituera un manuel pratique pour les conservateurs lors du conclave », Müller a critiqué l'accord de François avec la Chine pour nommer conjointement les évêques, le comparant à l'apaisement du Vatican envers les nazis dans les années 1930 et avertissant : « On ne peut pas conclure de pacte avec le diable. »

    Gerhard Müller a également mis en garde les cardinaux arrivant pour le vote du conclave afin d'éviter des manœuvres en coulisses comme décrites dans le film oscarisé Conclave.

    « Ce n'est pas un jeu de pouvoir joué par des gens stupides qui cherchent à manipuler, comme dans ce film, qui n'a rien à voir avec la réalité », a déclaré le cardinal allemand.

  • Les cardinaux électeurs, en chiffres

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    De Brendan Hodge sur The Pillar :

    Les cardinaux électeurs, en chiffres

    Les données sur les hommes qui choisiront le pape

    24 avril 2025

    Sur les 135 cardinaux électeurs éligibles dans l'Église aujourd'hui, 133 devraient entrer dans la chapelle Sixtine début mai pour élire un nouveau pape, tandis que deux ont déclaré qu'il était peu probable qu'ils y assistent en raison de leur maladie.

    Mais qui sont ces hommes, et en quoi ce conclave sera-t-il différent – ​​et similaire – à ceux qui l’ont précédé ?

    Le Pillar regarde les chiffres.


    Avec 135 cardinaux éligibles — et presque tous attendus — l’élection de 2025 sera le plus grand conclave organisé dans l’histoire moderne de l’Église.

    Avant le pape saint Jean XXIII, qui l'agrandit en 1958, la taille du Collège des cardinaux était fixée à 70 membres depuis le XVIe siècle.

    Soixante-dix était un plafond, mais le collège ne comptait pas toujours 70 cardinaux. Dans les siècles précédant Jean XXIII, les nominations au collège n'intervenaient qu'en cas de décès de plusieurs cardinaux, de sorte que le pape en nommait d'autres pour ramener le nombre à 70 (ou presque).

    Cette pratique a parfois donné lieu à de petits consistoires, et parfois à plusieurs consistoires par an. Par exemple, en 1927, le nombre de cardinaux tomba à 67 ; le pape Pie XI tint donc un consistoire le 20 juin, nommant deux cardinaux supplémentaires, portant le total à 69.

    Mais lorsque six cardinaux supplémentaires moururent au cours du second semestre de l’année, le pape tint un second consistoire et en nomma cinq autres.

    À d'autres moments, des événements mondiaux ont empêché la nomination de davantage de cardinaux, si bien que le nombre de cardinaux au Collège a considérablement diminué. Le point le plus bas de l'histoire moderne de l'Église a été la Seconde Guerre mondiale.

    Lorsque le pape Pie XI tint le dernier consistoire de son pontificat en décembre 1937, il porta le nombre de cardinaux à 70. Mais en raison de la mort de Pie XI en février 1939 et du déclenchement de la guerre en Europe six mois après l'élection de Pie XII, un autre consistoire ne fut pas tenu avant 1946.

    Au moment où Pie XII convoqua ce premier consistoire d'après-guerre en 1946, le nombre de cardinaux était tombé à 38. Pie XII le rétablit en créant l'un des plus grands consistoires jusqu'alors, en nommant 32 nouveaux cardinaux et en portant le total à 70.

    En raison de la coutume de ne jamais dépasser 70 cardinaux à la fois, les conclaves d’avant Vatican II avaient tendance à être moins de la moitié de celui que l’Église est sur le point de connaître.

    C'est en 1958 que le pape Jean XXIII a élargi le Collège des cardinaux au-delà de 70. Et en 1975, le pape saint Paul VI a fixé la taille cible actuelle à 120 cardinaux électeurs.

    Depuis lors, les papes ont considéré 120 comme un objectif plutôt qu'une limite stricte. Ils ont souvent nommé suffisamment de cardinaux pour porter le nombre d'électeurs au-dessus de 120, s'attendant à ce qu'il redescende sous 120 d'ici un an ou deux, lorsque les cardinaux dépasseront 80 ans, l'âge maximum pour voter.

    Cet âge maximum de vote résulte également d'un droit ecclésiastique relativement récent. Le pape Paul VI a établi la distinction entre cardinaux votants et non-votants en 1971, décrétant que les cardinaux ayant atteint l'âge de 80 ans n'étaient plus éligibles au vote en conclave.

    Le résultat est que, même si les cardinaux continuent de vivre plus longtemps grâce aux progrès de la technologie médicale, les cardinaux qui ont voté lors des récents conclaves étaient en réalité légèrement plus jeunes que ceux qui ont élu les papes Jean XXIII et Paul VI, avant la règle d’âge.

    En effet, les électeurs éligibles pour le conclave de 2025 sont légèrement plus jeunes, en moyenne, que ceux de 2005 et 2015, mais légèrement plus âgés que les deux conclaves de 1978.

    Ce fait est dû à l’approche moins standard de François dans le choix des cardinaux au cours de son pontificat.

    Alors que le plus jeune cardinal du conclave de 2013 était le cardinal Baselios Thottunkal, alors âgé de 53 ans, il y aura au conclave de cette année cinq cardinaux plus jeunes que le cardinal Thottunkal en 2013, dont le cardinal Mykola Bychok, âgé de 45 ans.

    La dernière fois qu'un homme aussi jeune a été nommé cardinal, c'était en 1973, lorsque Paul VI a nommé cardinal l'archevêque Antonio Ribeiro, patriarche de Lisbonne âgé de 44 ans.

    Ces jeunes cardinaux étaient autrefois plus fréquents, à une époque où l'espérance de vie était plus courte qu'aujourd'hui. Le pape Léon XIII a nommé huit cardinaux âgés de 45 ans ou moins, dont un qui n'avait que 37 ans lorsqu'il a reçu le chapeau rouge. Mais le plus jeune cardinal nommé par le pape Benoît XVI avait 53 ans, et le plus jeune nommé par le pape saint Jean-Paul II avait 47 ans.

    Bien sûr, une autre différence essentielle souvent évoquée à propos des cardinaux nommés par François est leur dispersion géographique, « vers les périphéries ».

    Selon les pays de naissance des cardinaux électeurs éligibles en 2025, le plus grand changement par rapport aux conclaves précédents est qu'il y a beaucoup moins d'Italiens.

    Avant la Seconde Guerre mondiale, le Collège des cardinaux était composé à plus de 50 % d'Italiens. La situation changea après la guerre, avec la nomination de nouveaux cardinaux venus de toute l'Europe et du reste du monde.

    Lors des conclaves de 1978 — et jusqu'à celui de 2013 qui a élu le pape François —, le collège comptait encore environ un quart d'Italiens de naissance. Mais lors du conclave de 2025, seulement 14 % des cardinaux éligibles sont italiens.

    Les plus grands gains sont ceux de l'Asie-Pacifique, dont la part au sein du collège est passée de 10 % à 16 %. On compte désormais plus de cardinaux votants originaires de la région Asie-Pacifique que d'Italie.

    La représentation a également augmenté pour la région Afrique et Moyen-Orient, ainsi que pour l’Amérique latine, qui égalent ou dépassent désormais l’Italie en termes de représentation.

    Comme l’Italie, l’Amérique du Nord a vu sa part de représentation au conclave diminuer, passant de 12 % des électeurs éligibles au conclave de 2013 à 9 % aux élections de 2025.

    Le reste de l’Europe, à l’exception de l’Italie, a légèrement augmenté sa part.

    Même si l'Italie et les États-Unis compteront tous deux moins de cardinaux natifs lors du conclave de 2025 que lors des précédents, ils restent les deux pays comptant le plus grand nombre de cardinaux natifs.

    Il y aura 19 hommes nés en Italie éligibles pour participer à ce conclave, contre 28 en 2023, et neuf nés aux États-Unis, contre 11.

    Le pays qui compte le plus grand nombre de représentants éligibles est le Brésil avec huit, contre cinq auparavant, suivi de l'Espagne avec sept, contre cinq auparavant — bien qu'un cardinal espagnol ait indiqué qu'il ne participerait probablement pas.


    Alors que la composition des cardinaux électeurs change, un facteur reste relativement constant : le pourcentage de cardinaux en âge de voter qui sont membres de la curie plutôt que des évêques diocésains actuels ou retraités.

    Le conclave de 2013 a enregistré un pourcentage inhabituellement élevé de cardinaux de la Curie, soit 27 %. Cependant, la représentation de 20 % de la Curie au conclave de 2025 est pratiquement identique à celle des conclaves de 2005 et de 1978.

    Ce qui a clairement changé, en revanche, c’est l’origine des cardinaux membres de la curie.

    Alors que la curie était autrefois majoritairement italienne, avec seulement 14 % des cardinaux actuels en âge de voter venant d’Italie — et beaucoup d’entre eux étant situés dans des sièges géographiques répartis dans tout le pays — beaucoup des cardinaux qui travaillent à plein temps à la curie sont nés dans d’autres parties du monde.

    Bien sûr, toute la discussion sur la manière dont le pape François a façonné le Collège des cardinaux qui choisira son successeur soulève la question évidente : dans quelle mesure s’agit-il désormais d’un collège « François » ?

    La réponse est que la grande majorité des cardinaux qui voteront pour choisir le successeur de François seront des hommes élevés au collège par François lui-même — mais ils ne constituent pas un pourcentage inhabituel d’un point de vue historique.

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    Quatre-vingt pour cent des cardinaux éligibles pour voter au conclave de 2025 ont été choisis par le pape François.

    C'est certainement plus d'influence que celle qu'avait Benoît XVI sur son successeur. Lors du conclave de 2013, 58 % des cardinaux en âge de voter avaient été nommés par Benoît XVI, tandis que les 42 % restants avaient été nommés par Jean-Paul II.

    Après le long pontificat de Jean-Paul II, 98% des cardinaux ayant voté en 2005 avaient été nommés par Jean-Paul II.

    Mais il est intéressant de noter qu'après les 15 ans de pontificat de Paul VI, 90 % des cardinaux électeurs votant lors des deux conclaves de 1978 avaient été nommés par lui.

    Ainsi, même si François — par ses choix pour le Collège des cardinaux — aura plus d’impact sur le conclave qui choisira son successeur que Jean XXIII ou Benoît XVI sur leurs successeurs, il aura eu moins d’influence que Paul VI ou Jean-Paul II.

    Jean-Paul II et François lui-même ont tous deux été perçus comme s'éloignant significativement des hommes qui avaient nommé les cardinaux qui les avaient élus. De même, il est difficile de prédire, du seul fait que François les ait nommés, ce que les cardinaux choisis par François rechercheront chez un pape.

    Il s’agira néanmoins du conclave le plus vaste et le plus diversifié de l’histoire de l’Église.

    Beaucoup d'entre eux seront des hommes qui ne se connaissent pas bien, car ils s'occupent habituellement des besoins de leurs églises dans les « périphéries » du monde.

    Les 20% de cardinaux électeurs qui travaillent à la curie, et les autres qui voyagent souvent de leurs diocèses à Rome, peuvent former un noyau de cardinaux qui se connaissent mieux, et qui peuvent former un noyau important dans les discussions entre les cardinaux.

    Mais par ailleurs, la composition de ce conclave pourrait être particulièrement conçue pour générer des surprises.

    De la part du « pape des surprises », ce n’est pas du tout une surprise !

  • François, ce pape qui donna le tournis aux catholiques

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    De Louis Daufresne sur La Sélection du Jour :

    Pape François : qui sommes-nous pour juger ?

    Mort le lundi de Pâques à l'âge de 88 ans, le pape François (1936-2025) aura mené son pontificat jusqu'à l'apogée christique de la Résurrection. Ce pape jusqu'au dernier souffle aura aussi été le pape des « premières fois » (jésuite, non européen et d'Amérique latine). Il se sera montré dur avec les siens et tolérant envers les autres. Promouvant une Église pour les « périphéries existentielles » – c'est-à-dire allant chercher ceux qui ne la fréquentent pas, Jorge Bergoglio déplut aux fidèles du noyau – ceux qui la font vivre. En douze ans de règne, le pape François illustra le grand basculement démographique des âmes, passées au Sud global. Ce pape à la fois drôle et brutal, jovial et bourru, ne se laissa point enfermer dans les murs du Vatican. Ni théologien audacieux, ni liturge accompli, ce pasteur de choc frappa le monde par ses gestes prophétiques et sa communication imprévisible. Double inversé de Donald Trump, il inventa le papulisme. Au nom de l'évangile, François donna le tournis aux catholiques.

    Quand Jorge Bergoglio hérite de la charge de Pierre à 76 ans (13 mars 2013), on se dit très vite que l'Europe a perdu le pape. En renonçant, Benoît XVI avait déjà fait abdiquer le Vieux continent, dominateur, intellectuel, blanc et usé. Du sang neuf arrivait. Son successeur, peu initié à ce que l'Europe représente, la recouvrit du linceul de son indifférence. Son magistère de la miséricorde et de la consolation allait même la culpabiliser de vouloir rester ce qu'elle est. Nul ne perçut la limite de sa rhétorique de l'accueil. Les catholiques européens devaient se retrouver en porte-à-faux : croire ou mourir ? Leur foi faisait la guerre à leur identité. Conflit inédit. Depuis la Révolution, Rome était leur capitale de cœur. Elle devenait la tête-de-pont de « l'invasion migratoire ».

    Ce discours émergea dès que le pape François posa son premier gestedécisif : le 8 juillet 2013, sur l'île italienne de Lampédouse (La Dépêche), il s'inspira de la fameuse image de Jean-Paul II au Mont Nébo contemplant la Terre promise (mars 2000) : la Méditerranée devait cesser d'être un cimetière et l'Europe devait continuer d'être un Eldorado. Sa croisade contre la « mondialisation de l'indifférence » et la « culture du déchet » marquera tout son pontificat. Lui, dont les parents, embarqués vers le Nouveau monde, avaient failli périr dans un naufrage, choisit son camp : à la citadelle du Vatican, qui reste sertie de murailles, il oppose le paradigme de la mobilité, à l'intérieur comme à l'extérieur de l'institution : il faut que ça bouge, pour que tout respire et palpite, en écho à ce que le monde vit et désire. Benoît XVI était pessimiste, François sera optimiste. Bien sûr, il ne contesta point que le droit des nationaux est supérieur à celui des étrangers, que les migrants doivent respecter les lois et coutumes indigènes, qu'il faut combattre la corruption endémique des pays de départ. Mais ce message-là ne passa point dans les media ou pas assez. Sans doute parce que cet Argentin pense que le mélange des cultures est positif en soi, ce dont témoigne son escapade aux Rencontres méditerranéennes à Marseille (septembre 2023), porte d'entrée de toutes les influences sudistes.

    Cette conviction commande un mouvement : lecteur de Léon Bloy, il aspire à irradier et à porter la parole des damnés de la Terre. L'Église ne vaut que si elle tournée vers les autres, et les autres, ce sont les pauvres. François assomme la Curie, fustige les quinze maux qui la rongent (2014, La Croix), autant qu'il la secoue (2014, Aleteia). En privant les fonctionnaires du Vatican de leur prime, il les fouette jusqu'au sang. Après tout, le rouge cardinalice est celui du martyre, pas des grands crus ! Nous sommes tous migrants, tous naufragés sur cette Terre où, sans mode d'emploi, chacun doit aider l'autre à poser le pied sur la rive du Royaume. Seul ce mouvement-là, perpétuel, compte.

    À ses yeux, l'évangile n'est pas un grimoire mais un manuel de survie. Les frontières lui font obstacle si elles bétonnent l'indifférence des nantis. Le soin de l'autre, des bébés comme des aînés ou des migrants, telle est sa ligne. Il azimute la loi autorisant les « tueurs à gages » que sont les avorteurs, lors d'un déplacement mémorable à l'Université de Louvain (2024, BFMTV), au point que des catholiques belges, déjà subclaquants, se font débaptiser avant, sans doute, de se faire euthanasier.

    Rien n'est plus étranger au pape François que la zone de confort : elle rime avec culture de mort. Celle-ci touche à tout ce qui est bio. Là aussi, il faut penser global. Ce sera l'encyclique Laudato Si' (2015, Laudato Si Movement), son texte le plus visionnaire sur l'écologie intégrale. Ici, c'est l'épithète qui importe. Dix ans après, cette réflexion attend le débat qu'elle mérite mais les milieux politiques, veillant sur leur boutique, ne sont pas près de partager. Pour beaucoup, la mort de Dieu est actée depuis longtemps, et le pape reste un diable réactionnaire qui sort de la boîte d'une histoire révolue et honteuse. Et on ne dîne pas avec le diable. Dit « progressiste », François ne sera jamais récompensé par les élites et les zélotes de la post-modernité. C'est la limite de ce courant : pour les progressites, l'Église aura beau donner tous les gages, elle n'ira jamais assez vite ni jamais assez loin.

    Qu'à cela ne tienne : l'apôtre ne renonce pas. Il se dit que François Hollande n'entre jamais dans une église. L'ancien président rencontre le pape dans « un moment familier et singulier. (…) À la fin de l'entretien, alors qu'il n'ignorait rien de mon rapport à la religion, il m'a donné un chapelet avec un sourire complice », se souvient-il (2016, Paris-Match). Comment ce geste chemine-t-il dans les cœurs ? Nul ne le sait et c'est tant mieux. Pour agir ainsi, le pape François invite à oser. Aux jeunes, il dit : « Sortez du canapé, mettez le bazar, ne passez pas au mixeur la foi de Jésus-Christ » (JMJ de Rio, 2013, La Croix). L'évangile prime sur la doctrine, sans la renier. Le premier s'appuie sur la seconde. Confondre les priorités, c'est se fossiliser : François ne se laisse pas dicter sa conduite par les protocoles humains. Il garde sa liberté ancrée en Dieu quand il préfère Sainte-Marthe à l'appartement (pourtant modeste) du palais apostolique.

    Proximité ou démagogie ? Sa question rhétorique bouscule quand il dit que « si une personne est gay et cherche le Seigneur avec bonne volonté, qui suis-je pour la juger ? » (2013, Le Point). Que cherche-t-il ? De belles âmes y voient l'agenda LGBT. Lui pense à la femme adultère. Pendant le confinement, il aide des prostituées transsexuelles vouées à une grande misère (2020, Aleteia). Que cherche-t-il encore quand il passe un coup de fil à Mario Rega, 12 ans, aveugle de naissance ? La réponse est simple : il veut que nous fassions la même chose. Quand le téléphone sonne, le mot « anonyme » s'affiche sur l'écran (Zenit). Sa communication en prise directe est celle que tout catho lambda doit avoir.

    Ce style hors cadre déplaît au camp dit « conservateur ». Le « pape des non-catholiques », craint à l'intérieur et adulé à l'extérieur, joue un jeu dangereux. Sur les mœurs, l'Église multiséculaire glisse à toute vitesse sur la pente de l'inclusivisme. Ses gestes, même strictement pastoraux, sont vus comme des concessions voire des capitulations devant l'esprit du monde. Ainsi l'accès à la communion des divorcés remariés dans Amoris Laetitia (2016, Vatican News) jette le trouble quand il écrit qu'« il n'est plus possible de dire que tous ceux qui se trouvent dans une certaine situation dite irrégulière vivent dans une situation de péché mortel, privés de la grâce sanctifiante ».

    La seconde partie du pontificat, axée sur une synodalité aux ambitions oiseuses, ne fera que cliver et désorienter : les progressistes sont déçus par des annonces qu'ils perçoivent sans lendemain ; les conservateurs sont crispés par des annonces dont ils redoutent le lendemain. On frise le schisme avec l'église catholique allemande dont le chemin synodal légitime l'onanisme, rejette l'altérité homme-femme dans la morale sexuelle, bénit des unions de même sexe, déjà répandue en Allemagne, ordonne les femmes ou les hommes mariés, fait participer les laïcs aux élections épiscopales, etc. François recule et bouge en même temps : il approuve l'ouverture de la bénédiction aux couples homosexuels, hors liturgie (2023, TV5 Monde). Les LGBT ont un pied dans la porte sainte. Symboliquement, la citadelle romaine craque lors du synode des jeunes : le sigle apparaît pour la première fois dans un document de préparation de cet événement organisé à Rome (2018, France Info).

    Pendant que des minorités hostiles avancent, des fidèles de seconde zone se sentent délaissés et punis. Cela fait penser à la parabole du fils aîné et du fils prodigue. Du vivant de Benoît XVI, le pape François revient sur le motu proprio Summorum Pontificum libéralisant la messe dite « en latin » dos au peuple (2007). L'initiative papale Traditionis custodes (2021) s'emploie à les sortir de ce régime d'exception dont ils usaient pour rejeter le concile Vatican II. Philippe de Villiers parle de persécution. Lundi de Pâques, le jour même de son trépas, le Vendéen fustigea le « pape woke » : à ses yeux, François déconstruisait l'Église, la France, l'Occident. Cette caricature trahit la violence d'un ressenti partagé par un J.D Vance dans son discours de Munich. Jamais l'Argentin n'eut une parole forte dans la bataille culturelle, civilisationnelle, sécuritaire, que livrent les petites troupes de la vieille chrétienté dans un milieu doublement hostile, prises en tenaille par une islamisation conquérante et une laïcisation agressive. L'identité des Amazoniens ou des Timorais semblaient lui importer davantage. Or, l'Europe, quand il accède au trône de Pierre, est déjà une périphérie. Elle le deviendra encore plus avec lui puisque le Vieux continent ne compte plus que 39,2 % des cardinaux en âge de voter, contre 52 % en 2013 (Le Grand Continent) !

    Pour le pape François, la tradition vient d'ailleurs. Elle se vit à travers la piété populaire, ne se confond pas avec la réplication d'un modèle passé ou la référence à des usages mondains ou à des pierres blondes. L'Argentin refusa la photo avec un Emmanuel Macron pavoisant devant Notre-Dame de Paris. Rétif à l'idée de se faire récupérer par un régime constitutionnalisant l'IVG, Jorge Bergoglio préféra les douceurs de la « laïcité douce » – qui laisse la foi s'épanouir dans la vie des gens. A l'heure du bilan, comment résumer ? Et surtout, qui sommes-nous pour pouvoir juger correctement tout cela ?

    Le pape François était-il un Trump de gauche ?

    >>> Lire l'article sur Le Figaro

  • Pape François : cinq paradoxes de son pontificat

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    D' sur Monday Vatican :

    Pape François, cinq paradoxes de son pontificat

    Paradoxal et incomplet. Le pontificat du pape François peut se résumer en ces deux mots. Le temps viendra de toutes les excellentes analyses susceptibles de nous aider à clarifier si la révolution du pape François a donné une direction à l'Église, ou s'il ne s'agissait que d'une tempête de douze ans dans un verre d'eau. En bref, de déterminer si les mentalités ont changé avec le pape François, ou si le pape était le seul révolutionnaire ; si les gens profitaient des changements qu'il a apportés, ou s'ils attendaient simplement que tout se passe autour de lui.

    Lorsque le pape François est apparu pour la première fois depuis la loggia il y a douze ans , il était vêtu de blanc. Seulement, il est apparu sans la mozzarella rouge et il a parlé la langue du peuple avec un simple « Buonasera ». Il a d'ailleurs reçu la bénédiction du peuple – une des nombreuses interprétations sud-américaines auxquelles il allait nous habituer au fil du temps.

    Mais le pontificat du pape François était-il un pontificat pour le peuple ?

    Il s'agissait plutôt d'un pontificat pour le peuple, une catégorie quasi mystique typique du populisme latino-américain. Le pape pensait au peuple lorsqu'il s'associait aux mouvements populaires pour réclamer terre, abri et travail ; lorsqu'il soulignait la présence d'un Dieu qui accueille tout le monde ; lorsqu'il dénonçait les élites et soulignait que, depuis la périphérie, on voyait mieux le centre.

    Mais en même temps, le pape François s'est comporté comme Juan Domingo Perón qui, en ôtant sa chemise avec les déshabillés, a montré qu'il était des leurs et a en même temps démontré qu'il ne l'était pas, car il s'est « abaissé » à leur niveau. Le pape François n'est pas allé à la périphérie. Il a créé un nouveau centre.

    C'est là que réside le premier grand paradoxe. Son combat contre la cour papale, contre ce qu'il considérait comme l'État profond du Vatican, l'a conduit à créer un système différent, parallèle et tout aussi profond, à la différence près que le système autour du pape François, libéré des règles du formalisme et de l'institutionnalisation, était moins transparent que le précédent. Le pape François fut, d'une certaine manière, victime de sa réforme et victime des hommes qu'il avait choisis pour la mener à bien.

    Le pape François décida de déplacer le centre d'influence de la Curie. Il le démontra par le choix des nouveaux cardinaux (en dix consistoires, à raison de près d'un par an). Il ne récompensa les curiens que lorsqu'ils étaient ses hommes – à quelques exceptions près au début de son pontificat – et il tendit à privilégier les sièges résidentiels secondaires, sauf s'il y avait des hommes de confiance dans les sièges importants. Il le démontra lorsque, après des années de discussions sur la réforme de la Curie, il mit en œuvre tous les changements en dehors des réunions du Conseil des cardinaux qu'il avait établi pour l'aider à élaborer la réforme curiale.

    À bien y réfléchir, « victime » n’est probablement pas le bon mot.

    Le pape François l’a démontré avec les procès importants du Vatican : visibles et presque humiliants dans les cas impliquant des personnes qui n’avaient plus sa confiance, comme celui sur la gestion des fonds du Vatican , qui impliquait le cardinal Becciu, ou celui du cardinal Cipriani Thorne, archevêque émérite de Lima ; invisibles et pas du tout transparents dans ceux impliquant des personnes qui avaient sa confiance, ou du moins son estime – les derniers cas, les plus sensationnels, ont impliqué le père Marko Rupnik et l’archevêque Zanchetta, tous deux protégés et même graciés même quand tout démontrait le contraire.

    Sous le pontificat du pape François, tout était asymétrique, car tout se décidait en quelque sorte sur le moment. C'est le modèle de la réforme en cours : il y a d'abord eu l'ère des commissions, puis celle du motu proprio, et enfin celle des ajustements du motu proprio. Le plan était presque subversif et les moyens de le mettre en œuvre variaient selon la situation. On dit que seuls les imbéciles ne changent pas d'avis, et c'est vrai. Dans le cas des réformes, cependant, on constate un manque de planification à long terme ou, en tout cas, de compétence juridique nécessaire pour créer un système qui ne s'effondre pas.

    Mais était-ce une véritable révolution ?

    La réponse à cette question soulève un deuxième grand paradoxe. Le pape François souhaite changer les mentalités en partant des périphéries, mais ce faisant, il ne se contente pas de créer un nouveau centre . Il adopte plutôt le point de vue des élites qu'il combat. Il s'introduit dans la pensée occidentale à travers les thèmes les plus courants, tels que la question écologique, la traite des êtres humains du côté laïc, la question des divorcés remariés, le rôle des femmes et l'acceptation des homosexuels du côté doctrinal.

    Ce sont tous des thèmes qui viennent du Premier Monde. Le Tiers-Monde – comme on l'appelait autrefois – désire vivre la foi. Les populations des périphéries désirent vivre la foi . Les populations d'Europe et d'Occident veulent sauver la planète. Les populations des pays en développement se préoccupent de leur survie, mais la foi chrétienne les y aide. Ce thème a connu une explosion dramatique lorsque le Dicastère pour la Doctrine de la Foi a publié la déclaration Fiducia Supplicans sur la bénédiction des couples irréguliers, presque entièrement rejetée par les régions chrétiennes auxquelles le Pape semblait s'adresser le plus souvent.

    Dans ces situations, surgit le troisième paradoxe du pontificat : rendre universels les thèmes de l’Église (très) particulière d’Amérique latine.

    Fiducia Supplicans a été publié lorsque le cardinal Victor Manuel Fernandez, nègre du pape, a pris la tête du Dicastère pour la doctrine de la foi. Le pape a attendu neuf ans avant de l'appeler à Rome, mais depuis sa nomination, il a marqué un tournant dans le discours.

    La volonté de changer le récit était déjà manifeste dans la lettre insolite que le pape François adressa à Fernandez lorsqu'il le nomma préfet de l'ancien Saint-Office . Le pape y évoquait même les mauvaises pratiques du passé. Il s'agissait d'une déformation de l'histoire et d'une souillure d'une institution qui avait connu les limites de la nature humaine, mais qui portait aussi en elle la grandeur de la foi.

    Fernandez a mis en avant des thèmes typiquement latino-américains, avec la publication continue de documents, responsa ad dubium, qui restaient auparavant confinés aux relations entre le Dicastère et l'évêque local . On parle même de fidèles qui refusent la communion par honte du jugement des pasteurs – un thème qui se transformera ensuite en demande de pardon pour la « doctrine utilisée comme pierre » au début du dernier Synode des évêques.

    Ainsi, le pape François, qui souhaitait une « vision plus claire du centre » depuis les périphéries, a fini par porter tout le poids de son héritage et de sa déception dans la phase finale de son pontificat . On retrouve également une partie de ce sentiment dans la décision finale de dissoudre la Sodalitium Christiane Vitae, une société laïque dont le fondateur s'est rendu coupable d'abus . Cette décision est en dehors de la tradition de l'Église, qui cherche toujours à retrouver le bien dans les réalités de la foi. Elle s'inscrit néanmoins dans le contexte du renversement de la « guerre » vécue en Amérique latine après le Concile Vatican II.

    Le quatrième paradoxe réside précisément dans le style de gouvernement .

    C'est un pape qui veut cheminer en « évêque avec le peuple », mais qui, en fin de compte, prend seul toutes les décisions. Durant le pontificat du pape François, cinq synodes ont été célébrés (le dernier étant divisé en trois parties), et l'Église a été placée en état de synode permanent. En fin de compte, cependant, cette synodalité est plus affichée que pratiquée . Le pape a d'ailleurs accueilli favorablement le document final du synode, approuvant sa publication comme s'il s'agissait d'un document magistériel.

    Au cours de ces douze années, cependant, le pape François n'a pas pris une seule décision qui se soit révélée synodale. Il a longuement parlé du Synode – mais son approbation du document final cette dernière fois était motivée par le fait que lui, le pape François, l'avait approuvé – mais il n'a accordé que très peu de choses au Synode. Lors du dernier Synode, le pape François a nommé dix groupes d'étude qui continuent de se réunir sur les questions les plus controversées. Il les a retirés du Synode.

    Le cinquième paradoxe concerne la transparence .

    Jamais un pape n'a autant parlé de lui-même, même dans quatre livres autobiographiques ces deux dernières années et des dizaines d'entretiens, accordés avec une générosité toujours plus extraordinaire et toujours en dehors du giron catholique. Et pourtant, nous savons très peu, voire rien, de ce pape. Nous ne connaissons pas la période du « désert » où les jésuites l'ont envoyé à Córdoba et l'ont isolé. Nous ignorons son comportement pendant la dictature argentine . Nous ignorons même la profondeur de ses véritables études théologiques, même si diverses études ont tenté de lui attribuer l'influence de divers auteurs.

    Enfin, il y a le grand paradoxe du pontificat lui-même : il a été aimé et haï dans une égale mesure .

    Ce pontificat fut apprécié au départ, même dans ses efforts diplomatiques fructueux. Cependant, il fut finalement méprisé, peut-être parce que le bien du début n'était qu'un vestige du travail accompli par le passé, tandis que la fin était entièrement attribuable aux hommes de François. Un pontificat populaire au début, où les coups de génie communicatifs du pape laissèrent des slogans destinés à l'histoire. Un pontificat discret et presque invisible à la fin, où le pape François continua à répéter les mêmes concepts sans artifices de nouveauté.

    Alors, quel est l’héritage du pape François ?

    Au niveau gouvernemental, il faut reconstruire l'institution et la confiance en elle. Au niveau doctrinal, il faut surmonter les incertitudes théologiques et clarifier certains aspects . Mais il y a aussi la beauté des gestes grandioses, du pape François s'agenouillant de façon théâtrale pour entendre la confession, ou du pape qui se consacre sans cesse à la foule.

    Il s’agit d’un héritage complexe et finalement inachevé.

    Pourquoi inachevé, alors ? Parce que la dernière grande révolution du pape François a été la nomination d'une femme, sœur Raffaella Petrini, à la tête du gouvernorat. Mais le mandat de sœur Petrini vient à peine de commencer, et un pape suivant pourrait prendre une décision différente : à sa mort, tous les postes de la Curie deviennent caducs.

    La dernière grande décision ayant été de dissoudre le Sodalitium Christianae Vitae, cette dissolution vient d'être « initiée » par la congrégation, et un pape ultérieur pourrait décider de ne pas la poursuivre. Le Dicastère pour la Doctrine de la Foi travaillait sur des documents traitant de l'esclavage, de la monogamie et des questions mariologiques. Si ces documents sont un jour publiés, ils seront probablement publiés dans un style très différent de celui que les hommes du pape François avaient commencé à leur transmettre.

    Tout est désormais entre les mains du successeur, mais la transition sera plus complexe que jamais.

  • L’Église a maintenant besoin de réconciliation, mais dans la Vérité

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    De Luisella Scrosati sur la NBQ :

    L’Église a maintenant besoin de réconciliation, mais dans la Vérité

    Le premier critère pour choisir le prochain Pape est de vérifier qu’il a le sens de la fonction qu’il devra assumer, sans protagonisme narcissique et conscient d’être au service de l’obéissance à la foi.

    24_04_2025

    Photo Vatican Media/LaPresse

    En vue du prochain Conclave, nous publions une série d'articles approfondis inspirés du document signé par Dèmos II  (un cardinal anonyme) qui fixe les priorités du prochain Conclave pour réparer la confusion et la crise créées par le pontificat de François.

    Douze ans d'un pontificat qui s'est déroulé sur la place médiatique, en utilisant tous les canaux de communication, depuis de courtes diffusions en direct sur Facebook et Tik Tok, jusqu'au choix d'être présent sur le tournage d'un film documentaire. La frontière entre le pape virtuel et le pape réel s’est essentiellement dissoute d’année en année, tout comme la différence entre la voix exprimant l’opinion personnelle de l’homme vêtu de blanc et celle du successeur de Pierre a désormais disparu. Même la perspective de la hiérarchie des vérités a disparu, tant proclamée pendant des années dans le but de relativiser des enseignements importants mais inconfortables, et maintenant de fait démembrée par un « magistère » qui a mélangé les cartes, mettant au centre des thèmes périphériques comme la fraternité humaine ou la « maison commune ».

    Les gestes de ce pontificat, parmi les plus magnifiés dans les médias – les chaussures noires au lieu des rouges, les différents « bonsoir » et « bon appétit », les coups de fil adressés aux personnages les plus improbables (mais idéologiquement bien alignés), d’Emma Bonino à Rita Pavone, de Marco Pannella à Giorgio Napolitano, jusqu’à la rédaction de la Gazzetta dello Sport – ont en effet démantelé la figure du Souverain Pontife en tant que telle. Le Pape qui plaît au monde des médias, ce monde qui a en effet façonné les « goûts » et les sensibilités de beaucoup de gens simples, n'est certainement pas celui qui, inspiré par l'Esprit qui vient d'en haut, convainc le monde « de péché, de justice et de jugement » (Jn 16, 8) ; Au contraire, c’est le Pape qui dit ce que le monde aime entendre et qui garde le silence sur ce qui l’offense et l’irrite. Ce pontificat a dangereusement provoqué une compréhension gravement insuffisante de l’Église catholique, où les valeurs philanthropiques ont remplacé la grâce surnaturelle, la bonne nature humaine (présumée) a supplanté la sainteté, la complaisance avec les modes artificielles a submergé l’approbation divine.

    Les déclarations répandues, continues et inexactesdu Chef visible de l’Église ont provoqué au fil des ans une désorientation compréhensible parmi les fidèles eux-mêmes et, chez un nombre non négligeable d’entre eux, même une aversion instinctive à son égard ; une aversion qui les a poussés vers des rivages aux caractéristiques nettement schismatiques et parfois même sédévacantistes. Il est indéniable que ce pontificat, avec ses déclarations imprudentes et trompeuses et l’ambiguïté non moins inquiétante de ses documents, a provoqué une grave et vaste déchirure interne dans l’Église. Après douze ans de François, les catholiques sont considérablement plus divisés et l’Église de plus en plus dangereusement polarisée.

    Le prochain pontife devra nécessairement s’attaquer à ce schisme , qui n’est même plus très souterrain ; mais nous devons veiller à ce que cette œuvre de réconciliation ne se fasse pas au détriment de la vérité. Le profil du nouveau pontife doit être à la hauteur de la Chaire de Vérité sur laquelle il siégera, c’est-à-dire qu’il doit être celui d’un homme conscient que seules la vérité, la bonté et la beauté ont une réelle capacité d’unification ; un homme qui sait construire patiemment sur des bases solides, plutôt que de rechercher une gratification et des applaudissements immédiats.

    Il faut se méfier des profils complaisants , qui prétendent réaliser cette (prétendue) unification en accordant des faveurs à tous les candidats, sans aucun égard pour la vérité ; des profils qui vivent selon la logique du « Paris vaut bien une messe » ! Une tentation très forte, après des années d'un pontificat qui n'était pas du tout autoritaire, en raison de son éloignement de la vérité, mais très autoritaire, qui a conduit beaucoup à l'exaspération.

    A cet égard, il peut être utile de retracer le portrait-robot de l'Antéchrist, tel qu'il a été esquissé par le célèbre théologien russe Vladimir Sergueïevitch Soloviev, c'est-à-dire celui d'un pacificateur universel, capable de satisfaire chacun selon ses propres désirs et sensibilités : la fondation du musée d'archéologie chrétienne pour les orthodoxes, la création d'un institut de recherche libre sur les Saintes Écritures pour les protestants, la réintégration du pape au siège romain pour les catholiques. Tout cela au prix modeste du sacrifice de Jésus-Christ, Dieu et seul sauveur du monde. La possibilité que le Conclave se rassemble autour de la figure d'un candidat à la nature bienveillante et aux traits conciliants, mais sans le sens de son devoir premier de confirmer ses frères dans la foi, de garder la sainte Tradition, de défendre le peuple de Dieu des assauts des loups déguisés en brebis, est loin d'être éloignée. 

    Le premier critère de choix du candidat à la succession du bienheureux Pierre sera donc la vérification qu'il a le sens de la fonction qu'il devra assumer : 1. le protéger de l'avilissement qui vient d'une exposition médiatique continue, d'enseignements approximatifs, ainsi que d'une personnalité centralisatrice et narcissique ; 2. sachant qu'il est véritablement le servus servorum Dei, non pas à cause d'une simplicité et d'une humilité ostentatoires, mais plutôt à cause de la conscience de la gravité de cette fonction, qui ne le place pas comme une autorité absolue dans l'Église, mais comme une véritable autorité suprême en ce qu'elle est entièrement relative et obéissante à la Parole de Dieu, transmise dans l'Église à travers les Écritures et la Sainte Tradition, authentiquement interprétées par le Magistère sacré.

    Il faudra vérifier qu'il croit, au plus profond de son être, ce qu'affirmait Benoît XVI dans le passage bien connu de l'homélie prononcée à l'occasion de son installation sur le siège romain, le 7 mai 2005 : « Le pouvoir d'enseigner, dans l'Église, comporte un engagement au service de l'obéissance à la foi. Le pape n’est pas un souverain absolu, dont les pensées et la volonté font loi. Au contraire : le ministère du Pape est une garantie d’obéissance au Christ et à sa Parole. Il ne doit pas proclamer ses propres idées, mais plutôt s'engager constamment, lui et l'Église, à obéir à la Parole de Dieu, face à toutes les tentatives d'adaptation et d'édulcoration, ainsi qu'à tout opportunisme.

    Ce n'est que si le prochain pape est le premier à obéir à l'intégrité de la Parole de Dieu qu'il sera possible de re-compacter les fondements de l'Église, de ceux qui lieront leur obéissance à celle du Vicaire du Christ, et non à sa personnalité excentrique ou à sa manie des « changements de paradigme ».

  • Critique du Pape ? Non, une analyse nécessaire

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    De Riccardo Cascioli sur la NBQ :

    Critique du Pape ? Non, une analyse nécessaire

    Certains ont été surpris ou attristés ces derniers jours par certains articles critiques sur le pontificat de François. Mais notre jugement n’est pas un jugement sur la personne, mais une analyse consciencieuse de douze années de pontificat qui ont conduit à une profonde division du peuple de Dieu et à une grande confusion. Une analyse qui s'impose également en vue du conclave qui devra choisir le successeur.

    24_04_2025

    Ces derniers jours, certaines personnes ont été surprises ou se sont senties attristées parce qu’après la mort du pape François, nous avons publié des articles critiques sur son pontificat. Il y a ceux qui nous ont invités à regarder aussi les bonnes choses qu'il a faites et ceux qui ont simplement dit qu'il valait mieux se concentrer sur le prochain Conclave en promouvant la prière et le jeûne pour qu'émerge un Pape à la hauteur de la tâche.

    Il semble donc nécessaire de clarifier quelques points. Première question : ce que nous publions ces jours-ci n'est pas un jugement sur la personne du pape François, nous n'avons aucune présomption de nous mettre à la place de Dieu. En effet, nous participons à juste titre et de manière convaincante aux prières et aux messes de suffrage pour son âme. Mais il est plutôt nécessaire de donner un avis sur la situation de l’Église après – et à cause de – ces 12 années de pontificat. Il ne s'agit pas de se placer devant une balance pesant les bonnes et les mauvaises choses faites par le pape François, mais de proposer une analyse synthétique des passages significatifs de ce pontificat et des raisons qui ont conduit l'Église à cette profonde division (une « division dans le peuple de Dieu » sans précédent, comme l'a défini l'expert du Vatican Gian Franco Svidercoschi ) et à une confusion à tous les niveaux, dont les conséquences pratiques sont visibles même après la mort du pape (comme le démontre l'affaire Becciu, que nous aborderons séparément ).

    De quelque manière qu'on le considère, ce fut un pontificat de rupture, qui voulait une discontinuité non seulement avec ses prédécesseurs directs mais avec toute la tradition catholique. Bien sûr, beaucoup évaluent cela positivement et, en effet, nombreux sont ceux qui sont mécontents parce que cette discontinuité n’a pas été poussée jusqu’à ses conséquences extrêmes. Nous, au contraire, nous croyons avec Benoît XVI (et toute la tradition) que l'Église se réforme dans la continuité, qu'il n'y a pas besoin d'une nouvelle Église ou de l'Église de tel ou tel Pape : l'Église est au Christ et c'est tout ; Les papes sont au service de la Révélation, ils n’en sont pas les maîtres.

    Et quoi que vous pensiez, il est juste d’aller au fond des choses et d’affronter la réalité. Affirmer, juste pour donner un exemple, que ce pontificat a ignoré le droit naturel et que cela nous a empêché de penser à la doctrine sociale de l'Église (comme l'expliquait hier l'article de Stefano Fontana ) n'est pas une critique impitoyable d'un pape qui vient de mourir, mais un examen calme qui nous permet de comprendre ce qui s'est passé en ce moment.

    Et ce jugement est d’autant plus important que nous nous rapprochons du conclave qui choisira le prochain pape. Comprendre les raisons profondes qui ont conduit le pontificat récemment terminé à certaines conséquences (ou dérives) sert aussi à établir les critères que nous croyons nécessaires pour dresser le portrait-robot du prochain Pape. C'est pour cela que nous commençons aujourd'hui une série d'articles, signés par Luisella Scrosati, qui, inspirés par le document de Demos II (le cardinal anonyme qui, il y a un an à peine, a confié à la NBQ quelques notes sur les priorités du prochain pontificat), approfondissent les critères fondamentaux avec lesquels nous pensons que les cardinaux devraient choisir le successeur du pape François.

    Celui qui s'oppose à cela en prétendant s'en remettre à l'Esprit Saint a évidemment une conception magique de l'Église et du conclave : comme si à un certain moment, d'un coup de baguette magique, l'Esprit Saint prenait possession de l'esprit des cardinaux pour leur faire écrire sur les cartes le nom qu'il voulait. Benoît XVI, en 1997, avait bien clarifié la question en répondant à la question de savoir si c'est le Saint-Esprit qui choisit le pape : « Je ne dirais pas cela, dans le sens où c'est le Saint-Esprit qui le choisit – disait alors le cardinal Ratzinger -. Je dirais que le Saint-Esprit ne prend pas exactement le contrôle de la question, mais plutôt, en bon éducateur qu'il est, il nous laisse beaucoup d'espace, beaucoup de liberté, sans pour autant nous abandonner complètement. Le rôle de l’Esprit doit donc être compris dans un sens beaucoup plus flexible, et non pas comme s’il dictait le candidat pour lequel il fallait voter. La seule sécurité qu’il offre est probablement que la chose ne peut pas être totalement ruinée. Il y a trop d’exemples de papes que le Saint-Esprit n’aurait évidemment pas choisis.

    La présence de l’Esprit Saint passe donc aussi par la conscience de la situation de l’Église, de quelles sont ses priorités dans le contexte actuel, de ce qui est en jeu. Prier, et même jeûner, pour que l'Esprit Saint éclaire les cardinaux en conclave est un devoir, mais nous croyons que le travail que nous faisons en cette période pour offrir des critères d'évaluation, qui soient au service de l'Église et du peuple de Dieu, est tout aussi important.

    Nous ne prétendons pas que notre approche plaira à tout le monde, mais notre première préoccupation est de plaire à Dieu. Le jugement des lecteurs est important mais aussi éphémère, le seul Jugement à vraiment craindre est le Jugement final.

  • François, le pape de l'ambiguïté ?

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    De Joseph Shaw sur First Things :

    François, le pape de l'ambiguïté

    23 avril 2025

    L'une des constantes du pontificat franciscain a été la faveur avec laquelle il a été traité par les médias séculiers anglophones. Outre les hommages que la diplomatie internationale exige, nous pouvons nous attendre à ce que ses nécrologies dans les médias grand public soient bienveillantes. Cependant, lorsque la poussière sera retombée, nous pourrons commencer à nous poser la question suivante : qu'est-ce que le pape François s'était exactement fixé comme objectif, et l'a-t-il atteint ?

    Curieusement, la deuxième question est un peu plus claire que la première. Nous pouvons examiner les effets de ses actions, mais le pape François ne nous a jamais donné de manifeste. Par exemple, il a pris un certain nombre de mesures pour centraliser l'Église, en affaiblissant le pouvoir des évêques d'établir de nouvelles communautés religieuses et de gérer la célébration de la messe latine pré-Vatican II (« traditionnelle »). Il a également créé une vaste bureaucratie de « synodalité », qui acheminait les questions locales vers Rome, où les réponses pouvaient être soigneusement mises en scène ou reportées indéfiniment. Il n'a cependant jamais plaidé en faveur du centralisme, insistant sur le fait qu'il souhaitait une autonomie locale, tout en empêchant les évêques conservateurs américains de faire de la messe traditionnelle un élément majeur de leur stratégie pastorale, les évêques libéraux brésiliens de créer des diaconesses et les évêques allemands favorables aux homosexuels d'autoriser des textes liturgiques pour les unions entre personnes du même sexe.

    Une façon de lire ce pontificat serait donc dans la continuité de ceux du pape Benoît, du pape Jean-Paul II et du pape Paul VI : en essayant simplement de maintenir les choses ensemble. Nous pourrions l'appeler la lecture « Rowan Williams », puisque l'arme rhétorique préférée du pape François, contrairement à ces prédécesseurs, n'était pas la persuasion mais l'ambiguïté, dans une succession de documents et de déclarations extrêmement difficiles à comprendre pour quiconque.

    Les critiques conservateurs du pape François souligneraient toutefois que ses déclarations delphiques semblent avoir une fonction très différente de celles de l'archevêque Williams. Alors que le primat anglican devait souvent répondre à des déclarations formulées de manière stridente et mutuellement contradictoires par des parties constitutives de sa Communion, avec une formulation qui, avec un peu de chance, pourrait être approuvée par des anglicans ayant un large éventail d'opinions, les déclarations du pape François semblaient ouvrir les fissures, plutôt que de les masquer. 

    Sa condamnation de la peine de mort s'est arrêtée juste avant de dire clairement qu'elle était intrinsèquement mauvaise. Ses déclarations sur le divorce et les unions entre personnes du même sexe n'ont pas dit que ces situations étaient voulues par Dieu. Sa restriction de la messe traditionnelle ne dit pas tout à fait que la diversité liturgique sape l'unité de l'Église. Les réponses de ses différents subordonnés à la question de l'ordination des femmes n'ont jamais franchi la ligne de démarcation pour dire que les femmes diacres étaient impossibles. Dans chaque cas, de nombreuses personnes, en lisant les textes, diraient que ces conclusions sont implicites, mais il s'agit d'une implication rhétorique, pas d'une implication logique : la distinction qui a permis à Boris Johnson de dire que décrire une affirmation comme une « pyramide inversée de balivernes » n'est pas la même chose que de dire qu'elle est factuellement fausse.

    Chacun de ces documents a eu pour effet de déchirer les termes d'une trêve qui avait été établie par ses prédécesseurs. Le pape Jean-Paul II avait encouragé ses disciples à faire campagne contre la peine de mort dans la pratique, tout en concédant sa légitimité en principe, ce dont presque tout le monde pouvait s'accommoder, mais le pape François a contraint de nombreux conservateurs à s'opposer ouvertement au point de vue désormais adopté par de nombreux libéraux, à savoir que la peine de mort est toujours et partout une erreur. Son document sur les unions homosexuelles a amené des conférences épiscopales africaines entières à s'opposer ouvertement à la pratique établie de pans entiers de l'Église en Allemagne, ce qui est le cas le plus proche d'un schisme géographiquement défini depuis des siècles. Là encore, le pape Benoît avait accordé à la messe traditionnelle une place honorée mais subordonnée dans l'Église, ce qui avait d'abord suscité une certaine opposition avant de déboucher sur un compromis viable, mais la nouvelle politique du pape François a introduit une persécution ouverte contre certains des rares domaines de croissance de l'Église. Sa position sur les femmes diacres lui a aliéné ses alliés les plus dévoués, les évêques d'Amérique latine et les féministes. Mary McAleese, ancienne présidente de l'Irlande, a réagi en qualifiant l'Église d'« empire de la misogynie ». Dans le même temps, de nombreux conservateurs exaspérés sont restés convaincus que le pape François complotait toujours pour ordonner des femmes à l'avenir, ce qu'ils n'avaient jamais soupçonné chez le pape Jean-Paul II, bien qu'il n'ait pas inclus le diaconat dans son rejet de l'ordination des femmes, et qu'il n'ait pas été capable d'ordonner des femmes.

    Plutôt qu'une herméneutique à la Rowan Williams, nous avons donc besoin d'un autre outil pour analyser la stratégie du pape François, peut-être un outil nommé en l'honneur de Juan Perón, qui fut un temps le dirigeant militaire de son Argentine natale. Une histoire apocryphe de Perón raconte qu'un jour, alors qu'il roulait, son chauffeur lui demanda s'il devait tourner à droite ou à gauche. « Signal à gauche, virage à droite », répondit le grand homme d'État.

    Quel est l'intérêt de l'ambiguïté, si ce n'est de créer au moins une apparence d'unité ? Les cyniques nous diront qu'un dirigeant peut tirer profit des conflits entre ses subordonnés, qu'il y participe personnellement pour affaiblir ses ennemis ou qu'il se tienne à l'écart, laissant les factions s'épuiser à se battre les unes contre les autres.

    Cette lecture du pape François, il faut le dire, est minoritaire, car elle suggère qu'il était plus intéressé par l'exercice du pouvoir que par l'imposition d'un ensemble particulier de politiques à l'Église. Pour ceux qui sont profondément engagés dans les diverses batailles idéologiques que le pape François a déclenchées, une telle attitude semble inconcevable, mais l'histoire est remplie de dirigeants non idéologiques, qui passent leur temps à écraser leurs rivaux, à récompenser leurs amis et à harceler le genre de personnes qu'ils n'aiment pas.

    Nous verrons si les cardinaux préfèrent poursuivre dans la voie de François ou s'ils choisissent un pape qui souhaite unir l'Église autour d'un ensemble de principes militants clairement exprimés. Le mandat du pape François a rendu ce dernier projet beaucoup plus difficile. Un nouveau pape pourrait être mieux avisé de parler peu et de se concentrer sur l'apaisement : en d'autres termes, pour emprunter une phrase de saint François, d'être un instrument de paix.

  • Un nouveau modèle de conclave ?

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    De sur le CWR :

    Un nouveau modèle de conclave ?

    En ce moment délicat de l’histoire catholique, des questions fondamentales de doctrine, de morale et de pratique pastorale sont contestées.

    Rome a de bonnes raisons de prétendre être la capitale mondiale des rumeurs. Nombre de spéculations entendues le long du Tibre sont absurdes, bien sûr, notamment celles concernant  les papabili : des hommes qui sont (traduction libre) « papétables ». Certaines rumeurs, cependant, méritent d'être prises plus au sérieux ; si elles s'avéraient être des faits plutôt que des rumeurs, l'Église pourrait subir de graves dommages. Dans cette dernière catégorie, on trouve des rumeurs actuelles selon lesquelles des modifications du processus qui guide l'Église pendant l'interrègne papal seraient envisagées, peut-être pour rendre le choix d'un pape plus « synodal ».

    Quels pourraient être ces changements ?

    Depuis le motu proprio de Paul VI de 1970,  Ingravescentem Aetatem, les cardinaux de plus de 80 ans ne peuvent pas voter au conclave pour élire un nouveau pape. Pourtant, ces éminents cardinaux restent membres des Congrégations générales des cardinaux, qui se réunissent pour examiner l'état de l'Église entre la vacance de la chaire de Pierre et la clôture du conclave lui-même. Ces voix éminentes, sans droit de vote, peuvent s'avérer influentes. En 2013, par exemple, le cardinal Cormac Murphy-O'Connor, archevêque émérite de Westminster âgé de 80 ans, a contribué à rallier des soutiens à la candidature de celui qui est devenu le pape François.

    En décembre dernier, j'ai évoqué la possibilité d'exclure les cardinaux de plus de 80 ans des futures Congrégations générales avec un cardinal très respecté (lui-même âgé de plus de 80 ans), qui a averti qu'une telle prétendue « réforme » « priverait l'Église de sa mémoire ». J'ajouterais : « … et une grande sagesse. »

    Comment le processus de sélection d'un nouveau pape serait-il amélioré en refusant la parole à des hommes comme le cardinal Francis Arinze du Nigéria ? Ou le cardinal Joseph Zen de Hong Kong ? Ou le cardinal Camillo Ruini, ancien vicaire de Rome ? Ou les cardinaux Angelo Scola et Marc Ouellet, qui ont obtenu un nombre important de voix en 2013 ? Ou le cardinal Walter Brandmüller, éminent historien ? Ou le cardinal Angelo Bagnasco, ancien président du Conseil des conférences épiscopales d'Europe ? Ou le cardinal Wilfrid Fox Napier d'Afrique du Sud ? Ou le cardinal Stanisław Dziwisz, ancien secrétaire de saint Jean-Paul II ? Ou le cardinal Dominik Duka, archevêque émérite de Prague ? Ou le cardinal Seán O'Malley, fondateur et actuel président de la Commission pontificale pour la protection des mineurs ?

    Selon une autre rumeur de « réforme », les discussions lors des futures Congrégations générales (probablement réservées aux cardinaux de moins de 80 ans) seraient menées selon le modèle de la « Conversation dans l’Esprit » utilisé lors des récents synodes. Une telle « réforme » susciterait certainement un profond ressentiment et pourrait rencontrer une forte résistance, car elle impliquerait des « facilitateurs » dans un processus longtemps réservé aux cardinaux. De plus, le processus de « Conversation » est artificiel et manipulateur. Il ne permet aucun véritable débat sur les différences de point de vue ou de jugement. Et, par sa nature même, il produit un « accord » sur le plus petit dénominateur commun plutôt qu’un véritable discernement ou une véritable sagesse.

    En ce moment délicat de l'histoire catholique, des questions fondamentales de doctrine, de morale et de pratique pastorale sont contestées. La « Conversation dans l'Esprit », cependant, considère toutes les opinions comme également valables. Un processus de discussion pré-conclave entre cardinaux électeurs, sans place pour la contestation et la correction fraternelles, n'est pas sérieux. Il laissera sans réponse ce qui a absolument besoin d'être clarifié, si le conclave qui suivra doit s'attaquer aux véritables problèmes plutôt que d'être dominé par des reportages médiatiques souvent erronés.

    Une rumeur encore plus inquiétante voudrait que le conclave se déroule selon le modèle de la « Conversation dans l'Esprit », le vote étant remplacé par l'émergence d'un pape de consensus grâce à un processus de discussion facilité (le choix étant éventuellement ratifié par un vote de confirmation). Cette hypothèse est cependant tellement tirée par les cheveux qu'elle ne doit pas être prise (trop) au sérieux. Plus inquiétante est la possibilité que la procédure de vote soit « réformée » pour permettre l'élection d'un pape à une majorité de 50 % + 1 au lieu de la majorité actuelle des 2/3.

    En 1996, Jean-Paul II  modifia les règles  afin qu'un pape puisse être élu à la majorité simple après un conclave bloqué après 33 tours de scrutin sur plusieurs semaines. Benoît XVI reconnut l'erreur et  révisa  la formule de Jean-Paul II de telle sorte qu'après ces trente-trois tours de scrutin indécis, un second tour aurait lieu entre les deux candidats ayant obtenu le plus de voix (qui eux-mêmes ne peuvent pas voter), mais que le vainqueur devait réunir les deux tiers des voix.

    La règle des 2/3 a bien servi l'Église pendant des siècles. Elle a souvent permis de garantir qu'un nouveau pape, même issu d'un conclave controversé, bénéficie d'un soutien suffisant pour gouverner efficacement. Toute modification de cette règle serait une erreur. Certains y verraient sans doute une tentative d'obtenir un résultat précis. Or, un tel résultat serait néfaste pour le nouveau pape et pour l'Église, car le pontificat débuterait sous un lourd nuage de suspicion.