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Synode - Page 11

  • Après un mois de synode, voilà ce qui reste (Sandro Magister)

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    De Sandro Magister sur Diakonos.be :

    Après un mois de synode, voilà ce qui reste

    Il est difficile de déterminer ce qui reste d’un mois de synode en lisant les 42 pages du document final.

    On peut y lire (partie I, section 1, proposition j, k, q et r) que le nouveau « visage de l’Église synodale » reste encore entièrement à définir. Parce qu’il faut encore en « éclaircir la signification », tout comme son rapport avec la collégialité épiscopale et avec la synodalité très différente des Église orientales. Et on propose « l’institution d’une commission intercontinentale de théologiens et de canonistes à cet effet, en vue de la seconde session de l’assemblée » en octobre 2024, et de « lancer une étude préliminaire ».

    Les 270 proposition du document, plus l’introduction et la conclusion, ont toutes été approuvées une par une à plus de deux tiers de 365 votants, évêques, prêtres, laïcs, hommes et femmes. Çà et là, quelques dizaines de « non » témoignent cependant des divergences sur plusieurs questions rassemblées dans le texte parmi celles qui « restent à affronter » à l’avenir.

    Mais on trouve également des divergences sur des questions sur lesquelles le documents présente des « convergences ». Par exemple là où l’on affirme (partie I, section 3, proposition c) que « les processus synodaux permettent de vérifier l’existence de ce consensus des fidèles (« consensus fidelium’) qui constitue un critère sûr pour déterminer si une doctrine ou une pratique particulière appartient à la foi apostolique ». Ici on retrouve 26 « non », vraisemblablement dubitatifs sur cet abandon du magistère doctrinal à un vague « consensus des fidèles », vérifié on se sait comment.

    On retrouve également 32 « non » qui trouvent hors de propos la demande aux missionnaires d’assumer la responsabilité des erreurs commises par l’Église dans le passé, là où « l’annonce de l’Évangile a été associé à la colonisation et même au génocide » (partie I, section 5, proposition e).

    La proposition de « développer davantage les missions confiées au ministère institué de lecteur » (partie II, section 8, proposition n), qui « pourrait inclure également la prédication » récolte quant à elle 38 « non ».

    Mais le plus grand nombre de « non », 69, est allé à « l’accès des femmes au ministère diaconal », y compris parmi les « questions à affronter » (partie II, section 9, proposition j). Voici comment le document énumère les « positions diverses » qui ont émergé des débats :

    Pour certains, il s’agit d’un pas « inacceptable », « en discontinuité avec la Tradition ». Pour d’autres, en revanche, concéder aux femmes l’accès au diaconat rétablirait une pratique de l’Église primitive.  D’autres encore y voient « une réponse appropriée et nécessaire aux signes des temps, fidèle à la Tradition susceptible de trouver un écho dans le cœur de beaucoup de ceux qui cherchent une vitalité et une énergie renouvelées dans l’Église ». Enfin, il y a ceux qui expriment « la crainte que cette demande ne soit l’expression d’une dangereuse confusion anthropologique, en acceptant que l’Église s’aligne sur l’esprit du temps ».

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  • C'est de saints que l'Eglise a besoin et non de réformateurs

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    Une tribune du Père Jean-François Thomas S.J. publiée sur Aleteia.org :

    L’Église n’a pas besoin de réformateurs, mais de saints

    31/10/23

    L’Église n’a pas besoin de réformateurs, mais de saints, telle était la conviction de Georges Bernanos. Comme François d’Assise qui transforma l’Église en épousant l’exact opposé de ce qui attirait ses contemporains : la pauvreté, l’humilité, la charité.

    Alors que beaucoup dans l’Église ne rêvent que de réformes, sinon de révolutions, ceci de la base à la hiérarchie, que la mode contemporaine est toujours dans la fuite en avant et presque jamais dans une sage disposition à faire le guet du haut d’une tour qui embrasse les horizons et qui permet de ne pas se croire les maîtres du monde, il serait sage et judicieux de se souvenir que l’histoire de cette Église n’est pas riche grâce à ceux qui ont voulu la violenter, mais grâce à ceux qui se sont donnés à Elle, au prix parfois des sacrifices les plus absolus. La situation actuelle, préoccupante, invite à prendre distance par rapport à tous les enthousiasmes désordonnés et manipulateurs, à garder la tête froide face à ceux qui désirent déraciner, détruire, transformer pour correspondre aux critères mondains. Pour ce faire, il est bon de puiser dans le trésor de sainteté de cette Église mise à mal parfois même par ses pasteurs.

    La colère de Luther

    Georges Bernanos, vers 1943, alors au Brésil, projeta d’écrire un livre sur Luther, mais le début de la guerre mondiale l’empêcha de mener à bien ce projet qui ne nous lègue que quelques pages de feu. Déjà, dans le Journal d’un curé de campagne, il avait abordé le mystère de ce personnage, ceci dans une conversation entre le curé de Torcy et le simple prêtre d’Ambricourt. Le premier confie au second : 

    Enfin, j’ai eu mes embêtements, moi aussi… Tiens, à ce moment-là, j’ai compris Luther. Il avait du tempérament, lui aussi. Et dans sa fosse à moines d’Erfurt, sûrement que la faim et la soif de la justice le dévoraient. Mais le bon Dieu n’aime pas qu’on touche à sa justice, et sa colère est un peu trop forte pour nous, pauvres diables. Elle nous saoule, elle nous rend pires que des brutes. Alors, après avoir fait trembler les cardinaux, ce vieux Luther a fini par porter son foin à la mangeoire des princes allemands, une jolie bande… Regarde le portrait qu’on a fait de lui sur son lit de mort… Personne ne reconnaîtrait l’ancien moine dans ce bonhomme ventru, avec une grosse lippe. Même juste en principe, sa colère l’avait empoisonné petit à petit ; elle était tournée en mauvaise graisse, voilà tout. 

    Et il avoue prier pour le salut de l’âme de Luther. Beaucoup, au cours des siècles, ont pu être scandalisés par les dérives ecclésiastiques, par les imperfections de la justice et des règles imposées. Ils peuvent l’être encore et rêver d’une Église à leur mesure, mais, dans ce cas, leur sort sera également de faire de la mauvaise graisse et de mourir dans la colère et l’orgueil. L’ambition, le ressentiment, le désir d’imposer ses opinions ne produisent jamais de bons fruits. Quant à ceux qui imaginent un état de perfection et de pureté à l’abri de toute critique, ils vivent dans l’illusion et nient la réalité.

    Les vrais réformateurs n’ont jamais été les justiciers qui cassent et brûlent mais les saints qui pratiquent de façon héroïque les vertus.

    Les vrais réformateurs n’ont jamais été les justiciers qui cassent et brûlent mais les saints qui pratiquent de façon héroïque les vertus que ceux qui en sont les gardiens ne respectent pas forcément. Saint François d’Assise, tout aussi révolté au départ par les défauts des hommes de Dieu, ne sombra pas dans la revanche et la soif de faire table rase ou d’adapter les lois selon la mode du temps. Il choisit d’épouser pour lui-même l’exact opposé de ce qui attirait ses contemporains : la pauvreté, l’abaissement, l’humilité, la charité. Et, ainsi, il ne fit pas de mauvaise graisse mais fondit à vue d’œil sous l’éclat de la lumière retrouvée par ce renoncement. 

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  • Synode : la terminologie " LGBTQ+ " et la proposition d'un " super synode " n'ont pas été retenues

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    De Jonathan Liedl sur le National Catholic Register :

    Synode sur la synodalité : Qu'est-ce qui a changé entre le projet et le rapport de synthèse ?

    La terminologie " LGBTQ+ " et la proposition d'un " super synode " n'ont pas été retenues, tandis qu'une proposition de " service pastoral " pour les anciens prêtres a été ajoutée.

    30 octobre 2023

    L'assemblée du Synode sur la synodalité a approuvé un rapport de synthèse de 42 pages dans la nuit de samedi à dimanche - mais seulement après que des changements significatifs aient été apportés à une première version.

    Le rapport final ne contient pas le terme "LGBTQ+", qui figurait dans le projet de document remis aux membres du synode le mercredi 25 octobre et que le Register s'était procuré à l'époque. De même, une proposition semblant appeler à un synode en session permanente fournissant une consultation au Pape n'a pas été incluse dans le rapport de synthèse final, qui servira de base à la session du synode d'octobre 2024.

    La formulation suggérant la nécessité de reconsidérer la mesure dans laquelle "la différence sexuelle devrait façonner l'ecclésiologie et les approches du ministère" - une référence apparente à la compréhension par l'Église que seuls les hommes sont éligibles pour être ordonnés aux ordres sacrés, et donc exercer certains ministères d'enseignement, de gouvernance et de sanctification - a également été supprimée.

    1 251 amendements au projet de texte ont été soumis par les délégués synodaux, et une équipe de rédaction a travaillé pour les incorporer dans la version finale avant qu'elle ne soit remise aux membres le samedi et votée plus tard dans la nuit. Chaque paragraphe du rapport final a été accepté par l'assemblée avec le soutien des deux tiers requis.

    Si certains éléments ont été supprimés du texte final, d'autres, totalement absents du projet, ont été ajoutés. Un exemple particulièrement notable est l'ajout d'une proposition visant à placer les hommes qui ont quitté le sacerdoce dans "un service pastoral qui valorise leur formation et leur expérience", au cas par cas.

    Dans plusieurs cas, des références soulignant l'importance de l'enseignement de l'Église ont été ajoutées. Par exemple, le mot "magistère", qui fait référence à l'enseignement de l'Église catholique faisant autorité, apparaît dix fois dans la version finale, alors qu'il n'y avait que quatre références dans le projet initial. 

    Dans un cas précis, une proposition visant à ce qu'un groupe d'experts s'engage dans un "discernement partagé" sur des "questions doctrinales, pastorales et éthiques" controversées, y compris des questions liées au genre, à la sexualité et à la fin de vie, a été modifiée pour souligner que ce discernement devrait être mené "à la lumière de la Parole de Dieu, de l'enseignement de l'Église, des réflexions théologiques et, en valorisant l'expérience du synode".

    Terminologie "LGBTQ+" rejetée

    L'acronyme "LGBTQ+" n'apparaît pas dans le rapport final, bien qu'il figure à la fois dans l'instrumentum laboris du synode et, sous une forme différente, dans le projet initial.

    Dans l'instrumentum laboris, le document de travail qui a guidé les discussions de l'assemblée du Synode sur la synodalité, des expressions telles que "catholiques LGBTQ+" et "personnes LGBTQ+" ont été incluses. 

    L'utilisation de "LGBTQ+" de cette manière est contestée par de nombreux évêques et théologiens, qui soutiennent qu'elle ne permet pas de considérer les attirances sexuelles et/ou le sens du genre d'un individu comme un élément fondamental de son identité. D'autres, cependant, ont fait pression pour que les documents de l'Église incluent cette terminologie, qui est populaire dans les sociétés occidentales laïques, mais qui rencontre une forte résistance dans des pays comme l'Afrique et l'Europe de l'Est.

    Suite aux discussions de l'assemblée, la première version du rapport de synthèse mentionne que l'assemblée n'a pas parlé de "personnes LGBTQ+", mais de "personnes qui s'identifient comme LGBTQ+". Certains catholiques considèrent que cette formulation est moins problématique, car elle utilise "LGBTQ+" comme une identification subjective, et non comme un état d'être.

    Cependant, au moment de la publication du rapport final, toute mention de "LGBTQ+" a été supprimée. Au lieu de parler de "personnes qui s'identifient comme LGBTQ+", le document parle de "personnes qui se sentent marginalisées ou exclues de l'Église en raison de leur situation matrimoniale, de leur identité et de leur sexualité".

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  • Synode : Les points de vue africains ont été pris "très au sérieux"

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    D'Edward Pentin sur le National Catholic Register :

    L'archevêque camerounais sur le synode sur la synodalité : Les points de vue de l'Afrique ont été pris "très au sérieux".

    L'archevêque Andrew Nkea Fuanya a déclaré au Register que l'assemblée synodale de ce mois-ci "s'est très bien déroulée, bien mieux que ce à quoi je m'attendais".

    30 octobre 2023

    La première assemblée du Synode sur la synodalité a permis à tous d'exprimer leurs opinions et les points de vue des délégués africains sur le mariage naturel et la famille ont certainement été pris en compte, mais la légitimité de l'événement continue d'être remise en question et les organisateurs du synode devraient révéler la répartition des votes, a déclaré un évêque camerounais.

    L'archevêque Andrew Nkea Fuanya de Bemenda, l'un des 16 prélats qui composent le conseil ordinaire du synode et qui supervisent le déroulement du processus, a déclaré que l'assemblée s'était déroulée "beaucoup mieux" qu'il ne s'y attendait et que la "conversation dans l'esprit", une innovation visant à atténuer les polémiques, avait été utile car elle avait permis de "calmer les esprits". 

    Dans cette interview accordée le 28 octobre au Register à Rome, Mgr Nkea a également évoqué la contribution particulière des évêques africains au synode et la manière dont ils ont pu corriger les passages sur la sexualité humaine dans le rapport final. 

    "En Afrique, nous considérons le mariage comme une union entre un homme et une femme, et tout ce qui n'est pas cela relève de la sorcellerie", a-t-il déclaré. "C'est quelque chose que nous avons dit très fermement.  

    L'archevêque Nkea a également expliqué pourquoi il n'est pas gêné par les tentatives de changer la doctrine de l'Église par le biais du processus (il pense qu'elles échoueront), et pourquoi il considère que les efforts visant à bouleverser la structure de gouvernance de l'Église proviennent d'un point de vue humain plutôt que spirituel, et qu'ils marqueraient la fin de l'Église s'ils réussissaient. 

    Excellence, quelle est votre évaluation globale de l'assemblée synodale ? Comment s'est-elle déroulée et quels ont été pour vous les aspects les plus intéressants, les plus importants ?

    Je dirais sincèrement qu'elle s'est très bien déroulée, bien mieux que ce à quoi je m'attendais. L'atmosphère du synode était complètement différente. Le fait de venir aux tables rondes, de changer de table tout le temps, a donné l'impression que nous travaillons en groupe. Nous ne parlons pas seulement à une petite section, mais nous pouvons rencontrer différentes personnes, partager différentes idées sur différents sujets. C'était une innovation complète qui a vraiment donné à chacun la possibilité de s'exprimer. Ce n'est pas comme si vous preniez la parole, que vous parliez pendant trois minutes et que c'était tout. Non, sur tous les sujets, on avait la possibilité de dire ce que l'on ressentait, ce que l'on pensait.

    C'était donc un aspect très, très important du synode. Encore une fois, il y avait aussi la liberté que nous partagions. Nous ne savions pas trop comment cela se passerait, cette atmosphère de participation des laïcs et des non-évêques. C'est une autre chose qui nous rendait un peu anxieux. Mais après la première semaine, nous avons apprécié leur présence et nous avons vu la richesse qui se dégageait de leur présence. Je pense que c'était une bonne chose. En dépit de tous les autres arguments théologiques canoniques, en tant que rassemblement de l'Église, c'était une bonne chose.

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  • Le Synode est fini et la grande question demeure : qu'aura-t-il apporté à l'Église ?

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    D'Andrea Gagliarducci sur le Monday Vatican :

    Le pape François à la recherche d'une méthode synodale

    30 octobre 2023

    À l'heure où nous écrivons ces lignes, le document de synthèse de la première partie du Synode sur la synodalité n'a pas encore été publié. Cependant, la Lettre au Peuple de Dieu a été mise en ligne. Plusieurs conférences de presse ont mis en évidence les différentes positions. Il y a eu des débats. Nous pouvons donc au moins essayer de résumer cette expérience synodale, en essayant de comprendre ce que signifie être à la recherche d'une méthode.

    Si l'on entend par méthode synodale la consultation de l'ensemble du peuple de Dieu, ou du moins de larges segments représentatifs de celui-ci, cette méthode existait déjà.

    Les congrégations vaticanes et les conseils pontificaux, comme on les appelait, étaient composés de membres, de fonctionnaires et de conseillers (consultori), souvent des laïcs qui étaient consultés chaque fois qu'il y avait un problème particulier à analyser. Les membres sont toujours des cardinaux et des archevêques ; les fonctionnaires peuvent également être des laïcs, de même que les conseillers, choisis parmi les meilleurs experts en la matière.

    Le pape François a souhaité que des laïcs soient sélectionnés comme membres des départements, interprétant leur appartenance comme celle d'une sorte de "conseil d'administration" et considérant la question de l'inclusion des laïcs comme un "fossé entre les sexes". Mais là n'était pas la question. Les membres étaient des évêques parce qu'ils devaient gouverner en communion hiérarchique avec le pape, lui aussi évêque. Les consultants étaient en fait le peuple de Dieu qui participait aux décisions, qui était impliqué.

    Si l'on entend par méthode synodale ce nouveau modèle d'assemblée, déjà testé à petite échelle lors du consistoire d'août 2022 sur les réformes de la Curie, il s'agit bien d'une nouvelle méthode mais aussi d'une méthode problématique.

    Personne n'a de vision générale des sujets. Tout le monde est divisé en groupes et traite d'un thème particulier. Ils le font en profondeur, c'est vrai, mais ils n'ont pas de vision générale des choses. C'est une sorte de réforme positiviste de la structure de l'Eglise.

    Je l'appelle structure positiviste parce que le positivisme crée la différenciation des sciences, la fragmentation et le détail au lieu du global. Il s'agit d'une réforme que l'on peut observer dans de nombreux détails. Par exemple, dans la manière dont le pape François a réformé la Congrégation (aujourd'hui Dicastère) pour la Doctrine de la Foi, avec quatre bureaux indépendants et un bureau disciplinaire très structuré, mais qui traite la discipline comme un but en soi. Auparavant, même les mesures disciplinaires devaient découler d'une vision globale et partagée qui incluait les questions de foi. Aujourd'hui, la sanction passe avant l'explication de la foi.

    Le fait est que, dans le désir de créer une Église plus ouverte, l'Église est assimilée à une association, une "ONG miséricordieuse", comme le dit le pape François.

    La synodalité devient donc synonyme de création d'une para-démocratie dans laquelle les majorités peuvent être manipulées. Il y avait aussi cette idée au Concile Vatican II lorsque les participants étaient regroupés en petits lobbies. Mais au Concile, tout a été surmonté avec le principe de communion et surtout avec une vision chrétienne claire. Et puis il y a eu les papes, en particulier Paul VI, qui ont voulu que les ouvertures du Synode s'insèrent dans la tradition de l'Église et non pas contre la tradition de l'Église.

    Ce n'est pas un hasard si l'on a souvent parlé de communion, et la recherche d'une méthode devrait également déboucher sur un modèle communautaire. Il reste à déterminer comment cela peut fonctionner. On a parfois l'impression qu'il n'y a pas de véritable discussion. Mais il en a été ainsi dans d'autres circonstances, comme avec les statuts internes présentés au Conseil des cardinaux qui avaient déjà été approuvés par le Pape, sans un minimum de discussion. Il faut trouver un équilibre entre les différentes positions.

    En quoi peut consister la méthode synodale ? Jusqu'à présent, le discernement personnel a été dramatiquement mis en avant, avec la prière et les espaces vides qui servent à comprendre les raisons de l'autre dans une recherche du politiquement correct et de l'absence de conflit, ce qui ne peut pas donner de bons résultats. À tout le moins, il n'y a pas de décisions claires.

    Par exemple, le cardinal Christoph Schoenborn, archevêque de Vienne, a déclaré que le pape déciderait de l'éventuelle bénédiction des couples homosexuels, mais que l'Église ne peut en aucun cas exclure qui que ce soit. L'archevêque de Belgrade, Laszlo Nemet, va jusqu'à dire qu'il aurait fallu parler davantage des abus. Les autres thèmes abordés sont ceux de notre époque, de la paix aux migrations.

    Est-ce que c'est cela que le Synode doit aborder ? Ou bien le Synode est-il appelé à fournir des outils doctrinaux et pratiques sur l'orientation à donner à l'Église afin que personne ne se sente exclu ?

    Regarder les signes des temps est une approche légitime, et c'est devenu une façon de se regarder soi-même. Il n'est donc pas surprenant que le Synode sur la communion, la participation et la mission n'ait pas fait beaucoup parler de lui, sauf dans certains médias catholiques, alors que tout était concentré sur ce qui était tangentiel au Synode, des demandes de paix aux questions de migration.

    C'est une limite que l'on retrouve également dans la Lettre au Peuple de Dieu, qui s'affaiblit dans sa recherche d'inclusion et ne laisse que vaguement émerger l'idée de structurer un chemin pour le prochain Synode. Qui sait s'il s'agit d'un choix délibéré, avec l'idée de reporter la discussion à l'année prochaine, ou s'il s'agit plutôt d'une décision dictée par les événements.

    À la fin du Synode, la grande question demeure : qu'aura-t-il apporté à l'Église ? Certains disent qu'il n'est pas nécessaire d'obtenir quoi que ce soit et qu'il est toujours agréable de converser. Mais converser, c'était déjà fait avant. Alors, tout a-t-il changé ? Dans l'émotion d'être ensemble ? Dans la possibilité de ne pas porter la soutane pendant la réunion synodale ? Ou bien y a-t-il quelque chose qui change dans la manière de gouverner l'Église ?

    Ces questions restent et resteront brûlantes tout au long de l'année de préparation du prochain Synode.

  • Rome : le cardinal Müller déclare que le synode sur la synodalité est utilisé par certains pour préparer l'Église à accepter de faux enseignements

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    Interview d’Édouard Pentin (*), 27 octobre 2023 diffusée dans le National Catholic Register : le préfet émérite de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi dresse le bilan de la première phase du rassemblement synodal au Vatican :

     « CITÉ DU VATICAN — Le cardinal Gerhard Müller, ancien préfet du Dicastère pour la doctrine de la foi, déclare que le Synode sur la synodalité n'est pas une assemblée épiscopale mais plutôt une réunion synodale anglicane et qu'il est utilisé par certains participants comme un moyen de préparer l'Église catholique d'accepter des idéologies contraires à l'Écriture et à la Tradition. 

    Dans une longue interview accordée au Register le 24 octobre, le cardinal Müller a également averti que certains membres de l'assemblée « abusent du Saint-Esprit » afin d'introduire de « nouvelles doctrines » telles que l'acceptation de l'homosexualité, les femmes prêtres et un changement dans la gouvernance de l'Église. .

    En tant que l'un des 52 délégués personnellement choisis par le pape François pour assister à la réunion du 4 au 29 octobre, la première des deux assemblées qui se termineront en 2024, le cardinal allemand a participé à toute la session de ce mois-ci avant de partir tôt le 25 octobre pour ordonner nouveaux prêtres en Pologne. 

    Le cardinal Müller a déclaré que la réunion synodale était « très contrôlée » et assez manipulée, la plupart des interventions provenant de seulement quelques orateurs principaux qui s'adressaient à eux comme s'ils ne connaissaient rien à la théologie. Il a déclaré que lui-même n'avait eu que trois minutes pour parler à l'ensemble de l'assemblée. 

     Votre Éminence, quelle a été votre évaluation globale du Synode sur la Synodalité ?

    J'ai été invité par le Pape à participer, en tant qu'évêque, en tant qu'ancien préfet de la Congrégation [de la Doctrine de la Foi], et je viens de parler de ma compétence théologique. On m'a demandé quelle était la différence avec les synodes précédents, également en termes de méthode. Il est très clair que dans les synodes précédents, les évêques étaient les sujets qui dirigeaient tout. Son organisation et sa contribution ne sont pas venues d'en haut. Dans les synodes précédents, tous les évêques en plénière pouvaient parler de ce qu'ils voulaient. Maintenant, tout est dirigé, tout est pré-organisé, et il est difficile de parler en plénière parce que le temps est limité et, selon les règles, on ne peut parler qu'une seule fois, et seulement pendant trois minutes.

    Vous n’avez eu qu’une seule occasion de parler en plénière, devant l’assemblée plénière ?

    Oui.  

    Auriez-vous aimé en parler davantage ?

    Oui, mais ce n'était pas possible. Pour la prochaine partie de ce synode, il sera important de le réorganiser – pour donner plus de liberté, plus d'opportunités aux évêques de présenter leurs idées. Il doit ressembler davantage à un synode des évêques, pour que les évêques reprennent leur rôle de conseillers et de témoins de la vérité révélée.  

    L'accent a été mis sur le Saint-Esprit lors de ce synode. Qu'en avez-vous pensé ?

    Certains orateurs ont dit que nous devons être ouverts au Saint-Esprit, mais les voix du Saint-Esprit étaient les personnes invitées à parler à l'assemblée. C’étaient les voix du Saint-Esprit, comme si nous étions débutants dans l’étude de la théologie. C'était comme un séminaire ou une université, mais un synode n'est pas [une] école pour débutants — et pourtant on nous parlait comme si […] les évêques ne connaissaient pas grand-chose en théologie. De nombreux évêques là-bas comprenaient la théologie et ne pouvaient pas parler [de leurs connaissances]. 

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  • "Aucun changement effectif"; ce que contient le rapport du Synode publié hier

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    De Matthieu Lasserre sur le site de La Croix :

    Place des femmes, célibat des prêtres… ce que contient le rapport du Synode

    Analyse

    Le rapport de la XVIe Assemblée du Synode des évêques a été publié samedi 28 octobre dans la soirée, après le vote des participants. Sans entériner aucun changement effectif, le document dessine une Église plus « inclusive », où la synodalité est érigée en maître mot.

    29/10/2023

    Dans la salle Paul VI, les pères et mères synodaux sont debout et applaudissent chaudement le point final d’un long mois de travaux. Vers 20 h 30, samedi 28 octobre, le pape François vient tout juste de conclure, après une courte prière les travaux de la XVIe Assemblée générale du Synode des évêques au Vatican. Les débats autour de l’avenir de l’Église catholique ont abouti, au terme de 1 251 amendements et d’un vote sur chaque paragraphe, d’un document précisant les contours d’une Église où chaque fidèle doit trouver l’accueil et s’impliquer dans ses décisions ; une Église ouverte aux pauvres, aux blessés et au monde.

    Les 42 pages du rapport final, dont la totalité des paragraphes ont été approuvés aux deux tiers, se divisent en trois parties : synodalité, mission et communauté ecclésiale. Il détaille les opinions, les questions à traiter et formule 81 propositions qui devront pour la plupart être tranchées lors du prochain Synode des évêques, en octobre 2024.

    Le document, sorte de « procès-verbal fidèle aux échanges » comme le qualifie un participant aux débats, couvre ainsi un vaste éventail de sujets, au risque de ne pas dégager de priorités majeures : œcuménisme, rôle des conférences épiscopales, diaconat féminin, formation à la synodalité, numérique, etc. En ressortant de la lecture du document se dégage l’esquisse d’une nouvelle manière de concevoir l’Église, les ministères et la mission, où l’inclusion et la participation de tous deviennent les maîtres mots - sans que rien n’ait encore été décidé. Les protagonistes du Synode s’étaient d’ailleurs attelés ces dernières semaines à tempérer les attentes des observateurs.

    La place des femmes

    Sans surprise, c’est au sein de la section « tous disciples, tous missionnaires », dédiée au souci de l’inclusion, que les opinions ont le plus divergé. Ainsi, la proposition de poursuivre « la recherche théologique et pastorale sur l’accès des femmes au diaconat » récolte le plus grand nombre de votes contre (67). Le rapport évoque également la possibilité que le résultat de ces études pourrait ne pas être présenté dès la prochaine Assemblée. Deux autres paragraphes mentionnant cette question ont reçu respectivement 69 et 61 oppositions. La place des femmes, à laquelle un chapitre entier est consacré, fait l’objet de nombreuses propositions : lutte contre la discrimination au travail au sein de l’Église, accès élargi aux responsabilités et à la formation théologique, évolution vers un langage plus inclusif.

    Autre point qui suscitait la controverse ses dernières semaines : le célibat des prêtres. Pourtant, aucune proposition sur ce point ne devrait être au menu des discussions du prochain Synode. Le seul paragraphe survolant le sujet a été disputé (55 votes contre). « Différentes évaluations ont été exprimées », indique laconiquement le document. « Il ne s’agit pas d’un thème nouveau, qui doit être approfondi », peut-on lire, sans plus de précisions.

    De la même manière, presque aucune mention n’est faite de l’homosexualité ou des personnes LGBT. « L’identité de genre » et « l’orientation sexuelle » ne sont évoquées qu’aux côtés de l’intelligence artificielle ou de la fin de vie pour parler de controverses dans la société ou pour « promouvoir des initiatives permettant un discernement partagé sur les questions doctrinales, pastorales et éthiques controversées ». Des voix se sont déjà élevées sur l’absence de réflexion ou de propositions ambitieuses, rappelant que beaucoup attendaient une prise de position sur la bénédiction des couples homosexuels.

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  • "Nous ne pouvons pas renverser la tradition doctrinale et morale de l'Église pour plaire au monde" (cardinal Marchetto)

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    De Marcelo Musa Cavallari sur CNA :

    Un cardinal à propos du Synode sur la synodalité : Nous ne pouvons pas renverser la tradition doctrinale et morale de l'Église pour plaire au monde.

    Nous regardons la croix du Christ - glorieuse, certes, mais une croix quand même...".

    28 octobre 2023

    Le Synode sur la synodalité convoqué par le pape François a une nouvelle fois mis en lumière l'affrontement entre les courants internes de l'Église en conflit depuis le concile Vatican II. Les accusations de manipulation au nom d'un agenda mondain d'une part et les pressions pour l'ordination des femmes, la fin du célibat sacerdotal obligatoire et l'altération de la morale sexuelle catholique pour accepter l'homosexualité d'autre part sont apparues au grand jour dès la convocation de la 16e assemblée générale du Synode des évêques, au début du mois d'octobre.

    "Certes, nous ne pouvons pas ignorer le monde, et c'est pourquoi c'est une erreur de se retrancher dans le passé. Cependant, nous ne devons jamais oublier que nous sommes dans le monde, mais que nous ne sommes pas du monde", a expliqué le cardinal Agostino Marchetto à ACI Digital, le partenaire d'information en langue portugaise de CNA.

    "Nous ne pouvons pas renverser la tradition doctrinale et morale de l'Église pour plaire au monde. Nous regardons la croix du Christ - glorieuse, certes, mais une croix quand même", a-t-il noté.

    Créé cardinal par le pape François le 30 septembre dernier, le cardinal italien est, selon le Saint-Père lui-même, "le meilleur interprète du concile Vatican II." Pour le cardinal, "il est nécessaire de renforcer le dialogue interne dans l'Église entre les différentes positions, entre ceux qui exaltent la fidélité exclusive à la tradition et ceux, au contraire, qui cherchent à s'adapter au monde."

    ACI Digital a récemment eu l'occasion d'interviewer le cardinal pour connaître son point de vue sur le synode à la lumière de Vatican II.

    Certains voient dans le Synode de la synodalité une occasion de mettre enfin en œuvre les décisions du Concile Vatican II, en particulier sur la collégialité dans l'Église, qui auraient été suspendues pendant les pontificats de Jean-Paul II et de Benoît XVI. Comment voyez-vous le rôle du synode à la lumière de l'herméneutique du Concile Vatican II en continuité avec la tradition de l'Eglise ?

    Le jugement sur la suspension de l'exercice du ministère collégial dans l'Église est facilement démontable si l'on pense à tous les synodes des évêques qui se sont tenus pendant les pontificats de Jean-Paul II et de Benoît XVI. Dans son célèbre discours du 22 décembre 2005 à la Curie romaine, le pape Benoît XVI a noté qu'en fait, le Concile Vatican II représentait une continuité et non une discontinuité avec la tradition catholique. Et tous les pontifes conciliaires et postconciliaires se sont fait l'écho de cette idée.

    En ce qui concerne les deux pôles de la continuité et de la discontinuité, je préfère aller plus loin, en soulignant que la première alternative proposée par le pape Benoît XVI se situe entre la rupture dans la discontinuité et la réforme-renouvellement dans la continuité de l'Église en tant que sujet unique. C'est précisément cette combinaison de continuité et de discontinuité, mais non de rupture, à différents niveaux, qui constitue la véritable nature de la réforme authentique.

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  • La première phase du synode a souffert de la contradiction entre l’autoritarisme du pape et l’esprit démocratique synodal revendiqué

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    Du sagace Jean-Marie Guénois sur le site du Figaro via Il Sismografo :

    Le pape François peine à apaiser les tensions suscitées par ses réformes

    RÉCIT - Le synode, ce débat sur l’avenir de l’Église, dont le premier volet s’achève dimanche, ne convainc toujours pas les prélats. -- L’Église catholique semble avoir inventé un nouveau commandement: «Écoute ton prochain.» C’est le message central d’une lettre envoyée mercredi soir à tous les catholiques du monde en provenance du synode sur l’avenir de l’Église, réuni depuis un mois et jusqu’à dimanche au Vatican.

    Il ne s’agit donc pas d’écouter Dieu, le pape ou les évêques mais de prêter principalement l’oreille aux plus «pauvres»: «Pour progresser dans son discernement, l’Église a absolument besoin de se mettre à l’écoute de tous, en commençant par les plus pauvres», est-il écrit dans le document.

    «Discernement synodal»

    Concrètement? «Il s’agit de se mettre à l’écoute de celles et ceux qui n’ont pas droit à la parole dans la société ou qui se sentent exclus, même de la part de l’Église. À l’écoute des personnes victimes du racisme sous toutes ses formes, notamment, en certaines régions, les peuples indigènes dont les cultures ont été bafouées. Et surtout, l’Église de notre temps se doit d’écouter, dans un esprit de conversion, les personnes qui ont été victimes d’abus commis par des membres du corps ecclésial, et de s’engager concrètement et structurellement pour que cela ne se reproduise pas.»

    Vient ensuite «l’écoute» des «laïcs, femmes et hommes». Puis, celle des «familles» et de «celles et ceux qui souhaitent s’engager dans des ministères laïcs ou dans des instances participatives de discernement et de décision.»

    Ainsi, le «discernement synodal» de cette nouvelle pyramide ecclésiale inversée ne mentionne pas les évêques, les cardinaux et le pape mais appelle à «recueillir davantage la parole et l’expérience des ministres ordonnés: les prêtres, premiers collaborateurs des évêques, dont le ministère sacramentel est indispensable à la vie du corps tout entier» - hommage tardif à la fidélité des prêtres souvent vilipendés -, «les diacres» et les personnes menant une «vie consacrée» et ceux qui «ne partagent pas la foi de l’Église».

    Quel est l’enjeu de ce nouvel impératif catholique, cette «écoute» à 360 degrés, de bas en haut jusqu’au dehors de l’Église? C’est «la mission», c’est-à-dire l’annonce de l’Évangile, tel que le catholicisme l’interprète mais qui se heurte aujourd’hui à de graves difficultés.

    La lettre adressée au peuple de Dieu issu du synode l’affirme: les temps actuels «exigent de l’Église le renforcement des synergies dans tous les domaines de sa mission». La planche de salut serait «précisément le chemin de la synodalité que Dieu attend de l’Église du troisième millénaire». Il s’agit de créer un «dynamisme de communion missionnaire» en favorisant notamment cette «écoute respectueuse entre nous et le désir de communion dans l’Esprit».

    Tel est l’objectif principal de cette assemblée de 364 membres, la plupart évêques, qui réunit pour la première fois 54 femmes, laïques et religieuses, disposant d’un droit de vote inédit. Il importe de relancer une communauté ecclésiale catholique confrontée à la baisse de fréquentation des fidèles, à la chute des vocations sacerdotales, dans le contexte des abus sexuels commis par une minorité de prêtres et qui a enclenché une redoutable crise de crédibilité de l’institution.

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  • L'Eglise n'est pas une démocratie

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    De Gerhard Cardinal Müller sur First Things

    L'ÉGLISE N'EST PAS UNE DÉMOCRATIE

    10 . 27 . 23

    Le Synode des évêques se réunit actuellement à Rome pour une session de quatre semaines du Synode sur la synodalité. Une deuxième session suivra en octobre 2024. Le thème de la "synodalité" est une notion abstraite du mot grec désignant un rassemblement ou une assemblée. Les délibérations du Synode 2023 ne portent donc pas sur le contenu de la foi, mais sur les structures de la vie ecclésiale - et sur l'attitude ou l'état d'esprit ecclésial qui sous-tend ces structures.

    De nombreux observateurs pensent que le pape François veut corriger ce que l'on pourrait appeler l'élément hiérarchique, ou "primauté", de la direction de l'Église en faisant appel à l'élément synodal de la direction qui aurait été préservé en Orient. Depuis Vatican I, les théologiens dits "critiques de Rome" ont qualifié d'excessif l'accent mis par l'Église sur la primauté. Il serait bon, ici, de se laisser guider par le prédécesseur du pape François, Léon le Grand. Son pontificat montre que, théologiquement et pastoralement, les principes de primauté et de synodalité ne s'opposent pas, mais se conditionnent et se soutiennent mutuellement. 

    Léon réunissait souvent les évêques et les presbytres romains pour des consultations communes. La convocation d'un tel synode n'avait pas pour but de distiller une opinion majoritaire ou d'établir une ligne de parti. À l'époque de Léon, un synode servait à orienter tout le monde vers la tradition apostolique normative, les évêques exerçant leur coresponsabilité pour veiller à ce que l'Église demeure dans la vérité du Christ.

    Comme on le sait, la réflexion théorique sur les principes de l'être, de la connaissance et de l'action est considérablement plus difficile que de parler de choses concrètes. Il y a donc un risque qu'une assemblée de près de 400 personnes d'origines, d'éducation et de compétences différentes, engagées dans des discussions non structurées, ne produise que des résultats vagues et flous. La foi peut facilement être instrumentalisée à des fins politiques, ou se confondre avec une religion universelle de la fraternité humaine qui ignore le Dieu révélé en Jésus-Christ. À la place du Christ, les technocrates peuvent se présenter comme les sauveurs de l'humanité. Si le Synode doit garder la foi catholique comme guide, il ne doit pas devenir une réunion pour les idéologues post-chrétiens et leur agenda anti-catholique. 

    Toute tentative de transformer l'Église fondée par Dieu en une ONG mondaine sera contrecarrée par des millions de catholiques. Ils résisteront jusqu'à la mort à la transformation de la maison de Dieu en un marché de l'esprit du temps, car l'ensemble des fidèles, oints comme ils le sont par le Saint Esprit, ne peuvent se tromper dans les "questions de croyance" (Lumen Gentium). Nous sommes confrontés à un programme mondialiste d'un monde sans Dieu, dans lequel une élite de pouvoir se proclame créatrice d'un monde nouveau et souveraine des masses privées de leurs droits. Ce programme et cette élite ne peuvent être contrés par une "Église sans Christ", une Église qui abandonne la Parole de Dieu dans l'Écriture et la Tradition comme principe directeur de l'action, de la pensée et de la prière chrétiennes (Dei Verbum).

    L'Église proclame le Christ comme "la vraie lumière qui éclaire tout homme" (Jean 1,9). Et dans ce même Christ, l'Église se comprend comme le sacrement du salut du monde. Être ministres de la Parole, ministres du Logos divin qui, en Jésus-Christ, a pris notre chair mortelle : telle est la vocation des évêques dans la succession apostolique. Ils doivent garder cette vocation à l'esprit, tant lors des Journées Mondiales de la Jeunesse que lors des synodes des évêques.

    Contrairement aux synodes précédents, le synode sur la synodalité n'abordera pas le contenu spécifique de la foi. Le thème concerne plutôt le principe formel qui sous-tend la théorie et la pratique des synodes, c'est-à-dire la responsabilité de l'ensemble de l'épiscopat pour la doctrine et l'ordre de l'Église universelle. S'appuyant sur la tradition ecclésiale des conciles et des synodes, Vatican II souligne l'importance de s'acquitter de cette responsabilité de manière conciliaire : 

    Dès les premiers siècles de l'Église, les évêques, en tant que responsables des différentes Églises, ont été profondément touchés par la communion de la charité fraternelle et le zèle pour la mission universelle confiée aux Apôtres. Ils ont donc mis en commun leurs capacités et leurs volontés pour le bien commun et le bien-être des différentes Églises. C'est ainsi que naquirent les synodes, les conciles provinciaux et les conciles pléniers, au cours desquels les évêques fixaient pour les différentes Églises la voie à suivre pour enseigner les vérités de la foi et ordonner la discipline ecclésiastique.

    Ce sacré synode œcuménique souhaite vivement que la vénérable institution des synodes et des conciles s'épanouisse avec une vigueur nouvelle. De cette manière, la foi sera approfondie et la discipline sera préservée de manière plus appropriée et plus efficace dans les diverses Églises, selon les besoins des temps (Christus Dominus 36).

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  • Le synode sur la synodalité est-il réellement un synode d'évêques ?

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    D'Edward Pentin sur le National Catholic Register :

    S'agit-il d'un synode canonique des évêques ou non ? Certains observateurs expriment leurs doutes

    Certains canonistes soutiennent que maintenant que les laïcs peuvent voter, ce n'est techniquement pas le cas.

    25 octobre 2023

    Alors que la phase actuelle du Synode sur la synodalité touche à sa fin, certains participants à l'assemblée se sont demandés s'il s'agissait bien d'un Synode des évêques étant donné que, pour la première fois, les membres laïcs auront un droit de vote et représenteront près d'un cinquième du scrutin. 

    Depuis le mois d'avril, date à laquelle le pape François a procédé à ce changement révolutionnaire, 70 laïcs disposent désormais d'un droit de vote sur 364 participants, de sorte que l'assemblée n'est plus à proprement parler un synode des évêques, affirment certains observateurs. 

    Annoncé le 26 avril, l'ajout des laïcs visait à "restaurer" la "relation constitutive entre le sacerdoce commun [du peuple de Dieu] et le sacerdoce ministériel" et à "donner de la visibilité à la relation circulaire entre la fonction prophétique du peuple de Dieu et le discernement des pasteurs". 

    Ce changement est important car, lors des synodes précédents, seuls les évêques et certains responsables cléricaux d'instituts religieux masculins avaient le droit de vote et une majorité des deux tiers était requise pour que les propositions ou autres motions soient adoptées. 

    Désormais, en vertu des changements promulgués par le pape François, les laïcs peuvent compléter le nombre de voix. 

    Si, par exemple, moins de deux tiers des évêques ont voté en faveur d'une proposition, les votes des laïcs peuvent augmenter ce soutien pour atteindre ou dépasser la marque des deux tiers et ainsi garantir que la proposition sera adoptée. En d'autres termes, même si les évêques ne soutiennent pas une proposition, les laïcs peuvent faire croire qu'ils l'ont soutenue, d'autant plus que le Vatican a déclaré qu'il ne donnerait pas la répartition des votes des participants.

    Interrogé lors d'une conférence de presse le 23 octobre sur la question de savoir si, à la lumière de ce qui précède, le Synode sur la synodalité devrait être considéré à juste titre comme un Synode des évêques, le cardinal Christoph Schönborn de Vienne a déclaré qu'il ne voyait pas de problème à ce que les laïcs votent ni à ce qu'on l'appelle un Synode des évêques, puisqu'il implique "une réelle participation des non-évêques". Les laïcs et les évêques ont désormais un "lien plus étroit". 

    Le Synode des évêques, a-t-il poursuivi, est "un organe consultatif pour l'exercice du ministère papal", mais il a ajouté que, selon lui, l'ajout de votes laïcs "ne diminue en rien le poids des votes". 

    Une nature "élargie" plutôt que "modifiée

    Le Synode des évêques, a-t-il dit, "est un organe qui exerce la responsabilité collégiale pour l'enseignement et la vie de l'Église", et ce rôle "n'a pas changé de nature, mais il a été élargi". Le cardinal Schönborn a ajouté : "Nous sommes tous ensemble en synode, dans un synode épiscopal, avec une participation élargie".

    Lorsque le Register lui a fait remarquer que les votes des laïcs pouvaient permettre à un vote de passer alors que moins de deux tiers des évêques avaient voté en faveur de ce qui était soumis au vote, et que par conséquent on ne pouvait pas légitimement parler de Synode des évêques, il a répondu : "Il n'y a pas d'explications superficielles. Ne me posez pas de questions qui ne sont pas discutées ou décidées. Ce n'est pas à l'ordre du jour".

    En réponse à une question similaire, à savoir si cette assemblée peut vraiment être appelée Synode des évêques, Paolo Ruffini, président de la commission d'information du synode, est resté tout aussi vague dans sa réponse. Il a déclaré aux journalistes le 14 octobre que les participants "appartiennent à la même communion de la même assemblée synodale" et que les membres laïcs sont "unis par le sacerdoce baptismal commun". Il a recommandé la lecture de la première lettre de saint Pierre "pour en savoir plus sur le sacerdoce baptismal". Le 25 octobre, il a de nouveau insisté auprès des journalistes sur le fait que le "caractère épiscopal" du synode "n'est pas compromis" par la présence de non-évêques.

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  • Un sandwich synodal ?

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    De George Weigel sur First Things :

    LE SYNODE SUR LA SYNODALITÉ À MI-PARCOURS

    10 . 25 . 23

    Le Synode sur la synodalité qui se réunit ce mois-ci est le premier d'une assemblée synodale en deux parties ; la deuxième session est prévue dans un an, en octobre 2024. Personne ne sait exactement ce qui se passera d'ici là en termes d'établissement de l'ordre du jour et de processus, mais certaines questions importantes ont été soulevées, et certaines préoccupations sérieuses ont fait surface, au cours de la première moitié de cette double session synodale.   

    De quoi s'agit-il ? L'Instrumentum Laboris (document de travail) du Synode fait référence au "Synode ... au cours duquel se déroulera la XVIe Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques". S'agit-il d'un sandwich synodal, dans lequel ce qui était autrefois connu sous le nom de Synode des évêques se déroule au sein du "Synode" ? Quelle est l'autorité d'un sandwich synodal ? Qu'est-ce que le "Synode", le rôle et l'autorité des évêques en son sein ?  

    Récupération de quoi ? L'invention de quoi ? Depuis sa création en 2021, il a été dit, notamment par le pape, que ce "processus synodal" récupérait une ancienne pratique chrétienne qui n'avait jamais été perdue dans l'Orient chrétien, mais qui était restée en jachère dans l'Occident chrétien pendant des siècles. Il convient toutefois de noter que pas un seul ecclésiastique de l'Orient chrétien, catholique ou orthodoxe, ne reconnaît dans le Synode-2023 ce que l'on entend dans leurs églises par "Synode". Rien n'a été récupéré dans ce processus, mais quelque chose est en train d'être inventé. Qu'est-ce que c'est ?

    De la théologie, s'il vous plaît. Les conversations "dans l'Esprit" au cours des discussions en petits groupes étroitement contrôlées du Synode 2023 ont trop souvent été dominées par des clichés sociologiques, et non par une théologie sérieuse. C'est particulièrement vrai de la discussion sur les Ordres sacrés et sur les personnes que l'Église peut ordonner, dans laquelle les considérations théologiques - la relation conjugale du Christ à l'Église, par exemple - ont rarement été abordées. Pourtant, c'est précisément l'utilisation de clichés sécularisés qui a conduit à l'implosion, dans les années 1980, du dialogue anglican-catholique, autrefois prometteur, lorsque l'archevêque de Canterbury a expliqué à Jean-Paul II que la décision de l'Église d'Angleterre d'ordonner des femmes prêtres était fortement influencée par le changement social (par exemple, si Margaret Thatcher peut être Premier ministre du Royaume-Uni, pourquoi l'Église d'Angleterre n'ordonnerait-elle pas des femmes ?) Un raisonnement tout aussi boiteux, dépourvu de théologie sérieuse, s'est manifesté dans les discussions des petits groupes sur l'évangélisation, souvent encadrées par des notions séculières d'inclusion qui n'ont pas grand-chose à voir avec la conversion au Christ. Et où, au cours des deux derniers millénaires, l'Église catholique a-t-elle décrit et catégorisé les personnes en fonction de leurs désirs sexuels (c'est-à-dire en tant que "catholiques LGBTQ+") ? N'y a-t-il pas là un sérieux problème théologique ?

    Élargir le champ d'action. Il semble probable que les protagonistes du Synode 2024 seront les mêmes que ceux réunis à Rome ce mois-ci. Cependant, cela soulèverait de sérieuses questions sur une assemblée qui prétend être représentative de l'Église universelle. Au cours des trois dernières semaines, il est devenu évident que le Synode 2023 (qui n'est pas sans rappeler la "Voie synodale" allemande) est en grande partie une assemblée de professionnels de l'Église, et d'un groupe étroit de professionnels de l'Église. Il semble qu'il n'y ait pas un seul prêtre de paroisse au Synode-2023. Les religieuses des instituts de vie consacrée en pleine croissance sont notablement absentes, tandis que les religieuses des communautés mourantes sont présentes et bien en vue. Les responsables de ministères d'évangélisation dirigés par des laïcs, comme FOCUS (le Mouvement des étudiants universitaires catholiques), sont absents, tandis que d'autres laïcs catholiques sont présents parce qu'ils cochent certaines cases dans le jeu de la politique identitaire.   

    Qu'est-ce qui ne va pas avec un vrai débat ? La méthodologie "Conversation dans l'Esprit" des petits groupes du Synode 2023 ne décourage pas seulement l'engagement des différences ; elle interdit pratiquement d'en discuter, parce que les participants sont censés "écouter", et non débattre. Ce qui signifie bien sûr esquiver les questions. La méthode suggère également que toutes les opinions sont égales (parce qu'elles sont supposées être inspirées par l'Esprit), ce qui est à la fois un non-sens et une insulte à l'Esprit Saint. Le même manque de véritable tolérance - l'engagement des différences dans un lien de charité et de civilité - a entaché les congrégations générales du Synode, où les personnes autorisées à s'exprimer sont soigneusement choisies par les responsables du Synode et se limitent ensuite à de très brèves déclarations, sans aucune question de suivi.

    Le néocolonialisme est bien vivant. L'accent mis par le Synode sur certaines questions "brûlantes" - l'ordination des femmes, l'anthropologie alphabétique des activistes LGBTQ+ présents - semble, pour de nombreux évêques africains et asiatiques, un autre exercice du néo-colonialisme contre lequel le pape a mis en garde. Cette question doit être abordée avant le Synode 2024, et les parties vivantes de l'Église mondiale, en particulier celles d'Afrique, doivent bénéficier de plus de respect pour leur expérience et leurs préoccupations qu'elles n'en ont reçu ce mois-ci.

    La chronique de George Weigel "The Catholic Difference" est publiée par le Denver Catholic, la publication officielle de l'archidiocèse de Denver.

    George Weigel est Distinguished Senior Fellow du Ethics and Public Policy Center de Washington, D.C., où il est titulaire de la chaire William E. Simon d'études catholiques.