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Synode - Page 14

  • Synode sur la synodalité : qui supervise le projet de rapport à la fin de l'assemblée ?

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    De Courtney Mares sur CNA :

    Synode sur la synodalité : Qui supervise le projet de rapport à la fin de l'assemblée ?

    10 octobre 2023

    Les délégués du Synode sur la synodalité ont élu cette semaine les membres d'une commission qui supervisera la rédaction d'un "rapport de synthèse" qui résumera ce qui a été discuté au cours des conversations confidentielles et des discours pendant l'assemblée d'octobre 2023.

    La Commission pour le rapport de synthèse a "la tâche non pas de rédiger mais de superviser périodiquement, d'amender et d'approuver la préparation du projet" qui sera publié à la fin de la première assemblée du Synode sur la synodalité, selon un communiqué publié mardi par les organisateurs du synode.

    Le porte-parole du Vatican, Paolo Ruffini, a expliqué lors d'une conférence de presse le 10 octobre que le rapport de synthèse sera rédigé par "les experts" participant au synode.

    Le Vatican a publié une liste de 62 "experts et facilitateurs" sans droit de vote, dont le biographe du pape Austen Ivereigh, le père jésuite brésilien Adelson Araújo dos Santos et Thomas Söding, l'un des principaux partisans de la voie synodale allemande.

    Quatorze des experts faisaient également partie d'un groupe d'une vingtaine d'experts qui ont contribué à la rédaction du document du Synode sur la synodalité pour l'étape continentale à la fin du mois de septembre 2022.

    Le rapport produit à la fin de ce mois sera réexaminé lors de l'assemblée synodale d'octobre 2024, a expliqué Mgr Ruffini.

    La Commission pour le rapport de synthèse, qui supervisera la rédaction du projet de rapport, est composée de 13 membres - sept membres élus par l'assemblée synodale le 9 octobre, trois membres nommés personnellement par le pape François, trois membres de facto du Secrétariat du Synode.

    Voici qui supervisera la rédaction du rapport de synthèse du synode :

    Membres nommés par le Pape François

    Le père Giuseppe Bonfrate, Italie, est professeur de théologie à l'Université pontificale grégorienne, où il donne des cours sur les sacrements et le Concile Vatican II. Il est directeur du Centre Alberto Hurtado pour la foi et la culture de l'université et a été expert lors du Synode sur la famille de 2015 et du Synode sur la région panamazonienne de 2019.

    Sœur Patricia Murray, IBVM, Irlande, a passé près d'une décennie en tant que secrétaire exécutive de l'Union internationale des supérieures générales (UISG). La sœur de l'Institut de la Bienheureuse Vierge Marie (Sœurs de Lorette) a précédemment travaillé comme enseignante dans l'enseignement secondaire, directrice d'école et responsable de l'éducation à la paix, et a été nommée consultante pour le Dicastère du Vatican pour la culture et l'éducation au début de cette année.

    Le cardinal Giorgio Marengo, IMC, préfet apostolique d'Oulan-Bator, en Mongolie, est le plus jeune cardinal du monde à l'âge de 49 ans. Originaire du nord de l'Italie, Marengo a passé deux décennies en tant que missionnaire en Mongolie, où il a été nommé préfet apostolique en 2020.

    Membres élus par l'assemblée synodale

    Le cardinal Fridolin Ambongo Besungu, OFMCap, République démocratique du Congo, est archevêque de Kinshasa et président du Symposium des conférences épiscopales d'Afrique et de Madagascar (SCEAM). Il a été nommé cardinal par le pape François en 2019. Le cardinal africain a déclaré lors d'une conférence de presse synodale le 7 octobre que les résultats du synode sur la synodalité seront "accueillis par tous comme la volonté de Dieu."

    Le cardinal Jean-Marc Aveline (France) est archevêque de Marseille, où il a souligné l'importance du dialogue entre chrétiens et musulmans et de l'accueil des migrants. Le pape François l'a nommé cardinal en 2022. Ce Français d'origine algérienne dirige depuis 2017 le Conseil pour les relations interreligieuses de la Conférence des évêques de France. Il a accueilli le pape à Marseille le mois dernier pour la "Rencontre méditerranéenne".

    Le cardinal Gérald Cyprien Lacroix, ISPX, Canada, est archevêque de Québec et primat du Canada depuis 2011. Il a passé huit ans comme prêtre missionnaire en Colombie avec l'Institut séculier Pie X et a été directeur général de l'institut pendant près de 10 ans. Il a été nommé au début de l'année 2023 au Conseil des cardinaux du pape.

    Mgr Shane Anthony Mackinlay, Australie, est évêque de Sandhurst depuis 2019 et a été maître du Catholic Theological College de Melbourne pendant près de 10 ans. Il a participé à la session synodale allemande de Way en mars, où il a parlé de la nécessité d'une prise en charge pastorale des enfants des écoles catholiques qui ont des attirances envers le même sexe.

    L'archevêque José Luis Azuaje Ayala, Venezuela, a été président de la conférence épiscopale vénézuélienne et est actuellement vice-président du CELAM. Il a participé au synode de 2019 pour l'Amazonie. Dans une interview en 2018, il a déclaré ce qui suit : "Je pense que le pape François fait ce qu'un pape doit faire : encourager, aller au cœur du message. ... Avec parrhésie, le pape porte le poids du renouveau et le fait en regardant l'avenir avec espérance. Nous le voyons dans la convocation du synode des jeunes, dans l'accord avec la Chine et dans son rapprochement constant avec les minorités.

    Mgr Mounir Khairallah, Liban, est éparque de l'éparchie catholique maronite de Batroun, Liban, depuis 2012. Il a étudié à l'Université pontificale Urbanienne de Rome et à l'Université catholique de Paris.

    Le père Clarence Sandanaraj Davedassan, Malaisie, est le directeur du Centre de recherche catholique de Kuala Lumpur. Prêtre de l'archidiocèse de Kuala Lumpur, M. Davedassan est secrétaire exécutif du Bureau des préoccupations théologiques de la Fédération des conférences épiscopales d'Asie et consulteur du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux depuis 2013. Il a donné un témoignage en direct lors de la Congrégation générale du Synode sur la synodalité le 9 octobre.

    Membres de la direction du synode

    Le cardinal Jean-Claude Hollerich, SJ, relateur général, est l'un des principaux organisateurs du Synode sur la synodalité en cours en tant que relateur général. L'archevêque jésuite du Luxembourg a été ajouté au conseil des cardinaux conseillers du pape François au début de cette année. Il a déclaré dans une interview en mars qu'il pensait qu'un futur pape pourrait autoriser les femmes prêtres et qu'il trouvait "un peu douteuse la partie de l'enseignement qui qualifie l'homosexualité de 'intrinsèquement désordonnée'".

    Le cardinal Mario Grech, secrétaire général du Secrétariat général du Synode, est l'ancien évêque de Gozo, à Malte. Il est l'un des deux auteurs des directives pastorales controversées des évêques maltais sur Amoris Laetitia, qui stipulent que les catholiques divorcés et remariés, dans certains cas et après un "discernement honnête", peuvent recevoir la communion. L'année dernière, Mgr Grech a qualifié de "délation" la critique publique de la "voie synodale" allemande.

    Le père Riccardo Battocchio est l'un des deux secrétaires spéciaux du Synode sur la synodalité. Ce prêtre italien du diocèse de Padoue est recteur de l'Almo Collegio Capranica à Rome et président de l'Association théologique italienne.

    Courtney Mares est correspondante à Rome pour la Catholic News Agency. Diplômée de l'Université de Harvard, elle a réalisé des reportages dans des bureaux de presse sur trois continents et a reçu la bourse Gardner pour son travail avec les réfugiés nord-coréens.

  • Le Synode serait-il aveugle face à l'extinction de la foi dans de vastes régions de la terre et particulièrement en Italie?

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    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso (traduction de Diakonos.be) :

    Le synode parle tout seul. En attendant, en Italie, deux jeunes sur trois ne croient plus en Dieu

    Il y a un gouffre entre les questions débattues parmi les trente-cinq tables du synode sur la synodalité – si l’on s’en tient aux comptes-rendus officiels – et à ce qui se passe au-delà des murailles léonines, dans la vie réelle, à « notre époque où dans de vastes régions de la terre la foi risque de s’éteindre comme une flamme qui ne trouve plus à s’alimenter ».

    Cette citation est de Benoît XVI, dans la mémorable lettre qu’il a envoyée aux évêques le 10 mars 2009.

    « En ce moment de notre histoire – écrivait ce pape – le vrai problème est que Dieu disparaît de l’horizon des hommes et que tandis que s’éteint la lumière provenant de Dieu, l’humanité manque d’orientation, et les effets destructeurs s’en manifestent toujours plus en son sein. »

    D’où, ce qu’il identifiait comme « la priorité qui prédomine » pour l’Église tout entière et en premier lieu pour le successeur de Pierre : « rendre Dieu présent dans ce monde et ouvrir aux hommes l’accès à Dieu. Non pas à un dieu quelconque, mais à ce Dieu qui a parlé sur le Sinaï ; à ce Dieu dont nous reconnaissons le visage dans l’amour poussé jusqu’au bout (cf. Jn 13, 1) – en Jésus Christ crucifié et ressuscité ».

    De cette « priorité », on ne trouve nulle trace dans le synode. Et cela au moment même où sortent les résultats d’un sondage qui révèle un véritable effondrement de la religion catholique en Italie, la nation dont le Pape François est le primat.

    Cette enquête a été lancée par la revue « Il Regno », une voix attitrée du catholicisme progressiste italien, et elle a été présentée le 6 octobre à Camaldoli, dans le célèbre monastère bénédictin, par Paolo Segatti, professeur de sociologie politique à L’Université de Milan, et par Arturo Parisi, un grand analyste du catholicisme italien qui a pendant de nombreuses années enseigné cette même discipline à l’Université de Bologne et qui a également été député et ministre de la Défense entre 2006 et 2008.

    Une enquête identique avait déjà été lancée par « Il Regno » en 2009. Et c’est en comparant l’une avec l’autre que l’extinction progressive de la foi en Italie apparaît clairement.

    Quand on leur demande à quelle religion ils appartiennent, en quatorze ans, ceux qui se déclarent catholiques sont tombés de 81,2% à 72,7%, tout comme les adhérents à d’autres confessions chrétiennes, orthodoxes ou protestante, qui tombent quant à elles de 11,7% à 7,9%.

    À l’inverse, le nombre de ceux qui se disent non-croyants ou athées est passé de 6,2% à 15,3%.

    Jusque-là, le déclin de la religion est notable, mais on ne peut pas encore parler d’effondrement. Mais quand on leur a posé des questions plus précises sur leur foi, ceux qui ont déclaré croire en Dieu ne sont plus que 57% contre 72% en 2014, tandis que ceux qui ne croient manifestement pas en Dieu sont désormais 36% contre 26% en 2014.

    Cela signifie qu’une bonne partie de ceux qui se déclarent encore catholiques ne croit plus en Dieu.

    La pratique religieuse reflète naturellement ce déclin de la foi. Le nombre de ceux qui déclarent se rendre à l’Église tous les dimanches est tombé de 28% à 18%. Le nombre de ceux qui y vont deux ou trois fois par mois de 16% à 10% ; une fois par mois de 14% à 9%. (Mais il faut tenir compte d’une autre enquête récente d’Euromedia Research qui a révélé que seuls 13,8% des italiens va encore à la messe le dimanche).

    À l’inverse, le nombre de ceux qui ne vont à l’Église que deux ou trois fois par an est passé de 23% à 26% et le nombre de ceux qui n’y vont jamais a grimpé de 19% à 37%.

    Mais les données les plus impressionnantes sont celles qui analysent la pratique religieuse et la foi en Dieu par tranche d’âge.

    Parmi ceux qui vont à l’église chaque dimanche, la chute est forte pour ceux qui sont nés avant 1945 et plus modérée pour la génération intermédiaire. Mais parmi ceux qui sont nés après 1980, la présence à la messe du dimanche s’est désormais effondrée à 7%.

    Et la chute de ceux qui ont la foi en Dieu est encore plus marquée, puisqu’ils ne représentent plus que 50% de ceux qui sont nés dans les années quatre-vingt et encore moins, c’est-à-dire 37% de ceux qui sont nés après 1990.

    Si l’on revient à ces 15,3% d’italiens qui se déclarent explicitement non-croyants ou athées, le détail selon le sexe et l’âge fournit ici encore des données impressionnantes.

    Chez les hommes, le pourcentage s’élève désormais à 22,5% en moyenne pour toutes les tranches d’âge.

    Mais pour les hommes nés dans les années quatre-vingt, on passe à 32%, et pour ceux nés après 1990, à 35%.

    Tandis que chez les femmes de ces mêmes classes d’âge, ces mêmes chiffres s’envolent à 23% et 31%.

    Si tel est le langage cru de la réalité, dans une nation telle que l’Italie qui au début de ce millénaire était encore considérée comme une grande « exception » catholique à la sécularisation régnant en Occident, on ne peut qu’espérer que le synode en cours commence au moins à l’écouter.

  • Cette semaine au Synode sur la synodalité : Délibérations et agendas voilés

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    D'Andrea Gagliarducci sur le National Catholic Register :

    Cette semaine au Synode sur la synodalité : Délibérations et agendas voilés

    9 octobre 2023

    Le Synode sur la synodalité au Vatican connaîtra une autre première cette semaine, alors que le rassemblement passe du travail en groupes dans des cercles restreints à une assemblée plénière - l'une des Congrégations générales officielles. Les journalistes pourront enfin, pour un temps, suivre les discours et les débats dans la salle d'audience. 

    L'un des discours les plus importants est celui du cardinal Jean-Claude Hollerich, en sa qualité de rapporteur général, à la fin de la discussion de chaque section du document. 

    Le prochain rapport - appelé "présentation" dans le calendrier du synode - est attendu le 13 octobre, et un autre aura lieu le 18 octobre. Il est probable que ces présentations seront également retransmises en direct. 

    Cette semaine sera marquée par de nouveaux discours, mais aussi par des thèmes tels que les influences extérieures potentielles, la recherche de la communion synodale et les murmures de réforme qui résonnent dans les couloirs du Vatican. 

    Des agendas en jeu ?

    Des inquiétudes subsistent quant à la possibilité pour des groupes de pression d'influencer le cours du synode. Ce n'est pas une coïncidence si le cardinal Fridolin Ambongo Besungu, archevêque de Kinshasa, a déclaré lors d'une conférence de presse que personne n'apporterait son programme personnel, et encore moins n'essaierait de l'imposer aux autres. "Il n'y a pas d'agenda, nous sommes tous frères et sœurs", a réaffirmé le prélat africain.

    Le cardinal congolais a également déclaré que le résultat du processus serait "accueilli par tous comme la volonté de Dieu". 

    Toute mention de la recherche de la communion au synode n'est guère surprenante : Il s'agit d'un refrain courant dans de nombreuses conversations annexes, évoquant un semblant de déjà vu - ou un retour au passé.

    Avant 2014, on parlait de "consensus synodal", les documents étant soumis à un vote paragraphe par paragraphe. L'absence d'une majorité des deux tiers conduisait à ne pas publier les documents, une pratique visant à favoriser la communion plutôt que la division.

    Dans un souci de transparence apparente, le pape François a déjà divulgué toutes les formes de documents finaux et le résultat du vote. Ce synode, cependant, suivra une voie différente. 

    Au lieu d'un document final, c'est un document de synthèse qui sera présenté, son approbation dépendant davantage du récit général de l'expérience du synode que de chapitres particuliers. 

    En octobre 2024, l'approbation du texte final par l'assemblée pourrait potentiellement bouleverser le document de synthèse.

    Les enjeux de cette semaine

    L'attente est grande autour de ce qui se passera lundi après-midi, lorsque la commission synodale désignée pour rédiger le document de synthèse émettra ses votes. Ces résultats - qui révèlent les noms des membres de la commission - pourraient donner un aperçu de la formulation du document ou, à tout le moins, indiquer le ton général des documents et, par conséquent, de l'ensemble du synode.

    Selon le calendrier officiel, deux points clés de l'instrumentum laboris, le document de travail, doivent être discutés cette semaine :

    Section B1 : "Comment pouvons-nous être plus pleinement signe et instrument de l'union avec Dieu et de l'unité du genre humain ?"

    Section B2 : "Coresponsables de la mission" avec une question centrale : "Comment partager les tâches et les dons au service de l'Évangile ?

    Les petits groupes de travail - circoli minori - présenteront leurs interventions le 11 octobre, avant de finaliser et de soumettre leurs rapports au Secrétariat général le 12 octobre. 

    Le processus se terminera par un après-midi libre consacré à un pèlerinage, vraisemblablement dans les catacombes romaines. À partir du 13 octobre, la section B2 de l'instrumentum laboris fera l'objet d'un examen minutieux.

    Deux après-midi de cette semaine sont consacrés à la "conversation de l'Esprit", décrite comme un temps de discernement commun pour le synode. Décrit dans les sections 37 à 39 de l'instrumentum laboris, ce processus comprend trois phases : une délibération profonde avant de prendre la parole devant l'assemblée, un temps de silence et de prière pour s'imprégner des demandes des autres, et une session pour identifier les questions clés et forger un consensus commun.

    Les "conversations de l'Esprit" visent à élaborer un document qui incarne le consensus et l'esprit communautaire. Il reste à voir si cet objectif sera atteint. Le fait que le cardinal Hollerich ait déjà fait allusion à une feuille de route pour l'année à venir implique une plongée prudente dans les eaux pour l'instant. 

    L'année prochaine, ces "conversations" pourraient se concentrer sur des sujets spécifiques avec plus d'acuité, bien que cela reste du domaine de la spéculation.

  • Quand le pape François apparaît sans masque en imposant ses idées et sa vision de l'Eglise

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    D'Andrea Gagliarducci sur le Monday Vatican

    Le pape François et le changement de paradigme du pontificat

    9 octobre 2023

    Le début du Synode des évêques, la semaine dernière, a coïncidé avec un changement de paradigme définitif dans le pontificat du pape François. Après dix ans, ayant presque achevé la transition générationnelle au sein du Collège des cardinaux et de la Curie romaine, le pape François est apparu sans masque, projetant ses idées et sa mentalité. Il n'a plus besoin de faire des compromis ou de trouver un équilibre. Il dit et fait ce qu'il pense être juste sans se soucier des conséquences.

    Les signes de ce changement de paradigme étaient déjà devenus évidents avec les Traditiones Custodes, puis les réponses aux dubia sur Amoris Laetitia. Dans ce cas, le pape François n'a pas eu peur de rompre radicalement avec ce qui avait été fait précédemment et avec le passé, imposant presque sa vision de l'Église même à des réalités qui portaient peut-être beaucoup de fruits. Ensuite, il y a eu la décision de réformer l'Opus Dei, qui a effectivement aboli l'institution des prélatures personnelles telles que Jean-Paul II les avait envisagées et qui a radicalement changé la structure de l'Opus Dei. Et même avant cela, il convient de rappeler que le Praedicate Evangelium, la constitution réformant la Curie, avait été publié soudainement, sans avertissement, sans traductions, et avec une conférence de presse qui n'en a expliqué la portée que plus tard.

    La semaine dernière, cependant, le changement de paradigme est devenu complet, comme le démontrent trois développements qui semblent distincts mais qui sont au contraire intimement liés :

    • La réponse aux dubia de cinq cardinaux, représentant les cinq continents, sur certaines questions doctrinales récemment soulevées ;
    • La réponse au dubia soulevé par le cardinal Dominik Duka, archevêque émérite de Prague, sur l'application de l'exhortation Amoris Laetitia ;
    • La publication de l'exhortation Laudate Deum, qui est une mise à jour de Laudato Si.

    Les réponses aux dubia ont été rédigées par le cardinal Victor Manuel Fernandez, préfet du Dicastère pour la doctrine de la foi, et soumises au pape. Le Laudate Deum est un texte entièrement rédigé par le pape François, à tel point que l'original est en espagnol et qu'il n'existe même pas, du moins pour l'instant, d'édition typique en latin.

    Ces trois développements montrent que le pape n'a plus peur de se montrer au grand jour et qu'il a l'intention de dire précisément ce qu'il pense. En fin de compte, la décision d'appeler son ami Fernandez à Rome est également née du besoin d'aide pour faire avancer son programme de renouveau de l'Église.

    Le pape François n'avait jamais voulu répondre aux questions qui lui étaient posées sur des sujets doctrinaux, évitant de susciter la polémique.

    Les dubia de quatre cardinaux présentés en 2016, qui se plaignaient d'une application générique, vague et non unitaire d'Amoris Laetitia, étaient restés sans réponse, suspendus alors que les interprétations de l'exhortation se multipliaient. Mais le pape lui-même a dit comment interpréter l'exhortation, répondant aux directives des prêtres de la région de Buenos Aires en disant que c'était "la seule interprétation possible" et en demandant d'insérer la lettre du pape et les directives qui lui ont été envoyées dans les Acta Apostolicae Sedis, les documents officiels du Saint-Siège.

    Le pape François n'évite plus astucieusement de répondre directement en envoyant des signaux. Contrairement aux textes (parfois très vagues, voire idéologiques) du nouveau préfet du Dicastère pour la doctrine de la foi, le pape François affirme une position claire, montre sa conception de l'évolution de la doctrine, écarte toute interprétation différente de la sienne et réaffirme effectivement l'indépendance des évêques dans la gestion de certaines situations.

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  • L'Esprit Saint ne peut se contredire

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    De Luisella Scrosati sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    Burke et Müller : " L'Esprit Saint ne peut se contredire ".

    Les deux cardinaux répondent "présent" aux tentatives de déformation de la doctrine de l'Eglise et renvoient les accusations d'atteinte à l'unité : ce qui unit, c'est l'enseignement et la réaffirmation de la vérité.

    7_10_2023

    Les cardinaux Raymond L. Burke et Gerhard Müller ont répondu "présent" aux nouveaux assauts contre la doctrine et la discipline de l'Église catholique. Les deux cardinaux ont pris la parole lors de l'émission The World Over, diffusée le jeudi 5 octobre par la chaîne catholique américaine EWTN, pour réaffirmer fermement la doctrine de la foi et exhorter tous les catholiques à rester fermes et à demeurer dans l'unique Église du Christ.

    Les deux premiers actes du nouveau préfet du Dicastère pour la doctrine de la foi, à savoir la publication de la lettre du pape François à la première version des dubia de cinq cardinaux et la réponse aux questions du cardinal Dominik Duka sur Amoris Lætitia, contredisent l'enseignement constant de l'Église sur au moins un point capital : le mal intrinsèque de la sexualité exercée en dehors du mariage légitime. Ces actes portent la signature ex audientia de François, mais la formule habituelle n'y figure pas : "Le Souverain Pontife N.N., le ..., a approuvé cette Lettre (ou Instruction/Décret/Note, etc.) et en a ordonné la publication". Le détail est notable et confié à la réflexion des canonistes.

    En effet, le Pape François contredit tout d'abord le Responsum du 22 février 2021, dont il avait lui-même autorisé la publication, en confiant à la "prudence pastorale" des ministres le soin de "discerner de manière adéquate s'il existe des formes de bénédiction, demandées par une ou plusieurs personnes, qui ne véhiculent pas une conception erronée du mariage". Ainsi, selon lui, il serait possible de bénir des unions non maritales, hétéro ou homo, à condition qu'il n'y ait pas de confusion entre ces unions et le mariage. Il est clair qu'il ne s'agit pas ici de bénir des personnes individuelles, mais des relations, des unions ou des pseudo-mariages, peu importe.

    Exactement le même jour, le 2 octobre, Fernandez a également publié sa réponse à certaines des questions du cardinal Duka, affirmant explicitement ce qui avait été confié à une note dans Amoris Lætitia : François "permet dans certains cas, après un discernement adéquat, l'administration du sacrement de la Réconciliation même lorsque l'on ne peut pas être fidèle à la continence proposée par l'Église".  Et un peu plus loin, il a répété qu'"Amoris Lætitia ouvre la possibilité d'accéder aux sacrements de la Réconciliation et de l'Eucharistie lorsque, dans un cas particulier, il y a des limitations qui atténuent la responsabilité et la culpabilité".

    Le cardinal Burke, au micro d'EWTN, a d'abord expliqué la raison de ces nouveaux dubia : "Nous avons soumis ces questions parce qu'il s'agit de points fondamentaux de l'enseignement et de la discipline de l'Église (...) qui ont été remis en question par les documents synodaux eux-mêmes, mais aussi par ceux qui conduisent le processus synodal". Leur deuxième version a été déterminée par le fait que le Pape "n'avait pas répondu à nos questions". Les dubia sont une demande au successeur de Pierre de "nous confirmer dans la foi catholique". Ils ne constituent pas une attaque contre le pape, mais "une aide pour lui permettre d'exercer sa grave fonction dans un moment de grande difficulté".

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  • Le président de la Conférence épiscopale polonaise a critiqué le Synode pour l'utilisation du "langage idéologique des Nations unies" et la promotion du "relativisme moral"

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    Un tweet du Père Yves-Marie Couët :

    Le président de la Conférence épiscopale polonaise a critiqué le #Synode pour l'utilisation du "langage idéologique des Nations unies" et la promotion du "relativisme moral". Alors que "La véritable réforme vient d'une abondance de foi et de fidélité" #Synode2023

    L'archevêque Stanisław Gądecki de l'archidiocèse de Poznań a commenté le synode du Vatican dans un entretien avec le journal catholique allemand Le Tagespost. Gądecki a déclaré que lorsqu'il a lu le rapport hétérodoxe du synode Instrumentum Laboris (texte qui sert de base aux discussions), il a remarqué que ce document utilise des termes tels que "l'inclusion, telle que définie par l'ONU", qui "se réfère exclusivement à l'inclusion des personnes non binaires dans la société et à la reconnaissance de la nature humaine en tant que non binaire (c’est-à-dire ni hommes et ni femmes)". Dans un sens, le terme "inclusion" remplace la notion de péché et de conversion dans le texte de l’Instrumentum Laboris et fait donc partie de l'idéologie du relativisme moral", a-t-il déclaré.

    "Cela soulève la question suivante : est-il approprié que l'Église, à la recherche d'un nouveau langage pour communiquer avec les gens aujourd'hui, adopte des termes du langage politique de l'ONU, derrière lequel se cache souvent une idéologie ? L'archevêque polonais a fait remarquer qu'il y a d’autres termes idéologisés dans le document d'orientation du synode. (Instrumentum Laboris )

    Mgr Gądecki a déclaré que "la dynamique et la manière" dont les discussions sont organisées lors des synodes de François "rappellent parfois davantage les Nations unies que l'Église catholique". Le prélat polonais a abordé la philosophie erronée qui est au cœur de la demande d'ordinations féminines. "Cela est dû à la conviction erronée que seul ce qui provient du sacrement de l'ordre est digne et valable dans l'Église ; que les laïcs ne sont valables que s'ils ont accès aux mêmes prérogatives que les prêtres et les évêques", a expliqué Mgr Gądecki. "L'accent mis sur le pouvoir et la fonction plutôt que sur le caractère serviteur du sacerdoce peut conduire non seulement au cléricalisme mais aussi à la cléricalisation des laïcs sous prétexte de promouvoir les laïcs".

    L'évêque a expliqué les deux façons d'aborder les questions sociétales : "La première part de la théologie pour y chercher la bonne réponse aux questions posées par les sciences sociales. La seconde part des sciences sociales et est donc confrontée à la tentation d'adapter la théologie aux besoins de la sociologie".

    Le prélat polonais a déclaré qu'il "craint qu'aujourd'hui nous ayons trop de réformateurs qui partent de la sociologie" au lieu de prendre les vérités théologiques comme base de leurs "réformes". "La véritable réforme ne vient pas d'un manque de foi, mais d'une abondance de foi et de fidélité", a déclaré Mgr Gądecki. Il a averti "qu'il y aura des tentatives au synode pour remettre en question l'enseignement catholique sur la contraception, même si cette question n'est pas directement abordée dans l'Instrumentum Laboris".

    La voie synodale allemande pourrait conduire au schisme : Interrogé sur la voie synodale hérétique allemande, Mgr Gądecki a déclaré : "Aujourd'hui, malheureusement, il semble qu'il y ait en Allemagne la crise de l’Eglise plus importante depuis la Réforme. Le danger est grand qu'une réforme mal comprise du christianisme conduise une fois de plus à un schisme de l'Église qui s'étendra aux pays voisins." Gądecki a émis sa "correction fraternelle" en février 2022 dans une lettre adressée au président de la conférence épiscopale allemande, Mgr Georg Bätzing, dans laquelle Gądecki critiquait la Voie synodale et invitait les évêques allemands à maintenir l'enseignement immuable de l'Église sur la sexualité. "Il est important de bien comprendre le sens de la correction fraternelle", a-t-il poursuivi. "Certains peuvent l'associer à l'exaltation de l'un par rapport à l'autre, mais nous le faisons avec des larmes. Le Christ a pleuré sur Jérusalem, accompagné de paroles sur l'incapacité à discerner correctement les signes des temps".

    Cf die-tagespost.de/kirche/aktuell et lifesitenews.com/news/head-of-p

  • Le texte intégral de la lettre pré-synodale du cardinal Zen

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    Du blog de Sandro Magister "Settimo Cielo" :

    Documents. Le texte intégral de la lettre pré-synodale du cardinal Zen

    Zen

    *

    (s.m.) Largement citée par le site américain « The Pillar », la lettre adressée fin septembre par le cardinal Giuseppe Zen-Zekiun à différents cardinaux et évêques sur les questions ouvertes par la convocation du Synode en cours depuis le 4 octobre, a désormais été publiée. Elle est sortie des limites du « confidentiel » et il vaut mieux qu’elle soit lue dans son intégralité.

    C'est Zen lui-même qui prévoit cette issue, quand vers la fin de la lettre il écrit : « Je la considère comme confidentielle, mais il sera difficile qu'elle ne parvienne pas aux médias. Aussi vieux que je sois, je n'ai rien à gagner, rien à perdre. Je serai heureux d'avoir fait ce que je pensais que j'étais censé faire."

    Du haut de ses 91 ans, mais surtout d'une vie passée à la défense héroïque des « libertas ecclesiae » dans une terre hostile comme la Chine, ancien évêque de Hong Kong et récemment condamné pour avoir soutenu la résistance de la ville aux brimades du régime contre Pékin, Zen se révèle également dans cette lettre comme un combattant passionné et franc pour préserver le Synode et l'Église de ce qu'il considère comme une dérive désastreuse.

    Voici donc la lettre rédigée par le cardinal Zen lui-même.

    *

    Chère Éminence, Chère Excellence,

    Je suis votre frère Giuseppe Zen, originaire de l'île lointaine de Hong Kong, un homme infirme de 91 ans, ordonné évêque il y a plus de 26 ans. J'écris cette lettre parce que, conscient d'être encore en possession de mes facultés mentales, je ressens le devoir de sauvegarder, en tant que membre du Collège des Successeurs des Apôtres, la sacro-sainte tradition de la foi catholique.

    J'adresse cette lettre à vous, membres du prochain Synode sur la Synodalité, parce que je suppose que vous êtes préoccupés, comme moi, par le déroulement du Synode susmentionné.

    La synodalité est un mot plutôt nouveau, dont l'étymologie nous permet de comprendre qu'il s'agit d'un projet de « parler ensemble et marcher ensemble » ; pour l'Église catholique, cela signifiera « communion et participation de tous les membres de l'Église à la mission évangélisatrice ». Ainsi compris, le thème de ce Synode semble utile et toujours actuel, et sera une occasion opportune pour clarifier comment cette synodalité doit être vécue dans l’Église.

    Il existe maintenant un document très récent « La synodalité dans la vie et la mission de l'Église », résultat du travail (dans les années 2014-2017) d'une sous-commission de la Commission théologique internationale, dont le président d'office est le Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. La sous-commission a conclu ses travaux en 2017, le texte a été approuvé par les membres de la Commission lors de la séance plénière de cette année-là, et finalement approuvé par le Préfet de la Congrégation en 2018, après avoir reçu l'avis favorable du Pape François.

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  • Synode : pourquoi les critiques des cinq cardinaux ont du poids

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    De Jean-Marie Guénois sur le site du Figaro via Il Sismografo :

    Synode: ces critiques qui soufflent sur l’assemblée qui entend réformer l’Église

     

    RÉCIT - Un cardinal très respecté dénonce la «manipulation» de ce synode.  -- François ne sait pas cacher son humeur. Et, ce mercredi matin, sur la place Saint-Pierre de Rome, il avait le visage des mauvais jours. Il célébrait pourtant la messe d’ouverture de ce synode sur l’avenir de l’Église qu’il a tellement désiré… La raison de cette moue, il l’a lui-même donnée dans son homélie, où il a déploré le manque d’unité de l’Église face à ce projet synodal: «Nous sommes à l’ouverture de l’assemblée synodale. Nous n’avons pas besoin de regards immanents faits de stratégies humaines, de calculs politiques ou de batailles idéologiques. Nous ne sommes pas ici pour une réunion parlementaire ou pour un plan de réforme. Non, nous sommes ici pour marcher ensemble sous le regard de Jésus qui accueille tous ceux qui sont fatigués et opprimés.»

    Il a alors redit le sens de ce synode qui rassemble au Vatican près de 400 délégués, évêques et laïcs, venus du monde entier pour réfléchir, pendant deux mois - en octobre 2023 et en octobre 2024 -, à une gouvernance de l’Église plus démocratique et plus décentralisée. «La tâche première du synode est de recentrer notre regard sur Dieu, pour être une Église qui regarde l’humanité avec miséricorde, a-t-il martelé. Une Église unie et fraternelle qui écoute et dialogue, une Église qui a Dieu en son centre et qui par conséquent ne se divise pas à l’intérieur et n’est jamais dure à l’extérieur.» À cet instant, le pape lève les yeux de son texte et, l’air dépité, rectifie: «Une Église qui, au moins, cherche à être unie et fraternelle…» De fait, elle ne l’est pas. Cet été, cinq cardinaux ont fait part à François de leurs «doutes» profonds sur l’autorité même du synode.

    Un organe consultatif qui, selon eux, ne se fonde sur aucun texte juridique et n’a donc pas vocation à décider quoi que ce soit dans l’Église. Ils l’ont aussi questionné sur la bénédiction des couples homosexuels et sur l’ordination des femmes, deux points qui sont au programme des débats synodaux. Contre toute attente, le pape leur a répondu, lundi soir, sans fermer aucune porte sur ces possibles évolutions. Une réponse écrite officielle, car il ne pouvait plus cacher ces dissonances qui avaient été révélées le matin même sur le site italien diakonos.be, redoutablement bien informé.

    «Plan de manipulation»

    Ces cinq cardinaux, âgés, ont beau être minoritaires, sur les 242, ils ont du poids. Ainsi du cardinal Zen, ancien archevêque de Hongkong. Un résistant dans l’âme qui a tenu tête au régime de Pékin et qui a été condamné récemment - sans que le pape lève jamais le petit doigt pour le soutenir - parce qu’il avait fortement soutenu les manifestations de 2019 et 2020 contre l’emprisonnement du territoire de Hongkong par la Chine. Un site américain, The Pillar, vient de révéler que le cardinal Zen avait écrit à tous les évêques et cardinaux de ce synode pour dénoncer ce qu’il appelle «un plan de manipulation». Sa lettre est authentique. Il affirme que «les organisateurs du synode disent ne pas avoir d’agenda (c’est-à-dire de plan préconçu et d’objectifs à atteindre, NDLR), mais c’est vraiment une offense à notre intelligence. Chacun peut voir les conclusions qu’ils veulent atteindre.» Il cite alors en exemple la question de la bénédiction des couples homosexuels.

    «On nous dit qu’il faut nous écouter les uns les autres, mais, petit à petit, on nous fait comprendre que, puisqu’il faut s’écouter, il y a des gens qui sont exclus», c’est-à-dire «des gens qui optent pour une morale sexuelle différente de la tradition catholique», écrit-il. Il critique également ces deux sessions d’octobre en 2023 et en 2024: «Les organisateurs ont choisi d’avoir plus de temps pour mieux manœuvrer.» Et fustige la méthode de travail adoptée: la «conversation dans l’Esprit», qui ressemble à une «formule magique» pour couvrir des «surprises» de l’Esprit. Un langage synodal que l’on entend partout à Rome ces jours-ci et qu’il dénonce, car, selon lui, «c’est une manière de couvrir des résultats prédéterminés», les «organisateurs étant déjà très informés des “surprises” qu’ils attendent».

    Sur la méthode, toujours, il regrette que la forte réduction des débats en assemblée générale, au profit de travaux en petits groupes, soit «un stratagème pour éviter des débats ouverts et contradictoires». Qui, eux, étaient la marque de tous les synodes précédents, sous Paul VI, Jean-Paul II, Benoît XVI et même François au début de son pontificat.

    Lettre confidentielle

    Ce cardinal de bientôt 92 ans va jusqu’à accuser le secrétariat général du synode d’être «efficace dans l’art de la manipulation». Il demande aux participants «de ne pas obéir quand on leur demande de prier car il est ridicule de penser que l’Esprit saint attend ces prières offertes au dernier moment». Dans la tradition catholique, l’Esprit saint, l’Esprit de Dieu, est censé éclairer la conscience de celui qui prie. Enfin, le cardinal Zen critique le fait que des laïcs aient obtenu le droit de vote dans cette assemblée synodale. Ce qui, à ses yeux, «sape le synode des évêques» puisqu’ils n’ont «même pas été élus par le peuple chrétien», mais désignés.

    Ce qui «change radicalement la nature du synode que Paul VI avait voulu comme un instrument de la collégialité épiscopale, dans la suite du concile Vatican II». Aussi suggère-t-il que les votes des laïcs et des évêques soient «séparés». Il demande aux évêques et cardinaux participants de prendre leur responsabilité car «accepter des procédures irraisonnables conduira à l’échec du synode». À la fin d’une telle charge, le cardinal Zen demande que sa lettre reste strictement confidentielle. Mais, conscient du risque de fuite, il conclut: «Vieux comme je suis, je n’ai rien à perdre ni à gagner. Je serai heureux d’avoir fait ce que je considère comme un devoir.»

    «Rejeter l’esprit de division et de conflit»

    Dès lors, on peut comprendre le dépit du pape mercredi, même si l’opposition à ce synode est le fait d’une minorité jusque-là silencieuse. Reste que jamais un cardinal ou un évêque n’avait osé critiquer publiquement cette démarche synodale. Il n’est ainsi pas surprenant que François ait conclu son homélie de lancement du synode en appelant à «rejeter l’esprit de division et de conflit». Car, a-t-il insisté, «le Seigneur ne se décourage pas au milieu des vagues parfois agitées de notre temps, il ne cherche pas d’échappatoires idéologiques, ne se barricade pas derrière des convictions acquises, ne cède pas aux solutions faciles, ne se laisse pas dicter son agenda par le monde».

    Aussi, de relancer ce qu’il attend de l’Église dans une «époque complexe»: «Jésus nous invite à être une Église hospitalière, qui n’impose pas de fardeaux». Et de mettre en garde contre les «tentations dangereuses »:«être une Église rigide, qui s’arme contre le monde et regarde en arrière, être une Église tiède qui se soumet aux modes du monde, être une Église fatiguée, repliée sur elle-même». Une nouvelle fois, il a martelé que «le synode n’est pas un rassemblement politique mais une convocation dans l’Esprit, non pas un Parlement polarisé mais un lieu de grâce et de communion», loin de «nos négativités». Dans l’adversité, a conclu le pape, le Christ «ne se laisse pas abattre par la tristesse», pourtant visible sur le visage du pontife romain. «Il n’est pas amer», il ne se laisse pas «emprisonner par la déception», «il est capable de voir au-delà, il reste serein dans la tempête». Elle pourrait pourtant souffler fort.

  • Synode : L’événement catholique le plus important depuis Vatican II ?

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    De George Weigel sur le Catholic World Report :

    L’événement catholique le plus important depuis Vatican II ?

    Si le Synode 2023 doit être un développement de la tradition authentique de l’Église plutôt qu’un autre effort infructueux pour réinventer le catholicisme, il doit tenir pleinement compte de ces onze moments catholiques cruciaux depuis Vatican II.

    4 octobre 2023

    Les plus enthousiastes à propos du Synode sur la synodalité qui s'est ouvert le 4 octobre ont tendance à dire qu'il s'agit de l'événement catholique le plus important depuis le Concile Vatican II (1962-1965) – une affirmation qui implique parfois que c'est la seule chose importante qui se soit produite. dans l'Église depuis Vatican II. Je ne suis pas d'accord. Voici onze événements cruciaux depuis le Concile, avec des notes sur leur signification.

    25 juillet 1968 : le pape Paul VI publie l'encyclique Humanae Vitae, sur les moyens moralement appropriés de réguler la fécondité. Ce faisant, le pape remet en question les hypothèses érodatrices de la révolution sexuelle, met en garde prophétiquement contre l'impact d'une mentalité contraceptive sur la société et sur les femmes, et trace une ligne dans le sable contre la tentative des partisans de la religion catholique légère de dominer le monde. Théologie morale de l'Église.

    8 décembre 1975 : Paul VI publie l'exhortation apostolique Evangelii Nuntiandi, rappelant à l'Église que le pape Jean XXIII voulait que Vatican II dynamise l'Église pour la mission, et qu'au centre de la mission chrétienne se trouvent « le nom, l'enseignement, la vie, les promesses, le royaume et le mystère de Jésus de Nazareth, le Fils de Dieu.

    2-10 juin 1979 : Lors de sa première visite pastorale en Pologne, le pape Jean-Paul II démontre la vitalité de la doctrine sociale catholique en déclenchant une révolution de conscience qui conduira, au cours de la prochaine décennie, à l'effondrement non-violent du communisme européen.

    24 novembre – 8 décembre 1985 : La deuxième Assemblée générale extraordinaire du Synode des Évêques, convoquée pour marquer le vingtième anniversaire de Vatican II en considérant ce qui s'est bien passé et ce qui n'a pas fonctionné dans la mise en œuvre du Concile, affirme le Concile comme un grand don du Saint-Esprit et tisse les seize documents du Concile en une tapisserie cohérente en décrivant l'Église comme une communion de disciples en mission.

    7 décembre 1990 : Jean-Paul II publie l'encyclique Redemptoris Missio, lançant formellement la nouvelle évangélisation en appelant tous les catholiques à vivre la vocation missionnaire dans laquelle ils ont été baptisés, car le territoire de mission est partout.

    6 août 1993 : Datée de la fête de la Transfiguration, l’encyclique Veritatis Splendor de Jean-Paul II enseigne que la vie morale est ordonnée vers la béatitude, qui est la vie éternelle dans la lumière et l’amour du Dieu trois fois saint ; que certains actes sont gravement mauvais en eux-mêmes, quelles que soient les intentions ; et que la croissance dans les vertus est la voie royale vers l’épanouissement et le bonheur de l’humanité.

    20-26 mars 2000 : Au cours d'un pèlerinage d'une semaine en Terre Sainte, Jean-Paul II rappelle à l'Église et au monde que le christianisme n'est ni un mythe ni un pieux conte de fées ; Le christianisme commence avec la vie d'hommes et de femmes réels, dans un lieu que vous pouvez voir et toucher aujourd'hui, qui ont été tellement transformés par leur rencontre avec le Seigneur Jésus ressuscité qu'ils sont partis en mission pour convertir le monde et ainsi enseigner le monde, sa véritable histoire et son noble destin.

    6 août 2000 : La Congrégation pour la Doctrine de la Foi publie la déclaration Dominus Iesus, qui affirme que Jésus-Christ, loin d'être un exemple d'une volonté divine de sauver générique qui s'exprime dans différentes personnalités historiques, est l'unique sauveur de l'humanité et centre de l'histoire et du cosmos.

    18 avril 2005 : Lors de la messe pour l'élection du Pontife romain, le cardinal Joseph Ratzinger, doyen du Collège des cardinaux, met en garde contre une « dictature du relativisme » qui menacera l'avenir de l'humanité si le pouvoir politique et juridique est déployé pour imposer une notion abrutissante de vérité sur tout le monde.

    22 décembre 2005 : Lors de son premier discours de Noël à la Curie romaine, le pape Benoît XVI décrit deux interprétations de Vatican II qui se disputent pour l'avenir catholique depuis le Concile lui-même. L’une d’elles était fausse : une « herméneutique de la discontinuité et de la rupture » qui conduisait à la stagnation ecclésiastique et pire encore. L’autre, « l’herméneutique de la réforme », en continuité avec la tradition bien établie de l’Église, était vraie et avait dynamisé un catholicisme vital.

    19 novembre 2011 : Au Bénin, Benoît XVI signe l’exhortation apostolique Africae Munus [L’engagement de l’Afrique], élevant l’orthodoxie dynamique comme la clé de l’évangélisation de l’Afrique subsaharienne, le plus grand domaine de croissance de l’Église du XXIe siècle.

    Si le Synode 2023 doit être un développement de la tradition authentique de l'Église plutôt qu'un autre effort infructueux pour réinventer le catholicisme selon les canons culturels de la post-modernité, ses discussions – ses soi-disant « conversations dans l'Esprit » – doivent prendre pleinement en compte de ces onze moments catholiques cruciaux depuis Vatican II, qui étaient tous des expressions de l'œuvre continue du Saint-Esprit dans l'Église.

    George Weigel est membre émérite du Centre d'éthique et de politique publique de Washington, où il est titulaire de la chaire William E. Simon en études catholiques. Il est l'auteur de plus de vingt livres, dont Témoin de l'espérance : la biographie du pape Jean-Paul II (1999), La fin et le début : le pape Jean-Paul II : la victoire de la liberté, les dernières années, l'héritage (2010). , et L'ironie de l'histoire catholique moderne : comment l'Église s'est redécouverte et a mis le monde moderne au défi de se réformer. Ses livres les plus récents sont The Next Pope: The Office of Peter and a Church in Mission (2020), Not Forgotten: Elegies for, and Reminiscences of, a Diverse Cast of Characters, Most of Them Admirable (Ignatius, 2021) et To Sanctifier le monde : L'héritage vital de Vatican II (Livres de base, 2022).

  • Le Cardinal Zen appelle les évêques synodaux à contrer le plan de manipulation du synode

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    Du Père Yves-Marie Couët sur twitter :

    Le Cardinal Zen appelle les évêques synodaux à contrer le plan de manipulation du synode

    Le cardinal Joseph Zen a écrit le mois dernier aux évêques et cardinaux participants au synode, les exhortant à demander au pape François de modifier les procédures de la réunion et de contester le programme des organisateurs du synode pour les sessions.

    Dans une lettre datée du 21 septembre, l'évêque émérite de Hong Kong, a déclaré aux évêques et aux cardinaux qu'il était "déconcerté" par une réinvention du concept biblique de synodalité par les organisateurs de l'événement, dans le but de promouvoir un enseignement contraire à la foi. Le cardinal a exhorté les évêques à défendre une véritable "collégialité épiscopale" au cours du processus synodal. "Les organisateurs du synode commencent par dire que nous devons écouter tout le monde. Peu à peu, ils nous font comprendre que parmi ces "tous" se trouvent ceux que nous avons "exclus". Finalement, nous comprenons qu'il s'agit de personnes qui optent pour une morale sexuelle différente de celle de la tradition catholique". "Souvent, ils prétendent ne pas avoir d'agenda", écrit le cardinal Zen. "C'est une véritable offense à notre intelligence. Tout le monde peut voir quelles sont les conclusions qu'ils visent".

    Le cardinal Zen a dit son inquiétude encore plus grande face à un effort concerté pour utiliser le synode afin d'établir la démocratie à la place de la hiérarchie de l'Église, en tant que moyen d'établir la doctrine. "Le processus synodal, annoncé à l'origine pour se terminer après une seule session à Rome en octobre, a été prolongé d'une année supplémentaire parce que " les organisateurs, qui ne sont pas sûrs de pouvoir atteindre leurs objectifs au cours de cette session, choisissent d'avoir plus de temps pour manœuvrer ".

    La lettre du Cardinal Zen, datée du 21 septembre, a été diffusée ces dernières semaines en plusieurs langues parmi les évêques et cardinaux invités au Synode. Dans sa lettre, le cardinal Zen écrit que les organisateurs du synode "parlent de 'conversations dans l'esprit' comme s'il s'agissait d'une formule magique". Il a ajouté que si les participants ont été invités à "s'attendre à des 'surprises' de la part de l'Esprit", ce langage est une couverture pour un résultat prédéterminé du synode. Il est évident qu'ils sont déjà informés des surprises auxquelles ils doivent s'attendre" L'accent mis sur la "conversation" en petits groupes - par opposition à la "discussion" et au débat au sein du corps synodal dans son ensemble - est un stratagème délibéré pour empêcher un débat ouvert sur les programmes controversés visant à modifier l'enseignement de l'Église. Car l'équipe du secrétariat du synode "est très efficace dans l'art de la manipulation".

    Le Cardinal Zen a également vivement critiqué la décision du pape François d'inviter des participants laïcs au synode et de leur accorder le statut de membres votants à part entière de l'organe synodal, une décision qui sape le synode des évêques tel qu'il a été conçu à la suite du concile Vatican II. Cette décision change radicalement la nature du Synode, que le pape Paul VI avait voulu comme un instrument de collégialité épiscopale, même si, dans l'esprit de la synodalité, des observateurs laïcs ont été admis avec la possibilité de s'exprimer", écrit le cardinal. "Donner le droit de vote aux laïcs pourrait sembler signifier que l'on respecte le sensus fidelium, mais est-on sûr que ces laïcs qui ont été invités sont des fidèles ?" (c’est-à-dire adhèrent à la foi et à la morale de l’Église Catholique) "En fait, dit le Cardinal Zen, ces laïcs n'ont pas été élus par le peuple chrétien. "Je ne vous suggère pas de protester, mais au moins de vous plaindre respectueusement et de demander que les votes des évêques et des laïcs soient au moins comptés séparément .

    Le cardinal a poursuivi en notant que "même" la voie synodale en Allemagne a accepté la nécessité de séparer les votes des laïcs de ceux des épiscopats au sein de l'assemblée. "Je sais qu'au cours du Synode sur la famille, le Saint-Père a rejeté les suggestions présentées par plusieurs cardinaux et évêques, précisément en ce qui concerne la procédure. Mais si vous présentez respectueusement une pétition appuyée par de nombreux signataires, elle sera peut-être acceptée". "En tout cas, écrit le cardinal aux évêques et cardinaux synodaux, vous aurez fait votre devoir. Accepter des procédures déraisonnables, c'est condamner le Synode à l'échec".

    Notant que le processus synodal mondial s'est déroulé parallèlement à la voie synodale allemande, le cardinal a déclaré "s'inquiéter parce que le processus allemand a proposé "un changement révolutionnaire dans la constitution de l'Église et dans l'enseignement moral sur la sexualité". Le cardinal Zen a noté que "le pape n'a jamais ordonné que ce processus de l'Église en Allemagne s'arrête." "Un symptôme alarmant est la diminution constante du nombre de fidèles catholiques en Allemagne. L'Église allemande se meurt", a commenté le cardinal, qui a comparé l'ordre du jour et la méthodologie de la voie synodale à un déclin similaire de la pratique catholique aux Pays-Bas et dans la Communion anglicane mondiale, qui est confrontée à un "grand schisme".

    "Je pense que je n'ai pas besoin d'en dire plus sur les raisons pour lesquelles vous devriez affronter votre travail synodal avec une profonde inquiétude", a déclaré le Cardinal Zen aux cardinaux et aux évêques. En raison de ce que je vais dire, je peux facilement être accusé de "théorie du complot", mais je vois clairement tout un plan de manipulation", a déclaré le cardinal.

    Acceptant que la publication éventuelle de la lettre puisse l'exposer à des critiques, le Cardinal Zen a déclaré aux cardinaux et aux évêques que "vieux comme je suis, je n'ai rien à gagner ni à perdre. Je serai heureux d'avoir fait ce que j'estime être mon devoir". cf pillarcatholic.com et catholicnewsagency.com

  • Synode des évêques : le déjà vu des mantras synodaux

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    Du Sismografo :

    Synode des évêques : le déjà vu des mantras synodaux

    4 octobre 2023 (édité par la rédaction de "Il sismografo")

    L'Assemblée synodale XVI, ouverte aujourd'hui par le Souverain Pontife, est la cinquième du pontificat de François. Auparavant, il y a eu deux synodes sur la famille (2014/2015), un sur les jeunes et les vocations (2019) et un sur l'Amazonie (2020). Peu d'experts et de chercheurs se souviennent des principaux passages, des documents les plus importants et des conclusions de ces assemblées. C'est également le cas de la grande majorité du peuple de Dieu et de l'opinion publique. C'est un fait assez triste, mais c'est ainsi. Les synodes ne sont pas un sujet agréable pour la grande réalité des croyants, des catholiques. Les synodes sont un "quelque chose" où l'analphabétisme religieux est le plus dévastateur. De nombreux croyants ne savent pas ce que sont ces assemblées singulières et pourquoi elles ont lieu. En substance, le Synode des évêques de l'Église universelle, pour la majorité des catholiques du monde, est une institution totalement inconnue, même si certains secteurs en perçoivent l'importance.

    Ce Synode que le Pape a ouvert aujourd'hui, en théorie, devrait être celui qui a atteint le plus de fidèles dans les couches catholiques les plus éloignées de la centralité hiérarchique. En d'autres termes, c'est celui qui pourrait être décrit comme le plus "populaire". Mais ce n'est pas le cas. Le simple fait de dire que le "synode traitera de la synodalité" suscite la perplexité.

    Les statistiques d'aujourd'hui dans le cas de dizaines de pays qui ont développé un chemin synodal plus participatif sont décourageantes. Dans des centaines de diocèses du monde entier, le synode, sa première session et le chemin synodal étaient et sont encore des réalités inaccessibles ou des "choses de l'évêque et de certains de ses amis".

    Dans ce cinquième synode du pontificat de Bergoglio, depuis des jours, les gens parlent et écrivent sur les mêmes questions qui ont émergé dans tous les synodes précédents :
    * les sacrements pour les divorcés
    * la bénédiction des couples homosexuels
    * le sacerdoce féminin
    * le sacerdoce pour les viri probati (diacres mariés)
    * Les femmes et le pouvoir dans l'Eglise (diaconesses)
    * Les personnes Lgtbqi+

    Nous sommes donc confrontés au nouveau déjà vu synodal, qui est devenu presque un genre. Ce sont les mantras synodaux, en grande partie brandis d'en haut, qui domineront l'événement. C'est ce que nous avons vu jusqu'à présent.

    On s'attend à des controverses, des interviews pour et des interviews contre. Des scoops. Des révélations majeures. Des décisions sensationnelles.

    Bref, tout ce qui a déjà été vu.

    Le document de conclusion suscitera de nouvelles controverses, mais il ne se passera rien. Tout sera reporté à la deuxième session d'octobre 2024.

    Si par hasard une décision pertinente est annoncée, bien sûr, elle sera illisible, incompréhensible et confuse.

    Pendant ce temps, la controverse entre progressistes et conservateurs, réformateurs et modérés, rigides et ouverts, prophètes et anachroniques... se poursuivra imperturbablement. Il s'agit là aussi d'un scénario éprouvé. Tout ce qui soutient le pape François, surtout lorsqu'il s'agit d'éloges, est "progressiste". Tout ce qui critique le pontife, questionne et doute, appelle à la cohérence, combat les mystifications, est conservateur et réactionnaire, rigide et impitoyable.

    Évidemment, pour les chrétiens, en particulier les catholiques, cette situation est douloureuse et alarmante. Cette douleur est encore plus vive quand on pense aux réactions face aux critiques, souvent méprisantes et clivantes. Bref, une sorte de "guerre civile" entre généraux, sans soldats.

  • Comment les synodes sur la famille ont préparé le terrain pour le synode sur la synodalité

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    D'Édward Pentin sur le National Catholic Register :

    Comment les synodes sur la famille ont préparé le terrain pour le synode sur la synodalité

    ANALYSE : L’assemblée synodale maintiendra-t-elle l’enseignement établi de l’Église, ou les voix fidèles à l’orthodoxie seront-elles marginalisées ?

    3 octobre 2023

    CITÉ DU VATICAN — Les deux premiers synodes de ce pontificat, qui ont eu lieu il y a près de dix ans, ont préparé le terrain pour les synodes qui ont suivi et contiennent quelques indications utiles pour le prochain Synode sur la synodalité.

    Les Synodes extraordinaire et ordinaire sur la famille de 2014 et 2015 visaient ostensiblement à formuler des lignes directrices pastorales appropriées pour les familles et les relations, en tenant compte des complexités de la vie conjugale et familiale dans le monde d’aujourd’hui.

    De nombreux participants ont déclaré avoir trouvé les discussions utiles mais en même temps tendues et controversées, et les fruits de ces assemblées ont ensuite été éclipsés par les inquiétudes et les retombées découlant de l'exhortation apostolique post-synodale du Pape Amoris Laetitia (La joie de l'amour) de 2016. .

    Le document de synthèse du Pape contenait une note de bas de page désormais célèbre et très controversée qui pourrait être interprétée comme un assouplissement de la pratique pastorale de l’Église concernant l’accès à la Sainte Communion pour les divorcés remariés civilement. Un tel changement est apparu comme un objectif clair pour beaucoup de responsables avant même le début des synodes, après avoir été soulevé des mois plus tôt lors d'un consistoire extraordinaire par le cardinal Walter Kasper dans ce qui est devenu connu sous le nom de « proposition Kasper ».

    Mais Amoris Laetitia contenait également plusieurs autres passages préoccupants qui semblaient contraster avec l’enseignement moral de l’Église, ce qui a conduit quatre cardinaux à publier leurs cinq dubia, qui demandaient au pape des éclaircissements sur ces questions. Le Pape n’y a jamais répondu directement.

    Les germes de ces conflits ont été en grande partie semés dans la méthodologie des synodes. Les organisateurs du synode et le pape lui-même ont déclaré ouvertement qu’il était inutile de ressasser l’enseignement de l’Église pendant les synodes. Mais en fin de compte, la méthodologie allait plus loin que la simple diffusion de nouveaux points de vue contraires à l’enseignement de l’Église et semblait avoir une fin prédéterminée. Les observateurs ont mis en garde contre les « chevaux de Troie » proposés par les militants en faveur du changement, notamment pour faire accepter les unions illicites et la contraception, qui utilisent tous deux Amoris Laetitia pour étayer des opinions dissidentes sur ces questions.

    Diverses machinations visant à atteindre cet objectif prédéfini ont été répertoriées dans un livre électronique que j'ai écrit en 2015 intitulé 'Le truquage d'un synode du Vatican' ? Une enquête sur la manipulation présumée lors du Synode extraordinaire sur la famille.

    Lors du premier synode familial, nous avons assisté à son rapport à mi-parcours, remis aux médias avant que les pères synodaux ne l'aient lu. Le rapport a donné aux médias l’impression que l’enseignement de l’Église sur l’indissolubilité du mariage et de l’homosexualité était à revoir. Ensuite, il y a eu la multiplication des propositions par les comités d’organisation du synode avec des personnes clairement partisanes, et le fameux « braquage de livres » dans lequel un livre rédigé par des cardinaux et d’éminents érudits de l’Église soutenant l’enseignement sur l’indissolubilité du mariage a été délibérément retardé avant d'être remis aux pères synodaux.

    Mais l’effort le plus significatif pour orienter le synode dans une direction prédéfinie a sans doute été lorsque trois propositions synodales, dont une sur la « proposition Kasper » et une autre sur l’homosexualité, ont fait leur chemin dans le rapport final malgré qu'ils aient échoué à réunir la majorité des deux tiers nécessaires. Cela signifiait qu’ils étaient reportés pour discussion au Synode Ordinaire alors que, selon les règles synodales, ils auraient dû être rejetés.

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