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Synode - Page 13

  • (Exclusif) Müller écrit à Duka : Fernandez va contre la doctrine catholique, et avec lui, il y a le pape

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    De Settimo Cielo (Sandro Magister) :

    Exclusif : Müller écrit à Duka : Fernandez va contre la doctrine catholique, et avec lui, il y a le pape

    Votre Éminence, cher frère cardinal Dominik Duka,

    J’ai lu avec grand intérêt la réponse du Dicastère pour la Doctrine de la Foi (DDF) à votre “dubia” sur l’exhortation apostolique post-synodale “Amoris Laetitia” (”Risposta a una serie di domande”, ci-après “Risposta”) et je voudrais partager avec vous mon évaluation.

    L’un des doutes (”dubia”) que vous avez présentés au DDF concerne l’interprétation d’”Amoris Laetitia”, donnée dans un document des évêques de la région de Buenos Aires du 5 septembre 2016, qui permet l’accès aux sacrements de la confession et de l’Eucharistie aux personnes divorcées qui ont contracté une seconde union civile, même si elles continuent à vivre comme mari et femme, sans avoir l’intention de changer de vie. La “Risposta” affirme que ce texte de Buenos Aires appartient au magistère pontifical ordinaire, ayant été accepté par le Pape lui-même. François a en effet affirmé que l’interprétation proposée par les évêques de Buenos Aires est la seule interprétation possible d’”Amoris Laetitia”. Par conséquent, la “Risposta” indique que le texte de Buenos Aires doit recevoir un assentiment religieux de l’intelligence et de la volonté, comme les autres textes du Magistère ordinaire du Pape (cf. “Lumen Gentium” 25,1).

    Tout d’abord, il est nécessaire de clarifier, du point de vue de l’herméneutique générale de la foi catholique, quel est l’objet de cet assentiment de l’intelligence et de la volonté que tout catholique doit offrir au magistère authentique du Pape et des évêques. Dans toute la tradition doctrinale, et en particulier dans “Lumen Gentium” 25, cet assentiment religieux se réfère à la doctrine de la foi et des mœurs qui reflète et garantit toute la vérité de la révélation. Les opinions privées des papes et des évêques sont expressément exclues du magistère. Toute forme de positivisme magistériel contredit également la foi catholique, car le magistère ne peut enseigner ce qui n’a rien à voir avec la révélation, et ce qui contredit spécifiquement la Sainte Écriture (“norma normans non normata”), la tradition apostolique et les décisions définitives antérieures du magistère lui-même (“Dei Verbum” 10 ; cf. DH 3116- 3117).

    Y a-t-il un assentiment religieux à rendre au texte de Buenos Aires ? Sur la forme, il est déjà contestable d’exiger l’assentiment de l’intelligence et de la volonté à une interprétation théologiquement ambiguë d’une conférence épiscopale partielle (la région de Buenos Aires), qui interprète à son tour une déclaration d’”Amoris Laetitia”e qui requiert d’être expliquée et dont la cohérence avec l’enseignement du Christ (Mc 10,1-12) est discutable.

    Le texte de Buenos Aires semble en discontinuité au moins avec les enseignements de Jean-Paul II (“Familiaris Consortio” 84) et de Benoît XVI (“Sacramentum Caritatis” 29). Et, bien que la “Risposta” ne le dise pas, les documents du magistère ordinaire de ces deux papes doivent aussi recevoir un assentiment religieux de l’intelligence et de la volonté.

    Cependant, la “Risposta” soutient que le texte de Buenos Aires propose une interprétation d’”Amoris Laetitia” en continuité avec les papes précédents. Est-ce bien le cas ?

    Examinons d’abord le contenu du texte de Buenos Aires, qui est résumé dans la “Risposta”. Le paragraphe décisif de la “Risposta” se trouve dans la réponse à la troisième question. Là, après avoir dit que Jean-Paul II et Benoît XVI permettaient déjà l’accès à la communion lorsque les divorcés-remariés acceptaient de vivre dans la continence, on indique la nouveauté de François:

    “François maintient la proposition de la pleine continence pour les personnes divorcées et remariées (civilement) dans une nouvelle union, mais admet qu’il peut y avoir des difficultés à la pratiquer et permet donc, dans certains cas et après un discernement approprié, l’administration du sacrement de la réconciliation même si l’on ne parvient pas à être fidèle à la continence proposée par l’Église” [souligné dans le même texte].

    En soi, la phrase “même si l’on ne parvient pas à être fidèle à la continence proposée par l’Église” peut être interprétée de deux manières. La première : ces personnes divorcées essaient de vivre dans la continence, mais, compte tenu des difficultés et à cause de la faiblesse humaine, elles n’y parviennent pas. Dans ce cas, la “Risposta” pourrait s’inscrire dans la continuité de l’enseignement de saint Jean-Paul II. La seconde : ces personnes divorcées n’acceptent pas de vivre dans la continence et n’essaient même pas de le faire (il n’y a pas d’intention d’amendement), étant donné les difficultés qu’elles rencontrent. Dans ce cas, il y aurait une rupture avec le magistère précédent.

    Tout semble indiquer que la “Risposta” se réfère ici à la seconde possibilité. En fait, cette ambiguïté est résolue dans le texte de Buenos Aires qui sépare le cas où la continence est tentée (n.5) des autres cas où la continence n’est même pas tentée (n.6). Dans ce dernier cas, les évêques de Buenos Aires disent : “Dans d’autres circonstances plus complexes, et lorsqu’une déclaration de nullité n’a pu être obtenue, l’option mentionnée [tentative de vivre dans la continence] peut en fait ne pas être réalisable”.

    Il est vrai que cette phrase contient une autre ambiguïté, en affirmant : “et lorsque la déclaration de nullité n’a pu être obtenue”. Certains, notant que le texte ne dit pas “et quand le mariage était valide”, ont limité ces cas complexes à ceux où, même si le mariage est nul pour des raisons objectives, ces raisons ne peuvent pas être prouvées devant le for ecclésial. Comme nous le voyons, bien que le pape François ait présenté le document de Buenos Aires comme la seule interprétation possible d’”Amoris Laetitia”, la question herméneutique n’est pas résolue, car il existe encore diverses interprétations du document de Buenos Aires. En fin de compte, ce que nous observons, que ce soit dans la “Risposta” ou dans le texte de Buenos Aires, c’est un manque de précision dans la formulation, qui peut permettre des interprétations alternatives.

    Quoi qu’il en soit, en laissant de côté ces imprécisions, ce que veulent dire le texte de Buenos Aires et la “Risposta”, semble clair. On pourrait le formuler ainsi : il existe des cas particuliers où, après un temps de discernement, il est possible de donner l’absolution sacramentelle à un baptisé qui, ayant contracté un mariage sacramentel, a des relations sexuelles avec une personne avec laquelle il vit une seconde union, sans que le baptisé doive prendre la résolution de ne pas continuer à avoir ces relations sexuelles, soit parce qu’il discerne que ce n’est pas possible pour lui, soit parce qu’il discerne que ce n’est pas la volonté de Dieu pour lui.

    Voyons tout d’abord si cette déclaration peut être en continuité avec les enseignements de saint Jean-Paul II et de Benoît XVI. L’argument de la “Risposta” selon lequel Jean-Paul II a déjà admis à la communion certains de ces divorcés et que François ne fait donc qu’un pas dans la même direction ne tient pas. En effet, la continuité n’est pas à rechercher dans le fait que quelqu’un soit autorisé à recevoir la communion, mais dans le critère d’admission. En effet, Jean-Paul II et Benoît XVI admettent à la communion des personnes qui, pour des raisons sérieuses, vivent ensemble sans avoir de relations sexuelles. Mais ils ne le permettent pas lorsque ces personnes ont habituellement des relations sexuelles, parce qu’il y a là un péché objectivement grave, dans lequel les personnes veulent rester, et qui, en attaquant le sacrement du mariage, acquiert un caractère public. La rupture entre l’enseignement du document de Buenos Aires et le magistère de Jean-Paul II et de Benoît XVI est perceptible si l’on considère l’essentiel, qui est, comme je l’ai dit, le critère d’admission aux sacrements.

    Pour être plus clair, imaginons que, par souci d’absurdité, un futur document de le DDF présente un argument similaire dans le cas de l’avortement, en disant : “Les Papes Jean-Paul II, Benoît XVI et François ont déjà autorisé l’avortement dans certains cas, par exemple lorsque la mère a un cancer de l’utérus et que ce cancer doit être traité ; maintenant, il est autorisé dans d’autres cas, par exemple en cas de malformation du fœtus, dans la continuité de ce qu’ils ont enseigné”. On voit bien le caractère fallacieux de cet argument. Le cas d’une opération pour un cancer de l’utérus est possible parce qu’il ne s’agit pas d’un avortement direct, mais d’une conséquence involontaire d’une action curative sur la mère (ce que l’on a appelé le principe du double effet). Il n’y aurait pas continuité, mais discontinuité entre les deux doctrines, car la seconde nie le principe qui régissait la première position, et qui soulignait le caractère erroné de tout avortement direct.

    Cependant la difficulté de l’enseignement de la “Risposta” et du texte de Buenos Aires ne réside pas seulement dans sa discontinuité avec l’enseignement de saint Jean-Paul II et de Benoît XVI. En effet, cette formulation s’oppose à d’autres enseignements de l’Église, qui ne sont pas seulement des affirmations du magistère ordinaire, mais qui ont été enseignés de manière définitive comme appartenant au dépôt de la foi.

    Le Concile de Trente enseigne en effet les vérités suivantes : la confession sacramentelle de tous les péchés graves est nécessaire au salut (DH 1706-1707) ; vivre dans une seconde union comme mari et femme alors que le lien conjugal existe est un péché grave d’adultère (DH 1807) ; une condition pour donner l’absolution est la contrition du pénitent, qui comprend la douleur du péché et la résolution de ne plus pécher (DH 1676) ; il n’est pas impossible à toute personne baptisée d’observer les préceptes divins (DH 1536,1568). Toutes ces affirmations ne requièrent pas seulement un assentiment religieux, mais doivent être crues avec une foi ferme, comme étant contenues dans la révélation, ou au moins acceptées et tenues fermement comme des vérités proposées par l’Église de manière définitive. En d’autres termes, il ne s’agit plus d’un choix entre deux propositions du Magistère ordinaire, mais de l’acceptation d’éléments constitutifs de la doctrine catholique.

    Le témoignage de Jean-Paul II, de Benoît XVI et du Concile de Trente est, en fait, redirigé vers le témoignage clair de la Parole de Dieu, que le Magistère sert. C’est sur ce témoignage que doit se fonder toute la pastorale des catholiques qui vivent en secondes noces après un divorce civil, car seule l’obéissance à la volonté de Dieu peut servir au salut des personnes. Jésus dit : “Celui qui répudie sa femme et en épouse une autre commet un adultère à son égard. La femme aussi commet un adultère lorsqu’elle répudie son mari et en épouse un autre” (Mc 10, 11s). Et la conséquence est la suivante : “Ni les fornicateurs, ni les adultères… n’hériteront du royaume de Dieu” (1 Co 6,10). Cela signifie également que ces personnes baptisées ne sont pas dignes de recevoir la Sainte Communion avant d’avoir reçu l’absolution sacramentelle, qui à son tour exige le repentir de ses péchés, ainsi que la résolution de s’amender à partir de ce moment. Il ne s’agit pas ici d’un manque de miséricorde, bien au contraire. En effet, la miséricorde de l’Évangile ne consiste pas à tolérer le péché, mais à régénérer le cœur des fidèles pour qu’ils puissent vivre selon la plénitude de l’amour que le Christ a vécu et qu’il nous a appris à vivre.

    Il s’ensuit que ceux qui rejettent l’interprétation d’”Amoris Laetitia” proposée par le texte de Buenos Aires et la “Risposta” ne peuvent pas être accusés de dissidence. En effet, ce n’est pas qu’ils voient une opposition entre ce qu’ils comprennent et ce que le Magistère enseigne, mais ils voient une opposition entre différents enseignements du même Magistère, dont l’un a déjà été affirmé de manière définitive par le Magistère. Saint Ignace de Loyola nous invite à considérer que ce que nous voyons comme blanc est noir si l’Église hiérarchique en décide ainsi. Mais saint Ignace ne nous invite pas à croire, en nous appuyant sur le Magistère, que ce que le Magistère lui-même nous a dit auparavant, et de manière définitive, être noir est désormais blanc.

    En outre, les difficultés soulevées par le texte de la “Risposta” ne s’arrêtent pas là. En effet, la “Risposta” va au-delà de ce qui est affirmé dans “Amoris Laetitia” et dans le document de Buenos Aires sur deux points graves.

    Le premier touche à la question de qui décide de la possibilité d’administrer l’absolution sacramentelle au terme du chemin de discernement ? Dans le “dubium”, que vous avez présenté à la DDF, cher frère, vous proposez plusieurs alternatives qui vous semblent possibles : ce pourrait être le curé, le vicaire épiscopal, le pénitencier…. Mais la solution donnée par la “Risposta” a dû être pour vous une vraie surprise que vous ne pouviez même pas imaginer. En effet, selon le DDF, la décision finale doit être prise en conscience par chaque fidèle (n.5). Il faut en déduire que le confesseur se limite à obéir à cette décision en conscience. Il est frappant de constater qu’il est dit que la personne doit “se placer devant Dieu et lui exposer sa propre conscience, avec ses possibilités et ses limites” (ibid.). Si la conscience est la voix de Dieu dans l’homme (“Gaudium et Spes” 36), on ne comprend pas bien ce que veut dire “placer sa propre conscience devant Dieu”. Il semble qu’ici la conscience soit plutôt le point de vue privé de chaque individu, qui se place ensuite devant Dieu.

    Mais laissons cela de côté pour nous pencher sur l’affirmation surprenante du texte de le DDF. Il s’avère que les fidèles décident eux-mêmes de recevoir ou non l’absolution, et que le prêtre n’a qu’à accepter cette décision ! Si cela s’applique de manière générale à tous les péchés, le sacrement de la réconciliation perd son sens catholique. Ce n’est plus l’humble demande de pardon de celui qui se présente devant un juge miséricordieux, qui reçoit l’autorité du Christ lui-même, mais l’absolution de soi-même après avoir exploré sa propre vie. On n’est pas loin d’une vision protestante du sacrement, condamnée par Trente, lorsqu’elle insiste sur le rôle du prêtre comme juge dans la confession (cf. DH 1685 ; 1704 ; 1709). L’Évangile affirme, en se référant au pouvoir des clés : “Tout ce que vous délierez sur la terre sera délié dans le ciel” (Mt 16,19). Mais l’Évangile ne dit pas : “ce que les hommes décident en conscience de délier sur la terre sera délié au ciel”. Il est surprenant que le DDF ait pu présenter à la signature du Saint-Père, au cours d’une audience, un texte comportant une telle erreur théologique, compromettant ainsi l’autorité du Saint-Père.

    La surprise est d’autant plus grande que la “Risposta” tente de s’appuyer sur Jean-Paul II pour soutenir que la décision appartient à chaque fidèle, tout en ignorant que le texte de Jean-Paul II est directement opposé à la “Risposta”. En effet, la “Risposta” cite “Ecclesia de Eucharistia” 37b, où il est dit, dans le cas de la réception de l’Eucharistie : “Évidemment, le jugement sur l’état de grâce appartient au seul intéressé, puisqu’il s’agit d’un jugement de conscience”. Mais voyons la phrase que Jean-Paul II ajoute aussitôt et que la “Risposta” ne mentionne pas, et qui est l’idée principale du paragraphe cité de “Ecclesia de Eucharistia” : “Toutefois, en cas de comportement extérieur gravement, manifestement et durablement contraire à la norme morale, l’Église, dans son souci pastoral du bon ordre communautaire et par respect pour le Sacrement, ne peut pas ne pas se sentir concernée. Cette situation de contradiction morale manifeste est traitée par la norme du Code de Droit canonique sur la non-admission à la communion eucharistique de ceux qui « persistent avec obstination dans un péché grave et manifeste »” (ibid).

    Comme on peut le voir, le DDF a sélectionné une partie mineure du texte de saint Jean-Paul II et a omis la partie principale, qui est opposée à l’argument de le DDF. Si le DDF veut présenter un enseignement contraire à celui de saint Jean-Paul II, le moins qu’elle puisse faire est de ne pas essayer d’utiliser le nom et l’autorité du saint Pontife. Il vaudrait mieux reconnaître honnêtement que, selon le DDF, Jean-Paul II s’est trompé dans cet enseignement de son Magistère.

    La deuxième nouveauté incluse dans la “Risposta” est que chaque diocèse est encouragé à produire ses propres directives pour ce processus de discernement. Il en découle une conclusion : si les directives sont différentes, certaines personnes divorcées pourront recevoir l’Eucharistie selon les directives d’un diocèse et non selon celles d’un autre. Or, l’unité de l’Église catholique signifie depuis les temps les plus anciens l’unité dans la réception de l’Eucharistie : en mangeant le même pain, nous sommes le même corps (cf. 1 Co 10, 17). Si un fidèle catholique peut communier dans un diocèse, il peut communier dans tous les diocèses qui sont en communion avec l’Église universelle. C’est là l’unité de l’Église qui se fonde et s’exprime dans l’Eucharistie. Par conséquent, le fait qu’une personne puisse recevoir la communion dans une église locale et ne puisse pas recevoir la communion dans une autre est une définition exacte du schisme. Il est impensable que la “Risposta” de la DDF veuille promouvoir une telle chose, mais tels seraient les effets probables de l’adoption de son enseignement.

    Face à toutes ces difficultés, quelle est l’issue pour les fidèles qui veulent rester fidèles à la doctrine catholique ? J’ai souligné précédemment que le texte de Buenos Aires et celui de la “Risposta” ne sont pas précis. Ils ne disent pas clairement ce qu’ils veulent dire, et laissent donc ouvertes d’autres interprétations, aussi improbables soient-elles. Cela laisse place à des doutes quant à leur interprétation. D’autre part, la manière dont la “Risposta” note l’approbation du Saint Père, par une simple signature datée en bas de page, est inhabituelle. La formule habituelle serait : “Le Saint-Père approuve le texte et ordonne (ou permet) la publication”, mais rien de tout cela n’apparaît dans cet “Appunto” peu soigné. Cela ouvre encore un doute sur l’autorité de la “Risposta”.

    Ces questions nous permettent de soulever un nouveau “dubium”: existe-t-il des cas dans lesquels, après un temps de discernement, il est possible de donner l’absolution sacramentelle à un baptisé qui a des relations sexuelles avec une personne avec laquelle il vit en seconde union, si ce baptisé ne veut pas prendre la résolution de ne plus avoir ces relations?

    Cher frère, tant que ce “dubium” n’est pas résolu, l’autorité de la réponse à votre “dubia” et de la lettre de Buenos Aires reste en suspens, étant donné l’imprécision qu’elles reflètent. Cela ouvre une petite place à l’espoir qu’il y aura de réponse negative à ce “dubium”. Les bénéficiaires ne seraient pas en premier lieu les fidèles, qui de toute façon ne seraient pas obligés d’accepter une réponse positive au “dubium” comme contredisant la doctrine catholique. Le principal bénéficiaire serait l’autorité répondant au “dubium”, qui serait préservée intacte, puisqu’elle ne demanderait plus aux fidèles un assentiment religieux pour des vérités contraires à la doctrine catholique.

    En espérant que cette explication clarifiera le sens de la réponse que vous avez reçue du DDF, je vous adresse mes salutations fraternelles “in Domino Iesu”,

    Card. Gerhard Ludwig Müller, Rome

  • Un Synode n’a pas d’autorité doctrinale mais le danger est qu’elle lui soit attribuée

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    De David Ramos sur ACI Prensa :

    Cardinal Sandoval : « Un Synode n’a pas d’autorité doctrinale », mais « le danger est qu’elle lui soit attribuée »

    10 octobre 2023

    Le cardinal Juan Sandoval Íñiguez, archevêque émérite de Guadalajara (Mexique) et l'un des cinq signataires des récents dubia (doutes, en latin) envoyés au pape François sur des questions de doctrine et de discipline dans l'Église catholique, a assuré qu'« un synode n'a pas une autorité doctrinale (...) et le danger est qu'on la lui donne."

    Dans un entretien téléphonique avec ACI Prensa, vendredi 6 octobre, le cardinal de 90 ans a assuré que « l'autorité doctrinale réside dans le Pape ou dans l'épiscopat mondial avec le Pape. Un Synode n'a que des pouvoirs pastoraux, il doit veiller à la meilleure application de l'Évangile aux fidèles dans la pastorale. "Il n'a aucune autorité doctrinale."

    Les dubia sur le Synode de la Synodalité

    L'archevêque mexicain a signé le dubia avec les cardinaux Robert Sarah, préfet émérite de la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements de l'époque, Joseph Zen Ze-kiun, évêque émérite de Hong Kong, Raymond Leo Burke, préfet émérite de la Signature apostolique, la Cour suprême de l'Église et Walter Brandmüller, président émérite du Comité pontifical pour les sciences historiques.

    Les dubia abordent les préoccupations concernant la réinterprétation de la Révélation divine, les bénédictions sur les unions homosexuelles et le fait que la synodalité soit une « dimension constitutive de l’Église ». De plus, les cardinaux consultent le pape François sur la possibilité d'une ordination sacerdotale pour les femmes et sur le fait que le repentir n'est peut-être pas nécessaire pour recevoir l'absolution sacramentelle en confession.

    Les dubia ont été initialement envoyées au pape François le 10 juillet de cette année et ont reçu une réponse un jour plus tard, le 11 juillet. Non satisfaits des réponses du Saint-Père, qui, selon eux, "n'ont pas résolu les doutes que nous avions soulevés, mais les ont plutôt approfondis", les cardinaux ont réitéré leurs questions et les ont renvoyées le 23 août.

    Ces dernières n'ont pas reçu de réponse. Ainsi, les cinq cardinaux ont décidé de rendre publiques les questions le 2 octobre, deux jours avant le début du Synode de la Synodalité.

    Pourquoi le cardinal Sandoval a-t-il signé les dubia ?

    En dialogue avec ACI Prensa, le cardinal Sandoval a indiqué que les motivations et les préoccupations qui l'ont amené à signer le dubia provenaient de « certaines expressions imprécises qui peuvent prêter à des interprétations erronées des questions dont nous discutons ici ».

    Pour le cardinal mexicain, les réponses du Saint-Père aux dubia étaient « un peu évasives, un peu vagues », donc « elles ont été reformulées de manière plus claire et plus ferme, pour qu'il puisse répondre par oui ou par non, et il n'a pas répondu ». "Nous avons donc accepté de les publier."

    Il a insisté sur le fait qu'ils s'adressaient d'abord « au Pape, de manière très privée » et « nous avons convenu de les publier pour aider à guider un peu les personnes de bonne volonté au Synode. C’était la raison.

    Le jour même où les cardinaux publiaient leur nouveau questionnaire, le Vatican publiait la réponse que le pape François leur avait envoyée le 11 juillet.

    Les critiques du cardinal Fernández

    Le cardinal Víctor Manuel Fernández, qui a assumé le poste de préfet du Dicastère pour la doctrine de la foi le 11 septembre et a été créé cardinal par le pape 19 jours plus tard, ont critiqué les signataires des dubia.

    Dans des déclarations au journal espagnol ABC du 2 octobre, le cardinal Fernández a déclaré : « Le pape y a déjà répondu, et maintenant ils publient de nouvelles questions comme si le pape était un garçon de courses. »

    Pour le cardinal Sandoval, ces déclarations constituent « une défense un peu naïve et exagérée », car tous « les cardinaux sont les collaborateurs du Pape, les conseillers du Pape ».

    Il a insisté sur le fait que les éclaircissements étaient demandés "pour le bien de la vérité et pour le bien de l'Église", "sans nier qu'il est le Pape, qui a autorité dans l'Église".

    « Ce n'est pas qu'il soit notre garçon de course, pas du tout. Un dialogue avec lui est un dialogue sur des vérités importantes de la foi et de la morale de l'Église », a-t-il exprimé.

    L'archevêque émérite de Guadalajara a assuré que, depuis sa rédaction jusqu'à sa diffusion publique, les cinq cardinaux, "à l'unanimité, ont voulu avancer dans cette affaire des dubia".

    Des discussions dans l’Église catholique « il y en a toujours eu »

    Face à l'inquiétude des catholiques face aux débats doctrinaux au sein de l'Église, le cardinal Sandoval a rappelé que ces discussions ont existé « depuis toujours et se poursuivront jusqu'à la fin du monde ».

    Pour le cardinal, il est important que tout catholique « adhère avec simplicité à la vérité de l’Évangile, à ce qui est écrit dans les Saintes Écritures et que l’Église a toujours enseigné, pour ne pas se laisser décourager ».

    « Nous sommes des gens de foi qui se réfèrent à la Révélation, qui est un grand mystère, jamais complètement compréhensible, saisissable, compréhensible. Mais il y a des lignes qui sont toujours très claires, elles ont été très claires dans la foi et dans la Tradition de l'Église. "C'est ce que nous voulons dire", a-t-il déclaré.

    L'inquiétude des cardinaux : Une possible déviation doctrinale au Synode

    Le Cardinal Sandoval a indiqué à ACI Prensa que « le souci est que le Synode va s'écarter un peu sur le plan doctrinal. Et ce serait quelque chose de très, très triste qui serait écrit dans les annales de l’Église.

    "Ce ne serait pas la première fois. Il y a eu des réunions, des synodes, des conciles qui étaient à moitié faux. Il y en a eu tout au long de l’histoire de l’Église. Nous sommes sur le chemin de la foi, non de la vision, et l’intelligence, notre compréhension du mystère, est limitée comme notre tête, nos capacités.

    Cependant, il a souligné qu'« il y a toujours des choses dans la foi qu'il faut accepter telles que le Christ les a dites, sans chercher d'accommodements », car « lorsqu'on cherche des accommodements pour les modes, les temps modernes et les goûts des gens », on commence à falsifier la vérité. "

    En réponse aux questions sur le style personnel du cardinal – qui reçoit généralement plus d'attention médiatique que le fond de son message – l'archevêque émérite de Guadalajara a expliqué qu'il essaie de « faire tout ce qu'il peut pour maintenir l'orthodoxie, la fidélité à la foi que nous avons transmise ». "On fait ce qui est possible, ce qui est en son pouvoir et ce qu'on doit faire."

    "Et nous, les "cardinaux dubia", pensons que : que nous avons l'obligation en tant que cardinaux, collaborateurs du Pape, conseillers du Pape, de donner des conseils dans ce cas", a-t-il conclu.

    Qui est le cardinal Juan Sandoval Íñiguez ?

    Né le 28 mars 1933 dans la ville de Yahualica, dans l'État mexicain de Jalisco, le cardinal, âgé de 90 ans, a été ordonné prêtre le 28 octobre 1957, incardiné dans l'archidiocèse de Guadalajara. Il est titulaire d'un doctorat en théologie de l'Université pontificale grégorienne de Rome.

    Le pape Jean-Paul II l'a nommé évêque coadjuteur de Ciudad Juárez en 1988, diocèse qu'il a assumé en 1992.

    En 1994, saint Jean-Paul II le nomme lui-même archevêque de Guadalajara, comme successeur du cardinal Juan Jesús Posadas Ocampo, assassiné en 1993.

    Il a occupé ce poste pendant 17 ans, jusqu'à ce que Benoît XVI accepte sa démission pour cause de limite d'âge le 7 décembre 2011, à l'âge de 78 ans. Aujourd'hui, le cardinal Sandoval vit à Guadalajara.

    David Ramos est rédacteur en chef d'ACI Prensa. Il a couvert les voyages du pape François en Équateur, au Paraguay, au Mexique, en Colombie, au Chili et au Pérou.

  • Les membres du Synode sur la Synodalité demandent « un plus grand discernement » de l’enseignement de l’Église sur la sexualité

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    De Jonathan Liedl sur CNA :

    Les membres du Synode sur la Synodalité demandent « un plus grand discernement » de l’enseignement de l’Église sur la sexualité

    11 octobre 2023

    Les participants au Synode sur la synodalité ont demandé « un plus grand discernement sur l'enseignement de l'Église en matière de sexualité », a déclaré aujourd'hui un porte-parole du Vatican lors d'un point de presse.

    Cette révélation semble être en contradiction avec l’insistance répétée des organisateurs du synode sur le fait que l’assemblée d’un mois n’abordera pas de questions doctrinales mais se concentrera plutôt sur la manière dont l’Église peut mieux écouter ses membres.

    La discussion sur la doctrine sexuelle a eu lieu pendant le travail des membres du synode dans la séance du matin, a partagé Paolo Ruffini, président de la commission de communication du synode. Au cours de cette séance, les participants se sont concentrés sur le thème de « la miséricorde et la vérité ». Le thème comprend une question controversée sur « quelles mesures concrètes sont nécessaires pour accueillir ceux qui se sentent aujourd'hui exclus de l'Église en raison de leur statut ou de leur sexualité ».

    Ruffini a déclaré que si certains ont demandé un plus grand discernement sur l’enseignement sexuel de l’Église, d’autres « ont dit que ce discernement supplémentaire n’était pas nécessaire ». Ruffini n’a pas développé ce qu’il entendait par « discernement » et n’a pas été invité à apporter des éclaircissements.

    Les membres ont demandé un « plus grand discernement » de la doctrine sexuelle de l’Église lors de la discussion de l’assemblée sur le sujet controversé de l’inclusion LGBTQ. Suite au document de travail du synode, il a été demandé aux participants de réfléchir « quelles mesures concrètes sont nécessaires pour accueillir ceux qui se sentent aujourd'hui exclus de l'Église en raison de leur statut ou de leur sexualité ».

    Les représentants des petits groupes affectés au sujet ont partagé le rapport de leur table avec l’ensemble de l’assemblée, tandis que d’autres ont prononcé des discours en réponse.

    Ruffini a déclaré que les discours traitant de « l'identité sexuelle » étaient accueillis avec « responsabilité et compréhension, en restant fidèle à l'Évangile et à l'enseignement de l'Église ». Il a ajouté qu’il existe un large consensus sur le fait que l’Église « doit rejeter toute forme d’homophobie » et que le manque de connaissance du parcours personnel des personnes s’identifiant comme LGBTQ conduit à « de nombreux problèmes ».

    Certains intervenants ont souligné l'importance de rencontrer des personnes LGBTQ et de développer des ministères pastoraux « pour comprendre leur vie », a déclaré Ruffini, tandis que d'autres « ont souligné l'importance de rester dans l'enseignement magistral de l'Église ».

    Ruffini a déclaré que le climat n'était pas caractérisé par une polarisation mais par un échange de vues de type familial.

    « Comment pouvons-nous être accueillants pour tout le monde et, à l’inverse, comment pouvons-nous rester fidèles à la vérité ? dit-il en décrivant la conversation.

    Le porte-parole du synode n’a pas révélé quels participants étaient à l’origine de la pression en faveur d’un « plus grand discernement » de la doctrine sexuelle de l’Église, mais plusieurs membres du synode ont déjà signalé leur intention de faire pression pour des changements dans l’enseignement de l’Église sur le sujet.

    Les évêques allemands Georg Bätzing et Franz-Josef Overbeck, par exemple, ont déclaré qu'ils prévoyaient de plaider en faveur d'une plus large acceptation des propositions adoptées par la controversée Voie synodale allemande lors du Synode sur la synodalité. Le Chemin synodal, un projet non canoniquement reconnu de la Conférence épiscopale allemande et de ses employés laïcs, a approuvé en mars dernier la bénédiction des unions homosexuelles.

    Si des questions de doctrine devaient être débattues au Synode sur la synodalité, cela irait à l’encontre des assurances répétées du contraire faites par de hauts responsables.

    Le cardinal Jean-Claude Hollerich, rapporteur général du synode, a déclaré en août 2022 que le synode « n’a pas pour but de changer la doctrine, mais les attitudes ».

    En juin dernier, le nonce apostolique américain, le cardinal Christoph Pierre, a déclaré aux évêques américains que « la synodalité n'est pas un déguisement pour changer de doctrine » mais « une manière d'être Église ».

    Et le cardinal Mario Grech, qui dirige le bureau des synodes du Vatican, a déclaré que « personne ne veut s’écarter de l’enseignement de l’Église », en juillet dernier, en réponse aux questions sur les changements doctrinaux qui pourraient résulter du synode.

    Demain matin, les petits groupes chargés de la question de l'inclusion LGBTQ finaliseront leurs rapports et les soumettront aux organisateurs du synode. Les rapports serviront ensuite à rédiger les grandes lignes des travaux de l’assemblée, aboutissant à un résumé final que l’assemblée approuvera à la fin du mois.

  • Une Eglise synodale en rupture avec l'Eglise catholique ?

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    Du site de l'Homme Nouveau :

    L’ÉGLISE SYNODALE EST-ELLE EN RUPTURE AVEC L’ÉGLISE CATHOLIQUE ?

    9 octobre 2023
    église synodale instrumentum laboris Philippe Darantière

    L’Union Lex Orandi a publié récemment une analyse de l’Instrumentum Laboris. Entretien avec le président de ce collectif, Philippe Darantière, qui est expert en gestion de crise et intelligence économique, et un catholique engagé.

    Votre collectif vient de publier un guide de lecture de l’Instrumentum Laboris (IL), l’outil de travail, destiné à la première session du Synode. En quoi cela vous paraissait-il nécessaire et à qui est-il destiné ?

    Il a nous a semblé nécessaire qu’un travail collaboratif soit mené pour essayer de dégager les aspects les plus problématiques du processus synodal. L’intention était de pouvoir le communiquer aux évêques français – Mgr Joly, Mgr Eychenne, Mgr Rougé et Mgr Bertrand- élus par la Conférence des évêques de France pour assister à la première session plénière à Rome. Nous avons donc envoyé un exemplaire aux quatre évêques français et à Mgr Aveline, invités par le Pape. Nous avons choisi de nous adresser exclusivement aux évêques et non pas aux autres personnalités invitées au synode, même ayant le droit de vote, car étant les successeurs des apôtres c’est à eux que revient la charge d’exprimer la foi traditionnelle de l’Eglise.   

    Ce guide de lecture est également mis à la disposition des membres du clergé, des religieux mais aussi des fidèles. De nombreuses personnes ont été surprises en juin dernier, au moment de la publication du document, et la presse a rapidement réagit comme Jean-Marie Guénois pointant dans Le Figaro les propositions les plus radicales émises dans l’IL. Ces propositions s’avèrent d’ailleurs être plus une direction imposée qu’une série d’interrogations et portent davantage sur le « comment faire » plutôt que sur la justification ou bien la cohérence avec le magistère traditionnel de l’Eglise.

    Vous dites que « l’IL ne reprend pas la tradition des synodes ». En quoi se différencie-t-il ?

    L’articulation du processus synodal en étapes diocésaines, nationales puis continentales pour aboutir à l’Assemblée générale en deux sessions en 2023 et 2024 est une première différence. La nouvelle composition de cette assemblée synodale comprenant aujourd’hui « non-évêques » avec droit de vote, soit des membres du clergé, des religieux et des laïcs, s’oppose par ailleurs au principe même d’un synode d’évêques érigé par Paul VI dans Apostolica sollicitudo (Motu proprio de 1965) et confirmé sous Jean-Paul II dans le code de droit canon de 1983.

    En outre, les synodes tels qu’ils ont été conçus jusqu’à présent avaient pour objet de traiter d’une question doctrinale ou pastorale, alors que celui-ci se donne pour mission de restructurer entièrement l’Église pour la transformer en une église synodale.  

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  • Synode sur la synodalité : qui supervise le projet de rapport à la fin de l'assemblée ?

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    De Courtney Mares sur CNA :

    Synode sur la synodalité : Qui supervise le projet de rapport à la fin de l'assemblée ?

    10 octobre 2023

    Les délégués du Synode sur la synodalité ont élu cette semaine les membres d'une commission qui supervisera la rédaction d'un "rapport de synthèse" qui résumera ce qui a été discuté au cours des conversations confidentielles et des discours pendant l'assemblée d'octobre 2023.

    La Commission pour le rapport de synthèse a "la tâche non pas de rédiger mais de superviser périodiquement, d'amender et d'approuver la préparation du projet" qui sera publié à la fin de la première assemblée du Synode sur la synodalité, selon un communiqué publié mardi par les organisateurs du synode.

    Le porte-parole du Vatican, Paolo Ruffini, a expliqué lors d'une conférence de presse le 10 octobre que le rapport de synthèse sera rédigé par "les experts" participant au synode.

    Le Vatican a publié une liste de 62 "experts et facilitateurs" sans droit de vote, dont le biographe du pape Austen Ivereigh, le père jésuite brésilien Adelson Araújo dos Santos et Thomas Söding, l'un des principaux partisans de la voie synodale allemande.

    Quatorze des experts faisaient également partie d'un groupe d'une vingtaine d'experts qui ont contribué à la rédaction du document du Synode sur la synodalité pour l'étape continentale à la fin du mois de septembre 2022.

    Le rapport produit à la fin de ce mois sera réexaminé lors de l'assemblée synodale d'octobre 2024, a expliqué Mgr Ruffini.

    La Commission pour le rapport de synthèse, qui supervisera la rédaction du projet de rapport, est composée de 13 membres - sept membres élus par l'assemblée synodale le 9 octobre, trois membres nommés personnellement par le pape François, trois membres de facto du Secrétariat du Synode.

    Voici qui supervisera la rédaction du rapport de synthèse du synode :

    Membres nommés par le Pape François

    Le père Giuseppe Bonfrate, Italie, est professeur de théologie à l'Université pontificale grégorienne, où il donne des cours sur les sacrements et le Concile Vatican II. Il est directeur du Centre Alberto Hurtado pour la foi et la culture de l'université et a été expert lors du Synode sur la famille de 2015 et du Synode sur la région panamazonienne de 2019.

    Sœur Patricia Murray, IBVM, Irlande, a passé près d'une décennie en tant que secrétaire exécutive de l'Union internationale des supérieures générales (UISG). La sœur de l'Institut de la Bienheureuse Vierge Marie (Sœurs de Lorette) a précédemment travaillé comme enseignante dans l'enseignement secondaire, directrice d'école et responsable de l'éducation à la paix, et a été nommée consultante pour le Dicastère du Vatican pour la culture et l'éducation au début de cette année.

    Le cardinal Giorgio Marengo, IMC, préfet apostolique d'Oulan-Bator, en Mongolie, est le plus jeune cardinal du monde à l'âge de 49 ans. Originaire du nord de l'Italie, Marengo a passé deux décennies en tant que missionnaire en Mongolie, où il a été nommé préfet apostolique en 2020.

    Membres élus par l'assemblée synodale

    Le cardinal Fridolin Ambongo Besungu, OFMCap, République démocratique du Congo, est archevêque de Kinshasa et président du Symposium des conférences épiscopales d'Afrique et de Madagascar (SCEAM). Il a été nommé cardinal par le pape François en 2019. Le cardinal africain a déclaré lors d'une conférence de presse synodale le 7 octobre que les résultats du synode sur la synodalité seront "accueillis par tous comme la volonté de Dieu."

    Le cardinal Jean-Marc Aveline (France) est archevêque de Marseille, où il a souligné l'importance du dialogue entre chrétiens et musulmans et de l'accueil des migrants. Le pape François l'a nommé cardinal en 2022. Ce Français d'origine algérienne dirige depuis 2017 le Conseil pour les relations interreligieuses de la Conférence des évêques de France. Il a accueilli le pape à Marseille le mois dernier pour la "Rencontre méditerranéenne".

    Le cardinal Gérald Cyprien Lacroix, ISPX, Canada, est archevêque de Québec et primat du Canada depuis 2011. Il a passé huit ans comme prêtre missionnaire en Colombie avec l'Institut séculier Pie X et a été directeur général de l'institut pendant près de 10 ans. Il a été nommé au début de l'année 2023 au Conseil des cardinaux du pape.

    Mgr Shane Anthony Mackinlay, Australie, est évêque de Sandhurst depuis 2019 et a été maître du Catholic Theological College de Melbourne pendant près de 10 ans. Il a participé à la session synodale allemande de Way en mars, où il a parlé de la nécessité d'une prise en charge pastorale des enfants des écoles catholiques qui ont des attirances envers le même sexe.

    L'archevêque José Luis Azuaje Ayala, Venezuela, a été président de la conférence épiscopale vénézuélienne et est actuellement vice-président du CELAM. Il a participé au synode de 2019 pour l'Amazonie. Dans une interview en 2018, il a déclaré ce qui suit : "Je pense que le pape François fait ce qu'un pape doit faire : encourager, aller au cœur du message. ... Avec parrhésie, le pape porte le poids du renouveau et le fait en regardant l'avenir avec espérance. Nous le voyons dans la convocation du synode des jeunes, dans l'accord avec la Chine et dans son rapprochement constant avec les minorités.

    Mgr Mounir Khairallah, Liban, est éparque de l'éparchie catholique maronite de Batroun, Liban, depuis 2012. Il a étudié à l'Université pontificale Urbanienne de Rome et à l'Université catholique de Paris.

    Le père Clarence Sandanaraj Davedassan, Malaisie, est le directeur du Centre de recherche catholique de Kuala Lumpur. Prêtre de l'archidiocèse de Kuala Lumpur, M. Davedassan est secrétaire exécutif du Bureau des préoccupations théologiques de la Fédération des conférences épiscopales d'Asie et consulteur du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux depuis 2013. Il a donné un témoignage en direct lors de la Congrégation générale du Synode sur la synodalité le 9 octobre.

    Membres de la direction du synode

    Le cardinal Jean-Claude Hollerich, SJ, relateur général, est l'un des principaux organisateurs du Synode sur la synodalité en cours en tant que relateur général. L'archevêque jésuite du Luxembourg a été ajouté au conseil des cardinaux conseillers du pape François au début de cette année. Il a déclaré dans une interview en mars qu'il pensait qu'un futur pape pourrait autoriser les femmes prêtres et qu'il trouvait "un peu douteuse la partie de l'enseignement qui qualifie l'homosexualité de 'intrinsèquement désordonnée'".

    Le cardinal Mario Grech, secrétaire général du Secrétariat général du Synode, est l'ancien évêque de Gozo, à Malte. Il est l'un des deux auteurs des directives pastorales controversées des évêques maltais sur Amoris Laetitia, qui stipulent que les catholiques divorcés et remariés, dans certains cas et après un "discernement honnête", peuvent recevoir la communion. L'année dernière, Mgr Grech a qualifié de "délation" la critique publique de la "voie synodale" allemande.

    Le père Riccardo Battocchio est l'un des deux secrétaires spéciaux du Synode sur la synodalité. Ce prêtre italien du diocèse de Padoue est recteur de l'Almo Collegio Capranica à Rome et président de l'Association théologique italienne.

    Courtney Mares est correspondante à Rome pour la Catholic News Agency. Diplômée de l'Université de Harvard, elle a réalisé des reportages dans des bureaux de presse sur trois continents et a reçu la bourse Gardner pour son travail avec les réfugiés nord-coréens.

  • Le Synode serait-il aveugle face à l'extinction de la foi dans de vastes régions de la terre et particulièrement en Italie?

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    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso (traduction de Diakonos.be) :

    Le synode parle tout seul. En attendant, en Italie, deux jeunes sur trois ne croient plus en Dieu

    Il y a un gouffre entre les questions débattues parmi les trente-cinq tables du synode sur la synodalité – si l’on s’en tient aux comptes-rendus officiels – et à ce qui se passe au-delà des murailles léonines, dans la vie réelle, à « notre époque où dans de vastes régions de la terre la foi risque de s’éteindre comme une flamme qui ne trouve plus à s’alimenter ».

    Cette citation est de Benoît XVI, dans la mémorable lettre qu’il a envoyée aux évêques le 10 mars 2009.

    « En ce moment de notre histoire – écrivait ce pape – le vrai problème est que Dieu disparaît de l’horizon des hommes et que tandis que s’éteint la lumière provenant de Dieu, l’humanité manque d’orientation, et les effets destructeurs s’en manifestent toujours plus en son sein. »

    D’où, ce qu’il identifiait comme « la priorité qui prédomine » pour l’Église tout entière et en premier lieu pour le successeur de Pierre : « rendre Dieu présent dans ce monde et ouvrir aux hommes l’accès à Dieu. Non pas à un dieu quelconque, mais à ce Dieu qui a parlé sur le Sinaï ; à ce Dieu dont nous reconnaissons le visage dans l’amour poussé jusqu’au bout (cf. Jn 13, 1) – en Jésus Christ crucifié et ressuscité ».

    De cette « priorité », on ne trouve nulle trace dans le synode. Et cela au moment même où sortent les résultats d’un sondage qui révèle un véritable effondrement de la religion catholique en Italie, la nation dont le Pape François est le primat.

    Cette enquête a été lancée par la revue « Il Regno », une voix attitrée du catholicisme progressiste italien, et elle a été présentée le 6 octobre à Camaldoli, dans le célèbre monastère bénédictin, par Paolo Segatti, professeur de sociologie politique à L’Université de Milan, et par Arturo Parisi, un grand analyste du catholicisme italien qui a pendant de nombreuses années enseigné cette même discipline à l’Université de Bologne et qui a également été député et ministre de la Défense entre 2006 et 2008.

    Une enquête identique avait déjà été lancée par « Il Regno » en 2009. Et c’est en comparant l’une avec l’autre que l’extinction progressive de la foi en Italie apparaît clairement.

    Quand on leur demande à quelle religion ils appartiennent, en quatorze ans, ceux qui se déclarent catholiques sont tombés de 81,2% à 72,7%, tout comme les adhérents à d’autres confessions chrétiennes, orthodoxes ou protestante, qui tombent quant à elles de 11,7% à 7,9%.

    À l’inverse, le nombre de ceux qui se disent non-croyants ou athées est passé de 6,2% à 15,3%.

    Jusque-là, le déclin de la religion est notable, mais on ne peut pas encore parler d’effondrement. Mais quand on leur a posé des questions plus précises sur leur foi, ceux qui ont déclaré croire en Dieu ne sont plus que 57% contre 72% en 2014, tandis que ceux qui ne croient manifestement pas en Dieu sont désormais 36% contre 26% en 2014.

    Cela signifie qu’une bonne partie de ceux qui se déclarent encore catholiques ne croit plus en Dieu.

    La pratique religieuse reflète naturellement ce déclin de la foi. Le nombre de ceux qui déclarent se rendre à l’Église tous les dimanches est tombé de 28% à 18%. Le nombre de ceux qui y vont deux ou trois fois par mois de 16% à 10% ; une fois par mois de 14% à 9%. (Mais il faut tenir compte d’une autre enquête récente d’Euromedia Research qui a révélé que seuls 13,8% des italiens va encore à la messe le dimanche).

    À l’inverse, le nombre de ceux qui ne vont à l’Église que deux ou trois fois par an est passé de 23% à 26% et le nombre de ceux qui n’y vont jamais a grimpé de 19% à 37%.

    Mais les données les plus impressionnantes sont celles qui analysent la pratique religieuse et la foi en Dieu par tranche d’âge.

    Parmi ceux qui vont à l’église chaque dimanche, la chute est forte pour ceux qui sont nés avant 1945 et plus modérée pour la génération intermédiaire. Mais parmi ceux qui sont nés après 1980, la présence à la messe du dimanche s’est désormais effondrée à 7%.

    Et la chute de ceux qui ont la foi en Dieu est encore plus marquée, puisqu’ils ne représentent plus que 50% de ceux qui sont nés dans les années quatre-vingt et encore moins, c’est-à-dire 37% de ceux qui sont nés après 1990.

    Si l’on revient à ces 15,3% d’italiens qui se déclarent explicitement non-croyants ou athées, le détail selon le sexe et l’âge fournit ici encore des données impressionnantes.

    Chez les hommes, le pourcentage s’élève désormais à 22,5% en moyenne pour toutes les tranches d’âge.

    Mais pour les hommes nés dans les années quatre-vingt, on passe à 32%, et pour ceux nés après 1990, à 35%.

    Tandis que chez les femmes de ces mêmes classes d’âge, ces mêmes chiffres s’envolent à 23% et 31%.

    Si tel est le langage cru de la réalité, dans une nation telle que l’Italie qui au début de ce millénaire était encore considérée comme une grande « exception » catholique à la sécularisation régnant en Occident, on ne peut qu’espérer que le synode en cours commence au moins à l’écouter.

  • Cette semaine au Synode sur la synodalité : Délibérations et agendas voilés

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    D'Andrea Gagliarducci sur le National Catholic Register :

    Cette semaine au Synode sur la synodalité : Délibérations et agendas voilés

    9 octobre 2023

    Le Synode sur la synodalité au Vatican connaîtra une autre première cette semaine, alors que le rassemblement passe du travail en groupes dans des cercles restreints à une assemblée plénière - l'une des Congrégations générales officielles. Les journalistes pourront enfin, pour un temps, suivre les discours et les débats dans la salle d'audience. 

    L'un des discours les plus importants est celui du cardinal Jean-Claude Hollerich, en sa qualité de rapporteur général, à la fin de la discussion de chaque section du document. 

    Le prochain rapport - appelé "présentation" dans le calendrier du synode - est attendu le 13 octobre, et un autre aura lieu le 18 octobre. Il est probable que ces présentations seront également retransmises en direct. 

    Cette semaine sera marquée par de nouveaux discours, mais aussi par des thèmes tels que les influences extérieures potentielles, la recherche de la communion synodale et les murmures de réforme qui résonnent dans les couloirs du Vatican. 

    Des agendas en jeu ?

    Des inquiétudes subsistent quant à la possibilité pour des groupes de pression d'influencer le cours du synode. Ce n'est pas une coïncidence si le cardinal Fridolin Ambongo Besungu, archevêque de Kinshasa, a déclaré lors d'une conférence de presse que personne n'apporterait son programme personnel, et encore moins n'essaierait de l'imposer aux autres. "Il n'y a pas d'agenda, nous sommes tous frères et sœurs", a réaffirmé le prélat africain.

    Le cardinal congolais a également déclaré que le résultat du processus serait "accueilli par tous comme la volonté de Dieu". 

    Toute mention de la recherche de la communion au synode n'est guère surprenante : Il s'agit d'un refrain courant dans de nombreuses conversations annexes, évoquant un semblant de déjà vu - ou un retour au passé.

    Avant 2014, on parlait de "consensus synodal", les documents étant soumis à un vote paragraphe par paragraphe. L'absence d'une majorité des deux tiers conduisait à ne pas publier les documents, une pratique visant à favoriser la communion plutôt que la division.

    Dans un souci de transparence apparente, le pape François a déjà divulgué toutes les formes de documents finaux et le résultat du vote. Ce synode, cependant, suivra une voie différente. 

    Au lieu d'un document final, c'est un document de synthèse qui sera présenté, son approbation dépendant davantage du récit général de l'expérience du synode que de chapitres particuliers. 

    En octobre 2024, l'approbation du texte final par l'assemblée pourrait potentiellement bouleverser le document de synthèse.

    Les enjeux de cette semaine

    L'attente est grande autour de ce qui se passera lundi après-midi, lorsque la commission synodale désignée pour rédiger le document de synthèse émettra ses votes. Ces résultats - qui révèlent les noms des membres de la commission - pourraient donner un aperçu de la formulation du document ou, à tout le moins, indiquer le ton général des documents et, par conséquent, de l'ensemble du synode.

    Selon le calendrier officiel, deux points clés de l'instrumentum laboris, le document de travail, doivent être discutés cette semaine :

    Section B1 : "Comment pouvons-nous être plus pleinement signe et instrument de l'union avec Dieu et de l'unité du genre humain ?"

    Section B2 : "Coresponsables de la mission" avec une question centrale : "Comment partager les tâches et les dons au service de l'Évangile ?

    Les petits groupes de travail - circoli minori - présenteront leurs interventions le 11 octobre, avant de finaliser et de soumettre leurs rapports au Secrétariat général le 12 octobre. 

    Le processus se terminera par un après-midi libre consacré à un pèlerinage, vraisemblablement dans les catacombes romaines. À partir du 13 octobre, la section B2 de l'instrumentum laboris fera l'objet d'un examen minutieux.

    Deux après-midi de cette semaine sont consacrés à la "conversation de l'Esprit", décrite comme un temps de discernement commun pour le synode. Décrit dans les sections 37 à 39 de l'instrumentum laboris, ce processus comprend trois phases : une délibération profonde avant de prendre la parole devant l'assemblée, un temps de silence et de prière pour s'imprégner des demandes des autres, et une session pour identifier les questions clés et forger un consensus commun.

    Les "conversations de l'Esprit" visent à élaborer un document qui incarne le consensus et l'esprit communautaire. Il reste à voir si cet objectif sera atteint. Le fait que le cardinal Hollerich ait déjà fait allusion à une feuille de route pour l'année à venir implique une plongée prudente dans les eaux pour l'instant. 

    L'année prochaine, ces "conversations" pourraient se concentrer sur des sujets spécifiques avec plus d'acuité, bien que cela reste du domaine de la spéculation.

  • Quand le pape François apparaît sans masque en imposant ses idées et sa vision de l'Eglise

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    D'Andrea Gagliarducci sur le Monday Vatican

    Le pape François et le changement de paradigme du pontificat

    9 octobre 2023

    Le début du Synode des évêques, la semaine dernière, a coïncidé avec un changement de paradigme définitif dans le pontificat du pape François. Après dix ans, ayant presque achevé la transition générationnelle au sein du Collège des cardinaux et de la Curie romaine, le pape François est apparu sans masque, projetant ses idées et sa mentalité. Il n'a plus besoin de faire des compromis ou de trouver un équilibre. Il dit et fait ce qu'il pense être juste sans se soucier des conséquences.

    Les signes de ce changement de paradigme étaient déjà devenus évidents avec les Traditiones Custodes, puis les réponses aux dubia sur Amoris Laetitia. Dans ce cas, le pape François n'a pas eu peur de rompre radicalement avec ce qui avait été fait précédemment et avec le passé, imposant presque sa vision de l'Église même à des réalités qui portaient peut-être beaucoup de fruits. Ensuite, il y a eu la décision de réformer l'Opus Dei, qui a effectivement aboli l'institution des prélatures personnelles telles que Jean-Paul II les avait envisagées et qui a radicalement changé la structure de l'Opus Dei. Et même avant cela, il convient de rappeler que le Praedicate Evangelium, la constitution réformant la Curie, avait été publié soudainement, sans avertissement, sans traductions, et avec une conférence de presse qui n'en a expliqué la portée que plus tard.

    La semaine dernière, cependant, le changement de paradigme est devenu complet, comme le démontrent trois développements qui semblent distincts mais qui sont au contraire intimement liés :

    • La réponse aux dubia de cinq cardinaux, représentant les cinq continents, sur certaines questions doctrinales récemment soulevées ;
    • La réponse au dubia soulevé par le cardinal Dominik Duka, archevêque émérite de Prague, sur l'application de l'exhortation Amoris Laetitia ;
    • La publication de l'exhortation Laudate Deum, qui est une mise à jour de Laudato Si.

    Les réponses aux dubia ont été rédigées par le cardinal Victor Manuel Fernandez, préfet du Dicastère pour la doctrine de la foi, et soumises au pape. Le Laudate Deum est un texte entièrement rédigé par le pape François, à tel point que l'original est en espagnol et qu'il n'existe même pas, du moins pour l'instant, d'édition typique en latin.

    Ces trois développements montrent que le pape n'a plus peur de se montrer au grand jour et qu'il a l'intention de dire précisément ce qu'il pense. En fin de compte, la décision d'appeler son ami Fernandez à Rome est également née du besoin d'aide pour faire avancer son programme de renouveau de l'Église.

    Le pape François n'avait jamais voulu répondre aux questions qui lui étaient posées sur des sujets doctrinaux, évitant de susciter la polémique.

    Les dubia de quatre cardinaux présentés en 2016, qui se plaignaient d'une application générique, vague et non unitaire d'Amoris Laetitia, étaient restés sans réponse, suspendus alors que les interprétations de l'exhortation se multipliaient. Mais le pape lui-même a dit comment interpréter l'exhortation, répondant aux directives des prêtres de la région de Buenos Aires en disant que c'était "la seule interprétation possible" et en demandant d'insérer la lettre du pape et les directives qui lui ont été envoyées dans les Acta Apostolicae Sedis, les documents officiels du Saint-Siège.

    Le pape François n'évite plus astucieusement de répondre directement en envoyant des signaux. Contrairement aux textes (parfois très vagues, voire idéologiques) du nouveau préfet du Dicastère pour la doctrine de la foi, le pape François affirme une position claire, montre sa conception de l'évolution de la doctrine, écarte toute interprétation différente de la sienne et réaffirme effectivement l'indépendance des évêques dans la gestion de certaines situations.

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  • L'Esprit Saint ne peut se contredire

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    De Luisella Scrosati sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    Burke et Müller : " L'Esprit Saint ne peut se contredire ".

    Les deux cardinaux répondent "présent" aux tentatives de déformation de la doctrine de l'Eglise et renvoient les accusations d'atteinte à l'unité : ce qui unit, c'est l'enseignement et la réaffirmation de la vérité.

    7_10_2023

    Les cardinaux Raymond L. Burke et Gerhard Müller ont répondu "présent" aux nouveaux assauts contre la doctrine et la discipline de l'Église catholique. Les deux cardinaux ont pris la parole lors de l'émission The World Over, diffusée le jeudi 5 octobre par la chaîne catholique américaine EWTN, pour réaffirmer fermement la doctrine de la foi et exhorter tous les catholiques à rester fermes et à demeurer dans l'unique Église du Christ.

    Les deux premiers actes du nouveau préfet du Dicastère pour la doctrine de la foi, à savoir la publication de la lettre du pape François à la première version des dubia de cinq cardinaux et la réponse aux questions du cardinal Dominik Duka sur Amoris Lætitia, contredisent l'enseignement constant de l'Église sur au moins un point capital : le mal intrinsèque de la sexualité exercée en dehors du mariage légitime. Ces actes portent la signature ex audientia de François, mais la formule habituelle n'y figure pas : "Le Souverain Pontife N.N., le ..., a approuvé cette Lettre (ou Instruction/Décret/Note, etc.) et en a ordonné la publication". Le détail est notable et confié à la réflexion des canonistes.

    En effet, le Pape François contredit tout d'abord le Responsum du 22 février 2021, dont il avait lui-même autorisé la publication, en confiant à la "prudence pastorale" des ministres le soin de "discerner de manière adéquate s'il existe des formes de bénédiction, demandées par une ou plusieurs personnes, qui ne véhiculent pas une conception erronée du mariage". Ainsi, selon lui, il serait possible de bénir des unions non maritales, hétéro ou homo, à condition qu'il n'y ait pas de confusion entre ces unions et le mariage. Il est clair qu'il ne s'agit pas ici de bénir des personnes individuelles, mais des relations, des unions ou des pseudo-mariages, peu importe.

    Exactement le même jour, le 2 octobre, Fernandez a également publié sa réponse à certaines des questions du cardinal Duka, affirmant explicitement ce qui avait été confié à une note dans Amoris Lætitia : François "permet dans certains cas, après un discernement adéquat, l'administration du sacrement de la Réconciliation même lorsque l'on ne peut pas être fidèle à la continence proposée par l'Église".  Et un peu plus loin, il a répété qu'"Amoris Lætitia ouvre la possibilité d'accéder aux sacrements de la Réconciliation et de l'Eucharistie lorsque, dans un cas particulier, il y a des limitations qui atténuent la responsabilité et la culpabilité".

    Le cardinal Burke, au micro d'EWTN, a d'abord expliqué la raison de ces nouveaux dubia : "Nous avons soumis ces questions parce qu'il s'agit de points fondamentaux de l'enseignement et de la discipline de l'Église (...) qui ont été remis en question par les documents synodaux eux-mêmes, mais aussi par ceux qui conduisent le processus synodal". Leur deuxième version a été déterminée par le fait que le Pape "n'avait pas répondu à nos questions". Les dubia sont une demande au successeur de Pierre de "nous confirmer dans la foi catholique". Ils ne constituent pas une attaque contre le pape, mais "une aide pour lui permettre d'exercer sa grave fonction dans un moment de grande difficulté".

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  • Le président de la Conférence épiscopale polonaise a critiqué le Synode pour l'utilisation du "langage idéologique des Nations unies" et la promotion du "relativisme moral"

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    Un tweet du Père Yves-Marie Couët :

    Le président de la Conférence épiscopale polonaise a critiqué le #Synode pour l'utilisation du "langage idéologique des Nations unies" et la promotion du "relativisme moral". Alors que "La véritable réforme vient d'une abondance de foi et de fidélité" #Synode2023

    L'archevêque Stanisław Gądecki de l'archidiocèse de Poznań a commenté le synode du Vatican dans un entretien avec le journal catholique allemand Le Tagespost. Gądecki a déclaré que lorsqu'il a lu le rapport hétérodoxe du synode Instrumentum Laboris (texte qui sert de base aux discussions), il a remarqué que ce document utilise des termes tels que "l'inclusion, telle que définie par l'ONU", qui "se réfère exclusivement à l'inclusion des personnes non binaires dans la société et à la reconnaissance de la nature humaine en tant que non binaire (c’est-à-dire ni hommes et ni femmes)". Dans un sens, le terme "inclusion" remplace la notion de péché et de conversion dans le texte de l’Instrumentum Laboris et fait donc partie de l'idéologie du relativisme moral", a-t-il déclaré.

    "Cela soulève la question suivante : est-il approprié que l'Église, à la recherche d'un nouveau langage pour communiquer avec les gens aujourd'hui, adopte des termes du langage politique de l'ONU, derrière lequel se cache souvent une idéologie ? L'archevêque polonais a fait remarquer qu'il y a d’autres termes idéologisés dans le document d'orientation du synode. (Instrumentum Laboris )

    Mgr Gądecki a déclaré que "la dynamique et la manière" dont les discussions sont organisées lors des synodes de François "rappellent parfois davantage les Nations unies que l'Église catholique". Le prélat polonais a abordé la philosophie erronée qui est au cœur de la demande d'ordinations féminines. "Cela est dû à la conviction erronée que seul ce qui provient du sacrement de l'ordre est digne et valable dans l'Église ; que les laïcs ne sont valables que s'ils ont accès aux mêmes prérogatives que les prêtres et les évêques", a expliqué Mgr Gądecki. "L'accent mis sur le pouvoir et la fonction plutôt que sur le caractère serviteur du sacerdoce peut conduire non seulement au cléricalisme mais aussi à la cléricalisation des laïcs sous prétexte de promouvoir les laïcs".

    L'évêque a expliqué les deux façons d'aborder les questions sociétales : "La première part de la théologie pour y chercher la bonne réponse aux questions posées par les sciences sociales. La seconde part des sciences sociales et est donc confrontée à la tentation d'adapter la théologie aux besoins de la sociologie".

    Le prélat polonais a déclaré qu'il "craint qu'aujourd'hui nous ayons trop de réformateurs qui partent de la sociologie" au lieu de prendre les vérités théologiques comme base de leurs "réformes". "La véritable réforme ne vient pas d'un manque de foi, mais d'une abondance de foi et de fidélité", a déclaré Mgr Gądecki. Il a averti "qu'il y aura des tentatives au synode pour remettre en question l'enseignement catholique sur la contraception, même si cette question n'est pas directement abordée dans l'Instrumentum Laboris".

    La voie synodale allemande pourrait conduire au schisme : Interrogé sur la voie synodale hérétique allemande, Mgr Gądecki a déclaré : "Aujourd'hui, malheureusement, il semble qu'il y ait en Allemagne la crise de l’Eglise plus importante depuis la Réforme. Le danger est grand qu'une réforme mal comprise du christianisme conduise une fois de plus à un schisme de l'Église qui s'étendra aux pays voisins." Gądecki a émis sa "correction fraternelle" en février 2022 dans une lettre adressée au président de la conférence épiscopale allemande, Mgr Georg Bätzing, dans laquelle Gądecki critiquait la Voie synodale et invitait les évêques allemands à maintenir l'enseignement immuable de l'Église sur la sexualité. "Il est important de bien comprendre le sens de la correction fraternelle", a-t-il poursuivi. "Certains peuvent l'associer à l'exaltation de l'un par rapport à l'autre, mais nous le faisons avec des larmes. Le Christ a pleuré sur Jérusalem, accompagné de paroles sur l'incapacité à discerner correctement les signes des temps".

    Cf die-tagespost.de/kirche/aktuell et lifesitenews.com/news/head-of-p

  • Le texte intégral de la lettre pré-synodale du cardinal Zen

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    Du blog de Sandro Magister "Settimo Cielo" :

    Documents. Le texte intégral de la lettre pré-synodale du cardinal Zen

    Zen

    *

    (s.m.) Largement citée par le site américain « The Pillar », la lettre adressée fin septembre par le cardinal Giuseppe Zen-Zekiun à différents cardinaux et évêques sur les questions ouvertes par la convocation du Synode en cours depuis le 4 octobre, a désormais été publiée. Elle est sortie des limites du « confidentiel » et il vaut mieux qu’elle soit lue dans son intégralité.

    C'est Zen lui-même qui prévoit cette issue, quand vers la fin de la lettre il écrit : « Je la considère comme confidentielle, mais il sera difficile qu'elle ne parvienne pas aux médias. Aussi vieux que je sois, je n'ai rien à gagner, rien à perdre. Je serai heureux d'avoir fait ce que je pensais que j'étais censé faire."

    Du haut de ses 91 ans, mais surtout d'une vie passée à la défense héroïque des « libertas ecclesiae » dans une terre hostile comme la Chine, ancien évêque de Hong Kong et récemment condamné pour avoir soutenu la résistance de la ville aux brimades du régime contre Pékin, Zen se révèle également dans cette lettre comme un combattant passionné et franc pour préserver le Synode et l'Église de ce qu'il considère comme une dérive désastreuse.

    Voici donc la lettre rédigée par le cardinal Zen lui-même.

    *

    Chère Éminence, Chère Excellence,

    Je suis votre frère Giuseppe Zen, originaire de l'île lointaine de Hong Kong, un homme infirme de 91 ans, ordonné évêque il y a plus de 26 ans. J'écris cette lettre parce que, conscient d'être encore en possession de mes facultés mentales, je ressens le devoir de sauvegarder, en tant que membre du Collège des Successeurs des Apôtres, la sacro-sainte tradition de la foi catholique.

    J'adresse cette lettre à vous, membres du prochain Synode sur la Synodalité, parce que je suppose que vous êtes préoccupés, comme moi, par le déroulement du Synode susmentionné.

    La synodalité est un mot plutôt nouveau, dont l'étymologie nous permet de comprendre qu'il s'agit d'un projet de « parler ensemble et marcher ensemble » ; pour l'Église catholique, cela signifiera « communion et participation de tous les membres de l'Église à la mission évangélisatrice ». Ainsi compris, le thème de ce Synode semble utile et toujours actuel, et sera une occasion opportune pour clarifier comment cette synodalité doit être vécue dans l’Église.

    Il existe maintenant un document très récent « La synodalité dans la vie et la mission de l'Église », résultat du travail (dans les années 2014-2017) d'une sous-commission de la Commission théologique internationale, dont le président d'office est le Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. La sous-commission a conclu ses travaux en 2017, le texte a été approuvé par les membres de la Commission lors de la séance plénière de cette année-là, et finalement approuvé par le Préfet de la Congrégation en 2018, après avoir reçu l'avis favorable du Pape François.

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  • Synode : pourquoi les critiques des cinq cardinaux ont du poids

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    De Jean-Marie Guénois sur le site du Figaro via Il Sismografo :

    Synode: ces critiques qui soufflent sur l’assemblée qui entend réformer l’Église

     

    RÉCIT - Un cardinal très respecté dénonce la «manipulation» de ce synode.  -- François ne sait pas cacher son humeur. Et, ce mercredi matin, sur la place Saint-Pierre de Rome, il avait le visage des mauvais jours. Il célébrait pourtant la messe d’ouverture de ce synode sur l’avenir de l’Église qu’il a tellement désiré… La raison de cette moue, il l’a lui-même donnée dans son homélie, où il a déploré le manque d’unité de l’Église face à ce projet synodal: «Nous sommes à l’ouverture de l’assemblée synodale. Nous n’avons pas besoin de regards immanents faits de stratégies humaines, de calculs politiques ou de batailles idéologiques. Nous ne sommes pas ici pour une réunion parlementaire ou pour un plan de réforme. Non, nous sommes ici pour marcher ensemble sous le regard de Jésus qui accueille tous ceux qui sont fatigués et opprimés.»

    Il a alors redit le sens de ce synode qui rassemble au Vatican près de 400 délégués, évêques et laïcs, venus du monde entier pour réfléchir, pendant deux mois - en octobre 2023 et en octobre 2024 -, à une gouvernance de l’Église plus démocratique et plus décentralisée. «La tâche première du synode est de recentrer notre regard sur Dieu, pour être une Église qui regarde l’humanité avec miséricorde, a-t-il martelé. Une Église unie et fraternelle qui écoute et dialogue, une Église qui a Dieu en son centre et qui par conséquent ne se divise pas à l’intérieur et n’est jamais dure à l’extérieur.» À cet instant, le pape lève les yeux de son texte et, l’air dépité, rectifie: «Une Église qui, au moins, cherche à être unie et fraternelle…» De fait, elle ne l’est pas. Cet été, cinq cardinaux ont fait part à François de leurs «doutes» profonds sur l’autorité même du synode.

    Un organe consultatif qui, selon eux, ne se fonde sur aucun texte juridique et n’a donc pas vocation à décider quoi que ce soit dans l’Église. Ils l’ont aussi questionné sur la bénédiction des couples homosexuels et sur l’ordination des femmes, deux points qui sont au programme des débats synodaux. Contre toute attente, le pape leur a répondu, lundi soir, sans fermer aucune porte sur ces possibles évolutions. Une réponse écrite officielle, car il ne pouvait plus cacher ces dissonances qui avaient été révélées le matin même sur le site italien diakonos.be, redoutablement bien informé.

    «Plan de manipulation»

    Ces cinq cardinaux, âgés, ont beau être minoritaires, sur les 242, ils ont du poids. Ainsi du cardinal Zen, ancien archevêque de Hongkong. Un résistant dans l’âme qui a tenu tête au régime de Pékin et qui a été condamné récemment - sans que le pape lève jamais le petit doigt pour le soutenir - parce qu’il avait fortement soutenu les manifestations de 2019 et 2020 contre l’emprisonnement du territoire de Hongkong par la Chine. Un site américain, The Pillar, vient de révéler que le cardinal Zen avait écrit à tous les évêques et cardinaux de ce synode pour dénoncer ce qu’il appelle «un plan de manipulation». Sa lettre est authentique. Il affirme que «les organisateurs du synode disent ne pas avoir d’agenda (c’est-à-dire de plan préconçu et d’objectifs à atteindre, NDLR), mais c’est vraiment une offense à notre intelligence. Chacun peut voir les conclusions qu’ils veulent atteindre.» Il cite alors en exemple la question de la bénédiction des couples homosexuels.

    «On nous dit qu’il faut nous écouter les uns les autres, mais, petit à petit, on nous fait comprendre que, puisqu’il faut s’écouter, il y a des gens qui sont exclus», c’est-à-dire «des gens qui optent pour une morale sexuelle différente de la tradition catholique», écrit-il. Il critique également ces deux sessions d’octobre en 2023 et en 2024: «Les organisateurs ont choisi d’avoir plus de temps pour mieux manœuvrer.» Et fustige la méthode de travail adoptée: la «conversation dans l’Esprit», qui ressemble à une «formule magique» pour couvrir des «surprises» de l’Esprit. Un langage synodal que l’on entend partout à Rome ces jours-ci et qu’il dénonce, car, selon lui, «c’est une manière de couvrir des résultats prédéterminés», les «organisateurs étant déjà très informés des “surprises” qu’ils attendent».

    Sur la méthode, toujours, il regrette que la forte réduction des débats en assemblée générale, au profit de travaux en petits groupes, soit «un stratagème pour éviter des débats ouverts et contradictoires». Qui, eux, étaient la marque de tous les synodes précédents, sous Paul VI, Jean-Paul II, Benoît XVI et même François au début de son pontificat.

    Lettre confidentielle

    Ce cardinal de bientôt 92 ans va jusqu’à accuser le secrétariat général du synode d’être «efficace dans l’art de la manipulation». Il demande aux participants «de ne pas obéir quand on leur demande de prier car il est ridicule de penser que l’Esprit saint attend ces prières offertes au dernier moment». Dans la tradition catholique, l’Esprit saint, l’Esprit de Dieu, est censé éclairer la conscience de celui qui prie. Enfin, le cardinal Zen critique le fait que des laïcs aient obtenu le droit de vote dans cette assemblée synodale. Ce qui, à ses yeux, «sape le synode des évêques» puisqu’ils n’ont «même pas été élus par le peuple chrétien», mais désignés.

    Ce qui «change radicalement la nature du synode que Paul VI avait voulu comme un instrument de la collégialité épiscopale, dans la suite du concile Vatican II». Aussi suggère-t-il que les votes des laïcs et des évêques soient «séparés». Il demande aux évêques et cardinaux participants de prendre leur responsabilité car «accepter des procédures irraisonnables conduira à l’échec du synode». À la fin d’une telle charge, le cardinal Zen demande que sa lettre reste strictement confidentielle. Mais, conscient du risque de fuite, il conclut: «Vieux comme je suis, je n’ai rien à perdre ni à gagner. Je serai heureux d’avoir fait ce que je considère comme un devoir.»

    «Rejeter l’esprit de division et de conflit»

    Dès lors, on peut comprendre le dépit du pape mercredi, même si l’opposition à ce synode est le fait d’une minorité jusque-là silencieuse. Reste que jamais un cardinal ou un évêque n’avait osé critiquer publiquement cette démarche synodale. Il n’est ainsi pas surprenant que François ait conclu son homélie de lancement du synode en appelant à «rejeter l’esprit de division et de conflit». Car, a-t-il insisté, «le Seigneur ne se décourage pas au milieu des vagues parfois agitées de notre temps, il ne cherche pas d’échappatoires idéologiques, ne se barricade pas derrière des convictions acquises, ne cède pas aux solutions faciles, ne se laisse pas dicter son agenda par le monde».

    Aussi, de relancer ce qu’il attend de l’Église dans une «époque complexe»: «Jésus nous invite à être une Église hospitalière, qui n’impose pas de fardeaux». Et de mettre en garde contre les «tentations dangereuses »:«être une Église rigide, qui s’arme contre le monde et regarde en arrière, être une Église tiède qui se soumet aux modes du monde, être une Église fatiguée, repliée sur elle-même». Une nouvelle fois, il a martelé que «le synode n’est pas un rassemblement politique mais une convocation dans l’Esprit, non pas un Parlement polarisé mais un lieu de grâce et de communion», loin de «nos négativités». Dans l’adversité, a conclu le pape, le Christ «ne se laisse pas abattre par la tristesse», pourtant visible sur le visage du pontife romain. «Il n’est pas amer», il ne se laisse pas «emprisonner par la déception», «il est capable de voir au-delà, il reste serein dans la tempête». Elle pourrait pourtant souffler fort.