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Synode - Page 7

  • A quoi bon la synodalité puisque le pape fait tout lui-même ?

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    De Sandro Magister sur Settimo Cielo (traduction Diakonos.be) :

    Soi-disant synodalité, puisque que le Pape François fait tout lui-même

    En fin de compte, le synode d’octobre qui était censé être le couronnement de l’œuvre ambitieuse du Pape François entamée en 2021 finira par discuter seulement… de synodalité. Un mois entier de discours de la méthode. Parce que c’est le Saint-Siège, pour ne pas dire le Pape, qui s’est saisi de toutes « les thématiques de grande importance » qui étaient ressorties de la précédente session. Ce dernier a, de son côté, mis sur pied une dizaine de « groupes d’étude » qui seront chargés de réexaminer par le menu les « questions doctrinales, pastorales et éthiques controversées » pour en remettre les premiers résultats en juin 2025.

    Mais ce n’est pas tout. Parce que dans les faits, le Pape François fait tout lui-même. Il suffit de prêtre attention à la coïncidence temporelle qui, le même jour, le 18 décembre dernier, a vu sortir à la fois le document qui a muselé la prochaine session synodale et la déclaration « Fiducia supplicans » qui a tranché par une décision solitaire venue d’en-haut la sempiternelle controverse pour ou contre la bénédiction des couples homosexuels, l’autorisant en dépit de l’opposition vigoureuse d’épiscopats continentaux entiers et la critique frontale de l’ensemble des Églises orthodoxes et orientales.

    Les « questions controversées » dont le Pape s’est saisi sont grosso modo les mêmes que celles sur lesquelles le « chemin synodal » de l’Église catholique d’Allemagne s’est engagé ces dernières années : prêtres mariés, nouvelle morale sexuelle, ordination sacrée des femmes. Depuis Rome, le Pape François est parvenu à grand-peine à empêcher le synode Allemand de prendre des décisions susceptibles de provoquer un schisme. Mais dans le même temps, il a laissé dans toute l’Église cohabiter des opinions opposées, des opinions qui se traduisent bien souvent en actes. Quant à lui, il se contente de descendre de temps à autre dans l’arène pour trancher l’une ou l’autre question par des gestes ou des déclarations expéditives mais jamais concluantes, qui enflamment davantage la controverse plutôt que de l’apaiser.

    Ces dernières semaines, le Pape s’est exprimé publiquement sur au moins trois questions. Sans en résoudre aucune mais, au contraire, en les compliquant davantage.

    *

    La première question est une sorte de coda à la polémique sur la bénédiction des couples homosexuels. Dans une interview à Norah O’Donnell de la chaîne américaine CBS, le Pape François a déclaré que « la bénédiction est pour tout le monde », pas des couples mais bien des personnes parce que « ce que j’ai permis ce n’était pas de bénir l’union ».

    Certains ont vu dans ces déclarations du Pape une correction restrictive de « Fiducia supplicans ». Mais d’autres n’y ont vu qu’un simple artifice rhétorique. Ce qui dans tous les cas ne change rien à la pratique actuelle où l’on bénit déjà, ensemble, deux homosexuels qui célèbrent leur union, certains qu’à Rome personne ne les rappellera à l’ordre pour leur enjoindre de les bénir séparément, l’un après l’autre.

    *

    La seconde question est celle de l’admission des homosexuels au sacerdoce.

    Sur ce point précis, le Saint-Siège avait pris position en 2005, dans une instruction de la Congrégation pour l’éducation catholique qui imposait de ne pas admettre dans les séminaires ceux qui « pratiquent l’homosexualité, présentent des tendances homosexuelles profondément enracinées ou soutiennent la soi-disant culture gay ».

    La seule exception autorisée concernant les « tendances homosexuelles n’étant que l’expression d’un problème transitoire » qui devaient cependant « être clairement dépassées au moins trois ans avant l’ordination ».

    Et dans les faits, au cours des années qui ont suivi, la pratique s’est répandue en de nombreux endroit d’exclure des ordres sacrés ceux qui pratiquaient l’homosexualité ou soutenaient l’idéologie « gender » et d’admettre en revanche ceux qui, bien qu’ils aient une « orientation homosexuelle » ne la mettaient pas en pratique avec des personnes de même sexe et s’engageaient à rester fidèles à la chasteté du sacerdoce, à l’instar des candidats hétérosexuels.

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  • Le cardinal Hollerich et le synode qui devait inévitablement advenir

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    D'Ed. Condon sur The Pillar :

    Le cardinal Hollerich et le synode qui devait inévitablement advenir

    17 mai 2024

    Le rapporteur général du synode mondial sur la synodalité, le cardinal Jean Claude Hollerich, a soutenu cette semaine les progrès progressifs et « avec tact » vers l'ordination des femmes à la prêtrise.

    Le cardinal, qui est également archevêque de Luxembourg, a été nommé par le pape François pour superviser la collecte et la synthèse des discussions et des réponses au cours du processus synodal pluriannuel, qui doit se réunir à nouveau à Rome en octobre.

    L'appel de Mgr Hollerich à une discussion « patiente » sur l'ordination sacramentelle des femmes va à l'encontre de l'affirmation de François selon laquelle de telles ordinations sont impossibles et que le synode ne devrait pas être considéré comme un lieu de débat sur les changements doctrinaux.

    Mais si Hollerich est autorisé à poursuivre son rôle sans être corrigé, beaucoup pourraient remettre en question l'intégrité de l'ensemble du processus synodal - et même la sincérité du pape quant à ses intentions à cet égard.

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    S'adressant au portail officiel de la conférence épiscopale suisse le 17 mai, le cardinal luxembourgeois a déclaré que la campagne pour l'ordination sacramentelle des femmes devait faire preuve de « tact et de patience » s'ils voulaient voir de « vraies solutions ».

    « Si vous attaquez trop, vous n'obtiendrez pas grand-chose », a averti l'homme chargé de rassembler et de synthétiser les conclusions du processus synodal. « Il faut être prudent, faire un pas après l'autre, et alors on pourra peut-être aller très loin ».

    Selon le portail des évêques suisses, l'enseignement sur l'ordination sacramentelle réservée aux seuls hommes « n'est pas une doctrine infaillible », et le cardinal a semblé être d'accord, déclarant : « Cela peut être changé. Il faut des arguments et du temps.

    L'argument principal de Mgr Hollerich était, en résumé, que l'Eglise dans son ensemble n'était pas prête à accepter les femmes prêtres pour le moment, et qu'il fallait s'engager dans une argumentation à long terme en faveur du changement, et qu'en essayant d'en faire trop, trop tôt, on risquait de galvaniser l'opposition. « Nous devons faire très attention à ne pas provoquer un énorme retour de bâton », a-t-il déclaré.

    Pour ceux qui ont travaillé pour qu'un processus synodal authentique produise des fruits spirituels réels - et qui se sont efforcés de combattre les dénonciations cyniques et souvent stridentes du synode comme cheval de Troie doctrinal - les commentaires de Mgr Hollerich seront probablement comme un seau d'eau froide.

    Contrairement à ce qu'affirme Mgr Hollerich, l'enseignement de l'Église sur l'impossibilité sacramentelle de l'ordination des femmes ne peut être modifié. Il a été défini par les papes successifs, y compris François - plus d'une fois - comme étant au-delà de l'autorité de l'Église.

    Et, contrairement à l'appel de Mgr Hollerich en faveur d'un plus grand engagement synodal sur le sujet, en vue de gains à long terme, le pape François a déclaré à plusieurs reprises que le synode n'était pas destiné à débattre de la doctrine.

    Malgré l'enseignement de l'Église, l'affirmation des papes (au pluriel) sur l'immuabilité de cet enseignement et l'insistance du pape (au singulier) sur le fait que ce genre de choses n'a pas sa place dans le synode convoqué sous son autorité, le cardinal Hollerich a déclaré aujourd'hui qu'il était important de continuer malgré tout - bien que de manière synodale afin de ne pas provoquer « une tempête sur d'autres continents ».

    Que doivent donc penser les catholiques du rejet par le cardinal Hollerich de l'enseignement de l'Église et de l'autorité papale, et de son encouragement aux autres à faire de même (mais avec « patience et tact » pour ne pas contrarier les Africains, bien sûr) ?

    Il est très probable que de nombreux catholiques, y compris des évêques - dont des délégués synodaux - seront indignés. Peut-être à juste titre 

    Comment, se demanderont-ils probablement, un cardinal ou l'Église peuvent-ils rejeter un enseignement de l'Église « considéré comme définitif par tous les fidèles de l'Église » et rester en poste en tant qu'évêque diocésain ?

    Et comment le rapporteur général du synode peut-il encourager ouvertement l'orientation du synode vers la mise en œuvre d'un moyen et d'une fin que le pape a déclarés contraires à ses souhaits ?

    Il se peut qu'il n'y ait pas de réponse facile à l'une ou l'autre de ces questions. 

    Le pape François s'est montré plus disposé que tout autre pape depuis des décennies, voire des siècles, à déposer des évêques de sa propre autorité lorsqu'il juge que leur ministère est devenu inefficace ou qu'il a provoqué un scandale. L'inaction papale continue sur les remarques de Hollerich invitera maintenant à la conclusion que François n'a tout simplement pas conclu que Hollerich est soit inefficace, soit scandaleux.

    Il en résultera que ceux qui, dans l'Église, ne peuvent accepter qu'il puisse jamais faire ce qu'il « n'a aucune autorité pour faire » verront le synode comme ce que Hollerich croit clairement qu'il est et ce que le pape François a insisté sur le fait qu'il n'est pas : un parlement pour voter et abroger la doctrine.

    Tant que Hollerich restera en poste, beaucoup de ces mêmes catholiques auront du mal à croire qui que ce soit, même et peut-être surtout le pape François, lorsqu'ils diront que ce n'est pas ce que le synode est, ou qu'il est censé réaliser.

    Et comme toutes les parties savent maintenant clairement comment le rapporteur général voit le synode, on peut raisonnablement s'attendre à ce que les délégués se comportent en conséquence lorsque l'assemblée synodale se réunira à nouveau en octobre. 

    La discussion sera probablement amère. Elle sera probablement source de division. Elle risque de semer la confusion dans l'Église et de nuire au bien des âmes.

    Ce ne sera pas le synode que le pape François a déclaré vouloir, mais étant donné qu'il a confié le processus à un cardinal qui croit que l'Église peut, doit et finira par tenter l'impossible sacramentellement, c'est probablement aussi le synode qu'il devait inévitablement obtenir.

  • Les positions "progressistes" que "l'Eglise de Belgique" défendra lors du prochain synode

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    On peut s'interroger sur ce qu'est cette "Eglise de Belgique" censée inclure tous les catholiques du pays et sur son fonctionnement. Quelle est la véritable légitimité des organes qui prétendent exprimer les attentes des fidèles belges ? Et dans quelle mesure ceux-ci se sentent-ils concernés par les délibérations du synode ? L'Eglise réelle, celle des braves paroissiens dociles et résignés qui malgré tout fréquentent encore les églises, est bien éloignée de ces fantaisies doctrinales que veulent promouvoir les apparatchiks progressistes...  

    De cathobel.be (Clément Laloyaux) : 

    Diaconat des femmes, ordination d’hommes mariés, décentralisation… Voici les points que l’Eglise de Belgique ira défendre au synode

    17 mai 2024

    Confrontée à de nombreux défis et désireuse d'emboîter le pas de la synodalité, l'Eglise de Belgique a elle aussi mené sa propre introspection. Plusieurs centaines d'acteurs du paysage catholique belge (diocèses, UP...) ont ainsi été consultés autour d'une même question : "Comment développer une nouvelle dynamique missionnaire ?"

    Une démarche participative en vue d'une Eglise participative

    Pour bien saisir la démarche entreprise par les instances ecclésiastiques belges, remontons un peu dans le temps.

    Octobre 2023 : Le synode débouche sur un rapport de synthèse aux idées novatrices

    Le 28 octobre 2023, les 344 membres de l'Assemblée Générale du Synode, dont des laïcs hommes et femmes, votent un rapport de synthèse compilant les points de convergence et de divergence qui ont émergé lors des quatre semaines de travaux. Le texte, qui doit servir de feuille de route jusqu’à la session finale du Synode prévue en octobre 2024, propose des pistes pour rendre l’Église catholique plus participative et avance des propositions novatrices sur des sujets sensibles comme le diaconat féminin, la gouvernance dans l’Église, une participation accrue des laïcs...

    Alors confrontée à des défis qui touchent à la fois le pays (débat sociétal autour des abus...) et l'Europe occidentale (baisse de prêtres et religieux, méfiance à l'égard des institutions religieuses...), l'Eglise de Belgique voit dans cette réflexion sur la synodalité un bon moment pour relever le défi "fondamental" de la gestion du pouvoir.

    Janvier 2024 : Les évêques de Belgique dressent trois axes prioritaires en vue de l'Eglise de demain

    Une question est sur toutes les lèvres : Comment promouvoir une Église plus synodale, travaillant sur la prise de décision participative, pour relever les défis de la mission et des abus ? La Conférence des Évêques de Belgique décide de se réunir en janvier 2024 avec les membres belges du synode pour discuter ensemble du rapport de synthèse voté quelques mois auparavant. Les évêques de Belgique formulent alors trois priorités "à discuter au niveau de l'Église universelle". Trois axes prioritaires qui orientent l'Église vers une réflexion profonde sur sa mission, ses traditions et son organisation interne.

    1. Une Église missionnaire en dialogue avec le monde
    2. Une compréhension dynamique de la Tradition
    3. Unité dans la diversité et responsabilité

    Février 2024 : Lancement d'un processus de consultation à échelle nationale

    Ces pistes de réflexion, et leurs implications concrètes, sont reprises dans un projet de texte qui, comme les évêques l'annoncent à l'époque, sera soumis à divers groupes et organes de l'Eglise belge pour consultation.

    Et c'est exactement ce qu'il s'est passé ! Dès la publication du texte en février 2024, les différents organes consultatifs diocésains et interdiocésains ont l'occasion d’y réfléchir et d'envoyer leurs avis. Certains diocèses ont même proposé à leurs Unités Pastorales (regroupement de paroisses) d’en discuter ; d'autres, compte tenu du temps limité, restreignent la consultation à leurs Conseils existants.

    Au total, plusieurs centaines de personnes ont été impliquées dans la consultation entre février et mai 2024.

    Et aujourd'hui, qu'est-ce qui ressort de cette vaste réflexion ?

    Le processus de consultation (au printemps 2024) a non seulement approuvé les trois priorités proposées par les évêques en vue de la session finale du Synode, mais les a également enrichies.

    Examinons de plus près le fruit de ces consultations pour voir ce que l'Église de Belgique va demander à mettre à l'ordre du jour lors du prochain Synode :

    1) Une Église missionnaire en dialogue avec le monde

    À partir des consultations, l'Église de Belgique demande "que la culture de l’écoute réciproque et discernement soit également utilisée pour entrer en dialogue en tant qu'Église avec les développements actuels dans le monde qui nous entoure. En même temps, une Église synodale doit continuer à assumer son rôle prophétique face aux nombreuses injustices existantes. Elle nous aidera à mieux comprendre les signes des temps à la lumière de l'Évangile et à témoigner avec pertinence de la Bonne Nouvelle."

    2) Une compréhension dynamique de la Tradition

    À partir des consultations, l'Église de Belgique demande "que le Synode définisse notre ou nos Tradition(s) ecclésiale(s) comme dynamique(s) et en développement constant. À partir de là, la Tradition peut être relue en dialogue avec les développements récents de la théologie, de la philosophie et des sciences. Nous espérons que les groupes d'étude établis entre-temps au niveau de l'Église universelle prendront cette idée très à cœur".

    3) Unité dans la diversité et responsabilité

    À partir des consultations, l'Église de Belgique demande "qu'un travail concret soit effectué sur la décentralisation de certaines décisions dans l'Église, ce qui permet à une légitime diversité de travailler sans renoncer à l'unité. Nous demandons une concrétisation de la "responsabilité" des évêques et autres responsables pastoraux dans une Église synodale".

  • Début des manœuvres synodales : déploiement africain pour stopper la dérive relativiste et la bénédiction des couples homosexuels

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    De Franca Giansoldati sur Il Messaggero :

    Début des manœuvres synodales : déploiement africain pour stopper la dérive relativiste et la bénédiction des couples homosexuels

    3 mai 2024

    Nous sommes à six mois de la deuxième partie du Synode sur la synodalité, et déjà se compactent ceux qui semblent déterminés à faire un mur contre un certain « relativisme » serpentant dans l'Église pour défendre l'unité de la foi et non pas tant les cultures particulières. « Lors de la prochaine session du Synode, il est vital que les évêques africains parlent au nom de l'unité de la foi et non au nom de cultures particulières ». Le catalyseur d'une vision ferme dans ses principes - c'est-à-dire déterminée à refuser la bénédiction des couples homosexuels - a été le cardinal Robert Sarah avec un discours prononcé au Cameroun qui circule depuis quelques jours au sein de plusieurs conférences épiscopales africaines, déterminées à stopper la dérive des unions de même sexe contenue dans le document rejeté par le Vatican Fiducia Supplicans, un passage qui crée encore une désorientation considérable au sein des communautés catholiques.

    Le pape François a expliqué à plusieurs reprises qu'en Afrique, ces mesures ne seront pas adoptées en raison du retard culturel, parce que « la culture ne l'accepte pas », ajoutant que l'on « bénit les personnes, pas les péchés ».

    Un autre personnage important du Collège des Cardinaux, qui a également une chance au prochain conclave, s'est aligné sur le Cardinal Sarah. Fridolin Ambongo, qui s'exprimait lors de la réunion de quatre jours des délégués africains qui représenteront l'Afrique au synode du 2 au 29 octobre à Rome, a eu des mots tranchants : « J'ai suivi très attentivement le discours du cardinal Sarah et je pense que ce qu'il a dit est vrai. Fiducia Supplicans n'est pas d'abord une question culturelle ; il aurait été préférable de l'aborder sous l'angle de la théologie, de la morale, de la Bible et du Magistère ».

    Sarah et Ambongo s'accordent à dire que même lors du dernier Synode, l'Eglise d'Afrique a défendu la dignité de l'homme et de la femme créés par Dieu, même si « sa voix a été ignorée et méprisée par ceux dont la seule obsession est de plaire aux lobbies occidentaux ».

    Le profil du cardinal Ambongo progresse parmi les futurs papabili : il a géré le blocage africain des bénédictions aux couples homosexuels.

  • « Le Christ doit revenir au centre » (cardinal Erdo)

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    De Franca Giansoldati sur Il Messaggero :

    6 mai 2024

    Les 127 cardinaux électeurs qui composent le Collège des cardinaux ne se connaissant pas tous parfaitement, depuis quelque temps, une revue française spécialisée, Cardinalis-Magazine, fait son entrée dans l'Église. Elle publie des radiographies approfondies des papables potentiels afin de faciliter leur connaissance.

    Le vieil adage selon lequel « celui qui entre pape sort cardinal » s'applique toujours, soulignant l'imprévisibilité des événements au sein de la chapelle Sixtine sur la base d'accords souvent définis dans ces moments pleins de tensions, d'attentes, de programmes et de projets pour l'Église. Le dernier cardinal à avoir fait l'objet d'une analyse approfondie est le très respecté Hongrois Peter Erdo, âgé de 71 ans. Dans le passé, il a participé au conclave qui a élu le pape Benoît XVI et à celui du pape François.

    On l'entend souvent dans les conciliabules informels : archevêque de Budapest, internationalement distingué lorsqu'il était orateur aux synodes sur la famille de 2014 et 2015, il s'est taillé une place de choix en tant que figure de dialogue tout en restant ferme sur les fondamentaux. Il est considéré comme ouvert d'esprit, très cultivé, polyglotte et pro-européen convaincu. Une figure clé de l'Église en Europe et un candidat possible à la succession le moment venu.

    Le premier sujet abordé par Mgr Erdo dans le cadre d'un vaste dialogue a été le phénomène de la déchristianisation, qui mine de manière dramatique la présence de l'Église en Occident depuis des décennies. Comme antidote, Erdo souhaiterait un renforcement des mouvements et de la centralité de la foi.

    « S'il s'agissait d'une période de crise, de nombreuses tendances disparaîtraient rapidement, mais il semble que nous soyons confrontés à une crise à long terme. La crise est toujours synonyme de danger, mais aussi d'opportunité. Mais il est important que notre identité chrétienne catholique reste enracinée dans les choses les plus essentielles, à savoir le fait que le Christ est ressuscité, que nous croyons en Dieu, en la Trinité et en la vie éternelle. Il y a ensuite les éléments secondaires de la tradition, qui ne représentent plus la Sainte Tradition, mais seulement une coutume, une tradition peut-être à respecter, mais pas à observer au prix de notre vie. Ces éléments secondaires peuvent enrichir la religiosité, mais il faut savoir les distinguer. Et les critères, Dieu merci, sont là. Car la Sainte Écriture et les documents authentiques du Magistère ou de la Sainte Tradition sont également présents, sous une forme actualisée, dans le Catéchisme de l'Église catholique, qui est un document providentiel", explique-t-il.

    En ce qui concerne le risque de schisme en Allemagne causé par les poussées ultra-progressistes d'une grande partie de l'épiscopat, Erdo est prudent. Comme beaucoup d'autres, je constate - y compris lors des derniers synodes - qu'une sorte d'« alternative » est en train d'émerger dans l'Église. Certains pensent que le christianisme est presque une religion naturelle, que sur la base de la bonne volonté et de l'ouverture intellectuelle, il peut suivre les besoins des gens dans la société d'aujourd'hui et chercher des solutions qui semblent raisonnables, et si elles ont un lien avec la Bible, c'est encore mieux. Mais il s'agit d'inventer des solutions et des réponses avec une logique humaine ». Puis il répète : « Nous sommes plutôt des disciples du Christ. (...) La voix de Jésus, le fondement de l'Eucharistie, le Notre Père et d'autres choses qui ont été conservées sont précisément le contenu de son enseignement. Nous avons un trésor et nous ne sommes pas condamnés à affronter les problèmes de notre temps les mains vides (...) Alors des catastrophes peuvent toujours se produire ».

    Enfin, la géopolitique n'est pas en reste. « La diplomatie vaticane n'est qu'un des instruments à sa disposition, mais elle peut être d'une grande aide, surtout lorsqu'une communauté catholique se trouve dans une situation d'oppression, de persécution (...) Il est certain que le Saint-Siège peut encore aider au développement, à la stabilisation, à la résolution des problèmes humanitaires dans n'importe quel pays, dans la mesure où l'Eglise catholique a la possibilité de développer son activité. En Hongrie, pendant le communisme, nous avons fait l'expérience qu'il est vital pour l'Église que les catholiques sachent qui est leur évêque, qu'ils aient des Églises locales, des évêques consacrés nommés par le Saint-Siège, et qu'ils ne dépendent pas seulement des forces de la société dans laquelle ils vivent ». 

  • Kasper : le retour ?

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    D'Aldo Maria Valli sur son blog (traduction de "Benoît et moi") :

    Pape, cardinaux et décentralisation dans l’Eglise.

    Kasper le progressiste redescend sur le terrain

    Le 10 avril, l’abbaye Saint-Pierre de Salzbourg – le plus ancien monastère bénédictin du monde germanophone – était remplie de spectateurs venus écouter la conférence introductive donnée par un invité de marque dans le cadre du symposium  » Cardinaux et bénédictins« .

    Le cardinal Walter Kasper, défenseur d’une ligne progressiste dans l’interprétation du Concile Vatican II – et qui était autrefois en désaccord avec le cardinal Joseph Ratzinger pour cette raison – a intitulé son discours Les cardinaux au service de l’Église et de la papauté.

    Le cardinal, qui a joué un rôle de premier plan lors des deux derniers conclaves mais qui est aujourd’hui privé de ses droits en raison de son âge, reste une voix écoutée par le pontife actuel. Selon lui, le synode sur la synodalité sera l’occasion de ramener les cardinaux à leur vraie place.

    L’ex-évêque de Rottenburg-Stuttgart estime que, dans le cadre du synode, le pape François a lancé un grand mouvement de décentralisation de l’Église : il faudrait maintenant faire un nouveau pas vers la réforme du collège des cardinaux, dans le sens d’un prétendu retour aux sources.

    Dans cette perspective, les cardinaux se verraient attribuer une nouvelle prérogative : celle de présider les conciles pléniers dans les régions dont ils sont originaires, afin d’établir une sorte de système bicaméral dans le gouvernement de l’Église, composé du synode des évêques et du Conseil des cardinaux. Du jamais vu dans l’histoire de l’Église.

    D’abord ancrée dans la liturgie, la fonction cardinalice se serait, selon l’ancien professeur de l’université de Tübingen, « politisée » pour devenir le jouet des grandes familles romaines jusqu’à participer au déclin de la Rome décadente de la fin du Moyen-Âge.

    À l’époque moderne, la fonction de cardinal se serait alors réduite à exercer le rôle d’un fonctionnaire de la Curie romaine, avant la grande « redécouverte » de cette vénérable institution lors du Concile Vatican II, qui constitue toujours, selon Kasper, l’alpha et l’oméga de l’Église.

    Les spécialistes s’accordent à voir l’origine lointaine des cardinaux dans le presbyterium, une assemblée de prêtres et de diacres qui assistaient et conseillaient l’évêque dans la conduite de son troupeau. Saint Ignace d’Antioche le décrit comme « le sénat de l’évêque », auquel les fidèles devaient du respect parce qu’il représentait l’évêque, tout en étant en dessous de lui.

    L’évêque de Rome était également entouré d’un presbyterium. Mais « de la similitude d’origine et du fait que le nom de cardinal était commun au haut clergé de Rome et au haut clergé des autres évêchés, on aurait tort de conclure », précise le Dictionnaire de théologie catholique, « que ce nom répondait dans les deux cas à des prérogatives identiques ».

    « Le titre de pape était autrefois donné indistinctement à tous les évêques et il n’est venu à l’idée d’aucun catholique de les mettre tous, pour cette raison, au même rang. Il en va de même pour le nom de cardinal : il était à l’origine générique et n’impliquait en lui-même aucun rôle spécifique ; aucun degré uniforme de pouvoir ; sa valeur exacte était déterminée selon les circonstances. »

    « Les cardinaux d’un diocèse donné autre que celui de Rome ne pouvaient jamais recevoir de leur évêque, pour le partager avec lui, d’autre pouvoir que celui contenu dans les limites de ce diocèse ; mais les dignitaires associés par le Souverain Pontife à l’administration des affaires qui le concernent acquéraient nécessairement un pouvoir et une influence qui s’étendaient à toute l’Église. »

    Ces lignes autorisées suffisent à remettre en cause le bien-fondé historique du « bicamérisme » défendu par le cardinal Kasper, qui reviendrait à diluer davantage l’autorité du Pontife romain.

    « Nous espérons garder François encore quelques années et que ses successeurs achèveront ses réformes », a déclaré le cardinal Kasper.

    Le progressisme est encore loin d’avoir gagné et lors du prochain conclave, sous la grâce bienveillante de l’Esprit Saint, toutes les possibilités sont ouvertes.

    Source : katholisch.de

  • L'impossible débat synodal sur les diaconesses

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    D'Ed. Condon sur The Pillar :

    L'impossible débat synodal sur les diaconesses

    25 avril 2024

    Un responsable du synode du Vatican a de nouveau évoqué cette semaine la possibilité d'introduire des femmes diacres dans l'Église dans une interview accordée à un journal catholique allemand. 

    Dans une interview accordée à la publication allemande Die Tagespost, la sous-secrétaire du synode, Sœur Nathalie Becquart, a déclaré que l'introduction de femmes diacres sur une base régionale était "une possibilité" à la suite du processus synodal.

    Depuis sa nomination au secrétariat permanent à Rome en 2021, la religieuse s'est imposée comme une sorte de booster itinérant du processus synodal mondial. 

    Dans son interview, publiée en avant-première le 24 avril, elle souligne que la question des femmes diacres reste un point de discorde, qui n'a pas pu faire l'objet d'un consensus lors des assemblées synodales d'octobre. 

    Au lieu de cela, a-t-elle déclaré au journal, "le synode pourrait mettre l'accent sur cette diversité en poursuivant la décentralisation", et elle a cité le rétablissement du diaconat permanent à la suite du concile Vatican II, qui a été laissé à l'appréciation des conférences épiscopales pour qu'elles le mettent en œuvre, ou non, selon leur convenance.

    Bien qu'elle n'ait pas personnellement soutenu l'institution de femmes diacres, les commentaires de Becquart sont susceptibles de susciter une controverse alimentant les attentes quant à la possibilité même d'une telle évolution, étant donné qu'il semble y avoir peu de consensus parmi les participants synodaux ou les défenseurs d'un diaconat féminin plus largement, sur ce que serait exactement une femme diacre.

    Ce manque d'accord sur ce que pourrait être une "diaconesse" pourrait s'avérer être un obstacle plus important à leur introduction que l'opposition générale à la notion d'un diaconat féminin.

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    La question des femmes diacres est débattue dans l'Église depuis plus d'une décennie, souvent dans le contexte des réunions du synode des évêques à Rome, au milieu de discussions plus larges sur la manière d'ouvrir de nouveaux rôles et de nouvelles voies de leadership pour les femmes dans l'Église.

    Pour beaucoup, y compris d'éminents dirigeants de l'Église dans la "voie synodale" controversée d'Allemagne, l'ordination sacramentelle complète des femmes est une ambition déclarée - souvent présentée comme une exigence - pour la "modernisation" de l'Église au cours du troisième millénaire.

    À cette fin, l'avancement de l'ordination diaconale féminine est souvent considéré comme une première étape nécessaire vers l'ordination sacerdotale féminine mais, comme Becquart l'a souligné dans son interview, le pape François a clairement déclaré qu'elle n'était pas possible dans l'enseignement de l'Église, même s'il est apparemment disposé à écouter le cas des "diaconesses", pour lesquelles il y avait un certain précédent dans l'Église ancienne.

    En 2016, François a mis en place une commission au sein de la Congrégation pour la doctrine de la foi pour examiner le rôle historique des "diaconesses" dans l'Église primitive. Bien que cette commission n'ait pas rendu de conclusions définitives, François lui-même a noté que le rôle historique n'était pas apparenté à l'ordination sacramentelle et était plus proche du rôle d'une abbesse dans de nombreux cas.

    La question a refait surface lors du Synode sur l'Amazonie, le document synodal final demandant que la question soit réexaminée, ce que le pape a accepté de faire.

    Entre-temps, l'Église a déclaré à plusieurs reprises que le fait de réserver l'ordination sacerdotale aux seuls hommes est une fonction de la loi divine et que l'Église n'a pas le pouvoir de la modifier ou de s'en écarter. 

    Mais la question de savoir s'il existe une marge de manœuvre théologique ou doctrinale entre l'ordination de femmes prêtres et diacres reste au centre du débat actuel. 

    Certains théologiens et évêques ont fait valoir que, puisque les diacres n'ont pas le pouvoir du ministère sacramentel au-delà de ceux qui sont communs à tous les fidèles, conférer l'ordination diaconale aux femmes ne remettrait pas directement en cause l'enseignement sur la réservation de l'ordination sacerdotale aux seuls hommes.

    Cependant, d'autres théologiens ont souligné que l'Église reconnaît et enseigne qu'il n'y a qu'un seul sacrement de l'ordre, commun aux diacres, aux prêtres et aux évêques, chaque classe d'ecclésiastiques recevant une plénitude d'ordres croissante. L'enseignement de l'Église qui exclut les femmes de l'ordination sacramentelle, affirment-ils, s'applique aux trois grades puisque la nature essentielle du sacrement ne peut être divisée.

    François lui-même a souligné, pas plus tard qu'en octobre dernier, que l'enseignement immuable de l'Église sur l'ordination masculine concerne le sacrement unifié des "ordres sacrés", plutôt qu'une compréhension plus étroite de "l'ordination sacerdotale", et il a précédemment resserré le langage canonique pour refléter cette compréhension.

    En 2021, le pape a promulgué une version révisée du livre VI du Code de droit canonique, le code pénal universel de l'Église. Dans le cadre de cette révision, une nouvelle version du canon 1379 a été publiée.

    La formulation précédente de la loi prévoyait la peine d'excommunication pour "une personne qui simule l'administration d'un sacrement", alors que la nouvelle version excommuniait spécifiquement "à la fois une personne qui tente de conférer un ordre sacré à une femme, et la femme qui tente de recevoir l'ordre sacré". 

    Cette formulation a été considérée par de nombreux canonistes comme un renforcement important à la fois de la discipline d'interdiction de l'ordination diaconale féminine et de la théologie de la nature unifiée des ordres sacrés, puisqu'elle reconnaissait la nature " simulée " d'une telle tentative d'ordination à n'importe quel niveau, ce qui signifie qu'elle serait invalide de par sa nature, et pas seulement un acte illicite comme ce serait le cas d'une consécration irrégulière d'un homme en tant qu'évêque, par exemple.

    Néanmoins, les partisans des femmes diacres continuent d'utiliser le langage de l'"ordination" dans leurs pressions sur la question, y compris dans le processus synodal mondial - et même de lier explicitement ces discussions à la perspective de l'ordination sacerdotale des femmes.

    Dans son interview avec Tagespost, Becquart semble faire une référence similaire à une division des rangs des ordres sacrés. 

    Selon le journal, alors que Sœur Nathalie Becquart a déclaré que le pape François n'était pas disposé ou pas en mesure d'introduire des femmes diacres à l'heure actuelle en raison de préoccupations pour l'unité de l'Église; le pape n'est "pas ouvert à l'ouverture de l'ordination sacerdotale aux femmes" pour des raisons sacramentelles.

    Pourtant, alors que les théologiens, les cardinaux et les activistes continuent de débattre pour ou contre l'impossibilité de l'ordination diaconale sacramentelle pour les femmes, peu de conversations ou de réflexions ont été menées pour explorer les autres modèles de "diaconesses" qui seraient possibles en accord avec l'enseignement de l'Église et en s'appuyant sur des exemples anciens.

    Au lieu de cela, la discussion actuelle sur les femmes diacres, tant de la part de ceux qui y sont prudemment opposés que de ceux qui y sont farouchement favorables, reste bloquée au niveau du débat sur l'impossibilité sacramentelle. 

    Lorsqu'on les presse, toutes les parties concèdent que d'autres modèles de diaconesses non sacramentelles pourraient être envisagés. Mais, jusqu'à présent, aucune des deux parties au débat ne semble intéressée à développer les aspects pratiques de ces possibilités. 

    Jusqu'à ce qu'ils le fassent, les appels synodaux ou les recommandations pour que les Églises locales aient la latitude d'instituer des diaconesses - comme le suggère Becquart - semblent avoir peu de chances de figurer dans un document synodal final, et encore moins de trouver la faveur du Pape.

  • Le cardinal Brandmüller ne mâche pas ses mots

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    De FSSPX Actualités :

    Cardinal Brandmüller : « Des oasis dans le désert »

    11 avril 2024

    Le cardinal Walter Brandmüller, qui a fêté ses 95 ans au début de l’année, a publié un article sur le site de langue allemande Kath.net, dans lequel il ne mâche pas ses mots contre l’Eglise d’Allemagne – ce qui n’est pas la première fois – mais il développe une réflexion sur la conduite à tenir dans la situation actuelle, qui se tourne assez franchement vers la tradition.

    Le cardinal Brandmüller, qui a signé les deux lettres de dubia adressées au pape François, en 2016 et en 2023, a repris la plume pour déplorer l’état de l’Eglise et pour proposer des solutions aux prêtres et aux fidèles dans la situation de crise actuelle.

    Un constat désabusé sur le résultat du Chemin synodal

    Il note que « comme on pouvait s’y attendre, la “voie synodale” est depuis longtemps en train de se perdre dans l’inconnu ». Le bilan : des millions d’euros d’impôts ecclésiastiques dépensés et « la discorde sur des questions centrales de foi et de morale », même parmi les évêques, qui permettent de parler d’hérésie et de schisme.

    L’état du catholicisme en Allemagne est « une apostasie de masse ». Quant aux séminaires, quand ils ne sont pas fermés, ils sont presque vides. « Mais, constate le cardinal, les lieux de formation de certaines communautés – comme la Fraternité Saint-Pierre, l’Institut du Christ-Roi, la Communauté Saint-Martin, le couvent Heiligenkreuz – (…) jouissent d’une vie active et croissante. »

    Une période de chrétienté révolue

    Le cardinal historien rappelle que « la doctrine sociale catholique a été à la base de la reconstruction et du développement de la République fédérale d’Allemagne sous Konrad Adenauer ». Mais avec le succès du miracle économique allemand « les nuages de plus en plus épais de l’esprit matérialiste de l’époque ont commencé à bloquer la vue du ciel ».

    La vague de biens terrestres « a submergé le pays ». Il en est résulté « une société postchrétienne et athée, dans laquelle le christianisme, l’Eglise, n’a plus qu’une existence de niche. Elle est ignorée, méprisée, combattue. » Ainsi « dans la plupart des régions d’Allemagne, l’Eglise a dû troquer son ancienne place dans la tribune d’honneur contre le banc des accusés ».

    Une société dénaturée et apostate devant laquelle il faut réagir

    Le constat note encore que « la législation récente a fixé des normes dans le domaine du mariage, de la famille et de la santé, qui se moquent de la morale chrétienne et de la doctrine sociale, voire de l’anthropologie développée depuis l’Antiquité classique ». Ainsi « presque toutes les perversions imaginables, de la fécondation in vitro à l’euthanasie et au suicide assisté, ont été admises ».

    Il faut donc réagir : « le chrétien, le catholique doit trouver, créer des oasis dans ce désert humain, culturel, où il peut encore respirer librement et survivre ». Cela nécessitera de passer d’une « Eglise fortement présente à une Eglise de petites communautés ». Cette évolution, pour le cardinal, est inéluctable.

    Redonner sa place au prêtre…

    Pour accomplir cette évolution, le cardinal réclame « une accentuation plus décisive de l’image que les prêtres ont d’eux-mêmes ». Pour décrire cette image, le prélat fait appel à « l’ancien rite d’ordination » qui énumérait les devoirs du prêtre : « offrir le saint sacrifice, bénir, diriger la communauté, prêcher et baptiser ».

    Et il ajoute qu’il « n’est pas fait mention de la gestion du ministère paroissial, des comités ou de la gestion des biens et des institutions sociales ou d’autres “œuvres” ». Il note enfin que « cette liste d’obligations date du Moyen-Age, mais elle contient précisément les activités pour lesquelles le prêtre est aujourd’hui ordonné, comme il l’a toujours été ».

    Il enfonce nettement le clou : « le catholicisme de comité et de réunion, qui a fleuri depuis Vatican II, est de toute façon devenu un modèle en voie de disparition, sur lequel personne ou presque – à l’exception des “fonctionnaires” du Comité central – ne versera une larme ».

    Aussi, « cette distinction, qui ne réserve au prêtre que le “praeesse” – la présidence – la direction de la communauté, devrait être faite pour permettre au prêtre d’être libre d’accomplir sa véritable mission : la prédication, la liturgie, l’administration des sacrements et la pastorale ». Autrement dit, tout ce dont les novateurs veulent le dépouiller.

    … et aux laïcs la leur

    Quant aux laïcs, explique le cardinal Brandmüller, « tout comme les prêtres, ils répondent à une vocation propre. Leur domaine de responsabilité n’est pas la chaire et l’autel, mais, comme le souligne Vatican II, “le monde” dans lequel l’Eglise doit accomplir sa mission. »

    Ainsi, une saine répartition des tâches « à condition que les collaborateurs soient choisis avec soin et que la confiance mutuelle règne » permettrait au prêtre « de gagner le temps nécessaire à la préparation consciencieuse de la prédication, de la catéchèse, de l’entretien pastoral, et à sa propre vie spirituelle ».

    Le cardinal conclut sur ces mots : « des communautés vivantes, telles des îles dans la mer, pourraient offrir un havre de paix aux personnes désorientées qui dérivent sur les vagues de l’esprit du temps ».

    Quoique l’analyse cardinalice vise premièrement et principalement l’Allemagne, elle doit être étendue à tous les pays catholiques, qui subissent, peu ou prou, d’une manière ou d’une autre, cette « apostasie silencieuse » déjà dénoncée par Jean-Paul II. Le plan que le cardinal allemand envisage pour son pays, doit être réalisé dans toute la chrétienté. (...)

  • Au prochain Synode, ce sera l’Afrique qui fera barrage aux novateurs. Et le cardinal Sarah dicte la ligne directrice

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    De Sandro Magister sur Settimo Cielo (Diakonos.be) :

    Au prochain Synode, ce sera l’Afrique qui fera barrage aux novateurs. Et le cardinal Sarah dicte la ligne directrice

    (s.m.) Lors de la prochaine session du synode mondial des évêques, convoqué par le Pape François à Rome pour octobre, ce seront les évêques africains qui seront les plus résolus à faire bloc contre les innovations prônées par certains épiscopats du Nord : diaconat féminin, prêtres mariés, nouvelle morale sexuelle. Exactement comme c’était déjà d’Afrique que provenait déjà la résistance la plus fermes contre la bénédiction des couples de même sexe, autorisée par la déclaration vaticane « Fiducia supplicans » de décembre dernier.

    La personne qui a préparé cette bataille rangée des évêques africains « en défense de la foi face aux tenants du relativisme culturel », et qui l’a même inspirée et en a dicté la ligne directrice, c’est un cardinal, africain lui aussi, Robert Sarah, critique sévère de « Fiducia supplicans ». Il est en visite au Cameroun pour une douzaine de jours (photo) et hier matin, mardi 9 avril, au siège de la Conférence épiscopale à Mvolyé, sur les collines surplombant Yaoundé, il a prononcé le discours programmatique engagé dont nous reproduisons ci-dessous les passages essentiels.

    Depuis Rome, le cercle du Pape et en particulier le cardinal argentin Victor Manuel Fernández, préfet du Dicastère pour la Doctrine de la foi et premier signataire de « Fiducia supplicans », considèrent la résistance des évêques africains à ces innovations comme l’expression d’une arriération culturelle de leur part, qui avait d’ailleurs déjà été tournée en dérision de manière fort peu élégante en 2014, à l’occasion du Synode sur la famille, par le cardinal Walter Kasper, qui était à l’époque le théologien européen avait les bonnes grâces du pape Jorge Mario Bergoglio.

    Dans les prochains jours, le cardinal Sarah se rendra en Guinée, où il est né il y a 78 ans et où il a été curé d’un village dans la savane avant de devenir évêque de Conakry, la capitale, et un défenseur acharné des libertés religieuses et civiques pendant les années de plomb d’une dictature impitoyable, allant jusqu’à risquer sa vie.

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  • De nouvelles déclarations du cardinal Grech concernant le Synode sur la synodalité suscitent la controverse

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    De Jonathan Liedl sur le National Catholic Register :

    Les commentaires controversés du cardinal Grech s'ajoutent à la liste croissante des préoccupations concernant les groupes d'étude post-synodaux

    Le cardinal maltais, qui dirige le Secrétariat du Vatican pour le Synode, a déclaré dans une interview récente qu'un diaconat féminin (non précisé s'il est ordonné ou non) ne serait pas une "révolution" mais un "approfondissement naturel de la volonté du Seigneur".

    27 mars 2024

    Si le cardinal Mario Grech occupait presque n'importe quelle autre fonction, ses récents commentaires en faveur du diaconat féminin et contre la nécessité d'une "uniformité de pensée" dans l'Église universelle ne seraient peut-être pas si significatifs.

    Après tout, lorsque les prélats émettent leurs opinions théologiques, elles sont généralement considérées comme telles - l'opinion théologique d'un chef d'Église individuel.

    Mais le cardinal Grech n'est pas un prélat ordinaire : il dirige le secrétariat du Vatican pour le synode. Une semaine avant son interview du 21 mars dans une publication suisse de langue italienne, le pape François avait chargé le cardinal maltais de mettre en place dix groupes d'étude sur des thèmes soulevés lors de l'assemblée du Synode sur la synodalité de 2023. Parmi eux : la possibilité de "l'accès des femmes au diaconat" et "le discernement partagé des questions doctrinales, pastorales et éthiques controversées" d'une manière qui accorde "une plus grande attention à la diversité des situations" dans les différentes parties du monde.

    En d'autres termes, les commentaires du cardinal ne peuvent qu'être lus dans le contexte des groupes d'étude et de la manière dont le cardinal Grech pourrait avoir l'intention de les diriger, contribuant ainsi à une liste déjà importante de préoccupations concernant l'approche.

    Dans l'interview, le cardinal Grech a déclaré qu'un diaconat féminin (sans préciser s'il serait ordonné ou non) ne serait pas une "révolution" mais un "approfondissement naturel de la volonté du Seigneur".

    Le cardinal maltais a également déclaré que la communion ecclésiale devrait prendre la forme d'une "unité des différences" plutôt que d'une "uniformité de pensée" et a décrit sa vision de l'Église comme un "arc-en-ciel", avec une plus grande flexibilité dans les approches pastorales et l'enseignement dans différents lieux.

    Le soutien apparent du cardinal Grech à une certaine forme de diaconie féminine est susceptible de renforcer les soupçons selon lesquels les groupes d'étude sont mis en place pour atteindre des résultats prédéterminés que le Synode n'a pas pu atteindre. Et son point de vue sur l'unité de l'Église, qui semble enraciné dans une compréhension contestée de la doctrine de Vatican II sur la relation entre les Églises particulières et l'Église universelle, et qui a été souligné lors de l'assemblée synodale de 2023 par des personnes telles que le prélat allemand progressiste Mgr Franz-Josef Overbeck, augmentera probablement les préoccupations concernant les engagements ecclésiologiques qui animent les groupes d'étude et la sélection de leurs membres.

    La crédibilité en jeu

    Les commentaires du cardinal Grech ne sont pas les premiers à remettre en question la crédibilité du projet en raison de l'indépendance publique des responsables synodaux. Mais ils interviennent à un moment particulièrement difficile pour le Synode sur la synodalité. Le passage à des groupes d'étude et la promotion récente par le Vatican de bénédictions non liturgiques de personnes de même sexe qui "contournent la synodalité" ont soulevé la question de savoir si l'assemblée synodale finale, qui aura lieu du 2 au 27 octobre à Rome, aura une quelconque importance.

    Avant même l'interview du fonctionnaire du Vatican, un participant au synode a souligné que des mesures devraient être prises pour garantir que les groupes d'étude soient considérés comme une partie crédible du processus synodal.

    "Beaucoup dépendra de la transparence des résultats des groupes et de la manière dont ils seront considérés comme faisant partie de la première assemblée et du document de synthèse", a déclaré au Register la philosophe australienne Renee Köhler-Ryan, qui s'est opposée avec force à la tentative d'ordination des femmes lors de l'assemblée d'octobre 2023.

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  • Le cardinal Müller dénonce l'"idéologie" synodale qui veut transformer l'Église en "ONG" (I)

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    De Michael Haynes sur LifeSiteNews :

    EXCLUSIF : Le cardinal Müller dénonce l'"idéologie" synodale qui veut transformer l'Église en "ONG".

    Le cardinal Müller a suggéré que la Voie synodale et le Synode sur la synodalité ont un "programme pour changer l'essence de l'Église en une organisation aidée par le monde intérieur".

    Le cardinal Müller interviewé par LifeSite, mars 2024.

    22 mars 2024

    L'ancien préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, le cardinal Gerhard Müller, a déclaré que les dirigeants de la Voie synodale allemande et du Synode sur la synodalité du pape François ne sont "pas intéressés par la mission de l'Église", mais qu'ils promeuvent un "agenda" visant à changer l'Église.

    Dans une interview exclusive et de grande envergure avec LifeSiteNews à Rome, le cardinal Müller a critiqué la voie synodale dans son pays natal, l'Allemagne, ainsi que le synode sur la synodalité actuellement en cours pour l'ensemble de l'Église. (Note de l'éditeur : l'intégralité de l'interview sera publiée en trois articles distincts, avec la transcription complète de chaque partie de la discussion présentée à la fin de chaque article. Les parties II et III seront publiées dans les prochains jours).

    La voie synodale allemande, entamée en 2019, a été une source de controverse depuis son lancement, les prélats et les laïcs allemands faisant pression pour des questions hétérodoxes dans le processus - telles que les bénédictions homosexuelles, les diacres féminins, les transsexuels admis à la prêtrise, et la gouvernance laïque de l'Église. Mgr Müller a régulièrement critiqué le processus, ses déclarations prenant une importance considérable en raison de sa nationalité allemande mais aussi de son statut au Vatican. 

    La voie synodale allemande et la mission de l'Église

    Lors de leur récente assemblée de printemps, les évêques allemands se sont finalement pliés aux ordres du Vatican et n'ont pas voté sur l'établissement d'un "Conseil synodal" permanent, qui aurait vu un mélange de laïcs et de clercs gouverner l'Église en Allemagne. Le Vatican a toujours exprimé ses inquiétudes au sujet du Conseil synodal, et la récente proposition des évêques allemands revêt une importance particulière. 

    S'adressant à ce journaliste, Mgr Müller a souligné l'inquiétude du Vatican à l'égard du Conseil synodal : "Le Comité synodal contredit absolument la constitution sacramentelle de l'Église catholique, [avec une] forme d'idées protestantes ou plus anglicanes où l'Église est gouvernée par le roi ou directement par un comité d'évêques, de prêtres et de laïcs".

    Le cardinal a déclaré que le gouvernement de l'Église "n'a rien à voir avec la gouvernance politique, mais est une représentation de l'œuvre pastorale de Jésus-Christ".

    Jésus, le pasteur, est le bon berger, qui conduit les gens non pas vers un but défini par nous ou un paradis terrestre, mais vers Dieu, vers la connaissance de Dieu dans cette vie, dans ce court laps de temps. Nous avons notre existence sur terre, mais nous avons la vocation pour la vie éternelle et c'est pourquoi les bons pasteurs doivent donner leur vie pour conduire tous les gens à Dieu et à la vie éternelle.

    Mgr Müller a affirmé que "derrière le Comité synodal se cache une idée erronée de ce qu'est une Église et de ce qu'est la mission de l'Église". Cela est dû au fait que les responsables de la Voie synodale considèrent "l'Église comme une réalité plus politique, idéologique, pour le progrès de l'humanité dans un paradis terrestre plus socialiste ou libéral, qui n'arrivera jamais".

    L'ancien préfet de la CDF a félicité le Vatican d'avoir empêché le Conseil synodal de voir le jour, mais il a ajouté qu'"il aurait été préférable de comprendre ce qui se passe, de ne pas vaincre le mal au dernier moment, mais dès le début".

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  • Le Vatican déclare que les femmes diacres et les questions relatives à l'homosexualité sont au programme du synode mais pas le célibat sacerdotal

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    D'Elise Ann Allen sur Crux :

    Le Vatican déclare que les femmes diacres, et non le célibat, sont au programme du synode

    15 mars 2024

    ROME - Les organisateurs du Synode des évêques sur la synodalité, organisé par le pape François, ont annoncé jeudi que dix groupes de travail différents avaient été constitués au sein de la Curie romaine pour traiter des sujets spécifiques issus de la session de l'année dernière. Ces sujets, ont-ils précisé, sont limités aux questions mentionnées dans la salle du synode et comprennent des questions brûlantes telles que l'accès des femmes au diaconat et les moyens d'accueillir la communauté LGBTQ+.

    Interrogé spécifiquement sur la question de savoir si les groupes de travail aborderaient les questions de l'homosexualité et du diaconat des femmes, Mgr Piero Coda a répondu par l'affirmative. Mgr Piero Coda, secrétaire général de la Commission théologique internationale, a déclaré que "bien sûr, ces questions sont à l'ordre du jour" et que divers documents seront inclus dans la réflexion sur ces sujets. "Si vous regardez bien la question de l'accès au diaconat, il est dit spécifiquement que c'est un sujet qui a émergé de l'assemblée synodale et qu'il s'agit de se mettre d'accord sur cette nécessité d'avoir une étude", a-t-il dit, affirmant que les résultats des deux commissions passées établies par le pape François pour examiner la question, qui n'ont pas été concluants, seront pris en compte dans l'étude actuelle.

    Toutefois, interrogé sur le fait de savoir si un groupe de travail consacré aux relations entre les Églises catholiques latine et orientale aborderait la question controversée du célibat sacerdotal obligatoire, le cardinal Mario Grech, secrétaire général du bureau du Vatican pour le Synode des évêques, a répondu par la négative. "Le sujet du célibat n'a jamais été mis sur la table pendant l'assemblée", a déclaré le cardinal Grech.

    De même, le cardinal jésuite Jean-Claude Hollerich de Luxembourg, rapporteur général du Synode sur la synodalité, a souligné l'importance de rappeler que "ces groupes d'étude ne traitent pas de tous les sujets discutés dans l'Église". "Ils ne concernent que les points qui ont été présentés par le peuple de Dieu au cours du processus synodal", a-t-il déclaré, ajoutant : "Nous ne faisons pas de politique ecclésiale, nous sommes les serviteurs de ce processus synodal". Mgr Hollerich a déclaré qu'il avait essayé et qu'il pensait avoir réussi dans le synode "à ne pas mettre mes propres contenus, mais des contenus qui viennent du peuple de Dieu". 

    Il a également été demandé aux organisateurs si un groupe de travail chargé d'examiner les "questions doctrinales, pastorales et éthiques controversées" se pencherait à nouveau sur les bénédictions pour les couples de même sexe, compte tenu de l'ampleur des réactions suscitées par la déclaration du Vatican qui les a autorisées.

    La déclaration, Fiducia Supplicans, a été publiée par le Dicastère pour la Doctrine de la Foi en décembre 2023, décrivant les méthodes de bénédiction des couples en situation irrégulière et a suscité d'énormes réactions et débats. Cependant, Mgr Hollerich a déclaré jeudi aux journalistes que pour lui, Fiducia Supplicans "est un document très important", le décrivant comme "très beau, parce qu'il signifie que Dieu aime tout le monde, même ceux qui sont dans une situation irrégulière". La bénédiction donnée est un signe de l'amour de Dieu, a-t-il dit, précisant que "c'est un document pastoral, ce n'est pas un document doctrinal" et que le synode n'a rien à voir avec lui. "Je le trouve très beau dans mon contexte pastoral, il m'aide. Je pense que ce que la Doctrine de la Foi et le Pape ont déjà décidé n'est pas une question à reprendre dans le synode", a-t-il dit, tout en précisant qu'il s'agissait de son opinion personnelle.

    Le Vatican a publié jeudi deux documents issus du Synode des évêques sur la synodalité, qui s'est ouvert en 2021 et a donné lieu à des consultations aux niveaux local, continental et universel, culminant avec la première des deux réunions d'un mois basées à Rome en octobre 2023.

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