De Jean-Marie Guénois sur le site du Figaro (via Il Sismografo) :
Inquiet par les divisions de l’Église, le pape François prône l’unité à la veille du synode
365 délégués vont échanger et débattre au Vatican tout au long des mois d'octobre 2023 et 2024 sur des sujets sensibles comme celui du diaconat féminin, de l'ordination presbytérale d'hommes mariés, de la bénédiction de couples homosexuels, du contrôle de la gestion des diocèses par les évêques notamment. Ce qui suscite autant d'enthousiasme que de troubles chez les fidèles catholiques. Et chez bon nombre de prêtres et évêques car c'est l'autorité cléricale qui est mise en cause. François est très informé de ces tourments, on le dit lui-même, préoccupé.
D'où, ce samedi matin, sur une place Saint-Pierre baignée d'une chaude lumière d'automne, la forte insistance de François sur les risques de divisions et sur l'unité de l'Église. S'adressant aux 21 nouveaux cardinaux qu'il a promus tout de rouge vêtu, lors de ce « consistoire » du nom de cette cérémonie, le pape a comparé l'Église à un orchestre jouant une symphonie avec ses différences mais dans l'unité, et surtout sous la coupe du chef d'orchestre. Lui-même en l'occurrence dans son rôle de garant.
« Le Collège Cardinalice est appelé à ressembler à un orchestre symphonique, a lancé le pontife romain, représentant la symphonie et la synodalité de l'Église. Je dis aussi “synodalité”, non seulement parce que nous sommes à la veille de la première Assemblée du Synode, qui porte précisément sur ce thème, mais aussi parce qu'il me semble que la métaphore de l'orchestre peut bien éclairer le caractère synodal de l'Église. »
Le mot « synode » vient du grec et signifie « marcher ensemble ». Il désigne une tradition de l'Église chrétienne que les orthodoxes et les protestants ont conservée, un mode de gouvernance collégial et non hiérarchique. L'Église catholique a gardé cette tradition, avec des « synodes canoniques » mais elle en a perdu l'usage. C'est le Concile dans les années 70 et le pape Paul VI qui ont voulu réhabiliter les synodes.
Jean-Paul II et Benoît XVI en ont organisé une vingtaine. François a poursuivi mais il voudrait, par ce nouveau synode, changer la méthode de décision dans l'Église pour la rendre moins hiérarchique et plus collégiale. Ce qui pose, de facto, le problème de l'unité car la voie synodale veut donner la parole à tous, de façon démocratique et décentralisée. D'où l'insistance de François, à la veille du lancement de ce synode s'adressant à ses nouveaux cardinaux : « Une symphonie vit de la composition savante des timbres des différents instruments : chacun apporte sa contribution, parfois seul, parfois uni à un autre, parfois avec tout l'ensemble. »
Certes, a-t-il ajouté à propos des différences : « La diversité est nécessaire, elle est indispensable. Mais chaque son doit concourir au dessein commun. Et pour cela, l'écoute mutuelle est fondamentale : chaque musicien doit écouter les autres. Si l'on écoutait que soi-même, aussi sublime que puisse être son propre son, cela ne servirait en rien la symphonie ; et il en serait de même si une partie de l'orchestre n'écoutait pas les autres mais jouait comme si elle était seule, comme si elle était le tout. »