Pour « Famille Chrétienne », Jean-Marie Dumont a interviewé le cardinal Jean-Pierre Ricard, archevêque de Bordeaux :
A Rome, le Consistoire extraordinaire qui réunissait à Rome quelque 150 cardinaux autour du thème de la famille vient de se terminer. Le récit du cardinal Jean-Pierre Ricard, archevêque de Bordeaux. Le Consistoire s’est ouvert jeudi matin : quelle impression gardez-vous de ces premiers moments ?
Le pape était à l’entrée de l’aula pour nous accueillir, nous serrer la main... C’est le style François ! Nous étions environ 150 cardinaux, avec à la fois des électeurs et des cardinaux de plus de 80 ans. Le pape a prononcé quelques mots d’introduction soulignant l’importance de la famille comme cellule de base de la société. Il a déclaré que la famille était aujourd’hui malmenée et qu’il fallait annoncer le message d’espérance de l’Eglise sur la famille, de façon constante, courageusement.
Les cardinaux ont ensuite pris la parole …
La première matinée a été occupée presque intégralement par une longue conférence sur la bonne nouvelle de la famille donnée par le cardinal Walter Kasper. Une conférence en deux temps, entrecoupée d’une pause café ! C’est une intervention que le pape lui avait demandée, en l’encourageant à poser des questions. C’est ce qu’il a fait, en particulier dans sa dernière partie. Le cardinal a bien rappelé qu’il ne s’agissait pas d’un document magistériel mais qu’il avait simplement pour but d’ouvrir des questions.
Pouvez-vous nous parler du contenu de cette intervention ?
Dans la première partie, plutôt classique, le cardinal a repris l’enseignement actuel du magistère sur le mariage : la famille dans l’ordre du créé ; les structures de péché au sein de la famille ; la famille dans l’ordre de la rédemption. C’était clair, précis. Un bon résumé de l’enseignement de l’Eglise. Puis sont venues deux parties plus innovantes : l’une concernait sur la famille comme Eglise domestique, comme lieu où la foi se vit, où l’on apprend à vivre en écoutant l’Evangile. Avec une dimension évangélisatrice. Je pense que creuser ces points et les expliquer pastoralement peut être d’un grand intérêt. Une autre partie concernait les divorcés remariés.
Quelles pistes de travail le cardinal Kasper a-t-il évoqué à ce sujet ?
Le cardinal a d’abord rappelé ce que dit l’Eglise, qui souligne l’impossibilité pour les chrétiens mariés à l’Eglise ayant contracté un nouveau mariage civil d’accéder à la pénitence et à la confession. Il a également proposé deux questions pouvant servir de piste de travail : faut-il simplifier les procédures de déclaration en nullité de mariage, qui sont souvent longues et complexes ; peut-on ouvrir un chemin pénitentiel pour des personnes civilement remariées qui remplissent certaines conditions, notamment : regretter l’échec de son premier mariage ; être dans une situation stable ; être dans une situation dont on ne peut pas sortir car des enfants sont nés de la 2e union ; avoir un véritable désir des sacrements, de transmettre la foi à ses enfants, de la porter aux autres ; accepter d’entrer dans un parcours d’accompagnement par l’Eglise, qui prendrait du temps. Il a précisé que cette idée ne concernerait pas la masse mais qu’elle pourrait permettre d’apporter certaines solutions à la diversité des situations.
D’autres cardinaux ont ensuite pris la parole …