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  • Scandales sexuels : les réponses du cardinal O'Malley sont-elles à la hauteur de la catastrophe ?

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    On trouvera ci-dessous (publié sur Vatican News) ce que le cardinal O'Malley propose pour répondre au scandale provoqué par l'affaire McCarrick (l'arbre qui ne doit pas cacher la forêt). Il semble malheureusement que ces déclarations visant à rassurer les fidèles ne soient pas à la hauteur de la situation catastrophique dans laquelle l'Eglise est aujourd'hui plongée par des scandales sexuels qui ne se résument pas à quelques affaires de pédophilie. Et c'est le cas dans de très nombreux pays parmi lesquels le Chili, le Honduras, les Etats-Unis occupent aujourd'hui le devant de la scène. L'Eglise a besoin d'un vaste tsunami pour la conformer en profondeur à sa véritable vocation mais qui en sera l'artisan ? 

    Abus sexuels: le cardinal O’Malley demande «plus que des excuses» aux évêques impliqués

    Il faut une «politique solide et complète» pour répondre aux accusations d'abus sexuels portées contre un évêque, a estimé le cardinal Sean O'Malley, archevêque de Boston (Etats-Unis), dans une note adressée à son diocèse et parue le 24 juillet.

    Dans sa note, le cardinal O’Malley fait, entre autres, référence à l’affaire McCarrick. Le cardinal Theodore McCarrick, archevêque émérite de Washington, a été suspendu de tout ministère public par le Pape François, le 20 juin dernier. Il est accusé d’abus sexuels sur mineurs et de comportement sexuel inapproprié avec des adultes dans les années 1970, lorsqu'il exerçait dans le diocèse de New-York. 

    Des abus qui traumatisent les catholiques

    «Ces actions présumées, si elles sont commises par une personne, sont moralement inacceptables et incompatibles avec le rôle du prêtre, de l’évêque ou du cardinal», énonce clairement le cardinal O’Malley, qui est aussi président de la Commission pontificale pour la protection des mineurs (CPPM) depuis 2014.

    Elles «ont traumatisé beaucoup de catholiques et au-delà», insiste le cardinal O’Malley, ajoutant que «pareilles nouvelles créaient des doutes dans l’esprit de nombre de personnes»vis-à-vis des membres du clergé.

    «Il faut plus que des excuses» 

    Au-delà du cas du cardinal McCarrick, ce genre de situation nécessite «plus que d’excuses», défend le cardinal-archevêque de Boston. En effet, «lorsque des accusations sont portées contre un évêque ou un cardinal, l’on constate encore beaucoup de lacunes dans les politiques de l’Église pour gérer ces comportements et abus sexuels», déplore-t-il, soulignant tout de même que l'Église américaine avait adopté une politique de «tolérance zéro» en ce qui concerne l'abus sexuel des mineurs par les prêtres. 

    Transparence et cohérence

    Néanmoins, «des procédures plus claires pour les affaires impliquant des évêques» sont requises, plaide le cardinal américain, appelant ainsi de ses vœux des «protocoles transparents et cohérents» pour garantir justice aux victimes, et surtout, «répondre à l'indignation légitime des fidèles». Ne pas le faire, prévient-il, «menacerait l’autorité morale déjà affaiblie de l’Eglise»,et pourrait détruire la confiance nécessaire aux ministères des prêtres et des évêques.

    Les victimes, elles, doivent être «félicitées» et traitées avec respect pour avoir mis en lumière leur expérience tragique, stipule enfin le cardinal américain, rappelant que ces accusations étaient naturellement «source de déception et de colère».

    Trois impératifs pour l'Église

    Par conséquent, le cardinal identifie trois impératifs. Tout d'abord, il réaffirme qu'une «évaluation juste et rapide des accusations» est nécessaire, couplée à «une évaluation de l'adéquation de nos normes, de nos politiques dans l'Eglise, et ce, à tous les niveaux, spécialement dans le cas d’évêques». Troisièmement, il est nécessaire de «communiquer plus clairement aux fidèles catholiques et à toutes les victimes» la procédure à suivre pour porter plainte contre les évêques ou les cardinaux.

    Dans ce genre de moments, «il n’y a pas de plus grand impératif pour l'Église que de se sentir responsable pour affronter ces problèmes», affirme enfin le cardinal O’Malley, promettant de mettre le sujet sur la table lors de ses futurs échanges avec le Saint-Siège.

    Faisant allusion au cardinal McCarrick, le cardinal irlandais Kevin Farrell, préfet du dicastère pour les Laïcs, la famille et la vie s’est dit, lui, «choqué» des «accusations d’abus et d’harcèlements sexuels portées contre l'archevêque émérite de Washington McCarrick»,  a rapporté le National Catholic Reporter le 24 juillet 2018.

  • Humanae Vitae ? Venez à l'abbaye de Kergonan les 4 et 5 août, avec le Cardinal Sarah !

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    JPSC

  • Crise très grave dans les séminaires du Honduras

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    Très grave crise dans les séminaires du Honduras par Jean Kinzler sur le Forum Catholique

    TEGUCIGALPA, Honduras, 26 juillet 2018 ( LifeSiteNews ) - L'un des cardinaux les plus influents du Vatican, déjà soupçonné de détourner le regard alors que les relations homosexuelles étaient menées dans sa résidence personnelle, a réprimandé cinquante séminaristes pour avoir dénoncé les problèmes de leur séminaire sous influencee homosexuelle. 

    "Au lieu de féliciter les séminaristes", a tweeté Ed Pentin (NCR), qui a révélé l'histoire, le cardinal Óscar Rodríguez Maradiaga "les a accusés de propager des" commérages "qui veulent présenter leurs camarades sous un mauvais jour".

    Les séminaristes concernés ont déclaré dans leur lettre commune qu'ils ne pouvaient plus "cacher l'ampleur de ce problème au séminaire", selon la NCR , qui a obtenu une copie de la lettre. 

    "Nous vivons et vivons une période de tension dans notre maison à cause de situations gravement immorales, surtout d'une homosexualité active au sein du séminaire qui a été un tabou pendant tout une époque", dit la lettre des jeunes hommes, "et en couvrant cette situation, le problème a pris de l'ampleur, devenant, comme l'a dit un prêtre il n'y a pas si longtemps, une «épidémie au séminaire».

    Après avoir lu le contenu de la lettre, le cardinal Maradiaga et le président de la conférence des évêques honduriens, Mgr Angel Garachana Pérez, ont fustigé les auteurs de la lettre. 

    LSN et ncr

  • Pékin : un raid contre des églises provoque la colère des fidèles

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    Du site "Eglises d'Asie" (Agence d'Information des Missions Etrangères de Paris) :

    Un raid contre des églises provoque la colère des chrétiens à Pékin

    Suite à un raid de police contre des temples protestants et une église catholique à Pékin, un groupe de congrégations protestantes a décidé d’écrire aux autorités municipales de la capitale chinoise : « Vous nous considérez comme une menace, une erreur à corriger. Mais c’est faux, nous voulons contribuer au bien-être de la nation comme tout le monde. » Les autorités avaient ordonné de dresser une liste des lieux de culte afin de fermer les églises non enregistrées.

    Les chrétiens chinois « ne sont pas une force d’opposition, une erreur à gérer ou rectifier, des cibles visées de façon délibérée ou dissimulée. C’est injuste de penser de cette façon, c’est une grossière erreur. Les églises chrétiennes, même les églises domestiques, sont animées par le désir du dialogue afin de permettre les meilleures relations possible avec le gouvernement », écrivent-ils. C’est l’appel courageux qui a été lancé par des dizaines de temples protestants, frappés par une nouvelle vague de restrictions contre la liberté religieuse. Le texte, qui a été signé par 34 lieux de culte non officiels, souligne combien les nouvelles règles sur les Affaires religieuses adoptées par le gouvernement ont sapé les droits des fidèles : « La vie habituelle des croyants a été violée et entravée, et cela a causé d’énormes dégâts émotionnels. Le sentiment patriotique qui anime les chrétiens a également été affecté, ouvrant la voie à de possibles conflits sociaux. La situation semble empirer de jour en jour. »

    Afin de dépasser cette impasse, ajoutent-ils, « Les autorités doivent respecter la liberté religieuse protégée par la Constitution chinoise. Le texte contient beaucoup de droits qui, en réalité, ne sont pas respectés par l’État à parti unique. Les Églises ont un vrai désir de dialogue ». Le Conseil d’État chinois a approuvé, en 2016, une nouvelle série de règles sur les activités religieuses considérées comme « draconiennes ». L’objectif délibéré étant d’éliminer les cultes chrétiens non enregistrés, tels que les « églises domestiques ». Les nouvelles règles, appliquées le 7 février 2016, ont interdit les prédications religieuses ou les évènements chrétiens en ligne ou dans les écoles. Les fidèles ne peuvent pas organiser de cours de catéchismes, de conférences ou autres activités similaires à l’étranger. Sur le papier, ces règles sont destinées à prévenir « le séparatisme, le terrorisme et l’infiltration de forces étrangères dans le pays ».

    Dans ce climat de tensions, ces derniers jours, le gouvernement municipal de Pékin a ordonné aux divers Départements impliqués de « prendre contact » avec les églises de la région et de rendre compte « avant le 19 juillet ». Afin « de mieux comprendre la situation », les autorités locales ont également prévu l’intervention de la police. Il s’agissait en fait d’une liste d’églises chrétiennes non enregistrées, qui ont dû remplir des formulaires remplis d’informations sensibles sur les pasteurs ou sur les fidèles. Des dizaines d’églises domestiques ont été fermées. Une source chrétienne anonyme a confié que parmi les lieux de culte visés se trouvait également une église catholique située près de Shunyi : « Nous savons simplement que la police a rendu visite à plusieurs lieux de culte et a ordonné leur fermeture ». Ni Yulan, membre de la fraternité chrétienne « Brotherhood of sacred love », confie que « le contrôle du gouvernement est de plus en plus rigoureux. Ils se préparent à frapper, c’est pourquoi ils rassemblent des informations. Ce n’est que le début ».

  • Humanae vitae : Paul VI avait raison

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    De Sandro Magister en traduction sur le site diakonos.be :

    Paul VI avait raison avec « Humanae vitae ». « L’Osservatore Romano » donne la ligne à suivre

    Le 25 juillet, « Humanae vitae », l’encyclique controversée promulguée par Paul VI en 1968 sur la régulation de la fertilité, fête ses cinquante ans tout juste. Et ce même jour, « L’Osservatore Romano » – la quotidien officiel du Saint-Siège, dirigé depuis 2007 par Giovanni Maria Vian – l’a rappelé d’une manière très engagée.  Avec un éditorial signé à la une en première page, juste sous le titre, c’est-à-dire à l’endroit où un journal publie non seulement l’opinion d’un de ses chroniqueurs mais où il dicte sa ligne autorisée :

    > L’enciclica « Humanae vitae » cinquant’anni dopo

    Cet article est signé par Lucetta Scaraffia, professeur d’histoire contemporaine à l’Université de Rome « La Sapienza » et depuis de nombreuses années consultante éditoriale de « L’Osservatore Romano » ainsi que directrice de son supplément mensuel « Donne Chiesa Mondo ».

    C’est ce même éditorial qui ouvre également les éditions hebdomadaires en d’autres langues.

    Mais outre la signature, c’est le contenu de l’article qui est remarquable. Avec des arguments qu’on a pas l’habitude de voir dans le langage ecclésiastique, il met en lumière la « lucidité prophétique » de Paul VI quand il a publié cette encyclique ainsi que le courage extraordinaire dont il a fait preuve en contestant les utopies sexualistes et économistes dominantes de son époque qui se sont révélées vouées à l’échec.

    Aujourd’hui que « Humanae vitae » est à nouveau « mis en pièce » au sein de l’Église – comme le fait remarquer à juste titre Lucetta Scaraffia – il faut lire la publication de cet éditorial dans « L’Osservatore Romano » comme une prise de position faisant autorité pour en défendre le sens authentique à l’encontre de la vague révisionniste qui prétend en renverser l’enseignement, juste au moment où le grand pape qui l’a publiée est sur le point d’être canonisé.

    L’encyclique « Humanae vitae » cinquante ans après

    par Lucetta Scaraffia dans « L’Osservatore Romano » du 25 juillet 2018

    Cinquante ans après sa publication, l’encyclique « Humanae vitae » de Paul vi se présente aux yeux des hommes d’aujourd’hui de manière complètement différente: en 1968, c’était un document courageux — et donc controversé — qui allait contre l’air du temps, celui de la révolution sexuelle, pour l’accomplissement de laquelle étaient fondamentaux un contraceptif sûr et également la possibilité d’avorter. C’était aussi le temps où les économistes parlaient de «bombe démographique», c’est-à-dire du danger de surpopulation qui menaçait les pays riches et qui pouvait réduire leur prospérité.

    Deux forces puissantes, donc, qui se rangeaient contre l’encyclique: l’utopie du bonheur, que la révolution sexuelle promettait à chaque être humain, et la richesse, qui aurait été la conséquence logique d’une diminution de la population à vaste échelle.

    Aujourd’hui, cinquante ans après, nous voyons les choses d’une toute autre manière. Ces deux visions utopiques se sont réalisées, mais elles n’ont pas apporté les résultats espérés: ni le bonheur, ni la richesse, mais plutôt de nouveaux problèmes dramatiques.

    Si l’effondrement de la population dans les pays développés se confronte avec difficulté à l’arrivée de masses d’immigrés nécessaires, mais dans le même temps inacceptables pour beaucoup, à partir du contrôle médical des naissances a commencé l’invasion de la procréation de la part de la science, avec des résultats ambigus, souvent préoccupants et dangereux.

    Aujourd’hui, alors que nous payons toutes les conséquences d’une brusque et forte dénatalité et que beaucoup de femmes, après des années d’anticonceptionnels chimiques, ne réussissent pas à concevoir un enfant, nous nous rendons compte que l’Eglise avait raison, que Paul VI avait été prophétique en proposant une régulation naturelle des naissances qui aurait sauvé la santé des femmes, la relation de couple et le caractère naturel de la procréation.

    Aujourd’hui, où les jeunes femmes passionnées d’écologie se tournent vers des méthodes naturelles de régulation de la fertilité, sans même connaître l’existence d’ »Humanae vitae », aujourd’hui, où les gouvernements cherchent à réaliser des politiques qui favorisent la natalité, nous devons relire l’encyclique avec d’autres yeux. Et au lieu de la voir comme la grande défaite de l’Eglise face à la modernité diffuse, nous pouvons en revendiquer la lucidité prophétique quand elle a saisi les dangers contenues dans ces changements et nous féliciter, nous catholiques, qu’une fois encore l’Eglise n’est pas tombée dans le piège alléchant des utopies du XXe siècle, mais qu’elle a su en saisir immédiatement les limites et les dangers.

    Mais peu de personnes y réussissent: pour beaucoup, il est encore difficile de se détacher de la vieille opposition entre progressistes et conservateurs, au sein de laquelle l’encyclique a été mise en pièces, sans en saisir l’esprit critique et la force innovatrice. Encore maintenant, personne ne semble se rappeler que, pour la première fois, un Pape a accepté la régulation des naissances et a invité les médecins à rechercher des méthodes naturelles et efficaces.

    Il est donc très important de réussir à regarder « Humanae vitae » avec des yeux nouveaux, des yeux d’êtres humains qui vivent au XXIe siècle, désormais conscients de l’échec de tant d’utopies et de tant de théories économiques qui avaient été proposées comme infaillibles.

    Ce n’est qu’ainsi que nous pouvons affronter les problèmes actuels de la famille, le nouveau rôle des femmes et les rapports difficiles entre éthique et science, dont les racines se trouvent — même si par certains aspects de manière inconsciente — dans ce texte du lointain 1968.

    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso.

  • Theodore McCarrick n’est plus cardinal

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    Lu sur le site « Riposte Catholique » :

    Le pape a accepté aujourd’hui, samedi 28 juillet, la renonciation à la dignité cardinalice que l’ancien – on n’ose écrire “émérite” – archevêque de Washington D.C. lui avait fait parvenir hier. Face aux inconduites sexuelles du personnage, dénoncées par ses victimes et connues depuis de longues années de hauts prélats, à Rome comme aux États-Unis, et qui les ont tues, devenues publiques voici peu, une telle issue était inévitable. La dernière mesure de cette nature fut prise en mars 2015 envers le cardinal britannique Keith O’Brien, pour le même type d’inconduite, décédé en mars dernier. McCarrick qui fut un prélat de premier plan aux États-Unis et qui, trop âgé pour participer au dernier conclave, eut toutefois une grande influence auprès de ses pairs pour promouvoir l’élection du pape François, a, de plus, été frappé par ce dernier d’une peine de suspens a divinis et invité à observer une vie de prière et de pénitence dans une maison qui lui sera ultérieurement désignée, en attendant le verdict du procès canonique qui est ouvert contre lui.

    Ref. Théodore McCarrick n’est plus cardinal

    JPSC

    https://fr.zenit.org/articles/etats-unis-mgr-theodore-mccarrick-nest-plus-cardinal/

  • Le pape n'a pas d'autre choix que de faire le ménage

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    De Robert Royal sur le site "The Catholic Thing" (notre traduction) :

    Des futilités alors que l'Amérique - et Rome - sont en feu

    Le célèbre philosophe politique Leo Strauss aurait dit que les théoriciens politiques modernes sont pires que l'ancien empereur romain Néron. Parce que contrairement au vieil adage, ils ne savent ni qu'ils jouent de la harpe ni que Rome brûle.

    Les évêques américains ont tenu leur réunion annuelle de juin à Fort Lauderdale il y a quelques semaines et, à sur la foi des rapports, ils ont passé leur temps ensemble à discuter des politiques actuelles et des changements à apporter à la ligne électorale pour les élections de mi-mandat.

    À Rome, la semaine dernière, le p. Antonio Spadaro SJ, rédacteur en chef de la publication semi-officielle du Vatican, La Civiltà Cattolica, avec Marcelo Figueroa, un presbytérien choisi par le pape François comme rédacteur en chef de l'édition argentine de L'Osservatore Romano, ont publié un autre long article sur un phénomène religieux américain : "L'évangile de la prospérité: dangereux et différent."

    Contrairement à leurs efforts antérieurs, qui soutenaient que la collaboration entre les conservateurs évangéliques et les catholiques était un «œcuménisme de la haine», cet article attira peu l'attention. Ce qui n'est pas une surprise.

    Bien que les colporteurs de l'évangile de la prospérité aient des liens avec le président Trump - qui semble être la véritable cible de l'essai - peu de gens connaissant la religion aux États-Unis considéreraient cette fraction de groupes confessionnels comme particulièrement importante. En fait, parmi la plupart des personnes religieuses, à la fois de gauche et de droite, elle est considérée comme une sorte de secte chrétienne excentrique.

    Pendant ce temps, une menace internationale pour l'Église apparaît, simultanément dans plusieurs pays : une crise de confiance dans la direction catholique et dans l'Église elle-même qui pourrait rendre futiles ces autres préoccupations, qui sont plutôt périphériques pour la vie et la mission de l'Église.

    En Amérique, de nombreuses personnes ont été choquées par les révélations selon lesquelles le Cardinal Theodore McCarrick, l'un des plus importants prélats catholiques américains au cours des deux dernières décennies et figure emblématique de l'Église après la crise des abus sacerdotaux en 2002, était lui-même un abuseur.

    Au début, des rumeurs ont émergé au sujet de ses relations avec des hommes adultes, dont deux ont reçu des dédommagements financiers des diocèses de Metuchen et de Newark, où McCarrick avait servi en tant qu'évêque et archevêque. Ces histoires ont confirmé ce qui avait été largement répandu depuis de nombreuses années, à savoir que «l'oncle Ted» avait pris l'habitude de faire pression sur les séminaristes et sur d'autres dans des circonstances sexuelles.

    Mais à présent, un homme s'est présenté rapportant des histoires d'abus par McCarrick qui ont commencé quand il avait onze ans. Et sans doute il y a beaucoup d'autres faits explosifs à venir, à en juger par ce que nous savons déjà.

    Cela a conduit à d'autres révélations par d'autres qui ont été abusés par des prêtres et des évêques, certains de manière choquante, et le fait écœurant est que pratiquement personne en position d'autorité n'a pris des mesures, en particulier lorsque des évêques étaient impliqués. Si l'on peut digérer les détails, qui sont parfois carrément blasphématoires et littéralement diaboliques, on peut avoir une idée de la nature du problème ici, ici, ici et particulièrement ici.
    *
    Il n'est pas surprenant qu'une vague d'indignation se développe en Amérique à l'heure actuelle, même parmi les fidèles catholiques. A en juger selon beaucoup de personnes avec qui je suis en contact de façon régulière et qui connaissent très bien ces choses, nous pourrions bien être juste au début d'une autre vague d'introspection dans l'Église, cette fois-ci pas tellement au sujet des plaintes au sujet des prêtres, mais au sujet des évêques qui auraient dû faire quelque chose au sujet d'autres évêques et de personnes en position d'autorité.

    Nous avons vu comment une mauvaise gestion de charges similaires par le passé au Chili a entaché le voyage du pape dans ce pays plus récemment cette année. Deux cardinaux chiliens, dont l'un fait partie du C9 du pape, triés sur le volet, sont impliqués dans les dissimulations et peut-être dans la désinformation dont François a fait l'objet. Pas plus tard qu'hier, les autorités chiliennes ont annoncé qu'elles enquêtaient sur 158 membres de l'Église soupçonnés d'être des agresseurs ou d'avoir dissimulé des abus.

    Un autre conseiller supérieur du pape, le cardinal Oscar Rodriquez Maradiaga du Honduras, a été accusé de corruption financière. Mais ce qui est peut-être encore plus grave, c'est que son subalterne, Mgr Juan José Pineda Fasquelle, qui dirige l'archidiocèse pendant les longues absences de Maradiaga, a dû démissionner après des révélations de multiples cas d'abus sexuels de séminaristes, similaires à ceux de McCarrick.

    Mais l'affaire McCarrick est inhabituelle dans la mesure où nous avons un cardinal en exercice qui est maintenant jugé par les autorités compétentes pour avoir commis des infractions pendant de nombreuses années et qui reste cardinal. Le pape François doit faire quelque chose à ce sujet - et à propos de ceux qui ont couvert McCarrick.

    Parce que malgré les dénégations, de nombreux évêques américains ont reçu des plaintes à propos de McCarrick et n'ont rien fait à leur sujet. Rome elle-même avait dû être informée des versements pour des abus antérieurs (nous savons qu'une délégation laïque s'est rendue à Rome pour essayer d'arrêter la nomination de McCarrick à Washington précisément à cause de ses penchants sexuels connus).

    Même le Washington Post, auparavant indifférent aux rumeurs sur McCarrick, a observé: «Beaucoup d'observateurs de l'Eglise pensent que c'est un moment de rupture pour François en raison de la stature de McCarrick et du fait que les crises d'abus sexuels cléricales catholiques explosent au Chili et au Honduras. "

    Notre ami Phil Lawler a écrit un essai essentiel, qui a paru hier sur le site Internet First Things. Selon lui, il est important de savoir comment McCarrick a pu abuser des enfants et des adultes pendant longtemps, mais c'est une question importante pour protéger les futures victimes, mais:

    "C'est moins critique que la question de savoir comment son ascension dans les rangs ecclésiastiques s'est poursuivie, même si des rumeurs sur ses activités homosexuelles ont circulé autour de lui. Pourquoi McCarrick a-t-il été nommé archevêque de Washington et a reçu un chapeau rouge de cardinal? Pourquoi a-t-il été autorisé à promouvoir ses protégés, à remplir des missions diplomatiques spéciales pour le Vatican, à influencer la sélection des évêques et même d'un pontife romain, après que ses ébats de plage soient devenus une affaire de notoriété publique?"

    Découvrir comment cela a été possible va nécessiter un douloureux auto-examen, ici et à Rome même. Mais l'alternative est de continuer les affaires comme d'habitude. Et cette entreprise est maintenant en danger de faillite.

    A lire également : Un cardinal chilien accusé d'avoir dissimulé un scandale de pédophilie

  • « Dans Humanae vitae, Paul VI a dit la vérité sur l’amour et la contraception »

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    De Samuel Pruvot dans l’hebdomadaire « Famille chrétienne » :

    Humanae vitae 1230167386.jpg« Le 25 juillet 1968, Paul VI publiait l’encyclique Humanae Vitae quitte à essuyer l’incompréhension. Un texte qui se révèle plus que jamais prophétique aujourd’hui. Le frère Francesco revient sur la session consacrée par l’abbaye de Kergonan les 4 et 5 août prochains (voir le lien en rouge ci-dessous)

    L'abbaye de Kergonan organise une session à l'occasion des 50 ans de Humanae vitae. Pourquoi cette encyclique a-t-elle été aussi mal comprise par les catholiques à l'époque ?

    Certains, il s’agit de le rappeler, ont reçu cette encyclique avec gratitude et l’ont transmise à leurs enfants comme un trésor. Beaucoup en effet, laïcs ou clercs, ont été désarçonnés. Dans les difficultés inhérentes à la vie de famille et propre à la modernité, ils ont pensé trouver dans les moyens de contraception une solution confortable, pour une aspiration au plaisir. Depuis le péché originel, on court après une harmonie perdue. Le rappel de la vérité interne de l’acte conjugal et de son lien avec la transmission de la vie a semblé rude. Paul VI exprimait par la non-dissociation entre union et procréation, la sollicitude de l’Église pour ses enfants. Il a prédit des désordres qu’aujourd’hui nous voyons. Avec 50 ans de recul, on peut dire que la contraception, généralisée, ne rend pas les couples plus solides, les familles plus soudées, l’accueil de l’enfant plus généreux et plus aimant, le rapport à la Création plus respectueux... au contraire ! On confond désir et amour, on attrape à la place de recevoir, on perd le sens de la féminité comme de la masculinité.

    50 ans après sa publication, la présence du cardinal Sarah à Kergonan est-elle le signe que les nouvelles générations sont plus réceptives à cette sainteté qui passe notamment par la chasteté ?

    Les jeunes générations savent que la contraception ne résout pas les problèmes relationnels. Le perfectionnisme parental face à l’enfant, qui doit être parfait et doit tout avoir, finit par être un poids pour les jeunes parents. On semble leur dire : « Vous avez voulu un enfant, vous vous débrouillez ». Les hommes politiques ne leur disent plus merci de la part de la société, les clercs oublient quelquefois de le dire de la part de l’Église. Les jeunes aspirent pourtant toujours à la vérité et à l’harmonie, ils peuvent se rendre compte qu’on a menti à leurs parents. Paul VI non. Paul VI, et ses successeurs leur ont dit la vérité.

     Dans votre programme vous faites largement appel aux témoignages des couples. En quoi est-ce si important ?

    Parce que cette vérité contenue dans Humanae vitae se reçoit d’abord par l’exemple. Cela aussi Paul VI l’a dit de façon prophétique et providentielle . C’est aux foyers qui ont reçu, qui ont découvert ce message d’amour qu’il revient d’être « guides et apôtres » d’autres foyers. Ils doivent trouver dans le cœur et les paroles du prêtre l’écho de la voix du Rédempteur, la compréhension de leur ministère d’époux. Le prêtre, le moine aussi ont besoin de ces témoignages de couples. Comme les couples ont besoin du pape, du préfet de la congrégation pour le culte divin, des évêques et des prêtres pour avoir ensuite la force de rendre visibles à tous les hommes la douceur d’Humanae vitae. »

    Ref. « Dans Humanae vitae, Paul VI a dit la vérité sur l’amour et la contraception »

    Toutes les infos sur cet événement sur le site https://kergonanhumanaevitae.fr/

    JPSC

     

  • Italie : l'obole du citoyen à l'Eglise a connu des hauts et des bas avec les trois derniers papes

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    De Sandro Magister, vaticaniste à l'Espresso, en traduction sur diakonos.be :

    L’obole du citoyen à l’Église. Des hauts et des bas avec les trois derniers papes

    Chaque année, l’État italien consacre 8 pour mille de son propre revenu fiscal aux confessions religieuses qui ont établi une convention pour pouvoir en bénéficier.

    Parmi celles-ci, l’Église catholique se taille la part du lion. L’État italien lui consacre environ un milliard d’euros par an.  C’est beaucoup mais il faut garder à l’esprit qu’en Allemagne, l’Église catholique, qui est moitié plus petite que l’Église italienne, reçoit de l’État chaque année cinq fois plus, grâce au « Kirchensteuer », la taxe sur les affiliations religieuses en vigueur dans ce pays.

    En Italie en revanche, la répartition du montant du 8 pour mille entre les différentes dénominations religieuses est décidé chaque année par les contribuables qui sont libres d’indiquer ou pas, par une signature, à qui ils souhaitent que leur contribution soit versée. Et, depuis 1985, date à laquelle ce mécanisme a été introduit, jusqu’à aujourd’hui, les signatures en faveur de l’Église catholique constituent une écrasante majorité qui en 2005, année record, ont presque atteint les 90% des signataires, 89,82% pour être exact.

    Or 2005, c’était la dernière année du Pape Jean-Paul II. Et plusieurs commentateurs avaient alors associé le pic atteint par le 8 pour mille à sa popularité.

    Tout comme en 2013, la dernière année de Benoît XVI, il fut facile d’attribuer à l’impopularité de cet autre pape la chute à 80,91% des signatures en faveur de l’Église catholique.

    Mais aujourd’hui, après cinq année de pontificat du Jorge Mario Bergoglio, à nouveau très populaire, où les choses en sont-elles ?

    Après une timide remontée à 81,23% des signatures en 2014, la suite n’a été qu’une longue descente :

    • 81,09% en 2015 ;
    • 79,94% en 2016 ;
    • 79,36% en 2017, dernières données disponibles et record négatif historique du 8 pour mille.

    Mais attention. Si au lieu des pourcentages on analyse les chiffres absolus, c’est-à-dire le nombre de signatures en faveur de l’Église catholique, c’est une toute autre histoire.

    On découvre, par exemple, que le record absolu du nombre de signature a été atteint non pas pendant le pontificat de Jean-Paul II mais pendant celui de Benoît XVI, c’était en 2011, avec 15.604.034 signatures.

    Et cela ne s’arrête pas là. En tout, pendant les six dernières années du pontificat de Benoît XVI, les signatures en faveur de l’Église catholique ont dépassé les 15 millions, ce qui n’était jamais arrivé au cours du pontificat de Jean-Paul II.

    Pareil au cours des deux premières années de François. Ensuite, on a par contre assisté à une chute nette et continue 

    • 14.437.694 en 2015 ;
    • 13.944.967 en 2016 ;
    • 13.762.498 en 2017.

    Il serait hasardeux de déduire de ces chiffres le succès ou non d’un pontificat. Il n’est pas davantage évident de lier ces données à la progression générale de la sécularisation dans un pays étiqueté « catholique » comme l’Italie.

    Par contre, les faveurs recueillies par les Églises méthodistes et vaudoises, qui occupent la seconde place parmi les différentes dénominations religieuses dans la répartition du 8 pour mille, sont singulières avec un nombre de signatures douze fois supérieur à leur présence réelle dans le pays :

    • 469.071 en 2015 ;
    • 523.504 en 2016 ;
    • 515.829 en 2017.

    Les signatures en faveur de l’Union bouddhiste italienne sont également en croissance continue ces dernières années :

    • 125.786 en 2015 ;
    • 173.023 en 2016 ;
    • 164.934 en 2017, auxquelles il faut ajouter les 52.777 signatures pour les bouddhistes Soka Gakkai, qui ont eux aussi fait leur entrée dans la répartition.

    Les contributeurs peuvent également signer pour qu’une partie du 8 pour mille revienne à l’État italien. Et ces signatures sont depuis quelques années elles aussi en légère augmentation :

    • 2.493.431 en 2015, soit 15,03% des signatures ;
    • 2.535.404 en 2016, soit 14,54% ;
    • 2.576.882 en 2017, soit 14,86%.

    On retrouvera les données détaillées du mécanisme du 8 pour mille en Italie sur cette page web du Département des Finances du Ministère de l’économie :

    > Analisi statistiche 8 per mille, serie storiche

    Quant à la provenance du 8 pour mille pour l’Église catholique et à sa destination, il y a le site « ad hoc » de la Conférence épiscopale italienne, riche de détails et des comptes rendus constamment mis à jour :

    > 8 per mille. Chiesa cattolica

    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso.

  • Humanae Vitae : l'histoire d'une encyclique incomprise

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    D'Yves Semen sur aleteia.org :

    Humanae vitae : histoire d’une encyclique incomprise

    50 ans après sa publication, l’encyclique Humanae Vitae est toujours incomprise. Sans doute les normes morales qui y sont énoncées ne sont pas suffisamment présentées comme des exigences d’une pleine réalisation de la personne dans le don d’elle-même. L’enseignement de la théologie du corps de Jean Paul II aide à y trouver cependant les grandes lignes de la spiritualité chrétienne de la vocation et de la vie conjugales.

    En cet anniversaire de la publication, le 25 juillet 1968, de l’encyclique Humanae vitae sur la régulation des naissances, il n’est pas inutile de revenir sur ce qui a conduit le bienheureux pape Paul VI à promulguer cet enseignement magistériel que Jean-Paul II a confirmé et étayé par sa théologie du corps et dont François nous invite à redécouvrir le message1.

    Mise au point aux USA au début des années 1950 par le dr Gregory Pincus, la pilule anovulatoire a été mise sur le marché en 1957, d’abord à des fins thérapeutiques pour remédier à certains troubles menstruels et aux fausses couches répétitives, puis à partir de 1960 à des fins contraceptives. Cette découverte n’a pas manqué de susciter des interrogations dans l’Église : pouvait-elle être considérée comme une nouvelle conquête du dominium de l’homme sur la nature ? Devait-elle être vue comme un heureux moyen de maîtriser le don de la vie qui jusque-là échappait le plus souvent au contrôle de l’homme ? En même temps, n’y avait-il pas là une remise en cause de la discipline traditionnelle de l’Église qui a toujours vu dans la contraception un désordre moral grave ?

    Lire la suite sur aleteia.org

  • Rome : quand les restaurateurs mettent en évidence la beauté originelle de la Scala Santa

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    De Carol Glatz sur présence-info.ca :

    1700 mètres carrés de fresques

    À Rome, les restaurateurs révèlent la beauté d'origine de la Scala Santa

    Francesca Cencia note les détails de la restauration d'une fresque de Jésus crucifié le 10 juillet 2018 à la Scala Santa, à Rome.

    Francesca Cencia note les détails de la restauration d'une fresque de Jésus crucifié le 10 juillet 2018 à la Scala Santa, à Rome.   (CNS Photo/Paul Haring)

    De grandes feuilles de contreplaqué bloquent l'accès du public à l'escalier de la Scala Santa, à Rome. Une femme touche une grande photographie en couleur de l'escalier, fait un signe de croix, en priant la tête baissée, puis passe son chemin.

    Pendant des siècles, les fidèles ont gravi à genoux les 28 marches en priant.

    Mais cette dévotion populaire patiente depuis un an. La grande affiche représentant l'escalier est tout ce que le public peut voir tandis qu’une équipe de restaurateurs du Vatican termine la phase finale de vingt ans d’efforts pour réparer le sanctuaire du Saint Escalier et nettoyer ses 1700 mètres carrés de fresques.

    Selon la tradition, l’escalier est celui que Jésus a monté lorsque Ponce Pilate l'a amené devant la foule et l'a remis pour être crucifié. La mère de Constantin, sainte Hélène, aurait apporté l’escalier à Rome depuis Jérusalem en l’an 326.

    En 1589, le sanctuaire fut construit et décoré par le pape Sixte V. Il recouvre notamment l'escalier et abrite quelques-unes des plus anciennes reliques des premiers martyrs chrétiens de Rome, ainsi qu'une image byzantine du Christ.

    Sixte V voulait que le sanctuaire conserve les reliques importantes, mais qu’il puisse aussi exprimer l'essentiel de la foi à travers une abondance d'images vives et colorées décrivant les événements clés de l'Ancien et du Nouveau Testament, explique Mary Angela Schroth, la conservatrice d’une galerie d'art de Rome qui a été impliquée dans le projet de restauration.

    «Puisque les fidèles ne savaient souvent ni lire ni écrire, les histoires prenaient vie à travers des images», dit-elle. Ainsi, «chaque centimètre carré» du sanctuaire – ses deux chapelles, ses cinq escaliers, ses plafonds voûtés et ses larges murs hauts – étaient couverts de fresques et d'art décoratif.

    «Cela devait étonner et attirer le public», souligne-t-elle.

    Restauration colossale

    Mais au cours des siècles, ces illustrations flamboyantes ont progressivement disparu sous la saleté, la crasse et des dégâts d'eau. Des techniques de restauration primitives ou agressives ont parfois décoloré les œuvres originales. Ajoutez à cela un mauvais éclairage et l'espace ténébreux ne faisait plus ce pour quoi il avait été conçu: être une expérience physique et spirituelle totalement immersive avec des repères visuels accompagnant les fidèles dans leur démarche vers le Sancta Sanctorum, a déclaré Paolo Violini, le meilleur expert des Musées du Vatican en matière de restauration de fresques.

    Avec l'aide initiale de la Fondation Getty en 2000, puis grâce à la générosité des Patrons of the Arts des Musées du Vatican, les chapelles Saint-Laurent et Saint-Sylvestre, ainsi que les quatre cages d'escalier – deux ensembles de chaque côté de la cage d'escalier centrale des escaliers sacrés – ont été entièrement restaurés.

    La restauration de l'escalier central devant être achevée d'ici la fin de l'année et l'atrium avant fin 2019, il aura fallu près de deux décennies à onze restaurateurs pour redonner vie à ce que quarante artistes ont créé en moins de deux ans au XVIe siècle. Mais le soin apporté à la restauration a porté ses fruits, permettant aux visiteurs d'aujourd'hui de voir, après 400 ans, la beauté décorative originale que les peintres du pape Sixte avaient conçue, a dit Violini.

    Les gens regardaient à peine les surfaces sombres avant la restauration, dit Schroth, mais maintenant avec «ces couleurs glorieuses» et un éclairage approprié, les visiteurs font plus que simplement regarder, «ils observent et étudient ces histoires» et se souviennent de leur signification.

    Redécouvrir la narration visuelle

    Le recteur du sanctuaire, le père passioniste Francesco Guerra, a déclaré que l'art chrétien dans les espaces sacrés n'est pas seulement un artifice, mais un moyen aussi puissant que les mots, créé pour expliquer et partager la foi et inciter les fidèles à entrer dans une relation plus profonde et plus étroite avec Dieu.

    Le sanctuaire, qui est confié aux soins et à la protection des pères passionnistes, est comme un catéchisme visuel qui existe dans tant d'églises et de sanctuaires, mais qui a besoin d'être «réévalué» et ré-accentué aujourd'hui, croit-il.

    Paul Encinias, directeur de Eternal City Tours, basé à Rome, confirme que lorsqu'il emmène des groupes à la Scala Santa, ils se concentrent sur leurs prières individuelles et leurs intentions, alors qu'ils gravissent chaque marche à genoux.

    «Les pèlerins catholiques du XXIe siècle sont très éloignés des narrations artistiques», a-t-il dit, et ils ne sont «pas habitués à ces indices visuels» qui les entourent, alors le but et la signification de ces œuvres devraient probablement être expliqués.

    Néanmoins, certains des visiteurs que M. Incinias amène prier à la Scala Santa ont souvent une expérience «émotionnelle forte» lorsqu'ils prient et réfléchissent sur les problèmes ou les épreuves de la vie.

    «Nous avons généralement peur de souffrir», et la plupart des homélies ne s'y attardent pas, dit-il. Mais parce que l’expérience encourage les gens à se connecter à la Passion du Christ, «ça touche quelque chose de profond» et les gens réalisent que «Christ est toujours avec nous, même dans nos souffrances».

    Même si les escaliers sont fermés, le sanctuaire a offert un escalier latéral pour la même pratique dévotionnelle de les gravir à genoux. En moyenne, environ 3000 personnes visitent le sanctuaire chaque jour.

    Le père Guerra a dit que le pape François a souligné l'importance des dévotions traditionnelles et populaires et des pèlerinages dans les sanctuaires et les lieux sacrés. Les gens sont constitués d’«esprit et d'intellect, mais aussi de chair, d’émotions et de sentiments», dit-il.

    Dans la Bible, quand Jésus accomplit un miracle, «il touche la personne, il met ses doigts dans les oreilles de l'homme sourd» et prend la main d'une fille morte pour la ramener à la vie, a dit le prêtre.

    Ce contact physique, qui est une partie inséparable de notre humanité, est une caractéristique clé de la Scala Santa, rappelle-t-il. En grimpant l'escalier à genoux et en réfléchissant à la passion du Christ, «les gens se sentent unis à Jésus, ils se sentent compris par Jésus, ils se sentent aimés par Dieu».

    Carol Glatz

  • Libres propos au sujet des murs et des ponts

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    De Joël Hautebert sur le site de l'Homme Nouveau :

    Libres propos sur les murs et les ponts

    La muraille de Chine et autres tracés de frontières attirent chaque année d’innombrables visiteurs. Au-delà de la prouesse architecturale et de leur beauté, ces vestiges transmettent une stratégie. Pour protéger leurs cités, pays ou empires, des envahisseurs, nos ancêtres édifiaient des murs. Notre époque, ayant opté pour les ponts du mondialisme, construit désormais des murs de verre ou de béton.

    Les grandes civilisations ont-elles pu prospérer sans le soutien de remparts protecteurs ? Parmi les grands témoignages de la présence de l’homme sur cette terre légués par l’Histoire, les enceintes défensives occupent une place de premier choix, demeurant aujourd’hui encore des lieux de visite particulièrement appréciés. La muraille de Chine est classée parmi les sept merveilles du monde. Il paraît même qu’il s’agit de l’unique construction humaine visible depuis l’espace. Le voyageur qui traverse l’Angleterre pour se rendre en Écosse croise immanquablement sur sa route le fameux mur édifié par les légions romaines sur ordre de l’empereur Hadrien. Ces mêmes Romains construisirent un autre mur aux frontières de l’est, à l’initiative de Trajan cette fois-ci, dont il reste également de beaux vestiges. C’est ainsi que se maintint la pax romana à l’intérieur des limes de l’Empire. D’autres murailles célèbres sont encore visibles aujourd’hui, comme celles de Constantinople, élevées et progressivement améliorées à partir de la création de la ville. Elles permirent à la cité de faire face aux invasions venues de l’est jusqu’en 1453, date de la prise de la ville par les Turcs, qui scella la disparition de l’Empire byzantin.

    Les autorités qui ordonnèrent l’édification de ces murs poursuivaient un objectif similaire : assurer ainsi la paix à l’intérieur de la cité en la protégeant contre de potentiels envahisseurs. On peut le dire sans honte, les murs sont effectivement un symbole, celui de la volonté de poursuivre l’Histoire commune de la cité et d’assurer sa prospérité. Ces murs démontrent un grand réalisme politique de la part des gouvernants. Les murs extérieurs rendaient inutiles les murs intérieurs. Si l’analogie entre le biologique et le politique a ses limites, elle n’est pas nécessairement dénuée de fondement. Existe-t-il un corps sain sans moyen immunitaire de défense ? Une cité peut-elle durer sans la protection de solides défenses naturelles ou bâties par l’homme, soutenues par des troupes aguerries ? Dans une société ordonnée, on jette des ponts sur les cours d’eau quand la solidité des frontières le permet. Quand l’ennemi franchit ces dernières, les autorités civiles et militaires font sauter les ponts pour limiter la progression de l’envahisseur. Pas de murs, pas de ponts.

    Il existe aussi, il faut le préciser, des murs construits à des fins contraires. Le mur de Berlin et les barbelés du monde communiste eurent (et parfois ont toujours) une surprenante originalité qui restera sans doute dans les annales de l’Histoire. Il ne s’agit pas prioritairement de dissuader les éventuels agresseurs de pénétrer dans l’enceinte, mais d’empêcher les habitants d’en sortir. Dans son roman Une journée d’Ivan Denissovitch, Soljénitsyne raconte avec beaucoup de finesse que les prisonniers du Goulag chargés de bâtir la cité du socialisme commencent par ériger les barbelés qui doivent l’entourer, avant d’entamer toute autre construction ! Ce type de configuration atypique demeure exceptionnel. Les choses ont bien changé de nos jours. La doxa médiatico-idéologique actuelle martèle à l’envi que les murs symbolisent le mal. Prétendre en construire un dévoilerait des intentions malsaines que l’on n’ose prononcer : le repli, la peur de l’autre, la haine, tout le contraire de la société ouverte à tout vent, de la diversité universelle et du vivre ensemble commercial mondial fondé sur la constante mobilité. Construire des murs suppose effectivement l’hypothèse de l’existence d’ennemis. Or, notre monde occidental, paraît-il, n’a pas d’ennemis extérieurs. Tout va bien. Ces ennemis sont à l’intérieur, les populistes de Hongrie de Pologne, d’Italie et d’ailleurs, c’est-à-dire ceux qui, comme chacun sait, ont construit des barrières dans leurs têtes à force de stigmatiser l’«autre». À ces gens malsains, s’ajoutent tout de même les pauvres malades que sont les radicalisés et les déséquilibrés.

    Mais est-il exact que l’on ne construit pas de murs en France aujourd’hui ? Rien n’est moins sûr. Ou plutôt, tout indique le contraire. Ainsi, un mur de verre vient d’être mis en place autour de la Tour Eiffel pour limiter les risques d’attentat. De même, plan vigipirate oblige, les services de sécurité recommandent l’érection d’enceintes fermées autour de certains bâtiments. Par exemple, les directeurs d’école doivent veiller à clôturer totalement leurs établissements, à augmenter la hauteur des murs, à poser des barrières et à doter les bâtiments de fenêtres plus solides. À quand des fenêtres blindées dans les écoles ? Il y a aussi les gros blocs de bétons, autant de petits murs, mis en place devant les lieux publics les plus fréquentés, à l’entrée des rues piétonnes, des quartiers commerciaux, tous les lieux de prédilection de l’homo festivus et du touriste occidental, sans oublier les grands axes de circulation sur lesquels il faut veiller. Peut-être qu’un jour il conviendra de mettre de tels murs devant les ponts, à défaut de recréer des ponts-levis. Quoi qu’en dise le discours officiel, aujourd’hui nous construisons des murs, plein de murs, et partout.

    Comme nous n’avons plus le souci de protéger la cité, parce que nous avons perdu le sens du commun, l’obligation qui pèse sur l’État d’assurer la conservation des citoyens consommateurs bardés de droits rend inéluctable la multiplication des murs dans nos villes. À force de ne plus reconnaître d’ennemis et d’ouvrir nos portes à tout le monde, la communauté progressivement dissoute subit les feux de plus en plus réguliers d’une guerre civile en devenir. Les attentats islamiques se multiplient en Europe et ne font plus la une des journaux.

    À force de prétendre jeter des ponts vers les plus lointains, nous voici obliger de supporter l’édification de murs au plus près des citoyens. Tout un symbole de l’échec cuisant d’une politique menée depuis cinquante ans. Il est encore temps de dresser des murs solides à l’extérieur et de jeter des ponts à l’intérieur pour restaurer ce qui unit au sein de la cité. Sans quoi, il faudra peut-être revenir au temps des châteaux forts.