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  • L'Agneau mystique des frères Van Eyck : un jeu de piste métaphysique

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    De KTO qui nous en fait cadeau à l'occasion de notre fête nationale :

  • Quand Hugo, Vincent et Antoine, trois "Vincent Lambert", communiquent à nouveau

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    HUGO, VINCENT ET ANTOINE, TROIS "VINCENT LAMBERT" QUI COMMUNIQUENT À NOUVEAU

    de genethique.org

    19 juillet 2019

    Il y a en France environ 1 700 personnes, dans un état similaire à celui de Vincent Lambert et « chaque famille est différente, chacune possède son histoire, son mérite et sa vérité ». Le Monde raconte l’histoire de trois d’entre eux : Hugo, Vincent et Antoine. Ce sont trois jeunes hommes dont le cerveau a été gravement atteint à la suite d’un accident : leur activité cérébrale en est depuis très altérée. Mais grâce au soutien de leurs mères, ils ont tous les trois réalisé des progrès d'année en année.

    Jeanine Zanatta se souvient de l’accident de son fils le 15 juillet 2012. Après plusieurs examens, un médecin lui a annoncé que son fils restera dans un pur état végétatif. Elle lui a répondu : « Mais, moi, j’en ai rien à faire de ce que vous me dites ». Elle n’a jamais eu à regretter puisque contrairement à l’avis médical il a progressé avec le temps : « un jour, on se promenait dans le jardin et mon ami a voulu faire le clown, il a pris un plot de chantier, vous savez les cônes orange et blanc, pour lui faire du bruit dans les oreilles. Vincent a sursauté et puis, après, il a éclaté de rire. C’était il y a quatre ans. Depuis, il rit beaucoup. Et depuis trois mois, aussi, il dit quelques mots. »

    Corinne L’Hostis a beaucoup plus mal vécu l’accident de son fils de 18 ans Hugo : « après la réanimation, Hugo a fait un arrêt cardiaque, ce qui a accentué son handicap. Au début, c’était trop dur d’aller le voir. Pendant deux ans, je ne pensais qu’à ça : “Mais pourquoi l’ont-ils réanimé ?” Je ne pensais qu’à ça et j’ai essayé d’en mourir. » Elle a changé d’avis à la lecture d’une phrase qui l’a bouleversée : « accepter toutes les choses que je ne peux changer, [avoir] le courage de changer les choses que je peux changer[1] ». « Cette phrase m’a permis de surmonter mon incapacité à voir mon enfant dans cet état. Il n’y a pas le Hugo d’avant ni le Hugo d’après. Ce n’est pas tout à fait lui-même, mais ce n’est pas un autre non plus. Il ne communique pas par la parole, il remue le bras droit. Voilà. Chaque jour, on apprend à vivre avec. » Elle se souvient du premier sourire de Hugo depuis son accident : « un moment d’une intensité émotionnelle inouïe », et « maintenant, quand je rends visite à Hugo, quand je toque à sa porte, qu’il tourne la tête légèrement vers moi, qu’il me sourit, c’est le plus beau des cadeaux pour une maman ».

    Antoine avait 16 ans quand il a eu son accident. Sa mère Corinne Enard a fait en sorte qu’il puisse habiter chez lui, dans une maison adjacente à la sienne : « la vie a continué différemment de ce que j’avais imaginé. C’est un peu plus compliqué dans la gestion du quotidien. Ça demande beaucoup d’organisation, de rigueur. Quelquefois aussi, j’en ai marre. Ça fait quatorze ans… Mais je ne trouve pas ma vie malheureuse. On vit, c’est tout. » Elle explique sa difficulté de trouver des aides à domicile : « le plus dur, c’est de trouver des gens qui acceptent de travailler avec un patient dans sa situation. Du coup, on voit défiler un tas de gens. Et le regard sur le grand handicap ne semble pas évoluer dans le bon sens ».

    Elle explique les progrès de son fils dans cet état de conscience minimale : « si on ne leur propose rien, aucune activité, aucun dialogue, ils restent dans leur bulle. Mais, si on les stimule, si on les sollicite… » Certains médecins la prennent pour une folle : « ils pensent qu’Antoine ne communique pas. Je passe pour une mère qui voit davantage que ce qu’il y a. Ils sont peu à comprendre qu’il y a quelqu’un derrière. Qui réagit à sa façon ». A ces mots, Antoine a levé la jambe et ses yeux se sont mis à pleurer.

    S'il est toujours alimenté par une sonde, sa mère raconte qu'Hugo « a toujours évolué. Ça se passe par paliers. Il y a beaucoup de petits signes d’éveil. Même si c’est infime. Il peut tourner la tête. Il arrive à serrer les jambes. Il se passe de plus en plus de choses dans son regard. Ça prend beaucoup de temps, c’est tout. » Corinne Enard dit la même chose : « Les efforts qu’Antoine fait pour communiquer… Je suis tellement fière. Je lui dis tout le temps. Mon fils m’épate tous les jours. Mon fils, c’est un champion olympique ! » Vincent et Hugo ne vivent pas chez eux mais à la clinique des Six Lacs,en Auvergne, où ils continuent de progresser. Ils sont dans la même chambre. La maman d'Hugo s’interroge : « est-ce que Vincent et Hugo communiquent ? Je ne sais pas. Ça nous échappe. Peut-être. »

    Pour aller plus loin :

    Comme Vincent Lambert, ils sont 1500 patients cérébrolésés en France. Voici trois de leurs histoires.


    [1] Une phrase fétiche des Alcooliques Anonymes, qui est en réalité un extrait de la prière de la Sérénité écrite par le théologien Reinhold Niebuhr

    Sources: Le Monde (18/07/2019) - Vivre aux côtés de ces malades au « cerveau cassé »

  • Après Charlie Gard et Alfie Evans, sera-ce le tour de Tafida Raqeeb ?

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    APRÈS CHARLIE GARD ET ALFIE EVANS, TAFIDA RAQEEB ?

    de genethique.org

    19 juillet 2019

    Tafida Raqeeb a cinq ans, elle est hospitalisée au Royal London Hospital depuis le 9 février. Elle est dans le coma, suite à une malforformation artério-veineuse cérébrale (MAV). Une rupture d’un vaisseau sanguin dans son cerveau a provoqué une connexion anormale entre artères et veines, entrainant chez Tarifa un arrêt respiratoire et un traumatisme crânien. Opérée immédiatement, la petite fille s’est « battue avec acharnement ». Ses parents, Shelina Begum, avocate âgée de 39 ans, et Mohammed Raqeeb, 45 ans, expliquent : « cinq mois plus tard, Tafida commence à montrer des signes de progrès, comme la réaction à la douleur, le mouvement des membres et l'ouverture et la fermeture des yeux ».

    Après avoir envisagé un retour à la maison pour poursuivre la convalescence, les médecins ont changé d’avis, jugeant tout type de traitement comme relevant de l’acharnement thérapeutique et préconisant le retrait de la ventilation jusqu’au décès. « Les parents de Tafida sont très désemparés, car ils ont vu leur petite fille faire des progrès au cours des cinq mois qu'elle a passés en soins intensifs ; ils ont donc demandé de lui accorder plus de temps pour se rétablir ».

    Un hôpital italien de Gênes a accepté de poursuivre les traitements de Tafida. Les spécialistes qui ont reçu la fillette en consultation video estiment que le cas de Tafida ne correspond pas à la définition de la « mort cérébrale », notamment à la vue des réponses de son tronc cérébral aux stimulations.

    Une pétition lancée par lundi soir par les parents demande à l’hôpital londonien de « libérer » leur fille et d’accepter son transfert vers l’hôpital de Gênes. Cette pétition rassemble déjà plus de 6000 signatures.

    Ce cas rappelle celui de Charlie Gard, décédé en 2017 à 11 mois, malgré les demandes de transfert vers les Etats-Unis, et celui d’Alfie Evans, débranché en 2018 malgré l’offre d’un hôpital romain de soigner le garçon.

    Pour aller plus loin :

    Sources: The Independant, Peter Stubley (17/07/2019) - Tafida Raqeeb: Parents of five-year-old girl in coma launch legal challenge to decision to allow her to die

    Aleteia, Zelda Caldwell (18/07/2019) - Parents ask UK court for permission to move comatose daughter to Italy

  • Asie : la liberté religieuse toujours plus menacée

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    Du site des Missions Etrangères de Paris :

    La liberté religieuse toujours menacée en Asie selon un nouveau rapport

    Publié le 19/07/2019

    Un rapport du Pew Research Center – un centre de recherche américain qui fournit des statistiques et des informations sociales sous forme de démographie, sondages d’opinion et analyses de contenus – vient de confirmer l’Asie comme le continent où l’on trouve le plus de restrictions et d’obstacles à la liberté religieuse. Le rapport révèle que « durant la décennie 2007-2017, les restrictions gouvernementales contre la religion – par des lois ou des actions destinées à limiter les pratiques et les croyances religieuses – ont considérablement augmenté dans le monde ». Les derniers chiffres montrent que 52 gouvernements – dont plusieurs géants comme la Chine ou l’Indonésie – imposent des restrictions religieuses « élevées » voire « très élevées », par rapport à 2007.

    Selon le dernier rapport du Pew Research Center, un centre américain d’analyses sociales, le nombre de pays dans le monde où la population a subi des formes aggravées d’hostilités sociales contre les religions est passé de 39 pays à 56 pays en dix ans (sur 198 pays étudiés). Dans certains pays, les favoritismes contre certains groupes religieux en particulier se sont particulièrement développés, notamment en Thaïlande, où une nouvelle Constitution est passée en 2017. Une clause de la nouvelle Constitution thaïlandaise élève le statut du bouddhisme theravada à travers l’éducation, la propagation de ses principes et la mise en place de mesures et de dispositifs contre la profanation du bouddhisme sous toutes ses formes. Depuis 2007, les gouvernements asiatiques se sont également davantage référés aux autorités religieuses et aux textes ou aux doctrines religieuses.

    Activités religieuses limitées

    Depuis 2015, l’islam est la religion la plus fréquemment citée au rang de religion d’État ; sur 43 pays ayant une religion officielle, 27 ont adopté l’islam (63 %). En Indonésie, les gouvernements locaux ont continué leurs tentatives de conversions forcées des musulmans ahmadis, en leur demandant par exemple de signer leur renonciation à leurs convictions avant un mariage ou avant de partir en pèlerinage à La Mecque. En Chine, seuls certains groupes religieux sont autorisés à s’enregistrer auprès du gouvernement et à pratiquer des célébrations religieuses. Pour cela, ils doivent appartenir à l’une des cinq « associations religieuses patriotiques » reconnues par l’État (associations officielles bouddhistes, taoïstes, musulmanes, catholiques et protestantes). « Toutefois, des rapports affirment que le gouvernement chinois a arrêté, torturé et abusé physiquement aussi bien des membres de groupes enregistrés et non enregistrés », souligne l’étude. Parmi les pays comptant le plus de limitations contre la religion, de nombreuses mesures ont été appliquées afin de limiter les activités religieuses. Aux Maldives, par exemple, il est interdit de promouvoir toute autre religion que l’islam – un crime qui peut conduire jusqu’à cinq ans d’emprisonnement. Au Laos, les groupes religieux doivent obtenir l’autorisation du gouvernement pour pouvoir se rassembler, organiser des rites religieux, construire des lieux de culte et fonder de nouvelles communautés.

    « C’est le devoir de l’État de protéger tous les citoyens »

    Enfin, l’étude conclut que « globalement, les restrictions gouvernementales contre la religion et les hostilités sociales contre la religion sont restées constantes en 2017 par rapport aux années précédentes. En 2017, il y a également eu peu de changements après deux années de reculs majeurs contre la liberté religieuse, causés par des gouvernements, des groupes privés ou des individus ». « En 2017, près d’un quart des 198 pays étudiés (26 %) a connu des restrictions gouvernementales ‘élevées’ ou ‘très élevées’, contre 28 % en 2016. Ce sont les niveaux les plus élevés depuis 2013, mais cela reste en dessous du pic de 2012 – 33 %. » En 2017, 83 pays (42 %) ont expérimenté des niveaux élevés ou très élevés de restrictions religieuses, dues au gouvernement ou à des actions privées. Ce chiffre s’est maintenu depuis 2016 après deux années d’augmentations, et reste légèrement inférieur à 2012 (43 %). Enfin, comme au cours des années précédentes, la majorité des pays étudiés en 2017 restent à des niveaux de restrictions religieuses considérés comme ‘bas’ ou ‘moyens’. Le 16 juillet, lors de la présentation d’un rapport sur la persécution des chrétiens dans le monde, Mgr Antoine Camilleri, sous-secrétaire du Saint-Siège pour les relations avec les États, a dénoncé « la tendance grandissante, même dans les démocraties stables, à la criminalisation ou à la sanction des autorités religieuses sous prétexte qu’elles proclament leur foi ouvertement, en particulier dans les domaines du mariage et de la famille ». Au contraire, affirme-t-il, « c’est le devoir de l’État de protéger tous les citoyens, qu’ils revendiquent une conviction religieuse ou non ».

    (Avec Asianews)

  • Secret de la confession : quand on impose aux ministres du culte de choisir entre la prison et l’excommunication

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    De Sandro Magister en traduction française sur le site Diakonos.be :

    Attaque mondiale contre le secret de la confession.  La prison ou l’excommunication

    La dernière attaque en date vient d’être déjouée il y a quelques jours à peine en Californie.  Le 13 juillet, le comité d’État pour la sécurité publique a dû faire retirer la proposition de loi SB 360 présentée par le sénateur Jerry Hill – et déjà approuvée par le sénat – visant à abolir le secret de la confession.

    En donnant cette information, « Vatican News » précise qu’il aura fallu « 140.000 lettres, 17.000 mails et des centaines de coups de téléphone » pour obtenir le retrait de cette « menace pour la conscience de chaque américain », comme l’avait définit Mgr Peter Gomez, l’archevêque de Los Angeles, qui a conduit la mobilisation.

    En 2000 déjà, dans le débat sur les « Rules of Procedure and Evidence », la Cour pénale internationale avait rejeté la demande du Canada et de la France pour que cesse d’être reconnu le droit des ministres religieux de s’abstenir de témoigner sur des questions dont ils ont eu connaissance à travers le secret de la confession.

    En 2016 à nouveau, la Cour suprême de l’État de Louisiane avait répété qu’« un prêtre, un rabbin ou un ministre dûment ordonné » ne pouvait être qualifié de « mandatory reporter », c’est-à-dire obligé de dénoncer « ce qu’il a appris au cours d’une confession ou d’une autre communication sacrée ».

    Mais entretemps, surfant sur la vague des scandales des abus sexuels, les attaques contre le secret de la confession sacramentelle sont en train de se multiplier.  Par exemple en 2011 en Irlande, avec à la barre le premier ministre de l’époque, Enda Kenny.  Ou encore en 2014 à Genève, sous l’impulsion du comité de l’ONU pour la Convention sur les droits de l’enfant.  Et à chaque fois c’est l’Église catholique qui se trouvait sur le banc des accusés.

    Jusqu’à ce jour du 7 juin 2018 où le secret de la confession a été battu en brèche en Australie, dans le territoire de la capitale, Canberra, par l’approbation, avec le soutien de tous les paris, d’une loi imposant aux prêtres catholiques – ainsi qu’aux ministres des autres cultes – de violer le sceau sacramentel s’ils viennent à connaissance de faits d’abus sexuels sur mineurs.  Cette loi est entrée en vigueur le 31 mars 2019.

    *

    Jusqu’ici, il ne s’agissait que de faits relativement connus.  Mais ce que très peu savent, c’est que le secret de la confession est sérieusement menacé là où on s’y attendrait le moins.

    L’Italie est l’un de ces cas passés sous silence, y compris de la part des autorités de l’Eglise.  Dans ce pays, le jugement n. 6912 du 14 janvier 2017 rendu par la Cour suprême de cassation a disposé que le prêtre appelé à témoigné dans un procès pénal pour abus sexuel encourt le délit de faux témoignage s’il refuse de divulguer ce qu’il a appris pendant la confession en-dehors des péchés commis par le pénitent, par exemple s’il lui a révélé avoir subi un abus, et pas de l’avoir commis.

    C’est précisément ce jugement italien qui a fait réagir Andrea Bettetini, professeur de droit canon à l’Université catholique de Milan et professeur invité dans de nombreuses universités d’Europe et d’Amérique, dans un article publié dans le dernier numéro de « Vita e Pensiero », la revue de son université, consacré aux attaques contre le secret de la confession.

    Le professeur Bettetini rapproche le jugement italien de la nouvelle loi qui vient d’entrer en vigueur en Australie pour montrer qu’elles sont bien plus proches qu’il n’y paraît puisqu’elles sont toutes les deux en faveur de l’obligation de dénonciation aux dépens de ce « droit juridique et moral fondamental » qu’est « la protection de la conscience de la personne qui ouvre son âme à un ministre du culte ».

    Dans la partie centrale de son article, le professeur Bettetini argumente la protection du sceau sacramentel de l’Église catholique, dans le droit catholique et dans le magistère, en montrant comment une telle protection s’étend à tout ce que le prêtre apprend en confession et pas seulement aux péchés du pénitent.

    Il ne cite pas la « Note de la Pénitencerie apostolique sur l’importance du for interne et sur l’inviolabilité du sceau sacramentel » promulguée le 29 juin dernier avec l’accord du pape François, étant donné que cette dernière est sortie alors que l’article était déjà sous presse.  Mais cette note est tombée bien à propos, vu les « préjugés négatifs » de nombre d’autorités civiles contre le fondement même et l’extension d’un tel secret.

    En outre, le professeur Bettetini montre comment, même dans le droit italien, le secret de la confession aurait été bien protégé sans ce jugement de 2019 de la Cours de cassation.

    Et voici les conclusions dramatiques qu’il tire dans la conclusion de son article.  Quand on impose aux ministres du culte de choisir entre la prison et l’excommunication.

    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso.

    *

    Abus sexuels et secret de la confession

    d’Andrea Bettetini

    […]

    S’il fallait tirer les conclusions de tout ce dont nous avons débattu jusqu’ici, nous pouvons affirmer que les deux exemples [l’Italie et l’Australie] cités au début de notre article sont les paradigmes d’un néojuridictionnalisme aux conséquences incertaines qui est en train de s’insinuer dans de nombreuses structures politiques à cause d’une législation et d’une interprétation législative qui, à bas bruit mais avec des effets importants, est en train de modifier dans les faits la répartition des équilibres (et des compétences relatives) entre ordre temporel et ordre spirituel.  Et par ce dernier, j’entends non seulement la latitude d’autonomie de l’Église catholique mais également celle d’action des confessions religieuses différentes de la foi catholique et, plus généralement, celle de la religion.

    Dans le « Canberra Times », Christopher Prowser, l’archevêque de Canberra et de Goulburn, a vigoureusement critique la nouvelle loi australienne en mettant en évidence la raison ultime de son incohérence : « Sans ce sceau, qui sera encore disposé à se libérer de ses propres péchés, à chercher le sage conseil d’un prêtre et à recevoir le pardon miséricordieux de Dieu ? ».  Le droit de l’Église et dans l’Église sert justement à en préserver la nature en tant qu’instrument de salut pour chaque homme, dont la vie et l’expérience se déplace dans une dimension de droit et de justice, en s’engageant à donner visibilité et contenu à des normes qui répondent, dans les limites de la médiation linguistique humaine, à la vérité et à la justice.

    Or, il se fait que dans l’équilibrage entre deux valeurs capitales telles que la liberté de conscience et de religion d’un côté et l’exercice de l’action pénale pour punir un délit inhumain de l’autre, la tradition juridique occidentale a toujours privilégié la première, aussi bien parce qu’elle constitue le noyau le plus intime de la liberté et de la responsabilité de l’homme que parce qu’après le don de la vie, il s’agit de la réalité qui appartient de la façon la plus originelle et inaliénable à la personne humaine, et qu’il faut lui rendre justice.

    Et il ne s‘agit là de rien d’autre que du reflet de ce qui représente l’apport le plus précieux du monde occidental à l’ordonnancement juridique de la civilisation mondiale : le concept de personne et de sa dignité, de la protection de ses droits inaliénables, au premier titre desquels se trouve justement celui de liberté religieuse.  Agir autrement reviendrait à une régression de notre civilisation juridique, et donc humaine, et c’est d’ailleurs ce que craignait encore une fois l’archevêque de Canberra quand il affirmait, à la veille de de l’entrée en vigueur de la loi qui impose au confesseur de violer si nécessaire le secret sacramentel : « À présent, nous autres prêtres de l’ACT [Asutralian Capital Territory] nous nous trouvons devant un choix impossible.  Soit nous respectons le sceau de la confession et nous risquons une procédure pénale soit nous respectons la loi et nous encourons l’excommunication d’office ».

  • Quand des évêques chinois sont accueillis à Liège...

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    Les voici posant devant la Vierge du sanctuaire de Banneux.

    à Banneux (photo du site de La Meuse)

    Ce vendredi 19 juillet, des évêques chinois étaient en visite à Liège comme nous l'apprend ce communiqué :

    Cinq évêques chinois en visite officielle à Liège ce vendredi 19 juillet

    À l’invitation de la Fraternité d'Eglise Liège-Chine et de la Fondation Verbiest de la KULeuven, une délégation de cinq évêques catholiques chinois visite le diocèse de Liège ce vendredi 19 juillet.

    La délégation est présidée par Mgr John Fang Xingyao, évêque du diocèse de Lin yi (Shan dong), président de l’association des catholiques chinois, et par Mgr Joseph Shen Bin, évêque du diocèse de Hai men(Jiang su) et vice-président de la Conférence épiscopale de Chine, qui compte 98 évêques. La délégation est accompagnée par le P. Jeroom Heyndrickx, de la congrégation de Scheut, grand spécialiste de la Chine depuis plus de trente ans et artisan du dialogue entre l’Église de Chine et Rome.

    Cela nous interroge. Une opération de propagande ? En effet, ces évêques n'ont pu quitter leur pays et recevoir les autorisations pour effectuer leurs visites en Occident qu'en accord avec les autorités politiques de la Chine communiste. D'ailleurs, Mgr John Fang Xingyao est président de l'association patriotique des catholiques chinois. Le rôle de cette association qui prône une collaboration avec le régime est, pour le moins, discutable comme on pourra s'en rendre compte en lisant l'article suivant daté du mois de septembre dernier :

    L’Eglise de l’Association patriotique catholique de Chine refait allégeance au Parti communiste après l’accord avec Rome

    Eglise Association patriotique catholique Chine allégeance Parti communiste accord Rome
     
    Au-delà de l’optimisme et du pessimisme qui ont, des deux côtés de l’échiquier, accueilli l’annonce un accord provisoire entre le Vatican et Pékin en vue de la régularisation immédiate de tous les évêques excommuniés et du droit de regard du pouvoir en Chine sur la nomination des évêques catholiques, il est certainement bon de s’attacher avant tout aux faits. Parmi les plus récents concernant le sort de l’Eglise en Chine, celui-ci est sans aucun doute le plus significatif : l’Association patriotique catholique, connue également comme l’Eglise nationaliste, vient de réaffirmer sa loyauté à l’égard du parti communiste au pouvoir, quasiment dans le même mouvement que celui de l’accord Rome-Pekin. Une protestation d’allégeance lourde de menaces pour l’avenir

    Cela ne faisait que quelques heures que l’accord avait été rendu public à la suite de longues négociations entre le Saint-Siège et le régime communiste chinois – longues parce que l’on peut supposer que les accords provisoires sont le résultat de bien des années de contacts et de discussions. C’est donc dans la foulée de l’accord est en quelque sorte pour le ponctuer que l’Association patriotique catholique chinoise a publié un communiqué portant la signature de son porte-parole :

    « Il me plaît d’apprendre que la Chine et le Vatican ont signé un accord provisoire sur la nomination des évêques. L’Association patriotique catholique de Chine et la conférence des évêques catholiques de Chine lui apportent leur soutien sincère. »

    L’Association patriotique catholique de Chine se félicite de l’accord avec Rome

    Rappelons que la conférence des évêques catholiques de Chine désignée ici est celle qui est officiellement reconnue par le pouvoir. Mais le plus important est ce qui suit :

    « L’Eglise catholique chinoise aime profondément sa mère patrie. Nous adhérons à la magnifique tradition de patriotisme et d’amour pour la religion, nous adhérons au principe de l’Eglise indépendante et auto-gouvernante, nous maintiendrons le cap de la sinisation, nous adhérons à la voix de l’adaptation à la société socialiste et, sous la conduite du Parti communiste de Chine, nous travaillerons avec des gens de toutes nationalités dans le pays pour rendre compte de la grandeur de la nation chinoise. »

    On ne saurait être plus clair : cette association patriotique épouse sans réserve les orientations politiques du régime chinois, y compris la construction du socialisme, dans un contexte de religion autocéphale certes disposée à considérer le pape de Rome comme son chef visible, mais de très, très loin.

    Le communiqué poursuit :

    « L’Eglise catholique de Chine partage les mêmes croyances que les Eglises catholiques du monde. Nous sommes disposés à mener à bien des échanges amicaux avec d’autres Eglises catholiques sur la base de l’indépendance, du respect mutuel, de l’égalité et de l’amitié. »

    L’allégeance au Parti communiste suppose l’indépendance par rapport à Rome

    Autrement dit, l’accord s’est fait, du moins dans l’esprit des responsables chinois, dans l’idée que de nombreuses Eglises nationales se côtoient dans le monde, partageant sans doute les mêmes convictions spirituelles mais toutes égales et toutes indépendantes les unes par rapport aux autres.

    Avec tout cela, les catholiques officiels de Chine « espèrent sincèrement » selon leur porte-parole que « les relations entre la Chine et le Vatican continuent de s’améliorer ».

    Faut-il le rappeler ? Le communisme, athée et anticatholique par nature – et Dieu sait s’il continue de l’être en Chine – a été jugé « intrinsèquement pervers » par Pie XI. Serait-ce un enseignement révolu ? Le communisme chinois, qui se veut de plus en plus marxiste, de plus en plus proche de Mao, de plus en plus attaché au culte de la personnalité de Xi Jinping, œuvrant de plus en plus pour la « sinisation » accueillie sans critique par l’Eglise patriotique, accentue aujourd’hui sa pression persécutrice sur les minorités religieuses et en particulier à l’encontre de l’Eglise clandestine.

    L’accord de Rome avec le Parti communiste chinois passe sous silence persécution et génocide

    Faut-il le rappeler ? Par une toute récente loi, il est interdit aux mineurs de fréquenter les églises, fussent-elles officielles, et les parents contrevenants à cette règle risquent gros.

    Faut-il le rappeler ? Ce pouvoir communiste avec lequel Rome compose porte la responsabilité d’innombrables stérilisations et avortements forcés pour mettre en œuvre sa politique de contrôle de la population aussi contraignante que cruelle, et toujours d’actualité, même si des ajustements sont apportés au nombre d’enfants toléré.

    S’il s’agissait vraiment de protéger les catholiques en Chine, et plus encore leur foi, s’il fallait pour cela faire semblant de croire qu’un pouvoir communiste est tenu par sa propre parole, ces réalités sont suffisantes pour rendre la conclusion d’un accord provisoire incompréhensible, et même scandaleuse.

    Jeanne Smits

    L'excellent site Bitter Winter délivre des informations quotidiennes sur la situation des croyants en Chine communiste.