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  • Le Collectif pour l’Inclusion et contre l’Islamophobie en Belgique (CIIB) est suspecté par l’État belge de lien avec les Frères musulmans

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    Du site de l'Institut Thomas More :

    Le CIIB · Une association frériste au cœur de Bruxelles

    Fadila Maaroufi et Aymeric de Lamotte

    En collaboration avec Florence Bergeaud-Blackler (CERIF)

    Septembre 2025 • Note 77 •


    Fadila Maaroufi et Aymeric de Lamotte présentent la note en vidéo


    Le Collectif pour l’Inclusion et contre l’Islamophobie en Belgique (CIIB) est suspecté par l’État belge de lien avec les Frères musulmans

    Le 9 juillet 2025, la presse belge francophone a publié des extraits d’un rapport de la Sûreté de l’État qui qualifiait le CIIB de « groupe de pression de tendance Frères musulmans » dont l’activité présente des risques « de subversion des valeurs », « d’ingérence » vis-à-vis des institutions publiques et « d’influence » sur le processus démocratique. Le rapport lie le CIIB aux Frères musulmans dès l’origine, en relevant que parmi ses sept fondateurs se trouvent « un membre des Frères musulmans ainsi qu’un activiste de l’idéologie des Frères musulmans ». L’identité du Frère musulman en question n’est pas précisée. Le rapport conclut que le CIIB « est lié aux Frères musulmans du fait d’antécédents historiques, du soutien ponctuel dont il bénéficie et du narratif qu’il propage »

    Origine, gouvernance et financements du CIIB

    Ses fondateurs l’ont immédiatement présentée « comme le pendant belge du Collectif contre l’Islamophobie en France (CCIF) ». Pour rappel, le CCIF a été dissous par le ministère de l’Intérieur français en 2020. En outre, la Sûreté de l’État qualifie le CIIB de « volet belge du Collectif Contre l’Islamophobie en France (CCIF) ». Après la dissolution du CCIF, le CCIB prend la précaution de changer son nom en CIIB. L’association est abondamment subventionnée : pour la période 2018-2024, le CIIB a perçu, selon nos recherches, au minimum près de 275 000 euros de fonds publics. Une part importante de son financement vient par ailleurs du privé. À titre d’exemple, le CIIB a reçu près de 575 000 dollars de l’Open Society Foundation de Georges Soros entre 2017 et 2023.

    Une idéologie similaire à celle des Frères musulmans, axées sur la lutte contre « l’islamophobie »

    Ce concept fonctionne comme un instrument politique visant à disqualifier toute critique de l’islam et plus particulièrement toute remise en question des mouvements islamistes et de leurs objectifs sociopolitiques. La société belge cessera d’être islamophobe que le jour où elle permettra l’expression et la pratique intégrale de leur conception de l’islam dans l’espace public. Il s’agit pour la société belge de s’adapter intégralement à leur vision de l’islam et non l’inverse.

    Proximité des personnes impliquées dans le CIIB avec la mouvance frériste

    Mustapha Chairi par exemple, le fondateur et président jusqu’en 2024, s’est affiché à plusieurs reprises sur les réseaux sociaux réalisant le geste de « Rabia » qui est un signe de ralliement aux Frères musulmans en Égypte. Le second fondateur, Hajib El Hajjaji, a cotisé pendant plusieurs années à la Ligue des Musulmans de Belgique que la Sûreté de l’État considère comme « la branche belge de la confrérie internationale des Frères musulmans ».

    Des indices probants du rattachement du CIIB au tissu associatif frériste

    En effet, des structures fréristes européennes, comme l’ENAR et le FEMYSO, mentionnent explicitement le CIIB comme partenaire sur leur site internet. En outre, le milieu associatif frériste coopère activement (actions, événements, communiqués communs) et propage un discours semblable. À titre d’exemple, en 2017, de nombreuses associations (ENAR, CCIF, CCIB, FEMYSO, MRAX) ont réagi ensemble pour condamner un arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne qui autorise les employeurs à interdire les signes religieux visibles dans le cadre d’une politique générale de neutralité.

    Le CIIB a largement pénétré le monde politique et institutionnel, notamment le parti Écolo

    En effet, parmi les sept fondateurs du CIIB, cinq sont des membres actifs de ce parti, investis de responsabilités non négligeables. À titre d’exemple, Hajib El Hajjaji et Farida Tahar sont respectivement parlementaires Écolo au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles et au Parlement bruxellois. Habijb El Hajjaji a été longtemps administrateur d’Unia tandis qu’il est toujours administrateur de Myria.

    • Téléchargez la note

    • Les auteurs

    Fadila Maaroufi est anthropologue et militante laïque belgo-marocaine. En 2020, elle cofonde l’Observatoire Européen des Fondamentalismes dont le siège social est à Bruxelles. L’Observatoire se donne pour mission de diffuser et de partager des connaissances théoriques, critique et pratiques, sur les fondamentalismes religieux et ce qui les soutient. Elle a copublié avec notamment Florence Bergeaud-Blackler, Georges Dallemagne, Nadia Geerts et Céline Pina Cachez cet islamisme : voile et laïcité à l’épreuve de la cancel culture (La Boîte à pandore, 2021). Le travail de lanceur d’alerte de Fadila Maaroufi et de l’Observatoire Européen des Fondamentalismes à propos de l’avancée de l’islamisme a fait l’objet — et fait toujours l’objet — de contestations judiciaires, notamment de la part de la députée bruxelloise Farida Tahar, qui ont toutes été déclarées non fondées jusqu’à présent. Elle est lauréate du Prix international de la Laïcité 2024 par le Comité Laïcité République 

    Aymeric de Lamotte a rejoint l’équipe de l’Institut en 2021 et est directeur général adjoint de l’Institut Thomas More. Il dirige Justitia, le collectif d’avocats de l’Institut Thomas More qui offre une réponse juridique aux nouvelles intolérances. Il est avocat au barreau de Bruxelles depuis 2015. Il défend, entre autres, de nombreuses personnes physiques et morales qui luttent contre le wokisme (décolonialisme, culture de l’annulation, théorie du genre, etc.) et l’islamisme. Il est le conseil de Fadila Maaroufi, de l’Observatoire Européen des Fondamentalismes et de Florence Bergeaud-Blackler en Belgique 

    Florence Bergeaud-Blackler est chargée de recherche au CNRS au sein du laboratoire Groupe Sociétés, Religions, Laïcité et fondatrice du CERIF (Centre européen de recherche et d’information sur le frérisme). Titulaire d’un doctorat en anthropologie et d’une habilitation à diriger des recherches, elle est spécialisée dans l’étude des normativités islamiques dans les sociétés sécularisées, les procédés d’endoctrinement salafiste et le marché halal. Elle a notamment publié Le frérisme et ses réseaux. L’enquête (éditions Odile Jacob, 2023) et Le marché halal ou l’invention d’une tradition (éditions du Seuil, 2017) 

    L’analyse et le diagnostic ont été réalisés par Florence Bergeaud-Blackler. La rédaction finale et les recommandations sont faites par Fadila Maaroufi et Aymeric de Lamotte.

  • La publication du premier « motu proprio » de Léon XIV modifie l'orientation des réformes de François concernant les finances du Vatican

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    De Niwa Limbu sur le Catholic Herald :

    6 octobre 2025

    La publication du premier « motu proprio » de Léon XIV modifie l'orientation des réformes de François concernant les finances du Vatican

    Le pape Léon XIV a publié un motu proprio intitulé Coniuncta Cura, qui introduit de nouvelles réglementations régissant les activités d'investissement financier du Saint-Siège.  

    Signé le 29 septembre, jour de la fête des archanges Michel, Gabriel et Raphaël, il s'agit du premier motu proprio du pontificat de Léon et il prend effet immédiatement. Les nouvelles réglementations semblent modifier l'orientation des mesures financières plus centralisatrices qui avaient été introduites dans le cadre des efforts du pape François pour réformer les finances du Vatican.

    Le nouveau document du pape Léon rassemble une série de réformes qui ont débuté sous François avec Praedicate Evangelium, la constitution apostolique de 2022 qui a restructuré la Curie romaine. Dans cette constitution, François a mis l'accent sur la « coresponsabilité dans la communion » comme principe directeur de la gouvernance de l'Église.

    Le dernier décret de Léon XIV poursuit explicitement cette vision réformatrice en clarifiant la manière dont les institutions financières du Vatican coopèrent et partagent la responsabilité de la gestion des investissements du Saint-Siège. Dans le même temps, le motu proprio abroge une instruction de 2022 qui réglementait la gestion des actifs financiers et des liquidités au sein du Saint-Siège.

    À sa place, Coniuncta Cura établit un nouveau cadre destiné à consolider la surveillance et à assurer une plus grande cohérence entre les services du Vatican chargés de la politique d'investissement. Les activités financières entreprises en vertu de l'article 219 de Praedicate Evangelium seront désormais régies par le Comité d'investissement, conformément à une politique d'investissement officiellement approuvée.

    L'Administration du patrimoine du Siège apostolique (APSA), l'organisme chargé de gérer les biens immobiliers et financiers du Vatican, continuera à superviser les opérations d'investissement.

    Les commentateurs du Vatican ont noté qu'en abrogeant le Rescriptum ex Audientia de 2022, le pape Léon XIV s'est discrètement distancié de l'une des mesures financières les plus centralisatrices du pape François. Le rescrit de François visait à concentrer la quasi-totalité des opérations d'investissement du Vatican au sein de l'Administration du patrimoine du Siège apostolique (APSA) et à imposer un contrôle strict à l'Institut pour les œuvres de religion (IOR), limitant ainsi son autonomie.

    Le motu proprio de Léon XIV, en revanche, rétablit une certaine souplesse, permettant à la Banque du Vatican de jouer un rôle plus actif et d'utiliser des intermédiaires financiers externes lorsque cela est jugé approprié. Alors que François mettait l'accent sur une surveillance stricte pour prévenir toute mauvaise gestion, le plan de Léon XIV témoigne d'une confiance dans une collaboration structurée et une responsabilité partagée.

    Les nouvelles normes stipulent que l'APSA agira généralement par l'intermédiaire de l'Institut pour les œuvres de religion (IOR), communément appelé la Banque du Vatican, en utilisant ses structures internes à des fins d'investissement. Toutefois, la législation prévoit une certaine souplesse lorsque le comité d'investissement juge plus efficace ou approprié de faire appel à d'autres intermédiaires financiers basés en dehors de la juridiction du Vatican.

    Le Saint-Père a publié ce décret à la suite des recommandations unanimes du Conseil pour l'économie, qui donne des conseils sur les questions de gestion financière et de transparence. Des experts dans ce domaine ont également été consultés avant l'approbation du texte final. Le document souligne que tous les organes de la Curie doivent agir dans une « dynamique de collaboration mutuelle », reflétant l'effort continu visant à promouvoir l'unité d'intention et la responsabilité au sein de l'administration du Vatican.

    La loi entre en vigueur dès sa promulgation dans L'Osservatore Romano et sera incorporée dans le registre officiel de l'Acta Apostolicae Sedis, ce qui lui confère une force juridique permanente au sein de l'État de la Cité du Vatican et des institutions du Saint-Siège.

    Un motu proprio est un document publié par le Souverain Pontife de sa propre initiative, plutôt qu'en réponse à une pétition ou à une commission externe. Dans le langage canonique, il revêt l'autorité personnelle d'un pape et peut légiférer, abroger ou modifier des normes relevant de sa juridiction. Il est souvent utilisé pour traiter des questions nécessitant des éclaircissements, des réformes ou une intervention directe.

    Ce n'est pas le premier document papal signé par le pape Léon XIV. Au début du mois, le pape a signé sa première exhortation apostolique intitulée Dilexi te sur la question de la pauvreté. Coniuncta Cura apparaît comme le prolongement naturel de la même vision que Dilexi Te, dans laquelle la gestion spirituelle se traduit par une réforme administrative.

  • "Contre la machine"; sur la destruction de l'humanité

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    De sur le CWR :

    Against the Machine est une critique pénétrante de la culture des illusions, fortement axée sur la technologie.

    Paul Kingsnorth est loin d’être le premier écrivain à décrire nos conditions actuelles, mais il apporte un mélange unique de passion, d’expérience passée, d’une richesse de sources et d’une logique persuasive à son récit.

    Mon entretien avec Kingsnorth, réalisé il y a deux ans, est disponible ici.  L'étendue de son œuvre est impressionnante. Son roman «  Awake  », paru en 2015 et écrit dans une langue de l'ombre mêlant anglais ancien et anglais moderne, est un récit formidable de la résistance anglo-saxonne, païenne et vouée à l'échec, face à l'invasion normande de l'Angleterre au XIe siècle  . Son ouvrage « Abbey of Misrule Substack » est une mine d'or de textes de qualité, allant de réflexions sereines sur la nature et les saints à une critique culturelle urgente. Kingsnorth possède le don rare de transmettre un contenu profond dans un style élégant et d'une clarté simple.

    Son histoire personnelle renforce l'attrait de son œuvre. Ancien militant écologiste sans convictions religieuses, il a migré vers la Wicca et le bouddhisme à l'âge adulte, avant de se convertir au christianisme en 2020. Il a été baptisé dans l'Église orthodoxe en 2021. Sa foi imprègne désormais presque tout ce qu'il écrit.

    Et cela nous ramène à son dernier livre.

    Contre la Machine  s'appuie sur deux années d'  essais préliminaires visant à peaufiner les idées de l'auteur. En bref, il s'agit d'une critique pénétrante de la culture faustienne, accro aux machines et à la technologie, des illusions que nous avons tissées autour de nous depuis 300 ans, un cocon d'artifices rutilants qui menace désormais d'étouffer et de supplanter l'humanité de ses créateurs.

    Comme le note Kingsnorth dans ses premières pages, « il n'y a jamais eu d'organisation unitaire de la culture occidentale en dehors de l'Église chrétienne » – un cadre religieux qui donnait un sens à la vie quotidienne et constituait un fondement de cohésion sociale. « Derrière le modèle en constante évolution de la culture occidentale », écrit-il, « il y avait une foi vivante qui donnait à l'Europe un certain sentiment de continuité spirituelle, malgré tous les conflits, les divisions et les schismes sociaux qui ont marqué son histoire. »

    Ce jour est désormais passé. Et il ajoute que

    Lorsqu'une culture bâtie autour d'un ordre aussi sacré disparaît, des bouleversements s'ensuivent à tous les niveaux de la société, du politique jusqu'au niveau spirituel. La notion même de vie individuelle est bouleversée. La structure familiale, le sens du travail, les attitudes morales, l'existence même de la morale, les notions de bien et de mal, les mœurs sexuelles, les perspectives sur tout, de l'argent au travail, en passant par la nature, la parenté, la responsabilité et le devoir : tout est à prendre.

    Aujourd'hui, comme on pouvait s'y attendre, alors que le christianisme recule en Occident, « nous [les modernes] – du moins si nous sommes parmi les plus chanceux – avons à notre disposition tous les gadgets, sites web, boutiques et vacances exotiques du monde », mais il nous manque les deux choses dont nous avons le plus besoin : un sens et des racines. Par conséquent, nous sommes à la dérive dans une époque que l'auteur présente comme « Le Grand Déstabilisation ». C'est le fruit de nos appétits et de nos vanités à courte vue, incarnés de façon éclatante par nos élites.

    Kingsnorth est loin d'être le premier écrivain à décrire notre situation actuelle. Il n'est pas non plus le premier à utiliser la Machine comme métaphore des troubles spirituels et des menaces technologiques croissantes qui pèsent sur notre humanité. EM Forster a écrit sa nouvelle prophétique, « La Machine s'arrête », il y a près de 120 ans. Mais Kingsnorth apporte à son récit un mélange unique de passion, d'expérience, de richesse des sources et de logique persuasive.

    L'auteur emprunte une phrase au théoricien social américain Craig Calhoun pour suggérer son propre esprit directeur : une sorte de « radicalisme réactionnaire ». Dans l'approche de Kingsnorth, il ne s'agit  pas d'une idéologie politique. Elle opère en dehors des conflits habituels gauche-droite. Elle est « radicale » au sens premier du terme : elle s'attaque aux racines ; en l'occurrence, aux racines de ce que signifie être humain et de ce dont nous avons besoin.

    Il s'agit d'une « tentative active de création, de défense ou de restauration d'une économie morale fondée sur les quatre P ». Ces quatre éléments incluent, premièrement, le passé :  l'origine d'une culture, son histoire et ses ancêtres. Deuxièmement, le peuple, qui définit une culture : le sentiment communautaire d'être un « peuple » distinct. Troisièmement, le lieu,  où se situe une culture, son sentiment d'appartenance, la nature dans sa beauté locale et ses manifestations particulières. Quatrièmement, et enfin,  la prière,  où une culture se dirige, sa tradition religieuse et sa destinée, sa compréhension de Dieu ou des dieux.

    La culture machiniste annihile tous ces éléments d'une réalité saine, à échelle humaine, pour en faire une homogénéité mondialisée et consumériste. Ce faisant, elle assure l'abondance matérielle tout en aspirant l'âme de la Création. Kingsnorth ne prétend pas que la technologie soit intrinsèquement mauvaise. Au contraire, ses nombreux avantages sont évidents, à commencer par l'ordinateur qu'il utilise pour écrire. Mais lorsque nous laissons cette technologie devenir une forme d'idolâtrie – comme c'est le cas actuellement dans le monde postmoderne « développé » – l'idole dévore ses fidèles.

    Il m'est impossible de choisir un chapitre préféré du texte. Trop nombreux sont ceux qui sont trop bons : Mille Mozart, Want Is the Acid, Come the Black Ships, You Are Harvest, Kill All the Heroes, The Abolition of Man (and Woman), What Progress Wants, et d'autres. Mais le dernier chapitre, The Raindance, est peut-être le plus important, car il offre une voie à suivre ; une voie difficile, mais qui, dans les temps apparemment sombres, fonctionne invariablement :

    J'en suis arrivé au bout, et voici ce que je pense : l'ère de la Machine n'est finalement pas désespérée. En réalité, c'est l'époque pour laquelle nous sommes nés. Impossible de la quitter, il nous faut donc l'habiter pleinement. Il nous faut la comprendre, la défier, y résister, la subvertir, la traverser vers quelque chose de meilleur. Si nous pouvons la voir, nous avons le devoir de la dire à ceux qui ne la voient pas encore, tout en luttant pour rester humains. Les gens, les lieux, la prière, le passé. La communauté humaine, les racines dans la nature, le lien à Dieu, les souvenirs transmis de génération en génération. Voilà les choses éternelles.

    En fin de compte, nous ne sommes pas impuissants. Aucun chrétien ne l'est jamais. La seule révolution qui compte est celle que nous menons dans notre cœur ; le choix de connaître, de vivre et d'agir réellement selon la foi que nous prétendons croire, quel qu'en soit le prix.

    Quand cela se produit, le monde commence à changer. Dieu, en son temps, s'occupe du reste.

    Contre la machine : sur la destruction de l'humanité
    par Paul Kingsnorth

    Penguin Random House, 2025
    Relié, 368 pages

  • Israël et les trois derniers papes. Le récit du grand rabbin de Rome

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    De Sandro Magister sur Settimo Cielo, en français sur diakonos.be :

    Israël et les trois derniers papes. Le récit du grand rabbin de Rome

    Le dialogue entre le grand rabbin de Rome Riccardo Di Segni (photo) et le journaliste Juif « dissident » Gad Lerner – vient de faire l’objet d’un livre récemment publié en Italie sous le titre « Ebrei in guerra » — et qui consacre un chapitre entier consacré aux relations entre l’Église de Rome et Israël. Avec des observations très intéressantes, d’autant plus après le oui du Hamas à la libération de tous les otages et après les déclarations du Secrétaire d'État du Vatican Pietro Parolin à l'Osservatore Romano, à l'occasion du deuxième anniversaire du massacre du 7 octobre.

    Di Segni précise d’emblée que « la condition juive est complexe, la religion et la nation sont étroitement liées ». Et ce sont précisément les réponses de l’Église catholique à cette complexité, avec ses hésitations et ses contradictions, qui ont rythmé ces les hauts et les bas des relations entre les deux religions ces dernières décennies.

    D’après le grand rabbin de Rome, ce dialogue a atteint son apogée avec Benoît XVI qui « a écrit des choses très importantes et positives sur le judaïsme ».

    Benoît XVI a su aller au cœur de l’incompréhension entre ces deux confessions. « Alors qu’aux yeux des chrétiens, il est incompréhensible que les Juifs ne croient pas dans le Christ, pour les Juifs en revanche il paraît incompréhensible que les chrétiens y croient. Cette incompréhension mutuelle peut être une source d’agressivité ou à des impasses dans la communication, on peut en revanche l’éviter en renvoyant cette question à la fin des temps et en réfléchissant plutôt à ce qu’on peut faire ensemble aujourd’hui ». Et c’est bien cet « aspect pratique du dialogue qui qui a prévalu en substance avec Benoît XVI, malgré sa fermeté de principe ».

    Et c’est bien ce qui s’est passé avec Benoît XVI. Dans le premier des trois volumes de son « Jésus de Nazareth », il commente le Discours sur la Montagne en attribuant à ce qu’avait écrit sur le sujet le rabbin américain Jacob Neusner, qui s’était imaginé vivre à l’époque de Jésus et l’écouter, le mérite de lui avoir « ouvert les yeux sur la grandeur des paroles de Jésus et sur le choix devant lequel nous met l’Évangile », pour « la franchise et le respect » avec lequel ce Juif croyant disait ne pas pouvoir suivre Jésus.

    Et s’il fallait démontrer encore une fois combien Benoît XVI allait au cœur des deux confessions, on peut citer son rejet de l’expression « frères aînés » que tant de papes, à commencer par Jean XXIII jusqu’au pape François, ont utilisée pour s’adresser aux Juifs. Pour lui, cette expression « n’est pas très appréciée de ces derniers, d’autant que dans la tradition juive, le ‘frère aîné’, c’est-à-dire Ésaü, est également le frère abject ». À ses yeux, les Juifs sont plutôt « nos ‘pères dans la foi’ », selon une expression qui « décrit plus clairement notre lien avec eux ».

    Mais avec François, bien des choses ont changé, et pour le pire, selon le rabbin Di Segni.

    Le livre de Lerner fait allusion à un signal prémonitoire. Il s’agit de la visite de François au Grand Temple de Rome, le 17 janvier 2016, au cours de laquelle le pape « a soigneusement éviter de citer l’État d’Israël » et donc « le lien particulier avec la terre » qui caractérise le peuple Juif.

    D’ailleurs, à l’époque, le grand rabbin de Rome n’avait pas caché son mécontentement face à ce silence : « Bien des signes – avait-il dit – rappellent le rapport essentiel et religieux que nous entretenons avec la terre qui nous a été promise. Comprendre ce lien ne devrait pas poser de difficulté pour ceux qui respectent la Bible, et pourtant c’est encore le cas ».

    Et en effet, en ce qui concerne l’existence de l’État d’Israël, le Saint-Siège a toujours adopté « une perspective qui n’est pas religieuse en soi mais qui repose sur les principes communs du droit international », comme l’a expliqué le jésuite Juif et citoyen israélien David Neuhaus, grand expert du dialogue judéo-chrétien dans « La Civiltà Cattolica » du 16 mai 2024.

    Il est évident que l’on touche là un point particulièrement sensible des relations entre l’Église catholique et Israël, et le rabbin Di Segni n’a pas manqué de le souligner dans son livre :

    Les chrétiens et les juifs, dit-il, ont en commun la Bible hébraïque, mais « les interprétations peuvent être radicalement différentes. Dès les pages initiales du premier livre, la Genèse, le thème de la promesse de la terre aux descendants des patriarches est central, à tout le moins du point de vue juif ». Mais « pour les chrétiens, le thème central est autre, c’est l’annonce du Messie ». Pour pendant des siècles, leur conviction a été que les Juifs n’auraient pas pu retourner dans leur terre sans reconnaître d’abord en tant que Messie ce Jésus qu’ils avaient tué.

    Mais aujourd’hui « cette vieille réponse ne fonctionne plus », poursuit Di Segni, « un croyant catholique devrait se poser un problème d’interprétation. Le pape Benoit XVI avait bien dit quelque chose en ce sens, même si ce n’est pas aussi explicite du point de vue doctrinal ».

    Mais avec François ? Le jugement du rabbin Di Segni sur l’avant-dernier pape est très critique.

    Concernant le conflit à Gaza, « le pape a très clairement choisi son camp au lendemain du 7 octobre, quand il avait d’emblée qualifié d’acte terroriste tant l’action du Hamas que la réponse redoutée du côté israélien, quelle qu’elle puisse être. »

    Ce constat repose notamment sur l’audience à égalité que le pape avait donnée le 22 novembre suivant à des familles d’otages juifs détenus par le Hamas et à des parents de terroristes palestiniens détenus dans les prisons israéliennes, à grand renfort de déclarations que la guerre menée par Israël était elle aussi « du terrorisme », et même « un génocide ».

    Après le 7 octobre, déclare Di Segni, « on aurait pu s’attendre à un peu d’empathie et de solidarité de la part de ses amis ». Mais au contraire, « nous avons eu droit à une équidistance glaciale, pour ne pas dire à un alignement avec l’autre camp […], jusqu’à faire l’éloge du gouvernement iranien », comme ce fut effectivement le cas après une audience du pape avec Ebrahim Raïssi, si l’on s’en tient au compte-rendu publié par le président iranien de l’époque.

    Quant aux racines de cette attitude de Francois, elles sont à chercher, selon le grand rabbin de Rome, dans « deux raisons particulières » : la première étant « le souci du sort des chrétiens dans les pays arabes », avec les « compromis avec les régimes islamistes » qui s’en sont suivis ; la seconde étant « la provenance d’origine du pape François, davantage tiers-mondiste qu’occidentale ».

    Que la provenance géographique de Jorge Maria Bergoglio ait eu une influence sur sa vision géopolitique est une thèse également partagée et soutenue par David Neuhaus, dans l’article de « La Civiltà Cattolica » que nous avons cité.

    Il n’est donc pas étonnant que François ait fait l’objet de nombreuses critiques publiques de la part de représentants du rabbinat et du judaïsme dans le monde entier. Sans que jamais ce pape fasse mine de les prendre en compte.

    En effet, on a beaucoup parlé des silences de François envers le judaïsme.

    Et dernièrement encore avec sa décision improvisée d’expédier de quelques brèves salutations l’audience accordée le 6 novembre 2023 à une délégation des rabbins d’Europe, sans même prendre la peine de lire le discours préparé pour l’occasion.

    Sans oublier le précédent du 9 mai 2019 concernant son habitude de critiquer ses opposants en les traitant de « pharisiens », dans le sens d’hypocrites, de cupides, de légalistes et de vaniteux.

    À l’occasion d’un entretien avec le pape François, les rabbins Di Segni et Giuseppe Laras l’avaient prié de cesser d’employer le terme de « pharisien » de manière offensante. Et le cardinal Kurt Koch, responsable des relations avec le judaïsme, avait tenté de remédier à la situation en préparant pour le pape un discours à lire devant un colloque international à l’Université pontificale grégorienne qui était justement consacré au thème « Jésus et les pharisiens ».

    Ce discours mettait en lumière que dans le Nouveau Testament, il n’y a pas que des controverses entre Jésus et les pharisiens. On y fait également l’éloge de deux pharisiens comme Gamaliel et Nicodème. Jésus lui-même déclare que certains pharisiens sont « proches du règne des cieux » parce qu’ils mettent en avant le commandement de l’amour de Dieu et du prochain. Sans parler de la fierté avec laquelle l’apôtre Paul se décrit comme pharisien. Tout le contraire du stéréotype négatif souvent utilisé par le pape.

    Mais de manière incompréhensible, François avait renoncé à lire ce discours, se bornant à saluer les participants.

    Quant à l’accusation de « génocide » adressée à Israël de la part du pape François, il y a bien eu plusieurs tentatives de la part de la Secrétairerie d’État et de la salle de presse du Vatican d’en atténuer les effets, sans résultat.

    Avec le nouveau pape Léon XIV, le chapitre sur Israël reste encore à aborder. Mais à tout le moins, jusqu’à présent, il le fait avec davantage de clarté, en adoptant des positions distinctes et parfois éloignées, comme on a pu le voir après les bombes sur l’église catholique de Gaza et à l’issue de son entretien tendu avec le président israélien Isaac Herzog, confirmé par des communiqués respectifs très dissonants. Au cours de son interview avec Elise Ann Allen dans le livre sorti le 18 septembre, il est très peu question d’Israël, mis à part cette mise au point sur le « génocide » :

    « Officiellement, le Saint-Siège considère qu’on ne peut faire aucune déclaration sur le sujet, pour le moment. Il existe une définition très technique de ce que pourrait être le génocide, mais de plus en plus de personnes soulèvent cette question, dont deux associations israéliennes pour les droits de l’homme ».

    — — —

    Sandro Magister est le vaticaniste émérite de l'hebdomadaire L'Espresso.
    Tous les articles de son blog Settimo Cielo sont disponibles sur diakonos.be en langue française.

    Ainsi que l'index complet de tous les articles français de www.chiesa, son blog précédent.

  • Lituanie : la Marche pour la vie à Vilnius a réuni des milliers de personnes

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    De  sur le NCR :

    La Marche pour la vie à Vilnius, en Lituanie, attire des milliers de personnes et suscite un soutien à la cause pro-vie.

    Les témoignages personnels ont fait partie des témoignages édifiants du week-end.

    Des jeunes filles portent des affiches qui signifient « Chaque vie est importante et précieuse » lors de la Marche pour la vie à Vilnius, en Lituanie, le 4 octobre 2025.
    Des jeunes filles brandissent des affiches sur lesquelles est écrit « Chaque vie est importante et précieuse » lors de la Marche pour la vie à Vilnius, en Lituanie, le 4 octobre 2025. (Photo : Erlendas Bart)

    Le cœur de la capitale lituanienne s'est animé de musique, de discours et de témoignages personnels poignants alors que des milliers de personnes se sont rassemblées samedi pour la « Žygis už gyvybę » (« Marche pour la vie »), un événement dédié à la célébration du caractère sacré de la vie et à la sensibilisation à la nécessité de sa protection.

    La marche a attiré des participants de toute la Lituanie ainsi que des pays voisins, notamment de Lettonie, d'Estonie et de Pologne.

    Les participants marchent le long de l'avenue Gediminas en direction de la place de la cathédrale de Vilnius lors de la Marche pour la vie à Vilnius, en Lituanie, le 4 octobre 2025. Crédit : Erlendas Bart
    Les participants marchent le long de l'avenue Gediminas en direction de la place de la cathédrale de Vilnius lors de la Marche pour la vie à Vilnius, en Lituanie, le 4 octobre 2025. Crédit : Erlendas Bart

    La manifestation du 4 octobre a débuté en début d'après-midi près de la Bibliothèque nationale Martynas Mažvydas, attirant un public diversifié composé de familles, d'étudiants, de militants, d'artistes et de membres du clergé. Portée par diverses organisations civiles et religieuses, la marche visait à affirmer la valeur de chaque vie humaine.  

    Des personnalités religieuses extérieures à la Lituanie ont exprimé leur soutien à l'initiative, notamment l'archevêque catholique letton de Riga, Mgr Zbigņevs Stankevičs, et l'évêque luthérien letton, Mgr Rinalds Grants, qui ont tous deux exprimé leur solidarité avec les objectifs de la marche. L'évêque auxiliaire de Kaunas, en Lituanie, Mgr Saulius Bužauskas, a participé en personne à la marche.

    Les participants se sont réunis près de la Bibliothèque nationale de Lituanie pour la cérémonie d'ouverture, où les intervenants ont partagé leurs points de vue personnels, médicaux, sociaux et philosophiques. Parmi eux, le Dr Lina Šulcienė a souligné la nécessité morale et spirituelle d'une société plus compatissante.

    « Notre conscience profonde nous appelle à une autre voie que la culture de la mort », a-t-elle déclaré. « Notre humanité profonde appelle à une culture de la vie, marquée par la solidarité, une compassion sincère et une sensibilité à l'égard des êtres humains, respectueuse de leur vie. »

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  • Neuf semaines de prière, du 8 octobre au 10 décembre, pour le centenaire de la Grande Promesse du Cœur Immaculé de Marie

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    D'Ermes Dovico sur la NBQ :

    La prière à Notre-Dame de Fatima pour réparer les péchés

    Neuf semaines de prière, du 8 octobre au 10 décembre, pour le centenaire de la Grande Promesse du Cœur Immaculé de Marie. C'est l'invitation du cardinal Burke à écouter la prière de Notre-Dame et à diffuser la pratique des Premiers Samedis : pour la paix et le salut.

    07_10_2025

    De nouvelles initiatives continuent de surgir dans l'Église catholique en prévision du centenaire, désormais imminent, de l'apparition de Pontevedra, en Espagne, survenue le 10 décembre 1925. Ce jour-là, l'Enfant Jésus et la Sainte Vierge Marie apparurent à la Vénérable Lucia dos Santos (1907-2005), l'aînée des trois voyantes de Fatima, pour lui expliquer pour la première fois la nature de la Communion réparatrice des premiers samedis du mois. Il s'agit d'une dévotion que Notre-Dame n'avait évoquée que huit ans plus tôt à la Cova da Iria, lors de l'apparition du 13 juillet 1917 (jour de la révélation des trois parties du secret de Fatima), lorsqu'elle promit de revenir demander à la fois la Communion réparatrice et la consécration de la Russie à son Cœur Immaculé. L'apparition du 10 décembre 1925, à Pontevedra, où Lucie était postulante chez les Dorothées, fut la première étape d'un nouveau cycle d'apparitions, portant à son achèvement le plan céleste.

    Pour marquer cet anniversaire, le cardinal Raymond Leo Burke a proposé une prière spéciale à Notre-Dame de Fatima, à commencer le mercredi 8 octobre et à poursuivre jusqu'au centenaire, le mercredi 10 décembre, pour un total de neuf semaines. Il s'agit de réciter une prière quotidienne écrite par le cardinal américain lui-même (ci-dessous), qui engage à pratiquer cette dévotion les premiers samedis de l'année. Un site web a également été créé ( guadalupeshrine.org/fatima/ ) où vous pouvez télécharger le texte de la prière en plusieurs langues, ainsi que la lettre dans laquelle le cardinal Burke présente sa proposition, retraçant les étapes clés de la réalisation de la Grande Promesse du Cœur Immaculé de Marie.

    Nous nous contenterons ici de rappeler le point culminant de l'apparition de Pontevedra, où la Mère céleste montra à Lucie son Cœur douloureux et lui demanda d'être consolé, expliquant les traits essentiels de la dévotion des Premiers Samedis : « Regarde, ma fille, mon Cœur couronné d'épines que les hommes ingrats m'enfoncent à chaque instant, par leurs blasphèmes et leur ingratitude. Toi, au moins, essaie de me consoler et dis que tous ceux qui, pendant cinq mois, le premier samedi, se confessent puis communient, récitent le Rosaire et me tiennent compagnie pendant quinze minutes en méditant les quinze mystères du Rosaire, dans l'intention de me réconforter, je promets de les assister, à l'heure de la mort, de leur accorder toutes les grâces nécessaires au salut de ces âmes. »

    Dans des révélations ultérieures, répondant aux besoins pratiques de nombreux fidèles, Jésus expliqua à Sœur Lucie que pour l'accomplissement de la dévotion, il considérerait également comme valable une confession de huit jours ou plus (« pourvu que, lorsqu'ils me reçoivent, ils soient en état de grâce et aient l'intention de faire réparation au Cœur Immaculé de Marie » ; 15 février 1926) ; en outre, il dit que la dévotion peut être pratiquée, exceptionnellement, le dimanche suivant le premier samedi du mois, mais seulement « pour de justes motifs, qu'il appartient aux prêtres d'apprécier » (29-30 mai 1930).

    Avec cette dernière exception à l'esprit, récapitulons les conditions générales : 1) Se confesser le premier samedi du mois ou dans les huit jours (ou plus) précédant ou suivant, à condition de recevoir l'Eucharistie en grâce. Votre confesseur doit être informé de votre intention de réparer les offenses faites au Cœur Immaculé de Marie. Si vous oubliez d'exprimer cette intention, vous pourrez vous rattraper lors de la confession suivante ; 2) Communier chaque premier samedi du mois pendant cinq mois consécutifs ; 3) Réciter le Rosaire ; 4) Après la prière, tenir compagnie à Notre-Dame pendant un autre quart d'heure, en méditant un ou plusieurs mystères du Rosaire (Sœur Lucie méditait généralement un à la fois. Vous pouvez vous aider de la lecture d'un passage de la Bible ou d'un écrit spirituel sur le mystère que vous avez l'intention de contempler).

    Le but de la dévotion du Premier Samedi est évidemment le salut des âmes, comme Notre-Dame elle-même l'a déclaré. En même temps, la Sainte Vierge a expliqué combien cette dévotion est nécessaire à la paix sur terre : elle l'était en 1917, au temps de la Première Guerre mondiale et de la Révolution bolchevique, qui ont pu propager « ses erreurs à travers le monde » (c'est pourquoi Marie avait également demandé la consécration de la Russie, qui a été réalisée avec un sérieux retard ) ; elle continue d'être ainsi aujourd'hui, alors que nous risquons un conflit nucléaire ; et elle le restera jusqu'au second et dernier avènement du Christ.

    En effet, hier comme aujourd'hui, il demeure nécessaire de réparer les péchés , un concept fondamental rappelé à plusieurs reprises par le cardinal Burke dans sa lettre. Les péchés qui offensent les Sacrés Cœurs de Jésus et de Marie exigent réparation, tant pour l'éternité (notre salut) que pour notre vie ici-bas. « Nous sommes profondément conscients », écrit Burke, « de la façon dont ces mêmes péchés perturbent l'ordre social, provoquant des conflits civils au sein des nations et des guerres entre elles, ainsi que de violentes atteintes à la vie humaine, au mariage et à la famille, et à la liberté de pratiquer sa religion dans de nombreux pays. Les agents de cette idéologie profondément perverse, l'athéisme communiste, continuent de répandre ses mensonges toxiques et leurs fruits : la destruction et la mort. »

    Contre ces mauvais fruits, il n'existe qu'une seule ressource : notre conversion à Dieu . Et un moyen privilégié pour cette conversion est précisément la pratique des Premiers Samedis, prélude au triomphe du Cœur Immaculé de Marie.

    Prière quotidienne en préparation au centenaire de l'apparition de l'Enfant Jésus et de sa Mère à la vénérable servante de Dieu Lucie dos Santos

    Du 8 octobre au 10 décembre 2025

    Ô Vierge Mère de Dieu et ma Mère bien-aimée, Notre-Dame de Fatima et du Très Saint Rosaire, je contemple votre Cœur douloureux et immaculé transpercé de tant d'épines par l'ingratitude et les terribles péchés de vos enfants.

    Je suis profondément et éternellement désolé de la façon dont mes péchés ont offensé votre Divin Fils et vous, sa Mère innocente. Avec un cœur humble et contrit, je désire réparer les offenses – grandes et petites – infligées à votre Cœur par les péchés de vos enfants.

    Dans votre amour maternel, vous m'avez enseigné, par l'intermédiaire de votre fille, la vénérable servante de Dieu Lucia dos Santos, la manière de réparer les péchés par la dévotion des premiers samedis. À l'occasion du 100e anniversaire de votre apparition, avec l'Enfant Jésus, à la vénérable servante de Dieu, le 10 décembre 1925, je m'engage à observer le premier samedi du mois en sincère réparation des péchés par la confession sacramentelle de mes péchés, la digne réception de la Sainte Communion, la prière de cinq dizaines du Saint Rosaire et en vous tenant compagnie pendant quinze minutes en méditant les mystères du Rosaire. Je vous prie d'intercéder pour moi, afin que ma pratique que la dévotion des premiers samedis puisse contribuer au salut de nombreuses âmes et à la paix dans le monde.

    Aidez-moi aussi à transmettre aux autres votre message de la dévotion des premiers samedis pour la réparation. En obéissance à votre conseil maternel, puisse l'Église, dans le monde entier, vous offrir cet acte d'amour des cœurs humbles et contrits en sincère réparation pour les péchés commis.

    Je donne totalement mon cœur à votreCœur douloureux et immaculé et, avec vous, je fais reposer mon cœur pour toujours dans le Très Saint Cœur de Jésus. De tout mon cœur, j'offre cette prière à Celui qui, seul, est notre salut. Amen.

    Raymond Leo Cardinal BURKE
    8 septembre 2025
    Fête de la Nativité de la Bienheureuse Vierge Marie

  • Les leçons de Lépante pour les combats d'aujourd'hui

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    De Michael Warsaw sur le National Catholic Register (archive 30 septembre 2021) :

    Les leçons de Lépante

    Ce qu'il faut pour combattre le sécularisme militant et l'expansionnisme pro-avortement reste identique à ce qui a fait pencher la balance à Lépante : la confiance en Dieu et l'intercession de la Vierge.

    Procession of Our Lady of Fatima.
    Procession de Notre-Dame de Fatima. (photo : Nuki Sharir / Shutterstock)

    Il y a quatre cent cinquante ans ce mois-ci, le 7 octobre 1571, les forces navales chrétiennes ont remporté l'une des plus importantes victoires de l'histoire mondiale, en détruisant une flotte considérablement plus importante de l'Empire ottoman lors de la bataille de Lépante, au large de la Grèce.

    Cet événement qui a changé la face du monde, en endiguant de manière décisive la vague d'expansionnisme militaire musulman dans le bassin méditerranéen, est commémoré chaque 7 octobre dans le calendrier liturgique de l'Église, lors de la fête de Notre-Dame du Rosaire. En fait, la fête était initialement connue sous le nom de fête de Notre-Dame de la Victoire, un titre conféré en reconnaissance du rôle critique que la prière d'intercession mariale a joué dans la victoire de la bataille de Lépante. 

    Compte tenu de ce contexte historique, il est toujours opportun, en ce jour et pendant tout le reste du mois d'octobre, de réfléchir à l'importance de se tourner vers Marie lorsque nous sommes confrontés à des défis personnels ou collectifs dans nos vies.

    C'est particulièrement pertinent cette année, alors que la foi catholique est à nouveau mise au défi par des forces qui semblent imparables pour de nombreux observateurs. La bataille d'aujourd'hui est, bien sûr, très différente du défi que l'Europe chrétienne a affronté il y a 450 ans à Lépante, l'attaque venant maintenant principalement du sécularisme et d'une hostilité sociétale croissante envers toutes les formes de religion.

    Au fond, cependant, ce qu'il faut pour combattre le sécularisme militant reste identique à ce qui a permis de renverser la vapeur à Lépante, contre toute attente : la dépendance à l'égard de Dieu par la foi en la personne de Jésus et le recours à Notre Seigneur par l'intercession de sa Sainte Mère.

    À l'heure actuelle, aux États-Unis, cette bataille spirituelle est engagée de manière très visible dans le domaine de l'avortement. À la suite de l'adoption de la loi texane sur les battements de cœur et de la décision subséquente de la Cour suprême des États-Unis de ne pas bloquer sa mise en œuvre, le lobby de l'avortement et ses alliés du Parti démocrate au Congrès et à la Maison-Blanche se sont mobilisés de façon spectaculaire en faveur du droit à l'avortement. 

    Sous la direction de la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, une catholique favorable au droit à l'avortement, la Chambre des représentants a adopté à la hâte la loi dite "Women's Health Promotion Act". Ce projet de loi pernicieux vise non seulement à consacrer la législation Roe v. Wade, mais aussi à étendre encore davantage la licence d'avortement sans restriction de notre nation en supprimant le droit des États individuels à adopter des lois restreignant l'accès à l'avortement. Il vise également à priver les travailleurs de la santé catholiques et ceux d'autres confessions du droit de refuser de coopérer à des avortements pour des raisons de conscience religieuse.

    Pour sa part, le président Joe Biden, un autre politicien catholique favorable à l'avortement, a réagi à la loi texane en s'engageant à lancer une offensive "pangouvernementale" en faveur de l'avortement. Il a déjà tenu sa promesse en soutenant la loi sur la promotion de la santé des femmes et en engageant une action en justice contre la loi Heartbeat pour des raisons constitutionnelles.

    Mais ce n'est pas vraiment la loi texane qui a poussé l'activisme pro-avortement à un tel degré de fièvre. C'est l'examen prochain par la Cour suprême des États-Unis d'une autre affaire, Dobbs v. Jackson Women's Health Organization, concernant une loi du Mississippi qui interdit les avortements après 15 semaines de gestation. 

    De nombreux observateurs juridiques avertis pensent que la Cour est sur le point d'annuler l'interdiction de Roe v. Wade concernant les restrictions à l'avortement avant 20 semaines, lorsqu'un bébé à naître est considéré comme viable en dehors de l'utérus de la mère. Et il est fort possible que la majorité des juges conservateurs de la Cour aille encore plus loin dans son arrêt Dobbs et annule complètement Roe, renvoyant ainsi les lois sur l'avortement à l'autorité exclusive des États. 

    Dans un tel contexte, où la vie de millions d'Américains à naître est potentiellement en jeu, les catholiques fidèles doivent soutenir la campagne visant à restreindre le plus possible le mal de l'avortement dans notre pays. 

    Avec cet objectif en tête, EWTN, Relevant Radio et l'Institut Napa ont conjointement lancé un effort pour prier et promouvoir le Rosaire quotidien pendant le mois d'octobre pour "la fin de l'avortement légal en Amérique et une vague de soutien aux futures mères". Cette initiative s'inscrit dans le contexte spécifique de l'affaire Dobbs, que la Cour suprême examinera en décembre. Nous espérons que de nombreuses autres organisations catholiques se joindront à cet effort en priant le chapelet quotidien en octobre à cette intention, et mobiliseront ainsi des millions d'Américains dans la prière.

    Comme je l'ai indiqué précédemment, la nature de la menace laïque actuelle contre la vie et la liberté des croyants, aux États-Unis et dans d'autres pays, est sensiblement différente de la menace militaire que représentaient les forces navales de l'Empire ottoman musulman à Lépante. Le monde est très différent de ce qu'il était en 1571, lorsque le pape Saint Pie V a rallié les dirigeants de l'Europe chrétienne pour former une Sainte Ligue et faire face à un agresseur violent par une action militaire. Mais l'élément le plus central de la réponse de saint Pie V peut et doit être imité. Avant la grande bataille navale, il a ordonné que les églises de la ville de Rome restent ouvertes 24 heures sur 24 pour les prières et a préconisé en particulier la récitation du rosaire afin de susciter l'intercession de la Vierge Marie.

    Les non-croyants se moquent des fidèles qui recourent à des armes spirituelles pour faire face à de graves problèmes terrestres, mais les croyants ne s'y trompent pas. À maintes reprises au cours des crises qui ont marqué les 2000 ans d'histoire de l'Église, des ressources inattendues se sont matérialisées pour fournir exactement ce qui était nécessaire pour surmonter un obstacle apparemment insurmontable lorsque des prières d'intercession étaient adressées à la Mère de Jésus. 

    C'est précisément la raison pour laquelle la fête de Notre-Dame du Rosaire est célébrée chaque 7 octobre. Et ces prières mariales sont exactement ce que nous devons faire maintenant tout au long de ce mois, alors que la plus haute cour de justice de notre pays se prépare à entendre l'affaire qui pourrait finalement mettre fin au cadre national de l'avortement légal. 

    Que Dieu vous bénisse !

    Lire également : La conscience européenne moderne est née à Lépante

  • Fêtons Notre Dame du Rosaire (7 octobre)

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    notre-10.jpgDe missel.free.fr :

    La fête de Notre-Dame du Rosaire se célébrait déjà, en 1547, à Tortosa (Espagne), le troisième dimanche d'avril, quand fut instituée par Pie V la fête de Notre-Dame de la Victoire (1572) au premier dimanche d'octobre, en action de grâces pour la victoire de Lépante où, à l'entrée du golfe de Corinthe, la flotte chrétienne fournie par le Saint-Siège, l'Espagne, Venise, la Savoie, Mantoue, Ferrare, Gênes et Lucques, sous le commandement de don Juan d'Autriche, avait écrasé la flotte turque d'Ali Pacha (7 octobre 1571). C'est à cette occasion qu'on ajouta aux litanies de la Sainte Vierge l'invocation Secours des Chrétiens, priez pour nous ! Grégoire XIII qui attribuait la victoire de Lépante aux processions faites à Rome par les confréries du Saint-Rosaire, changea la fête de Notre-Dame de la Victoire en celle du Saint Rosaire et la fixa au premier dimanche d'octobre (1573) ; elle ne fut alors obligatoire que pour les églises romaines qui possédaient une chapelle ou une confrérie du Saint-Rosaire.

    Clément X concéda cette fête à l'Espagne (1671) avant que Clément XI l'étendît à l'Eglise universelle et l'élevât au rit double-majeur (1716), célébrée le jour de l'octave de l'Assomption, à la suite de la victoire de Peterwaradin que le prince Eugène de Savoie avait remportée sur les Turcs (5 août 1716). Léon XIII en fit une fête de seconde classe et adopta l'office et le propre de la messe en usage chez les Dominicains (1887). Pie X la fixa au 7 octobre (1913).

    « Réjouissons-nous tous dans le Seigneur ! Nous célébrons ce jour de fête en l’honneur de la bienheureuse Vierge Marie. Les anges prennent part à la joie de cette solennité, et ils acclament en chœur le Fils de Dieu. Mon cœur est tout vibrant de paroles de choix; c’est pour un roi que je dis mon poème. »

    « Dieu dont le Fils unique, par sa vie, sa mort et sa résurrection, nous a mérité le bienfait du salut éternel, faites que, méditant ces mystères dans le très saint rosaire de la bienheureuse Vierge Marie, nous imitions ce qu’ils contiennent afin d’obtenir ce qu’ils promettent. » (Textes de la Messe en l’honneur de Notre Dame du Saint Rosaire)

  • 7 octobre : fête du Rosaire de la Vierge Marie

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    LETTRE APOSTOLIQUE
    ROSARIUM VIRGINIS MARIAE
    DU PAPE JEAN-PAUL II
    À L'ÉPISCOPAT, AU CLERGÉ ET AUX FIDÈLES SUR LE ROSAIRE (16 octobre 2002)

    INTRODUCTION

    1. Le Rosaire de la Vierge Marie, qui s'est développé progressivement au coursdu deuxième millénaire sous l'inspiration de l'Esprit de Dieu, est une prière aimée de nombreux saints et encouragée par le Magistère. Dans sa simplicité et dans sa profondeur, il reste, même dans le troisième millénaire commençant, une prière d'une grande signification, destinée à porter des fruits de sainteté. Elle se situe bien dans la ligne spirituelle d'un christianisme qui, après deux mille ans, n'a rien perdu de la fraîcheur des origines et qui se sent poussé par l'Esprit de Dieu à « avancer au large » (Duc in altum!) pour redire, et même pour “crier” au monde, que le Christ est Seigneur et Sauveur, qu'il est « le chemin, la vérité et la vie » (Jn 14, 6), qu'il est « la fin de l'histoire humaine, le point vers lequel convergent les désirs de l'histoire et de la civilisation ».1

    En effet, tout en ayant une caractéristique mariale, le Rosaire est une prière dont le centre est christologique. Dans la sobriété de ses éléments, il concentre en lui la profondeur de tout le message évangélique, dont il est presque un résumé.En lui résonne à nouveau la prière de Marie, son Magnificat permanent pour l'œuvre de l'Incarnation rédemptrice qui a commencé dans son sein virginal. Avec lui, le peuple chrétien se met à l'école de Marie, pour se laisser introduire dans la contemplation de la beauté du visage du Christ et dans l'expérience de la profondeur de son amour. Par le Rosaire, le croyant puise d'abondantes grâces, les recevant presque des mains mêmes de la Mère du Rédempteur. 

    Les Pontifes romains et le Rosaire

    2. Beaucoup de mes prédécesseurs ont accordé une grande importance à cette prière. À ce sujet, des mérites particuliers reviennent à Léon XIII qui, le 1erseptembre 1883, promulgua l'encyclique Supremi apostolatus officio,paroles fortes par lesquelles il inaugurait une série de nombreuses autres interventions concernant cette prière, qu'il présente comme un instrument spirituel efficace face aux maux de la société. Parmi les Papes les plus récents qui, dans la période conciliaire, se sont illustrés dans la promotion du Rosaire, je désire rappeler le bienheureux Jean XXIIIet surtout Paul VI qui, dans l'exhortation apostoliqueMarialis cultus, souligna, en harmonie avec l'inspiration du Concile Vatican II, le caractère évangélique du Rosaire et son orientation christologique.

    Puis, moi-même, je n'ai négligé aucune occasion pour exhorter à la récitation fréquente du Rosaire. Depuis mes plus jeunes années, cette prière a eu une place importante dans ma vie spirituelle. Mon récent voyage en Pologne me l'a rappelé avec force, et surtout la visite au sanctuaire de Kalwaria. Le Rosaire m'a accompagné dans les temps de joie et dans les temps d'épreuve. Je lui ai confié de nombreuses préoccupations. En lui, j'ai toujours trouvé le réconfort. Il y a vingt-quatre ans, le 29 octobre 1978, deux semaines à peine après mon élection au Siège de Pierre, laissant entrevoir quelque chose de mon âme, je m'exprimais ainsi: « Le Rosaire est ma prière préférée. C'est une prière merveilleuse. Merveilleuse de simplicité et de profondeur. [...] On peut dire que le Rosaire est, d'une certaine manière, une prière-commentaire du dernier chapitre de la Constitution Lumen gentium du deuxième Concile du Vatican, chapitre qui traite de l'admirable présence de la Mère de Dieu dans le mystère du Christ et de l'Église. En effet, sur l'arrière-fond des Ave Maria défilent les principaux épisodes de la vie de Jésus Christ. Réunis en mystères joyeux, douloureux et glorieux, ils (1961), pp.641-647: La Documentation catholique 58 (1961), col. 1265-1271.nous mettent en communion vivante avec Jésus à travers le cœur de sa Mère, pourrions-nous dire. En même temps, nous pouvons rassembler dans ces dizaines du Rosaire tous les événements de notre vie individuelle ou familiale, de la vie de notre pays, de l'Église, de l'humanité, c'est-à-dire nos événements personnels ou ceux de notre prochain, et en particulier de ceux qui nous sont les plus proches, qui nous tiennent le plus à cœur. C'est ainsi que la simple prière du Rosaire s'écoule au rythme de la vie humaine ».

    Par ces paroles, chers frères et sœurs, je mettais dans le rythme quotidien du Rosaire ma première année de Pontificat. Aujourd'hui, au début de ma vingt-cinquième année de service comme Successeur de Pierre, je désire faire de même. Que de grâces n'ai-je pas reçues de la Vierge Sainte à travers le rosaire au cours de ces années: Magnificat anima mea Dominum!Je désire faire monter mon action de grâce vers le Seigneur avec les paroles de sa très sainte Mère, sous la protection de laquelle j'ai placé mon ministère pétrinien: Totus tuus!

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