Du Figaro via ce site :
GRAND ENTRETIEN – L’archevêque de Paris voit dans l’incendie de Notre-Dame un appel à la «conversion» des cœurs.
Mgr Michel Aupetit, archevêque de Paris, avait reçu Le Figaro pour une longue interview juste avant le drame de Notre-Dame. Il l’a complétée ce mardi.
LE FIGARO. – Notre-Dame de Paris, votre cathédrale, est en partie détruite: qu’avez-vous perdu lundi soir?
Mgr Michel AUPETIT. – Le signe spirituel de l’incendie de notre église mère, en ce jour du lundi saint où tous les chrétiens entrent dans la grande semaine de la Passion et de la Résurrection du Christ, est une immense douleur. Qu’est-ce que le Seigneur veut nous dire à travers cette épreuve? Nous voici dans un scandale de mort, vers le mystère d’une résurrection. Notre espérance ne nous décevra jamais car elle est fondée non sur des édifices de pierre, toujours à reconstruire, mais sur le Ressuscité qui demeure à jamais. Nous avons perdu la beauté de l’écrin, mais nous n’avons pas perdu le bijou qu’elle contenait: le Christ présent dans sa Parole et dans son Corps livré pour nous.
«La destruction de la cathédrale suscite un élan spontané de prière et de générosité dans le monde entier qui nous touche beaucoup. Mais le chemin sera long.»
Êtes-vous optimiste pour la reconstruction, son financement?
La destruction de la cathédrale suscite un élan spontané de prière et de générosité dans le monde entier qui nous touche beaucoup. Mais le chemin sera long.
La France, croyante ou non, a vibré lundi: de quoi Notre-Dame de Paris est-elle le signe?
Elle est l’âme de la France par son histoire. Elle est le signe de la foi de ce peuple qui, même s’il l’oublie, comme le disait Lacordaire à Notre Dame, demeure la «fille aînée de l’Église».
L’Église traverse une crise sans précédent. Son vaisseau amiral qui brûle: est-ce un signe spirituel?
Au-delà de la reconstruction des pierres, il s’agit de reconstruire l’Église tout entière par la conversion de notre cœur. «Va, dit le Seigneur à saint François d’Assise, et rebâtis mon Église qui tombe en ruines.»
Le gouvernement clôt un grand débat, l’Église catholique doit-elle ouvrir le sien?
L’Église a ouvert son débat au niveau de ses responsables dès qu’elle a pris conscience de la réalité et de la gravité des faits. Aujourd’hui, c’est aux fidèles de s’emparer de ce débat. Il y a un trouble profond chez les catholiques mais ce n’est pas un rejet des prêtres car tous se ressoudent, malgré une souffrance très forte, autour d’une commune espérance. Les fidèles veulent toutefois s’exprimer, c’est ce qu’ils font actuellement dans les paroisses. C’est tant mieux. Il faut qu’ils puissent dire ce que cette crise provoque en eux et nous devons les aider en ce sens.