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Art - Page 58

  • Vermeer, un peintre catholique

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    De Jean Duchesne sur le site de l'Eglise catholique en France :

    Vermeer catholique ?

    L’exposition parisienne pour laquelle on ne fait qu’une heure de queue à condition d’avoir réservé des semaines à l’avance est au Louvre (jusqu’au 22 mai) : « Vermeer et les maîtres de la peinture de genre ». Toutes les œuvres (il y en a pourtant à peine quarante) du maître hollandais ne sont pas là : ni la « Vue de Delft » célébrée par Proust, ni « L’Art de la peinture », ni « La Jeune Fille à la perle »… Mais « La Laitière » empruntée à Amsterdam tient compagnie à « La Dentellière » déjà sur place, de même que « Le Géographe » venu de Francfort à « L’Astronome » de la maison. Les toiles exposées du peintre vedette (une douzaine) voisinent avec des travaux comparables de contemporains : De Hooch, Dou, Metsu, Maes, Netscher, Ter Borch, Steen, Van Hoogstraten, Van Mieris… : des tableaux de dimensions modestes, destinés à des intérieurs, à la vie quotidienne et à l’intimité dont ils sont des reflets, dans des maisons bourgeoises où l’on voit surtout des femmes, à l’époque de Molière et de Racine, au moment où Louis XIV dans l’impérieuse gloire de sa jeunesse va envahir le pays.

    Ce sont moins les ressemblances que les différences qui frappent entre Vermeer et les autres. Certes, c’est de la peinture « de genre » : des instantanés domestiques qui prennent là une consistance inattendue. Certes aussi, la lumière vient toujours (ou presque) éclairer la scène de la gauche par une fenêtre à petits carreaux. Mais chez Vermeer, elle est d’une puissance inégalée, qui baigne la pièce et les personnages, conférant une intensité ou une densité poétique à leur activité banale (toilette, tâches ménagères, rédaction d’une lettre, séance de musique…). Cette ambiance lumineuse fait deviner des états d’âme inexprimés et met en valeur la couleur des matériaux en donnant de percevoir leur texture.

    allegorie1.jpgMais le tableau le plus surprenant de cette exposition est peut-être celui que l’on découvre juste avant la sortie. D’abord en raison de sa taille, bien supérieure aux autres. Ensuite parce que c’est une « Allégorie de la foi » – entendez : la foi catholique. Car Vermeer, né calviniste comme l’écrasante majorité de ses concitoyens, ne l’était pas resté. Il avait rejoint l’Église romaine pour se marier et vraiment rien n’autorise à penser que cette conversion n’était pas aussi sincère que son amour. Elle n’a de toute façon certainement pas favorisé ni sa carrière ni sa situation matérielle de père de très nombreuse famille. C’est une toile peu connue en France, venue du Metropolitan de New York, et vraisemblablement la dernière du peintre.

    On retrouve le sol de dalles noires et blanches et la lourde tenture de « L’Art de la peinture ». Mais on ne sait d’où vient la lumière qui éclaire le personnage central et la Bible à droite. Explication : les « papistes » ne pouvaient célébrer la messe qu’en privé, en se cachant derrière des rideaux, dans des maisons particulières. Sur l’autel, le cierge non allumé rappelle la même discrétion obligée. Le calice n’est assurément pas protestant, de même que le crucifix n’est pas la croix nue des réformés. La figure centrale a un pied sur un globe terrestre en signe de l’universalité de l’Église, et elle est vêtue de blanc et de bleu (couleurs mariales). Le tableau au fond est une copie la « Crucifixion » de Jordaens (1620), où Jésus confie l’un à l’autre sa Mère et saint Jean qui représente tous ses disciples. On voit encore sur les marches une chasuble indubitablement catholique et sur le sol, une pomme évoquant le péché originel, tandis qu’au premier plan un bloc lapidaire (sans doute le Christ, pierre d’angle) écrase l’hérésie sous la forme d’un serpent.

    Il faut avouer que ce tableau didactique, bien qu’il soit sans conteste de Vermeer et non sans mérites, séduit moins que ses toiles apparemment plus profanes. Peut-être n’est-ce pas dans l’apologétique de commande qu’un peintre croyant fait le mieux partager sa foi ou permet de sonder les profondeurs qu’elle atteint au cœur de chacun. C’est ce que confirme la comparaison entre deux œuvres assez proches, exposées côte à côte au Louvre. D’un côté, « La Peseuse d’or » due à De Hooch, expédiée de Berlin, de l’autre, « La Femme à la balance » de Vermeer, arrivée de Washington.

    C’est le même travail, sur une table encombrée de tissus devant une fenêtre. Dans les deux cas, la femme a un voile blanc sur la tête et porte une ample veste bleue aux manches courtes, bordée et peut-être doublée de fourrure blanche.

    Chez De Hooch, les tons chauds et vifs dominent. Le décor est neutre. La peseuse est un peu penchée, entièrement absorbée par ce qu’elle fait. Son visage apparaît à peine. La lumière est discrète, relativement uniforme et ne laisse pas percevoir d’au-delà.

    Chez Vermeer, des teintes plus froides l’emportent, mais le blanc est plus éclatant et une vive clarté transperce le rideau tiré. Le visage de la femme est plus visible et en même temps serein. Il manifeste un certain détachement envers l’opération à laquelle elle se livre avec sérieux, la tête un peu penchée, mais de haut.

    C’est, peut-on estimer, une attitude différente, plus distanciée, plus spirituelle, vis-à-vis de l’or et des richesses de ce monde. Cette impression est confirmée par le tableau accroché au fond, qui est un « Jugement dernier ». Sait-elle qu’elle est déjà en train d’être jugée ? Le peintre en tout cas suggère qu’elle l’est déjà, non seulement par la vision eschatologique derrière elle, mais encore par la splendeur venue d’ailleurs pour transpercer la tenture jaune d’or (justement) qui est censée mettre le trésor en train d’être évalué à l’abri des regards inquisiteurs.

    C’est une foi moins « confessante », moins dogmatique, plus intériorisée, plus concrète aussi que sur la grande « Allégorie » qui transparaît dans cette scène banale. Le christianisme de Vermeer n’est pas visible que dans ses rares œuvres religieuses. Il est perceptible et probablement plus convaincant encore dans sa peinture du quotidien où l’instant saisi au vol dans un huis clos s’inscrit dans une réalité infiniment plus ouverte.

    Jean Duchesne

  • L'Agneau mystique des Frères Van Eyck comme vous ne l'avez jamais vu

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    Du site KerkNet :

    Bekijk het Lam Gods extreem gedetailleerd online

    De buitenpanelen van het Lam Gods, het meesterwerk van de gebroeders Van Eyck, zijn vanaf nu online te bekijken op het Google Arts & Culture platform. Daarmee kun je inzoomen op het allerkleinste detail, dat nog altijd haarscherp in beeld komt. 

    Na hun restauratie werden de buitenluiken uitgebreid gefotografeerd door een team van Google. Dat gebeurde met de Art Camera, die speciaal werd ontworpen om kunstwerken te digitaliseren.          

    Voor de digitalisering van het Lam Gods werkte Google samen met de Sint-Baafskathedraal en Lukas - Art in Flanders, dat digitale beelden voor Vlaamse musea en erfgoedcollecties beheert.          

    De binnenste panelen van het werk worden momenteel gerestaureerd in Gent en worden in 2019 aan het publiek voorgesteld. 

     Het Lam Gods (1432), gesloten, na restauratie, door Hubert en Jan Van Eyck ©  Lukas - Art in Flanders

    Het Lam Gods (1432), gesloten, na restauratie, door Hubert en Jan Van Eyck © Lukas - Art in Flanders

    https://www.google.com/culturalinstitute/beta/u/0/partner/lukas-art-in-flanders

  • France : vers une béatification de la poétesse Marie Noël ?

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    Lu sur « riposte catholique » :

    Marie Noel bord.JPGVendredi 31 mars 2017 se sont achevés les travaux de l’Assemblée plénière de la Conférence des évêques de France (CEF) réunie depuis le mardi 28 mars à Lourdes.

    Les évêques ont pris par vote plusieurs décisions, dont l’ouverture de la cause, en vue d’une éventuelle béatification, de Marie-Mélanie Rouget (en poésie Marie-Noël). 

    Voici la "Berceuse de la Mère-Dieu" :

     

    Mon Dieu, qui dormez, faible entre mes bras,

    Mon enfant tout chaud sur mon coeur qui bat,

    J’adore en mes mains et berce étonnée,

    La merveille, ô Dieu, que m’avez donnée.

     

    De fils, ô mon Dieu, je n’en avais pas.

    Vierge que je suis, en cet humble état,

    Quelle joie en fleur de moi serait née ?

    Mais vous, Tout-Puissant, me l’avez donnée.

    Que rendrais-je à vous, moi sur qui tomba

    Votre grâce ? ô Dieu, je souris tout bas

    Car j’avais aussi, petite et bornée,

    J’avais une grâce et vous l’ai donnée.

     

    De bouche, ô mon Dieu, vous n’en aviez pas

    Pour parler aux gens perdus d’ici-bas…

    Ta bouche de lait vers mon sein tournée,

    O mon fils, c’est moi qui te l’ai donnée.

     

    De main, ô mon Dieu, vous n’en aviez pas

    Pour guérir du doigt leurs pauvres corps las…

    Ta main, bouton clos, rose encore gênée,

    O mon fils, c’est moi qui te l’ai donnée.

     

    De chair, ô mon Dieu, vous n’en aviez pas

    Pour rompre avec eux le pain du repas…

    Ta chair au printemps de moi façonnée,

    O mon fils, c’est moi qui te l’ai donnée.

     

    De mort, ô mon Dieu, vous n’en aviez pas

    Pour sauver le monde… O douleur ! là-bas,

    Ta mort d’homme, un soir, noir, abandonnée,

    Mon petit, c’est moi qui te l’ai donnée.

     

    Ref. Ouverture de la cause de Marie-Noël

     JPSC

  • Liège : dimanche 2 avril à 10h00, premier dimanche de la passion à l’église du Saint-Sacrement, au Boulevard d’Avroy

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     «Judica me, Deus, et discerne causam meam de gente non sancta : ab homine iniquo et doloso eripe me : quia tu es, Deus meus, fortitudo mea. Rends-moi justice, mon Dieu et sépare ma cause de celle des impies. De l’homme fourbe et méchant  délivre moi  car tu es mon Dieu et ma force » (introït de la messe) : le Christ traqué par ses ennemis invoque la justice de son Père et proclame son espérance » (célébration avec le concours de l'Ensemble Darius)

    Saint-Sacrement 1er dimanche du mois_2.0.jpg

     Hymne de la Passion "Vexilla Regis prodeunt"

    Les étendards du Roi s'avancent

    La Croix rayonne en son mystère

  • Patrimoine religieux: restaurer ne signifie pas réaffecter

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    Le Christ de la Portioncule semblait dire à saint François d’Assise « va et restaure mon Eglise qui tombe en ruine » : une exhortation que François prit d’abord à la lettre en relevant de ses mains, sa truelle, son marteau et ses clous la petite église du VI e siècle avant de comprendre que l’appel visait l’Eglise du Christ elle-même : l’un ne va pas sans l’autre. JPSC 

  • Liège, 6 mai : Concert de Yasmina di Meo au profit du Centre Don Bosco d'Alep

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    Affiche Concert Liège di meo.jpgYasmina di Meo

    En concert à Liège

    Au profit du centre Don Bosco d’Alep en Syrie

    Samedi 6 mai 2017 à 20h

    Eglise Saint François de Sales

    (rue Jacob Makoy, 34a – 4000 Liège)

    « Don Bosco est vivant, plus vivant que jamais en Syrie, à Alep. Dans la désolation et parmi les décombres, la maison salésienne ouvre tous les jours ses portes pour accueillir des centaines de bambins, d’enfants et de jeunes parce que nous voulons à tout prix qu’à côté de la mort que l’on voit partout, la vie continue. Et je peux affirmer qu’au lieu de diminuer, le nombre de jeunes continue d’augmenter. Je suis ému de voir plus de mille cinq cents enfants et jeunes, le double d’avant, qui veulent venir dans la maison de Don Bosco pour rencontrer d’autres jeunes, pour vivre, pour prier et pour jouer. »

    Père Munir El Raì, Provincial Salésien du Moyen-Orient.

    Yasmina di Meo est née au Liban en temps de guerre, dans une famille chrétienne. Elle y vit plus de six années avant de s’installer avec sa famille à Paris.

    Elle baigne dans une culture grecque-catholique et une éducation entre Orient et Occident, où l’on parle français, arabe et anglais.

    Depuis son plus jeune âge, sa rencontre avec le Seigneur et son engagement pour la musique, étroitement liés et indissociables, constituent son principal chemin. Dans un style entre pop-rock et musique world, elle y chante en grec et en arabe dans ses adaptations des chants byzantins de son enfance, mais également des compositions en anglais et en français.

    Seule au piano ou accompagnée de ses musiciens, elle poursuit en France et Europe son histoire d’amour sur scène avec le public.

    Les bénéfices du Concert qu’elle donnera le 6 mai prochain servira à soutenir les activité du centre de jeunes Don Bosco d’Alep en Syrie.

    Parking sur la cour de l’école don bosco (entrée par le 59, rue des wallons)

    Paf : libre

    Contact et info – Rudy Hainaux – rue Jacob makoy, 34a – 4000 Liège – rudy.hainaux@gmail.com – 04.252.64.18

  • Rome : premières rencontres de chant grégorien avec une large participation belge

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    L’Académie de Chant grégorien de Belgique (Communauté Wallonie-Bruxelles) a proposé, en collaboration avec la Chorale Cum Jubilo de Watou (Flandre occidentale), une session à Rome à l’occasion de l’entrée en Carême. Le succès de la manifestation a surpris les organisateurs: 80 chanteurs, venus de 12 pays ont participé à l’événement. Lu sur "cathobel" le site interdiocésain francophone de Belgique, ce 13 mars 2017 :


    Gregorien-a-Rome-768x343.jpg« Au cours de cette session de 5 jours, les participants ont préparé le répertoire grégorien du Mercredi des Cendres. Les différents Offices de la journée, laudes, tierces, sextes, nonnes ainsi que la messe ont été chantés dans différentes basiliques de la ville, notamment Sainte Marie Majeure et Saint Paul hors les murs ainsi que Saints Jean et Paul al Celio, dont Mgr Joseph De Kesel est le Cardinal-prêtre. Ce fut donc une journée de pèlérinage chantant à travers toute la Ville Sainte. Une expérience inoubliable.

    Un des grands moments du séjour romain, fut aussi la messe du lundi 27 février que les grégorianistes ont chantée en la Basilique Saint-Pierre à 17h.

    Les portes de toutes ces belles églises se sont ouvertes grâce à l’aide précieuse de Monseigneur Dirk Smet, recteur du Collège pontifical belge à Rome, qui accepta de célébrer lui-même certains des offices.
    La Schola était composée de chanteurs venus de toute l’Europe, Belges francophones et néerlandophones, Lituaniens, Estoniens, Hollandais, Hongrois, Français, Allemands, Anglais, Polonais, Espagnols et Suisse, dirigés par le chef estonien Jaan-Eik-Tulve.

    Le séjour fut aussi l’occasion de s’intéresser au rôle de l’Eglise dans le monde. Gérald Messiaen, Président de l’Académie de chant grégorien , avait choisi comme thème de la session « Loquetur pacem gentibus » (Za. 09,10) (Il annoncera la paix aux nations) dans la cadre du centenaire de la guerre 1914-1918. C’est ainsi que Philippe Chenaux, professeur d’histoire de l’Église moderne et contemporaine à l’Université du Latran a parlé des «Tentatives de paix de Benoît XV et de Mgr. Pacelli (le futur pape Pie XII) en 1917» lors d’une brillante conférence qui s’est tenue à la Résidence de l’ambassade de Belgique auprès du Vatican, rehaussée par la présence de l’Ambassadeur, Monsieur Jean Cornet.

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  • Verviers (Sainte-Julienne), dimanche 19 mars : messe et concert par l'ensemble Cantabile (Eupen)

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    Nous avons le plaisir de vous inviter à la messe

    suivie d'un moment musical,

    le dimanche 19 mars 2017 à 11H00

    à l'église Sainte-Julienne (Verviers)

    L'ensemble vocal Cantabile d’Eupen

    interprètera

    des oeuvres de Thalis, Dubra, Duruflé,

    Hogan, Gjeilo et Nees

  • Le film "Silence" et le silence de Dieu

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    Lu sur le site de La Croix :

    « Silence » et le silence de Dieu, par Gaël Giraud

    Gaël Giraud, jésuite, revient sur le film de Martin Scorsese, « Silence ».

    Pour Gaël Giraud, le film de Martin Scorsese semble poser une question redoutable : le silence de Dieu devant la souffrance humaine, que signifie-t-il ?

    Le film de Martin Scorsese semble poser une question redoutable : le silence de Dieu devant la souffrance humaine, que signifie-t-il ? Le cinéaste ne répondra pas dans ce film, lequel se clôt sur une sentence énoncée en voix off : « Dieu répondra… » Mais quand ? Ce n’est autre que la question posée dans l’Apocalypse : « Jusques à quand tarderas-tu à faire justice ? » (Ap 6, 10).

    Silence situe ce mystère aussi vieux que la souffrance elle-même au cœur du drame des paysans japonais chrétiens et pauvres du XVIIe siècle, soumis à une répression d’une rare cruauté. Et au cœur du drame éprouvé par les missionnaires catholiques, notamment des jésuites portugais, venus évangéliser l’archipel dans le sillage de saint François-Xavier. Tout tourne, en effet, autour de deux d’entre eux, Ferreira et Rodrigues, qui finirent par abjurer leur foi pour épargner d’inutiles souffrances aux chrétiens japonais torturés.

    Scorsese (et avant lui le romancier japonais catholique Shūsaku Endō, dont il s’inspire) semble entremêler deux thèses qui convergent vers la même conclusion : il valait mieux abjurer. La première est que le christianisme est une religion qui ne veut pas la souffrance de l’homme, de sorte que, placé dans une situation perverse, il était préférable de renoncer à son orgueil de prêtre occidental et de sauver des vies. Renoncer à s’affirmer chrétien serait alors le meilleur moyen de le rester. La seconde thèse est que la civilisation japonaise, bouddhiste par essence, serait intrinsèquement étrangère au christianisme. La prétendue visée universaliste de ce dernier serait simplement l’héritage de l’enracinement occidental du christianisme. Une ambition mise en échec par la singularité nippone que nos braves missionnaires n’avaient pas vraiment pris la peine d’apprendre à connaître.

    Sauver la vie d’autrui est évidemment un motif légitime pour consentir à se compromettre en apparence face à des régimes dictatoriaux. De même, l’expérience évangélique n’a jamais pu se transmettre sans un travail, de l’intérieur, des référents culturels au sein desquels elle a d’abord été explicitée. Pourtant Matteo Ricci, astronome jésuite italien qui, à la même époque, entrera à la cour de l’empereur de Chine, et deviendra un authentique mandarin, témoigne de ce que cette intelligence de l’inculturation n’était pas étrangère aux jésuites du Grand Siècle. Néanmoins, le film ne semble pas vouloir s’arrêter à ces constats somme toute bien connus. Il suggère en effet que les deux jésuites apostats ont collaboré avec le régime japonais dans sa rage obsessionnelle à détruire tout signe chrétien, tout en conservant leur foi in petto, dans la plus absolue discrétion. En affichant ce renoncement à toute manifestation extérieure de leur fidélité religieuse, Scorsese veut-il faire l’apologie d’un christianisme intimiste, rangé au rayon des spiritualités intérieures ? Pareille lecture du film n’est pas impossible. Et c’est cela précisément qu’il faut questionner.

    Je doute fort que nos amis bouddhistes endosseront les tortures infligées par l’inquisition japonaise comme faisant partie de l’essence de leur sagesse. Il est aussi permis de douter que ce raffinement sadique fasse partie de l’essence d’une « culture japonaise ». De quoi, alors, la traque subie par les chrétiens au début de l’ère Tokugawa est-elle le nom ? D’un totalitarisme aussi tristement banal que cruel, qui tente d’exercer un contrôle policier des comportements de tous, et d’en exclure toute trace du christianisme. Résister, d’une manière ou d’une autre, à un tel totalitarisme, ce n’était donc pas manquer de compréhension à l’égard de la civilisation japonaise, si énigmatique soit-elle. C’était faire œuvre de justice.

    Ce qui semble échapper au film Silence, c’est que l’expérience chrétienne est éminemment politique, et que les martyrs – chrétiens ou non – ont toujours et partout été les témoins souffrants d’une résistance à l’oppression. En témoignent, en France, Jean Moulin et les martyrs de la Résistance, qu’ils fussent chrétiens, communistes ou gaullistes. Ou encore, parmi tant d’autres, les six jésuites assassinés au Salvador en 1989 par la junte militaire d’extrême droite alors au pouvoir. La question, dès lors, n’est plus celle de savoir si je dois « tenir » ou « abjurer », mais comment s’organise la résistance à la dictature. Peut-être passe-t-elle par une apostasie de façade, peut-être par un entrisme intelligent au sein des structures de pouvoir, susceptible de conduire au tyrannicide, peut-être par un christianisme catacombaire en attendant des jours meilleurs. Les chrétiens qui, en Pologne, résistèrent à la dictature communiste ont utilisé tous ces stratagèmes.

    Et c’est cela qui manque dans Silence : le point de vue des Japonais eux-mêmes, chrétiens ou non, par-delà le cercle étroit des collaborateurs du régime. Le point de vue des vaincus, dont certains survivants ont gardé la mémoire dangereuse du Crucifié. Si, d’ailleurs, le régime japonais a cherché par tous les moyens à éradiquer leur foi, n’est-ce pas justement parce qu’elle représente bien plus qu’une expérience intimiste, mais,bel et bien un engagement politique dangereux pour les régimes totalitaires ?

    Aux questions piégées d’un pouvoir politique qui ne respecte plus l’humain, le Christ a certes répondu par le silence (Mt 26, 63). Non pas le silence d’un Dieu retiré des affaires des hommes, mais celui d’un homme condamné par avance pour avoir troublé l’ordre public de l’occupant romain. Celui d’un Dieu qui refuse de se compromettre avec les jeux pervers du pouvoir humain. Au péril de sa vie. Silence des victimes dont la mémoire restera un danger tant que le Ressuscité continuera d’appeler les femmes et les hommes d’aujourd’hui à la liberté.

    Gaël Giraud
  • « Inculturer » les chefs d’œuvre de la musique sacrée dans la modernité ?

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    Le pape François a regretté ce samedi devant les participants à un congrès sur la musique sacrée que la volonté de modernité et l'abandon du latin aient parfois conduit à "une certaine médiocrité" dans la liturgie. Lu sur voafrique :

    "La rencontre avec la modernité et l'introduction des langues parlées (dans chaque pays, au lieu du latin) dans la liturgie ont suscité tant de problèmes", a estimé le pontife argentin.

    "Par moments, une certaine médiocrité, superficialité et banalité a prévalu, au détriment de la beauté et de l'intensité des célébrations liturgiques", a-t-il fait valoir.

    Pour le pape, l'Eglise se doit de sauvegarder et de valoriser le riche patrimoine de la musique sacrée, en évitant cependant toute vision "nostalgique".

    En effet, elle doit dans le même temps faire en sorte que la musique et les chants à la messe "soient pleinement +inculturés+ dans les langages artistiques et musicaux actuels (... afin de) faire vibrer le coeur de nos contemporains", a-t-il insisté.

    Pour cela, le pape a lancé un appel aux musiciens, compositeurs, chefs de chœur et animateurs de messe à travers le monde à contribuer à un "renouvellement qualitatif" du chant liturgique et prôné une formation musicale adéquate pour les futurs prêtres, "dans un dialogue avec les courants musicaux de notre temps"

    Ref. Le pape regrette "une certaine médiocrité" de la liturgie moderne

    L « inculturation » de Bach et Messiaen ou de quinze siècles de chant grégorien, c’est quoi exactement ? Un chef d’œuvre spirituel parle à l’intelligence de l'âme quel que soit son âge et n’a aucun besoin de transcription. La philosophe Simone Weil écrivait ceci : « Une mélodie grégorienne témoigne autant que la mort d’un martyr. » En tout cas, elle nous déporte, elle nous transporte, elle nous gratifie de la présomption d’un Paradis empreint de gravité. Elle n’est ni triste ni gaie, elle ne prétend pas nous séduire, nous éblouir ; même pas nous émouvoir. Ce qu’impose sa présence ne figure pas dans la gamme de l’affectivité. Toujours Simone Weil : « Un amateur de musique peut fort bien être un homme pervers – mais je le croirais difficilement de quelqu’un qui a soif de chant grégorien. » Le fait est que les sentiments profanes – tous ambivalents – sont miraculeusement supplantés par un fondu-enchaîné d’émotions qu’on ne saurait décrire, mais d’où la moindre impureté est exclue.

    Trait du 1er dimanche du carême (5 mars 2017)

    Refhttp://eglisedusaintsacrementliege.hautetfort.com/archive/2017/03/02/patrimoine-liturgique-et-culturel-5916680.html

    JPSC

  • Des choristes verviétois à la Basilique Saint-Pierre

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    Ce dimanche 26 février, la chorale de l'église Sainte-Julienne à Verviers était invitée à chanter durant la messe à la Basilique Saint-Pierre. Les choristes ont interprété le 'Cantate Domino' de Pitoni, le 'Locus iste' et 'l'Ave Maria' de Bruckner, un Sanctus de Mozart et 'l'Ave Verum' de Byrd. Le célébrant les a remerciés pour cette très belle prestation en soulignant la grande qualité de l'interprétation et le caractère très recueilli du répertoire. Le public a été séduit et a applaudi chaleureusement la formation verviétoise dirigée avec maestria par Margaret Scott. Les choristes, parmi lesquels se trouvaient de nombreux jeunes, ont vécu cette expérience avec beaucoup d'émotion; ils se souviendront longtemps de ce grand moment où l'écho de leurs voix a retenti sous les voutes prestigieuses de l'édifice romain.

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