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Doctrine - Page 45

  • De Pie XII à François: les paroles des souverains pontifes face à l'urgence migratoire

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    D'Andrea Tornielli sur Vatican News :

    François, fils de migrants et le long magistère de l'accueil

    De Pie XII à François: les paroles des Souverains pontifes face à l'urgence migratoire.

    23 septembre 2023

    Dans le vaste discours prononcé à Marseille en conclusion des Rencontres méditerranéennes, le Pape François, lui-même enfant de migrants, a rappelé que le phénomène migratoire n'est pas une nouveauté de ces dernières années et qu'il n'est pas non plus le premier pontife à s'en préoccuper. Cela fait au moins 70 ans que l'Église a ressenti l'urgence croissante de cette situation.

    En 1952 et, sept ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, l'Europe connaît encore le drame des personnes déplacées. Pie XII, dans la Constitution apostolique Exsul Familia, écrivait que «La famille de Nazareth en exil, Jésus, Marie et Joseph émigrés en Egypte […] sont le modèle, l’exemple et le soutien de tous les émigrés et pèlerins de tous les temps et de tous les pays, de tous les réfugiés de toute condition qui, poussés par la persécution ou par le besoin, se voient contraints d’abandonner leur patrie, les personnes qui leurs sont chères, […] et se rendre en terre étrangère».

    Les guerres, les persécutions ou la nécessité d'améliorer sa condition, sont les motivations des migrations, auxquelles s'ajoutent aujourd'hui, de manière de plus en plus évidente, les problèmes liés au changement climatique. En 1967, avec l’encyclique Populorum Progressio, Paul VI rappelait que les peuples de la faim défient dramatiquement les peuples de l'opulence, en énumérant trois devoirs pour les nations les plus développées: le devoir de solidarité, le devoir de justice sociale et le devoir de charité universelle. Le Pape Montini a rappelait aussi le «devoir de l'accueil», sur lequel, écrivait-il, «nous n'insisterons jamais assez».

    Pour le deuxième rendez-vous de cette première journée dans la cité phocéenne, vendredi 22 septembre, après une prière mariale à la basilique Notre-Dame de la Garde, à 18 heures, ...

    Outre les deux exemples cités par François, de nombreux autres pourraient être mentionnés. Par exemple, les paroles de Jean-Paul II qui, dans son message pour la Journée mondiale de l'émigration en 1996, écrivait: «La première façon d'aider ces personnes est de les écouter pour connaître leur situation et leur assurer, quelle que soit leur position juridique devant l'État, les moyens de subsistance nécessaires». Il ajoutait: «Il faut être vigilant face à l'émergence de formes de néo-racisme ou de comportements xénophobes, qui tentent de faire de ces frères des boucs émissaires pour toute situation locale difficile».

    Benoît XVI, dans son message de 2012, relevait: «Aujourd’hui, en effet, nous voyons que de nombreuses migrations sont la conséquence d’une précarité économique, d’un manque de biens essentiels, de catastrophes naturelles, de guerres et de désordres sociaux. A la place d’une pérégrination animée par la confiance, par la foi et par l’espérance, migrer devient alors un "calvaire" pour survivre, où des hommes et des femmes apparaissent davantage comme des victimes que comme des acteurs et des responsables de leur aventure migratoire».

    Bien sûr, même à Marseille, comme il l'a répété à plusieurs reprises au cours de ses dix années de pontificat, François a évoqué les difficultés d'accueil, de protection, de promotion et d'intégration des personnes non désirées. Il a rappelé la responsabilité commune de toute l'Europe et la nécessité de garantir «un grand nombre d’entrées légales et régulières, durables grâce à un accueil équitable» du continent européen. Mais il a également rappelé que le critère principal doit toujours être la protection de la dignité humaine et non la préservation de son propre bien-être. Car, comme l'expérience de la récente pandémie devrait l’avoir enseigné, on ne se sauve qu'ensemble, jamais seul.

    Lire également : Migrants : que veut vraiment le pape François ?

  • Synode : les inquiétudes du président de la Conférence épiscopale de Pologne

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    Du Tagespost (Regina Einig und Stefan Meetschen) (!!! traduction automatique) :

    "Le Pape est le gardien le plus important de l'orthodoxie"

    La première session de l'Assemblée générale du Synode des évêques sur la synodalité aura lieu à Rome du 4 au 29 octobre 2023 : Mgr Stanisaw Gadecki, métropolite de Poznań et président de la Conférence épiscopale polonaise, explique dans une interview ce qui concerne la Le Synode lui demande ce qu'il entend par « correction fraternelle » et pourquoi il reste très attaché à Benoît XVI.

    23 septembre 2023

    Votre Excellence, le Synode des Évêques sur la Synodalité va bientôt commencer à Rome. Qu’en attendez-vous ? 

    Le Synode des Évêques est toujours une expérience joyeuse et difficile. La crise de l’Église catholique en Europe ne nous permet pas de rester passifs et d’attendre – surtout dans le contexte de l’Église universelle. Dans le contexte des témoignages de martyre venant d’Afrique, du Moyen-Orient et d’Extrême-Orient, particulièrement récemment du Pakistan. Saint Jean-Paul II a déclaré que l'Europe diffuserait au monde soit sa foi, soit son incrédulité. Tout comme dans le passé l’évangélisation du monde venait en grande partie de l’Europe, de même aujourd’hui la destruction du christianisme peut venir de l’Europe. Au Synode, nous aurons grandement besoin du témoignage de nos frères et sœurs d’Afrique, du Moyen-Orient, d’Asie, mais aussi d’Europe centrale et orientale, où la période de persécution des chrétiens vient tout juste de prendre fin. J'attends donc un renforcement mutuel dans la foi et la fidélité au Christ .

    Qu'est-ce qui vous inquiète?

    Bien entendu, nous connaissons également des troubles. Ceux-ci trouvent leur origine principalement là où les processus de sécularisation et de déchristianisation de la culture progressent relativement rapidement. Je voudrais aborder quatre thèmes qui m'ont frappé lors de la lecture d'Instrumentum laboris (IL).

    L’inclusion, telle que préconisée par l’ ONU est définie fait référence exclusivement à l’inclusion des personnes non binaires dans la société et à la reconnaissance de la nature humaine comme non binaire. Ce terme ne fait pas partie du vocabulaire classique de la théologie chrétienne. Dans un sens, il remplace le concept de péché et de conversion dans le texte de l'IL et fait donc partie de l'idéologie du relativisme moral. Cela soulève la question suivante : est-il approprié que l'Église - à la recherche d'un nouveau langage pour communiquer avec les gens d'aujourd'hui - adopte des termes issus du langage politique de l'ONU, qui ont souvent une idéologie derrière eux ? Il existe encore plus de termes idéologisés de ce type en IL.

    Qu'est-ce qui vous inquiète d'autre ?

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  • L'option Pell pour libérer l'Eglise du cauchemar woke

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    De Miguel Cuartero sur le site de la Nuova Bussola Quotidiana :

    L'option Pell pour libérer l'Eglise du cauchemar woke

    La voix du cardinal australien résonne dans le texte publié en quatre langues qui rassemble les témoignages de ceux qui l'ont connu de près. Il en ressort le portrait d'un "martyr blanc" et d'un géant de la foi résolu contre les idéologies qui ont pénétré jusqu'au monde catholique.

    ECCLESIA 22_09_2023

    Moins d'un an après sa mort, la voix du cardinal australien George Pell ne cesse de se faire entendre dans l'Église et dans la société comme un avertissement et un appel urgent à la repentance face aux tendances néfastes et à la pente dangereuse sur laquelle se trouve l'Église à la veille du Synode sur la synodalité.

    Un livre (en quatre langues : anglais, italien, espagnol et français) qui vient d'être publié en Australie sur la figure et la pensée de celui qui fut archevêque de Melbourne puis de Sydney avant de venir à Rome pour s'occuper personnellement des finances du Vatican, contribue à la diffusion du message du cardinal. Le livre Pell contra mundum (Connor Court Publishing, pp. 240) rassemble plusieurs articles de ceux qui ont connu de près le cardinal et trois textes écrits par Pell lui-même. 

    Il s'agit notamment d'un article publié dans le Spectator de Londres le 11 janvier 2023, dans lequel le cardinal met par écrit sa grave préoccupation pour la situation de l'Église, assiégée par une mentalité mondaine et un rêve synodal qui s'est "transformé en un cauchemar toxique malgré les bonnes intentions professées par les évêques". Un texte qui reprend et résume le mémorandum désormais bien connu qui (signé du pseudonyme Demos) a circulé au Vatican quelques mois avant la mort du cardinal et qui lui a été attribué par la suite.

    Le livre s'ouvre sur une introduction du cardinal indien Oswald Gracias qui se souvient de Pell pour son autorité dans la gestion de deux grands diocèses, son engagement en tant que président de la commission Vox Clara pour la traduction des textes liturgiques en anglais et son rôle dans la réforme financière, mais surtout en tant que "martyr blanc" en raison de la persécution judiciaire et médiatique dont il a fait l'objet pour les abus présumés et du procès épuisant qui lui a valu 404 jours d'isolement dans une prison de haute sécurité jusqu'au jugement final de la Haute Cour australienne qui l'a acquitté à l'unanimité des charges retenues contre lui, les jugeant infondées. Une épreuve qui, selon le cardinal Gracias, permet à Pell d'être compté parmi les "géants" comme Cadinal Mindszenty de Budapest ou Wyszynski de Varsovie. Sa mort, dit Gracias, a privé l'Église "d'une voix claire et courageuse".

    C'est le père Robert A. Sirico - cofondateur de l'Acton Institute for the Study of Religion and Liberty - qui a donné son titre au livre en comparant le cardinal australien à saint Athanase : Athanasius contra mundum, "Athanase contre le monde", dit-on, en raison de la détermination avec laquelle le saint a combattu l'hérésie arienne qui déferlait sur l'empire. Aujourd'hui encore, l'Église est confrontée à une "hérésie monumentale" qui ne concerne toutefois pas la nature du Christ mais celle de l'homme, menacée par l'idéologie woke, dernière des dérives de la pensée moderne, qui vise à réinterpréter non seulement la structure de la société mais aussi celle de la famille et de la nature humaine. Une idéologie qui imprègne de nombreuses propositions qui font leur chemin dans l'Église et qui s'enracine dans la pensée néo-marxiste et post-colonialiste tout en trouvant un appui dans le discours écologique et les revendications de genre. Le cardinal Pell a lutté contre ce danger en élevant la voix sans craindre d'être marginalisé et ridiculisé.

    Sirico poursuit en comparant Pell à un autre rempart de la foi contre les hérésies, St John Henry Newman : "Le processus synodal actuellement en cours", écrit Sirico, "révèle qu'une telle attention aux racines et à la préservation n'est pas présente et n'est pas envisagée". Tout cela met en évidence les parallèles remarquables entre les figures de Newman et de Pell. Les similitudes sont frappantes". "Lorsque l'un d'eux percevait une menace claire pour la tradition apostolique, il se faisait entendre et soulignait le grave problème qui se posait.

    C'est pourquoi la presse et ses ennemis le considéraient comme un 'indietrist' (comme on dit aujourd'hui), alors que son action était déterminée par son désir de préserver et de transmettre la foi qu'il avait reçue et la tradition transmise par les Apôtres 'sans céder aux modes et aux pressions du moment'. On a accusé le cardinal Pell de créer des divisions au sein de l'Église, souligne M. Sirico, mais ce sont plutôt ceux qui "abandonnent la tradition (...) ou cherchent à la miner, à la diluer ou à la rejeter" qui en sont la cause. Le portrait du cardinal Pell est complété par les contributions du journaliste américain George Weigel - vaticaniste et biographe de Jean-Paul II - et de l'économiste australien Danny Casey.

    Pell était un géant, non seulement pour sa carrure, mais aussi pour son courage à condamner la confusion et la tromperie qui règnent dans la société d'aujourd'hui. Parlant de son Australie natale, dans un discours prononcé en 2022 au Campion College de Sydney, Pell a observé que les catholiques, ainsi que les conservateurs sociaux, sont "régulièrement attaqués par des activistes de l'ombre" qui exercent leur domination non seulement dans l'arène politique, mais aussi dans toutes les sphères sociales, dans les écoles, les universités et même dans le monde du sport. La culture de l'effacement (erasure culture) qui "menace les pierres angulaires du libéralisme" a donné naissance à de nouvelles politiques de genre et de race qui considèrent les hommes blancs comme "le pire aspect du passé, du racisme exécré, du colonialisme, du sexisme et du patriarcat". Même sur le changement climatique, à contre-courant de ce que la société et l'Eglise prêchent. Il n'y a pas de position catholique obligatoire sur le changement climatique", a-t-il déclaré, "parce que notre religion enseigne la foi et la morale, et que nous n'imposons aucune croyance scientifique. Chaque personne a le droit d'être insensée si elle pense que c'est juste. La crise climatique n'est pas l'une de mes principales préoccupations, même si j'aime rapporter certains faits établis dans ce climat d'hystérie (...). Mes principales préoccupations sont autres et concernent l'Église catholique et la montée d'une Chine belliqueuse".

    Le livre est donc une contribution précieuse au débat intra-ecclésial souhaité et mis en route par le pape François, car les préoccupations du cardinal Pell sont celles d'une bonne partie des catholiques (laïcs et consacrés) qui regardent aujourd'hui avec une extrême inquiétude le prochain synode des évêques dans l'espoir que la voix du défunt cardinal ne sera pas complètement ignorée et pourra représenter un barrage contre les dérives dangereuses d'un Wokisme de type ecclésial.

    Et de même que Newman était considéré comme le "père absent du Concile Vatican II", de même - si sa voix était entendue, comme celle du cardinal anglais l'a été par les Pères du Concile - nous pourrions définir Pell comme le "père absent du Synode". C'est le souhait des éditeurs du livre et de nombreux catholiques qui ne veulent pas renoncer à défendre la foi et la tradition de l'Église, même face aux défis d'un monde que Pell a regardé avec l'inquiétude propre au regard d'un pasteur.

  • "Mgr Strickland ne devrait absolument pas démissionner" (Cardinal Müller)

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    Du site de l'Homme Nouveau :

    CARDINAL MÜLLER : « SI JE POUVAIS CONSEILLER MGR STRICKLAND, IL NE DEVRAIT ABSOLUMENT PAS DÉMISSIONNER »

    21 septembre 2023
    Le cardinal Müller sur la brèche L'Homme Nouveau
    Mgr Strickland, évêque du diocèse de Tyler au Texas depuis 2012, a fait l’objet d’une visite apostolique en juin dernier à la suite d’un commentaire public qu’il a adressé directement au Saint Père, sur les dérives actuelles dans le processus entamé par le Synode sur la synodalité. Le Vatican semblerait maintenant vouloir l’écarter de son siège.

    Depuis le début du mois de septembre, le bruit court que l’évêque pourrait recevoir une demande de démission de la part de Rome, suscitant le soutien de nombreux fidèles à travers le monde, de Mgr Schneider et même d’un prélat. Le cardinal Gerhard Müller, préfet émérite de la Congrégation pour la doctrine de la foi, a réagi sur les évènements concernant Mgr Strickland sur Kath.net.

    Son Éminence nous a personnellement autorisé à publier une traduction exclusive de sa lettre pour nos lecteurs français. Nous remercions également la rédaction du média allemand de nous avoir permis la publication du texte :

    “Oui, ce qui est fait à Mgr Strickland est terrible, un abus du droit divin de l’épiscopat. 

    Si je pouvais conseiller Mgr Strickland, il ne devrait absolument pas démissionner, car ils pourraient alors se laver les mains de leur innocence. 

    Selon le commandement de la justice, un évêque ne peut être destitué par le Pape que s’il s’est rendu coupable de quelque chose de mauvais (hérésie, schisme, apostasie, crime ou comportement totalement non-sacerdotal), par exemple la pseudo-bénédiction qui insulte Dieu et trompe les gens sur leur salut – bénédiction des personnes des deux ou du même sexe dans des relations extraconjugales. 

    La révocation arbitraire du poste d’évêque d’un diocèse dans lequel un évêque est nommé par le Christ lui-même comme son propre berger porte atteinte à l’autorité du pape, comme cela s’est produit historiquement avec le marchandage indigne de la charge sous la papauté avignonnaise (cette perte de confiance était l’une des principales raisons de la séparation du christianisme de la Réforme de l’Église catholique et de sa haine du pape, qui, par ses actions arbitraires, s’était mis à la place de Dieu.)

    Selon l’enseignement catholique, le Pape n’est en aucun cas le Seigneur de l’Église, mais plutôt, en tant que représentant du Christ pour l’Église universelle, le premier serviteur de son Seigneur, qui devait dire à Simon Pierre, qui venait de devenir le rocher de l’Église : « Passez derrière moi (Indietro italien, le véritable indietrismo), car vous ne pensez pas à ce que Dieu veut, mais à ce que veulent les hommes » (Mt 16, 23). 

    Le Pape n’a aucune autorité du Christ pour intimider et intimider les bons évêques calqués sur le Christ Bon Pasteur qui, conformément à l’idéal épiscopal de Vatican II, sanctifient, enseignent et conduisent le troupeau de Dieu au nom du Christ, simplement parce qu’ils sont les faux amis dénoncent ces bons évêques à François comme des ennemis du Pape, tandis que les évêques hérétiques et immoraux peuvent faire ce qu’ils veulent ou qui dérangent chaque jour l’Église du Christ avec quelque autre bêtise.” 

    Source Kath.net

  • Cardinal Sarah : “L’autorité du pape n’est pas illimitée, elle est au service de la Sainte Tradition”

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    Du site "Riposte catholique" :

    “L’autorité du pape n’est pas illimitée, elle est au service de la Sainte Tradition”

    Le cardinal Sarah a publié un article important dans la revue Communio intitulé “The Inexhaustible Reality : Joseph Ratzinger and the Sacred Liturgy” (vol. 49, hiver 2022), dont The New Liturgical Movement a publié les passages suivants :

  • La bienheureuse famille Ulma et notre présent catholique

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    De George Weigel sur First Things :

    LA BIENHEUREUSE FAMILLE ULMA ET NOTRE MOMENT CATHOLIQUE

    20 septembre 2023

    Il est rare que le mot "sans précédent" puisse être utilisé pour une Église dont l'histoire s'étend sur plus de deux millénaires. Pourtant, un événement sans précédent s'est produit dans le village polonais de Markowa le 10 septembre, lorsqu'une famille entière, y compris son enfant à naître, a été béatifiée. Il n'est pas tout à fait juste de désigner les nouveaux bienheureux par la formule traditionnelle "Bienheureux Józef et Wiktoria Ulma et leurs compagnons", les "compagnons" en question étant les six enfants vivants des Ulma et leur enfant à naître. Pensons plutôt à la bienheureuse famille Ulma et à ce qu'elle peut signifier pour nous. 

    À partir de la fin de 1942, Józef et Wiktoria Ulma ont hébergé huit Juifs dans le grenier de leur ferme en bois : un crime capital pendant l'occupation allemande de la Pologne au cours de la Seconde Guerre mondiale. Le 24 mars 1944, des gendarmes allemands sont venus à la maison, ont assassiné les Juifs, puis ont abattu Józef et Wiktoria, qui était en fin de grossesse. Les enfants terrifiés - Stanisława (8 ans), Barbara (6 ans), Władysław (5 ans), Franciszek (4 ans), Antoni (3 ans) et Maria (1½ ans) - ont ensuite été abattus. Les corps ont été jetés dans une fosse avant d'être enterrés dans le cimetière de l'église locale. 

    Lorsque j'ai visité le musée des Polonais sauvant les Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, le 23 juillet dernier, et que j'ai prié sur la tombe de la famille Ulma, près de l'église paroissiale Sainte-Dorothée, des leçons pour le catholicisme du XXIe siècle me sont venues à l'esprit.

    La première concerne les sources de l'héroïsme chrétien. Si Józef et Wiktoria Ulma étaient tous deux bien éduqués selon les normes de la Pologne rurale du milieu du XXe siècle, ils n'étaient pas pour autant des théologiens avertis. Ils ont lu la parabole du bon Samaritain (Luc 10:25-37) non pas comme une injonction générale à l'amour du prochain pouvant être adaptée aux circonstances, mais comme une instruction spécifique du Christ Seigneur : si vous rencontrez des personnes en détresse, vous devez les aider, quelle que soit leur identité ethnique ou religieuse et quel qu'en soit le prix. 

    Certains dirigeants catholiques contemporains sont mal à l'aise face à une telle lecture littérale des paroles du Seigneur ; ils suggèrent que le code moral qui découle d'un tel "fondamentalisme" biblique est "rigide", "idéologique" et insuffisamment pastoral. Pourtant, le même sens "rigide" de l'obligation morale fondée sur la Bible qui animait le refuge héroïque des Ulmas pour les juifs persécutés a conduit Fr. Maximilien Kolbe à offrir sa vie dans le bunker d'Auschwitz en échange de celle d'un prisonnier condamné, tout comme il a conduit Mère Teresa à passer sa vie au service des plus pauvres des pauvres, qu'elle considérait comme "Jésus sous son déguisement le plus affligeant" ; tout comme il a conduit l'aumônier de la marine américaine, le père Vincent Capodanno, à sacrifier sa vie pour apporter du réconfort aux Marines blessés et mourants au Viêt-nam. 

    Ni les Ulmas, ni le père Kolbe, ni Mère Teresa, ni le père Capodanno ne se sont livrés à l'évaluation "proportionnaliste" des obligations morales qui est revenue en grâce sous l'actuel pontificat. Ils ont vécu la parabole du Bon Samaritain au pied de la lettre - ceux qui trouvent cela "rigide" et "idéologique" devraient y réfléchir à deux fois. 

    La deuxième leçon concerne la nature du martyre, que la mort de saint Maximilien Kolbe et le drame de la Sainte Famille Ulma invitent l'Église du XXIe siècle à reconsidérer. Traditionnellement, un "martyr" est une personne tuée in odium fidei (en haine de la foi). L'abnégation de Kolbe répondait-elle à cette définition, de sorte qu'il était à la fois un "martyr" et un confesseur de la foi ? Les assassins des Ulmas étaient-ils motivés par l'odium fidei ? La catégorie hybride de "martyr de la charité" est en vogue depuis quelques décennies, depuis que le pape Paul VI l'a utilisée pour Kolbe. Mais il semble que le sacrifice de Kolbe, et celui des Ulmas, satisfasse tout en se développant la définition traditionnelle. 

    Certaines théories politiques modernes enseignent un mépris radical de la dignité et de la valeur de la vie humaine, ou du moins de la dignité et de la valeur de certaines vies humaines. Ce fut certainement le cas du national-socialisme allemand : pour les nazis, les Juifs et les Polonais qui les abritaient étaient des formes de vie inférieures à exterminer. N'est-ce pas là de la haine à l'égard de la foi biblique qui, dans Genèse 1:26, enseigne que tout être humain est créé, comme Adam et Eve, à l'image et à la ressemblance de Dieu ? La haine de ceux qui sont créés à l'image et à la ressemblance de Dieu n'est-elle pas une haine de Dieu ? Et l'odium Dei n'est-il pas une forme d'odium fidei ?   

    Le Synode qui s'ouvre le mois prochain nous invite à être une Église de "communion, de participation et de mission". La Sainte Famille Ulma a vécu en communion avec les Juifs persécutés de la Pologne subcarpatique et a participé au Mystère de la Croix en vivant la mission du Bon Samaritain, à laquelle elle a été appelée par le baptême. Puisse leur exemple inspirer le Synode 2023 à embrasser aussi radicalement la foi catholique.

    La chronique de George Weigel intitulée "La différence catholique" est publiée par le Denver Catholic, la publication officielle de l'archidiocèse de Denver.

    George Weigel est Distinguished Senior Fellow du Ethics and Public Policy Center de Washington, D.C., où il est titulaire de la chaire William E. Simon d'études catholiques.

  • L'Eglise institutionnelle : source de sagesse ou d'agacement ?

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    D'Ivo Van Hemelrijk sur le Forum Catolicum :

    L’Église en tant qu’institution: source de sagesse ou d’agacement ?

    17-09-2023

    Pour être clair, il y a beaucoup d’« Églises » et toutes sont à la fois des communautés et des institutions. Après tout, une communauté humaine a besoin d’ordre, et cela n’est possible que par l’institutionnalisation. Cela signifie qu’il est absurde d’imaginer une Église qui n’est pas une institution. Dans ce cas, nous parlons spécifiquement de l’Église catholique romaine, que nous pouvons considérer sans fausse hésitation comme la principale, à la fois en termes de nombre et d’influence sur notre système mondial actuel (même dans nos pays largement « émancipés », au regret de ceux qui l’envient).

    Une institution n’a pas de valeur divine ou transcendante en soi, mais est une réalisation purement humaine. La première question qui se pose est de savoir si elle ne peut pas contredire la mission que l’Église en tant que communauté a reçue de son Fondateur. Bien sûr qu’elle le peut, et le danger qui s’y trouve a toujours été présent, depuis sa fondation. Christ était conscient de cela en premier lieu. Par conséquent, il nous a rassurés : « Les portes de l’enfer ne la submergeront pas » et « Je serai avec vous jusqu’à la fin des temps ». Il a placé l’institution qu’il avait fondée entre les mains de son apôtre Simon, qu’il appelait le « Rocher », malgré le fait qu’il l’avait déjà trahi, dans un accès de peur et de faiblesse humaines. Mais toute faiblesse humaine peut conduire à une nouvelle connaissance de soi et ainsi devenir indirectement une source de force. C’est devenu l’une des sagesses enracinées dans l’édifice spirituel organisationnel qu’il a laissé après sa vie aux soins de personnes qui ne sont que de simples mortels, appelé par sa grâce sur un chemin vers la sainteté et l’immortalité.

    Nous notons que la sagesse de l’Église est parsemée de contradictions apparentes. Celles-ci se reflètent, entre autres, dans la dogmatique enseignée : d’une part, immuable dans l’essence de ses explications, tout en restant soumise à une certaine « évolution ». La sagesse joue à cet égard le rôle d’une sorte de « méthodologie » qui ne s’accroche pas aux « certitudes » humaines enracinées (ni aux soi-disant « réalisations scientifiques »). Elle trouve son inspiration pure dans l’enseignement du Christ, qui nous montre le chemin à travers les fausses pistes confuses de la pensée et du jugement humains. Ses paraboles sont les lueurs et les phares qui nous montrent les bons chemins. Ils ont culminé dans le « Sermon sur la montagne ».

    Tant que l’Église, en tant que communauté et institution, se laisse guider par cette sagesse, elle est sur la bonne voie. Elle est alors consciente qu’une communauté sans institutionnalisation est condamnée à rester un conglomérat de « croyants » avec une unité de pensée très superficielle. D’autre part, cette sagesse nous enseigne que l’institutionnalisation conduit inévitablement à la répartition du pouvoir, avec tous les dangers que cela comporte. De quels pouvoirs parle-t-on? Qui y a droit et sur quelle base? Dans l’Église, tout pouvoir vient du Christ : « Tout pouvoir m’a été donné », a-t-Il déclaré lui-même. Il a cédé une partie de ces pouvoirs à ses disciples : le pouvoir de pardonner, de « lier » et de « dissoudre », d’administrer les sacrements, même de chasser des démons et, dans certains cas, d’obtenir des miracles.

    Comme on peut le voir, aucun d’entre eux n’est un « pouvoir » mondain, qui peut simplement être distribué à des membres arbitraires de la communauté, ou émaner « d’un peuple ou d’une nation », comme dans les pays démocratiques. Ce sont des pouvoirs spirituels réservés par le Christ à ses premiers disciples et à ceux qu’ils désigneront à leur tour comme leurs successeurs. L’accent est mis sur les épaules des successeurs de Pierre. Ce « pouvoir » est censé être une forme de service et certainement pas un moyen de faire trembler ou plier les subordonnés.

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  • Synode : de nombreux catholiques réunis à Assise adressent un message d'avertissement au pape

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    Du blog "Messa in Latino" :

    16 septembre 2023

    Appel au Pape sur le Synode par de nombreux catholiques fidèles réunis à Assise

    Nous recevons et publions volontiers un appel de nombreux catholiques engagés, réunis à la Conférence d'Assise (ICI) les 9 et 10 septembre, qui regardent avec une inquiétude justifiée le prochain Synode : " Ne donnez pas au prochain Synode, qui n'est qu'une représentation pilotée de pasteurs et de fidèles, l'autorité sur les questions doctrinales et pastorales, qui appartient exclusivement au Pontife romain et au Collège des évêques. Dans le cas contraire, l'unité de l'Église sera gravement menacée, car de nombreux fidèles dans le monde entier attendant une réponse définitive, nous suspendrons l'assentiment, et la mission de Pierre, qui aime et unit, échouera".

    À lire et à diffuser.

    La rédaction (de Messa in Latino)

    Appel au Pape et au Synode de nombreux catholiques réunis à Assise

    C'est avec inquiétude et appréhension que nous attendons l'Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques, convoquée à Rome en octobre prochain, sur le thème de la "synodalité". En tant que fils et filles de l'Église et citoyens de cette grande Nation (italienne), nous nous tournons vers le Pape François, en lui demandant d'avoir le grand courage, que ses vénérables prédécesseurs ont eu, de ne jamais permettre aucune déviation de la doctrine catholique, en réaffirmant la vérité de l'Évangile, capable de révéler et de restaurer, à l'homme et aux peuples, leur Vocation originelle et la plus élevée.

    N'autorisez pas que le Synode s'attaque à la nature de l'Église une, sainte, catholique et apostolique. Cette inquiétude ne vient pas d'une idéologie, mais des processus que vous avez greffés et que vous encouragez, comme vous l'avez confié à un évêque italien lors d'un précédent synode.
    La doctrine n'est rien d'autre que l'enseignement catholique, que Paul appelle la "force de l'Évangile". Elle ne se réduit pas au Credo, mais s'étend au Catéchisme, qui n'est pas de l'eau distillée, mais un condensé de la vie et de la sainteté vécues par l'Église.

    Comme le dit Card. Caffarra : une Église sans doctrine n'est qu'une Église plus ignorante.

    En tant que fidèles, avec le sensus fidei, proportionnel au développement de la foi et à la sainteté de vie de chacun, nous sommes appelés à défendre la foi pour pouvoir la répandre dans le monde, comme cela s'est produit au Concile d'Éphèse. Le sensus fidei n'est pas la volonté gènérale de Rousseau, résultat de l'influence de la pensée dominante à un moment donné, mais ce qui a été cru toujours, partout et par tous - laïcs et prêtres - dans le monde entier au cours des siècles. Le sensus fidei agit comme une sorte de système immunitaire spirituel, qui fait que le fidèle reconnaît et rejette instinctivement toute erreur.

    Aujourd'hui, dans l'Église, on tente de nous convaincre qu'embrasser l'hérésie et l'immoralité n'est pas un péché, mais plutôt une réponse à la voix de l'Esprit Saint, qui parlerait à travers des personnes qui se sentent marginalisées.

    Saint-Père, le document de travail du prochain Synode n'est pas un résumé de la foi catholique ou de l'enseignement du Nouveau Testament. Il est radicalement incomplet, ambigu et, à bien des égards, hostile à la tradition apostolique pérenne. Il n'y a aucune reconnaissance du Nouveau Testament en tant que Parole de Dieu, la norme pour tout enseignement sur la foi et la morale. Ceux qui la rédigent rêvent d'une autre Église, qui n'a rien de la foi catholique. Votre Sainteté, mettez fin à toute ambiguïté entre le "Sinodaler Weg" et le Synode universel, avertissez l'Église allemande et nommez un autre rapporteur général pour le prochain Synode.

    Ne permettez pas à l'Église d'enseigner aujourd'hui des doctrines contraires à celles qu'elle a précédemment enseignées en matière de foi et de morale, en autorisant la bénédiction d'unions entre personnes homosexuelles, suggérant ainsi que le comportement homosexuel en tant que tel ne serait pas contraire à la loi de Dieu et au chemin d'une personne vers Dieu.

    Ne donnez pas au prochain Synode, qui n'est qu'une représentation pilotée de pasteurs et de fidèles, l'autorité sur les questions doctrinales et pastorales, qui appartient exclusivement au Pontife romain et au Collège des évêques. Dans le cas contraire, l'unité de l'Église sera gravement menacée, car de nombreux fidèles dans le monde entier attendant une réponse définitive, nous suspendrons l'assentiment, et la mission de Pierre, qui aime et unit, échouera.

  • L’Église n’est pas le terrain de jeu des idéologues de “l’humanisme sans Dieu” (cardinal Müller)

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    D'Infovaticana via Le Salon Beige :

    Cardinal Müller : De faux prophètes ont annoncé qu’ils transformeraient l’Église catholique en une organisation d’aide pour l’Agenda 2030

    Je prie pour que tout cela soit une bénédiction et non un préjudice pour l’Église. Je suis également attaché à la clarté théologique afin que l’Église rassemblée autour du Christ ne devienne pas une danse politique autour du veau d’or de l’esprit agnostique de l’époque. […]

    Avez-vous réfléchi au message que vous transmettrez au cours de l’Assemblée ?

    Je voudrais surtout dire, au vu des nombreuses déceptions des jeunes de Lisbonne : une Église qui ne croit pas en Jésus-Christ, le Fils du Dieu vivant, n’est plus l’Église de Jésus-Christ. Chaque participant devrait d’abord étudier le premier chapitre de Lumen Gentium, qui traite du mystère de l’Église dans le plan de salut du Dieu trinitaire. L’Église n’est pas le terrain de jeu des idéologues de “l’humanisme sans Dieu” ou des stratèges des conférences des partis empêchés.

    La volonté universelle de salut de Dieu, qui se trouve dans le Christ, seul Médiateur entre Dieu et l’homme, historiquement et eschatologiquement réalisée, est le programme futur de Son Eglise et non la Grande Réinitialisation de l'”élite” athée-mondialiste des banquiers milliardaires qui cachent leur enrichissement personnel impitoyable sous le masque de la philanthropie.

    Que pensez-vous de la mesure visant à rendre inacceptable pour les journalistes de suivre ce qui se passe en direct ?

    Je ne connais pas l’intention derrière cette mesure, mais 450 participants ne vont certainement pas garder les choses fermées. Beaucoup d’entre eux exploiteront les journalistes à leur profit ou vice-versa. C’est la grande heure de la manipulation, de la propagande d’un agenda qui fait plus de mal que de bien à l’Église.

    Certaines voix ont critiqué la présence des laïcs dans cette Assemblée synodale.

    Les évêques participent à leur fonction en exerçant une responsabilité collégiale pour l’ensemble de l’Église avec le pape. Si les laïcs y participent avec le droit de vote, il ne s’agit plus d’un synode d’évêques ou d’une conférence ecclésiastique qui n’a pas l’autorité d’enseignement apostolique du collège épiscopal. Parler d’un Concile Vatican III ne peut venir que d’un ignorant, car un synode romain d’évêques n’est pas d’emblée un concile œcuménique, que le pape ne pourrait déclarer ensuite sans méconnaître le droit divin des évêques à un Concile Vatican III, qui pourrait fonder une nouvelle Église en dépassant ou en complétant celle qui aurait stagné au Concile Vatican II.

    Chaque fois que des effets populistes font pencher la balance vers de telles décisions spontanées, la nature sacramentelle de l’Église et de sa mission est obscurcie, même si l’on tente par la suite de la justifier par le sacerdoce commun de tous les croyants et de niveler la différence de substance par rapport au sacerdoce ordonné sacramentellement (Lumen Gentium 10).

    Les évêques et les fidèles sont de plus en plus nombreux à s’inquiéter de ce qui pourrait se passer lors de ce Synode, y a-t-il quelque chose à craindre ?

    Oui, les faux prophètes (idéologues de la nébuleuse) qui se présentent comme progressistes ont annoncé qu’ils transformeront l’Église catholique en une organisation d’aide pour l’Agenda 2030. Selon eux, seule une Eglise sans Christ a sa place dans un monde sans Dieu. De nombreux jeunes sont revenus de Lisbonne déçus que l’accent ne soit plus mis sur le salut en Christ, mais sur une doctrine mondaine du salut. Apparemment, il y a même des évêques qui ne croient plus en Dieu comme origine et fin de l’homme et sauveur du monde, mais qui, d’une manière pan-naturaliste ou panthéiste, considèrent la soi-disant terre mère comme le début de l’existence et la neutralité climatique comme le but de la planète terre.

    Pensez-vous que des changements en matière de foi et de doctrine peuvent être approuvés comme le prétendent certains groupes et mouvements au sein de l’Église ?

    Personne sur terre ne peut changer, ajouter ou retrancher quoi que ce soit à la Parole de Dieu. En tant que successeurs des apôtres, le pape et les évêques doivent enseigner au peuple ce que le Christ terrestre et ressuscité, le seul maître, leur a ordonné de faire. Et c’est seulement dans ce sens que s’applique la promesse que l’armée et la tête de son corps restent toujours avec ses disciples (Mt 28, 19s). Les gens confondent, ce qui n’est pas surprenant étant donné le manque de formation théologique de base, même parmi les évêques, le contenu de la foi et sa plénitude insurpassable dans le Christ avec la réflexion théologique progressive et la croissance de la conscience de la foi de l’Église à travers la tradition ecclésiastique (DEI verbum 8-10). L’infaillibilité du Magistère ne s’étend qu’à la conservation et à l’interprétation fidèle du mystère de la foi confié une fois pour toutes à l’Église (depositum fidei ou saine doctrine, enseignement des Apôtres). Le pape et les évêques ne reçoivent pas de nouvelle révélation (Lumen gentium 25, DEI verbum 10 ).

    Que se passerait-il si, par exemple, l’Assemblée synodale approuvait la bénédiction des couples homosexuels, le changement de la morale sexuelle, l’élimination du caractère obligatoire du célibat sacerdotal ou l’autorisation du diaconat féminin ? L’accepteriez-vous ?

    Le célibat sacerdotal doit être retiré de cette liste, car le lien entre le sacrement de l’Ordre et le charisme de la renonciation volontaire au mariage n’est pas dogmatiquement nécessaire, bien que cette ancienne tradition de l’Église latine ne puisse être arbitrairement abolie d’un trait de plume, comme l’ont expressément souligné les Pères conciliaires lors du Concile du Vatican (Presbyterorum Ordines 16). Et les agitateurs bruyants se préoccupent rarement des préoccupations de salut des communautés sans prêtres, mais plutôt d’attaquer ce conseil évangélique, qu’ils considèrent comme anachronique ou même inhumain à une époque sexuellement éclairée. Bénir le comportement immoral de personnes du même sexe ou du sexe opposé est une contradiction directe avec la parole et la volonté de Dieu, un blasphème gravement pécheur. Le sacrement de l’ordre aux niveaux de l’épiscopat, du presbytérat et du diaconat peut fournir la puissance divine.

    Seule une personne baptisée dont la vocation a été vérifiée par l’Église quant à son authenticité peut recevoir ce droit. De telles exigences avec un vote à la majorité seraient a priori obsolètes. Elles ne pourraient pas non plus être mises en œuvre dans le droit canonique par l’ensemble du collège des évêques avec le pape ou par le pape seul, car elles contredisent la révélation et la confession claire de l’Église.

    L’autorité formelle du pape ne peut être séparée du lien substantiel avec la Sainte Écriture, la Tradition apostolique et les décisions dogmatiques du Magistère qui l’ont précédé. Sinon, comme Luther a mal compris la papauté, il se mettrait à la place de Dieu, qui est le seul auteur de sa vérité révélée, au lieu de simplement témoigner fidèlement, avec l’autorité du Christ, de la foi révélée de manière intégrale et non falsifiée et de la présenter authentiquement à l’Église.

    Dans une telle situation extrême, dont Dieu peut nous sauver, tout fonctionnaire ecclésiastique aurait perdu son autorité et aucun catholique n’est plus obligé d’obéir religieusement à un évêque hérétique ou schismatique (Lumen Gentium 25 ; cf. la réponse des évêques à l’interprétation erronée de Bismarck). du I. Vatican, 1875). Vatican, 1875). […]

    Tout au long de l’histoire de l’Église, chaque fois que les papes se sont sentis ou se sont comportés comme des politiciens, les choses ont mal tourné. En politique, il s’agit du pouvoir du peuple sur le peuple, dans l’Église du Christ, il s’agit du service du salut éternel des hommes, pour lequel le Seigneur a appelé des hommes à être ses apôtres. Le Pape est assis sur la Chaire de Pierre. La façon dont Simon Pierre est présenté dans le Nouveau Testament, avec ses hauts et ses bas, devrait être une source d’inspiration et un avertissement pour chaque pape. Au Cénacle, avant sa Passion, Jésus dit à Pierre : “Quand tu te seras converti, affermis tes frères” (Lc 22,32), c’est-à-dire dans la foi au Christ, le Fils du Dieu vivant (Mt 16,16). Ce n’est qu’ainsi qu’il devient le roc sur lequel Jésus construit son Église, sans que les portes de l’enfer ne puissent être franchies.

  • Quand Jean-Marie Guénois célèbre le cran du pape François

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    De Charles-Henri d'Andigné sur le site de Famille Chrétienne :

    Jean-Marie Guénois - Pape François : la révolution

    Jean-Marie Guénois : « Le pape François a beaucoup de cran dans sa direction de l’Église »

    4/09/2023

    Est-ce parce que vous trouvez qu’il est incompris que vous avez tenu à écrire un livre sur François ?

    Il y a deux aspects. Le premier concerne l’homme lui-même, à la fois jovial, chaleureux, un homme de cœur, un passionné ; mais il est également autoritaire, colérique, très directif. Le second aspect est la polarisation que son pontificat a créée dans l’Église. Rarement pape aura suscité autant de louanges et d’oppositions. À travers ce livre, j’ai voulu sortir des schémas, des clichés noirs ou blancs, et expliquer la complexité d’un homme à la personnalité riche dans l'environnement subtil du Vatican.

    À qui s’adresse votre livre ?

    Quand on est spécialiste d’un domaine comme je le suis, on a tendance à écrire pour les initiés. C’est le piège ! Je veux m’adresser au grand public, pas forcément au fait de la culture chrétienne. J’espère être assez pédagogue pour me faire comprendre du plus grand nombre. Les affaires spirituelles ne regardent pas que les croyants, elles concernent tout le monde.

    Le pape a un caractère très vif, il a un côté autoritaire, mais il veut introduire la synodalité dans l’Église. N’est-ce pas contradictoire ?

    Il ne faudrait pas limiter l’ampleur de cette réforme à la personnalité du pape. Pourquoi cette réforme de la synodalité ? Le pontificat de Benoît XVI a démontré jusqu’où pouvait aller la sclérose de la Curie, du système administratif du Saint-Siège avec tout ce que cela comporte de carriérisme ecclésiastique, absolument détestable. François a raison de bousculer ces habitudes de pouvoir, que l’on trouverait dans une grande administration. On l’a vu de façon paroxystique sous Benoît XVI qui faisait confiance à son administration, laquelle l’a en quelque sorte absorbé au point de le conduire à démissionner. Alors François a corrigé le tir, assez vertement. Et il fallait un homme de son cran, de son courage, de sa force, de son autorité, parfois de sa dureté pour arriver à faire bouger un peu le système. C’est dans ce contexte que s’inscrit la réforme synodale, qui va porter sur la prise de décision dans l’Eglise. Donc pour répondre à votre question, l’homme François est foncièrement sympathique, il aime les gens, il veut que chacun s’exprime, mais c’est aussi un patron. Cela faisait longtemps que l’Église n’avait pas eu de patron. Je salue les efforts d’un homme qui se bat contre des habitudes séculaires, et qui n’a pas encore gagné la partie.

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  • François et l'"indietrisme" : un concept destructeur

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    D'Aldo Maria Valli sur son blog :

    François et l'indietrisme. Un concept destructeur

    6 septembre 2022

    Parmi les nombreux néologismes qu'il a inventés, il en est un que le pape François affectionne particulièrement : l'indiétrisme. Il l'utilise souvent et il l'a également fait lors de sa conversation avec les jésuites du Portugal à l'occasion des Journées Mondiales de la Jeunesse.

    Interrogé par un confrère sur les critiques croissantes à l'encontre de François parmi les catholiques des États-Unis, le pape a répondu : "Vous avez vérifié qu'aux États-Unis, la situation n'est pas facile : il y a une attitude réactionnaire très forte, organisée... Je veux rappeler à ces gens que l'indiétrisme ne sert à rien". Et plus loin : "Certains se disent en dehors, ils vont à reculons, ils sont ce que j'appelle des indietristes".

    Lorsque François parle à bâtons rompus (ce qu'il fait souvent, même en laissant de côté le texte écrit préparé à l'avance), il n'est pas toujours facile de comprendre ce qu'il entend par certains des termes utilisés. Contrairement à Benoît XVI qui, en bon pédagogue, ne laissait jamais une déclaration sans explication, François semble penser que certains mots ont une force en soi qui n'a pas besoin d'être argumentée. L'indietrisme est l'un d'entre eux.

    Il l'a également utilisé, par exemple, lors de sa réunion avec la Commission théologique internationale en novembre 2022, lorsque, soutenant que "le traditionalisme est la foi morte des vivants", il a déclaré : "Aujourd'hui, il y a un grand danger, qui est d'aller dans une autre direction : l'indietrisme. Cette dimension horizontale, nous l'avons vu, a poussé certains mouvements, des mouvements ecclésiaux, à rester figés dans un temps, dans un passé. Ce sont les indietristes... L'indietrisme vous conduit à dire que "cela a toujours été fait ainsi, il vaut mieux continuer ainsi", et ne vous permet pas de grandir. Sur ce point, vous, les théologiens, réfléchissez un peu à la manière d'aider".

    Apparemment, François adopte donc une perspective historiciste. La réalité est une succession d'expériences infinies de l'esprit et la vérité n'est pas statique, mais elle a une nature historique et progressive, elle est le fruit d'un processus (un autre mot que François aime bien), d'un développement. Être indietriste, c'est ne pas reconnaître ce développement et prétendre s'ancrer dans quelque chose d'immuable. Mais, s'il en est ainsi, une question devient légitime : la vision du pape est-elle catholique ?

    En 1966, dans une lettre "concernant certains jugements et erreurs découlant de l'interprétation des décrets du Concile Vatican II", le cardinal Alfredo Ottaviani dénonçait : "En ce qui concerne la doctrine de la foi, on affirme que les formules dogmatiques sont soumises à l'évolution historique au point que même leur sens objectif est susceptible de mutation... Certains ne reconnaissent presque pas de vérité objective absolue, stable et immuable, et soumettent tout à un certain relativisme, sous prétexte que toute vérité suit nécessairement le rythme évolutif de la conscience et de l'histoire."

    Il semble étrange de citer aujourd'hui Ottaviani, dont la devise était, et ce n'est pas un hasard, Semper idem (Toujours le même), mais c'est au fond là que se situe toute la question. La perspective historiciste entraîne nécessairement le relativisme. Le christianisme devient un humanisme, le Christ lui-même est réduit à la seule dimension humaine, le catholicisme cesse d'être la vraie foi, et l'idée qu'en dehors de l'Eglise il n'y a pas de salut tombe. Après cela, est-on vraiment sûr que les indietristes, avec leurs inquiétudes, sont à côté de la plaque ?

  • Brève histoire du rite romain de la messe (treizième partie)

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    Publiée par le site "Esprit de la Liturgie", la série des volets de la « Brève histoire du rite romain de la messe » du Père Uwe Michael Lang C.O. est accessible en cliquant sur les liens suivants et a été complétée d'une treizième partie ("La dévotion eucharistique du Haut Moyen Age") :