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Doctrine - Page 44

  • Les interviews du Pape : slogans figés et confusion assurée

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    De Stefano Fontana sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    Les interviews du Pape : slogans figés, confusion assurée

    Indietrisme*, cléricalisme et ambiguïtés persistantes sur l'inclusion des homosexuels et des transsexuels : c'est le scénario habituel mis en scène également dans l'interview de François avec les jésuites portugais.

    29_08_2023

    Lors de son voyage à Lisbonne pour les Journées Mondiales de la Jeunesse, François a également rencontré, comme il en a l'habitude, ses confrères jésuites, répondant à leurs questions. Le texte de cet entretien est maintenant publié par La Civiltà Cattolica.

    On espère toujours qu'un enseignement important et clair ressortira de ces rencontres, même si le langage utilisé est plutôt informel, comme dans un dialogue entre amis. Mais ce n'est souvent pas le cas pour deux raisons principales. La première est que François poursuit sa propre ligne de pensée et ne se laisse pas le moins du monde interpeller par les questions soulevées. Non pas que ses frères jésuites, en tant que jésuites, posent des questions embarrassantes, mais ils soulèvent des problèmes qui sont immédiatement traités selon les schémas de pensée habituels et avec l'abus des mêmes mots : indiétrisme, cléricalisme, etc.

    La deuxième raison est que François émet des jugements généraux sur des situations très complexes. On comprend qu'on ne peut pas écrire des romans dans une brève interview, mais c'est précisément pour cette raison qu'il faut faire preuve d'une certaine prudence. Par exemple, le Pape exprime ici un jugement très dur et absolument schématique sur le clergé et les catholiques américains, les accusant sommairement d'indiétrisme idéologique : "il y a une attitude réactionnaire très forte, organisée, qui structure une appartenance également affective. Je veux rappeler à ces gens que l'indiétrisme ne sert à rien".

    On a l'impression que dans chaque entretien avec ses frères jésuites, mais on pourrait aussi dire dans chaque entretien tout court, les réponses de François sont standardisées, qu'elles appartiennent à un répertoire conceptuel et linguistique fixe et qu'elles ne connaissent pas d'évolution réelle. Cette fois encore, comme par le passé, François cite Vincent de Lérins à propos de l'évolution du dogme, mais il le cite à demi-mot, citant les mots qui indiquent un progrès mais jamais ceux qui indiquent une continuité parfaite, à savoir "par tous, toujours et partout". Bien que de nombreux experts le lui aient fait remarquer, par exemple le père Nicola Bux, il ne se laisse pas décourager.

    Cette approximation, qui anime les jugements hâtifs et injustes, s'est également manifestée dans ce dialogue avec ses frères jésuites du Portugal sur un sujet concernant la Doctrine sociale de l'Église. Répondant à une question sur l'inclusion des homosexuels et des transsexuels dans l'Église (pouvait-elle manquer ?...), François a fait cette remarque : "Mais ce que je n'aime pas du tout, en général, c'est qu'on regarde à la loupe ce qu'on appelle le "péché de la chair", comme on l'a fait pendant si longtemps à propos du sixième commandement. Si vous exploitez des travailleurs, si vous mentez ou trichez, cela n'a pas d'importance, et ce sont les péchés au-dessous de la ceinture qui comptent".

    Cette affirmation est lacunaire à bien des égards. Tout d'abord, elle exprime un jugement en trois mots et le résultat d'une impression personnelle sur une question très importante et complexe. Elle juge des époques entières de l'histoire, de nombreux prêtres dans les confessionnaux, des éducateurs et des parents par le biais d'un jugement tranchant et peu attrayant. Deuxièmement, il s'agit sans aucun doute d'un jugement erroné, car il ne tient pas compte de la grande attention que la Doctrine sociale de l'Église, la morale catholique et les manuels pour les confesseurs ont accordée à ce que l'on appelle les "péchés sociaux".

    Le catéchisme cite l'escroquerie au juste salaire comme une action qui appelle la vengeance de Dieu. Dans Rerum novarum, Léon XIII a placé au centre de l'action de l'Église ceux qui sont "seuls et sans défense, à la merci de la cupidité des maîtres et d'une concurrence effrénée". Ce jugement de François ne tient pas compte de "ce grand mouvement de défense de la personne humaine", mentionné dans le Centesimus annus (n° 3) de Jean-Paul II, qui a œuvré pour une société plus juste.

    Certes, dans le passé, l'attention portée aux péchés "de chair" était beaucoup plus vive qu'aujourd'hui, où - comme le révèlent de nombreux confesseurs - plus personne ne se confesse pour des actes contraires au sixième commandement. Mais il ne manquait certainement pas d'examens de conscience pour les actes d'injustice sociale et d'exploitation, ni d'actes de réparation pour ces péchés, ni d'interventions publiques de charité, comme l'attestent les saints sociaux et leurs œuvres de charité. En effet, Rerum novarum se terminait par un hymne à la charité. Et combien de générations de prêtres et de laïcs cette encyclique a-t-elle inspirées et guidées ?

    Après tout, si aujourd'hui plus personne ne se confesse pour le sixième commandement, peut-être que tout le monde se confesse pour le septième ? Cette étrange intervention de François semble oublier qu'il n'y a finalement qu'une seule vertu, et que le respect de la dignité de son propre corps et de celui d'autrui permet également de respecter le travailleur ou le pauvre. Le sixième commandement n'est pas quelque chose de privé, mais a de larges répercussions sur la vie sociale et politique, car c'est de la culture des passions débridées que naissent tous les maux de la société. Lors du colloque de Lisbonne, François a beaucoup parlé de l'inclusion des homosexuels et des transsexuels. Nous ne voudrions pas qu'il ait manqué ce lien entre le respect du corps et la justice, entre le sixième et le septième commandement.

    * L'indiétrisme consisterait à vouloir revenir en arrière.

  • Les opinions d'un pape qui divise et stigmatise

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    D'Hannah Brockhaus sur CNA :

    Le pape François déplore que "l'idéologie remplace la foi" chez certains catholiques américains

    Le Saint-Père a déclaré que la situation aux États-Unis n'est pas facile en raison d'une "attitude réactionnaire très forte", qui "est organisée et façonne la façon dont les gens appartiennent, même émotionnellement".

    28 août 2023

    Lors d'une conversation avec des jésuites au Portugal au début du mois d'août, le pape François a parlé d'un "climat de fermeture" aux États-Unis, qui, selon lui, remplace parfois la foi par l'idéologie.

    "Vous dites que vous avez ressenti un climat de fermeture [aux États-Unis]", a déclaré le pape en réponse à une question d'un frère jésuite. "Oui, ce climat peut être ressenti dans certaines situations. Et là, on peut perdre la vraie tradition et se tourner vers des idéologies pour se soutenir. En d'autres termes, l'idéologie remplace la foi, l'appartenance à un secteur de l'Église remplace l'appartenance à l'Église".

    Les commentaires du pape François ont été formulés lors d’une rencontre avec les jésuites le 5 août au Colégio de São João de Brito, une école primaire et secondaire dirigée par les jésuites à Lisbonne, au Portugal. Une traduction anglaise de la conversation privée de François avec des membres de la Compagnie de Jésus a été publiée le 28 août par la revue jésuite La Civiltà Cattolica. (voir ICI , ICI, ICI et ICI)

    Il a dit que la situation aux États-Unis n’est pas facile en raison d’une « attitude réactionnaire très forte », qui « est organisée et façonne la façon dont les gens appartiennent, même émotionnellement ».

    Et il a fait référence à ce qu’il appelle en italien « indietrismo », qui se traduit en anglais par « backwardness » ou « looking back ».

    Cette attitude, a-t-il noté, « est inutile, et nous devons comprendre qu’il y a une évolution appropriée dans la compréhension des questions de foi et de morale tant que nous suivons les trois critères que Vincent de Lérins a déjà indiqué au Ve siècle : La doctrine évolue « ut annis consolidetur, dilatetur tempore, sublimetur aetate. »

    « En d’autres termes, la doctrine progresse, se développe et se consolide avec le temps et devient plus ferme, mais progresse toujours », a-t-il expliqué.

    St. Vincent de Lérins était un moine chrétien du 5ème siècle. À l’époque contemporaine, il est considéré comme la première autorité de l’Église sur la théologie de la tradition et le développement de la doctrine, bien qu’il y ait des interprétations divergentes de sa pensée.

    La citation de Vincent de Lérins par le Pape dans sa conversation avec les jésuites au Portugal provient de l’ouvrage théologique du moine, le Commonitorium, dans lequel se trouve l’une de ses déclarations les plus connues, connue sous le nom de canon vincentien : « En outre, dans l’Église catholique elle-même, il faut prendre toutes les précautions possibles pour conserver cette foi qui a été partout, toujours, par tous ».

    Le pape François a fait référence à Vincent de Lérins sur le développement de la doctrine dans le passé, y compris dans une conversation avec les jésuites au Canada en juillet 2022. (voir ICI)

    Au Portugal, le Pape a dit que certaines personnes « se retirent » des critères d’évolution doctrinale de Vincent de Lérins. Ce sont les gens qu’il appelle « indietristi ».

    « Quand vous reculez, vous formez quelque chose de fermé, déconnecté des racines de l’Église et vous perdez la sève de la révélation. Si vous ne changez pas vers le haut, vous reculez, puis vous adoptez des critères de changement autres que ceux que notre foi donne pour la croissance et le changement », a-t-il dit.

    François a dit que les effets de ce retard sur la morale « sont dévastateurs ».

    « Les problèmes que les moralistes doivent examiner aujourd’hui sont très graves, et pour y faire face, ils doivent prendre le risque d’apporter des changements, mais dans la direction que je disais », a-t-il dit.

    Synodalité

    Interrogé par un autre jésuite sur ses plus grandes joies en ce moment, le pape François a indiqué la première des deux assemblées mensuelles du synode sur la synodalité, qui aura lieu en octobre. Sa joie, a-t-il dit, est présente malgré quelques imperfections dans la façon dont le synode est géré.

    « La joie que j’éprouve le plus aujourd’hui vient de la préparation du synode, même si parfois je constate, dans certaines parties, qu’il y a des lacunes dans la façon dont il est conduit », a-t-il dit.

    « La joie de voir surgir de petits groupes paroissiaux, de petits groupes ecclésiaux, de très belles réflexions et il y a une grande effervescence », a-t-il ajouté, affirmant également qu’il n’a pas inventé l’idée d’un synode.

    « C’est Paul VI, à la fin du Concile, qui s’est rendu compte que l’Église catholique avait perdu le sens de la synodalité. « La partie orientale de l’Église le maintient », a déclaré le pape.

    Il a rappelé son rôle de rapporteur général adjoint au Synode des évêques de 2001 sur les évêques.

    « Au moment où je préparais les choses pour le vote sur ce qui venait des groupes, le cardinal en charge du synode m’a dit : « Non, ne mettez pas ça, enlevez ça. » Bref, ils voulaient un synode avec censure, une censure curiale qui bloquait les choses », a noté Francis.

    Le Pape a dit que, bien qu’il y ait des imperfections sur le chemin de la synodalité depuis que saint Paul VI a établi le Synode des évêques en 1965, « au cours des dix dernières années, nous avons poursuivi les progrès, jusqu’à ce que nous atteignions, je pense, une expression mûre de ce qu’est la synodalité ».

    « La synodalité ne consiste pas à aller chercher des votes, comme le ferait un parti politique », a-t-il souligné. « Il ne s’agit pas de préférences, d’appartenance à tel ou tel parti. Dans un synode, la figure principale est l’Esprit Saint. Il est le protagoniste. Vous devez donc laisser l’Esprit diriger les choses. Laissez-le s’exprimer comme il l’a fait le matin de la Pentecôte. Je pense que c’est la voie la plus forte. »

    Conseils aux jésuites

    Au cours de la conversation, le pape François a également donné des conseils aux jésuites sur la façon de vivre leur vocation, y compris l’exhortation à éviter la mondanité.

    « La mondanité spirituelle est un écueil souvent récurrent. « C’est une chose de se préparer au dialogue avec le monde, comme on le fait avec les mondes de l’art et de la culture, c’en est une autre de se compromettre avec les choses du monde, avec la mondanité », a-t-il déclaré.

    Quand il s’agit de protéger contre la mondanité, ainsi que de vivre chastement, le Pape a souligné l’importance de faire un examen quotidien de la conscience, comme recommandé par le fondateur de la Compagnie de Jésus.

    « Aujourd’hui, le grave problème concerne les refuges cachés de l’égoïsme, qui impliquent souvent la sexualité, mais aussi d’autres questions. Que faire? Je trouve de l’aide dans l’examen de conscience, comme l’a demandé saint Ignace », a déclaré François, notant qu’Ignace de Loyola a très rarement dispensé de cette obligation pour les membres de la Compagnie de Jésus.

    « Son but est de voir ce qui se passe en vous. Et il y a des personnes consacrées qui ont le cœur exposé aux quatre vents, avec leurs fenêtres ouvertes, leurs portes ouvertes. Bref, ils n’ont aucune cohérence interne. »

    François a dit que la prière est également très importante : « Avec la prière, le jésuite avance, craignant de rien, car il sait que le Seigneur l’inspirera en temps voulu sur ce qu’il doit faire. »

    « Quand un jésuite ne prie pas, il devient un jésuite desséché. Au Portugal, on pourrait dire qu’il est devenu un « baccalà », une morue séchée et salée », a-t-il déclaré, faisant référence au célèbre plat de Lisbonne.

  • Le Synode des peurs : un air de schisme dans l'Église de François ?

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    De Nico Spuntoni sur il Giornale :

    Le Synode des peurs : un air de schisme dans l'Église de François ?

    27 août 2023

    Le feu vert possible au diaconat féminin, aux bénédictions arc-en-ciel et aux prêtres mariés renforce les résistances internes à l'assemblée d'octobre.

    Plus le début de la première session de la 16e Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques, qui se tiendra du 4 au 29 octobre 2023, approche, plus les tensions dans l'Église augmentent. L'Instrumentum Laboris présenté en juin dernier est un agrégat de questions qui inclut celles relatives aux sujets les plus brûlants du débat ecclésial : divorcés remariés, prêtres mariés, diaconat féminin, bénédiction des couples de même sexe.

    Résistance

    Le prochain Synode est le fruit d'un long processus qui a d'abord intégré les résultats des consultations dans les diocèses du monde entier dans un document de travail pour l'étape continentale. À la lecture de ce texte, le cardinal George Pell avait lancé un cri d'alarme dramatique sur le chemin synodal parcouru jusqu'à présent, le qualifiant de "cauchemar toxique" pour l'Église catholique. Cette dénonciation, publiée au début de l'année par le prestigieux magazine britannique The Spectator, a été le dernier acte public du cardinal australien avant sa mort, provoquée par une crise cardiaque au bloc opératoire le 10 janvier.

    Mais Mgr Pell n'était pas le seul à s'inquiéter de l'issue du synode sur la synodalité. En effet, à un peu plus d'un mois de l'assemblée, d'autres prélats ont commencé à exprimer des craintes sur ce qui pourrait se passer dans l'Église après l'assemblée. Le cardinal Raymond Leo Burke, l'un des auteurs des cinq dubia sans réponse sur Amoris Laetitia, a rédigé la préface d'un livre intitulé Synodal Process : a Pandora's Box dans lequel Julio Loredo et José Antonio Ureta ont résumé les points critiques du synode sous la forme de 100 questions et 100 réponses. Dans sa contribution, le cardinal américain parle d'une "situation très grave dans l'Église aujourd'hui" qui "inquiète à juste titre tout catholique consciencieux et toute personne de bonne volonté". Pour Burke, "la synodalité et son adjectif, synodal, sont devenus des slogans derrière lesquels se cache une révolution visant à changer radicalement la conception que l'Église a d'elle-même, conformément à une idéologie contemporaine qui nie une grande partie de ce que l'Église a toujours enseigné et pratiqué". Le cardinal a publiquement exprimé sa crainte d'un Synode sur la synodalité prêt à suivre les traces de la voie synodale allemande et donc capable de provoquer "la même confusion, les mêmes erreurs et la même division dans l'Église universelle".

    Un évêque "contre"

    Dans une lettre adressée aux fidèles de son diocèse, l'évêque de Tyler, l'Américain Joseph Edward Strickland, s'est élevé contre les éventuels changements que le Synode pourrait apporter. Le prélat, qui a fait l'objet d'une visite apostolique ordonnée par le Saint-Siège et qui a pris des positions très critiques à l'égard de la ligne du pontificat actuel, a rappelé les enseignements que l'Église a toujours maintenus sur le mariage, l'eucharistie et la sexualité et a affirmé que "dans les semaines et les mois à venir, beaucoup de ces vérités seront examinées dans le contexte du Synode sur la synodalité". L'invitation de Mgr Strickland est de "s'en tenir à ces vérités et de se méfier de toute tentative de présenter une alternative à l'Évangile de Jésus-Christ, ou de promouvoir une foi qui parle de dialogue et de fraternité, en cherchant à supprimer la paternité de Dieu".

    L'évêque du diocèse texan s'est d'ailleurs montré convaincu qu'à l'issue des travaux du synode, un conflit interne pourrait se créer, conduisant certains à qualifier de schismatiques "ceux qui ne sont pas d'accord avec les changements proposés". L'appel de Strickland est un véritable appel à la résistance : "Soyez assurés, cependant, écrit le prélat à ses fidèles, qu'aucun de ceux qui restent fermement sur le chemin de notre foi catholique n'est schismatique", sachant que "cela ne signifie pas abandonner l'Eglise si nous nous opposons à ces changements proposés".

    La question des prêtres mariés

    La préface de Burke et la lettre de Strickland font référence à un schisme provoqué par le synode. Il s'agit là d'un scénario dramatique, qui a également failli se produire dans le cadre du Synode allemand. La crainte de ceux qui s'opposent à ces changements est que l'ordre du jour de l'assemblée, fortement souhaité par la majorité de l'épiscopat allemand, puisse contaminer le synode universel, comme les questions posées dans l'Instrumentum Laboris semblent le suggérer.

    Mais qu'est-ce qui pourrait changer après le synode ? Le texte aborde également les sujets brûlants des prêtres mariés, du diaconat féminin et des mesures à l'égard des couples homosexuels. La liste des participants ayant le droit de vote - parmi lesquels beaucoup ont déjà exprimé publiquement leur soutien à des changements sur ces questions - suggère qu'en octobre 2024, le document final pourrait complètement remodeler le visage de l'Église.

    Après le Synode pour l'Amazonie, François a décidé de ne pas approuver la proposition d'ordonner des hommes mariés en Amazonie, ce qui aurait ouvert une première brèche dans la défense de l'obligation du célibat sacerdotal. Pourtant, l'Instrumentum Laboris de ce nouveau Synode parle d'"ouvrir une réflexion sur la possibilité d'accès au sacerdoce pour les hommes mariés". La Querida Amazonia qui n'avait pas suivi cette ouverture était intervenue après le tollé provoqué par le livre Dal profondo del nostro cuore (Du fond de notre cœur), publié par Cantagalli et écrit par le cardinal Robert Sarah pour réitérer le non à l'ordination d'hommes mariés, avec une contribution de Joseph Ratzinger. Mais la mort de Benoît XVI, qui considérait le célibat sacerdotal comme indispensable, pourrait faciliter l'ouverture à l'ordination de prêtres mariés. Face à une probable position ouverte des pères synodaux, François serait-il prêt à remettre en cause l'Ordinatio Sacerdotalis de son saint prédécesseur, Jean-Paul II ?

    Diaconat féminin et bénédiction arc-en-ciel

    Un autre point sensible en raison des réactions qu'il pourrait susciter est celui qui concerne le diaconat féminin. L'Instrumentum Laboris précise : "La plupart des Assemblées continentales et les synthèses de nombreuses Conférences épiscopales demandent que la question de l'accès des femmes au diaconat soit à nouveau examinée. Est-il possible de l'envisager et de quelle manière ? C'est précisément à la fin du Synode sur l'Amazonie susmentionné que François a mis en place une commission ad hoc présidée par le cardinal Giuseppe Petrocchi et qui a pris la place d'une précédente commission également créée par lui mais dont les conclusions ne lui plaisaient pas ("le résultat n'est pas grand", a-t-il dit). Cette première commission était dirigée par le secrétaire puis préfet de la congrégation - aujourd'hui dicastère - pour la doctrine de la foi, le cardinal Luis Francisco Ladaria Ferrer. Aujourd'hui, le jésuite espagnol, théologiquement considéré comme un modéré, a pris sa retraite et a été remplacé à la tête de l'ancien Saint-Office par le progressiste Víctor Manuel Fernández, un homme très proche de François. Si, au cours de la première décennie de ce pontificat, tant sous la direction de Gerhard Ludwig Müller que de Luis Francisco Ladaria Ferrer, le dicastère qui fut celui de Joseph Ratzinger a rejeté les demandes les plus révolutionnaires, s'opposant à l'agenda du chemin synodal allemand et produisant le fameux responsum de 2021 qui fermait les portes à la bénédiction des couples homosexuels, l'arrivée de l'ancien archevêque de La Plata devrait changer la donne, comme l'a précisé le pape dans la lettre qu'il lui a adressée pour sa nomination. Il est difficile d'imaginer Fernández comme un gardien de l'orthodoxie, selon l'expression bien connue attribuée au préfet.

    En effet, le théologien argentin, en plus d'avoir été un protagoniste en coulisses de la rédaction de l'exhortation apostolique post-synodale Amoris laetitia qui a ouvert la communion aux divorcés remariés, ne cache pas ses convictions rupturistes sur les sujets brûlants que nous verrons au Synode : il a défini l'ordination des hommes mariés comme une " hypothèse possible ", il s'est ouvert aux couples arc-en-ciel en disant que si " une bénédiction est donnée de manière à ne pas provoquer cette confusion, elle devra être analysée et confirmée ", il n'a pas fermé les portes au diaconat féminin.

    Si les participants au Synode des évêques - parmi lesquels se trouvent également des laïcs à la demande de François - votent un document qui donne le feu vert à ces trois questions, ce n'est certainement pas l'ancien Saint-Office qui soulèvera des objections. Or, cela ne facilite pas la situation, mais au contraire la complique, car cela risque de faire souffler plus fort sur Rome le vent d'un schisme. Que fera François ? Le Pape a dit qu'il n'avait pas peur d'un schisme, mais c'était une déclaration faite à un moment où ce scénario dramatique n'était pas aussi réaliste qu'il pourrait apparaître à la fin du prochain Synode.

  • La publication de Laudato Si bis : une nouvelle intéressante qui dit quelque chose de ce pontificat

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    D'Andrea Gagliarducci sur Monday Vatican :

    Le Pape François et la deuxième partie de Laudato Si

    28 août 2023

    La semaine dernière, le pape François a annoncé à la surprise générale qu'il rédigeait une deuxième partie de Laudato Si' afin de l'actualiser. Par la suite, le Bureau de presse du Saint-Siège a précisé qu'il s'agissait d'une nouvelle mise à jour environnementale sur les problèmes. C'est une nouvelle intéressante parce qu'elle dit quelque chose de ce pontificat.

    Tout d'abord, elle témoigne du pragmatisme du pape François. Il est bien connu que le pape a écrit Laudato Si pour répondre à un besoin et à une demande qui ont surgi surtout dans la sphère politique, et il l'a fait rapidement pour que cette encyclique soit prête pour la COP 25 à Paris. Il ne s'agissait pas seulement d'une question d'attention aux questions environnementales. Si l'on se souvient, Benoît XVI a été appelé "le pape vert" précisément en raison de sa conscience écologique. La Saison de la création, qui débute le 1er septembre, est née d'une idée du patriarche de Constantinople, Bartholomée Ier, et a été rapidement acceptée dans le monde catholique avec Jean-Paul II.

    Il suffit de parcourir la Doctrine sociale de l'Église, le recueil publié au milieu des années 1990, pour se rendre compte que l'attention portée par l'Église catholique à la création et à la protection de la création n'est pas nouvelle. En effet, elle a toujours fait partie de la doctrine sociale dans le contexte de ce que Paul VI a défini comme le "développement humain intégral".

    Cependant, la question actuelle est différente. Une encyclique peut-elle être définie uniquement sur une situation contingente ou un thème spécifique ? L'environnement peut-il faire l'objet d'un document papal qui ne considère pas le développement humain intégral ? Non, il ne le peut pas. Laudato Si n'est pas une encyclique écologique mais une encyclique qui cherche à considérer la Doctrine sociale dans son ensemble. C'est l'approche de l'écologie humaine intégrale. Ce n'est pas une approche nouvelle puisqu'elle a été menée pour la première fois sous les pontificats précédents.

    Alors, une encyclique centrée sur le sujet était-elle nécessaire ? Elle était utile car elle permettait au Saint-Siège d'entrer dans le débat, à tel point que l'encyclique a circulé parmi les fonctionnaires de l'ONU avant la visite du pape François en 2015. En bref, il s'agissait d'une nécessité pratique, d'un désir de répondre à un défi sous les projecteurs de l'opinion publique.

    Ce pragmatisme du pape François a cependant ses limites. Répondant à un défi contingent, l'encyclique est d'emblée apparue comme présentant des limites structurelles. Si l'on met de côté les questions de doctrine sociale de l'Église, les données utilisées sont en effet des données qui ne seront plus valables dans quelques années. Le récit des objectifs de développement durable des Nations unies est entré dans l'Église.

    Cependant, les Nations unies modifient les objectifs de développement durable tous les ans, car ils reposent précisément sur des décisions politiques et des données relatives à la situation actuelle. De plus, ils sont parfois influencés par l'idéologie. C'est ce que le pape François dénonce comme une colonisation idéologique. Il y a donc le paradoxe d'un pape qui s'attaque à la colonisation idéologique mais qui utilise en même temps certains récits de colonisation idéologique comme authentiques et valides.

    Un pragmatisme presque cynique permet à l'Église d'être au centre du débat, mais l'empêche d'être vraiment "différente" dans la discussion. Après Laudato Si, les diocèses et les structures ecclésiastiques, entre autres, se sont empressés de manifester leur attention à la création. La démonstration est pratique : on ne cesse de parler de diocèses ou d'églises locales qui ne lancent aucun projet sans impact sur l'environnement, installent des panneaux solaires et se consacrent aux énergies renouvelables, soulignant la nécessité de cesser d'utiliser les combustibles fossiles. S'agit-il de l'écologie intégrale dont parle la doctrine sociale, ou seulement d'une petite partie pratique, à évaluer avec les critères du discernement ?

    Nous arrivons ici au deuxième fait : le pape François est pragmatique et utilise son magistère pour répondre aux défis de l'ici et du maintenant. L'Église sortante, après tout, est une Église hôpital de campagne, c'est-à-dire une Église qui répond aux problèmes quand ils se posent et comme ils se posent. C'est une Église en état d'urgence. Cependant, la crise ne permet pas de planifier l'avenir.

    La vraie question est de savoir si nous faisons face à une telle urgence simplement parce qu'il s'agit d'une urgence ou parce que la planification de l'avenir semble trop compliquée à gérer. Le pape François a établi que les réalités sont plus importantes que les idées dans Evangelii Gaudium, et Laudato Si est un exemple pratique de cette hypothèse.

    Le problème est cependant qu'une encyclique doit avoir une valeur universelle. Il est vrai que les papes, dans le passé, ont utilisé des encycliques pour répondre à des situations concrètes. Pie XII a écrit trois encycliques sur la persécution des chrétiens en Chine, et deux consacrées au problème du cardinal Mindszenty en Hongrie. Il s'agissait d'encycliques qui contenaient de vives protestations mais qui, relues aujourd'hui, s'inscrivent dans un principe universel de liberté de l'Église. En somme, une vision du monde conférait à ces encycliques, nées en réponse à des situations concrètes, une validité universelle.

    Mais écrire une deuxième partie de Laudato Si, c'est admettre que Laudato Si était une encyclique qui ne répondait qu'au temps présent, qui ne donnait pas une vision du monde valable aussi pour l'avenir. Peut-être qu'une fois que l'on aura lu Laudato Si bis, toutes ces craintes seront dissipées. Mais pour l'instant, il reste crucial que le pape ait écrit une encyclique incomplète et que son achèvement ne fasse que la relier à aujourd'hui sans en donner une vision universelle.

    Qu'on se le dise sans malentendu : Le pape François a sa vision universelle des choses et probablement un projet précis pour l'Église. Mais ce projet est précisément de regarder la réalité concrète et d'être là où en est le monde aujourd'hui. Le but est d'offrir une perspective, pas d'évangéliser.

    D'où les phrases décontextualisées, les expressions imagées qui restent cependant génériques et ne semblent pas avoir d'explication concrète (comme les "purismes angéliques" ou le "totalitarisme du relatif", ou les "éthiques sans bonté", jusqu'au "rétrogradisme" actuel), et une décision générale de ne jamais répondre directement aux questions dans lesquelles une position claire doit être prise, comme en témoignent les nombreuses conférences de presse dans l'avion.

    Cependant, le Pape a une vision précise du gouvernement, une façon encore plus grossière de prendre des décisions, et une capacité à entrer dans les situations avec une jambe droite pour que sa perspective soit la seule à être suivie. Le pape François veut un modèle d'Église à son image. Il veut que ce modèle soit compris. Pour cela, il a aussi besoin d'un vote de sympathie. C'est ainsi que ce clin d'œil au monde séculier conduit à des documents comme Laudato Si, ou ce qui pourrait en être la suite. C'est peut-être ainsi que l'Église peut avoir un impact sur le monde. Mais il y a aussi le risque inverse, à savoir que, n'ayant rien de nouveau à dire, l'Église soit condamnée à l'insignifiance.

    La publication de Laudato Si bis clarifiera laquelle de ces deux voies sera empruntée.

  • Prévenir un schisme : la lettre pastorale de l'évêque de Tyler (Texas) à ses ouailles

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    Via le Forum Catholique :

    Lettre pastorale du 22 août de Mgr Strickland à ses ouailles publiée sur The Remnant du 24/08/2023.

    Mes chers fils et filles dans le Christ :

    Que l'amour et la grâce de Notre Seigneur Jésus-Christ soient toujours avec vous !

    En ces temps de grande agitation dans l'Église et dans le monde, je dois vous parler d'un cœur de père pour vous avertir des maux qui nous menacent et pour vous assurer de la joie et de l'espérance que nous avons toujours en notre Seigneur Jésus-Christ. Le message mauvais et faux qui a envahi l'Église, l'Épouse du Christ, est que Jésus n'est qu'un parmi d'autres, et qu'il n'est pas nécessaire que son message soit partagé avec toute l'humanité. Cette idée doit être rejetée et réfutée à chaque fois. Nous devons partager la joyeuse bonne nouvelle que Jésus est notre seul Seigneur, et qu'Il désire que toute l'humanité, pour tous les temps, puisse embrasser la vie éternelle en Lui.

    Une fois que nous avons compris que Jésus-Christ, le Fils divin de Dieu, est la plénitude de la révélation et l'accomplissement du plan de salut du Père pour toute l'humanité et pour tous les temps, et que nous l'embrassons de tout notre cœur, nous pouvons alors aborder les autres erreurs qui affligent notre Église et notre monde et qui ont été provoquées par un éloignement de la Vérité.

    Dans sa lettre aux Galates, saint Paul écrit : "Je m’étonne que si vite vous vous laissiez détourner de celui qui vous a appelés en la grâce de Jésus-Christ, pour passer à un autre Évangile : non certes qu’il y en ait un autre ; seulement il y a des gens qui vous troublent et qui veulent changer l’Évangile du Christ. Mais quand nous-mêmes, quand un ange venu du ciel vous annoncerait un autre Évangile que celui que nous vous avons annoncé, qu’il soit anathème !Nous l’avons dit précédemment, et je le répète à cette heure, si quelqu’un vous annonce un autre Évangile que celui que vous avez reçu, qu’il soit anathème ! (Ga 1,6-9)

    En tant que père spirituel, je pense qu'il est important de réitérer les vérités fondamentales suivantes qui ont toujours été comprises par l'Église depuis des temps immémoriaux, et de souligner que l'Église existe non pas pour redéfinir les questions de foi, mais pour sauvegarder le dépôt de la foi tel qu'il nous a été transmis par Notre Seigneur lui-même par l'intermédiaire des apôtres, des saints et des martyrs. Encore une fois, en s'inspirant de l'avertissement de saint Paul aux Galates, toute tentative de pervertir le véritable message de l'Évangile doit être catégoriquement rejetée comme préjudiciable à l'Épouse du Christ et à ses membres individuels.

    1- Le Christ a établi une seule Église - l'Église catholique - et, par conséquent, seule l'Église catholique fournit la plénitude de la vérité du Christ et le chemin authentique vers son salut pour chacun d'entre nous.

    2- L'Eucharistie et tous les sacrements sont divinement institués, et non développés par le Christ. L'Eucharistie est vraiment le Corps et le Sang, l'Âme et la Divinité du Christ, et le recevoir dans la Communion sans en être digne (c'est-à-dire dans un état de péché grave et impénitent) est un sacrilège dévastateur pour l'individu et pour l'Église. (1 Co 11,27-29)

    3- Le sacrement du mariage est institué par Dieu. Par la loi naturelle, Dieu a établi le mariage entre un homme et une femme, fidèles l'un à l'autre pour la vie et prêts à avoir des enfants. L'humanité n'a ni le droit ni la capacité réelle de redéfinir le mariage.

    4- Chaque personne humaine est créée à l'image et à la ressemblance de Dieu, homme ou femme, et tous les individus devraient être aidés à découvrir leur véritable identité en tant qu'enfants de Dieu, et non soutenus dans une tentative désordonnée de rejeter leur indéniable identité biologique et donnée par Dieu.

    5- L'activité sexuelle en dehors du mariage est toujours un péché grave et ne peut être tolérée, bénie ou jugée admissible par quelque autorité que ce soit au sein de l'Église.

    6- La croyance selon laquelle tous les hommes et toutes les femmes seront sauvés, quelle que soit leur façon de vivre (concept communément appelé universalisme) est fausse et dangereuse, car elle contredit ce que Jésus nous dit à maintes reprises : "Renoncez à vous-même, prenez votre croix et suivez-moi." Il nous a donné le chemin, par sa grâce, de la victoire sur le péché et la mort par le repentir et la confession sacramentelle. Il est essentiel que nous accueillions la joie et l'espoir, ainsi que la liberté, qui découlent du repentir et de la confession humble de nos péchés. Grâce au repentir et à la confession sacramentelle, chaque bataille contre la tentation et le péché peut être une petite victoire qui nous conduit à embrasser la grande victoire que le Christ a remportée pour nous.

    7- Pour suivre Jésus-Christ, nous devons volontairement choisir de prendre notre croix au lieu d'essayer d'éviter la croix et la souffrance que Notre Seigneur offre à chacun de nous individuellement dans notre vie quotidienne. Le mystère de la souffrance rédemptrice - la souffrance que Notre Seigneur nous permet d'expérimenter et d'accepter dans ce monde, puis de Lui offrir en retour en union avec Sa souffrance - nous ébranle, nous purifie et nous attire plus profondément dans la joie d'une vie vécue dans le Christ. Cela ne veut pas dire que nous devons apprécier ou rechercher la souffrance, mais si nous sommes unis au Christ, en faisant l'expérience de nos souffrances quotidiennes, nous pouvons trouver l'espoir et la joie qui existent au milieu de la souffrance et persévérer jusqu'à la fin dans toutes nos souffrances. (cf. 2 Tm 4,6-8)

    Dans les semaines et les mois à venir, nombre de ces vérités seront examinées dans le cadre du Synode sur la synodalité. Nous devons nous en tenir à ces vérités et nous méfier de toute tentative de présenter une alternative à l'Évangile de Jésus-Christ, ou de promouvoir une foi qui parle de dialogue et de fraternité, tout en essayant de supprimer la paternité de Dieu. Lorsque nous cherchons à innover sur ce que Dieu, dans sa grande miséricorde, nous a donné, nous nous trouvons sur un terrain périlleux. Le point d'appui le plus sûr que nous puissions trouver est de rester fermement attachés aux enseignements éternels de la foi.

    Malheureusement, il se peut que certains qualifient de schismatiques ceux qui ne sont pas d'accord avec les changements proposés. Soyez assurés, cependant, que quiconque reste fermement sur le fil à plomb de notre foi catholique n'est un schismatique. Nous devons rester résolument et véritablement catholiques, quelles que soient les propositions qui nous sont faites. Nous devons également être conscients que ce n'est pas quitter l'Église que de s'opposer fermement à ces changements proposés. Comme l'a dit saint Pierre : "Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. (Jn 6,68) Par conséquent, rester ferme ne signifie pas que nous cherchons à quitter l'Église. Au contraire, ceux qui proposent de changer ce qui ne peut être changé cherchent à s ‘approprier l'Église du Christ, et ce sont eux les vrais schismatiques.

    Je vous exhorte, mes fils et mes filles dans le Christ, à vous assurer que le moment est venu de vous appuyer fermement sur la foi catholique de toujours
    . Nous avons tous été créés pour chercher la Voie, la Vérité et la Vie, et en cette époque moderne de confusion, le vrai chemin est celui qui est éclairé par la lumière de Jésus-Christ, car la Vérité a un visage et c'est bien le sien. Soyez assurés qu'Il n'abandonnera pas son Épouse.


    Je reste votre humble père et serviteur,

    Mgr Joseph E. Strickland
    Évêque de Tyler (Texas)

  • Le "synode sur la synodalité" ne ressemble pas aux synodes des Eglises d'Orient

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    D'Edward Pentin sur le National Catholic Register :

    Un évêque grec catholique : le synode sur la synodalité ne ressemble pas aux synodes orientaux

    L'évêque grec catholique byzantin Manuel Nin souligne que le synode signifie avant tout un cheminement avec le Christ et met en garde contre le "parlementarisme chrétien".

    24 août 2023

    Malgré les affirmations contraires, le prochain synode sur la synodalité ne ressemble à aucun synode des Églises orientales - il ressemble à un processus parlementaire et manque d'un objectif clair et cohérent, a déclaré un évêque grec catholique qui participera à la réunion.

    Dans un commentaire publié le 3 août sur le site web de l'Exarchat catholique grec, Mgr Manuel Nin, exarque apostolique de l'Église catholique byzantine grecque en Grèce, a exprimé plusieurs préoccupations concernant l'assemblée générale du synode, dont la première session aura lieu du 4 au 29 octobre et la seconde en octobre 2024. La réunion à venir marque une rupture significative avec les assemblées synodales précédentes dans la mesure où un groupe sélectionné de participants laïcs sera désormais autorisé à voter.

    L'évêque Manuel a reconnu que cet exercice de l'autorité a une "dimension synodale" dans la mesure où les décisions prises à un "niveau pleinement collectif appartiennent aux évêques du synode", mais il a souligné que si l'Occident comprend la synodalité comme le fait que "tous, laïcs et clercs, agissent ensemble pour parvenir à une décision ecclésiastique, doctrinale, canonique, disciplinaire, quelle qu'elle soit, il devient clair qu'une telle synodalité n'existe pas en Orient".

    La synodalité dans toutes les Églises chrétiennes, tant à l'Est qu'à l'Ouest, ne peut être une sorte de reflet du monde moderne par lequel l'Église devient comme une "démocratie occidentale moderne, éventuellement parlementaire, où tout le monde peut tout dire", a-t-il averti. La vie de l'Église, a-t-il dit, "n'a jamais été une forme de démocratie dans laquelle tout le monde décide de tout selon les règles de la majorité".

    Un tel "parlementarisme chrétien", a-t-il poursuivi, peut aboutir à la construction d'une "ecclésiologie pyramidale" qui, parce qu'elle a invité tant de laïcs et de non-clercs à participer avec droit de vote, marginalise ou oublie la collégialité épiscopale dans les questions d'administration et de vie de l'Église.

    Il a également noté "l'absence de clarification limpide" sur le sens de la synodalité, et a observé que l'ensemble du processus, qui a commencé au niveau national et continental en 2021-22, est un lieu "où tout le monde peut s'exprimer sur n'importe quoi, même proposer des questions et des opinions qui sont habituellement laissées au droit exclusif de l'évêque de Rome".

    Il a déclaré qu'en tant qu'évêque catholique oriental, ce qui l'a particulièrement troublé, ce sont les affirmations de "nombreuses" personnes, "même d'une autorité connue", qui ont dit : "Vous, en Orient, avez toujours eu la synodalité", contrairement à l'Église occidentale.

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  • Fernandez : le "Ratzinger" du pape François ?

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    De George Weigel sur First Things :

    L'ARCHEVEQUE FERNÁNDEZ ET SON PARCOURS D'APPRENTISSAGE

    23 août 23

    Le pape François vient de donner au Vatican son Ratzinger", titrait un journal le 2 juillet ; "Le pape François trouve son Ratzinger", annonçait un autre journal quatre jours plus tard. Ces deux évaluations rapides de la nomination de l'archevêque argentin Victor Manuel Fernández au poste de préfet du Dicastère pour la doctrine de la foi étaient erronées. L'archevêque Fernández n'est pas Joseph Ratzinger, que ce soit en termes de poids théologique (un point que Fernández lui-même a implicitement reconnu dans l'une des interviews qu'il a accordées après sa nomination) ou en termes de relations avec le pape qu'il servira.

    En ce qui concerne ce dernier point : Jean-Paul II n'a pas fait de Joseph Ratzinger une grande figure de l'Église mondiale ; Ratzinger, l'un des théologiens les plus importants de Vatican II, était un homme d'Église influent dans le monde entier bien avant que le pape polonais ne le nomme préfet de ce qui s'appelait alors la Congrégation pour la doctrine de la foi (CDF). La carrière de Mgr Fernández a toutefois été presque entièrement créée par le pape François. Lorsqu'il était archevêque de Buenos Aires, Jorge Mario Bergoglio a nommé Mgr Fernández président de l'Université catholique d'Argentine (malgré les objections de la CDF et de la Congrégation pour l'éducation catholique) et, une fois arrivé à Rome, le "pape Bergoglio" (comme l'appellent les Italiens) s'est largement servi de son protégé dans diverses fonctions.

    Les relations intellectuelles ne sont pas non plus symétriques. Jean-Paul II et Joseph Ratzinger ont travaillé en étroite collaboration pendant un quart de siècle. Mais leurs modes de pensée étaient loin d'être identiques et ils étaient en désaccord (sans être désagréables) à plusieurs moments clés, comme je l'ai démontré dans Témoin de l'espérance. En outre, les deux hommes avaient des points de vue très différents sur la modernité tardive : Jean-Paul II était plutôt optimiste quant aux perspectives du monde de l'après-guerre froide ; Ratzinger avait tendance à considérer la destruction de la culture catholique bavaroise de sa jeunesse comme une anticipation des perspectives à venir pour l'ensemble de l'Occident. En revanche, il est difficile de déceler un centimètre de distance entre la pensée du pape François et celle de l'archevêque Fernández, notamment parce que ce dernier semble avoir été un scénariste et un nègre pour son patron.

    Lorsque Joseph Ratzinger est devenu le principal conseiller doctrinal du pape, il était l'un des hommes les plus érudits au monde, profondément versé dans les études bibliques, la philosophie, l'histoire et la théorie politique, ainsi que dans les différentes sous-disciplines de la théologie. Mgr Fernández est un homme intelligent, mais personne ne peut prétendre qu'il est aussi compétent que Mgr Ratzinger dans un éventail de sujets aussi large. En fait, dans plusieurs des (nombreuses) interviews qu'il a accordées après sa nomination, l'archevêque a trahi un manque cruel de familiarité avec la théologie morale créative qui a été développée dans l'Église depuis l'encyclique Veritatis Splendor (La splendeur de la vérité) de Jean-Paul II, en 1993. Au cours d'une conversation, par exemple, Mgr Fernández a estimé que si Veritatis Splendor avait été un correctif nécessaire à certaines tendances fâcheuses de la théologie morale catholique postconciliaire, l'encyclique n'avait pas favorisé une créativité théologique ayant un réel impact pastoral.

    Je ne suis pas d'accord. La théologie morale catholique sérieuse et la philosophie morale dans le monde anglophone ont été dynamisées au cours des trente dernières années par la brillante analyse théologique et pastorale de la vie morale de Jean-Paul. Alors que l'archevêque Fernández se prépare à prendre ses nouvelles fonctions à Rome, il pourrait peut-être accélérer sa trajectoire d'apprentissage en se familiarisant avec des ouvrages post-Veritatis Splendor aussi créatifs que Veritatis Splendor and the Renewal of Moral Theology (édité par Joseph Augustine Di Noia, Avery Dulles et Romanus Cessario) ; Morality : The Catholic View (par Servais Pinckaers) ; Living the Truth in Love : Une introduction biblique à la théologie morale (par Benedict Ashley) ; The Abuse of Conscience : Un siècle de théologie morale catholique (par Matthew Levering) ; Biomédecine et béatitude : Une introduction à la bioéthique catholique (par Nicanor Pier Giorgio Austriaco) ; Aquinas and the Market : Toward a Humane Economy (par Mary Hirschfeld) ; Good and Evil Actions : Un voyage à travers Saint Thomas d'Aquin (par Steven Jensen) ; Action et conduite : Thomas d'Aquin et la théorie de l'action (par Stephen Brock) ; Coopération avec le mal : outils d'analyse thomistes (par Kevin Flannery) ; Partager les vertus du Christ (par Livio Melina) ; et La vie morale chrétienne (par John Rziha).  

    Veritatis Splendor a rendu furieux les théologiens moraux de la Ligue catholique en 1993 par sa défense vigoureuse de la conception catholique classique selon laquelle certains actes sont "intrinsèquement mauvais" - mauvais en toutes circonstances - et l'encyclique est depuis lors un os dans la gorge de la corporation des théologiens de l'establishment catholique. Il serait plus que tragique que le nouveau préfet de la Doctrine de la Foi utilise sa fonction pour promouvoir la fausse affirmation de la corporation selon laquelle Veritatis Splendor est un exercice de contre-argumentation papale qui sous-tend la torpeur théologique et la rigidité pastorale.

    La chronique de George Weigel intitulée "La différence catholique" est publiée par le Denver Catholic, la publication officielle de l'archidiocèse de Denver.

    George Weigel est Distinguished Senior Fellow du Ethics and Public Policy Center de Washington, D.C., où il est titulaire de la William E. Simon Chair in Catholic Studies.

  • Un nouveau livre met en garde contre la menace "révolutionnaire" posée par le Synode sur la synodalité

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    D'Edward Pentin sur le National Catholic Register :

    Un nouveau livre met en garde contre la menace "révolutionnaire" posée par le Synode sur la synodalité

    Sous forme de questions-réponses, les auteurs du livre affirment que le processus synodal réhabilite de vieilles hérésies et impose à l'Église un programme progressiste radical néfaste.

    New book with foreword written by Cardinal Raymond Burke entitled: 'The Synodal Process Is a Pandora's Box.'

    Nouveau livre préfacé par le cardinal Raymond Burke et intitulé : "The Synodal Process Is a Pandora's Box" (Le processus synodal est une boîte de Pandore).

    22 août 2023

    Le cardinal Raymond Burke a félicité les auteurs d'un nouveau livre visant à exposer les dangers qui, selon eux, sont associés au prochain Synode sur la synodalité - un processus qu'il décrit comme une "révolution" qui cause à l'Église "un grave préjudice".

    Dans leur livre, intitulé The Synodal Process Is a Pandora's Box (il peut être lu gratuitement en ligne ici) et traduit en huit langues, Julio Loredo de Izcue et José Antonio Ureta affirment que l'objectif de leur ouvrage, rédigé sous la forme d'un catéchisme de 100 questions et réponses, est de dénoncer le "danger imminent de construire une nouvelle Église, différente de l'Église catholique telle qu'elle a toujours existé".

    Les auteurs sont des membres dirigeants de l'Institut brésilien Plinio Correa de Oliveira, une association catholique qui cherche à défendre les piliers de la civilisation chrétienne menacés par la déchristianisation de l'Occident. 

    Loredo et Ureta considèrent le Synode sur la synodalité, un processus de trois ans qui a commencé en octobre 2021 et se terminera par deux assemblées générales à Rome (la première du 4 au 29 octobre et la seconde en octobre prochain), comme un processus "révolutionnaire" qui "reprend de vieilles hérésies condamnées à plusieurs reprises par le magistère".

    Le Vatican a présenté l'ensemble du processus, convoqué sous le thème "Pour une Église synodale : communion, participation et mission", comme une occasion pour l'Église catholique de réfléchir à sa propre vie et à sa mission, et de discerner comment elle peut être plus synodale, caractérisée par l'écoute, le dialogue et la participation. Pour ce faire, les consultations ont recueilli l'opinion du "peuple de Dieu" au niveau diocésain, national et continental, dans le but général de favoriser une Église plus inclusive, participative et missionnaire.

    Loredo et Ureta affirment dans le communiqué de presse du livre qu'une nouvelle Église "synodale" signifie une Église "démocratique et participative" qui inclut tout le monde, "en particulier les 'minorités marginalisées' telles que les personnes LGBT, les couples non mariés, les personnes vivant dans des mariages polygames", et qui est ouverte à la discussion sur "l'ordination des femmes à la prêtrise, ou au moins au diaconat".

    Les organisateurs, ajoutent-ils, "cherchent à reconsidérer la doctrine de l'Église sur l'homosexualité et le mariage et à modifier la forme de gouvernement de l'Église en la transformant en une 'pyramide inversée' dont le sommet se trouve sous la base".

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  • Le pape annonce qu'il rédige une suite à l'encyclique Laudato si'

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    L.B., R.C. - édité par 'Il sismografo' :

    Laudato si', deuxième partie. L'annonce du pontife : "Les jeunes générations ont le droit de recevoir de nous un monde beau et vivable".

    La mise à jour de Laudato si' devra tenir compte de nombreux nouveaux problèmes survenus au cours des huit dernières années, notamment l'aggravation dramatique de la situation climatique et les nouvelles ressources technologiques telles que l'intelligence artificielle. Et puis, une question pour les experts : quel type de document peut être utilisé pour mettre à jour une encyclique sans avoir à en écrire une autre ?

    Le pape François, comme souvent, a fait lui-même l'annonce surprise : j'écris une deuxième partie de l'encyclique Laudato si'. Aujourd'hui, en conclusion de son discours à une délégation d'avocats des États membres du Conseil de l'Europe signataires de l'Appel de Vienne, le souverain pontife a déclaré : "Enfin, je suis sensible à l'attention que vous portez à la maison commune et à votre engagement à participer à l'élaboration d'un cadre réglementaire en faveur de la protection de l'environnement. Nous ne devons jamais oublier que les jeunes générations ont le droit de recevoir de nous un monde beau et vivable, et que cela nous investit de devoirs sérieux envers la création que nous avons reçue des mains généreuses de Dieu. Je vous remercie pour cette contribution. Je suis en train d'écrire une deuxième partie de Laudato si' pour mettre à jour les problèmes actuels".

    Laudato si', la deuxième des trois encycliques écrites par François, est peut-être le document le plus connu et le plus diffusé de son magistère. Le site du Vatican propose 19 traductions officielles, mais il existe au moins 12 versions dans d'autres langues. Il faut ajouter une autre particularité du texte : chacun de ses 6 chapitres, accompagnés au total de plus de 170 notes, a donné lieu à une série de réflexions sur le développement durable, depuis la racine humaine de la crise écologique jusqu'à l'écologie intégrale en passant par l'éducation et la spiritualité écologique.

    Pour l'heure, l'annonce du Saint-Père évoque d'emblée deux questions importantes. La première, bien sûr, concerne le contenu spécifique et sa pertinence au point de motiver un suivi ou une continuation de l'encyclique. Jamais auparavant une telle chose ne s'était produite, à savoir que le Pape décide d'annoncer publiquement qu'il veut reprendre une de ses lettres pastorales aux évêques du monde entier et au saint peuple de Dieu fidèle pour la mettre à jour. En l'occurrence, a déclaré François aujourd'hui, il veut réexaminer le grand défi écologique de l'humanité - analysé par lui il y a huit ans - pour le comparer aux problèmes d'aujourd'hui. Les fruits de ces réflexions du Pape seront très intéressants et pédagogiques, et d'une grande utilité pour la politique, comme nous l'avons vu avec Laudato si' en mai 2015. Il suffit de penser à ce que Bergoglio écrira sur la relation entre les guerres et l'impact écologique, et donc sur les dividendes de la paix entendue aussi comme réconciliation avec la nature et la création en général. Un autre sujet qui pourrait trouver sa place dans la question écologique en général est celui de l'intelligence artificielle en tant que ressource incomparable.

    François a déjà exploré, et de manière très approfondie, dans - disons pour l'instant - Laudato si' n° 1 la relation entre la technologie et l'éthique, concluant que "l'écologie intégrale est inséparable de la notion de bien commun, un principe qui joue un rôle central et unificateur dans l'éthique sociale" (n° 156). Le Souverain Pontife ressent donc probablement le besoin d'actualiser ses réflexions d'il y a huit ans en fonction des problèmes actuels, en grande partie des défis éthiques découlant de la rapidité et de la radicalité du progrès scientifique et technique, mais aussi de l'aggravation de la situation climatique - un abîme dramatique désormais, qui a déjà atteint le point de non-retour dans de nombreuses situations - qui, au cours des trois dernières années, a présenté la facture à l'ensemble de l'humanité, sans rabais et sans dérogations ni remises. Or, et le pape l'a dit à plusieurs reprises, face aux défis climatiques, il ne suffit pas de faire. Il ne suffit pas de bien faire. L'intervention humaine pour corriger et inverser l'urgence est devenue urgente et pressante. Il faut maintenant bien faire et le faire tout de suite. Demain, il sera tard, voire trop tard.

    Enfin, la deuxième question posée par l'annonce faite aujourd'hui par le Pape est celle de la forme qui sera utilisée pour l'exposer, et qui a été présentée comme "la deuxième partie de Laudato si". Puisqu'il s'agit d'une encyclique, toute mise à jour de celle-ci, nous l'imaginons en tant que simples lecteurs, devrait être de la même catégorie que la Lettre du pontife aux évêques, en pratique une autre encyclique, la quatrième du pontificat. Si ce n'est pas le cas, la question reste posée aux experts : avec quel type de document un pontife peut-il mettre à jour une de ses encycliques sans avoir à en écrire une autre ?

    S'il s'agit d'une Lettre, comme l'a dit aujourd'hui le Directeur du Bureau de Presse sans préciser de quoi il s'agit, il pourrait s'agir d'un document adressé à Sœur Helen Alford, Présidente de l'Académie Pontificale des Sciences Sociales.

  • Amérique Latine : comment la Théologie de la Libération a conduit au déclin du catholicisme

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    De Marcelo Musa Cavallari sur ACI Stampa :

    Pour Clovis Boff, ancien théologien de la libération, la Théologie de la Libération a conduit au déclin du catholicisme

    Dans un nouveau livre, Clovis Boff appelle à un recentrage de l'Eglise catholique latino-américaine dans le Christ.
     | ecclesiae.com.br 

    21 août 2023 (ACI Press)

    La longue domination de la théologie de la libération est à l'origine du déclin du catholicisme au Brésil, selon le frère Clodovis Boff.

    Jusqu'en 2007, l'ecclésiastique était un théologien de la libération important, même s'il n'était pas aussi célèbre que son frère Leonardo, un ancien prêtre catholique qui est l'un des fondateurs du mouvement, qui a gagné en popularité dans les années 1970 et qui mettait l'accent sur la libération de la pauvreté et de l'oppression comme clé du salut.

    Puis, dans une démarche qui l'a éloigné de son célèbre frère, Clodovis Boff a publié l'article "Liberation Theology and the Return to Basics", dans lequel il accusait les théologiens de la libération de faire des pauvres le centre de la théologie au lieu de Jésus-Christ.

    Aujourd'hui, Boff a écrit un livre appelant à un recentrage de l'Église catholique latino-américaine sur le Christ.

    Il est nécessaire que l'Église mette à nouveau l'accent sur le Christ en tant que prêtre, maître et Seigneur, et pas seulement sur la lutte contre la pauvreté et la crise climatique", a-t-il déclaré lors du lancement du livre "La crise de l'Église catholique et la théologie de la libération", coécrit avec le père Leonardo Rasera et récemment publié par Ecclesiae.

    "Ce sont des questions importantes, mais si l'on ne s'abreuve pas au Christ, qui est la source, tout s'assèche, tout meurt", a déclaré M. Boff.

    À la fin des années 1960, lorsque la théologie de la libération a commencé sa longue domination de la pensée religieuse au Brésil, plus de 90 % des Brésiliens étaient catholiques. Depuis, le pourcentage de catholiques dans la population brésilienne a diminué et s'élève aujourd'hui à 51 %.

    En outre, les catholiques brésiliens ont un très faible taux de fréquentation des églises. Une enquête menée l'an dernier dans 36 pays par le Center for Applied Research in the Apostolate (CARA) de l'université de Georgetown a montré que seuls 8 % des catholiques brésiliens allaient à la messe le dimanche. Ce taux est le troisième plus bas parmi les pays analysés.

    Pour Boff et Rasera, la baisse de la fréquentation des églises est due au fait que le dépôt de la foi n'est pas transmis.

    Avec la théologie de la libération, "la foi est instrumentalisée en termes de pauvres", écrit Boff dans son livre. "On tombe dans l'utilitarisme ou le fonctionnalisme en ce qui concerne la Parole de Dieu et la théologie en général", poursuit-il.

    Il affirme que la théologie de la libération "fait appel à des idées telles que les "marges de gratuité" et la "réserve eschatologique" pour affirmer son respect de la transcendance de la foi. "En fait, la part de transcendance est, dans cette théologie, la part la plus petite et la moins pertinente, la "'part du lion'" qui revient, comme toujours, à la "'lecture libératrice'" de la foi.

    Selon le frère, cela conduit de nombreux catholiques au protestantisme, à l'ésotérisme, au néo-paganisme et même au satanisme.

    "Loin de disparaître, il serait absurde de le dire, la foi dans le Christ continue d'être une référence pour l'Église", a déclaré le frère lors de la présentation de son livre sur le thème "La crise de l'Église catholique : manque de foi, idéologies et mondanité".

    "Mais la question décisive est de savoir si la foi dans le Christ est votre référence centrale, principale et déterminante", a-t-il ajouté. "Il ne s'agit pas pour l'Église d'affirmer la centralité du Christ uniquement en termes formels et théoriques, mais de l'affirmer de manière existentielle et opérationnelle, comme le cœur battant de toute sa vie et de toute son action", a déclaré le frère. "Affirmer doctrinalement la primauté du Christ dans l'Église ne coûte pas grand-chose". Et "affirmer existentiellement que le Christ est le centre absolu de l'Église coûte beaucoup : cela coûte le cœur et l'âme, quand cela ne coûte pas des larmes et peut-être du sang", a-t-il ajouté.

    Dans son livre, Clodovis raconte comment il a collaboré avec les tenants de la théologie de la libération durant les pontificats des Papes Jean-Paul II et Benoît XVI.

    Pour lui, la théologie de la libération doit être repensée en plaçant le Christ au centre, et non les pauvres, afin d'être "opportune, utile et nécessaire", comme l'a dit saint Jean-Paul II dans sa lettre aux évêques brésiliens en 1986.

  • "Nous avons droit à l'Amour, à la Vérité et à la Justice" : le parler clair de l'archevêque de Cracovie

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    Du site de l'archevêché de Cracovie (trad. avec DeepL) :

    L'ARCHEVEQUE MAREK JĘDRASZEWSKI A LUDŹMIERZ : NOUS AVONS DROIT A L'AMOUR, A LA VERITE ET A LA JUSTICE

    - Nous avons le droit à l'amour, nous avons le droit à la vérité, dans un monde où les mensonges sont utilisés pour construire le succès politique ; nous avons le droit à la justice dans notre patrie, qui est chrétienne depuis le début de son histoire - a déclaré l'archevêque Marek Jędraszewski au cours de la messe dans le sanctuaire de Notre-Dame Reine de Podhale à Ludźmierz.

    Abp Marek Jędraszewski w Ludźmierzu: Mamy prawo do miłości, prawdy i sprawiedliwościL'archevêque Marek Jędraszewski à Ludźmierz : Nous avons droit à l'amour, à la vérité et à la justice.

    Les montagnards qui ont accueilli l'archevêque Marek Jędraszewski, les prêtres et les pèlerins à Ludźmierz ont rappelé qu'il y a 60 ans, la statue de la Vierge avait été couronnée par le cardinal Stefan Wyszyński et l'évêque Karol Wojtyła. - Aujourd'hui, alors que le monde entier est tellement dans le besoin, ils nous demandent au ciel avec la Vierge. Et nous avons besoin de l'aide du ciel contre les attaques du mal et des puissances obscures, qui complotent contre Dieu depuis les temps anciens, avec des méthodes de guerre toujours nouvelles - ont déclaré les représentants de la paroisse de Ludźmierz, demandant à Marie de les aider à distinguer le bien du mal.

    Au cours de son homélie, le métropolite de Cracovie a rappelé les événements survenus il y a 60 ans, lorsque l'image de Notre-Dame de Ludźmierz a été couronnée de couronnes papales par le cardinal Stefan Wyszyński. Il a également rappelé les paroles prophétiques du primat de l'époque : "Karol, la Mère de Dieu te transmet le pouvoir", commentaire qu'il avait fait après avoir attrapé le sceptre qui était tombé de la main de la reine de Podhale lors de l'élévation de la statue. L'évêque Karol Wojtyla est ensuite devenu métropolite de Cracovie, cardinal et successeur de saint Pierre.

    L'archevêque a rappelé le leitmotiv de l'homélie du cardinal Wyszyński il y a 60 ans, qui faisait alors référence à l'encyclique Pacem in terris de Jean XXIII. Le primat a déclaré : "Chaque être humain a les mêmes droits que les autres : "Chaque être humain a les mêmes droits. Et en particulier le droit à la vérité, le droit à la liberté, le droit à la justice et au respect, et le droit à l'amour". Le métropolite de Cracovie a fait remarquer que ces paroles ont dû représenter un sérieux défi pour les autorités communistes. Le système de l'époque reposait sur un mensonge à multiples facettes, qui incluait une fausse vision de l'homme - une vision purement matérialiste. Il prêche la dictature du prolétariat, la lutte des classes sans merci et la justice socialiste, qui se traduit par des expropriations massives. Une lutte est engagée contre l'Église, qui se prépare à célébrer le millénaire du baptême de la Pologne. Les paroles du primat de l'époque répondaient à la grande soif des cœurs humains.

    L'archevêque Marek Jędraszewski a attiré l'attention sur l'actualité de ces mots après 60 ans. - Nous avons besoin de vérité, de liberté, de justice et de respect, d'amour", a-t-il déclaré, ajoutant que la révolution néo-marxiste, qui se poursuit depuis 1968, veut s'emparer toujours plus fortement des cœurs et des esprits des Polonais. Dans ce contexte, il a souligné l'assaut contre la vérité, qui se manifeste par le subjectivisme et le relativisme. L'idéologie du genre, qui remet en question le fait d'être un homme ou une femme dès la conception, est une attaque contre la vérité sur l'homme. Il a qualifié d'atteinte à la liberté de religion les demandes visant à supprimer la religion des écoles ou à "voler les catholiques". Il a souligné que, ces derniers temps, il y a eu une "attaque contre la vérité sur le péché". Il a cité un rapport de l'ONU sur la persécution religieuse dans le monde, qui accuse notamment les chrétiens d'enseigner le péché et de créer ainsi des divisions entre les peuples. - Une autre manifestation du totalitarisme idéologique, difficile à imaginer il n'y a pas si longtemps - au nom de la liberté, lutter contre la vérité de l'Évangile", a déclaré le métropolite de Cracovie.

    Il a souligné que l'Église devait chercher la réponse à cette situation dans les paroles que Jésus a adressées aux disciples au Cénacle, lorsqu'il a déclaré qu'après son départ, c'est l'Esprit Saint qui "convaincra le monde de péché, de justice et de jugement". Il a également souligné la victoire de Marie, qui communique la vérité de l'amour de Dieu pour l'homme. Le métropolite de Cracovie a également rappelé la figure de saint Maximilien Kolbe qui, à Auschwitz, a encouragé ses compagnons de détention à ne pas se laisser vaincre par le mal, le péché et la haine. Il a confirmé ses paroles par son attitude : il a donné sa vie pour un codétenu en mourant pendant de nombreux jours dans une cellule de famine.

    - Nous avons le droit à l'amour, nous avons le droit à la vérité, dans un monde où les mensonges sont utilisés pour construire des succès politiques ; nous avons le droit à la justice dans une patrie qui est chrétienne depuis le tout début de son histoire", a déclaré l'archevêque Marek Jędraszewski. Enfin, il a rappelé la victoire polonaise lors de la bataille de Varsovie, lorsque toute la nation a invoqué l'intercession de la Mère de Dieu. Il a encouragé à prier pour que dans les "nouvelles étapes de l'histoire, les Polonais sachent exiger la vérité et vivre dans la vérité" ; qu'ils sachent "vivre dans la liberté et ne pas la fuir en remettant le sort de la souveraineté de notre patrie entre d'autres mains" ; qu'ils sachent "se regarder dans un esprit de respect, et non d'humiliation, d'invectives et de mensonges" ; qu'ils reprennent l'œuvre de construction d'une véritable civilisation de l'amour".

    À la fin de la liturgie, le gardien du sanctuaire, le père Maciej Ścibor, a présenté ses vœux à l'archevêque Marek Jędraszewski à l'occasion du 50e anniversaire de son ordination sacerdotale, ainsi qu'aux autres jubilaires d'or qui ont concélébré cette eucharistie.

  • En 1970, Ratzinger voyait clair; la babelisation de l’Église était alors identique à aujourd’hui, à une différence près

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    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso (traduction Diakonos.be) :

    En 1970, Ratzinger était clairvoyant. La babel de l’Église était alors identique à aujourd’hui, à une différence près

    Ce 4 juin 1970, à Munich en Bavière, devant un millier de personnes suspendues à ses lèvres, un certain Joseph Ratzinger, professeur de théologie à l’Université de Ratisbonne tenait une conférence intitulée « Pourquoi je suis encore dans l’Église ».

    Le texte de cette conférence a été publié en italien d’abord par les éditions Queriniana en 1971, puis chez Rizzoli en 2008, et enfin dans le volume VIII de l’ « Opera omnia » sorti des presses de la Librairie Éditrice du Vatican.

    Nous vous proposons ici la partie initiale de cette conférence, celle dans laquelle Ratzinger décrivait l’état de l’Église catholique des turbulentes années de l’après-concile et de l’après mai 1968.

    En la relisant aujourd’hui, à plus d’un demi-siècle d’écart, on est impressionné de constater à quel point la même « confusion babélique » de ces années-là se soit prolongée et étendue jusqu’à aujourd’hui, avec pour unique différence supplémentaire importante qu’elle a fini par atteindre la chaire pontificale, avec Jorge Mario Bergoglio.

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    Pourquoi je suis encore dans l’Église

    de Joseph Ratzinger

    Des raisons pour ne plus rester dans l’Église, il y en a beaucoup aujourd’hui, et elles vont dans tous les sens. Ceux qui se sentent poussés à tourner le dos à l’Église ne sont plus seulement ceux qui se sont éloignée de la foi de l’Église, ceux qui trouvent l’Église trop en retard, trop médiévale, trop hostile au monde et à la vie, mais également ceux qui ont aimé la figure historique de l’Église, sa liturgie, son indépendance des modes du moment, son reflet d’éternité. Ceux-là ont l’impression que l’Église est en train de trahir sa véritable nature, qu’elle capitule devant la mode et qu’elle est donc en train de perdre son âme : ils sont déçus comme un amoureux qui subit une trahison amoureuse et envisage sérieusement la rupture.

    Mais d’un autre côté, les raisons pour rester dans l’Église sont également très contradictoires. Ceux qui restent ne sont plus seulement ceux qui conservent envers et contre tout leur foi dans la mission de l’Église, ou ceux qui ne veulent pas renoncer à une vieille habitude à laquelle ils tiennent (même s’ils en font rarement usage). Ceux qui restent aujourd’hui dans l’Église avec le plus de vigueur sont justement ceux qui rejettent toute sa réalité historique et qui contestent avec passion le sens que ses ministres cherchent à lui donner ou à lui conserver. Malgré qu’ils veuillent en finir avec tout ce que l’Église est et a été, ils sont fermement déterminés à ne pas se laisser mettre à la porte, parce qu’ils espèrent pourvoir transformer l’Église en ce qu’elle devrait devenir selon eux.

    Et c’est ainsi que l’on se retrouve face à une véritable confusion babélique pour l’Église, car non seulement les raisons pour et contre elle se retrouvent emmêlées de la façon la plus étrange mais surtout parce qu’une entente semble quasi impossible. Et surtout, cela suscite la méfiance, parce que l’être-dans-l’Église a perdu son propre caractère sans équivoque et que personne n’ose plus avoir confiance en la sincérité de l’autre. L’affirmation pleine d’espérance que Romano Guardini a lancée en 1921 nous semble aujourd’hui inversée : « Un processus de grande envergure a commencé : l’Église s’éveille dans les consciences ». Aujourd’hui, au contraire, cette phrase devrait sonner comme ceci : « Un processus de grande envergure est en cours : l’Église s’éteint dans les âmes et se divise dans les communautés ». Dans un monde qui tend à l’unité, l’Église se déchire dans des ressentiments nationalistes, critiquant ce qui est différent et glorifiant les particularismes locaux. Entre les partisans de la mondanité et ceux de la réaction qui s’accrochent trop aux signes extérieurs et au passé, entre le mépris de la tradition et la confiance positiviste d’une foi prise à la lettre, il ne semble pas il y avoir de juste milieu. L’opinion publique assigne inexorablement une place à chacun. Elle a besoin d’étiquettes claires et ne s’encombre pas de nuances : celui qui n’est pas pour le progrès est contre lui ; il faut être soit conservateur soit progressiste.

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