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Doctrine - Page 42

  • Synode : le pape serait inquiet face aux divisions de l'Eglise

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    De Jean-Marie Guénois sur le site du Figaro (via Il Sismografo) :

    Inquiet par les divisions de l’Église, le pape François prône l’unité à la veille du synode

    Vingt et un nouveaux cardinaux ont été promus ce samedi matin par le souverain pontife, dont deux Français.
    À Rome, on dit de plusieurs sources concordantes, le pape « inquiet » pour l'unité de l'Église. En particulier à la veille du synode sur la gouvernance de l'Église. François lance ce qui s'apparente à des États Généraux de l'Église, ce samedi 30 septembre lors d'une veillée œcuménique organisée par la communauté de Taizé.

    365 délégués vont échanger et débattre au Vatican tout au long des mois d'octobre 2023 et 2024 sur des sujets sensibles comme celui du diaconat féminin, de l'ordination presbytérale d'hommes mariés, de la bénédiction de couples homosexuels, du contrôle de la gestion des diocèses par les évêques notamment. Ce qui suscite autant d'enthousiasme que de troubles chez les fidèles catholiques. Et chez bon nombre de prêtres et évêques car c'est l'autorité cléricale qui est mise en cause. François est très informé de ces tourments, on le dit lui-même, préoccupé.

    Un rôle de garant

    D'où, ce samedi matin, sur une place Saint-Pierre baignée d'une chaude lumière d'automne, la forte insistance de François sur les risques de divisions et sur l'unité de l'Église. S'adressant aux 21 nouveaux cardinaux qu'il a promus tout de rouge vêtu, lors de ce « consistoire » du nom de cette cérémonie, le pape a comparé l'Église à un orchestre jouant une symphonie avec ses différences mais dans l'unité, et surtout sous la coupe du chef d'orchestre. Lui-même en l'occurrence dans son rôle de garant.

    « Le Collège Cardinalice est appelé à ressembler à un orchestre symphonique, a lancé le pontife romain, représentant la symphonie et la synodalité de l'Église. Je dis aussi “synodalité”, non seulement parce que nous sommes à la veille de la première Assemblée du Synode, qui porte précisément sur ce thème, mais aussi parce qu'il me semble que la métaphore de l'orchestre peut bien éclairer le caractère synodal de l'Église. »

    Le mot « synode » vient du grec et signifie « marcher ensemble ». Il désigne une tradition de l'Église chrétienne que les orthodoxes et les protestants ont conservée, un mode de gouvernance collégial et non hiérarchique. L'Église catholique a gardé cette tradition, avec des « synodes canoniques » mais elle en a perdu l'usage. C'est le Concile dans les années 70 et le pape Paul VI qui ont voulu réhabiliter les synodes.

    Jean-Paul II et Benoît XVI en ont organisé une vingtaine. François a poursuivi mais il voudrait, par ce nouveau synode, changer la méthode de décision dans l'Église pour la rendre moins hiérarchique et plus collégiale. Ce qui pose, de facto, le problème de l'unité car la voie synodale veut donner la parole à tous, de façon démocratique et décentralisée. D'où l'insistance de François, à la veille du lancement de ce synode s'adressant à ses nouveaux cardinaux : « Une symphonie vit de la composition savante des timbres des différents instruments : chacun apporte sa contribution, parfois seul, parfois uni à un autre, parfois avec tout l'ensemble. »

    Certes, a-t-il ajouté à propos des différences : « La diversité est nécessaire, elle est indispensable. Mais chaque son doit concourir au dessein commun. Et pour cela, l'écoute mutuelle est fondamentale : chaque musicien doit écouter les autres. Si l'on écoutait que soi-même, aussi sublime que puisse être son propre son, cela ne servirait en rien la symphonie ; et il en serait de même si une partie de l'orchestre n'écoutait pas les autres mais jouait comme si elle était seule, comme si elle était le tout. »

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  • Des évêques instrumentalisent-ils la crise des abus sexuels ?

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    D'Ed. Condon sur The Pillar :

    Les évêques instrumentalisent-ils la crise des abus sexuels ?

    26 septembre 2023

    Les évêques de Suisse continuent de lutter contre les retombées d'une crise des abus sexuels dans leur pays.

    Samedi, le président de la conférence épiscopale, Mgr Felix Gmür, évêque de Bâle, a accordé une interview au journal Neue Zürcher Zeitung, soulignant l'engagement des évêques en faveur d'une réforme institutionnelle après qu'un rapport indépendant a trouvé des preuves de mauvaise gestion et de dissimulation des cas d'abus cléricaux dans les diocèses suisses. 

    En promettant que des leçons avaient été tirées du scandale actuel, Mgr Gmür, qui, comme plusieurs autres évêques suisses, a fait l'objet d'appels à la démission, est allé plus loin que la promesse de nouveaux processus et de nouvelles politiques. 

    L'évêque a profité de l'interview et des retombées de la crise pour appeler à la fin du célibat des clercs, à l'ordination des femmes et à l'adoption par l'Église d'une "nouvelle morale sexuelle". L'évêque a également promis de défendre ces réformes à Rome le mois prochain, lors de la réunion du synode sur la synodalité.

    Bien que les déclarations de Mgr Gmür aient été controversées dans leur contenu et par rapport à l'enseignement de l'Église, elles s'inscrivent dans un schéma désormais bien établi lorsque les crises d'abus commis par des clercs se propagent après la vague initiale survenue aux États-Unis.

    Mais alors que les évêques et d'autres personnalités de l'Église continuent d'appeler à des changements doctrinaux et disciplinaires majeurs en réponse aux abus sexuels commis par des clercs, il n'y a toujours pas de lien démontré avec les problèmes qu'ils sont censés résoudre. 

    Au contraire, les commentaires des évêques semblent refléter une acceptation désormais établie des abus sexuels commis par des clercs comme un problème qui peut être instrumentalisé pour faire avancer un programme de réforme distinct. La portée de ce programme au cours du prochain synode dépend presque entièrement du pape François.

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    Dans son interview, publiée ce week-end, Mgr Gmür a commencé par défendre la manière dont les évêques suisses ont traité les cas d'abus au cours des dernières décennies, en soulignant les réformes procédurales adoptées par la conférence en 2002, lorsque la question a été portée à l'attention du monde entier à la suite du scandale Spotlight aux États-Unis.

    Ces politiques ont été "continuellement améliorées au fil des ans et adaptées à la réalité", a déclaré l'évêque, tout en vantant les mesures supplémentaires qu'il a mises en place dans son propre diocèse de Bâle. "C'est pourquoi il y a moins de cas d'abus qu'auparavant", a déclaré l'évêque.

    De nombreux évêques peuvent compatir à l'expérience de devoir défendre le succès de réformes relativement récentes tout en acceptant de rendre des comptes pour des manquements plus importants dans le passé. Et il est vrai que dans les pays qui ont mis en œuvre de nouvelles procédures au cours des 20 dernières années, comme les États-Unis, les cas d'abus sexuels commis par des clercs ont diminué. 

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  • L'offensive des opposants au Synode commence à inquiéter

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    De Juliette Vienot de Vaublanc sur le site du journal La Croix :

    Synode sur l’avenir de l’Église : les opposants passent à l’offensive

    Analyse 

    À l’approche de l’ouverture du Synode sur l’avenir de l’Église, le 4 octobre, les voix plus critiques du processus synodal s’activent pour le discréditer. Ces discours aux accents complotistes restent marginaux, mais pourraient avoir un impact sur la perception du Synode.

    27/09/2023

    Premier tir de barrage public contre le Synode. Un « congrès international » est organisé à Rome, le 3 octobre, à la veille de l’ouverture de l’assemblée convoquée par le pape pour réfléchir à l’avenir de l’Église, sur un thème évocateur : « La Babel synodale ».

    Parmi les intervenants figure le cardinal américain Raymond Burke. Il s’est illustré ces dernières années par son opposition affichée à François. Que ce soit à travers ses « dubia » (doutes) mettant en cause l’exhortation apostolique Amoris laetitia en 2016, après le Synode sur la famille, ou encore ses critiques virulentes, en 2019, du document de travail du Synode sur l’Amazonie, qu’il accusait de contenir « erreurs » et « hérésies ».

    Plus récemment, le cardinal Burke a signé la préface d’un essai au titre très explicite, Le Processus synodal. Une boîte de Pandore, rédigé sous forme de questions-réponses par deux activistes conservateurs, le Chilien José Antonio Ureta et le Péruvien Julio Loredo de Izcue. « La synodalité et son adjectif, synodal, sont devenus des slogans derrière lesquels une révolution est à l’œuvre pour changer radicalement la compréhension que l’Église a d’elle-même, en accord avec une idéologie contemporaine qui nie une grande partie de ce que l’Église a toujours enseigné et pratiqué », condamne ainsi le cardinal américain, qui voit le chemin synodal allemand comme un épouvantail. L’ouvrage, largement diffusé, s’inscrit dans une opération de lobbying pour décrédibiliser le Synode lancé par le pape.

    Le chemin synodal allemand comme épouvantail

    « Le livre explique que le processus synodal est en train de démolir la mère Église, résume Blandine Chelini-Pont, professeure d’histoire contemporaine à l’université d’Aix-Marseille, spécialiste de l’Église catholique américaine. D’après les auteurs, les néomodernistes et les forces gauchistes seraient en train de triompher dans l’Église actuelle, accusée d’être sous la coupe des théologiens de la libération. »

    Un discours aux accents de guerre froide, fidèle aux origines de l’organisation qui a autoédité l’ouvrage, le puissant lobby « Tradition, famille et propriété », déjà mis en cause pour des dérives sectaires. « Ce réseau a été fondé au Brésil au début des années 1960, comme un bouclier contre les influences supposées du communisme sur l’Église. À ses débuts, il s’est opposé au concile Vatican II, et aujourd’hui il se mobilise contre le Synode », relève la chercheuse.

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  • "Laudate Deum" : la prochaine exhortation apostolique

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    De Vatican News (Johan Pacheco) :

    Laudate Deum, titre de la prochaine exhortation apostolique

    Le titre de la prochaine exhortation apostolique de François sera "Laudate Deum". La Pape en a fait l’annonce en s'adressant aux participants à une réunion de recteurs d'universités latino-américaines, jeudi 21 septembre, avec lesquels il a abordé divers sujets tels que les migrations, le changement climatique et l'exclusion.

    Le Pape François a reçu en audience, jeudi 21 septembre, dans la Salle Clémentine, au Vatican, quelque 200 participants à la rencontre des recteurs des universités publiques et privées d'Amérique latine et des Caraïbes, promue par le Red de Universidades para el Cuidado de la Casa Común (Ruc) et la Commission pontificale pour l’Amérique latine, les 20 et 21 septembre, sur le thème "Organiser l'espérance", avec la participation de plusieurs préfets et secrétaires de dicastères du Saint-Siège.

    Réfléchissant sur les diverses questions soulevées par les éducateurs, y compris le changement climatique, la migration, la culture du déchet, le Saint-Père les a exhortés à être créatifs dans la formation des jeunes en partant des réalités et des défis d'aujourd'hui. Les recteurs ont posé au Pape des questions sur l'environnement et le climat, auxquelles il a répondu en mettant l'accent sur la déplorable «culture du déchet ou culture de l'abandon». Il a expliqué qu'il s'agit d'une «culture de mauvaise utilisation des ressources naturelles, qui n'accompagne pas la nature vers son plein développement et ne la laisse pas vivre. Cette culture de l'abandon, a-t-il affirmé, nous nuit à tous».

    Le bon usage de la nature

    «Il y a une culture du déchet qui est toujours en cours, un manque d'éducation pour utiliser les choses qui restent, pour les refaire, pour les remplacer dans l'ordre de l'usage commun des choses. Et cette culture du déchet a des répercussions sur la nature». Le Souverain pontife a insisté sur l'urgence de revenir à un usage correct de la nature: «Aujourd'hui, l'humanité est fatiguée de ce mauvais usage de la nature et doit retrouver le chemin d'un bon usage. Et comment utiliser la nature? je dirais un mot qui peut sembler étrange: en dialogue; en dialogue avec la nature».

    À cette fin, le Pape a exhorté les universités à créer des réseaux de sensibilisation: «À ce stade, vous utilisez un mot très beau, qui est “organiser l'espérance”. Récupérer et organiser l'espérance», a déclaré François, «j'aime cette phrase que vous m'avez dite et on ne peut que la considérer dans le contexte de l'écologie intégrale, dans cette dimension selon laquelle les jeunes d'aujourd'hui ont droit à un cosmos équilibré et ils ont droit à l'espérance, et nous devons les aider à organiser cette espérance, à prendre des décisions très sérieuses dès maintenant».

    La nature est pour tous

    Le Pape François a également fait allusion à une "culture régénératrice", l'identifiant comme le fruit «d'une crise économique qui n'est pas toujours au service du développement des plus nécessiteux. Je dirais que parfois, ou souvent, elle n'est pas au service du développement de tous et crée davantage de personnes dans le besoin. C'est une culture de l’expropriation, nous avons tous le droit d'utiliser la nature, de dominer la nature pour la faire grandir et l'utiliser au service du bien commun».

    François  a exprimé sa préoccupation concernant «certaines universités scientifiques abstraites» qui «n'utilisent pas la réalité mais la science, une science abstraite, pas réelle, et qui procèdent donc en fonction de théories économiques, de théories sociales, tout est théorie, mais elles n'arrivent jamais» à la réalité des plus nécessiteux. «Les laissés-pour-compte, les exclus, sont des hommes et des femmes, des peuples entiers que nous laissons dans la rue comme des déchets, n'est-ce pas? Nous devons prendre conscience que nous n'utilisons les richesses de la nature que pour de petits groupes, à travers des théories socio-économiques qui n'intègrent pas la nature, ni les laissés-pour-compte».

    "Laudate Deum", titre de la prochaine exhortation apostolique

    François a appelé à des alternatives pour aider à surmonter la crise environnementale et a cité en exemple l'utilisation de panneaux solaires pour fournir de l'électricité dans plusieurs bâtiments du Vatican dont la salle Paul VI. «Nous devons être très créatifs dans ces domaines pour protéger la nature», car l'électricité est évidemment produite à partir de charbon ou d'autres éléments, qui créent toujours des problèmes dans la nature elle-même, et «les jeunes que nous formons doivent devenir des chefs de file convaincus s sur ce point».

    Dans sa réflexion, le Pape a également annoncé le nom de sa prochaine exhortation apostolique: “Laudate Deum”, qui sera publiée le jour de la fête de saint François d'Assise, le 4 octobre: «un regard sur ce qu’il s'est passé et dire ce qu'il faut faire», a-t-il déclaré.

    La dégradation de l'homme et de l'environnement vont de pair

    Le Saint-Père a également dénoncé le processus de dégradation que subit l'humanité: «Il y a un processus de dégradation de l'environnement, nous pouvons le dire en général. Mais cela mène vers le bas, vers le fond du ravin. Dégradation des conditions de vie, dégradation des valeurs qui justifient ces conditions de vie, parce qu'elles vont ensemble». Et d’expliquer que «l'inégalité» est également «évidente dans le manque d'accès aux biens de première nécessité, et de là découlent toutes ces visions qui sociologiquement, en fait, sans les nommer, font des femmes, des peuples indigènes, des Africains, des personnes avec moins de capacités».

    L'une des formes de dégradation et d'inégalité dénoncées par le Pape François est «l'extractivisme», c'est-à-dire l'accaparement des ressources naturelles. «Lorsque ce modèle “extractiviste” progresse et pénètre dans les personnes», a-t-il souligné, «j'extrais la dignité des personnes, et cela se produit. Un modèle “extractiviste” géologique, pour ainsi dire, n’est jamais isolé, il est toujours accompagné du modèle “extractiviste” humain. La dignité de la personne est extraite, la réduisant en escalve»«Faites entrer cela dans la tête des enfants, dans l'éducation aux valeurs, afin qu'ils sachent comment évaluer ces situations et qu'ils puissent dire clairement que cela s'appelle de l'esclavage».

    La politique comme vocation la plus noble

    Face à cette situation, le Pape a appelé les recteurs d'université à promouvoir l'éducation aux valeurs humanistes et au dialogue fraternel, en aidant les étudiants à «entrer en politique» comme une «noble vocation». «N'oublions pas que la vocation la plus noble de la personne humaine est la politique. Formons nos jeunes à être des hommes politiques, au sens le plus large du terme. Pas seulement pour agir dans un parti politique, qui est un petit groupe, mais pour avoir une ouverture politique et être capable de dialoguer avec des groupes politiques avec maturité. La politique n'est pas une maladie. À mon avis, c'est la vocation la plus noble d'une société, parce que c'est elle qui fait avancer les processus de développement».

    Une réponse humaine et chrétienne à la crise migratoire

    Le Successeur de Pierre a également évoqué la crise migratoire actuelle: «Le drame migratoire que connaît l'Europe aujourd'hui est extrêmement grave. Et il ne peut pas être résolu par une société d'entraide. Il y a là une question humaniste et chrétienne; une question humaniste et une décision politique, il y a des décisions qui sont humaines et chrétiennes».

    «Je vous demande, a dit le Pape aux recteurs, par respect pour l'humanité qui souffre, d'affronter ce problème dans vos universités, mais avec sa densité humaine». «En résumé, je vous dis que les migrants doivent être accueillis, accompagnés, promus et intégrés. Si nous ne parvenons pas à intégrer le migrant, nous échouons», a-t-il ajouté. «Je veux dire tout cela à propos des migrants parce que le problème des migrants me tient très à cœur», a encore dit François affirmant ensuite que «ce qui se fait aujourd'hui, ici en Europe, en les renvoyant, est criminel. Et je ne veux pas utiliser d'euphémismes, je dis les choses telles qu'elles sont».

    Les trois langages humains: la tête, le cœur et les mains

    Après avoir passé en revue toutes ces situations, le Pape a rappelé que la tâche des universités ne devait pas se limiter à «enseigner des choses», mais à «former les garçons et les filles aux trois langages humains, celui de la tête, celui du cœur et celui des mains. Pour qu'ils apprennent à penser ce qu'ils ressentent et ce qu'ils font, à ressentir ce qu'ils font et ce qu'ils pensent, et à faire ce qu'ils ressentent et ce qu'ils pensent». En conclusion, en remerciant l’assistance, François a résumé son propos en invitant les universités à être «créatives face à la réalité et aux défis, éducatrices et pas seulement distributrices d'informations».

  • De Pie XII à François: les paroles des souverains pontifes face à l'urgence migratoire

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    D'Andrea Tornielli sur Vatican News :

    François, fils de migrants et le long magistère de l'accueil

    De Pie XII à François: les paroles des Souverains pontifes face à l'urgence migratoire.

    23 septembre 2023

    Dans le vaste discours prononcé à Marseille en conclusion des Rencontres méditerranéennes, le Pape François, lui-même enfant de migrants, a rappelé que le phénomène migratoire n'est pas une nouveauté de ces dernières années et qu'il n'est pas non plus le premier pontife à s'en préoccuper. Cela fait au moins 70 ans que l'Église a ressenti l'urgence croissante de cette situation.

    En 1952 et, sept ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, l'Europe connaît encore le drame des personnes déplacées. Pie XII, dans la Constitution apostolique Exsul Familia, écrivait que «La famille de Nazareth en exil, Jésus, Marie et Joseph émigrés en Egypte […] sont le modèle, l’exemple et le soutien de tous les émigrés et pèlerins de tous les temps et de tous les pays, de tous les réfugiés de toute condition qui, poussés par la persécution ou par le besoin, se voient contraints d’abandonner leur patrie, les personnes qui leurs sont chères, […] et se rendre en terre étrangère».

    Les guerres, les persécutions ou la nécessité d'améliorer sa condition, sont les motivations des migrations, auxquelles s'ajoutent aujourd'hui, de manière de plus en plus évidente, les problèmes liés au changement climatique. En 1967, avec l’encyclique Populorum Progressio, Paul VI rappelait que les peuples de la faim défient dramatiquement les peuples de l'opulence, en énumérant trois devoirs pour les nations les plus développées: le devoir de solidarité, le devoir de justice sociale et le devoir de charité universelle. Le Pape Montini a rappelait aussi le «devoir de l'accueil», sur lequel, écrivait-il, «nous n'insisterons jamais assez».

    Pour le deuxième rendez-vous de cette première journée dans la cité phocéenne, vendredi 22 septembre, après une prière mariale à la basilique Notre-Dame de la Garde, à 18 heures, ...

    Outre les deux exemples cités par François, de nombreux autres pourraient être mentionnés. Par exemple, les paroles de Jean-Paul II qui, dans son message pour la Journée mondiale de l'émigration en 1996, écrivait: «La première façon d'aider ces personnes est de les écouter pour connaître leur situation et leur assurer, quelle que soit leur position juridique devant l'État, les moyens de subsistance nécessaires». Il ajoutait: «Il faut être vigilant face à l'émergence de formes de néo-racisme ou de comportements xénophobes, qui tentent de faire de ces frères des boucs émissaires pour toute situation locale difficile».

    Benoît XVI, dans son message de 2012, relevait: «Aujourd’hui, en effet, nous voyons que de nombreuses migrations sont la conséquence d’une précarité économique, d’un manque de biens essentiels, de catastrophes naturelles, de guerres et de désordres sociaux. A la place d’une pérégrination animée par la confiance, par la foi et par l’espérance, migrer devient alors un "calvaire" pour survivre, où des hommes et des femmes apparaissent davantage comme des victimes que comme des acteurs et des responsables de leur aventure migratoire».

    Bien sûr, même à Marseille, comme il l'a répété à plusieurs reprises au cours de ses dix années de pontificat, François a évoqué les difficultés d'accueil, de protection, de promotion et d'intégration des personnes non désirées. Il a rappelé la responsabilité commune de toute l'Europe et la nécessité de garantir «un grand nombre d’entrées légales et régulières, durables grâce à un accueil équitable» du continent européen. Mais il a également rappelé que le critère principal doit toujours être la protection de la dignité humaine et non la préservation de son propre bien-être. Car, comme l'expérience de la récente pandémie devrait l’avoir enseigné, on ne se sauve qu'ensemble, jamais seul.

    Lire également : Migrants : que veut vraiment le pape François ?

  • Synode : les inquiétudes du président de la Conférence épiscopale de Pologne

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    Du Tagespost (Regina Einig und Stefan Meetschen) (!!! traduction automatique) :

    "Le Pape est le gardien le plus important de l'orthodoxie"

    La première session de l'Assemblée générale du Synode des évêques sur la synodalité aura lieu à Rome du 4 au 29 octobre 2023 : Mgr Stanisaw Gadecki, métropolite de Poznań et président de la Conférence épiscopale polonaise, explique dans une interview ce qui concerne la Le Synode lui demande ce qu'il entend par « correction fraternelle » et pourquoi il reste très attaché à Benoît XVI.

    23 septembre 2023

    Votre Excellence, le Synode des Évêques sur la Synodalité va bientôt commencer à Rome. Qu’en attendez-vous ? 

    Le Synode des Évêques est toujours une expérience joyeuse et difficile. La crise de l’Église catholique en Europe ne nous permet pas de rester passifs et d’attendre – surtout dans le contexte de l’Église universelle. Dans le contexte des témoignages de martyre venant d’Afrique, du Moyen-Orient et d’Extrême-Orient, particulièrement récemment du Pakistan. Saint Jean-Paul II a déclaré que l'Europe diffuserait au monde soit sa foi, soit son incrédulité. Tout comme dans le passé l’évangélisation du monde venait en grande partie de l’Europe, de même aujourd’hui la destruction du christianisme peut venir de l’Europe. Au Synode, nous aurons grandement besoin du témoignage de nos frères et sœurs d’Afrique, du Moyen-Orient, d’Asie, mais aussi d’Europe centrale et orientale, où la période de persécution des chrétiens vient tout juste de prendre fin. J'attends donc un renforcement mutuel dans la foi et la fidélité au Christ .

    Qu'est-ce qui vous inquiète?

    Bien entendu, nous connaissons également des troubles. Ceux-ci trouvent leur origine principalement là où les processus de sécularisation et de déchristianisation de la culture progressent relativement rapidement. Je voudrais aborder quatre thèmes qui m'ont frappé lors de la lecture d'Instrumentum laboris (IL).

    L’inclusion, telle que préconisée par l’ ONU est définie fait référence exclusivement à l’inclusion des personnes non binaires dans la société et à la reconnaissance de la nature humaine comme non binaire. Ce terme ne fait pas partie du vocabulaire classique de la théologie chrétienne. Dans un sens, il remplace le concept de péché et de conversion dans le texte de l'IL et fait donc partie de l'idéologie du relativisme moral. Cela soulève la question suivante : est-il approprié que l'Église - à la recherche d'un nouveau langage pour communiquer avec les gens d'aujourd'hui - adopte des termes issus du langage politique de l'ONU, qui ont souvent une idéologie derrière eux ? Il existe encore plus de termes idéologisés de ce type en IL.

    Qu'est-ce qui vous inquiète d'autre ?

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  • L'option Pell pour libérer l'Eglise du cauchemar woke

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    De Miguel Cuartero sur le site de la Nuova Bussola Quotidiana :

    L'option Pell pour libérer l'Eglise du cauchemar woke

    La voix du cardinal australien résonne dans le texte publié en quatre langues qui rassemble les témoignages de ceux qui l'ont connu de près. Il en ressort le portrait d'un "martyr blanc" et d'un géant de la foi résolu contre les idéologies qui ont pénétré jusqu'au monde catholique.

    ECCLESIA 22_09_2023

    Moins d'un an après sa mort, la voix du cardinal australien George Pell ne cesse de se faire entendre dans l'Église et dans la société comme un avertissement et un appel urgent à la repentance face aux tendances néfastes et à la pente dangereuse sur laquelle se trouve l'Église à la veille du Synode sur la synodalité.

    Un livre (en quatre langues : anglais, italien, espagnol et français) qui vient d'être publié en Australie sur la figure et la pensée de celui qui fut archevêque de Melbourne puis de Sydney avant de venir à Rome pour s'occuper personnellement des finances du Vatican, contribue à la diffusion du message du cardinal. Le livre Pell contra mundum (Connor Court Publishing, pp. 240) rassemble plusieurs articles de ceux qui ont connu de près le cardinal et trois textes écrits par Pell lui-même. 

    Il s'agit notamment d'un article publié dans le Spectator de Londres le 11 janvier 2023, dans lequel le cardinal met par écrit sa grave préoccupation pour la situation de l'Église, assiégée par une mentalité mondaine et un rêve synodal qui s'est "transformé en un cauchemar toxique malgré les bonnes intentions professées par les évêques". Un texte qui reprend et résume le mémorandum désormais bien connu qui (signé du pseudonyme Demos) a circulé au Vatican quelques mois avant la mort du cardinal et qui lui a été attribué par la suite.

    Le livre s'ouvre sur une introduction du cardinal indien Oswald Gracias qui se souvient de Pell pour son autorité dans la gestion de deux grands diocèses, son engagement en tant que président de la commission Vox Clara pour la traduction des textes liturgiques en anglais et son rôle dans la réforme financière, mais surtout en tant que "martyr blanc" en raison de la persécution judiciaire et médiatique dont il a fait l'objet pour les abus présumés et du procès épuisant qui lui a valu 404 jours d'isolement dans une prison de haute sécurité jusqu'au jugement final de la Haute Cour australienne qui l'a acquitté à l'unanimité des charges retenues contre lui, les jugeant infondées. Une épreuve qui, selon le cardinal Gracias, permet à Pell d'être compté parmi les "géants" comme Cadinal Mindszenty de Budapest ou Wyszynski de Varsovie. Sa mort, dit Gracias, a privé l'Église "d'une voix claire et courageuse".

    C'est le père Robert A. Sirico - cofondateur de l'Acton Institute for the Study of Religion and Liberty - qui a donné son titre au livre en comparant le cardinal australien à saint Athanase : Athanasius contra mundum, "Athanase contre le monde", dit-on, en raison de la détermination avec laquelle le saint a combattu l'hérésie arienne qui déferlait sur l'empire. Aujourd'hui encore, l'Église est confrontée à une "hérésie monumentale" qui ne concerne toutefois pas la nature du Christ mais celle de l'homme, menacée par l'idéologie woke, dernière des dérives de la pensée moderne, qui vise à réinterpréter non seulement la structure de la société mais aussi celle de la famille et de la nature humaine. Une idéologie qui imprègne de nombreuses propositions qui font leur chemin dans l'Église et qui s'enracine dans la pensée néo-marxiste et post-colonialiste tout en trouvant un appui dans le discours écologique et les revendications de genre. Le cardinal Pell a lutté contre ce danger en élevant la voix sans craindre d'être marginalisé et ridiculisé.

    Sirico poursuit en comparant Pell à un autre rempart de la foi contre les hérésies, St John Henry Newman : "Le processus synodal actuellement en cours", écrit Sirico, "révèle qu'une telle attention aux racines et à la préservation n'est pas présente et n'est pas envisagée". Tout cela met en évidence les parallèles remarquables entre les figures de Newman et de Pell. Les similitudes sont frappantes". "Lorsque l'un d'eux percevait une menace claire pour la tradition apostolique, il se faisait entendre et soulignait le grave problème qui se posait.

    C'est pourquoi la presse et ses ennemis le considéraient comme un 'indietrist' (comme on dit aujourd'hui), alors que son action était déterminée par son désir de préserver et de transmettre la foi qu'il avait reçue et la tradition transmise par les Apôtres 'sans céder aux modes et aux pressions du moment'. On a accusé le cardinal Pell de créer des divisions au sein de l'Église, souligne M. Sirico, mais ce sont plutôt ceux qui "abandonnent la tradition (...) ou cherchent à la miner, à la diluer ou à la rejeter" qui en sont la cause. Le portrait du cardinal Pell est complété par les contributions du journaliste américain George Weigel - vaticaniste et biographe de Jean-Paul II - et de l'économiste australien Danny Casey.

    Pell était un géant, non seulement pour sa carrure, mais aussi pour son courage à condamner la confusion et la tromperie qui règnent dans la société d'aujourd'hui. Parlant de son Australie natale, dans un discours prononcé en 2022 au Campion College de Sydney, Pell a observé que les catholiques, ainsi que les conservateurs sociaux, sont "régulièrement attaqués par des activistes de l'ombre" qui exercent leur domination non seulement dans l'arène politique, mais aussi dans toutes les sphères sociales, dans les écoles, les universités et même dans le monde du sport. La culture de l'effacement (erasure culture) qui "menace les pierres angulaires du libéralisme" a donné naissance à de nouvelles politiques de genre et de race qui considèrent les hommes blancs comme "le pire aspect du passé, du racisme exécré, du colonialisme, du sexisme et du patriarcat". Même sur le changement climatique, à contre-courant de ce que la société et l'Eglise prêchent. Il n'y a pas de position catholique obligatoire sur le changement climatique", a-t-il déclaré, "parce que notre religion enseigne la foi et la morale, et que nous n'imposons aucune croyance scientifique. Chaque personne a le droit d'être insensée si elle pense que c'est juste. La crise climatique n'est pas l'une de mes principales préoccupations, même si j'aime rapporter certains faits établis dans ce climat d'hystérie (...). Mes principales préoccupations sont autres et concernent l'Église catholique et la montée d'une Chine belliqueuse".

    Le livre est donc une contribution précieuse au débat intra-ecclésial souhaité et mis en route par le pape François, car les préoccupations du cardinal Pell sont celles d'une bonne partie des catholiques (laïcs et consacrés) qui regardent aujourd'hui avec une extrême inquiétude le prochain synode des évêques dans l'espoir que la voix du défunt cardinal ne sera pas complètement ignorée et pourra représenter un barrage contre les dérives dangereuses d'un Wokisme de type ecclésial.

    Et de même que Newman était considéré comme le "père absent du Concile Vatican II", de même - si sa voix était entendue, comme celle du cardinal anglais l'a été par les Pères du Concile - nous pourrions définir Pell comme le "père absent du Synode". C'est le souhait des éditeurs du livre et de nombreux catholiques qui ne veulent pas renoncer à défendre la foi et la tradition de l'Église, même face aux défis d'un monde que Pell a regardé avec l'inquiétude propre au regard d'un pasteur.

  • "Mgr Strickland ne devrait absolument pas démissionner" (Cardinal Müller)

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    Du site de l'Homme Nouveau :

    CARDINAL MÜLLER : « SI JE POUVAIS CONSEILLER MGR STRICKLAND, IL NE DEVRAIT ABSOLUMENT PAS DÉMISSIONNER »

    21 septembre 2023
    Le cardinal Müller sur la brèche L'Homme Nouveau
    Mgr Strickland, évêque du diocèse de Tyler au Texas depuis 2012, a fait l’objet d’une visite apostolique en juin dernier à la suite d’un commentaire public qu’il a adressé directement au Saint Père, sur les dérives actuelles dans le processus entamé par le Synode sur la synodalité. Le Vatican semblerait maintenant vouloir l’écarter de son siège.

    Depuis le début du mois de septembre, le bruit court que l’évêque pourrait recevoir une demande de démission de la part de Rome, suscitant le soutien de nombreux fidèles à travers le monde, de Mgr Schneider et même d’un prélat. Le cardinal Gerhard Müller, préfet émérite de la Congrégation pour la doctrine de la foi, a réagi sur les évènements concernant Mgr Strickland sur Kath.net.

    Son Éminence nous a personnellement autorisé à publier une traduction exclusive de sa lettre pour nos lecteurs français. Nous remercions également la rédaction du média allemand de nous avoir permis la publication du texte :

    “Oui, ce qui est fait à Mgr Strickland est terrible, un abus du droit divin de l’épiscopat. 

    Si je pouvais conseiller Mgr Strickland, il ne devrait absolument pas démissionner, car ils pourraient alors se laver les mains de leur innocence. 

    Selon le commandement de la justice, un évêque ne peut être destitué par le Pape que s’il s’est rendu coupable de quelque chose de mauvais (hérésie, schisme, apostasie, crime ou comportement totalement non-sacerdotal), par exemple la pseudo-bénédiction qui insulte Dieu et trompe les gens sur leur salut – bénédiction des personnes des deux ou du même sexe dans des relations extraconjugales. 

    La révocation arbitraire du poste d’évêque d’un diocèse dans lequel un évêque est nommé par le Christ lui-même comme son propre berger porte atteinte à l’autorité du pape, comme cela s’est produit historiquement avec le marchandage indigne de la charge sous la papauté avignonnaise (cette perte de confiance était l’une des principales raisons de la séparation du christianisme de la Réforme de l’Église catholique et de sa haine du pape, qui, par ses actions arbitraires, s’était mis à la place de Dieu.)

    Selon l’enseignement catholique, le Pape n’est en aucun cas le Seigneur de l’Église, mais plutôt, en tant que représentant du Christ pour l’Église universelle, le premier serviteur de son Seigneur, qui devait dire à Simon Pierre, qui venait de devenir le rocher de l’Église : « Passez derrière moi (Indietro italien, le véritable indietrismo), car vous ne pensez pas à ce que Dieu veut, mais à ce que veulent les hommes » (Mt 16, 23). 

    Le Pape n’a aucune autorité du Christ pour intimider et intimider les bons évêques calqués sur le Christ Bon Pasteur qui, conformément à l’idéal épiscopal de Vatican II, sanctifient, enseignent et conduisent le troupeau de Dieu au nom du Christ, simplement parce qu’ils sont les faux amis dénoncent ces bons évêques à François comme des ennemis du Pape, tandis que les évêques hérétiques et immoraux peuvent faire ce qu’ils veulent ou qui dérangent chaque jour l’Église du Christ avec quelque autre bêtise.” 

    Source Kath.net

  • Cardinal Sarah : “L’autorité du pape n’est pas illimitée, elle est au service de la Sainte Tradition”

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    Du site "Riposte catholique" :

    “L’autorité du pape n’est pas illimitée, elle est au service de la Sainte Tradition”

    Le cardinal Sarah a publié un article important dans la revue Communio intitulé “The Inexhaustible Reality : Joseph Ratzinger and the Sacred Liturgy” (vol. 49, hiver 2022), dont The New Liturgical Movement a publié les passages suivants :

  • La bienheureuse famille Ulma et notre présent catholique

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    De George Weigel sur First Things :

    LA BIENHEUREUSE FAMILLE ULMA ET NOTRE MOMENT CATHOLIQUE

    20 septembre 2023

    Il est rare que le mot "sans précédent" puisse être utilisé pour une Église dont l'histoire s'étend sur plus de deux millénaires. Pourtant, un événement sans précédent s'est produit dans le village polonais de Markowa le 10 septembre, lorsqu'une famille entière, y compris son enfant à naître, a été béatifiée. Il n'est pas tout à fait juste de désigner les nouveaux bienheureux par la formule traditionnelle "Bienheureux Józef et Wiktoria Ulma et leurs compagnons", les "compagnons" en question étant les six enfants vivants des Ulma et leur enfant à naître. Pensons plutôt à la bienheureuse famille Ulma et à ce qu'elle peut signifier pour nous. 

    À partir de la fin de 1942, Józef et Wiktoria Ulma ont hébergé huit Juifs dans le grenier de leur ferme en bois : un crime capital pendant l'occupation allemande de la Pologne au cours de la Seconde Guerre mondiale. Le 24 mars 1944, des gendarmes allemands sont venus à la maison, ont assassiné les Juifs, puis ont abattu Józef et Wiktoria, qui était en fin de grossesse. Les enfants terrifiés - Stanisława (8 ans), Barbara (6 ans), Władysław (5 ans), Franciszek (4 ans), Antoni (3 ans) et Maria (1½ ans) - ont ensuite été abattus. Les corps ont été jetés dans une fosse avant d'être enterrés dans le cimetière de l'église locale. 

    Lorsque j'ai visité le musée des Polonais sauvant les Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, le 23 juillet dernier, et que j'ai prié sur la tombe de la famille Ulma, près de l'église paroissiale Sainte-Dorothée, des leçons pour le catholicisme du XXIe siècle me sont venues à l'esprit.

    La première concerne les sources de l'héroïsme chrétien. Si Józef et Wiktoria Ulma étaient tous deux bien éduqués selon les normes de la Pologne rurale du milieu du XXe siècle, ils n'étaient pas pour autant des théologiens avertis. Ils ont lu la parabole du bon Samaritain (Luc 10:25-37) non pas comme une injonction générale à l'amour du prochain pouvant être adaptée aux circonstances, mais comme une instruction spécifique du Christ Seigneur : si vous rencontrez des personnes en détresse, vous devez les aider, quelle que soit leur identité ethnique ou religieuse et quel qu'en soit le prix. 

    Certains dirigeants catholiques contemporains sont mal à l'aise face à une telle lecture littérale des paroles du Seigneur ; ils suggèrent que le code moral qui découle d'un tel "fondamentalisme" biblique est "rigide", "idéologique" et insuffisamment pastoral. Pourtant, le même sens "rigide" de l'obligation morale fondée sur la Bible qui animait le refuge héroïque des Ulmas pour les juifs persécutés a conduit Fr. Maximilien Kolbe à offrir sa vie dans le bunker d'Auschwitz en échange de celle d'un prisonnier condamné, tout comme il a conduit Mère Teresa à passer sa vie au service des plus pauvres des pauvres, qu'elle considérait comme "Jésus sous son déguisement le plus affligeant" ; tout comme il a conduit l'aumônier de la marine américaine, le père Vincent Capodanno, à sacrifier sa vie pour apporter du réconfort aux Marines blessés et mourants au Viêt-nam. 

    Ni les Ulmas, ni le père Kolbe, ni Mère Teresa, ni le père Capodanno ne se sont livrés à l'évaluation "proportionnaliste" des obligations morales qui est revenue en grâce sous l'actuel pontificat. Ils ont vécu la parabole du Bon Samaritain au pied de la lettre - ceux qui trouvent cela "rigide" et "idéologique" devraient y réfléchir à deux fois. 

    La deuxième leçon concerne la nature du martyre, que la mort de saint Maximilien Kolbe et le drame de la Sainte Famille Ulma invitent l'Église du XXIe siècle à reconsidérer. Traditionnellement, un "martyr" est une personne tuée in odium fidei (en haine de la foi). L'abnégation de Kolbe répondait-elle à cette définition, de sorte qu'il était à la fois un "martyr" et un confesseur de la foi ? Les assassins des Ulmas étaient-ils motivés par l'odium fidei ? La catégorie hybride de "martyr de la charité" est en vogue depuis quelques décennies, depuis que le pape Paul VI l'a utilisée pour Kolbe. Mais il semble que le sacrifice de Kolbe, et celui des Ulmas, satisfasse tout en se développant la définition traditionnelle. 

    Certaines théories politiques modernes enseignent un mépris radical de la dignité et de la valeur de la vie humaine, ou du moins de la dignité et de la valeur de certaines vies humaines. Ce fut certainement le cas du national-socialisme allemand : pour les nazis, les Juifs et les Polonais qui les abritaient étaient des formes de vie inférieures à exterminer. N'est-ce pas là de la haine à l'égard de la foi biblique qui, dans Genèse 1:26, enseigne que tout être humain est créé, comme Adam et Eve, à l'image et à la ressemblance de Dieu ? La haine de ceux qui sont créés à l'image et à la ressemblance de Dieu n'est-elle pas une haine de Dieu ? Et l'odium Dei n'est-il pas une forme d'odium fidei ?   

    Le Synode qui s'ouvre le mois prochain nous invite à être une Église de "communion, de participation et de mission". La Sainte Famille Ulma a vécu en communion avec les Juifs persécutés de la Pologne subcarpatique et a participé au Mystère de la Croix en vivant la mission du Bon Samaritain, à laquelle elle a été appelée par le baptême. Puisse leur exemple inspirer le Synode 2023 à embrasser aussi radicalement la foi catholique.

    La chronique de George Weigel intitulée "La différence catholique" est publiée par le Denver Catholic, la publication officielle de l'archidiocèse de Denver.

    George Weigel est Distinguished Senior Fellow du Ethics and Public Policy Center de Washington, D.C., où il est titulaire de la chaire William E. Simon d'études catholiques.

  • L'Eglise institutionnelle : source de sagesse ou d'agacement ?

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    D'Ivo Van Hemelrijk sur le Forum Catolicum :

    L’Église en tant qu’institution: source de sagesse ou d’agacement ?

    17-09-2023

    Pour être clair, il y a beaucoup d’« Églises » et toutes sont à la fois des communautés et des institutions. Après tout, une communauté humaine a besoin d’ordre, et cela n’est possible que par l’institutionnalisation. Cela signifie qu’il est absurde d’imaginer une Église qui n’est pas une institution. Dans ce cas, nous parlons spécifiquement de l’Église catholique romaine, que nous pouvons considérer sans fausse hésitation comme la principale, à la fois en termes de nombre et d’influence sur notre système mondial actuel (même dans nos pays largement « émancipés », au regret de ceux qui l’envient).

    Une institution n’a pas de valeur divine ou transcendante en soi, mais est une réalisation purement humaine. La première question qui se pose est de savoir si elle ne peut pas contredire la mission que l’Église en tant que communauté a reçue de son Fondateur. Bien sûr qu’elle le peut, et le danger qui s’y trouve a toujours été présent, depuis sa fondation. Christ était conscient de cela en premier lieu. Par conséquent, il nous a rassurés : « Les portes de l’enfer ne la submergeront pas » et « Je serai avec vous jusqu’à la fin des temps ». Il a placé l’institution qu’il avait fondée entre les mains de son apôtre Simon, qu’il appelait le « Rocher », malgré le fait qu’il l’avait déjà trahi, dans un accès de peur et de faiblesse humaines. Mais toute faiblesse humaine peut conduire à une nouvelle connaissance de soi et ainsi devenir indirectement une source de force. C’est devenu l’une des sagesses enracinées dans l’édifice spirituel organisationnel qu’il a laissé après sa vie aux soins de personnes qui ne sont que de simples mortels, appelé par sa grâce sur un chemin vers la sainteté et l’immortalité.

    Nous notons que la sagesse de l’Église est parsemée de contradictions apparentes. Celles-ci se reflètent, entre autres, dans la dogmatique enseignée : d’une part, immuable dans l’essence de ses explications, tout en restant soumise à une certaine « évolution ». La sagesse joue à cet égard le rôle d’une sorte de « méthodologie » qui ne s’accroche pas aux « certitudes » humaines enracinées (ni aux soi-disant « réalisations scientifiques »). Elle trouve son inspiration pure dans l’enseignement du Christ, qui nous montre le chemin à travers les fausses pistes confuses de la pensée et du jugement humains. Ses paraboles sont les lueurs et les phares qui nous montrent les bons chemins. Ils ont culminé dans le « Sermon sur la montagne ».

    Tant que l’Église, en tant que communauté et institution, se laisse guider par cette sagesse, elle est sur la bonne voie. Elle est alors consciente qu’une communauté sans institutionnalisation est condamnée à rester un conglomérat de « croyants » avec une unité de pensée très superficielle. D’autre part, cette sagesse nous enseigne que l’institutionnalisation conduit inévitablement à la répartition du pouvoir, avec tous les dangers que cela comporte. De quels pouvoirs parle-t-on? Qui y a droit et sur quelle base? Dans l’Église, tout pouvoir vient du Christ : « Tout pouvoir m’a été donné », a-t-Il déclaré lui-même. Il a cédé une partie de ces pouvoirs à ses disciples : le pouvoir de pardonner, de « lier » et de « dissoudre », d’administrer les sacrements, même de chasser des démons et, dans certains cas, d’obtenir des miracles.

    Comme on peut le voir, aucun d’entre eux n’est un « pouvoir » mondain, qui peut simplement être distribué à des membres arbitraires de la communauté, ou émaner « d’un peuple ou d’une nation », comme dans les pays démocratiques. Ce sont des pouvoirs spirituels réservés par le Christ à ses premiers disciples et à ceux qu’ils désigneront à leur tour comme leurs successeurs. L’accent est mis sur les épaules des successeurs de Pierre. Ce « pouvoir » est censé être une forme de service et certainement pas un moyen de faire trembler ou plier les subordonnés.

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  • Synode : de nombreux catholiques réunis à Assise adressent un message d'avertissement au pape

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    Du blog "Messa in Latino" :

    16 septembre 2023

    Appel au Pape sur le Synode par de nombreux catholiques fidèles réunis à Assise

    Nous recevons et publions volontiers un appel de nombreux catholiques engagés, réunis à la Conférence d'Assise (ICI) les 9 et 10 septembre, qui regardent avec une inquiétude justifiée le prochain Synode : " Ne donnez pas au prochain Synode, qui n'est qu'une représentation pilotée de pasteurs et de fidèles, l'autorité sur les questions doctrinales et pastorales, qui appartient exclusivement au Pontife romain et au Collège des évêques. Dans le cas contraire, l'unité de l'Église sera gravement menacée, car de nombreux fidèles dans le monde entier attendant une réponse définitive, nous suspendrons l'assentiment, et la mission de Pierre, qui aime et unit, échouera".

    À lire et à diffuser.

    La rédaction (de Messa in Latino)

    Appel au Pape et au Synode de nombreux catholiques réunis à Assise

    C'est avec inquiétude et appréhension que nous attendons l'Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques, convoquée à Rome en octobre prochain, sur le thème de la "synodalité". En tant que fils et filles de l'Église et citoyens de cette grande Nation (italienne), nous nous tournons vers le Pape François, en lui demandant d'avoir le grand courage, que ses vénérables prédécesseurs ont eu, de ne jamais permettre aucune déviation de la doctrine catholique, en réaffirmant la vérité de l'Évangile, capable de révéler et de restaurer, à l'homme et aux peuples, leur Vocation originelle et la plus élevée.

    N'autorisez pas que le Synode s'attaque à la nature de l'Église une, sainte, catholique et apostolique. Cette inquiétude ne vient pas d'une idéologie, mais des processus que vous avez greffés et que vous encouragez, comme vous l'avez confié à un évêque italien lors d'un précédent synode.
    La doctrine n'est rien d'autre que l'enseignement catholique, que Paul appelle la "force de l'Évangile". Elle ne se réduit pas au Credo, mais s'étend au Catéchisme, qui n'est pas de l'eau distillée, mais un condensé de la vie et de la sainteté vécues par l'Église.

    Comme le dit Card. Caffarra : une Église sans doctrine n'est qu'une Église plus ignorante.

    En tant que fidèles, avec le sensus fidei, proportionnel au développement de la foi et à la sainteté de vie de chacun, nous sommes appelés à défendre la foi pour pouvoir la répandre dans le monde, comme cela s'est produit au Concile d'Éphèse. Le sensus fidei n'est pas la volonté gènérale de Rousseau, résultat de l'influence de la pensée dominante à un moment donné, mais ce qui a été cru toujours, partout et par tous - laïcs et prêtres - dans le monde entier au cours des siècles. Le sensus fidei agit comme une sorte de système immunitaire spirituel, qui fait que le fidèle reconnaît et rejette instinctivement toute erreur.

    Aujourd'hui, dans l'Église, on tente de nous convaincre qu'embrasser l'hérésie et l'immoralité n'est pas un péché, mais plutôt une réponse à la voix de l'Esprit Saint, qui parlerait à travers des personnes qui se sentent marginalisées.

    Saint-Père, le document de travail du prochain Synode n'est pas un résumé de la foi catholique ou de l'enseignement du Nouveau Testament. Il est radicalement incomplet, ambigu et, à bien des égards, hostile à la tradition apostolique pérenne. Il n'y a aucune reconnaissance du Nouveau Testament en tant que Parole de Dieu, la norme pour tout enseignement sur la foi et la morale. Ceux qui la rédigent rêvent d'une autre Église, qui n'a rien de la foi catholique. Votre Sainteté, mettez fin à toute ambiguïté entre le "Sinodaler Weg" et le Synode universel, avertissez l'Église allemande et nommez un autre rapporteur général pour le prochain Synode.

    Ne permettez pas à l'Église d'enseigner aujourd'hui des doctrines contraires à celles qu'elle a précédemment enseignées en matière de foi et de morale, en autorisant la bénédiction d'unions entre personnes homosexuelles, suggérant ainsi que le comportement homosexuel en tant que tel ne serait pas contraire à la loi de Dieu et au chemin d'une personne vers Dieu.

    Ne donnez pas au prochain Synode, qui n'est qu'une représentation pilotée de pasteurs et de fidèles, l'autorité sur les questions doctrinales et pastorales, qui appartient exclusivement au Pontife romain et au Collège des évêques. Dans le cas contraire, l'unité de l'Église sera gravement menacée, car de nombreux fidèles dans le monde entier attendant une réponse définitive, nous suspendrons l'assentiment, et la mission de Pierre, qui aime et unit, échouera.