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Eglise - Page 312

  • Si des laïcs votent aussi, ce ne sera plus le synode des évêques

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    De Luisella Scrosati sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    Si les laïcs votent aussi, ce n'est plus le synode des évêques

    28-04-2023

    Changement des cartes sur la table avec le processus synodal en cours : les quotas féminins (proportion en fonction du genre) et laïcs dénaturent effectivement le corps établi par saint Paul VI et régi par le droit canonique. Et si l'on voit bien où l'on veut en venir, poussons cependant un soupir de soulagement : une assemblée ainsi redéfinie ne "fait" pas de magistère.

    Dans une autre et énième interview, celle du 10 mars dernier d'Elisabetta Piqué avec François, le pape avait annoncé le " suffrage universel " dans les assemblées synodales de l'Église catholique : " tous ceux qui participent au synode ont le droit de vote. Homme ou femme. Tout le monde, tout le monde. Ce mot "tout le monde" est décisif pour moi".

    Un peu plus d'un mois plus tard, le Secrétariat du Synode, moyennant quelques modifications (le document dans les différentes langues avec les modifications peut être téléchargé ici), a annoncé la transformation de la catégorie des auditeurs en véritables membres avec droit de vote. Selon les souhaits du Pontife, "tout le monde" pourra donc voter. Mais comme, comme dans toute république bananière, le permis de "tout le monde" n'est donné que par le patron, même le Pape a jugé bon de ne pas déroger à la coutume : les 70 nouveaux membres votants non évêques sont décidés par lui. Synodalité donc, mais sans exagération. Scaraffia s'en est également rendu compte : "Je trouve de plus en plus incroyable ce fait du pape synodal centralisateur. Ce n'est pas incroyable, c'est typique d'un certain courant sud-américain.

    Toujours dans le respect scrupuleux de la bureaucratie parallèle nécessaire à tout gouvernement dictatorial, le pouce vers le bas ou vers le haut sera exercé par le pape sur une liste de 140 personnes, explique le Secrétariat, "identifiées (et non élues) par les sept Réunions internationales des Conférences épiscopales et l'Assemblée des patriarches des Églises orientales catholiques (20 pour chacune de ces réalités ecclésiales)". La moitié des élus doit nécessairement être dans le quota rose. Une folie, une dette payée au politiquement correct.

    Les 70 seront issus d'une sorte de présélection, sur la base de la "culture générale" des candidats (test avec croix ou réponse libre ?), de "leur prudence" (c'est-à-dire le degré de soumission), mais aussi de leurs "connaissances, théoriques et pratiques" (de quoi ? Sujet de choix ?), et enfin de "leur participation à divers titres au processus synodal", condition fondamentale pour comprendre si le candidat a déjà fait preuve d'une loyauté absolue envers le système. Orthodoxie, intégrité de la vie morale, mérites particuliers au service du prochain : des critères dépassés. Et, ce qui n'est pas moins important, au Synode se rendra non pas une représentation de l'Église réelle, mais l'Église "individuée", c'est-à-dire celle qui a été sélectionnée selon les critères tout à fait vagues et subjectifs mentionnés ci-dessus.

    Revenons au quota féminin : 35 choisies, auxquelles s'ajoutent, en vertu d'un autre changement voulu par le pape, 5 religieuses élues par les organisations de supérieures majeures (qui seront rejointes par autant d'homologues masculins) et l'élue par excellence, la sous-secrétaire Sœur Nathalie Becquart, première femme à avoir le droit de vote dans un synode d'évêques par la volonté du pape. À l'époque, en février 2021, le cardinal Mario Grech, secrétaire général du Secrétariat général du Synode, avait déclaré : "Avec la nomination de Sœur Becquart et sa possibilité de participer avec droit de vote, une porte a été ouverte, nous verrons ensuite quelles autres étapes pourront être franchies à l'avenir". Les mystérieuses mesures futures, du moins les plus proches, étaient déjà assez évidentes : si un laïc peut voter à un synode d'évêques, on ne voit pas pourquoi 70 ne pourraient pas voter, et peut-être même la moitié des membres demain. Qu'ils soient hommes ou femmes.

    Avec le vote des laïcs au sein du Synode, nous pouvons supposer sans risque qu'il ne s'agit plus du Synode des évêques, tel qu'il est défini et réglementé par les canons 342-348. Le canon 342 est presque tautologique : "Le synode des évêques est une assemblée d'évêques qui [...] se réunit à des moments déterminés pour favoriser une union étroite entre le Pontife romain et les évêques eux-mêmes". Et voilà que même la Constitution apostolique Episcopalis Communio, signée par François, enseigne que les membres du Synode des évêques sont les évêques, selon le can. 346, auxquels s'ajoutent les membres des instituts religieux cléricaux. Il y a également d'"autres participants", y compris des laïcs, qui n'ont toutefois pas le droit de vote.

    Malgré les assurances "de maintenir la spécificité épiscopale de l'Assemblée convoquée à Rome", il n'est pas au pouvoir du Pape d'ordonner qu'une réalité soit différente de ce qu'elle est ou de supprimer le principe de non-contradiction. Le Synode des évêques est tel parce qu'il compte des évêques parmi ses membres ; si un quota, qui semble être d'environ 1/4, n'est pas constitué d'évêques, ni lié à la constitution hiérarchique de l'Église par l'ordre sacré, alors il ne s'agit plus du Synode des évêques, mais de celui des chrétiens. Ce qui n'est ni mieux ni moins bien, mais simplement autre chose.

    La décision du pape François nous fait donc pousser un soupir de soulagement. La direction que prendra le Synode à partir de là, en termes de contenu et de discipline, est assez claire, et ce n'est pas une bonne perspective. Mais maintenant au moins nous savons que le document qui sortira de l'Assemblée ne sera tout simplement pas un document du Synode des évêques, et donc que toute ratification par le Souverain Pontife (cf. can. 343) sera tout simplement nulle et non avenue.

    Deuxième considération : le sacerdoce féminin est plus proche qu'on ne le pense. Et la position négative exprimée par François n'est pas du tout rassurante. D'abord parce que le pape a montré qu'il pouvait tranquillement dire et écrire une chose et faire (ou laisser faire) exactement le contraire. La question de la bénédiction des couples de même sexe est assez évidente. Tout comme la Constitution apostolique mentionnée plus haut. Par ailleurs, il est un fait que plus d'une prémisse a été posée dans le sens de conférer les ordres sacrés aux femmes : la réouverture de la question du diaconat féminin, avec la mise en place, en avril 2020, d'une nouvelle commission d'étude sur le sujet ; puis le Motu Proprio Spiritus Domini (2021), qui a admis les femmes aux ministères de lecteur et d'acolyte (voir ici et ici) ; puis la nomination de trois femmes au Dicastère des évêques (voir ici). Et maintenant, les femmes (et les laïcs en général) sont mises sur un pied d'égalité avec les évêques, en tant que membres d'un Synode des évêques. Beaucoup, beaucoup trop de fenêtres Overton ont été ouvertes.

    Enfin, comme l'a écrit le frère Gerard Murray, la possibilité pour les laïcs de voter pendant l'Assemblée du Synode des évêques a radicalement déformé sa nature, puisque le Synode n'est plus la communion des pasteurs de l'Église avec le pape pour discuter et trouver des solutions aux besoins de l'Église universelle, dans le cadre de leur mission divine de "sanctifier, enseigner et gouverner le troupeau du Christ". Ce qui doit être constitué est tout à fait différent : "des personnes qui ne sont pas sacramentellement conformées par l'Ordre Saint au Christ, le Grand Prêtre", mais qui seront "traitées juridiquement comme des égaux des évêques". Le rapporteur général du synode, le cardinal Jean-Claude Hollerich, s'est empressé de mettre les mains dans le cambouis, déclarant qu'il s'agirait d'un "changement important, mais pas d'une révolution". Ce qui, en mode communicationnel orwellien, signifie : c'est une révolution, mais vous ne devez pas le penser.

    Au contraire, la vérité est clairement exprimée par Frère Murray : "Cette innovation doit être rejetée par les évêques de l'Église. Elle est en conflit avec l'enseignement dogmatique de l'Église sur la nature du sacrement de l'ordre, en particulier sur la nature de l'épiscopat".

  • Paglia donne la priorité au pragmatisme politique plutôt qu'au témoignage prophétique

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    Du Père Raymond J. de Souza sur le National Catholic Register :

    Paglia donne la priorité au pragmatisme politique plutôt qu'au témoignage prophétique

    COMMENTAIRE : Comme cela a été le cas auparavant, le président de l'Académie pontificale pour la vie commence souvent par la situation politique et voit ensuite où l'Évangile et la Tradition catholique peuvent s'intégrer.

    26 avril 2023

    La déclaration de l'Académie pontificale pour la vie (APV) aurait dû être une histoire comme celle d'un chien qui mord un homme qui ne valait guère la peine d'être publiée. Pourtant, elle était là, affirmant que son président, Mgr Vincenzo Paglia, "réitère son "non" à l'euthanasie et au suicide assisté, en pleine adhésion au magistère".

    Ces dernières années, le fait que le président de l'APV adhère pleinement au magistère est devenu, de manière surprenante, une sorte d'histoire d'homme qui mord le chien. Les raisons de cette situation méritent d'être notées et sont révélatrices de l'environnement général à Rome.

    L'APV a été fondée par le pape Jean-Paul II pour faire progresser l'enseignement et le témoignage de l'Église sur le caractère sacré de la vie humaine en s'appuyant sur les meilleurs travaux d'érudition dans diverses disciplines. Ainsi, lorsque Mgr Paglia a déclaré la semaine dernière qu'une éventuelle loi italienne supprimant les sanctions pénales pour l'euthanasie et le suicide assisté serait "faisable" et que "la médiation juridique pourrait être le plus grand bien commun concrètement possible dans les conditions dans lesquelles nous nous trouvons", il a frappé beaucoup de monde comme étant contraire non seulement à l'enseignement catholique, mais aussi à l'objectif de l'APV. 

    De nombreux cercles catholiques et pro-vie ont réagi violemment, notamment en raison de l'histoire de l'archevêque. Il s'agit de l'un des curieux personnages qui ont pris de l'importance au cours du pontificat du pape François.

    Les détails du discours original de l'archevêque Paglia et la clarification ultérieure de l'APV sont maintenant bien connus. Cette controverse fait écho à une précédente, lorsqu'il avait qualifié la loi italienne sur l'avortement de "pilier" de la société. Dans ce cas également, l'APV a apporté une clarification, expliquant que l'archevêque Paglia ne faisait que constater un fait sociopolitique et n'approuvait pas l'autorisation d'avortement en tant que telle. Son penchant pour de telles déclarations a incité un site d'information catholique à titrer son article sur la dernière en date : "Qu'a dit l'archevêque Paglia cette fois-ci ?"

    Pourquoi l'archevêque Paglia parle-t-il d'une manière qui semble être en désaccord avec le magistère sur les questions de vie, d'autant plus que saint Jean-Paul II a été exceptionnellement clair sur l'avortement et l'euthanasie dans son encyclique Evangelium Vitae de 1995 ?

    La réponse se trouve dans son point de départ. Mgr Paglia part de la situation politique et voit ensuite où l'Évangile et la tradition catholique peuvent s'intégrer. Cette approche n'est pas sans valeur, car les évêques confrontés à un environnement politique hostile doivent souvent faire de tels calculs. Mais Mgr Paglia n'est pas un évêque diocésain devant naviguer dans une situation pratique délicate ; il est à la tête d'une académie chargée d'apporter clarté et lumière à l'enseignement de l'Église. 

    Dans la dernière querelle sur l'euthanasie comme dans la précédente sur l'avortement, l'archevêque a pris comme point de départ le pragmatisme exigé par la politique, plutôt qu'un témoignage prophétique. Les dirigeants politiques se trouvent parfois dans des situations complexes, voire confuses, mais l'archevêque Paglia n'est pas un politicien. Pourtant, en s'inspirant de calculs politiques, il est parvenu à s'embrouiller terriblement.

    Dans ses récents commentaires sur l'euthanasie, Mgr Paglia a parlé de l'évolution de l'enseignement de l'Église sur la peine de mort. Le pape François a modifié le Catéchisme de l'Église catholique pour la déclarer "inadmissible". Le Saint-Père - comme Jean-Paul avant lui - aurait considéré l'enseignement sur la peine de mort et sur l'euthanasie comme faisant partie du même principe concernant le caractère sacré de la vie. 

    Cependant, Mgr Paglia a adopté une approche différente, suggérant que si l'enseignement sur la peine de mort pouvait évoluer vers son "inadmissibilité", alors peut-être que l'enseignement sur l'euthanasie pourrait évoluer vers sa "faisabilité". 

    Du point de vue de l'enseignement moral catholique, il s'agit là d'une comparaison étrange et incorrecte. 

    D'un point de vue politique, en revanche, elle a du sens : Le consensus politique est contre la peine de mort en Italie, et l'enseignement catholique l'affirme ; donc si le consensus politique en Italie autorise l'avortement et peut favoriser l'euthanasie, alors il pourrait être possible pour l'enseignement catholique de s'adapter à cette situation.

    C'est la priorité du pragmatisme sur l'enseignement prophétique. 

    La dernière bévue de l'archevêque Paglia, corrigée une fois de plus a posteriori par une déclaration de l'APV, reflète un phénomène plus large à Rome qui mérite d'être souligné. Par exemple, au moment où le discours de l'archevêque a été rapporté, une autre interview papale a été publiée, dans laquelle le Pape François a parlé de son intention de visiter l'Argentine l'année prochaine dans le contexte de la politique.

    La décision de ne pas se rendre en Argentine est un mystère depuis le début du pontificat, il y a dix ans. Jean-Paul et Benoît ont tous deux visité leur pays d'origine dans l'année qui a suivi leur élection, et tous deux ont effectué trois voyages en l'espace de dix ans. Étant donné que le pape François a visité de nombreux autres pays d'Amérique du Sud, la décision de ne pas se rendre en Argentine a suscité des réactions négatives dans son pays d'origine. Dans son entretien avec La Nacion, le pape François a expliqué que c'était la situation politique qui l'avait empêché de se rendre dans ce pays. 

    C'est une explication quelque peu invraisemblable. Cela aurait-il pu être le cas pendant toute une décennie ? Si le Saint-Père avait été aussi désireux de visiter sa patrie qu'il l'a été, par exemple, de visiter la République centrafricaine ou l'Irak, cela n'aurait-il pas déjà eu lieu ? 

    La réponse est néanmoins instructive. Tout d'abord, la dynamique politique est prise en compte, avec une évaluation de ceux qui pourraient chercher à tirer profit de la visite papale. Ce n'est qu'ensuite que les priorités pastorales sont prises en compte. 

    La visite de 2014 à Strasbourg, qui ne comprenait qu'un discours au Parlement européen, et non des visites pastorales, est un autre exemple de la priorité accordée à la politique. 

    Un pasteur doit tenir compte du politique lorsqu'il exerce son rôle prophétique. Les événements récents à Rome suggèrent que la priorité a été donnée au pragmatisme. 

    Le père Raymond J. de Souza est le rédacteur en chef fondateur du magazine Convivium.

  • L’Ukraine sera au cœur de la visite du pape en Hongrie

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    De Jean-Marie Guénois sur le site du Figaro (via Il Sismografo) :

    L’Ukraine au cœur de la visite du pape en Hongrie

    À Budapest, François veut soigner ses relations avec Viktor Orban pour faire avancer l’idée d’une conférence internationale de paix.

    La Hongrie attend François de pied ferme. Ce pays de haute tradition chrétienne - les deux tiers de sa population se disent catholiques - n’avait pas apprécié le comportement du pape, le 12 septembre 2021. Le chef de l’Église catholique, plutôt en froid avec le premier ministre, Viktor Orban, et sa politique en matière d’immigration, avait semblé dédaigner ce pays. Il s’y était arrêté seulement quelques heures pour y célébrer la messe de clôture d’un congrès eucharistique international avant de redécoller aussitôt vers la Slovaquie, visitée elle pendant plusieurs jours. De vendredi à dimanche, à Budapest, François va rattraper cet affront. Il avait promis de revenir.

    Le schéma de ce 41e voyage hors d’Italie depuis son élection en 2013 apparaît classique, mais il ne l’est pas, compte tenu de son enjeu: il rencontre vendredi les autorités politiques, dont la présidente de la République, Katalin Novak, puis, séparément, le premier ministre Orban et, plus tard, le monde religieux. Samedi, il visite un important centre médical dédié aux non-voyants fondé par un médecin, Laszlo Batthyany-Strattmann, béatifié par Jean-Paul II en 2003. Après un échange avec des réfugiés, où son discours est très attendu, puis une rencontre avec des jeunes Hongrois, une grande messe doit se dérouler sur la place Lajos Kossuth dimanche. Avant de regagner Rome dans la soirée, il recevra les représentants du monde de la culture.

    Halte spirituelle

    Une étape significative a été ajoutée il y a une semaine: François se rendra, samedi en fin de matinée, dans une petite église de rite gréco-catholique, attachée à Rome mais de tradition liturgique orthodoxe. Il ne devrait pas y prendre la parole mais ces minutes de prières auront une seule direction: l’Ukraine voisine où vivent de nombreux gréco-catholiques. Cette halte spirituelle sera une façon pour François de marquer, une nouvelle fois, sa proximité avec les Ukrainiens. Un premier schéma du voyage prévoyait d’ailleurs un déplacement depuis Budapest jusqu’à la frontière avec l’Ukraine pour qu’il y rencontre des réfugiés, mais ce projet a été abandonné. Avec le souci de faire oublier l’humiliation ressentie sur place lors de son passage éclair en 2021, le conflit en Ukraine s’impose donc comme le deuxième enjeu du périple de François.

    Si la Hongrie d’Orban se présente comme une terre d’accueil pour les réfugiés ukrainiens, elle reçoit en revanche au compte-gouttes les migrants venus d’ailleurs, suscitant des tensions avec la Commission européenne qui fait pression sur elle. Les autorités hongroises - là aussi en désaccord avec l’Europe et en vertu des bonnes relations entre Budapest et Moscou - refusent toutefois de livrer des armes à l’Ukraine ou de les faire transiter sur leur territoire. De là à penser que cette position diplomatique rapprocherait le gouvernement Orban du pape François, il n’y a qu’un pas.

    Il est franchi par les instances politiques hongroises, qui vantent une apparente vision commune - contre l’usage des armes et pour des négociations de paix - qu’elles partageraient avec le pape François et la diplomatie du Vatican. L’un des intérêts de cette visite apostolique sera de le vérifier. Le pape, confie le Vatican, va profiter de la situation de ce pays, au cœur de l’Europe, frontalier de l’Ukraine et ami de la Russie, pour lancer des nouveaux appels aux cessez-le-feu et à une conférence de paix pour l’Ukraine.

    Enjeu personnel

    Le Saint-Siège est prêt à jouer une mission de bons offices en ce sens. Moscou, de son côté, a toujours repoussé cette perspective. La Russie, pays de tradition orthodoxe, ne voit pas pourquoi le chef de l’Église catholique viendrait se mêler de ce dossier. La question d’un éventuel rôle de Viktor Orban pour permettre des négociations se pose aux yeux du Vatican, soucieux de cultiver de meilleures relations avec ce responsable politique dont la liberté vis-à-vis des États-Unis et de l’Otan plaît au pape François.

    D’autres dossiers, comme l’écologie, la défense de la famille traditionnelle - la politique hongroise consiste à donner aux familles des aides financières uniques en Europe -, recoupent aussi la vision de l’Église catholique, même s’il y a divergences d’approche sur le sujet des personnes homosexuelles. La Hongrie est par ailleurs en pointe contre la diffusion de «l’idéologie du genre».  Enfin, le dernier enjeu de cette visite est personnel pour François, 86 ans. Il consiste à démontrer que son problème de santé et son hospitalisation, le 29 mars dernier - dont la gravité n’aura pas été clairement révélée -, étaient un incident de parcours. Depuis son retour au Vatican le 1er avril, François a en effet assumé toutes ses obligations.

    Voir également :

    Entretien exclusif avec le cardinal Péter Erdo, Primat de Hongrie (Video) sur KTO TV Alors que le pape François se rend en Hongrie du 28 au 30 avril 2023, KTO est allée rencontrer le cardinal Péter Erdo, archevêque d'Esztergom-Budapest. Le primat de Hongrie évoque la courte préparation de cette visite apostolique, la promotion de l'identité chrétienne du pays, le défi de la transmission de la foi, et l'accueil des réfugiés de l'Ukraine voisine. (...)

  • Les moines et les moniales sont le cœur battant de l'annonce de l'Evangile

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    PAPE FRANÇOIS

    AUDIENCE GÉNÉRALE

    Place Saint-Pierre
    Mercredi 26 avril 2023

    Catéchèse - La passion pour l’évangélisation : le zèle apostolique du croyant - 12. Témoins : le monachisme et la force de l’intercession. Grégoire de Narek.

    Chers frères et sœurs, bonjour !

    Nous poursuivons les catéchèses sur les témoins du zèle apostolique. Nous avons commencé avec saint Paul et la dernière fois nous avons considéré les martyrs, qui proclament Jésus par leur vie, jusqu'à donner leur vie pour Lui et pour l'Évangile. Mais il y a un autre grand témoignage qui traverse l'histoire de la foi : celui des moniales et des moines, des sœurs et des frères qui renoncent à eux-mêmes, ils renoncent au monde pour imiter Jésus sur le chemin de la pauvreté, de la chasteté et de l'obéissance et pour intercéder en faveur de tous. Leurs vies parlent d'elles-mêmes, mais nous pouvons nous demander comment les personnes vivant dans des monastères peuvent-elles contribuer à l'annonce de l'Évangile ? Ne feraient-ils pas mieux de mettre leur énergie au service de la mission ? En sortant du monastère et en prêchant l'Évangile en dehors du monastère ? En réalité, les moines sont le cœur battant de l'annonce : leur prière est l'oxygène de tous les membres du Corps du Christ, leur prière est la force invisible qui soutient la mission. Ce n'est pas un hasard si la patronne des missions est une moniale, Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus. Écoutons comment elle a découvert sa vocation, elle écrivait ainsi : « J'ai compris que l'Église a un cœur, un cœur brûlant d'amour. J'ai compris que seul l'amour pousse les membres de l'Église à l'action et que, si cet amour s'éteignait, les apôtres n'annonceraient plus l'Évangile, les martyrs ne verseraient plus leur sang. J'ai compris et su que l'amour embrasse en lui toutes les vocations [...]. Alors, avec une joie immense et extase de l'âme, je me suis écriée : O Jésus, mon amour, j'ai enfin trouvé ma vocation. Ma vocation est l'amour. […] Dans le cœur de l'Église, ma mère, je serai l'amour" (Manuscrit autobiographique "B", 8 septembre 1896). Les contemplatifs, les moines, les moniales : des personnes qui prient, travaillent, prient en silence, pour toute l'Église. Et c’est l’amour : c’est l’amour qui s'exprime en priant pour l'Église, en travaillant pour l'Église, dans les monastères.

    Cet amour pour tous anime la vie des moines et se traduit dans leur prière d'intercession. À cet égard, je voudrais vous citer en exemple saint Grégoire de Narek, Docteur de l'Église. C’est un moine arménien, qui a vécu vers l'an mille, et qui nous a laissé un livre de prières dans lequel s'exprime la foi du peuple arménien, le premier à avoir embrassé le christianisme, un peuple qui, en restant fidèle à la croix du Christ, a tant souffert tout au long de l'histoire. Et Saint Grégoire passa presque toute sa vie au monastère de Narek. C'est là qu'il apprit à scruter les profondeurs de l'âme humaine et, en fusionnant ensemble la poésie et la prière, il marqua l'apogée de la littérature et de la spiritualité arméniennes. Ce qui frappe le plus chez lui, c'est la solidarité universelle dont il est l'interprète. Et parmi les moines et les moniales, il existe une solidarité universelle : tout ce qui se passe dans le monde trouve une place dans leur cœur et ils prient. Le cœur des moines et des moniales est un cœur qui capte, comme une antenne, ce qui se passe dans le monde et qui prie et intercède pour cela. Ils vivent ainsi en union avec le Seigneur et avec tout le monde. Et saint Grégoire de Narek écrit : « J'ai pris volontairement sur moi toutes les fautes, depuis celles du premier père jusqu'à celles du dernier de ses descendants ». (Livre des Lamentations, 72). Et comme Jésus l'a fait, les moines prennent sur eux les problèmes du monde, les difficultés, les maladies, tant de choses, et prient pour les autres. Et ce sont eux les grands évangélisateurs. Comment se fait-il que les monastères vivent fermés et évangélisent ? Parce que par la parole, l'exemple, l'intercession et le travail quotidien, les moines sont un pont d'intercession pour tous les hommes et pour les péchés.  Ils pleurent aussi avec des larmes, ils pleurent pour leurs propres péchés - nous sommes tous pécheurs - et ils pleurent aussi pour les péchés du monde, et ils prient et intercèdent avec leurs mains et leurs cœurs vers le ciel. Pensons un peu à cette "réserve" - si je puis dire - que nous avons dans l'Église : ils sont la vraie force, la vraie force qui fait avancer le peuple de Dieu, et c'est de là que vient l'habitude qu'ont les gens - le peuple de Dieu - quand ils rencontrent une personne consacrée, une personne consacrée, de dire : "Priez pour moi, priez pour moi", parce que vous savez qu'il y a une prière d'intercession. Cela nous fera du bien - dans la mesure du possible - de visiter un monastère, parce qu'on y prie et qu'on y travaille. Chacun a sa propre règle, mais les mains y sont toujours occupées : occupées par le travail, occupées par la prière. Que le Seigneur nous donne de nouveaux monastères, qu'il nous donne des moines et des moniales qui fassent avancer l'Église par leur intercession. Je vous remercie.

  • La troisième grande crise de l'histoire bimillénaire de l'Eglise porte sur le "nous"

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    De George Weigel sur First Things :

    LA CRISE CATHOLIQUE SUR LE "NOUS"

    26 avril 2023

    L'historien de Cambridge Richard Rex a proposé de manière provocante que le catholicisme soit aujourd'hui plongé dans la troisième grande crise de son histoire bimillénaire.

    La première crise a été le débat acharné qui a divisé l'Église sur la question "Qu'est-ce que Dieu ?". Cette question a reçu une réponse définitive lors du premier concile de Nicée (325) et du concile de Chalcédoine (451). Nicée I a affirmé que Jésus est vraiment Dieu, la deuxième personne de la Trinité ; Chalcédoine a affirmé que, par l'incarnation de la deuxième personne de la Trinité, la divinité et l'humanité sont unies dans l'unique personne de Jésus-Christ. C'est ainsi que Nicée I et Chalcédoine ont établi les fondements trinitaires et incarnés de l'orthodoxie chrétienne pour l'éternité.

    La seconde crise, qui a conduit à la fracture de la chrétienté occidentale lors des différentes réformes protestantes du XVIe siècle, tournait autour de la question : "Qu'est-ce que l'Église ?" Le Concile de Trente a donné la réponse orthodoxe à cette question, dans des réponses affinées au fil du temps par l'enseignement du Pape Pie XII sur l'Église en tant que "Corps mystique du Christ", par la Constitution dogmatique sur l'Église du Concile Vatican II et par le Synode extraordinaire des évêques de 1985, qui a synthétisé l'enseignement de Vatican II en décrivant l'Église comme une communion de disciples en mission.

    Et la troisième crise, celle que nous vivons actuellement ? Selon le professeur Rex, elle implique une question qui aurait été exprimée autrefois comme "Qu'est-ce que l'homme ?" Le fait que cette formulation soit aujourd'hui considérée comme problématique est un symptôme de la condition même qu'elle cherche à diagnostiquer. En d'autres termes, qu'est-ce que c'est que d'être humain ? C'est, selon Rex, ce qui est en cause dans "tout un alphabet de croyances et de pratiques : avortement, bisexualité, contraception, divorce, euthanasie, famille, genre, homosexualité, traitement de la stérilité...". Et ainsi de suite, à travers les champs de bataille déchiquetés d'une guerre culturelle qui, commencée à l'extérieur de l'Église, se déroule maintenant à l'intérieur de la maison de la foi.

    Tout d'abord, une crise "théologique", au sens littéral de la théologie : "parler de Dieu". Puis une crise ecclésiologique. Et maintenant une crise anthropologique. Les deux crises précédentes ont divisé l'Église. La troisième pourrait bien le faire également, comme le montrent l'apostasie allemande qui menace de fracturer l'unité de l'Église catholique et l'abandon par d'éminents évêques, théologiens et activistes de la conception de la personne humaine fondée sur la Bible.

    La question "Qui sommes-nous en tant qu'êtres humains ?" est posée de la manière la plus aiguë par l'idéologie du genre et l'insurrection transgenre. Cela a atteint le point d'absurdité où "une drag queen de l'île de Man" (comme l'a rapporté Mary Wakefield le mois dernier dans le Spectator) "a informé les élèves de 7e année qu'il y avait exactement 73 genres. Lorsqu'un enfant courageux a insisté pour dire qu'il n'y en avait que deux, la drag queen aurait répondu "Vous m'avez contrarié" et aurait renvoyé l'enfant".

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  • Adieu le chemin synodal germanique : le pape balise le fonctionnement romain du prochain synode

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    « Lucetta Scaraffia: lors du prochain synode, les membres laïcs voteront - hommes et femmes - mais choisis d'en haut :

    (AdnKronos) Les innovations introduites en vue du prochain Synode des évêques « ont un impact significatif dans le sens où les femmes et les laïcs pourront voter. Mais ils seront choisis d'en haut, par le Pape lui-même ». Lucetta Scaraffia, historienne, qui a toujours été à l'avant-garde pour que les femmes soient reconnues de manière substantielle et significative dans l'Église, freine tout enthousiasme face aux innovations introduites lors du prochain synode des évêques en octobre. « Il y a une forte compression de la centralisation. Ce sera le pape lui-même qui indiquera quels représentants des dicastères devront y participer alors qu'avant c'étaient les dicastères qui le faisaient - précise à Adnkronos l'historien qui a également consacré un livre au synode et à sa dynamique -.Les femmes seront alors 50 % des 70 membres non-évêques qui participeront : elles resteront toujours une minorité, une minorité. De plus, ce sont des femmes choisies par le Pape qui ne consulteront pas les nombreuses organisations et associations de femmes qui existent dans l'Église. Cette centralisation peut réduire considérablement la portée de l'innovation. Je trouve aussi incroyable ce fait du Pape synodal qui centralise de plus en plus ».

    Lucetta Scaraffia rapporte son expérience lors d'un synode passé pour mettre en évidence ce qui doit être corrigé : les religieux l'ont rapporté. Je ne vois aucun changement à ce système aujourd'hui. J'ai beaucoup protesté à l'époque et ils m'ont fait parler. Nous devrons voir ce qui se passe." De manière générale, en pensant aux changements introduits, Scaraffia parle d'une « amélioration, mais il y a un resserrement de la centralité. La vie catholique est pleine d'organisations de femmes, pourquoi ne pas leur demander qui choisir ? Et puis il n'y a pas de nouvelles règles pour les groupes de travail ».

    Ref. https://ilsismografo.blogspot.com/2023/04/vaticano-lucetta-scaraffia-nel-prossimo.html

    Lire également : Synode : le droit de vote sera élargi aux laïcs

  • Un nouveau conseiller du pape au dicastère pour l'évangélisation

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    De kath.net/news :

    26 avril 2023

    Le secrétaire général de l'œuvre Bonifatius appelé comme consulteur au dicastère pour l'évangélisation

    Paderborn (kath.net) Le secrétaire général de l'œuvre Bonifatius des catholiques allemands, Mgr Georg Austen (64 ans), a été appelé par le pape François comme consultant au sein du dicastère nouvellement créé pour l'évangélisation, département des questions fondamentales de l'évangélisation dans le monde. Le Vatican a annoncé aujourd'hui (mardi 25 avril) à Rome sa nomination en tant que consulteur.

    Autorité centrale de la Curie

    Le dicastère est une autorité centrale de la curie romaine et coordonne son activité missionnaire. Il est issu de la Congrégation pour la propagation de la foi, fondée par le pape Grégoire XV en 1622. L'autorité existe sous sa forme actuelle depuis le milieu de l'année dernière, lorsqu'elle a été fusionnée avec le Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation sous le nom de "Dicastère pour l'évangélisation". La présidence du dicastère a été assurée par le pape François lui-même.

    Deux sections

    L'autorité d'évangélisation se divise en deux sections : Une pour la première évangélisation et les nouvelles Églises particulières et une autre pour les questions fondamentales de l'évangélisation dans le monde. Dans cette dernière, Monseigneur Austen sera conseiller. L'archevêque Rino Fisichella, pro-préfet de la section pour les questions fondamentales de l'évangélisation, écrit à Mgr Austen : "Sûr que votre expertise sera très utile au dicastère et au service qu'il rend à l'Église, je vous envoie mes plus sincères félicitations". L'archevêque Fisichella et ses collaborateurs se consacrent par exemple à la question de savoir pourquoi les gens se détournent de la foi et comment aider les Églises locales du monde entier à proclamer le message de l'Évangile de manière opportune dans le monde d'aujourd'hui. En outre, l'éducation à la foi fait partie des tâches du dicastère.

    Secrétaire général du Bonifatiuswerk depuis 2008

    Mgr Austen est secrétaire général de l'œuvre Bonifatius depuis 2008 et directeur du commissariat à la diaspora des évêques allemands/aide aux prêtres. Il souhaite avant tout mettre à profit son expérience des régions de la diaspora en Allemagne, en Europe du Nord et dans les pays baltes dans son travail de conseiller pontifical. "Cette vocation est une grande estime pour moi ainsi que pour le travail de notre œuvre internationale de bienfaisance dont le siège est à Paderborn", déclare Austen.

    Missionnaire de la miséricorde

    Avant d'être élu secrétaire général de l'œuvre d'entraide de la diaspora, il a joué un rôle important dans la préparation des Journées mondiales de la jeunesse 2005 à Cologne en tant que secrétaire. Depuis 1986, Austen est prêtre de l'archevêché de Paderborn et actuellement en congé pour sa mission au sein de l'œuvre Bonifatius. En outre, Monseigneur Austen est également membre élu du Comité central des catholiques allemands et conseiller au sein de la sous-commission pour les questions missionnaires de la commission Église universelle de la Conférence épiscopale allemande. En 2016, le pape François l'a nommé missionnaire de la miséricorde.

    Photo : Monseigneur Georg Austen a été nommé consulteur au dicastère de l'évangélisation (c) Bonifatiuswerk/Wilfried Hiegemann

  • Symposium à Chypre : il y a de moins en moins de chrétiens au Moyen-Orient

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    De Nicola Scopelliti sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    Symposium à Chypre : de moins en moins de chrétiens au Moyen-Orient

    26-04-2023

    Le christianisme ne doit pas disparaître des terres où il est enraciné : c'est l'avertissement du Card. Sako lors de la rencontre, dix ans après l'exhortation que Benoît XVI leur a consacrée, qui a réuni les patriarches, les évêques et les laïcs des Églises orientales.

    Ils sont venus de tous les diocèses du Moyen-Orient. Patriarches, évêques, responsables de communautés, religieux, membres d'associations et de mouvements. Ils se sont réunis à Chypre, l'un des quatre États appartenant au Patriarcat latin de Jérusalem. Il s'agit d'une terre où, outre les fidèles catholiques de rite latin, il existe plusieurs Églises orientales sui iuris et où la présence catholique se mêle à celle des chrétiens orthodoxes et des pratiquants d'autres religions.

    Enracinée dans l'espérance, c'était le thème principal de la rencontre dédiée au présent et à l'avenir des Églises catholiques au Moyen-Orient, organisée par ROACO (Riunione Opere Aiuto Chiese Orientali). Un rendez-vous qui intervient à l'occasion du 10e anniversaire de l'exhortation apostolique post-synodale de Benoît XVI Ecclesia in Medio Oriente, adressée aux patriarches, aux évêques et à tous les baptisés du Moyen-Orient, le 16 septembre 2012, à l'occasion de son voyage apostolique au Liban et publiée après le Synode de 2010.

    "Je souhaite que cette rencontre puisse servir avant tout un élan missionnaire auquel le pape François a donné une forte impulsion", a souligné le nonce apostolique à Chypre et en Jordanie, Mgr Pietro Dal Toso, ajoutant que les défis sont nombreux, aussi parce qu'au cours de ces dix années écoulées depuis la publication de l'exhortation, beaucoup de choses ont changé au Moyen-Orient. "Je pense, par exemple, à la guerre en Syrie, à Isis, à la situation actuelle en Irak, aux tensions entre Israël et la Cisjordanie. Ces dix années ont été des années importantes pour ces pays qui ont vu leur visage changer, à bien des égards, sur cette terre tourmentée".

    C'est le patriarche de Jérusalem des Latins, l'archevêque Pierbattista Pizzaballa, qui a prononcé le discours d'ouverture, plaçant les travaux de cette importante rencontre dans le contexte du dixième anniversaire de la publication d'Ecclesia in Medio Oriente. La rencontre, présidée par Mgr Claudio Gugerotti, préfet du Dicastère pour les Églises orientales, a mis en évidence, dès les premiers discours, le grand défi que l'Église devra affronter dans les années à venir : la diminution constante de la présence chrétienne, qui n'est pas seulement due au fait que de nombreux chrétiens préfèrent émigrer, mais aussi et surtout à la diminution des vocations religieuses, masculines et féminines, qui ne sont plus aussi nombreuses qu'auparavant. Tout cela pose un problème fondamental : l'existence des chrétiens sur cette terre qui a vu naître le christianisme.

    "Nous devons soutenir et convaincre les chrétiens de ne pas quitter leur terre, nous devons les aider à ne pas émigrer", a déclaré le patriarche de Bagdad des Chaldéens, le cardinal Louis Raphaël Sako, lors de la réunion. "Il serait vraiment grave que le Moyen-Orient se vide de ses chrétiens, les racines du christianisme disparaîtraient. La présence des Eglises orientales est menacée et les chrétiens ne voient plus d'avenir possible, surtout en Irak, en Syrie, au Liban et en Palestine, à cause des défis politiques, économiques, culturels et autres". Mais si Athènes pleure, Sparte ne rit pas : "en Occident, malheureusement, poursuit Sako, les valeurs religieuses et humaines disparaissent, il y a une sécularisation galopante, et la vie est vidée de tout caractère sacré. À l'Est, il y a le fondamentalisme, qui se transforme en terreur et en terrorisme, et nous sommes menacés, marginalisés, persécutés. Nos maisons et nos villages sont occupés et, enfin, il y a la question démographique".

    L'exhortation de Benoît XVI est très riche et pertinente. Mais ces dernières années, les choses ont radicalement changé. "Il suffit de penser, souligne le cardinal Sako, au document d'Abou Dhabi ou à la rencontre à Nadjaf, en Irak, entre le pape François et le grand ayatollah Sayyid Ali Al-Husayni Al-Sistani, chef de la communauté chiite, qui a prononcé à cette occasion des paroles d'amitié et de fraternité à l'égard des chrétiens. Ici, nous devons utiliser toutes ces choses pour vivre en tant que frères et citoyens, pour changer la mentalité de la société qui considère les musulmans comme supérieurs, tandis que les autres sont traités comme des citoyens de seconde zone. Les chrétiens étaient présents en Irak des siècles avant les musulmans, mais aujourd'hui nous sommes une minorité et nous dépendons des autres. Il suffit de penser au Liban où ils étaient majoritaires. Aujourd'hui, tout le monde pense à émigrer, alors que les chrétiens ont tant à offrir à leur pays".

    "Les chrétiens, au fur et à mesure que le temps passe, diminuent de plus en plus. Ils fuient. Ceux qui restent risquent de devenir des objets qui, tôt ou tard, seront placés dans un musée". Prononçant ces mots, le père Jiahd Yousseph, moine du monastère de Mar Mousa à Nebek, en Syrie, une communauté fondée par le père Paolo Dell'Oglio, dont on est sans nouvelles depuis 2013, date de son enlèvement en Syrie par des hommes d'Isis. "Les chrétiens ne sont pas des invités au Moyen-Orient", ajoute le nonce Dal Toso. "Ils ont toujours été là et ont assuré leur contribution considérable à la croissance économique et sociale de ces sociétés, ils méritent donc la pleine reconnaissance de leurs droits."

    "Aujourd'hui, on parle beaucoup des droits de l'homme. Nous aussi, chrétiens, nous voulons que nos droits soient reconnus, comme les musulmans, dit le cardinal Sako, qui, au contraire, ont élevé les barrières. Il n'est pas temps de séparer la religion de l'Etat, mais tout cela demande un soutien diplomatique et politique, même extérieur, envers les chrétiens, envers lesquels il y a maintenant une persécution, mais discrète, pas publique, qui se traduit par l'impossibilité pour un chrétien d'être ministre, ou qui le voit contraint de subir l'occupation de sa maison ou de sa terre, comme cela se passe en Palestine".

    Le patriarche Pizzaballa, pour sa part, a rappelé que nous ne pouvons pas concevoir notre présence au Moyen-Orient uniquement et simplement comme un droit, ce qui ferait fatalement de nous une partie fragile dans un conflit ou une guerre. "Être et rester sur le territoire de nos Églises, déchiré par toutes les formes de violence et de conflit, sera de plus en plus pour nous une vocation et un choix", a-t-il souligné. "Les nombreuses souffrances de ces dernières années, avec la crise économique qui en découle et que nous connaissons encore, peuvent être une grande opportunité pour nous, pour le clergé et pour nos fidèles : être une Église pauvre parmi les pauvres". Et il conclut : "Nous savons bien comment, au Moyen-Orient, la politique enveloppe la vie ordinaire dans tous ses aspects. L'option préférentielle pour les pauvres et les faibles ne fait pas de l'Église un parti politique. Prendre position, comme on nous le demande souvent, ne peut signifier entrer dans un affrontement, mais doit toujours se traduire par des paroles et des actes en faveur de ceux qui souffrent et se lamentent, et non par des invectives et des condamnations à l'encontre de qui que ce soit. L'Église, comme le Christ, condamne toujours le péché, jamais le pécheur. Pour les chrétiens, la seule position possible est celle de leur Maître, au service de la vie de tous".

  • Le Dicastère du Vatican pour les laïcs, la famille et la vie prépare un document qui traitera des couples divorcés-remariés

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    De Jonah McKeown sur CNA :

    Le Vatican prépare un texte pour les couples divorcés et remariés, selon le cardinal Farrell

    Le cardinal Kevin Farrell a mentionné le document en cours d'élaboration dans un discours prononcé en italien le 22 avril.

    25 avril 2023

    Le Dicastère du Vatican pour les laïcs, la famille et la vie prépare un document qui traitera des couples divorcés-remariés, à la demande du pape François, selon le préfet du dicastère, le cardinal Kevin Farrell.

    Le cardinal Farrell a mentionné le document en cours d'élaboration dans un discours prononcé en italien le 22 avril, en ouverture d'une réunion du dicastère, qui promeut la pastorale familiale et la mission des fidèles laïcs. Le cardinal Farrell a souligné l'importance d'aider et de guider "ceux qui traversent des crises conjugales de toutes sortes".

    "À cet égard, le dicastère travaille également à la préparation d'un texte qui concernera spécifiquement - comme vous l'avez souhaité, Votre Sainteté - les hommes et les femmes qui, après l'échec de leur mariage, vivent de nouvelles unions", a déclaré le cardinal Farrell dans son discours d'ouverture.

    Le cardinal Farrell n'a pas précisé quand le document serait publié.

    L'Église enseigne que les catholiques divorcés et remariés sans annulation ne doivent pas communier, un enseignement réaffirmé par saint Jean-Paul II dans l'exhortation apostolique Familiaris Consortio de 2005. Le pape François a déclaré au cours de son pontificat qu'il pourrait y avoir des situations au cas par cas où les catholiques divorcés et remariés pourraient accéder à l'Eucharistie, notamment lorsque les époux pratiquent la continence au sein de leur mariage.

    Lors d'une récente interview, le pape François a répondu à une question sur la possibilité pour les catholiques divorcés-remariés de recevoir l'Eucharistie en disant : "Nous ne pouvons pas réduire une situation humaine à une simple question d'ordre moral : "Nous ne pouvons pas réduire une situation humaine à une situation normative". Dans l'interview, le pape François a conseillé de se référer à ce que son prédécesseur Benoît XVI a dit sur le sujet des annulations, affirmant qu'"une grande partie des mariages de l'Église sont invalides par manque de foi".

    "Et pensez-y : Parfois, on assiste à un mariage et on a l'impression qu'il s'agit d'une réception sociale et non d'un sacrement", a déclaré le pape François. Quand les jeunes disent "pour toujours", qui sait ce qu'ils entendent par "pour toujours" ?

  • Rome : une communication anarchique

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    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso (traduction de diakonos.be) :

    François le communicateur. Avec sa salle de presse personnelle, à Sainte-Marthe

    En partance le 28 avril pour Budapest, le Pape François ne manquera certainement pas les deux grands moments médiatiques de chacun de ses voyages : la conférence de presse dans le vol de retour vers Rome et l’entretien avec les jésuites locaux, tenu à huis clos, mais ensuite transcrit et publié par « La Civiltà Cattolica ».

    Dans les deux cas, il parlera comme toujours à bâtons rompus, de ce qu’il voudra sans aucune retenue, pas même par rapport à ce qu’il a dit auparavant, qu’il n’aura d’ailleurs pas peur de changer ou de contredire, si cela lui semble opportun, comme il l’a fait à plusieurs reprises. Il ne restera plus aux services du Vatican qu’à transcrire et à consigner, dans ce gigantesque fouillis désordonné de discours prononcés et écrits qui constitueront pour les futurs historiens le « magistère » du pape Jorge Mario Bergoglio.

    Un « magistère » dans lequel on trouve de tout. Et de trop. À tel point que, depuis quelque temps, les secrétaires chargés d’archiver ses discours doivent parfois couper et éliminer l’un ou l’autre excès, locution vulgaire ou grossièreté de corps de garde.

    Jusqu’à il y a quelques mois, les archivistes pontificaux avaient l’habitude de publier tout ce que François disait. Quand, en recevant des personnes ou des groupes, il mettait de côté le discours préparé par ses services et se mettait à parler de manière informelle, le tout était ensuite consigné, aussi bien le discours non prononcé que les déclarations qui ont effectivement été faites.

    Et cela même quand la publication intégrale était pour le moins malheureuse, par exemple le 24 octobre dernier quand, en recevant des séminaristes et des prêtres qui étudiaient à Rome et en répondant à une question innocente sur le monde digital, le Pape s’était laissé aller à une digression emphatique sur le vice consistant à visionner des images pornographiques, comme s’il s’agissait d’un vice de tous les prêtres présents et absents, et même des religieuses et des personnes consacrées.

    Le 10 décembre suivant, pourtant, c’était la goutte qui a fait déborder le vase pour l’un ou l’autre au Vatican, parce que pendant l’audience accordée à des séminaristes et à des éducateurs de Barcelone, là encore mettant de côté le texte écrit sous prétexte qu’il était « ennuyeux », le Pape François a dépassé les bornes de ce qu’on peut publier, en lançant des bordées d’injures contre les carriéristes et les arrivistes.

    Et ce n’est pas tout. Toujours en parlant librement, le Pape aurait enjoint, lors de la confession sacramentelle, de toujours tout pardonner « même si nous voyons qu’il n’y a pas d’amorce de repentir ». Auparavant, il avait traité de « déliquant » le confesseur qui ne donnait pas l’absolution.

    Le fait est que rien n’a officiellement été publié de ce discours improvisé de François – bien qu’il ait été relayé par de nombreuses personnes présentes. Pareil à d’autres occasions qui ont suivi, la dernière remontant au 17 avril dernier, lors de l’audience accordée par le Pape à la communauté des Béatitudes.

    La Secrétairerie d’État elle-même s’était depuis quelque temps senti le devoir de faire barrage aux intempérances verbales de François.

    Jusqu’à l’été 2020, la coutume était de distribuer aux journalistes accrédités à la salle de presse du Saint-Siège, quelques heures à l’avance, une copie des discours que le Pape allait prononcer à l’Angélus du dimanche, y compris l’appendice final, se référant souvent à l’actualité et à des questions de politique internationale.

    Pourtant, le 5 juillet de cette même année, quelques minutes avant midi, les journalistes ont été avertis que les quinze lignes du texte qui leur avait été distribué ne seraient pas lues par le Pape, ce qui ne fut effectivement pas le cas.

    Il s’agissait de phrases calibrées à la virgule près, les premières que François aurait consacrées à la perte de liberté de Hong Kong, sur laquelle il avait toujours gardé le silence. Relayées par la suite par plusieurs organes de presse, elles ont dans les faits rendu encore plus grave le silence du Pape qui a suivi.

    D’où la décision, pour éviter d’autres incidents, de ne plus envoyer désormais à la presse la partie finale de l’Angélus, mais uniquement les commentaires de l’Évangile du jour.

    En réformant la Curie à sa manière, François a institué un dicastère dont le rôle est censé être celui de s’occuper de la communication, avec à sa tête deux journalistes laïcs, Paolo Ruffini et Andrea Tornielli.

    Mais Bergoglio n’a jamais semblé affectionner particulièrement les canaux de communication officiels.

    Les quelques rares fois où il a rendu visite au quotidien « L’Osservatore Romano », il en a profité pour humilier ceux qui y écrivaient, du directeur Andrea Monda jusqu’au bas de l’échelle, avec des moqueries impitoyables sur le faible nombre de copies vendues. Et en dix ans, il n’aura octroyé au « journal du Pape » qu’un seule de ses innombrables interviews diverses et variées. Une interview qui plus est convenue, extraite d’une préface qu’il avait rédigées pour un livre sur saint Joseph, qui n’a pas fait ni ne pouvait faire parler d’elle le moins du monde.

    La salle de presse du Saint-Siège non plus n’est pas en odeur de sainteté. Le 29 mars dernier, quand le Pape a été embarqué à l’hôpital, un communiqué officiel en style télégraphique s’est borné à déclarer qu’il s’y était rendu « pour certains contrôles programmés à l’avance ».

    Une fois le péril passé, c’est pourtant François en personne qui a raconté une histoire très différente. D’abord aux journalistes à la sortie de l’hôpital : « Je suis encore vivant ! ». Mais ensuite avec quelques détails supplémentaires dans une conversation téléphonique – la quatre-vingt-dixième en dix ans – à son vieil ami Michel Ferri, qui a rapporté à un journal ces déclarations textuelles du Pape : « C’était grave. Je suis arrivé inconscient à l’hôpital. Quelques heures de plus et je ne serais plus là pour en parler ».

    Il n’est donc guère surprenant qu’au Vatican, on considère qu’il y a non pas une mais bien deux salles de presse en activité : celle du Saint-Siège et une autre à Sainte-Marthe, cette dernière étant personnellement gérée par le Pape.

    En effet, la quantité démesurée d’interview que François accorde aux journaux les plus divers et variés ne passe nullement par le filtre du dicastère pour la communication. Ce sont tout au plus ceux qui appartiennent au cercle privé du Pape qui s’en chargent, de Monseigneur Dario Viganò à Don Marco Pozza. Ou c’est tout simplement le Pape qui s’en occupe personnellement.

    « L’Osservatore Romano » et les autres canaux officiels tels que Vatican News sont mis devant le fait accompli. Par exemple, avec un compte-rendu des 83 minutes d’entretien de François en compagnie d’une dizaine de jeunes du monde entier mise en ligne le 5 avril dernier sur la plateforme de streaming Disney Plus qui avait été enregistrée plusieurs mois auparavant dans un studio de cinéma de la périphérie domaine de Pietralata. Un entretien surréaliste, ponctué de questions effrontées et souvent hostiles, où une interlocutrice déclare vendre des vidéos pornographiques « pour se mettre davantage en valeur et mieux vivre avec sa fille », et avec le Pape qui joue le jeu et lui conseille de ne pas avoir peur de demander de l’argent au Vatican pour aider quelqu’un : « N’hésite pas à demander, leur dis-je, de toute manière ils volent tout le monde là-dedans ! Donc je sais où on peut voler et je t’envoie les sous ».

    Un autre canal de communication, bizarre celui-là, est celui que François a créé avec la Russie, par l’entremise d’un homme de confiance aussi bien du patriarche de Moscou Cyrille que de Vladimir Poutine, un certain Leonid Sevastyanov. C’est lui qui rend publiques les déclarations du Pape recueillies lors de rencontre ou d’échanges épistolaires. Sans jamais susciter le moindre démenti, pas même quand il a révélé que François, au retour de son voyage en Mongolie programmé en septembre, voudrait bien faire étape à l’extrême Est de la Russie, à Vladivostok, afin de visiter le parc national pour la protection des léopards, dont il a déjà baptisé l’un d’entre eux le « gaucho », du nom du personnage du poème argentin éponyme…

    François utilise également Twitter, où il a 53 millions de lecteurs. Cependant, depuis quelques jours, son compte a fait les frais d’Elon Musk, le patron du réseau, qui lui a retiré sa certification d’authenticité. À moins qu’il ne paye et se mette en règle. C’est une punition qui a également frappé d’autres personnages célèbres, du patriarche Cyrille à l’ayatollah Khamenei, en passant par Donald Trump.

    « En attendant de connaître les nouvelles règles de la plateforme, le Saint-Siège espère qu’elles comprendront la certification de l’authenticité des comptes » : voilà le commentaire du Saint-Siège, sans qu’on sache très bien s’il émane de la salle de presse ou bien de Sainte-Marthe.

  • La deuxième conversion d'Eric-Emmanuel Schmitt

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    Du site de RCF :

    Éric-Emmanuel Schmitt, sa "deuxième conversion" à Jérusalem

    L.D. avec Thierry Lyonnet

    04/04/2023

    ÉRIC-EMMANUEL SCHMITT, SA "DEUXIÈME CONVERSION" À JÉRUSALEM

    Plusieurs années après la sortie de son livre "La nuit de feu" (2015) dans lequel il raconte sa rencontre avec Dieu dans le désert du Hoggar, Éric-Emmanuel Schmitt évoque une "deuxième conversion" à Jérusalem. Elle est survenue au cours d'un pèlerinage effectué sur invitation du pape François. Voyage qui a conduit le célèbre écrivain de rencontres en surprises. Des moments de grâces et de fraternité qu’il raconte dans son nouveau livre "Le défi de Jérusalem" (éd. Albin Michel) - dont la sortie est prévue le 6 avril, pour le Jeudi saint.

    C’est un coup de téléphone qui a donné le top départ de ce pèlerinage. Plus particulièrement un appel du Vatican, au cours duquel un haut responsable a indiqué à Éric-Emmanuel Schmitt qu'au Saint-Siège on aimait la foi et la liberté de l'écrivain et qu’on voudrait bien lui proposer de faire un pèlerinage en Terre sainte. C’est ainsi qu'Éric-Emmanuel Schmitt, habité par la spiritualité mais encore pétri par l’athéisme dans lequel il a grandi, s’est retrouvé en Israël pour un séjour en trois temps : d’abord en tant que pèlerin parmi les pèlerins, puis seul, avant d’aller à la rencontre d’habitants. 

    Pèlerin parmi les pèlerins

    Le voyage d'Éric-Emmanuel Schmitt a commencé à Nazareth avec un groupe de croyants réunionnais. "Je faisais profil bas, confie-t-il, je ne voulais pas faire mon intello, mon penseur, je voulais ressentir les choses." Dans cette ville a priori banale où Jésus a grandi, l’écrivain a constaté, fasciné, "que le creuset de l’extraordinaire c’est toujours l’ordinaire"... 

    Son voyage l’a ensuite mené sur les sites incontournables de la chrétienté : le mont Thabor, le lac de Tibériade, Capharnaüm ou encore le mont des Béatitudes. Des endroits dont, souvent, on ne peut certifier avec exactitude l'authenticité. Qu’importe pour Éric-Emmanuel Schmitt : "On s’en moque, sourit-il, parce qu’on va de lieux douteux en lieux incertains mais ces lieux sont à chaque fois l’occasion de réfléchir à certains épisodes de l’Évangile. Et au fond le sens compte plus que la pierre ou le lieu, et on finit par éprouver une certaine liberté."

    Éric-Emmanuel Schmitt raconte son "moment de grâce" au Saint-Sépulcre

    Mais c’est à Jérusalem, au Saint-Sépulcre, que la "deuxième conversion" d'Éric-Emmanuel Schmitt a véritablement eu lieu. "Là, tout d’un coup ma foi spirituelle et intellectuelle prend quelque chose d’incarné. Tout devient concret. Je sens un regard sur moi, je sens une odeur d’homme, la chaleur d’un corps comme s’il était près de moi", raconte-t-il. Une expérience forte face à laquelle l'écrivain a d'abord réagi en se mettant à l’écart et en pleurant.

    Ce n’est que plus tard qu’il a réalisé les changements que ce moment de grâce a provoqués en lui : "Ça fait habiter la vie différemment, avec encore plus de confiance, d’enthousiasme, de sérénité. Ça donne confiance dans l’amour qu’on peut essayer d’apporter aux autres", dit-il.

    Rencontre avec le pape François : Éric-Emmanuel Schmitt, "chrétien imparfait" devant le chef de l'Église catholique

    Quelques jours après son voyage en Terre sainte, et après le patriarche de Jérusalem, l’historien Vincent Lemire et les dominicains de l’École biblique et archéologique, une autre rencontre hors du commun attendait Éric-Emmanuel Schmitt. Un rendez-vous avec le pape François ? Impressionné, l'écrivain a repoussé l’invitation. "Je me sens comme un chrétien très imparfait, donc c'est difficile", explique-t-il.

    Ce n’est que trois semaines plus tard qu’Éric-Emmanuel Schmitt a fait connaissance avec le pape François. "Il m’a écouté comme si j’étais intéressant. Son écoute fait sortir le meilleur, parce qu’elle est aussi profonde que sa parole", commente-t-il. Ému par l’humilité du souverain pontife et riche de sa "deuxième rencontre" avec Dieu, Éric-Emmanuel Schmitt s'est mis à écrire dès son retour : "Quand il se passe des mouvements spirituels, on a intérêt à les communiquer aux autres, non pas pour leur parler de soi mais pour leur parler d’eux et leur ouvrir des portes."

  • La position des évêques de Belgique face aux perspectives d'allongement du délai pour procéder à des avortements

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    Extension considérable de l’accès à l’avortement

    Extension considérable de l’accès à l’avortement

    Déclaration des Évêques de Belgique

    Une proposition débattue au Parlement fédéral envisage d’allonger le délai pour un avortement de douze à au moins dix-huit semaines après la conception. Il est également suggéré que non seulement des conditions médicales graves puissent être invoquées comme motif, mais également des problèmes mentaux. On plaide aussi pour l’abolition du délai de réflexion de six jours et pour la suppression de l’obligation de fournir des informations sur les alternatives possibles.

    On ne décrit pas ce que l’on entend par « problèmes mentaux ». Ils peuvent être de toutes sortes. La vie d’un enfant viable peut dès lors être interrompue, même si elle ne constitue pas une menace aiguë pour la vie ou la santé de la mère. Se peut-il qu’aucune autre question ne soit posée à ce sujet ?

    De plus, l’interruption de grossesse après douze semaines est une intervention beaucoup plus lourde et beaucoup plus radicale. Il est important que nous en soyons pleinement conscients. Pour beaucoup de ceux qui devront réaliser ces interventions, cela ne sera pas évident. Le traitement psychique pour la mère elle-même soulève également de nombreuses questions.

    Il n’est pas surprenant que de nombreuses personnes, au-delà des frontières idéologiques, s’attendent dans ce cas à ce que l’on exerce une grande prudence. Dès 2019, des médecins, sages-femmes, infirmiers et infirmières et d’autres prestataires de soins ont exprimé publiquement leurs inquiétudes face à la proposition de prolonger le délai. Cela les touche dans leur vocation professionnelle et leur mission. C’est d’autant plus le cas lorsqu’il est suggéré de placer explicitement l’avortement, qui a déjà été retiré du droit pénal, dans le cadre de la législation sur les soins de santé. Et donc à considérer sans plus comme un acte médical.

    C’est vrai que des circonstances peuvent rendre les gens désemparés et désespérés. Mais affirmer alors qu’il s’agit d’un acte médical ne fait pas droit à ce que les personnes concernées expérimentent elles-mêmes. Pourquoi dans ce cas demander encore un conseil ou de l’aide ? D’autant plus, comme cela est également proposé, que même les alternatives possibles ne doivent de préférence pas être discutées. Une oreille attentive et des conseils ne sont-ils pourtant pas si précieux ?

    Le législateur s’est préoccupé jusqu’à présent de trouver un équilibre entre la protection de la vie à naître et l’autodétermination de la femme enceinte. Ce n’est plus le cas dans les nouvelles propositions. La protection de la vie à naître est pourtant en soi de la plus haute importance, aussi et surtout dans l’État de droit. Elle l’est d’autant plus que de nouvelles recherches sont menées aujourd’hui sur la perception de la douleur chez le fœtus.

    Notre société éprouve de plus en plus de difficultés à propos de tout ce qui interfère avec nos projets et vient perturber notre mode de vie. Ce constat s’applique aux personnes âgées ou malades, aux pauvres et aux étrangers, aux personnes qui doivent fuir leur pays. C’est également le cas pour la vie à naître. C’est ce qu’écrit le Pape François dans son encyclique Laudato Si’ : « Si la sensibilité personnelle et sociale à l’accueil d’une nouvelle vie se perd, alors d’autres formes d’accueil utiles à la vie sociale se dessèchent ».

    Cardinal Jozef De Kesel et les Évêques de Belgique

    SIPI – Bruxelles, mercredi, 24 avril 2023

    Cathobel indique les liens suivants :

    Pour aller plus loin : Allongement du délai de l’IVG : les experts sont-ils vraiment unanimes ?

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