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Eglise - Page 326

  • L'Eglise d'Allemagne ira-t-elle jusqu'au schisme ? Et l'Eglise de Belgique lui emboitera-t-elle le pas ?

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    Lu sur T.online :

    11.03.2023

    L'Église catholique veut s'engager dans une nouvelle voie. Quelques changements ont été décidés dans le processus de réforme. Pour beaucoup, ce n'est pas encore suffisant.

    La voie synodale a été adoptée en 2019 en réaction à l'étude dite MHG sur les abus sexuels dans l'Église allemande. (Source : Arne Dedert/dpa)

    Les évêques, les prêtres, les religieuses et les laïcs de l'Eglise catholique allemande ont achevé, après trois ans et demi, le projet de réforme de la voie synodale qui a attiré l'attention de l'Eglise universelle. A la fin, samedi, les délégués réunis à Francfort sur le Main ont demandé à une nette majorité l'ordination de femmes comme diacres.

    Tant la Conférence des évêques allemands (DBK) que le Comité central des catholiques allemands (ZdK) ont tiré un bilan majoritairement positif. Bien que de nombreuses résolutions soient en faveur d'une Eglise plus libérale, le président de la DBK, l'évêque Georg Bätzing, ne s'attend pas à la fin de la vague de départs de l'Eglise allemande.

    "Une grande pierre m'a été enlevée du cœur", a déclaré Bätzing à la fin de la cinquième et dernière assemblée synodale. "La voie synodale a fonctionné - malgré tous les grincements de dents et en dépit de tous les mauvais augures. (...) Nous n'avons pas encore pu tout décider, mais les jalons sont posés". On voit que l'Eglise catholique est capable de se transformer.

    La voie synodale a été décidée en 2019 en réaction à l'étude dite MHG sur les abus sexuels dans l'Eglise allemande, afin de regagner la confiance perdue. Depuis, des clercs et des laïcs ont discuté de complexes de thèmes tels que le rôle de la femme dans l'Eglise, la morale sexuelle catholique, la compréhension du ministère sacerdotal, y compris le célibat obligatoire, et les structures de pouvoir de l'Eglise. Au Vatican, on a mis en garde contre une scission de l'Eglise en raison du cours de la réforme.

    Mgr Bätzing et Irme Stetter-Karp, la présidente du Comité central des catholiques allemands, la plus haute représentation des laïcs, étaient à la tête du parcours synodal. Stetter-Karp a déclaré à propos des résultats globaux obtenus que "sans aucun doute, j'aurais souhaité plus". Stetter-Karp a cité comme succès le fait que les femmes puissent continuer à prêcher à l'avenir et que la demande soit adressée au pape d'examiner le célibat obligatoire des prêtres. "Nous n'avons pas réussi à changer réellement les structures de l'Église catholique en Allemagne. Trois ans et demi n'ont pas suffi". Il y a un besoin fondamental de réforme, a averti la représentante des laïcs. "Cette Eglise ne peut pas rester telle qu'elle est".

    Au cours des délibérations en cours depuis jeudi, les membres du synode ont pris 15 décisions au total. L'une des plus importantes est que les femmes pourront à l'avenir également devenir diacres - il s'agit du ministère ordonné le plus bas de l'Eglise catholique et il est inférieur au ministère sacerdotal. La demande plus large de permettre aux femmes d'être également ordonnées prêtres n'a pas pu s'imposer.

    Seul le pape François peut toutefois décider d'autoriser les femmes à devenir diacres. D'autres décisions, comme la bénédiction des couples homosexuels, peuvent être mises en œuvre par les évêques allemands eux-mêmes dans leurs diocèses. Il n'est toutefois pas clair si tous les évêques le feront.

    Diversité de genre dans l'Église

    Un moment d'enthousiasme a eu lieu samedi lorsque l'assemblée synodale dans son ensemble et les évêques ont adopté à une large majorité un texte sur la gestion de la diversité sexuelle. Sur les 197 membres de l'assemblée présents, 170 ont voté pour, 8 contre et 19 se sont abstenus. Parmi les évêques, 38 ont voté pour, sept contre et 13 se sont abstenus.

    La majorité des deux tiers des évêques, nécessaire pour toute décision, a ainsi été atteinte. De nombreux délégués ont applaudi debout après ce résultat, certains agitant des drapeaux arc-en-ciel. "Mon grand, grand respect pour cette conférence épiscopale", a déclaré la religieuse Katharina Kluitmann.

    Au cours des derniers jours, l'assemblée synodale avait déjà adopté plusieurs projets de réforme. Ainsi, elle a décidé à une large majorité d'introduire "rapidement" des célébrations officielles de bénédiction pour les couples homosexuels. Jusqu'à présent, de telles célébrations ont lieu dans une zone grise du droit ecclésiastique. Cependant, de nombreux membres réformateurs de l'assemblée synodale ont critiqué le fait que les projets de décision aient été "édulcorés" et "adoucis" à plusieurs reprises par les évêques.

    Manifestation d'opposants à la réforme

    La communauté des femmes catholiques d'Allemagne a fait savoir qu'elle portait un regard mitigé sur la dernière assemblée synodale. Le mouvement réformateur "Nous sommes l'Eglise" a considéré le résultat comme "une étape décisive vers une Eglise synodale dans le monde entier". Malgré toutes les déceptions, il s'agit d'un "processus exemplaire au niveau mondial" qui doit se poursuivre. Malgré les tentatives répétées de freinage du Vatican et du pape, la voie synodale a réussi son baptême du feu.

    L'évêque Bätzing a déclaré : "La voie synodale ne mène pas à la division et n'est pas non plus le début d'une Eglise nationale". Il souhaite également intégrer les décisions adoptées lors de l'assemblée synodale dans le synode mondial mis en place par le pape François, qui discutera également des réformes de l'Eglise en octobre.

    Samedi, un petit groupe d'opposants à la réforme a manifesté devant la foire de Francfort où se tenait le rassemblement. Sous le slogan "Non à l'hérésie et au schisme", ils ont exigé la démission de Bätzing. Un prêtre portant une barette, un couvre-chef aujourd'hui peu courant chez les ecclésiastiques catholiques, a prié devant une statue de la Vierge Marie, tandis que des banderoles appelaient à s'éloigner des processus de renouveau.

    Et que va faire l'Eglise de Belgique ? On sait que l'évêque d'Anvers, Mgr Bonny, a participé à la dernière session du chemin synodal allemand. Il a été ovationné lorsqu'il a exposé le choix des évêques belges (tous paraît-il) en faveur de l'instauration de cérémonies de bénédiction des unions homosexuelles. Il a même prétendu que le pape n'y était pas opposé.

    "Cet autre regard romain sur l'Allemagne a été illustré à Francfort par l'évêque anversois Johan Bonny. Il a décrit de manière décontractée et divertissante ce que les évêques catholiques belges ont vécu à Rome. Dans l'Eglise catholique belge, les bénédictions religieuses pour les couples de même sexe sont possibles depuis l'année dernière - bien qu'un peu plus d'un an auparavant, la Congrégation romaine pour la doctrine de la foi avait expressément interdit de telles bénédictions.

    Selon Bonny, cela s'est fait sans bruit. Il y a quelques mois, lors d'une visite des évêques au Vatican, la curie et le pape n'ont pas émis de remarque contraire. "C'est leur décision", aurait dit François. Et il a souligné combien il était important pour lui que les évêques soient unanimes sur ce point. Les propos de Bonny ont montré à quel point l'Eglise catholique est en mouvement. Et elles montrent également à quel point l'appareil romain est imprévisible." (DW.com)

    Si l'Eglise de Belgique s'aligne sur les résolutions du chemin synodal allemand et que celui-ci aille jusqu'au schisme, ira-t-elle jusqu'à suivre l'Eglise d'Allemagne dans cette voie ? Le moins qu'on puisse dire est que la confusion est grande et ce ne sont pas les perspectives ouvertes par le synode sur la synodalité qui vont nous rassurer...

  • Synodalité en Allemagne : le précédent de Würzburg

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    « La cinquième et dernière session du chemin synodal allemand s’est achevée ce samedi 11 mars. Pour comprendre ce qui inquiète aujourd'hui Rome, il faut revenir à l'expérience originelle de la synodalité en Allemagne, le synode de Würzburg (1971-1975). Un épisode qui a aussi joué un rôle important dans la vie de Joseph Ratzinger-Benoît XVI.

     Publié par Camille Delmas sur le site web « aleteia » :

    « Se tient à Francfort jusqu’à ce samedi 11 mars la cinquième et dernière session du chemin synodal allemand, un processus qui dure depuis plus de trois ans et a pour but de trouver des solutions à la triple crise que traverse l’Église catholique en Allemagne – sécularisation, baisse des vocations, abus. Pour comprendre ce « Synodale Weg » qui inquiète aujourd’hui Rome, il faut revenir à l’expérience originelle de la synodalité en Allemagne, le synode de Würzburg (1971-1975). Un épisode qui a aussi joué un rôle important dans la vie de Joseph Ratzinger-Benoît XVI.

    L’après Concile Vatican II a été une période agitée en Allemagne. L’actualité de la communauté catholique du pays, à l’époque divisée entre République fédérale d’Allemagne et République démocratique d’Allemagne, est alors marquée par l’influence de la crise post-conciliaire des Pays-Bas, qui commence en 1966 avec la publication du « catéchisme hollandais » et se poursuit tout au long du « Concile pastoral » de l’Église des Pays-Bas entre 1966 et 1970. Ces initiatives visent à accélérer l’aggiornamento conciliaire et vont être le vecteur de nombreuses revendications réformistes – notamment sur le célibat des prêtres ou sur l’avortement, le noeud des tensions portant sur l’encyclique Humanae Vitae publiée par Paul VI en 1968.

    Une « germanisation » de Vatican II

    Le catéchisme hollandais, traduit en allemand en 1968, et la création d’un Conseil pastoral national aux Pays-Bas – supprimé en 1980 par Jean Paul II – rencontrent un grand succès en Allemagne. « Ce catéchisme a été reçu très positivement par le public, car les auteurs ont réussi à trouver un langage que les gens d’aujourd’hui pouvaient comprendre », affirmait le jésuite allemand Wolfgang Seibel dans un entretien publié dans la revue Stimmen der Zeit en 2011. Poussés par le Conseil central des catholiques allemands, organisme laïc structurant du catholicisme allemand depuis le XIXe siècle, les évêques de RFA, avec à leur tête le cardinal Julius Döpfner, archevêque de Munich et président de la Conférence épiscopale allemande, décident de mener à leur tour un processus de « germanisation » du Concile Vatican II.

    La voix choisie est celle d’un synode national, qui est convoqué à Würzburg, petite ville à proximité de Francfort. Il s’inspire du « Synode 72″ lancé par les évêques de Suisse. Comme ce dernier, le synode de Würzburg bénéficie d’une dispense du Saint-Siège, les synodes nationaux n’existant pas du point de vue du droit canonique. Approuvés par Rome, les statuts du synode de Würzburg permettent aux laïcs non seulement de participer mais aussi de voter les documents – contrairement au synode romain, dans lequel le vote est réservé aux évêques. Ces derniers bénéficient cependant d’un droit de véto qui sera utilisé deux fois.

    Rapidement surnommé le « Concile allemand », il rassemble les plus grands théologiens du moment : Karl Rahner, qui appelle à l’époque à poursuivre la réforme structurelle de l’Église, Johann Baptist Metz, qui s’illustre en lançant un débat sur le rapport de l’Église au national-socialisme, le futur cardinal Karl Lehmann – qui prend une dimension importante à cette occasion – ou encore Joseph Ratzinger. « Ce qui était particulièrement impressionnant, c’est la quantité d’expertise réunie », se souvient le père Seibel qui rappelle avec nostalgie « l’expérience de la liberté » qu’il a vécu à cette occasion.

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  • Le pape François clarifie : "Je ne suis pas prêt à revoir le célibat sacerdotal mais ce n'est pas un dogme"

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    Ce qu'on pouvait lire sur fanpage.it (Biagio Chiariello) le 11 mars :

    Le pape François ouvert à un revirement sur le célibat des prêtres : "Il pourrait être révisé

    Le célibat est une prescription temporaire, il n'est pas éternel, comme l'ordination sacerdotale", a déclaré le souverain pontife dans un entretien accordé à un portail argentin.

    "Dans l'Église catholique, il y a des prêtres mariés", comme par exemple "dans les Églises catholiques orientales" et donc "il n'y a pas de contradiction à ce qu'un prêtre se marie. Le célibat dans l'Église occidentale est une prescription temporaire". Tels sont les propos du pape François, dans une interview accordée au site internet argentin Infobae et au quotidien local La Nacio, dans laquelle il revient sur certains points sensibles du débat interne à l'Église catholique, comme le célibat des prêtres.

    L'abolir, affirme le souverain pontife, ne servirait pas à augmenter le nombre de vocations. Mais il ouvre une lueur : "Le célibat dans l'Église occidentale est une prescription temporaire, je ne sais pas si elle est résolue d'une manière ou d'une autre, mais elle est temporaire dans ce sens ; elle n'est pas éternelle comme l'ordination sacerdotale, qui est pour toujours, qu'on le veuille ou non.

    "En fait, dans l'Église catholique, il y a des prêtres mariés : tout le rite oriental est marié. Tout le rite oriental est marié. Tout le rite oriental. Ici, à la Curie, nous en avons un qui a une femme et un enfant. Il n'y a pas de contradiction à ce qu'un prêtre soit marié", a ajouté le souverain pontife.
    À la question de l'intervieweur : "Le célibat pourrait donc être révisé ?", le pape a répondu : "Oui. Oui."

    Au cours de l'entretien, Bergoglio a consacré plusieurs passages aux femmes. Au cours des dix dernières années, celles de son pontificat, le nombre de femmes travaillant au Vatican est passé à 1 165, y compris à des postes de direction. "Le Vatican était autrefois très machiste. Mais cela fait partie de la culture, ce n'est la faute de personne. Il en a toujours été ainsi", a admis Bergoglio, précisant toutefois que "le machisme est mauvais" et que "parfois, le célibat peut vous conduire au machisme". (...)

    Le 12 mars, Antonio Palma, sur le même site, revient sur le sujet :

    Célibat et prêtres, le pape François clarifie : "Je ne suis pas prêt à le revoir mais ce n'est pas un dogme"

    "Je ne suis pas encore prêt à réviser le célibat des prêtres mais c'est une question de discipline", a expliqué Bergoglio, ajoutant : "Rien à voir avec un dogme, mais quelque chose qui aujourd'hui est là et demain ne le sera peut-être plus."

    Après le grand tapage médiatique suscité par son ouverture à une éventuelle révision du célibat des prêtres catholiques, le Pape François est revenu sur le sujet, en précisant sa pensée et en prenant un recul partiel par rapport à ses précédentes déclarations. "Je ne suis pas encore prêt à le revoir", a en effet expliqué le souverain pontife dans une nouvelle interview accordée à un journal argentin, Perfil, à l'occasion du dixième anniversaire de son pontificat

    Le célibat des prêtres, en revanche, "est une question de discipline", a expliqué Bergoglio, ajoutant : "Rien à voir avec le dogme, mais quelque chose qui est là aujourd'hui et qui ne sera peut-être plus là demain". Le pontife semble toutefois certain d'une chose : ce ne sera pas lui qui la révisera dans la suite de son pontificat, mais certains de ses successeurs.

    "Dans l'Église catholique, il y a déjà des prêtres mariés : tout le rite oriental est marié. Ici, à la Curie, nous en avons un qui a une femme et un enfant. Il n'y a pas de contradiction pour un prêtre à pouvoir se marier", avait déclaré Bergogio dans l'interview précédente. Un concept réitéré par le souverain pontife lors de cette nouvelle conversation.

    Permettre aux prêtres de se marier "est une possibilité qui existe dans l'Église catholique, dans toute la partie orientale de l'Église catholique. Je ne sais pas s'il y aura une ouverture ou non, mais c'est une possibilité qui peut être ouverte. En fait, dans l'histoire de l'Église, il y a eu des concessions locales sur cette question, même de notre part", a expliqué François, ajoutant : "Nous verrons quand le moment sera venu pour un pape de réexaminer la question, je n'ai toujours pas envie de la réexaminer, mais il s'agit évidemment d'une question de discipline et non d'un dogme".

    Poursuivant sa réflexion sur les prêtres, au journaliste qui lui demandait si l'on pouvait être "des bergers à l'odeur de brebis" au Vatican, comme il l'a dit à plusieurs reprises, le pape François a répondu que c'était possible et a rappelé l'exemple du cardinal Casaroli qui, à l'époque de Jean XXIII, en plus de son travail fructueux de haut diplomate, visitait également une prison pour mineurs le dimanche. "C'est la grande politique ecclésiale de l'Église", a-t-il souligné.

  • Qu'est-ce que la sagesse bénédictine aurait à dire à notre monde d'aujourd'hui?

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    De KTO Télévision :

    Qu'est-ce que la Sagesse Bénédictine aurait à dire à notre monde d'aujourd'hui?

    7 mars 2023

  • "Il ne faut pas que le pape soit seulement entouré de ses amis, qui approuvent tout" (cardinal Müller)

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    Des propos recueillis par Loup Besmond de Senneville sur le site du journal La Croix :

    Cardinal Müller : « Il ne faut pas que le pape soit seulement entouré de ses amis, qui approuvent tout »

    Entretien 

    Dans un entretien accordé à La Croix, le cardinal Gerhard Müller, ancien préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi et auteur d’In buona fede. La religione nel XXI secolo (1), estime que le pape François devrait souligner davantage la dimension transcendantale de l’existence humaine. Mais il se défend d’être un « adversaire » du pape.

    12/03/2023

    La Croix : Quel regard portez-vous sur ce pontificat, dix ans après ses débuts ?

    Cardinal Gerhard Müller : Je suis un théologien et mes catégories sont théologiques et ecclésiologiques. Je considère donc que le plus important pour l’Église est d’annoncer l’Évangile de la volonté universelle de Dieu de délivrer tous les hommes du péché et de la mort. En ces temps de sécularisation, ce qui me semble primordial est d’annoncer l’importance fondamentale de Jésus-Christ comme médiateur entre Dieu et tous les hommes.

    La mission d’un pape, comme principe et base visible de l’unité de l’Église dans la foi en Christ, la Parole de Dieu faite chair, comme on peut le lire dans la constitution Lumen gentium de Vatican II, relève donc du plan théologique, plus que du plan sociologique ou social.

    Jésus n’est ni un prophète, ni le fondateur d’une religion. Il est le fils de Dieu. Cela veut dire qu’il nous faut annoncer toutes les vérités de la foi chrétienne : la Trinité, le salut pour tous les fidèles. C’est cela qui constitue la mesure pour évaluer chaque pontificat.

    Le pape François est un prédicateur qui emploie des paroles simples, et a cette capacité de s’adresser aux gens simples, et pas seulement aux théologiens et aux intellectuels. Mais il serait aussi très nécessaire de pouvoir répondre à notre monde moderne, un monde post-chrétien et antichrétien dans lequel nous vivons, particulièrement en Occident, en annonçant Jésus-Christ. L’écologie est un thème important, de même que le climat et les migrations. Mais ces thématiques ne doivent pas faire oublier que l’amour pour le prochain trouve ses fondements dans l’amour pour Dieu. Cette dimension transcendantale, divine, doit être soulignée, plus élaborée.

    Dans votre livre, vous reprochez au pape François de manquer d’un fondement théologique. Pourquoi ?

    Card. G. M. : Le rôle du pape n’est pas forcément de faire de la théologie au sens académique du terme. Mais la dimension théologique et le rappel de la transcendance de l’existence humaine doivent être présents dans le discours. Nous vivons dans un monde marqué par le naturalisme et le sécularisme, qui a oublié la transcendance. Nous avons été créés avec un corps, dans une situation particulière, dans une époque donnée, avec une dimension sociologique.

    Mais nous ne nous arrêtons pas à ces aspects. La mission du pape, mais aussi des évêques et des prêtres, est de transcender cette immanence. C’est en ce sens que le concile Vatican II parle de l’orientation universelle transcendante de l’homme. Cela consiste à humaniser l’homme par la grâce surnaturelle. C’est la mission de l’Église aujourd’hui. L’originalité chrétienne consiste précisément dans l’alliance entre la nature et la grâce, la raison et la foi.

    L’Église a pour mission de donner des réponses concrètes sur tout ce qui concerne les grands défis de notre monde contemporain, comme le transhumanisme ou l’effacement de la différence fondamentale et structurante entre l’homme et la femme. Aujourd’hui, nous sommes face à un nouveau totalitarisme idéologique.

    Pourtant, le pape dénonce régulièrement la culture du déchet et parle de ces questions. Cela n’est-il pas suffisant ?

    Card. G. M. : Le pape parle, par exemple, contre l’avortement, mais il n’existe aucune initiative d’ampleur en la matière. Il faudrait que le Vatican coordonne une défense de l’anthropologie chrétienne. De l’autre côté, ceux qui promeuvent le transhumanisme et la réduction de l’homme à sa seule dimension économique sont très organisés. En dehors de toute dimension philosophique et anthropologique de l’homme.

    Aujourd’hui, nous aurions besoin d’une nouvelle grande encyclique, pour développer une vision morale forte, non pas pour contredire les évolutions modernes, mais pour les intégrer. Nous ne sommes pas contre la médecine et la communication, mais notre rôle est d’humaniser ces moyens techniques. Les techniques sont faites pour l’homme, et non l’homme pour la technique.

    Que répondez-vous à ceux qui disent que vous êtes l’adversaire du pape ?

    Card. G. M. : Un évêque ne peut pas être l’adversaire du pape. C’est contre sa mission. Il n’existe aucun théologien ou cardinal qui soit plus favorable à la papauté que moi. J’ai écrit des livres sur la structure sacramentelle de l’Église à la suite de Vatican II. Mais, dans l’histoire, il faut reconnaître que certains papes ont aussi commis des fautes. Cela a par exemple été le cas au Moyen Âge. Certains papes ont aussi passé plus de temps à faire de la politique, par exemple en défendant les États pontificaux, qu’à s’occuper de l’Église du Christ. En son temps, le cardinal Roberto Bellarmino a critiqué les papes, non pas pour déstabiliser la papauté mais pour éclairer sa mission.

    Il est très important que tous les papes disposent de bons conseillers. En effet, un pape est seulement un homme, avec toutes les possibilités et les limites qui sont les siennes, en tant que personne. C’est pourquoi il revient au Collège des cardinaux de préparer les décisions et de conseiller les papes. Et pour cela, il ne faut pas que le pape soit seulement entouré de ses amis, qui approuvent tout et attendent une récompense en retour.

    C’est le cas aujourd’hui ?

    Card. G. M. : Tous ont été nommés par François selon son opinion personnelle, et non en fonction de leurs compétences théologiques et pastorales. C’est un peu la critique entendue de toutes parts.

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    (1) Cardinal Gerhard Müller, In buona fede. La religione nel XXI secolo (« De bonne foi. La religion au XXIe siècle »), avec Franca Giansoldati, Éd. Solferino, 2023

  • Dix ans d'un pontificat contrasté, entre autoritarisme et volonté d'ouverture

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    De Jean-Marie Guénois sur le site du Figaro via Il Sismografo :

    Entre autoritarisme et volonté d’ouverture, dix ans d’un pontificat contrasté pour le pape François

    Après une décennie sur le siège de Pierre, François déconcerte nombre de catholiques par ses décisions. Alors que le pape rêve d’une Église plus «synodale», un vent de contestation venu d’Allemagne vient gâter cet anniversaire.

    Ce lundi, François passe le cap d’une décennie sur le siège de Pierre. C’est un jour férié au Vatican. À 8 heures, il célèbre une simple messe quotidienne, qu’il a voulue à l’abri des regards, dans la résidence Sainte-Marthe, en compagnie des cardinaux exceptionnellement invités. Discret liturgiquement, François s’est en revanche montré prolixe médiatiquement ces derniers jours. Il a accordé de multiples interviews à la presse: six en deux jours, du jamais vu. Il s’efforce de justifier son action car il sait l’Église catholique tourmentée, divisée sur son pontificat.

    À Rome, cet anniversaire révèle les flatteurs et déprime les aigris: «C’est le prophète vraiment adapté à notre temps», assure Mgr Vincenzo Paglia, un de ses prélats italiens de confiance. «Ce pontificat est une catastrophe», avait au contraire affirmé, sous anonymat, le cardinal australien George Pell. Des propos qui ont été authentifiés après sa mort, le 10 janvier dernier. Le cardinal brésilien Scherer, lui, reconnaît que l’actuelle situation est «antagoniste et polarisée» dans l’Église.

    Dix années… L’âge de la maturité pour un pontificat. Les contours de l’action du pape sont précis, les promesses cheminent, les fruits apparaissent, les échecs sont connus. Pourtant, le rayonnement et la postérité d’un pape sont tels qu’il est trop tôt pour établir un bilan. L’ampleur spirituelle échappe à la mesure des géomètres. Pour l’heure, seul un état des lieux est possible. En commençant par la genèse du pontificat: son élection, qui éclaire cette décennie.

    Les cardinaux les plus âgés, qui célèbrent la messe d’anniversaire autour du pape, ne manqueront pas de se souvenir du 13 mars 2013. Après cinq tours de scrutin, par 85 voix (20 pour le cardinal italien Scola, 8 pour le cardinal canadien Ouellet, 2 pour le cardinal italien Vallini), le cardinal Bergoglio, argentin, était élu 266e pape de l’histoire de l’Église catholique.

    La méthode est aussi importante que le but

    Mais au premier tour de scrutin, le soir du mardi 12 mars, l’archevêque de Milan, le cardinal Angelo Scola - favori, considéré comme le candidat de Benoît XVI - était arrivé en tête avec 30 voix, devant Bergoglio, 26 voix, Ouellet, 22 voix, O’Malley, archevêque de Boston, 10 voix, et Scherer, brésilien, 4 voix. Les données chiffrées de ce conclave sont extraites d’un livre de référence sur le sujet, rédigé par le journaliste anglais Gerard O’Connell, ami personnel du pape actuel, L’Élection du pape François, publié en 2019 en anglais, et un an plus tard en France (Artège). Des données fiables.

    On sait par d’autres sources jamais démenties que, en 2005, le cardinal Ratzinger avait été élu pape avec 84 voix et que son outsider, un certain Bergoglio, avait recueilli 26 voix. Il est capital de saisir que ces 26 cardinaux réformistes, déjà à la manœuvre en 2005 et représentant un quart des électeurs, ont maintenu le même bloc uni en 2013 pour soutenir leur candidat jésuite. Ils avaient alors bénéficié, pour renverser la vapeur, de la division et de la déroute des classiques et des conservateurs, encore sidérés par la renonciation inattendue de Benoît XVI.

    Le pontificat d’un pape d’une «Église pauvre pour les pauvres», comme il l’annonçait trois jours après son élection, en ayant choisi le nom de François en référence au «Poverello» d’Assise, pouvait alors s’annoncer comme foncièrement réformateur, même si la mise en œuvre allait s’avérer très prudente.

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  • Le Pape François, dix ans de tourmente et de perplexité

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    De Stefano Fontana sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    Le Pape François, dix ans de tourmente et de perplexité

    13-03-2023

    Les dix années de pontificat de François, entre tactiques marquées par le mouvement, primat de la praxis, pastoralisme, relativisme moral : des processus qui auraient dû produire quelques vérités nouvelles, ont en réalité scandalisé, embrouillé les esprits et les cœurs et désarticulé l'unité ecclésiale. Et la synodalité, le nouveau dogme, est la synthèse d'un processus dans lequel le moyen compte plus que la fin.

    La décennie de pontificat de François qui s'achève ces jours-ci a suscité un vif mécontentement. C'est comme si quelqu'un était intervenu pour bouleverser toutes les cartes sur la table, laissant tout le monde sans voix tant pour la méthode utilisée que pour les nouveaux contenus concernant des points très sensibles de la foi catholique. Méthode et nouveaux contenus se répondent, au point que la méthode devient contenu et vice-versa.

    Ce fut dix ans de tactique marquées par le mouvement : dire et ne pas dire, affirmer et se rétracter, avancer en disant que l'on recule, faire dire aux autres ce que l'on voudrait dire soi-même, ouvrir et fermer, accepter et condamner, dire et contredire. Au moment où l'on croit avoir compris, François est passé à autre chose. Une de ses interviews venait d'être lue et il en avait déjà donné une autre d'une teneur différente. Dans les entretiens avec Scalfari, on ne sait jamais très bien ce que l'un a dit et ce que l'autre a dit. Les citations de la Bible et du Magistère, souvent partielles et inexactes, les notes de bas de page utilisées pour provoquer de grands changements sans les faire apparaître, les phrases aux mille nuances, l'amour pour ceux qui sont loin et le bourrage d'oreille pour ceux qui sont proches, les commissariats interminables, les interventions politiques, la protection de personnages douteux, la promotion des doutes de la foi faite sans cultiver aucun doute... voilà quelques exemples d'une méthode qui a suscité la perplexité.

    Il est illusoire d'attribuer cette façon de faire au seul tempérament personnel de Bergoglio ou à son jésuitisme. Les changements destinés à rattraper deux cents ans de retard par rapport au monde ont certes nécessité des actes officiels de modification du contenu, comme Amoris laetitia ou la déclaration d'Abu Dahbi, mais aussi des changements dans la praxis et les modes de pensée qu'ils induisent. La relation circulaire entre praxis et théorie, pastorale et doctrine, n'est en effet pas un chapitre particulier de ce pontificat, mais sa ligne directrice. C'est pourquoi le trouble s'est également produit par le biais de la communication et d'un changement de perspective sur le contenu.

    C'est précisément parce qu'il comprend la doctrine dans le cadre de la pastorale que François a été intolérant avec les dogmatiques, les doctrinaires, les rigides, et ouvert avec les aventuriers, les innovateurs, les intolérants. Pour cette même raison, son pontificat a été anti-métaphysique. La 'Fides et ratio' Wojtyla-Ratzinger a été efficacement réduite au silence. Dès son élection, François a déclaré que Kasper était "un grand théologien" et Kasper, à la veille des deux synodes sur la famille, a dit aux cardinaux qu'il n'y a pas de divorcés remariés mais tel ou tel couple de divorcés remariés. C'était la déclaration que la réalité et la morale ne se prêtent pas à une connaissance universelle, comme le font les connaissances fondées sur la métaphysique, et que la norme est toujours à l'intérieur d'une situation, de sorte que chaque situation individuelle devait être rencontrée de l'intérieur et non plus jugée. C'est le pastoralisme qui s'est débarrassé de la doctrine, c'est le postulat de la philosophie nominaliste : l'expérience est faite de situations absolument singulières qui ne peuvent donc pas être jugées. Mais le nominalisme, c'est la philosophie de la Réforme protestante. Après Amoris laetitia, en effet, c'est la conscience du sujet qui est au centre de la vie morale.

    Cela fait également taire 'Veritatis splendor'. Au cours de cette décennie, des changements substantiels ont eu lieu dans la théologie morale catholique, tous dans le sens du remplacement du jugement, qui part de la norme et de la réalité, par le discernement, qui part de la situation et de la conscience. Les commandements du Christ se transforment en idéaux, le péché par exclusion de la grâce devient une étape inadéquate de la vie, la nouvelle loi n'exige pas le respect de la loi naturelle, mais la réinterprète, l'Église doit écouter, intégrer, accompagner sur les chemins de l'existence, et rien d'autre. Dans cette praxis sans contenu, ce serait de la proclamation, la référence au contenu serait plutôt du prosélytisme ou de l'idéologie. Cette nouvelle vision de la théologie morale finit par négliger le naturalisme chrétien, déclarant même dépassée la Doctrine sociale de l'Église dans sa version traditionnelle.

    Le pastoralisme a provoqué divers processus qui n'étaient guère guidés par la doctrine, mais qui étaient souvent de nature expérimentale, pensant qu'en ayant une base populaire, ils pourraient intercepter et vivre les suggestions de l'Esprit dans leur cheminement existentiel. Même ces processus, comme le Synode allemand, pour rappeler le plus perturbateur, qui a commencé et s'est ensuite inévitablement compliqué, ont été très déconcertants. Ils n'ont pas été gouvernés à la lumière de la doctrine traditionnelle et au nom de la primauté de Pierre. Ils ont été provoqués et vécus comme des processus qui, à partir d'une confrontation dialectique, auraient dû produire de nouvelles vérités, au moins sur le plan pastoral. Mais au lieu de cela, ils ont scandalisé, confondu les esprits et les cœurs et désarticulé l'unité ecclésiale. Les répercussions négatives sur la conception même du rôle de la papauté sont inquiétantes.

    Tous ces éléments ont convergé dans la perspective de la synodalité, qui est peut-être le trait le plus expressif de la décennie qui vient de s'achever. D'une part, elle est proposée comme un nouveau dogme et une panacée, d'autre part, elle est comprise comme une nouvelle aventure dans laquelle l'essentiel est de savoir comment nous vivons ensemble plutôt que pourquoi et dans quel but. Nous revenons ainsi à la confusion entre théorie et praxis, à l'immanence de la doctrine dans la pastorale, à la coïncidence de la méthode et du contenu.

    Il ne fait aucun doute que l'Église se rétablira. Mais les bouleversements ont eu lieu et laissent derrière eux une grande perplexité.

  • Le pape François : L'idéologie du genre est "l'une des colonisations idéologiques les plus dangereuses" aujourd'hui

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    De Courtney Mares sur Catholic News Agency :

    Le pape François : L'idéologie du genre est "l'une des colonisations idéologiques les plus dangereuses" aujourd'hui
     
    11 mars 2023

    Le pape François a déclaré que l'idéologie du genre est "l'une des colonisations idéologiques les plus dangereuses" aujourd'hui.

    Dans un entretien avec la journaliste Elisabetta Piqué pour le quotidien argentin La Nación, le pape François a expliqué le raisonnement qui sous-tend cette déclaration forte.

    "L'idéologie du genre est aujourd'hui l'une des colonisations idéologiques les plus dangereuses", a déclaré le pape François dans l'entretien publié dans la soirée du 10 mars.

    "Pourquoi est-elle dangereuse ? Parce qu'elle estompe les différences et la valeur des hommes et des femmes", a-t-il ajouté.

    "Toute l'humanité est la tension des différences. C'est à travers la tension des différences qu'il faut grandir. La question du genre dilue les différences et rend le monde identique, tout terne, tout semblable, ce qui est contraire à la vocation humaine."

    Le pape François a souvent utilisé le terme de "colonisation idéologique" au cours des dix années de son pontificat, en particulier pour décrire les cas où l'aide financière aux pays en développement a été liée aux contraceptifs, à l'avortement, à la stérilisation et aux idéologies de genre.

    Lors d'une conversation avec des évêques polonais en 2016, le pape François a déclaré : "Aujourd'hui, les enfants - les enfants - apprennent à l'école que chacun peut choisir son sexe. Pourquoi enseignent-ils cela ? Parce que les livres sont fournis par les personnes et les institutions qui vous donnent de l'argent. Ces formes de colonisation idéologique sont également soutenues par des pays influents. Et c'est terrible !"

    Le pape a déclaré à Mme Piqué qu'il n'était pas en train de rédiger une nouvelle encyclique et a nié qu'on lui ait demandé d'écrire un document sur le thème du genre.

    S'il n'est pas en train d'écrire quelque chose sur l'idéologie du genre, le pape a déclaré qu'il parlait de ce sujet "parce que certaines personnes sont un peu naïves et croient que c'est la voie du progrès".

    Il a ajouté qu'elles "ne distinguent pas ce qui est respect de la diversité sexuelle ou des diverses préférences sexuelles de ce qui est déjà une anthropologie du genre, qui est extrêmement dangereuse parce qu'elle élimine les différences, et qui efface l'humanité, la richesse de l'humanité, à la fois personnelle, culturelle et sociale, les diversités et les tensions entre les différences".

    Le pape a souligné qu'il fait toujours la distinction "entre ce qu'est la pastorale pour les personnes qui ont une orientation sexuelle différente et ce qu'est l'idéologie du genre".

    "Ce sont deux choses différentes", a-t-il ajouté.

    Lorsque Mme Piqué a demandé au pape François s'il savait qu'en Argentine, on demandait aux gens d'indiquer sur les formulaires officiels s'ils étaient de sexe masculin, féminin ou non binaire, le pape a répondu que cela lui rappelait le roman "futuriste" Lord of the World, écrit par Mgr Robert Hugh Benson en 1907.

    Il a déclaré que le livre présente l'idée d'"un avenir dans lequel les différences disparaissent et où tout est identique, tout est uniforme, un seul dirigeant du monde entier".

    Dans l'interview accordée à La Nación - la troisième interview papale publiée le 10 mars - le pape François est également revenu sur les dix ans de son pontificat, ses préoccupations concernant la guerre en Ukraine et la raison pour laquelle il ne s'est pas rendu dans son pays natal, l'Argentine.

    À quelques jours du 10e anniversaire de son pontificat, le 13 mars, le pape s'est dit particulièrement heureux de l'héritage de sa "ligne pastorale de pardon et de compréhension des gens, pour faire de la place à tous dans l'Église".

    Interrogé sur les erreurs qu'il aurait pu commettre au cours des dix dernières années, le pape a regretté d'avoir parfois perdu patience.

    Courtney Mares est correspondante à Rome pour l'Agence de presse catholique. Diplômée de l'université de Harvard, elle a réalisé des reportages dans des bureaux de presse sur trois continents et a reçu la bourse Gardner pour son travail avec les réfugiés nord-coréens.

  • Dieu a soif de notre foi et il veut que nous trouvions en Lui la source de notre bonheur authentique

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    (en visite à la paroisse romaine Sainte Marie Libératrice (quartier du Testaccio), le dimanche 24 février 2008)

    Chers frères et sœurs,

    (...) Dans les textes bibliques d'aujourd'hui, troisième Dimanche de Carême, les éléments de méditation plus que jamais indiqués pour cette circonstance significative nous sont utiles. A travers le symbole de l'eau, que nous retrouvons dans la première lecture et dans le passage évangélique de la Samaritaine, la Parole de Dieu nous transmet un message toujours vivant et toujours actuel: Dieu a soif de notre foi et il veut que nous trouvions en Lui la source de notre bonheur authentique. Le risque de chaque croyant est celui de pratiquer une religiosité non authentique, de ne pas chercher la réponse aux attentes les plus profondes du cœur en Dieu, d'utiliser au contraire Dieu comme s'il était au service de nos désirs et de nos projets.

    Dans la première lecture, nous voyons le peuple juif qui souffre du manque d'eau dans le désert et, pris par le découragement, comme en d'autres circonstances, il se plaint et réagit de manière violente. Il en arrive à se rebeller contre Moïse, il en arrive presque à se rebeller contre Dieu. L'auteur saint rapporte ce qui suit: "Ils mirent Yahvé à l'épreuve en disant: "Yahvé est-il au milieu de nous, ou non?"" (Ex 17, 7).

    Le peuple exige de Dieu qu'il aille à la rencontre de ses attentes et de ses exigences, plutôt que de s'abandonner avec confiance entre ses mains, et dans l'épreuve il perd confiance en Lui. Combien de fois cela arrive-t-il également dans notre vie; dans combien de circonstances, au lieu de nous conformer docilement à la volonté divine, nous voudrions que Dieu réalise nos desseins et exauce chacune de nos attentes; dans combien d'occasions notre foi manifeste-t-elle sa fragilité, notre confiance sa faiblesse, notre religiosité sa contamination par des éléments magiques et purement terrestres. En ce temps quadragésimal, alors que l'Eglise nous invite à parcourir un itinéraire de conversion véritable, accueillons avec une humble docilité l'avertissement du Psaume responsorial: "Aujourd'hui si vous écoutiez sa voix! N'endurcissez pas vos cœurs comme à Meriba, comme au jour de Massa dans le désert, où vos pères m'éprouvaient, me tentaient, alors qu'ils me voyaient agir" (Ps 94, 7-9).

    Le symbolisme de l'eau revient avec une grande éloquence dans la célèbre page évangélique qui raconte la rencontre de Jésus avec la samaritaine à Sicar, près du puits de Jacob. Nous saisissons immédiatement un lien entre le puits construit par le grand patriarche d'Israël pour assurer l'eau à sa famille et l'histoire du salut dans laquelle Dieu donne à l'humanité l'eau qui jaillit pour la vie éternelle. S'il existe une soif physique indispensable pour vivre sur cette terre, existe également chez l'homme une soif spirituelle que seul Dieu peut combler. Cela transparaît clairement du dialogue entre Jésus et la femme venue puiser de l'eau au puits de Jacob. Tout commence par la question de Jésus: "Donne-moi à boire" (cf. Jn 4, 5-7). Cela semble à première vue la requête d'un peu d'eau, sous le soleil de midi. En réalité, avec cette question, qui s'adresse qui plus est à une femme samaritaine - les relations entre les juifs et les samaritains n'étaient pas bonnes - Jésus ouvre chez son interlocutrice un chemin intérieur qui fait apparaître en elle le désir de quelque chose de plus profond. Saint Augustin commente: "Celui qui demandait à boire, avait soif de la foi de cette femme" (In Io ev. Tract. XV, 11: PL 35, 1514). En effet, à un certain point, c'est la femme elle-même qui demande de l'eau à Jésus (cf. Jn 4, 15), manifestant ainsi que dans chaque personne il y a un besoin inné de Dieu et du salut que Lui seul peut combler. Une soif d'infini qui ne peut être étanchée que par l'eau que Jésus offre, l'eau vive de l'Esprit. Dans quelques instants, nous écouterons ces paroles dans la préface: Jésus "demanda à la femme de Samarie de l'eau à boire, pour lui faire le grand don de la foi, et de cette foi il eut une soif si ardente qu'il alluma en elle la flamme de l'amour de Dieu".

    Chers frères et sœurs, dans le dialogue entre Jésus et la samaritaine nous voyons tracé l'itinéraire spirituel que chacun de nous, que chaque communauté chrétienne est appelée à redécouvrir et à parcourir constamment. Proclamée en ce temps quadragésimal, cette page évangélique prend une valeur particulièrement importante pour les catéchumènes déjà proches du Baptême. Ce troisième dimanche de Carême est en effet lié à ce qu'on appelle le "premier scrutin", qui est un rite sacramentel de purification et de grâce. La samaritaine devient ainsi la figure du catéchumène illuminé et converti par la foi, qui aspire à l'eau vive et qui est purifié par la parole et par l'action du Seigneur. Mais nous aussi, qui sommes déjà baptisés mais toujours en chemin pour devenir de véritables chrétiens, nous trouvons dans cet épisode évangélique un encouragement à redécouvrir l'importance et le sens de notre vie chrétienne, le véritable désir de Dieu qui vit en nous. Jésus veut nous conduire, comme la samaritaine, à professer notre foi en Lui avec force, afin que nous puissions annoncer et témoigner à nos frères la joie de la rencontre avec Lui et les merveilles que son amour accomplit dans notre existence. La foi naît de la rencontre avec Jésus, reconnu et écouté comme le Révélateur définitif et le Sauveur, dans lequel se révèle le visage de Dieu. Une fois que le Seigneur a conquis le cœur de la samaritaine, son existence est transformée et elle court sans attendre pour transmettre la bonne nouvelle à son peuple (cf. Jn 4, 29). (...)

    Et, dans un discours improvisé au même endroit le même jour :

    Aujourd'hui nous avons lu un passage de l'Evangile très actuel. La femme samaritaine dont il parle peut apparaître comme une représentante de l'homme moderne, de la vie moderne. Elle a eu cinq maris et vit avec un autre homme. Elle faisait un large usage de sa liberté, mais cependant elle ne devenait pas plus libre, elle devenait même plus vide. Mais nous voyons aussi que cette femme avait le vif désir de trouver le véritable bonheur, la véritable joie. C'est pourquoi elle était toujours inquiète et s'éloignait toujours plus du véritable bonheur.

    Mais cette femme, qui vivait une vie apparemment si superficielle, également éloignée de Dieu, au moment où le Christ lui parle, révèle qu'au plus profond de son cœur elle conservait cette question sur Dieu:  qui est Dieu? Où pouvons-nous le trouver? Comment pouvons-nous l'adorer? Dans cette femme, nous pouvons voir tout le reflet de notre vie d'aujourd'hui, avec tous les problèmes qui la concernent; mais nous voyons également que dans la profondeur du cœur se trouve toujours la question de Dieu et l'attente qu'Il se montre d'une autre façon.

    Notre activité est réellement l'attente; nous répondons à l'attente de ceux qui attendent la lumière du Seigneur, et en donnant la réponse à cette attente nous aussi nous grandissons dans la foi et pouvons comprendre que cette foi est l'eau qui étanchera notre soif.

  • Lève-toi, Seigneur (graduel du 3e dimanche du carême)

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    Graduale Graduel
    Ps. 9, 20 et 4.  
    R/. Exsúrge * Dómine, non praeváleat homo: iudicéntur gentes in conspéctu tuo. V/. In converténdo inimícum meum retrórsum, infirmabúntur, et períbunt a fácie tua. R/. Lève-Toi, Seigneur ; que l’homme ne triomphe pas ; que les nations soient jugées devant Ta face. V/. Parce que Tu as fait retourner mon ennemi en arrière, ils vont être épuisés, et ils périront devant Ta face.

    Messe du dimanche 15 mars 2020 - IIIème dimanche de Carême

  • Dieu a soif de nous (3ème dimanche du carême)

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    Voilà la réalité que nous montre aujourd’hui l’évangile  : Jésus vient s’asseoir à côté de vous et vous dit  : j’ai soif ! Vous êtes tout étonné, étonnée, car vous vous demandez ce que le Fils de Dieu peut bien attendre de vous. Et pourtant, il faut que nous le sachions tous, le Christ a besoin de nous, il a besoin de notre amour. Sa soif, c’est que nous l’aimions en retour de ce qu’il nous aime. Et même, pour découvrir combien il nous aime il nous faut entrer dans ce choix de l’amour envers lui. Le Christ nous dit  : donne-moi ton cœur car j’ai tant à te donner. J’ai à te donner l’eau vive, qui jaillira en toi comme une source de joie et de paix, pour la vie éternelle.

    Vous me direz  : mais comment aimer le Christ et le Père que nous ne voyons pas. La Samaritaine au bord du puits se demandait la même chose. Jésus lui a répondu que c’était maintenant l’heure des adorateurs en esprit et en vérité. Dire à Dieu de tout son esprit et de tout son cœur  : je t’adore, je t’aime tellement ! « Prier, c’est penser à Dieu en l’aimant » disait sainte Thérèse d’Avila, que Jean-Paul II aimait répéter. Alors nous savons comment aimer, adorer Dieu, car nous savons bien comment penser à quelqu’un en l’aimant. Il ne nous reste plus qu’à le faire, à prendre 10 minutes ou plus pour nous arrêter et penser à Dieu en l’aimant, lui donnant ainsi l’occasion de remplir notre cœur, d’une façon secrète que lui seul connaît, d’une façon pourtant efficace, durable et profonde.

    Le Christ a soif de nous, soif de nous combler si nous lui ouvrons notre cœur, si nous lui permettons d’entrer par la porte de notre cœur. Cela nécessite de faire la vérité sur nous-mêmes. Mais vous avez vu avec quelle délicatesse Jésus faisait la vérité dans la vie de la Samaritaine. Nous pouvons accepter qu’il fasse de même pour nous, car son amour libère en nous mettant face à nos limites et en nous révélant que nous sommes aimés par-delà ou indépendamment de cela. Un chemin d’intimité et de joie s’ouvre devant nous, dans lequel une fois que nous avons commencé de le parcourir nous pourrons entraîner d’autres qui ont soif de la vraie vie.

  • Lettre ouverte à propos des dénonciations devenues folles dans l'Eglise

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    Lettre ouverte à propos des dénonciations devenues folles dans l'Eglise (23 mn) 

    https://youtu.be/dy86kmBsWLw 

    Arnaud Dumouch, 10 mars 2023 

    Des évêques perdus, paralysés par la peur d'être dénoncés dans le journal "La Croix" pour passivité. 

    Des promesses épiscopales d'indemnités en argent si on dénonce.  

    Des dénonciations souvent calomnieuses, prises comme paroles d'évangile, sans vérification, sans possibilité de se défendre, souvent relayées par une Presse catholique se croyant vertueuse. 

    Des suicides de prêtres. 

    Des dénonciations de morts, comme aux pires époques du IX° s et des procès cadavériques.  

    Des commissions d'experts se proclamant "psychiatres", posant des diagnostiques sur des prêtres morts depuis longtemps, au mépris de la science médicale qui doit rencontrer le patient.  

    Cette lettre est un appel aux évêques pour qu'ils se reprennent, usent de leur autorité et obéissent aux directives canoniques données par le pape François en cas de suspicion de crime.