Ce qui n'a pas l'air de réjouir Lauric Henneton ne peut manquer de susciter de sérieux espoirs, notamment en ce qui concerne la protection de la vie à naître...
De Paul Sugy sur le Figaro Vox :
Démission du juge Kennedy de la Cour suprême : la fin d'une ère progressiste aux États-Unis ?
FIGAROVOX/ENTRETIEN - Lauric Henneton décrypte l'importance de la nomination prochaine d'un nouveau juge à la Cour suprême. Si pour le Trump l'enjeu est d'abord électoral, les conservateurs espèrent se saisir de l'occasion pour renverser cinquante années de réformes progressistes.
Lauric Henneton est maître de conférences à l'Université de Versailles Saint-Quentin. Il est l'auteur de La fin du rêve américain? (Odile Jacob, 2017).
FIGAROVOX.- Le juge Anthony Kennedy a annoncé son départ à la retraite, ce qui laisse à Donald Trump le pouvoir de nommer à vie l'un des neuf juges qui détiennent le pouvoir juridique suprême dans le pays. Faut-il s'attendre à ce que la Cour bascule définitivement du côté des conservateurs ?
Lauric HENNETON.- Oui, il est probable que Donald Trump désigne un juge plutôt conservateur, car c'est là qu'est son intérêt électoral. Autant, dans sa période new-yorkaise, Trump était bien plus progressiste dans ses positions et n'avait pas grand-chose en commun avec un évangélique de l'Arkansas par exemple… autant, depuis qu'il est élu, il a su habilement changer de convictions sur des sujets jugés fondamentaux par une large composante de son électorat: l'avortement, par exemple.
Tout l'enjeu pour lui est de montrer qu'il est le Président qui tient ses promesses, et de fait, la nomination de juges conservateurs à la Cour suprême est un élément-clé pour lui permettre de tenir de nombreux engagements pris durant sa campagne: sur les lois fiscales, les droits de douane et le protectionnisme, le Mexique… Sur Twitter, Trump joue sur cette ligne-là en égrenant à longueur de temps la liste des promesses qu'il a tenues, et c'est en effet un argument très fort à l'approche des élections de mi-mandat, où Trump est loin d'être assuré de conserver une majorité républicaine au sénat. Alors, il cherche à tout prix à montrer qu'il est l'homme qui fait ce qu'il dit et qui dit ce qu'il fait: le transfert de l'ambassade à Jérusalem, par exemple, avait été promis de longue date, notamment par Obama, mais seul Trump a effectivement pris cette décision.
Justement, sur quels thèmes quoi vont se jouer ces élections de mi-mandat?
C'est difficile à anticiper car la vie politique américaine va très vite, au gré des événements, et certains sujets dont l'on croit un moment qu'ils vont être primordiaux disparaissent rapidement de la scène médiatique. En février par exemple, après la fusillade de Parkland et les manifestations immenses qui ont suivi, on était en droit de penser que la question du contrôle des armes à feu allait dominer la campagne des midterms… En réalité, cette question a quasiment disparu de l'actualité, bien qu'on ne soit pas à l'abri qu'elle ressurgisse à l'occasion d'une nouvelle fusillade dans une école, ou bien qu'un attentat ramène au contraire les enjeux de sécurité voire d'immigration au rang des priorités médiatiques.