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Histoire - Page 44

  • Faut-il canoniser tous les papes ?

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    De Giovanni Maria Vian sur Domani via Il Sismografo :

    La tentation de l'Eglise de faire de chaque pape un saint

    Bergoglio a un record qui sera presque impossible à surpasser : il est en effet le premier pape à avoir proclamé saints trois de ses prédécesseurs et à en avoir béatifié un quatrième. Cette circonstance est sans précédent et est destinée à ne pas se répéter.

    Déjà un an après son élection, en une seule cérémonie, François a canonisé Jean XXIII (Angelo Roncalli) et Jean-Paul II (Karol Wojtyła), puis en 2018 ce fut le tour de Paul VI (Giovanni Battista Montini), que Bergoglio lui-même avait béatifié exactement quatre ans plus tôt ; enfin, en 2022, il a déclaré bienheureux Jean-Paul Ier (Albino Luciani), pontife depuis un peu plus d'un mois et probable futur saint.

    Ainsi, tous les papes qui ont régné de 1958 à 2005 se sont élevés aux honneurs des autels.

    Bernard Lecomte, auteur d'une biographie fiable de Wojtyła, dans son Dictionnaire amoureux des Papes a souligné avec une emphase journalistique réussie un autre aspect de ce phénomène nouveau dans l'histoire de la sainteté : " Que dire de l'extraordinaire célébration papale organisée à Rome le 27 avril 2014 par le pape François, qui a présidé la cérémonie de canonisation de Jean XXIII et de Jean-Paul II, ayant à ses côtés son prédécesseur Benoît XVI, devenu pape "émérite" ? ". Deux papes vivants canonisant deux papes morts : cette "fête des quatre papes", sans précédent dans l'histoire, a été suivie par deux milliards de téléspectateurs !".

    Dans le contexte de cette récente sainteté papale, il a donc semblé normal à beaucoup que, lors des funérailles de Benoît XVI, quelques banderoles soient brandies par la foule avec les mots "saint maintenant", à l'instar de celles brandies en 2005 pour Jean-Paul II avec plus de détermination.

    Pour étouffer ces enthousiasmes prévisibles, le secrétaire de Joseph Ratzinger, l'archevêque Georg Gänswein, a déclaré dans ses mémoires très critiquées et largement lues qu'il n'avait personnellement aucun doute quant à sa sainteté, mais a prudemment ajouté : "Bien conscient également de la sensibilité qui m'a été exprimée en privé par Benoît XVI, je ne me permettrai pas de prendre des mesures pour accélérer un processus canonique.

    Une gloire peu fréquente

    Pas étonnant que la "sensibilité" d'un connaisseur désabusé de l'histoire comme Ratzinger. La gloire des autels n'a pas été fréquente pour les papes de Rome.

    Quiconque parcourt la liste des successeurs de l'apôtre Pierre - quelque trois cents papes et antipapes - est frappé par un fait : sur les 81 saints traditionnellement vénérés, 73 sont du premier millénaire, et pas moins de 55 d'entre eux sont concentrés dans les cinq premiers siècles.

    L'explication est simple : jusqu'au début du Moyen Âge, la papauté a également voulu se célébrer elle-même et ses origines de cette manière, idéalisée et proposée comme exemplaire.

    Certainement dans le cadre d'événements historiques complexes, récemment étudiés par Roberto Rusconi dans les sept cents pages de Saint Père (Viella) qui enquêtent sur cette histoire singulière, en arrivant à la cause du pape Wojtyła.

    Plus que d'autres, en somme, la difficile sainteté papale est une sainteté politique, à tel point qu'à son égard, l'Église de Rome a été réaliste et très prudente. Jusqu'à ces dernières décennies.

    Avant le pontificat (1939-1958) de Pie XII, en effet, seuls quatre papes après l'an 1000 étaient devenus saints. Au XIe siècle, il s'agit de l'Alsacien Léon IX - sur la tombe duquel se multiplient les prodiges et les miracles - puis de Grégoire VII, grands protagonistes de la réforme radicale dite grégorienne mais initiée et voulue par l'empire allemand.

    Deux siècles plus tard, c'est l'histoire de Célestin V, qui a quitté le trône de Pierre et est entré dans l'histoire pour la déploration par Dante de son "grand refus". Plus tard encore, Pie V, le pape qui avait favorisé l'alliance contre les Turcs vaincus en 1571 à Lépante, est proclamé saint.

    C'est Grégoire VII lui-même qui a théorisé cette sainteté papale dans le Dictatus papae, déclarant solennellement que "le pontife romain, s'il a été canoniquement ordonné, par les mérites du bienheureux Pierre devient indubitablement un saint".

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  • A Liège : Un nouveau défi pour l’association de fidèles « Sursum Corda » - La restauration de l’église du Saint-Sacrement continue….

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    A Liège, le 26 novembre 2003, l’association de fidèles « Sursum Corda » relevait son premier défi : racheter l’église du Saint-Sacrement pour pérenniser son affectation naturelle.

    Elle entreprit par la suite de réaliser un plan complet de réhabilitation de ce superbe monument du XVIIIe siècle avec l’aide des pouvoirs publics et du mécénat.

    Une première phase du chantier fut dédiée à la restauration de la façade monumentale et du parvis, d'une partie de la maçonnerie et des charpentes de la nef : elle s’est achevée en juillet 2021.

    La seconde phase porte sur la restauration du choeur et de la tour de l’église, comme on peut le lire dans les deux pièces jointes à cette information: l’une par Mgr Delville, évêque de Liège, et l’autre par M. l’abbé Marc-Antoine Dor, Recteur de l’église du Saint-Sacrement qui, l’un comme l’autre, en appellent à la générosité du public invité à se joindre à l’entreprise lancée une nouvelle fois par l’association de fidèles  « Sursum Corda »

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  • Ukraine : les graves accusations de "Tribune Juive"

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    De Louis Daufresne sur La Sélection du Jour :

    Quand Tribune Juive nous fait voyager dans l'Ukraine néo-nazie

    Un an après le début de l'invasion de l'Ukraine, Volodymyr Zelensky vient de boucler à Bruxelles une tournée triomphale en Europe, après les étapes de Londres et Paris. Charles Michel, président du Conseil européen, le gratifia d’un tweet sans équivoque : « Bienvenue chez vous, bienvenue dans l’UE ! » Ému, Zelensky écouta l'hymne ukrainien la main sur le cœur (comme un Américain) aux côté de la présidente du Parlement Roberta Metsola saluant « une journée historique pour l'Europe ». Son style, aussi étudié qu’inchangé, rompt avec les usages diplomatiques : pull ou t-shirt vert, treillis militaire et grosses rangers : de quoi impressionner la flopée d’hommes en costumes sombres étriqués. Zelensky fait rimer Rambo et héros, comme s’il représentait la sentinelle de l’Occident. « Nous nous défendons, nous vous défendons », s’écria-t-il sous des applaudissements nourris. Mais s’il remercia « personnellement » les chefs d'État et de gouvernement de l'UE de leur « soutien sans faille », il les mit aussi sous pression : « Nous avons besoin d'artillerie, de munitions, de chars modernes, de missiles à longue portée, d'avions de chasse modernes », lança-t-il.

    Sur ce terrain, Emmanuel Macron se montre prudent. Dans la nuit, le président français estimait que les avions de chasse réclamés par l'Ukraine ne pourraient « en aucun cas » être livrés « dans les semaines qui viennent », estimant que « ça ne correspond pas aujourd'hui aux besoins ». Il s’agissait pourtant du message-clé martelé par Zelensky au cours du sommet de Bruxelles et tout au long de sa tournée européenne. Pour Macron, il vaut mieux « intensifier » les livraisons des « éléments d'artillerie permettant de lancer des offensives terrestres ou de résister ».

    L’Union européenne et ses États membres évaluent à « au moins » 67 milliards d’euros leur soutien militaire, financier et humanitaire à Kiev depuis le début du conflit le 24 février 2022. Ce « soutien sans faille » est propre au temps de la guerre, de l’union sacrée à laquelle communient les media occidentaux. Dans ce climat, il est malséant de s’interroger sur le régime ukrainien, en particulier sur son rapport au nazisme. Ne regardons pas la dégaine paramilitaire de Zelensky, anecdotique. Voyons plutôt la mémoire que l’Ukraine forge dans des monuments depuis la révolution de Maïdan en février 2014.

    C’est Tribune Juive qui s’intéresse à ce sujet et on comprend pourquoi : un quart des Juifs assassinés pendant la Seconde Guerre mondiale venaient d’Ukraine. L’article provient du site juif américain The Forward, auteur d’une série « consacrée à travers le monde aux monuments à la mémoire de collaborateurs nazis ». Et en Ukraine, « on peut dire qu’ils ont été servis », note Tribune Juive. La recension fait 62 pages (!). Il s’agit d’un « voyage dans l’Ukraine néo-nazie » de ville en ville, de monument en monument, photos à l’appui : statues, bustes, plaques, noms de rue, bannières, bas-reliefs, complexes commémoratifs, musées, mémoriaux, tout y passe et la liste est longue.

    Ce qui frappe, ce sont les dates. Notez-les bien car tout cela est très récent : « Depuis (…) 2014, de nombreux monuments ont été érigés (…), parfois jusqu’à un nouveau chaque semaine », indique Tribune Juive. L’article de The Forward remonte au 27 janvier 2021, soit plus d’un an avant l’invasion russe, à un moment où le conflit dans le Donbass était fort peu couvert par les media. Et c’est « au cours des six dernières années, poursuit The Forward, [que] le pays a institutionnalisé le culte de l’Organisation paramilitaire des nationalistes ukrainiens (OUN) et de l’Armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA) ». Cette fureur mémorielle subjugue par son étendue et son intensité. En 2016, un grand boulevard de Kiev a été rebaptisé du nom de Stepan Bandera (1909-1959), « figure majeure vénérée dans l’Ukraine d’aujourd’hui »« Un changement obscène, relève The Forward, puisque la rue mène à Babi Yar, le ravin où les nazis, aidés de leurs collaborateurs ukrainiens, ont exterminé 33 771 juifs en deux jours ».

    Cette réalité interroge la conscience européenne à l’heure où Volodymyr Zelensky se voit « accueilli en héros », selon l’AFP, par les institutions de l’UE. Entendons-nous bien : parler de cette mémoire néo-nazie toujours exaltée ne revient pas à cautionner l’agression russe, ni à plaider pour le discours de Vladimir Poutine sur la dénazification de l’Ukraine. Le « soutien sans faille » à Zelensky pose juste une question existentielle à l’Europe de Bruxelles, laquelle s'est construite sur le rejet du racisme et de l’antisémitisme et le dépassement du nationalisme.

    Pour aller plus loin :

    Lev Golinkin. Monuments aux collaborateurs nazis en Ukraine. 27 Janvier 2021

    (abondamment illustré)

    >>> Lire sur Tribune Juive

  • Vermeer, un peintre catholique

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    A l'occasion d'une exposition qui se tient à Amsterdam rassemblant (presque) toutes les oeuvres de Vermeer, on peut relire l'article que Massimo Introvigne avait consacré à cet artiste capital dans la Nuova Bussola Quotidiana lors d'une exposition organisée à Rome; merci à E.W. pour sa traduction :

    Vermeer le catholique

    (...) Vermeer se convertit au catholicisme en 1653, alors qu’il n’a que 21 ans, peu avant d’épouser une jeune femme catholique. A partir de ce moment, il déménage du quartier catholique, surnommé « le coin des papistes », de sa ville natale, Delft, et pratiquera la religion catholique pour tout le reste de sa vie, malgré les vexations et les interdits auxquels celle-ci est soumise dans les Pays-Bas calvinistes à cette époque. Il appelle l’aînée de ses onze enfants Marie et son fils aîné Ignace, en l’honneur de Saint Ignace de Loyola (1491-1556).

    L’histoire de l’art ayant été écrite, elle aussi, avec de nombreux préjugés anticatholiques, même si l’on a prétendu que la conversion de Vermeer avait été superficielle, et motivée par le simple désir de plaire à son épouse et à sa belle-famille, bien plus aisée que la sienne. Certaines de ces interprétation se retrouvent dans le roman précité et dans le film « La jeune fille à la perle ». Mais il s’agissait de théories désormais dépassées. Actuellement, les spécialistes de Vermeer reconnaissent qu’il a été un catholique fidèle, et même enthousiaste.

    A la controverse sur la foi catholique de Vermeer vient se rattacher celle qui porte sur l’un des tableaux exposés à Rome : Sainte Praxède. Si cette peinture s’avère authentique, comme les organisateurs de l’exposition de Rome l’affirment sans réserve, il s’agirait du plus ancien Vermeer connu. Et, chose unique dans le cas de Vermeer, ce serait une copie d’un original de l’italien Felice Ficherelli (1605-1660). A Rome, le tableau de Ficherelli et celui de Vermeer sont exposés en vis-à-vis, ce qui permet d’apprécier la supériorité de la « copie ». De plus, dans les mains de la Sainte qui recueillent le précieux sang des martyrs à l’aide d’une éponge, Vermeer a ajouté un crucifix – symbole contesté par les protestants – et a modifié le visage du personnage, qui, selon le catalogue de l’exposition romaine, serait celui de l’épouse du peintre. Il s’agirait donc d’une célébration de la conversion de l’artiste au catholicisme, et d’un hommage à son épouse.  

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  • "L’islamisme est bel et bien un islam" (Rémi Brague)

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    Du Figaro (Alexandre Devecchio) via le site "Pour une école libre au Québec" :

    Rémi Brague : « l’islamisme est bel et bien “un islam” »

    7 février 2023

    Rémi Brague est membre de l’institut de France, normalien, agrégé de philosophie et professeur émérite de philosophie à l’université Panthéon-Sorbonne. À l’occasion de la sortie de son ouvrage le plus récent, Sur l’islam, Le Figaro s’est entretenu avec le professeur Brague.

    — La plupart du temps, le débat contemporain sur l’islam distingue islam et islamisme, comme si beaucoup d’observateurs ou de chercheurs s’interdisaient de procéder à l’examen critique des textes. Votre livre, au contraire, scrute les textes et refuse d’établir une frontière entre islam et islamisme. Pourquoi ce choix ?

    Rémi BRAGUE. — « Islamisme » était au XIXe siècle une façon anodine de désigner ce que nous appelons maintenant « islam ». C’était un « -isme » de plus à côté du judaïsme, du christianisme, et même de l’hindouisme, mot qui n’a aucun sens pour un hindou. « Islam » est un meilleur mot, parce que c’est celui que les musulmans utilisent, à la différence, par exemple, de « mahométisme », qui est choquant pour eux. Pour moi, ce que nous appelons maintenant « islamisme » n’est pas « l’islam », tout l’islam. Le français a la chance d’avoir deux articles, défini et indéfini. Je dis donc, en revanche, que l’islamisme est bel et bien « un islam ». Et un islam que je n’ai aucune raison de rejeter au-dehors. Qui serais-je, d’ailleurs, pour me permettre de l’exclure ? Ses partisans se considèrent eux-mêmes comme de bons musulmans, voire comme de meilleurs musulmans que les autres, qu’ils accusent d’une tiédeur capitularde. Et leur islam ressemble beaucoup à celui que pratiquait Mahomet lui-même, tel que nous le présente la biographie la plus ancienne que nous possédons de lui. C’est en tout cas ce que les gens du prétendu « État islamique en Irak et en Syrie » (Daech) ne manquaient pas de rétorquer aux critiques qui leur venaient d’al-Azhar et d’ailleurs. Il fallait donc regarder du plus près possible les textes faisant autorité auxquels se sont référés les musulmans à travers les siècles.

    — Vous avez choisi d’ouvrir votre livre par un chapitre consacré au terme « islamophobie ». En quoi ce terme alimente-t-il la confusion ?

    — Je dois bien avouer m’être un peu « lâché » dans ledit chapitre inaugural, voire m’y être soulagé. L’usage répétitif du mot « islamophobie » a en effet le don de m’exaspérer. Il permet de tout mélanger, alors que les philosophes aiment distinguer : confondre la religion avec ceux qui la professent, confondre le système dogmatique et juridique de cette religion avec la civilisation qu’il a marquée, voire dominée, mettre dans le même sac (en l’occurrence une poubelle) le racisme bête (si j’ose ce pléonasme) envers les immigrés et l’étude historico-critique des textes sacrés sur lesquels repose la religion, etc. Il interdit tout dialogue, puisqu’une « phobie » est toujours une forme de dérangement mental, et l’on ne perd pas son temps à discuter avec un aliéné. Enfin, le brandir comme une arme, ce que l’on fait le plus souvent, témoigne d’une mentalité paternaliste, quasiment néocolonialiste. On sous-entend que les musulmans seraient trop bêtes ou trop « princesse au petit pois » pour accepter un regard ne serait-ce qu’un peu distant sur leur religion.

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  • Le Congo belge : une "colonie modèle"

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    D'Emizet François Kisangani, économiste et politologue, Professeur à l'Université de Kansas (USA), auteur de "The Belgian Congo as a developmental state : revisiting colonialism", sur la Libre du 7 février 2023, pp. 32-33.

    Pourquoi le Congo belge était une "colonie modèle"

    Stabilité politique, infrastructures (routes, voies ferrées, eau potable…), industrie manufacturière, santé publique, éducation : le Congo belge (1908-1959) était tellement développé qu’on l’appelait "Poto Moyindo" ou "l’Europe noire". Des kleptocrates postcoloniaux ont transformé ce pays en "enfer sur terre".

    Dans l’une de ses fameuses chansons, le père de la musique congolaise Antoine Wendo avait décrit le Congo belge de l’après-guerre comme Poto Moyindo ou "l’Europe noire". En effet, la croissance économique annuelle oscillait autour de 5,2 % dans les années 1950. L’inflation était d’environ 1,08 % par an dans la même décennie. Le produit intérieur brut (PIB) par habitant était en moyenne de 2.850 dollars américains aux prix de 2015. Dans les années 1950, les Congolais étaient approvisionnés en eau potable un peu partout et la malnutrition était inconnue au Congo belge.

    Pays le plus développé en Afrique

    En 1955, le Congo belge avait plus de 2 500 industries manufacturières éparpillées dans tous les secteurs de l’économie. Résultat, la colonie avait plus de deux millions de salariés industriels. Il s’avère que ce nombre était le plus élevé en Afrique. Conséquence, la contribution de l’industrie manufacturière dans le PIB se montait à environ 18 % en 1955. Cette performance économique était aussi la plus élevée en Afrique subsaharienne. Plus précisément, les industries manufacturières produisaient 45 % des biens de consommation, c’était là le résultat d’une industrialisation basée sur la substitution des importations qui débuta au début des années 1920. À titre de comparaison, il faut savoir que, dans les années 1930, toutes les colonies européennes en Afrique demeuraient d’une manière prédominante agraires. Plus impressionnant fut le fait que le Congo belge avait plus de routes en excellent état, plus de voies ferrées (à l’exception de l’Afrique du Sud) et plus de voies navigables que toutes les autres colonies en Afrique. Le Congo belge possédait aussi la meilleure infrastructure sanitaire en Afrique subsaharienne. Bien que l’éducation secondaire et tertiaire ne fit pas partie de la politique sociale coloniale, plus de 90 % des enfants congolais en âge de scolarisation étaient inscrits gratuitement à l’école primaire. Ce nombre impressionnant était aussi le plus élevé en Afrique.

    Une "colonie modèle"

    Contrairement à l’État indépendant du Congo (EIC) sous Léopold II (1885-1908) et l’État postcolonial depuis juillet 1960, le Congo belge (1908-1959) était connu comme une "colonie modèle" et un "paradis" pour les investissements directs étrangers grâce à sa stabilité politique et ses ressources naturelles fabuleuses. En bref, le Congo belge était un État providence semblable au même système qui se développait en Belgique. Le Congo belge était réellement un Poto dans les années 1950.

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  • "Pour la conversion de mes chers Africains, je donnerais cent vies, si je le pouvais"

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    Une dépêche de l'Agence Fides :

    AFRIQUE/SOUDAN DU SUD - "Savoir souffrir pour l'Afrique". Le Pape exalte l'aventure missionnaire de Daniele Comboni

    4 février 2023

    par Gianni Valente

    Juba (Agence Fides) " Je n'ai que le bien de l'Église dans mon cœur. Et pour la conversion de mes chers Africains, je donnerais cent vies, si je le pouvais". C'est ce que Daniele Comboni avait l'habitude de dire de lui-même, révélant son tempérament volcanique et impétueux à travers les expressions fortes de son discours. En raison de sa passion missionnaire, il raconte qu'il a dû " lutter contre les potentats, contre les Turcs, contre les athées, contre les Phrammaque, contre les barbares, contre les éléments, contre les prêtres... mais toute notre confiance est en celui qui choisit les moyens les plus faibles pour accomplir ses œuvres ". Aujourd'hui, le Pape François a rappelé la mémoire de Saint missionnaire à la cathédrale Sainte-Thérèse de Juba, où il a rencontré des évêques, des prêtres, des diacres, des hommes et des femmes consacrés et des séminaristes, au deuxième jour de son voyage apostolique au Sud-Soudan. "Nous pouvons nous souvenir - a dit le Pape à la fin de son discours - de Saint Daniel Comboni, qui avec ses frères missionnaires a réalisé une grande œuvre d'évangélisation sur cette terre : il disait que le missionnaire doit être prêt à tout faire pour le Christ et pour l'Évangile, et qu'il faut des âmes audacieuses et généreuses qui savent souffrir et mourir pour l'Afrique".

    Daniele Comboni, l'un des plus grands missionnaires de l'histoire récente, béatifié en 1996 et proclamé saint par Jean-Paul II le 5 octobre 2003, était issu d'une famille d'agriculteurs. Né à Limone sul Garda, seul survivant d'une famille de huit enfants, il était entré au séminaire de Vérone et avait ensuite fréquenté l'institut missionnaire fondé par le père Nicola Mazza. Le prêtre, avec le soutien de la Congrégation de Propaganda Fide, avait fait venir en Italie quelques jeunes Africains pour les former et les encourager ensuite à partir en expédition missionnaire dans les régions d'Afrique centrale.

    Ordonné prêtre le 31 décembre 1854, le mois de la proclamation du dogme de l'Immaculée Conception de Marie, Daniel, âgé de 26 ans, était le plus jeune des cinq prêtres que le père Mazza envoya en mission trois ans plus tard. "Rappelez-vous, leur dit-il avant de partir, que l'œuvre à laquelle vous vous consacrez est Son œuvre. Ne travaillez que pour Lui, aimez-vous les uns les autres et aidez-vous les uns les autres, soyez unis en tout, et la gloire de Dieu, la gloire de Dieu seul promeut et entend toujours, que tout le reste est vanité". Après ce long voyage, qui comprenait également un pèlerinage en Terre Sainte, les jeunes missionnaires sont arrivés à Khartoum puis, en bateau sur le Nil blanc, ils ont parcouru plus au sud, 1 500 kilomètres, jusqu'à Sainte-Croix, la dernière station missionnaire face à la forêt impénétrable. Mais très vite, trois des cinq personnes meurent d'épuisement et de fièvre. L'expédition missionnaire se solde par un échec. Propaganda Fide confie le terrain au Vicariat Apostolique d'Alexandrie.

    À son retour en Italie, d'autres tribulations arrivent. Après avoir prié à Saint-Pierre, Comboni a élaboré un "plan missionnaire" qui prévoyait la création des premiers postes missionnaires le long des côtes et l'engagement de femmes missionnaires pour annoncer l'Évangile aux populations de l'Afrique subsaharienne qui ne connaissaient pas Jésus. Mais entre-temps, l'évêque de Vérone, après la mort du père Mazza, interdit à l'institut missionnaire qu'il avait fondé d'accepter de nouveaux séminaristes.

    Dans le climat anticlérical croissant de l'État italien naissant, Comboni réussit à mettre en place le nouvel Institut pour les Missions du Niger grâce au soutien de Pie IX et du Cardinal Barnabò, préfet de Propaganda Fide. L'Institut a été fondé à Vérone en 1867. Et dans le temps qui suivit, Comboni voyagea à travers l'Europe pour chercher une aide matérielle et spirituelle pour la nouvelle œuvre. Il fréquentait des couvents cloîtrés et dînait dans des maisons aristocratiques. Il a confié l'institut à St Joseph. Il remerciera plus tard dans ses écrits le père putatif de Jésus, "qui ne m'a jamais permis de faire faillite et ne m'a jamais refusé aucune grâce temporelle".

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  • La grande crise doctrinale, pastorale et liturgique qui a suivi Vatican II (Denis Crouan)

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    Liturgie 34 : Vatican II : La grande crise doctrinale, pastorale et liturgique qui a suivi Vatican II (65 mn) 

    Le docteur Denis Crouan aborde frontalement la crise liturgique qui a suivi Vatican II et qui a conduit aux dérives qu'on connaît. La vraie question posée aussi bien Mgr Lefebvre que les prêtres dits « progressistes » est la suivante : Vatican II a-t-il été un concile simplement « pastoral » ou a-t-il également été « doctrinal ». 

    Le Cardinal Joseph Ratzinger, devenu le pape Benoît XVI, répondra en communion avec Jean-Paul II : « Il n’est pas possible de remettre en cause la doctrine authentique du concile œcuménique Vatican II, dont les textes sont magistériels et jouissent de la plus grande autorité doctrinale. » Pourtant, on a vu des dérives liturgiques se multiplier à partir de courants doctrinaux échevelés qui s'uniront pour raboter le caractère sacré de la foi. Ce fut une déconstruction partant de diverses sources : l’« activisme », le « modernisme », le « néo-modernisme », le « progressisme ». Le docteur Crouan cite des noms. 

    COURS DE LITURGIE, PAR DENIS CROUAN, DOCTEUR EN THEOLOGIE, 2022-2023 

    Pour accéder à la totalité de la playlist :  

    https://www.youtube.com/playlist?list=PLuko328jWH_06CYFfUP8d6v_vzl9f4UbI 

    Institut Docteur Angélique http://docteurangelique.free.fr/accueil.html

    Cours donné par Denis Crouan, docteur en théologie, en entretien interactif avec Arnaud Dumouch. 

    Vidéo du site http://docteurangelique.free.fr, les œuvres complètes en français de saint Thomas d'Aquin. 

    Denis Crouan, denis.crouan@wanadoo.fr; 2022-2023 

  • Les hérésies chrétiennes contenues dans le Coran

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    Une "petite feuille verte" publiée par Annie Laurent sur le site de l'association Clarifier :

    PFV n°95 : les hérésies chrétiennes dans le Coran (1/3)

    Les études savantes montrent cependant la nouveauté et l’originalité de l’islam naissant à cette époque – dit aussi « proto-islam » –, comme un des premiers mouvements millénaristes de l’Histoire. Inscrit dans le contexte biblique juif et chrétien de son époque, il y empruntait certes diverses interprétations marquées par les hérésies, notamment gnostiques, mais il s’est d’abord développé comme un mouvement apocalyptique. Le texte coranique, en particulier, en est toujours témoin.

    UNE MULTITUDE D’HÉRÉSIES GNOSTIQUES ET MESSIANISTES

     

    Dès le Ier siècle de l’histoire de l’Église, des hérésies sont apparues au sein des peuples christianisés du Levant.

    Certaines se référaient à la gnose (du grec gnosis = connaissance). Face à la nouveauté du salut personnel en Jésus-Christ (la « vie » que Jésus dit donner à ceux qui suivent sa « voie ») annoncé par l’Église, les mouvements gnostiques (gnosticisme) émergèrent en prétendant proposer une autre forme de salut personnel, sans le Christ mais par l’accession à un ensemble de connaissances, de sciences relatives aux mystères divins. Ils contestaient donc l’enseignement chrétien sur la personne de Jésus, son lien avec Dieu, sa mission salvifique et la destinée de l’homme.

    L’apôtre saint Jean y fait allusion dans sa deuxième épître : « C’est que beaucoup de séducteurs se sont répandus dans le monde, qui ne confessent pas Jésus-Christ venu dans la chair ; voilà bien le Séducteur, l’Antichrist » (2 Jn 7).

    « Pour les gnostiques, l’incarnation du Fils de Dieu était impossible étant donné que la matière est destinée à être détruite ; la chair ne peut donc pas être susceptible de salut », écrivait saint Irénée (né à Smyrne en 140, il mourut en 202 à Lyon, dont il était l’évêque), le premier à donner l’alerte dans son œuvre Adversus haereses (Contre les hérésies). Ce passage est cité dans le Dictionnaire d’histoire de l’Église, réalisé sous la direction de Mgr Bernard Ardura (Cerf, 2022, p. 439).

    Du gnosticisme ont émergé certains textes apocryphes (écrits cachés ou ésotériques) apparus dans l’Orient méditerranéen dès le second siècle du christianisme, tels ceux qui ont été retrouvés à Nag Hamadi (Égypte) : « évangile de Thomas », « évangile de la vérité » de Valentin, etc. Il s’agit d’écrits qui ne proviennent pas de la première communauté chrétienne, malgré leur crédibilité apparente ou les noms chrétiens de leurs auteurs présumés, et contre lesquels le Nouveau Testament met en garde (cf. Matthieu 7, 15 ; Actes 20, 29 ; Hébreux 13, 9 ; Galates 1, 6-8). Saint Irénée appelle aussi à la vigilance envers ces pseudos récits : « La vraie tradition a été manifestée dans le monde entier. Elle peut être connue en toute Église par tous ceux qui veulent voir la vérité » (cité par France Quéré, Évangiles apocryphes, Seuil, 1983, p. 10). Il revint cependant à saint Athanase d’Alexandrie (v. 296-373) de confirmer en 367 la liste des écrits orthodoxes (authentiques) qui constituaient le Canon définitif reconnu par l’Église.

    Or, comme le montre Rémi Gounelle, historien du christianisme antique, certains contenus de ces documents se retrouvent dans le Coran (cf. « Les écrits apocryphes chrétiens et le Coran », dans Histoire du Coran, dirigé par Mohammad Ali Amir-Moezzi et Guillaume Dye, Cerf, 2022, chap. XII).

    Le Livre sacré des musulmans s’inscrit par ailleurs, et même principalement, dans une perspective eschatologique imminente (annonce de la fin des temps), sans doute inspirée par les espérances apocalyptiques juives et chrétiennes qui foisonnaient à cette époque dans une grande partie de l’Orient (cf. David Hamidovic, « Les écrits apocryphes juifs et le Coran », Histoire du Coranop. cit., chap. XI ; Muriel Debié, « Les apocalypses syriaques », ibid., chap. XIII ; Frantz Grenet, « L’apocalypse iranienne », ibid., chap. XIV).

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  • Un dominicain a œuvré des années à contrer la doctrine dévoyée et le système d’emprise des frères Philippe

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    De Marie-Lucile Kubacki sur le site de La Vie :

    « L’autre Philippe » : comment un cardinal a tenté d’empêcher le pire face aux frères Philippe

    Des deux enquêtes qui décortiquent le rôle et l’influence de Marie-Dominique et Thomas Philippe, y compris sur Jean Vanier, émerge la figure d’un autre religieux, Paul Philippe. Ce dominicain a œuvré des années depuis Rome à contrer leur doctrine dévoyée et leur système d’emprise.

    30/01/2023

    Que ressent-on lorsque l’on découvre la face obscure d’un ami et d’un frère que l’on croit connaître et avec qui on a partagé pendant plusieurs années une intimité spirituelle, faite de prières et de convictions communes ? Que fait-on de son amitié lorsque l’on se trouve en position de devoir juger quelqu’un qui nous a un jour fasciné ?

    Ces questions, Paul Philippe, dominicain et commissaire au Saint-Office, doit les affronter en 1952, lorsqu’il se retrouve à enquêter sur Thomas Philippe, un frère dominicain, du même âge que lui (ils sont nés tous les deux en 1905), originaire du Nord comme lui, formé dans la province des Dominicains de France presque au même moment que lui, et avec qui il a vécu et enseigné quatre années à Rome, de 1936 à 1940. Un ami dont il partage le patronyme, même s’il n’existe aucun lien familial entre les deux hommes. Difficile pourtant de ne pas noter l’ironie tragique de cette homonymie, dans une affaire où les histoires de famille jouent précisément un rôle aussi névrotique.

    Le « personnage central » de l’histoire

    L’homme a quelque chose de tragique et de fascinant. Fascinant au point que la commission d’étude mandatée par l’Arche internationale pour enquêter sur les abus commis par Jean Vanier lui dédie son rapport, et que Tangi Cavalin, auteur d’une autre enquête sur la responsabilité de l’ordre dominicain (publiée le 1er février au Cerf sous le titre l’Affaire), parle de lui comme du « personnage central » de l’histoire. En effet, il est celui qui permet la condamnation des frères Thomas et Marie-Dominique Philippe en 1956 et 1957, et qui jusqu’au bout s’est battu pour empêcher la réhabilitation du premier (le deuxième l’ayant été rapidement grâce à la protection du Maître de l’Ordre), de plus en plus difficilement au fil des ans.

    Dans cette affaire cauchemardesque, il aura essayé d’éviter le pire. Une référence lumineuse, même si l’homme n’est pas dépourvu de complexité. L’historien Antoine Mourges, membre de la commission d’étude pour le rapport consacré à Thomas Philippe, Jean Vanier et l’Arche, confie ainsi à La Vie avoir ressenti une réelle affinité avec Paul Philippe, dans son cheminement intellectuel : « Ce qu’il découvre lors de son enquête, témoigne-t-il, constitue un effondrement pour lui. Quand j’ai commencé à travailler sur le sujet, je me suis senti proche de lui : je vivais ce qu’il avait vécu. Tout ce en quoi croit Paul Philippe a été dévié par quelqu’un qu’il admire. »

    Amitié et communion idéologique

    L’admiration de Paul pour Thomas remonte à loin, aux années 1930, où le second était l’enseignant du premier « avant, rapidement, de devenir un confident privilégié », écrit Tangi Cavalin. « Le P. Paul a une admiration d’enfant, un vrai culte pour son P. Thomas Ph [ilippe] et il le chante trop », écrit le théologien moraliste Michel Labourdette à la fin de l’année 1936 (lettre citée dans le livre de Tangi Cavalin). Les quatre années romaines vont achever de les rapprocher, sous le haut patronage du théologien dominicain Réginald Garrigou-Lagrange, figure maîtresse à l’Angelicum, l’université pontificale dirigée par les Dominicains.

    C’est à cette époque que Thomas Philippe aurait eu une vision et vécu une sorte de « mariage mystique » avec la Vierge, en contemplant une fresque la représentant, la Mater admirabilis, à l’église de la Trinité-des-Monts, ce qu’il décrira plus tard comme l’expérience fondatrice dans l’élaboration de sa gnose érotico-mystique. Il partage sa dévotion avec Paul Philippe, en se gardant bien d’évoquer la dimension sexuelle qu’elle implique pour lui. En 1942, Paul écrit à Cécile de Jésus Philippe, sœur de sang de Thomas et prieure d’un monastère dominicain : « Comme tout cela est impressionnant, ne trouvez-vous pas ma Mère ? On sent tellement que Mater admirabilis fait tout, absolument tout ! » (lettre citée dans le rapport).

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  • "Contre moi une clameur meurtrière" (Benoît XVI)

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    De Matteo Matzuzzi sur Il Foglio via Il Sismografo :

    Ce qui accablait Ratzinger

    28 janvier 2023

    "Contre moi une clameur meurtrière", écrit Benoît XVI dans le livre publié à titre posthume. Au cœur de tout cela, la crise de la foi dans son Allemagne natale, épicentre du séisme qui secoue l'Église de Rome.

    Le Vatican, à tous les niveaux les plus élevés, dit aux dirigeants de l'Église allemande qu'ils doivent arrêter, que ce que la voie synodale locale établit (qui, de semestrielle qu'elle était à l'origine, devient en fait permanente ou semi-permanente, avec des demandes finales envoyées à Rome dont le ton et la substance gagnent en intensité de mois en mois) n'est pas valide et qu'ils ne peuvent certainement pas établir des "Conseils synodaux" avec la participation de laïcs qui superviseraient même les questions qui sont actuellement entre les mains de la Conférence des évêques.

    Le pape, dans l'une de ces interviews qu'il accorde périodiquement, a déclaré que ce qui se passe en Allemagne "n'est pas utile et n'aide pas". Le dialogue, c'est bien, mais ce n'est pas un synode, ce n'est pas un vrai chemin synodal. Il n'en a que le nom, mais est dirigé par une élite tandis que le peuple de Dieu n'y est pas associé". Du Rhin, ils répondent par des remerciements rituels, mais confirment que tout se passera portant comme prévu, malgré la tentative désormais déclarée de Rome de faire converger et de diluer, pourrait-on dire sans risque de se tromper, les instances locales dans le grand Synode qui sera célébré entre la fin de cette année et l'année prochaine à l'ombre de Saint-Pierre.

    Après tout, la hiérarchie de l'Église allemande est massive : la résistance, bien que combative, est réduite à cinq évêques, menés par le cardinal affaibli de Cologne, Rainer Maria Woelki. Les autres sont presque tous titulaires de diocèses bavarois, la grande enclave catholique au nord des Alpes, bien que la sécularisation s'y fasse désormais aussi sentir. Avant même d'être une lutte avec Rome, c'est une lutte (...) qui vise en fin de compte à faire de l'Église catholique quelque chose de nouveau, cogéré horizontalement, sans plus de structures pyramidales avec quelques figures au sommet appelées à donner la ligne. Ce sont des projets anciens, qui ne datent certainement pas de ces dernières années, mais qui ont trouvé aujourd'hui un terrain fertile dans la décision du pape régnant de déléguer l'autorité aux Églises locales même dans le domaine doctrinal (et donc, imaginez, dans le domaine pastoral).

    François, a peut-être un peu regretté ce paragraphe contenu dans Evangelii gaudium de 2013, tant il est vrai que ces derniers mois il a dit qu'il ne voulait pas d'une autre Église protestante en Allemagne, mais qu'il voulait une Église catholique. Peut-être, qui sait, en aura-t-il parlé avec Benoît XVI, dont on se souvient ces dernières semaines comme d'un juge sage qui pouvait être interrogé sur des questions qui ne sont certainement pas secondaires. Et ce qui se passe dans l'Église allemande, n'est certainement pas secondaire. Après tout, si quelqu'un savait comment interpréter les vents anciens et nouveaux qui soufflent du nord, c'était bien Joseph Ratzinger. Ses derniers écrits, posthumes, en témoignent également. "Pour ma part, de mon vivant, je ne veux plus rien publier. La fureur des milieux contre moi en Allemagne est si forte que l'approbation de la moindre de mes paroles provoque immédiatement un brouhaha meurtrier de leur part. Je veux m'épargner cela, à moi et à la chrétienté", écrit Benoît XVI le 13 janvier 2021 à Elio Guerriero, auteur d'une biographie en italien sur Ratzinger, connu et estimé par ce dernier "pour sa compétence théologique".

    Le pape émérite s'est dit prêt à faire le tri dans les écrits qu'il a médités pendant ses années de retraite, immergé parmi ses livres dans les jardins du Vatican. Il a toutefois précisé que rien ne devait aller en librairie avant sa mort. Il l'a mis noir sur blanc de manière péremptoire, en signant la préface de Qu'est-ce que le christianisme (Mondadori, 2023) le 1er mai 2022. "En Allemagne, certaines personnes ont toujours essayé de me détruire", avait-il déjà confié à son biographe, Peter Seewald, dans Dernières Conversations, en 2016.

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  • La vraie cause de la renonciation de Benoît XVI divulguée ?

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    Du site BFM TV :

    BENOÎT XVI A RÉVÉLÉ AVANT SA MORT QUE SES "INSOMNIES" AVAIENT ÉTÉ LE "MOTIF CENTRAL" DE SA DÉMISSION