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Histoire - Page 45

  • En mémoire d'un formidable spécialiste de ce qui s'est passé entre Pie XII et les Juifs

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    De Settimo Cielo :

    En mémoire d'un formidable spécialiste de ce qui s'est passé entre Pie XII et les Juifs
    Gumpel

    (s.m.) Reçu et publié. Le juriste et historien de l'Église Pier Luigi Guiducci, auteur de ce profil inédit du jésuite Peter Gumpel, le considérait non seulement comme un ami, mais aussi comme "un père, un collègue, un enseignant et un témoin de la foi".

    *

    PÈRE PETER GUMPEL. EN SOUVENIR D'UN AMI par Pier Luigi Guiducci

    Le mercredi 12 octobre 2022, le jésuite Peter (né Kurt) Gumpel a mis fin à son exode terrestre et a rejoint la Maison du Père. Il avait 98 ans. Il se trouvait depuis quelque temps à l'infirmerie de la Residenza San Pietro Canisio à Rome. Je lui ai rendu visite périodiquement, et j'ai passé plusieurs heures avec lui. Né à Hanovre, le 15 novembre 1923, ce religieux allemand reste connu pour ses contributions historiques, pour les rôles qu'il a joués dans son propre Ordre, pour son soutien à son confrère le Père Paolo Molinari qui a été nommé peritus à Vatican II (réf. Lumen Gentium"), pour les tâches fiduciaires qu'il a reçues des Pontifes, pour son enseignement ("Histoire des dogmes" et "Théologie de la spiritualité catholique") à l'Université Pontificale Grégorienne (Rome), pour son travail aux côtés du P. Molinari à la Postulation Générale des Pères Jésuites à Rome.

    P. Gumpel venait d'une riche famille allemande. Son grand-père paternel possédait une banque, des usines et des participations dans des sociétés. Il était conseiller du président Paul von Hindenburg. Et il était très opposé à une éventuelle nomination d'Hitler à la Chancellerie. Cependant, lorsque le leader du national-socialisme devient chancelier, une période critique commence pour les Gumpel. La famille a dû quitter l'Allemagne. Dans ce contexte, Kurt (il avait 10 ans et restait avec sa mère) a étudié en France, dans un petit village. Il commence à apprendre la langue mais il n'est pas facile - étant allemand - de s'intégrer parmi les autres enfants. Après deux ans, il a pu retourner à Berlin. En 1939, l'arrestation temporaire de sa mère motive une nouvelle expatriation. Kurt a été envoyé à Nijmegen (Nijmegen) aux Pays-Bas. Là, il a étudié dans le pensionnat dirigé par les Jésuites. Là-bas, il a appris la langue. Plus tard, il a bien connu les Pays-Bas, et lorsque la question du "catéchisme néerlandais" (1966 ; certaines déclarations hétérodoxes) a été soulevée des décennies plus tard, Paul VI l'a envoyé en tant que son propre administrateur pour visiter la Hollande.

    A cette époque, le jeune Kurt ressent une orientation vocationnelle : celle de devenir jésuite. La réaction des parents a été dure. Le père Gumpel a raconté plus tard au père Ariel S. Levi de Gualdo : "Nous étions dans la voiture, mon père s'est arrêté, m'a fait sortir et mon teckel et moi avons marché quelques kilomètres jusqu'à la maison. Quand je suis entré, mon père m'a averti de ne jamais revenir à certains fantasmes. Puis il a ajouté qu'il ne me permettrait d'entrer dans la Compagnie de Jésus que si le Souverain Pontife lui-même le lui demandait". L'A. cit. raconte que le jeune homme prit son père au mot. La famille avait rencontré et été hébergée à plusieurs reprises par l'archevêque Eugenio Pacelli, alors nonce apostolique à Berlin, qui devint ensuite pape en 1939, à qui il n'hésita pas à écrire. Un mois plus tard, le père reçoit une lettre manuscrite de Pie XII le suppliant de permettre à son fils d'entrer dans la Compagnie de Jésus.

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  • Deux martyrs italiens, victimes des nazis, ont été béatifiés

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    De Vatican News (Tiziana Campisi) :

    Béatification de deux martyrs italiens, victimes des nazis

    Victimes du massacre de Boves le 19 septembre 1943, le premier perpétré par les nazis en Italie, le père Giuseppe et le père Mario étaient respectivement curé et vicaire dans la ville piémontaise qu'ils ont tenté de sauver, le payant de leur vie. «Comme Moïse, ils ont levé les mains vers le ciel pour intercéder auprès de Dieu. Intercéder pour les autres est le devoir de tout chrétien», a lancé l’envoyé du Pape dans le nord de l’Italie.

    Martyrs parce que tués par les nazis le 19 septembre 1943 à Boves, aux côtés de la population, dans l'exercice de leur ministère sacerdotal, Don Giuseppe Bernardi et Don Mario Ghibaudo, prêtres de l'Église de Cuneo, sont bénis. Cet après-midi, le cardinal Marcello Semeraro, préfet du dicastère pour les Causes des saints, a présidé, au nom du Pape, le rite de béatification des deux prêtres à Madonna dei Boschi, un hameau de Boves. C'est là qu'a eu lieu ce qu'on appelle le massacre de Boves, le premier massacre perpétré par les nazis en Italie. Les Allemands ont frappé la population civile sans défense, incendiant plus de 350 maisons et laissant des dizaines de victimes sur le terrain. Parmi eux, le curé de la paroisse, le père Giuseppe, âgé de 46 ans, et son jeune vicaire, le père Mario, 23 ans, prêtre depuis trois mois seulement. Il y avait eu un affrontement entre résistants et nazis, deux Allemands avaient été enlevés. Le père Bernardi et un homme d'affaires sont intervenus en tant que médiateurs pour leur libération, mais malgré l'issue positive des négociations, le commandant SS a ordonné que la ville soit incendiée. Le père Giuseppe a été abattu et brûlé avec d'autres concitoyens, le père Mario a été tué alors qu'il bénissait un civil touché par le feu d'un soldat allemand. Les deux prêtres ont essayé de sauver Boves et ses habitants au prix de leur propre vie. Don Giuseppe est connu pour avoir invité des jeunes filles à prier avec lui devant le corps d'un soldat allemand, un geste qui a porté des fruits de paix et de réconciliation. Un signe de l'un de ces fruits a été la présence aujourd'hui au rite de béatification des deux prêtres d'une délégation de Schondorf, la ville natale du commandant SS responsable du massacre de Boves.

    Comme les bras de Moïse levés vers Dieu

    Dans son homélie, le préfet du dicastère pour les Causes des saints a rappelé l'image de Moïse, décrite dans la première lecture de la liturgie du jour, qui a vaincu les Amalécites en tendant les mains, «un geste d'intercession en faveur d'Israël qui souffre dans la lutte». Le cardinal Semeraro a expliqué que le catéchisme de l'Église catholique définit ce que Moïse a fait comme «une prophétie de l'intercession de Jésus sur la croix» et a ajouté que le père Bernardi et le père Ghibaudo peuvent être comparés aux «deux bras de Moïse, levés pour intercéder en faveur» de l'Église de Cuneo.

    L'amour des deux prêtres pour leur troupeau

    Le préfet du dicastère pour les Causes des saints a ensuite précisé que la tâche propre de tout prêtre est d'intercéder, que la mission sacerdotale est essentiellement «une médiation d'intercession». Pour vivre la miséricorde, il a précisé que «le prêtre intercède, non pas parce qu'il est saint, ou parce qu'il est plus méritant que les autres, mais parce qu'il croit au pouvoir rédempteur de son Seigneur en faveur du troupeau». Et c'est précisément par amour pour le troupeau qui leur a été confié que les deux prêtres de l'église de Cuneo sont morts, a souligné le cardinal Semeraro, rappelant que le père Bernardi n'a pas fui pour défendre la population et que le père Ghibaudo a été tué «dans l'exercice de son ministère sacerdotal en administrant l'absolution à un mourant». Voici leur intercession, poursuit le cardinal, qui bénit et absout. À travers eux, c'est la figure du ministère sacerdotal comme intercession qui est mise en avant, a déclaré le préfet du dicastère pour les Causes des saints, ajoutant que même le Pape François, lors de la messe chrismale de 2018, a parlé du prêtre intercesseur.

    L'intercession, tâche de tout chrétien et de toute l'Église

    «L'intercession, cependant, est la tâche de tout chrétien», a poursuivi le cardinal Semeraro, soulignant que la prière chrétienne est toujours et avant tout une intercession pour tous les hommes et que la prière du chrétien est toujours catholique et inclusive. En conclusion de son homélie, le cardinal a souligné que l'intercession «est la forme ultime de la responsabilité chrétienne envers le monde». «Quand, nous ne pouvons rien faire d'autre pour aider notre prochain», «quand nous ne pouvons rien faire d'autre, même pour la paix, même pour la réconciliation», «il nous reste toujours la possibilité de lever les bras vers Dieu et d'intercéder", a-t-il poursuivi. La mission de pratiquer la prière d'intercession, d'intercéder pour les autres, a conclu le cardinal Semeraro, incombe à chaque chrétien et à toute l'Église, et en particulier à ceux qui ont un rôle de responsabilité, qui doivent regarder les autres «avec les yeux et le cœur de Dieu, avec sa propre compassion et sa tendresse invincible».

  • Le Cardinal Mindszenty ou la vertu de l'héroïsme chrétien en action

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    De Daniel J. Mahoney sur le Catholic World Report :

    Le Cardinal Mindszenty et la vertu de l'héroïsme chrétien en action

    Victime de l'histoire" de l'historienne hongroise Margit Balogh : Le cardinal Mindszenty est une biographie approfondie, judicieuse et sympathique d'un témoin loyal de la foi et d'un défenseur infatigable de la liberté et de la dignité humaine à l'ère du totalitarisme.

    14 octobre 2022


    De nombreuses voix dans l'Église contemporaine appellent les chrétiens à "accompagner" et à "dialoguer" avec ceux qui sont opposés au message et à l'éthique de l'Évangile. Trop souvent, cela devient un accommodement avec l'esprit du temps. Cela implique de faire cause commune avec une politique progressiste qui confond la justice sociale avec l'étatisme et le collectivisme socialiste ; un flirt avec des idéologies inhumaines, du marxisme à la théorie du genre, qui se moque de l'Imago Dei ; et la confusion du grand don qu'est la conscience morale avec ce que C.S. Lewis appelait "le poison du subjectivisme". Au lieu d'une fidélité inébranlable aux vertus cardinales de courage, de tempérance, de prudence et de justice et aux vertus théologales de foi, d'espérance et d'amour, nous constatons un désir inquiétant de la part de nombreux chrétiens, y compris ceux qui occupent des postes de grande autorité dans l'Église, de réduire la foi à un message moral humanitaire et à ce que le pape Benoît XVI a appelé "la dictature du relativisme".

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  • Le premier corps hyperréaliste du Christ basé sur le Saint Suaire est exposé en Espagne

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    De Nicolás de Cárdenas sur Catholic News Agency :

    Le premier corps hyperréaliste du Christ basé sur le Saint Suaire est exposé en Espagne

    hyper-realistic body of Jesus Christ 
    Corps hyperréaliste du Christ d'après le Saint Suaire de Turin | Crédit photo : Nicolás de Cárdenas / ACI Prensa

    14 octobre 2022

    À partir d'aujourd'hui, la cathédrale de Salamanque accueille l'exposition de la première recréation hyperréaliste du corps du Christ à partir des données obtenues sur le suaire de Turin.

    La sculpture, faite de latex et de silicone, pèse environ 165 livres.

    La posture est celle du Christ décédé en rigidité cadavérique. Les jambes sont quelque peu fléchies, les mains croisées au niveau du pubis. Il n'y a aucune fausse pudeur dans cette figure. Tout le corps de l'homme sur le suaire est visible, rien n'est omis, y compris la circoncision.

    Les cheveux utilisés sont humains et peuvent être vus sur tout le corps, des pieds à la tête, en tout réalisme, sans oublier aucun détail.

    Lorsque l'on s'approche du personnage - les mains derrière le dos, conformément au règlement de l'exposition pour les visiteurs - on peut observer chaque pore de la peau, les taches de rousseur, les cils et les sourcils.

    Le dos est légèrement relevé, laissant apparaître les lacérations de la tête causées par la couronne d'épines, et il y a une sorte de petite tresse qui attache les cheveux à l'arrière de la tête. On voit également les ecchymoses sur les épaules dues au port du poids de la croix.

    Sur la peau, on peut voir chacune des plaies déchirantes produites par la flagellation et les traces des clous dans les mains et les pieds, ainsi que celle entre la cinquième et la sixième côte du côté droit. Le nez est cassé et l'œil droit meurtri.

    L'évêque Jose Luis Retana Gozalo de Salamanque a déclaré que cette représentation hyperréaliste n'implique pas un "conflit théologique", car le Mystère s'est fait chair. Au contraire, "ce sera une aide pour voir le Mystère, un appel vers le Mystère".

    En plus de la figure représentant le Christ crucifié, il y a une exposition préliminaire qui met le spectateur dans le contexte de la réalité de la flagellation et de la crucifixion et des recherches sur le Saint Suaire.

    La sculpture hyperréaliste tente de présenter au spectateur un "corps de qualité humaine sans mouvement artistique", sans interprétation, réalisé à partir de données scientifiques multidisciplinaires basées sur des études sur le Saint Suaire.

    Le commissaire de l'exposition, Álvaro Blanco, qui a consacré plus de 15 ans de recherche à sa réalisation, explique longuement au préalable les données historiques et scientifiques qui aboutissent au corps hyperréaliste.

    Blanco a avoué, lors de la présentation de l'exposition dans la sacristie de la cathédrale de Salamanque, qu'au moment de voir le corps terminé, il était convaincu qu'"il était devant Jésus, il était devant l'image du corps de Jésus de Nazareth."

    Un groupe d'artistes a créé la sculpture sous la direction de Blanco.

    "L'homme mystère", présenté par ArtiSplendore, une entreprise spécialisée dans les expositions et le tourisme du patrimoine culturel et artistique, devrait rester à Salamanque entre quatre et six mois.

    "Dans les 20 prochaines années, nous voulons aller dans les églises du monde entier", a déclaré le directeur exécutif de la société.

    Cette histoire a été publiée pour la première fois par ACI Prensa, le partenaire d'information en langue espagnole de CNA. Il a été traduit et adapté par l'AIIC.

    Nicolás de Cárdenas est le correspondant d'ACI Prensa en Espagne depuis juillet 2022. Dans sa carrière de journaliste, il s'est spécialisé dans les sujets socio-religieux, et il a également travaillé pour des associations civiles locales et internationales.

  • Liturgie 21 : La suite du synode de Pistoie : Révolution française et Restauration (XVIII-XIX° s)

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    Liturgie 21 : La suite du synode de Pistoie : Révolution française et Restauration (XVIII-XIX° s) (40 mn) 

    https://youtu.be/cZkH1FBBsII  

    Comme l'a montré le docteur Denis Crouan, le synode de Pistoie aura été l’aboutissement d’un mouvement établi sur la base des Lumières et dont les idées, en partie greffées sur des principes élaborés à la Renaissance, avaient pénétré l’esprit des clercs et futurs clercs bien avant la Révolution de 1789. Au sortir de la Révolution de 1789, la liturgie est dans un état qu’on peut qualifier de misérable : les prêtres demeurés fidèles à l’Église sont peu nombreux, dispersés et très peu formés. La liturgie est appauvrie.  

    Une fois encore l’Histoire prouve qu’au long des siècles la liturgie a subi de nombreuses variations - heureuses ou non, légitimes ou pas - qui ont sans cesse nécessité des corrections pour en revenir à ce que le culte eucharistique a d’essentiel et d’inaltérable. Le rite liturgique que l’Église qualifie de « romain » a été fluctuant mais jamais jusqu’à permettre à des prêtres d’en utiliser des variations illégitimes pour remettre en question les fondements de l’Église. 

    COURS DE LITURGIE, PAR DENIS CROUAN, DOCTEUR EN THEOLOGIE, 2022 

    Pour accéder à la totalité de la playlist :  

    https://www.youtube.com/playlist?list=PLuko328jWH_06CYFfUP8d6v_vzl9f4UbI 

    Cours donné par Denis Crouan, docteur en théologie, en entretien interactif avec Arnaud Dumouch. 

    Vidéo du site http://docteurangelique.free.fr/fichiers/InstitutDocteurAngelique.htm, les œuvres complètes en français de saint Thomas d'Aquin. 

    Denis Crouan 2022. 

  • Berlin : 4000 fidèles ont escorté la Vierge de Fatima sous la porte de Brandebourg

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    De kath.net/news :

    Berlin : 4000 fidèles portent la Madone de Fatima à travers la porte de Brandebourg !

    14 octobre 2022

    "L'Allemagne remercie Marie et prie pour la paix"

    Berlin (kath.net) La capitale allemande n'avait encore jamais vécu une telle chose dans son histoire mouvementée : mercredi soir, la veille du 105e anniversaire du miracle solaire de Fatima, environ 4000 catholiques fervents venus de toute l'Allemagne se sont rendus en procession solennelle, en chantant et en priant, jusqu'au symbole national, la porte de Brandebourg. Là, ils ont écouté le discours que saint Jean-Paul II avait prononcé à cet endroit précis lors de sa visite en Allemagne en 1996, discours présenté par le célèbre publiciste Martin Lohmann. "L'homme est appelé à la liberté - et c'est en Christ qu'il trouve cette liberté", telle était la phrase centrale de ce manifeste pour une Europe chrétienne qui a fait date. Pour lui, la porte de Brandebourg était le symbole le plus fort de la liberté des hommes dans une Europe unie et non plus séparée.

    Ensuite, des enfants de chœur et des prêtres ont porté la "Madone nationale allemande", une statue de pèlerin offerte au peuple allemand par le pape Paul VI en 1967, sur le chemin de la porte qu'avaient également emprunté à l'époque le pape polonais et le chancelier fédéral Dr. Helmut Kohl. En effet, Jean-Paul II était lui aussi convaincu que la chute du mur de Berlin en 1989 et la réunification de l'Allemagne un an plus tard, en même temps que la chute des dictatures communistes dans toute l'Europe de l'Est, étaient un miracle opéré par cette même Vierge qui était apparue à trois enfants voyants à Fatima, au Portugal, en 1917. C'était l'année de la révolution d'octobre et elle avait dit aux enfants : "La Russie répandra ses erreurs dans le monde entier. Ce n'est que lorsque le Pape me la consacrera qu'elle se convertira et qu'un temps de paix sera donné au monde". Lorsque Jean-Paul survécut à l'attentat du 13 mai 1981, date du 64e anniversaire de la première apparition de Fatima, il y vit un signe du ciel l'invitant à réaliser le souhait de la Vierge. Il a procédé à la consécration le 25 mars 1984 - et effectivement, un an plus tard, Mikhaïl Gorbatchev arrivait au pouvoir, lançait la perestroïka et mettait fin à la persécution de l'Église en Union soviétique en 1988. Un an plus tard, le mur tombait, et en 1991, l'URSS s'effondrait à son tour. Trois décennies de paix s'ensuivirent, jusqu'à l'invasion russe de l'Ukraine en février 2022.

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  • La mort du Père Gumpel, l'érudit qui a déboulonné les mythes contre Pie XII

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    D'Ermes Dovico sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    Le Père Gumpel, l'érudit qui a déboulonné les mythes contre Pie XII

    14-10-2022

    Le jésuite allemand est décédé, lui qui a démantelé, en étudiant la documentation historique, la légende noire sur Pie XII et son comportement envers les Juifs qui ont été sauvés par milliers grâce à l'activité du pasteur angélique. La Bussola s'entretient avec le père Bux : "Gumpel a dissipé tous les doutes sur le pape Pacelli et a été convaincu de sa sainteté".

    Le père Peter Gumpel, un jésuite allemand de 98 ans, est décédé le 12 octobre (il aurait eu 99 ans le 15 novembre). Gumpel est notamment connu pour avoir eu accès, depuis 1965, à la documentation sur le pontificat de Pie XII contenue dans les Archives secrètes du Vatican (aujourd'hui Archives apostoliques) et avoir ainsi contribué à démanteler, avec d'autres historiens, les légendes noires qui circulaient sur le pape Pacelli.

    Des légendes qui avaient atteint leur paroxysme en 63, à travers la pièce Le Vicaire du dramaturge Rolf Hochhuth, qui accusait le pasteur angélique d'être resté passif et indifférent face au génocide perpétré par les nazis. Une "thèse théâtrale" qui se heurte à la réalité d'un pontife, tel que Pie XII, qui a mis en place une œuvre de réseaux pour offrir refuge, nourriture et salut à des milliers de Juifs. Pourtant, la thèse susmentionnée n'a jamais disparu de la propagande anticatholique, dont le père Gumpel lui-même, comme il en a témoigné, a fait l'expérience dans son travail d'historien.

    La Nuova Bussola a interviewé le père Nicola Bux, qui connaissait personnellement le jésuite allemand.

    Père Bux, pouvez-vous d'abord esquisser la figure du Père Gumpel ?

    Il appartenait à une noble famille allemande, qui a été persécutée sous le gouvernement nazi en raison de ses origines juives et contrainte d'émigrer. Son rôle d'historien a été souligné, essentiellement, pour son travail de recherche et d'établissement de la vérité sur la figure de Pie XII. Il était déjà bien connu à l'époque de Paul VI, car c'est alors que les recherches sur Pacelli ont été approfondies. Le pape Montini tenait Pie XII en haute estime (avec lequel il avait travaillé lorsqu'il était substitut à la Secrétairerie d'État) et souhaitait donc que des documents soient publiés pour attester du travail de Pacelli pendant la guerre. Lors du Concile Vatican II, Paul VI lui-même a demandé que la cause de béatification de Jean XXIII et de Pie XII soit lancée en même temps. Puis, sous Benoît XVI, la postulation de la cause de Pacelli a été confiée aux Jésuites, notamment parce que les Jésuites étaient les conseillers de Pie XII, qui comptait beaucoup sur leur aide. Je rappelle que déjà deux mois après sa mort, la première prière pour demander sa béatification a été publiée : Pie XII est mort le 9 octobre 1958 et déjà le 8 décembre de la même année, l'imprimatur a été donné à l'une de ses images saintes.

    Quel rôle le père Gumpel a-t-il joué dans cette cause ?

    Le père Gumpel, en particulier, a été le relais de la cause de béatification de Pie XII pendant trente ans, de 1983 à 2013. À cette époque, en 2009, l'Église a reconnu les vertus héroïques du Pape Pacelli, qui a alors été proclamé Vénérable par Benoît XVI. Le pape Ratzinger s'est servi de la collaboration du père Gumpel jusqu'à la fin pour dissiper le dernier doute qui planait sur le processus de béatification, à savoir si Pie XII avait fait tout son possible pour aider et sauver les Juifs. Gumpel a su dissiper les derniers doutes à cet égard. Il a notamment rencontré le chef d'un groupe d'environ 800 rabbins juifs orthodoxes d'Amérique du Nord, qui lui a remis une déclaration écrite dans laquelle il expliquait que les juifs orthodoxes n'acceptaient pas que leurs frères dans la foi se mêlent des affaires internes de l'Église. On sait que des influences politiques partisanes ont pesé sur l'affaire Pie XII, ce qui a ralenti le processus de béatification, mais que le père Gumpel a pu "dribbler" avec la force de la documentation historique, qui atteste du comportement exemplaire du Saint-Père.

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  • Le traditionalisme : une fidélité, une résistance, une oeuvre d'Eglise

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    Du site de Paix liturgique, lettre 889 du 11 Octobre 2022 :

    LE TRADITIONALISME : UNE FIDELITE, UNE RESISTANCE, UNE OEUVRE D'EGLISE

    Le samedi 24 septembre dernier, s'est tenu à Paris un colloque sur l'avenir de la messe traditionnelle qui a réuni près de 500 participants. La grande réussite de cette évènement, co-organisé notamment par les associations Oremus-Paix Liturgique et Renaissance Catholique, tient à la qualité des interventions et notamment de celle de Jean-Pierre Maugendre, Président de Renaissance Catholique, que nous reproduisons ici avec son aimable autorisation.

    Tout avait bien commencé : « Le concile qui vient de s’ouvrir est comme une aurore resplendissante qui se lève sur l’Eglise, et déjà les premiers rayons du soleil levant emplissent nos cœurs de douceur. Tout ici respire la sainteté et porte à la joie. Nous voyons des étoiles rehausser de leur éclat la majesté de ce temple, et ces étoiles, comme l’apôtre Jean nous en donne le témoignage (Ap 1, 20), c’est vous ! ». Ainsi s’exprimait le 11 octobre 1962 le bon pape Jean dans son discours d’ouverture du Concile ! Le programme proposé était d’une simplicité…biblique : « L’Eglise n’a jamais cessé de s’opposer [aux] erreurs. Elle les a même souvent condamnées et très sévèrement. Mais aujourd’hui, l’Epouse du Christ préfère recourir au remède de la miséricorde, plutôt que de brandir les armes de la sévérité, elle répond mieux aux besoins de notre époque en mettant davantage en valeur les richesses de sa doctrine. » La méthode proposée était parfaitement claire : « Il faut que [l’Eglise] se tourne vers les temps présents, qui entraînent de nouvelles situations, de nouvelles formes de vie et ouvrent de nouvelles voies à l’apostolat catholique. C’est pour cette raison que l’Eglise n’est pas restée indifférente devant les admirables inventions du génie humain et les progrès de la science, dont nous profitons aujourd’hui, et qu’elle n’a pas manqué de les estimer à leur juste valeur. » Ces intentions au demeurant sans doute fort louables sur le fond aboutirent dans la réalité à ce que Jacques Maritain, peu suspect d’intégrisme, voire même, si j'ose dire, "imam caché" du concile Vatican appelait dans le « Paysan de la Garonne » : « L’agenouillement devant le monde ». (p 85) En quelques années un héritage multiséculaire fut jeté à bas, des habitudes millénaires oubliées, daubées, fustigées et condamnées. Mme Michu qui n’avait pas lu les Actes du concile et n’avait pas l’intention d’y consacrer dix secondes observa cependant avec stupeur, dans sa paroisse : • La suppression de la chorale, c’était pourtant bien beau mais … plus long. • L’élimination du latin ; elle n’y comprenait rien, mais l’objectif était que Dieu comprenne. • L’apparition d’une table devant l’autel, c’est sa voisine qui l’avait fournie. • La célébration de la Messe face au peuple qui faisait que le célébrant tournait le dos au tabernacle ce qui paraissait incongru à Mme Michu, pas au célébrant. • La distribution de la communion dans la main ; Mme Michu avait vu des gamins mettre l’hostie dans leur poche. • Le bouleversement du calendrier et la suppression du saint protecteur de la paroisse. Elle apprit que même sainte Philomène, la sainte préférée du curé d’Ars, avait disparu dans la tourmente. • La destruction des confessionnaux, 2 • L’interdiction des agenouillements, • La suppression de la Fête-Dieu, • L’abandon de la récitation du rosaire, etc… Mme Michu fit comme une autre voisine, elle décida de ne plus remettre les pieds à l’église, hormis pour les mariages et les enterrements. On lui avait changé sa religion. Comme le rapporte Patrick Buisson dans son ouvrage capital La fin d’un monde, citant une brave mère de famille, épouse d’un mécanicien : « La religion, ça ne devrait pas changer, puisque ce qu’on cherche, c’est d’être sûr de quelque chose. » (p 266) De son côté Guillaume Cuchet note, en conclusion de son précieux travail Comment notre monde a cessé d’être chrétien : « Cette rupture au sein de la prédication catholique a créé une profonde discontinuité dans les contenus prêchés et vécus de la religion de part et d’autre des années 1960. Elle est si manifeste qu’un observateur extérieur pourrait légitimement se demander si, par-delà la continuité d’un nom et de l’appareil théorique des dogmes, il s’agit bien toujours de la même religion. » (p 266) Tout ceci fut imposé avec une brutalité inouïe. Brutalité certes en opposition avec le discours officiel sur l’écoute, l’ouverture, le dialogue, le respect de l’autre, l’accueil des différences, mais brutalité nécessaire car tous ces bouleversements ne répondaient en aucune façon aux demandes des fidèles catholiques. Un sondage du 13 août 1976, au cœur de l’été chaud ainsi nommé en raison de la canicule de cette année-là mais aussi en référence à la messe traditionnelle célébrée par Mgr Lefebvre, devant des milliers de fidèles, à Lille, publié par l’IFOP et le Progrès de Lyon révélait l’ampleur du malaise. Si 40% des pratiquants réguliers estimaient qu’il fallait continuer les réformes initiées par Vatican II, 48% estimaient que l’Eglise était allée trop loin dans les réformes. Chiffre auquel il faut sans doute rajouter l’immense majorité de ceux qui avaient cessé de pratiquer entre 1965 et 1976. Aujourd’hui encore tous les sondages menés par l’association “Paix Liturgique” le confirment. Globalement 30% des pratiquants réguliers assisteraient à la messe traditionnelle si elle était célébrée dans leur paroisse. Alors qu’il est de bon ton de dénoncer le cléricalisme, les années qui suivirent le concile furent d’abord celles d’un cléricalisme effréné dans la continuité de ce que Mgr Schneider dans son ouvrage indispensable Christus Vincit analysait : « Le phénomène “Vatican II” apparaît comme un énorme spectacle de triomphalisme clérical. » (p 164) Le départ de sa paroisse de Madame Michu ne contrista pas son curé ; certes c'était contrariant pour la quête mais il avait bien intégré le postulat « mille fois rabâché, que l'évangélisation de ceux qui étaient loin de pourrait se faire qu'après l'éviction de tous ceux qui n'était que faussement proches », (p 256) selon la lumineuse synthèse de Patrick Buisson. Comme l’écrivait un évêque cité par la revue “Itinéraires” de Jean Madiran : « L'Eglise passe d’un christianisme sociologique à un christianisme authentique ».

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  • Comment les catholiques sont devenus prisonniers de Vatican II

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    Lu sur « Il Sismografo » cet article extrait du New York Times

    le concile a 60 ans maxresdefault (5).jpg« (Ross Douthat, The New York Times) Le Concile Vatican II, la grande révolution dans la vie de l'Église catholique moderne, s'est ouvert il y a 60 ans cette semaine à Rome. Une grande partie de ce monde des années 1960 est décédée, mais le conseil est toujours avec nous; en effet, pour une église divisée, ses conséquences toujours en cours ne peuvent être échappées.

    Pendant longtemps, cela aurait été une revendication libérale. Dans les guerres au sein du catholicisme qui ont suivi le concile, les conservateurs ont interprété Vatican II comme un événement discret et limité - un ensemble particulier de documents qui contenaient divers changements et évolutions (sur la liberté religieuse et les relations catholiques-juives en particulier), et ouvraient la porte à une version révisée et vernaculaire de la messe. Pour les libéraux, cependant, ces détails n'étaient qu'un point de départ : il y avait aussi un « esprit » du concile, similaire au Saint-Esprit dans son fonctionnement, qui était censé guider l'église. dans de nouvelles transformations, une réforme perpétuelle.

    L'interprétation libérale a dominé la vie catholique dans les années 1960 et 1970, lorsque Vatican II a été invoqué pour justifier un éventail toujours plus large de changements - à la liturgie, au calendrier et aux prières de l'Église, aux coutumes laïques et à la tenue cléricale, à l'architecture de l'église et à la musique sacrée, à la discipline morale catholique. Puis l'interprétation conservatrice s'est installée à Rome avec l'élection de Jean-Paul II, qui a publié une flottille de documents destinés à établir une lecture faisant autorité de Vatican II, à freiner les expérimentations et les altérations plus radicales, à prouver que le catholicisme avant les années 1960 et Le catholicisme par la suite était toujours la même tradition.

    Maintenant, dans les années du pape François, l'interprétation libérale est revenue - non seulement dans la réouverture des débats moraux et théologiques, l'établissement d'un style d'écoute permanente de la gouvernance de l'église, mais aussi dans la tentative de supprimer une fois de plus l'ancien catholique rites, la liturgie latine traditionnelle telle qu'elle existait avant Vatican II.

    L'ère de François n'a pas restauré la vigueur juvénile dont jouissait autrefois le catholicisme progressiste, mais elle a justifié une partie de la vision libérale. Par sa gouvernance et même par sa simple existence, ce pape libéral a prouvé que le Concile Vatican II ne peut pas être simplement réduit à une seule interprétation établie, ou voir son travail en quelque sorte considéré comme terminé, la période d'expérimentation terminée et la synthèse restaurée.

    Au lieu de cela, le concile pose un défi permanent, il crée des divisions apparemment insolubles et il laisse le catholicisme contemporain face à un ensemble de problèmes et de dilemmes que la Providence n'a pas encore jugé bon de résoudre.

    Voici trois déclarations pour résumer les problèmes et les dilemmes. D'abord, le concile était nécessaire. Peut-être pas sous la forme exacte qu'il a prise, un concile œcuménique convoquant tous les évêques du monde entier, mais dans le sens où l'Église de 1962 avait besoin d'adaptations importantes, d'une réflexion et d'une réforme importantes. Ces adaptations devaient être tournées vers le passé : la mort de la politique du trône et de l'autel, la montée du libéralisme moderne et l'horreur de l'Holocauste ont tous exigé des réponses plus complètes de la part de l'Église. Et ils devaient aussi être tournés vers l'avenir, dans le sens où le catholicisme du début des années 1960 commençait à peine à compter avec la mondialisation et la décolonisation, avec l'ère de l'information et les révolutions sociales déclenchées par l'invention de la pilule contraceptive.

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  • Peut-on conclure à l'authenticité du Saint Suaire ?

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    De Marguerite Aubry sur le site de l'Homme Nouveau :

    Le Linceul de Turin est-il authentique ? Entretien avec Jean-Christian Petitfils

    Que nous montrent l'histoire et la science à propos du linceul de Turin ? Ce suaire est-il bien le témoin de la Passion et de la Résurrection du Christ ? Jean-Christian Petitfils, auteur de Le Saint Suaire de Turin (Taillandier), répond à nos questions.

  • L'objectif "pastoral" de Vatican II est la source de malentendus

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    De Stefano Fontana sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    Vatican II, l'objectif "pastoral" est la source de malentendus.

    11-10-2022

    Soixante ans après son inauguration, on se demande encore si l'évaluation de Vatican II doit porter uniquement sur son application ou également sur ses documents. Il y a un facteur, spécifique au Concile, qui s'est prêté à des déformations de son application : son objectif " pastoral ", qui a influencé la présentation de la doctrine.

    Le Concile Vatican II inauguré par Jean XXIII le 11 octobre 1962, il y a soixante ans, ne cesse d'interroger l'Eglise, malgré les tentatives soit de le célébrer comme un acquis incontesté, voire un dogme, soit de le considérer comme dépassé parce que nous serions dans la phase d'un post-concile définitif. Il est assez difficile de se débarrasser du Concile en tant que problème.

    La principale question qui reste ouverte est de savoir si son évaluation doit porter uniquement sur l'application du Concile ou sur le Concile lui-même. Est-ce que ce sont seulement les applications (souvent) aventureuses du Concile, sans rapport avec les textes approuvés par les Pères, qui ont posé problème et provoqué la discussion, ou bien y a-t-il quelque chose qui se prête au malentendu, même dans les textes ? Y a-t-il eu quelque chose au Concile qui a ensuite échappé à tout contrôle, quelque chose qui a ensuite échappé à tout contrôle parce qu'il a été formulé au Concile de manière à permettre qu'il échappe à tout contrôle ?

    On peut donner des exemples à l'infini des applications erronées du Concile, des progrès réalisés en faisant appel à son "esprit" et non à sa "lettre". Ces soixante années, y compris nos jours, en sont pleines. Cependant, de nombreux éléments étayent également le fait qu'il y avait des problèmes mal définis au sein du Concile lui-même. Sinon, on ne s'expliquerait pas pourquoi de nombreuses applications déformées de tel ou tel passage des documents du Concile ont pu faire levier sur tel ou tel autre. Par exemple, la synodalité qui s'impose aujourd'hui avec la phase synodale actuelle se fonde sur la notion de " signes des temps ", une des expressions les plus ambiguës de Vatican II et qui se prête à toutes les instrumentalisations : aujourd'hui, dans l'Église, on dit que même l'émergence des droits des couples homosexuels serait un signe des temps, c'est-à-dire un souffle de l'Esprit.

    Le Concile en tant que problème ne peut donc pas être relégué à ses lacunes, mais est également lié à des facteurs qui lui sont propres. La question se pose maintenant : quel était le principal de ces facteurs propres ? Quel élément produit des obstacles à la pleine compréhension du Concile, et continue de le faire même après soixante ans ? À mon avis, c'est son caractère essentiellement "pastoral". Vatican II a été convoqué pour des besoins pastoraux, mais c'est précisément cette caractéristique qui a semé la confusion, de sorte qu'aujourd'hui encore, elle reste à décrypter.

    Il était, et il est toujours, très difficile de penser que l'objectif pastoral de re-présenter le message chrétien à l'homme contemporain - l'objectif même du Concile - n'impliquait pas également une remise en question de la doctrine. Une certaine naïveté dans ce domaine est perceptible dans le discours d'ouverture de Jean XXIII, mais plus maintenant. En fait, le Concile était pleinement doctrinal, approuvant même des Constitutions "dogmatiques". En même temps, cependant, son but n'était pas principalement doctrinal, puisqu'il était principalement pastoral, de sorte que ce dernier but (pastoral) a affecté la repensée et l'exposition de l'autre élément (doctrinal). D'où tous les problèmes qui se sont posés.

    Entre-temps, pour des raisons pastorales, certains éléments de la doctrine ont été soit passés sous silence, soit formulés de manière à ne pas déplaire. Le communisme n'a pas été condamné pour ces raisons ; le rapport entre l'Écriture et la Tradition a été pensé en tenant compte des exigences des relations œcuméniques avec les protestants ; même la discussion en assemblée sur la place à accorder à Marie Très Sainte a été affectée par ces préoccupations ; l'acceptation du personnalisme est due à l'idée que la mentalité contemporaine valorise fortement la subjectivité.

    Puis, pour des raisons pastorales, on a choisi un langage non pas définitionnel mais narratif, nécessairement plus nuancé et à interpréter. Le problème de la langue du Concile est important. Dans les textes, il y a de nombreuses expressions, comme l'incipit de Gaudium es spes, qui sont continuellement citées, mais qui ont très peu de précision doctrinale et une faible cohérence théologique. Gaudium et spes est appelée (de manière problématique) une " constitution " pastorale, mais quelle valeur théologique et magistérielle a la photographie du monde contemporain qu'elle propose dans sa première partie en langage sociologique et existentiel ? De nombreuses expressions doivent être reliées à d'autres pour obtenir une image complète du problème présenté, mais c'est une tâche complexe et difficile pour les non-initiés. Pensez, à cet égard, à la définition du bien commun dans Gaudium et spes, ou à la célèbre phrase selon laquelle l'homme est la "seule créature que Dieu a voulue pour elle-même". Cela peut être interprété à la fois dans un sens anthropocentrique et théocentrique.

    Pour des raisons pastorales, les problèmes ont donc été présentés de manière nouvelle, sans toutefois les résoudre de manière adéquate du point de vue de la certitude magistérielle. On pense à la doctrine de la liberté religieuse dans Dignitatis humanae. Cet enseignement ne ferme pas la boucle et fait encore l'objet de débats aujourd'hui. Si elle l'avait fermée, il n'y aurait pas eu besoin de publier Dominus Iesus et, inversement, François n'aurait pas signé la déclaration d'Abu Dhabi.

    Plus généralement : dans les textes conciliaires, il est difficile de distinguer ce qui est doctrinal et ce qui est pastoral, ce qui a ensuite permis à une nouvelle vision de la pastorale de s'imposer dans la théologie, une pastorale qui coproduit la doctrine avec la Révélation. Et cela ouvre la porte à tant d'aspects inacceptables de la théologie contemporaine. La théologie du Concile était encore une théologie de la pastorale, mais on a ensuite développé une théologie pastorale, dans laquelle s'inscrit aujourd'hui la nouvelle version pastoraliste de la synodalité.

    Le concile Vatican II engagera également l'Église dans les soixante prochaines années.

  • Un saint qui a fait notre malheur : Jean XXIII, le pape du concile

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    Du Frère Pierre de la Transfiguration sur crc-resurrection.org :

    LE BIENHEUREUX QUI A FAIT NOTRE MALHEUR Jean XXIII, le pape du Concile

    Jean XXIII

    Le 3 juin 1963, à 19 heures 45, tandis que le cardinal Traglia, provicaire de Rome, venait de chanter l’Ite missa est de la messe qu’il disait pour le Souverain Pontife mourant, le “ bon pape Jean ” s’éteignit doucement, âgé de 81 ans. Sur la place Saint-Pierre, la foule pleurait ce pontife dont la bonhomie avait conquis les cœurs. Le monde entier, y compris Moscou, lui rendit hommage. Et sa réputation de sainteté, entretenue par les partisans du concile Vatican II qu’il avait convoqué, aboutit à sa béatification par Jean-Paul II, le 3 septembre 2000.

    Une de ses dernières paroles rend bien toute l’ambivalence de ce pape qui porte la responsabilité d’avoir ouvert l’Église au monde. Après avoir reçu en toute conscience l’extrême-onction, il montra le crucifix à la tête de son lit, et dit à son entourage : « Le secret de mon ministère est dans le Crucifix que j’ai toujours voulu avoir devant mon lit. Je peux ainsi le voir dès mon réveil et avant de m’endormir. Il est là, je peux lui parler pendant les longues heures du soir. Regardez-le, voyez comme je le vois. Ces bras ouverts ont été le programme de mon pontificat : ils disent que le Christ est mort pour tous, pour nous. Nul n’est exclu de son amour, de son pardon. »

    Quelques instants plus tard, il dit encore : « J’ai eu la grâce d’être appelé par Dieu comme un enfant, je n’ai jamais pensé à rien d’autre, je n’ai jamais eu d’autres ambitions. (…) Pour ma part, je n’ai pas conscience d’avoir offensé qui que ce soit, mais si je l’ai fait, j’en demande pardon. (…) En cette dernière heure, je me sens calme et sûr que le Seigneur, dans sa miséricorde, ne me rejettera pas. Quelque indigne que je sois, j’ai voulu le servir et j’ai fait mon possible pour rendre hommage à la vérité, la justice, la charité et pour garder le cor mitis et humilis [le cœur doux et humble] de l’Évangile ».

    Jean XXIII se voulait donc un apôtre de l’amour inconditionnel que le Christ porte aux hommes, mais les saints canonisés avant ces dernières années, pensaient-ils que l’amour du Christ était inconditionnel ? Pour prendre la mesure de ce qui les sépare du 261e successeur de Pierre, il suffit de raconter sa vie, en suivant son biographe le plus informé, Peter Hebbletwhaite, un universitaire anglais, jésuite défroqué, spécialiste de l’histoire de l’Église contemporaine.

    JEUNESSE CLÉRICALE EN SERRE LIBÉRALE

    Comme saint Pie X et ainsi que l’écrit son biographe, Angelo Roncalli « est né pauvre », mais ce sera bien le seul point commun avec son saint prédécesseur car il n’a pas « vécu pauvre » ni « n’est mort pauvre ». La “ bonhomie ” avec laquelle il appréciait les trésors des églises où il célébrait, pour se les faire offrir, était célèbre et redoutée des sacristains. Il vit le jour le 25 novembre 1881 dans un petit village près de Bergame en Lombardie, quatrième des douze enfants d’une famille de métayers, profondément chrétienne.

    Angelo se montre un enfant pieux, imperméable à la propagande de l’école laïque où il est contraint d’aller. Cela lui vaut de faire sa première communion exceptionnellement dès l’âge de 8 ans. C’est d’ailleurs son curé qui discerne son intelligence et convainc ses parents de lui faire continuer ses études ; ce qu’il fera avec courage dans de dures conditions, tout au moins les premières années.

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