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Histoire - Page 43

  • L'attaque contre Wojtyła, une construction mensongère basée sur des "dossiers" rouges

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    De Wlodzimierz Redzioch sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    L'attaque contre Wojtyła, une construction mensongère basée sur des "dossiers" rouges

    09-03-2023

    Dans une opération marketing bien étudiée, le livre 'Massima colpa' a été lancé en Pologne, affirmant que Wojtyła a couvert les abus de prêtres lorsqu'il était archevêque de Cracovie. Des attaques qui viennent de loin, résultat d'un travail rampant de démolition de Jean-Paul II à l'intérieur et réunissant les secteurs anticléricaux, les médias libéraux et les catholiques hostiles à la Tradition. Et à l'origine, les faux dossiers du régime communiste.

    Dans le pays qui a vu naître saint Jean-Paul II, il existe des forces qui en ont toujours voulu à celui qui fut d'abord archevêque de Cracovie, puis souverain pontife. Jusqu'en 1989, c'est d'abord l'appareil du régime communiste polonais qui a tout fait pour diminuer l'impact de l'action pastorale du pape dans sa patrie. Mais les mêmes forces politiques ont continué à critiquer Jean-Paul II, même après le tournant démocratique de 1989, en s'alliant aux milieux anticléricaux libéraux et aux catholiques "ouverts" qui n'appréciaient pas la ligne "conservatrice" de l'Église.

    Pendant le pontificat de Jean-Paul II, les attaques étaient liées à son enseignement sur la sexualité, à la défense de la vie de la conception à la mort naturelle, au rôle des femmes dans l'Église et à son "anticommunisme" ; mais il semble que ces sujets n'aient pas pu écorner sa figure gigantesque dans son pays, où l'on parlait de lui avec le plus grand respect. Pourtant, sous le radar, des forces étaient à l'œuvre en Pologne pour détruire "le mythe de Wojtyła", en premier lieu liées à l'influent journal Gazeta Wyborcza. Des attaques directes contre le saint polonais ont commencé à apparaître dans les pages de ce journal libéral de gauche, portées notamment par d'anciens prêtres comme Stanislaw Obirek : malheureusement, ses attaques de plus en plus vulgaires et primitives n'ont été ni contrées ni stigmatisées. En Pologne, on a oublié la règle de Goebbels, le génie de la propagande hitlérienne, selon laquelle les mensonges répétés à l'infini resteront toujours. C'est ainsi que certains mensonges concernant la figure de Jean-Paul II ont commencé à être perçus comme des vérités.

    Mais un autre facteur a également facilité l'action de "déconstruction" de la figure du Pontife : le facteur temps. Depuis plus d'une décennie, des personnes travaillant dans le monde de l'information en Pologne n'ont pas connu Jean-Paul II directement et n'ont pas pu apprécier son charisme, son travail et son enseignement. De plus, une véritable coalition médiatique s'est formée dans le but de rompre avec l'héritage de Jean-Paul II. Une coalition composée de la Gazeta Wyborcza déjà citée, de l'hebdomadaire Newsweek, de la télévision TVN et du portail Onet (Newsweek et Onet sont liés au géant des médias suisse-allemand Ringier Axel Springer).

    Malheureusement, les cas d'abus réels et présumés de mineurs par des prêtres et les accusations contre la hiérarchie de tolérer la pédophilie ont fourni une arme redoutable pour frapper l'Église et Jean-Paul II. Et ces jours-ci, nous assistons en Pologne à l'apogée des attaques contre la figure de Wojtyła.

    Le 8 mars, Agora - la même maison d'édition que Gazeta Wyborcza - a lancé le livre Massima colpa. Giovanni Paolo II lo sapeva, du journaliste néerlandais Ekke Overbeek. Le slogan marketing est le suivant : "Ce que l'Église cache sur Jean-Paul II". L'hebdomadaire Newsweek lance l'accusation avec en couverture la photo du pape et le titre : "La vérité cachée sur la pédophilie". Sous-titre : "En cachant les crimes sexuels de ses prêtres, il agissait comme un apparatčik communiste de l'Église". Pour ne rien arranger, le 7 mars, TVN a diffusé un reportage de Marcin Gutowski sur la responsabilité présumée de Wojtyła dans la tolérance d'incidents pédophiles à l'époque où il était archevêque métropolitain de Cracovie.

    Mais l'attaque massive, bien synchronisée comme vous pouvez le constater, ne s'arrête pas là : les médias ont évoqué l'histoire des abus sexuels présumés commis par le cardinal Adam Sapieha, longtemps métropolite de Cracovie. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le cardinal a organisé un séminaire clandestin dans lequel ont étudié, entre autres, ses deux successeurs, Karol Wojtyła et Franciszek Macharski, tous deux ordonnés par Sapieha. On insinue que Wojtyła a "appris" la tolérance envers les abus de son "mentor" Sapieha ; certains insinuent malicieusement qu'il y avait peut-être "quelque chose" entre Wojtyła et le vieux cardinal qui l'aimait tant. Il s'agit d'une histoire complètement fausse qui révèle à quel point toute éthique journalistique a été perdue. Elle mérite d'être analysée.

    Des mensonges sur l'homosexualité présumée du cardinal Sapieha et sur les abus qu'il aurait commis à l'égard de séminaristes ont été publiés dans Gazeta Wyborcza. Les accusations se fondent sur des déclarations faites par Anatol Boczek, un prêtre collaborateur du régime communiste qui voulait organiser une Église nationale contrôlée par le parti en Pologne. Boczek appartenait à un groupe de prêtres dits patriotes et était en conflit ouvert avec le cardinal Sapieha lorsqu'il rédigeait ses déclarations pour les services secrets polonais. Il a été suspendu par le cardinal précisément en raison de sa collaboration avec le régime communiste. Boczek était alcoolique et ses déclarations étaient si manifestement fausses que même les communistes n'ont pas osé les utiliser pour cibler Sapieha à l'époque. Finalement, il a été retiré de la liste des collaborateurs.

    Il convient de rappeler que les années 1950 ont été celles de l'apogée de la répression exercée par le régime communiste contre l'Église. Le cardinal Sapieha est mort en 1951 et, immédiatement après, les autorités communistes ont fait arrêter les évêques des diocèses de Katowice et de Cracovie, qui ont ensuite organisé la farce du procès des prêtres de Cracovie, typique de la période stalinienne.

    Don Andrzej Mistat, l'aumônier du cardinal, a également été amené à accréditer les mensonges du collaborateur du régime communiste. Son témoignage, extrait des archives des services secrets communistes, est censé prouver les tendances homosexuelles du cardinal. Mais personne n'explique aujourd'hui que ce témoignage a été écrit par le père Mistat dans les bureaux des services secrets. Arrêté, battu, menacé, il a fait cette déclaration dans l'incertitude de son sort. Ce genre de témoignage, arraché à des prêtres, a été utilisé pour organiser des simulacres de procès contre des évêques. On ne peut donc qu'admirer la sagacité du père Mistat qui, risquant la prison et devant écrire quelque chose, a formulé des accusations sexuelles qui lui semblaient probablement "inoffensives". Quelle est la valeur de ce type de documents des services secrets ? Ils ne devraient avoir aucune valeur juridique, mais entre-temps, ils sont rendus publics et utilisés par les médias comme des preuves "sûres" de la culpabilité.

    Les médias lancent d'autres accusations purement désobligeantes : le fait que, pendant la guerre, le card. Sapieha a hébergé des séminaristes dans son palais serait la "preuve" qu'il était homosexuel, mais les mêmes médias cachent l'information selon laquelle les bâtiments du séminaire ont été occupés par les Allemands.

    L'attitude des rédacteurs de l'hebdomadaire Tygodnik Powszechny, fondé par le cardinal Sapieha, qui se demandent si le jeune Wojtyła a subi des attouchements de la part du cardinal, est triste. Ces thèses iconoclastes atteignent le summum du mensonge mais ne servent pas à convaincre les historiens qui peuvent facilement les réfuter : leur but est de détruire l'autorité de ceux qui font justement autorité pour nous, catholiques ordinaires, qui n'avons généralement pas les outils pour vérifier ces mensonges honteux. Frapper une personne morte il y a soixante-dix ans ne permet pas une défense équitable car on ne connaît pas le contexte historique des faits, le conditionnement politique, etc. Les milieux qui ont lancé l'attaque contre Wojtyła comptent sur cela.

    En frappant le Cardinal Sapieha, on veut frapper, il faut le souligner fortement, la figure de saint Jean-Paul II. Monseigneur Jan Machniak, professeur à l'Académie théologique pontificale de Cracovie, déclare : "Frapper Jean-Paul II et les personnes qui lui sont liées, c'est détruire le grand héritage que le pape a laissé non seulement à l'Église, mais aussi à l'humanité tout entière. Nous devons garder cela à l'esprit lorsque nous lisons les nouvelles "sensationnelles" concernant Wojtyła qui nous parviennent de Pologne ces jours-ci.

    Lire également : Polish bishops: New allegation that JPII covered up sex abuse based on reports from communist secret police

  • Bart De Wever part en guerre contre le mouvement woke

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    De Bart Haeck sur De Tijd :

    De Wever entre dans la bataille culturelle avec le mouvement woke

    Bart De Wever, président de la N-VA : "Toutes les bonnes et mauvaises choses que nos ancêtres ont faites ont fait de nous ce que nous sommes aujourd'hui".

    3 mars 2023

    Le président de la N-VA Bart De Wever voit dans le mouvement woke de la gauche radicale une menace pour le fonctionnement de la démocratie en Flandre. Il a écrit un livre à ce sujet.

    Quatre ans après avoir écrit "sur l'identité", le président de la N-VA Bart De Wever a publié un nouveau livre, sur le mouvement woke. Il s'agit de la pensée qui soutient que nous devons nous "réveiller" et réaliser à quel point le racisme et l'injustice sociale sont enracinés dans les fibres les plus profondes de notre société.

    Elle donne lieu à des discussions sur la question de savoir si la VRT doit continuer à diffuser des épisodes de 'FC De Kampioenen' dans lesquels quelqu'un s'habille en noir pour l'Épiphanie, s'il est approprié pour un Blanc de traduire un poème d'un poète noir et s'il est transphobe de diviser la population binaire en hommes et femmes.

    La ligne de fond

    Le président de la N-VA, Bart De Wever, a publié un livre intitulé "about woke". Il y aborde la bataille culturelle avec un mouvement qui affirme que nous devons prendre conscience de la façon dont l'inégalité sociale a pénétré les fibres les plus profondes de notre vie quotidienne.

    Selon De Wever, il s'agit d'un "poison rampant" qui rend malade notre société, construite sur la citoyenneté et les idées des Lumières, de l'intérieur. Selon lui, le mouvement woke se manifeste "par la criminalisation de la société occidentale et la glorification de tout ce qui pourrait s'en écarter".

    Cette pensée se trouvait déjà dans "On Identity", dans lequel il explique ce que signifie être un citoyen d'un État-nation construit sur les idées des Lumières. "Je crois que le climat intellectuel dominant d'autodestruction postmoderne a imprégné notre culture ces dernières années, avec une auto-honte et un relativisme culturel inutiles", écrit-il.

    Universités

    Alors que la guerre du woke fait particulièrement rage dans les universités américaines, De Wever a donné des conférences dans certaines universités flamandes à l'automne 2022. Contrairement à ce que le marxisme voudrait faire croire, ce sont les idées qui déterminent l'histoire", écrit-il. Et comme le poisson pourrit par la tête, les campus sont l'endroit logique pour commencer à raconter une contre-histoire.

    Le mouvement woke se manifeste, selon Bart De Weaver, "comme la criminalisation de la société occidentale et la glorification de tout ce qui pourrait s'en écarter".

    Ces conférences ont maintenant abouti à un livre, dans lequel il dénonce le mouvement de balancier qui va trop loin. La critique justifiée de ce que Léopold II a fait au Congo a abouti à une historiographie dans laquelle il n'y a de place que pour la honte. L'accent mis à juste titre sur l'inégalité des chances pour les femmes s'est transformé en une vision de la masculinité comme une "construction culturelle pernicieuse qui doit être éliminée". À cet égard, De Wever cite un article de De Morgen intitulé "Les entreprises qui font des profits créent un environnement de promiscuité".

    Et les personnes ayant un statut de victime deviennent impensables dans un rôle d'agresseur. De Wever explique que lorsque Will Smith a donné un coup de poing au présentateur Chris Rock lors de la cérémonie des Oscars de 2022, une opinion est parue dans The Guardian, selon laquelle la couverture exagérée de l'incident était problématique car, après tout, les Blancs aiment désormais présenter les hommes noirs comme des agresseurs.

    Programme politique

    Si De Wever souhaite que la guerre culturelle autour du mouvement "woke" figure en bonne place dans l'agenda politique, c'est parce qu'il la considère comme une menace pour un débat politique sérieux et ouvert. Aux États-Unis, ce mouvement a non seulement radicalisé les démocrates, mais a également renforcé la réaction de la droite radicale de Trump.

    De Wever voit également dans le mouvement woke une menace pour la notion de citoyenneté et pour une identité flamande qui devrait être le liant de la res publica. Tout ce que nos ancêtres ont fait de bien et de mal a fait de nous ce que nous sommes aujourd'hui", dit-il. En revanche, une société balkanisée qui, dans un vide identitaire, encourage les groupes de victimes à éprouver du ressentiment à l'égard des groupes d'agresseurs, n'a pas d'avenir".

  • Vermeer : plus catholique qu'on ne le pense

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    D'Erik De Smet sur Kerknet :

    Le secret catholique de Johannes Vermeer

    27 février 2023

    Johannes Vermeer était plus catholique qu'on ne le pense, affirme le commissaire de l'exposition Vermeer du Rijksmuseum d'Amsterdam, qui affiche complet.

    L'influence de la foi catholique sur Johannes Vermeer (1632-1675), protestant à l'origine, est plus importante qu'on ne l'a toujours pensé. C'est ce que conclut Gregor J.M. Weber, l'un des commissaires de l'exposition Vermeer au Rijksmuseum d'Amsterdam, dans son livre Johannes Vermeer. Foi, lumière et réflexion.

    Cette suspicion n'est pas nouvelle. Il y a quelques années, les jésuites néerlandais Dries van den Akker et Paul Begheyn ont écrit un livre sur Vermeer et sa relation avec les jésuites de Delft. Un travail pas simple, car malgré sa réputation renommée, nous ne savons pratiquement rien du peintre de Delft. Seuls les actes notariés mentionnent son nom. Sa biographie consiste en grande partie en conjectures et en suppositions.

    Un mariage qui ne va pas de soi

    Les faits. Pour épouser une jeune fille catholique, Vermeer, baptisé dans l'Église protestante, a dû passer à la foi catholique et se familiariser avec la doctrine catholique. Le mariage a été béni le 20 avril 1653 par le jésuite Johannes Vermeij, peut-être dans une grange ou une maison de Schipluiden, car les catholiques n'étaient pas autorisés à professer ouvertement leur foi. Le mariage n'allait pas de soi : Johannes était issu de la petite bourgeoisie, sa femme Catharina Bolnes d'une famille riche et catholique pratiquante. Après le mariage, Vermeer, alors âgé de 20 ans, et sa femme sont allés vivre chez sa belle-mère et sont devenus voisins des jésuites à Delft.

    Mais Vermeer est-il devenu un fervent catholique ? Sur ce point, les avis sont partagés.

    Par son mariage, le peintre est sans doute entré dans un milieu catholique.
    Dans sa maison était suspendu un crucifix (à l'époque un signe manifeste de l'"ancienne" foi) et il possédait des tableaux catholiques. Deux de ses fils portent le nom de saints catholiques : François et Ignace. Son fils aîné Johannes nourrissait le désir de devenir prêtre, et son petit-fils Aegidus, fils de sa fille Maria, a été ordonné prêtre. 

    La foi catholique se reflète-t-elle également dans les œuvres de Vermeer ?

    Le Christ dans la maison de Marthe et Marie (1655, National Galleries of Scotland, Edinburgh) est l'une des rares œuvres ayant un thème religieux. Le peintre s'est rendu célèbre avec des scènes calmes et intimes, où souvent les jeunes femmes sont prises, pour ainsi dire, dans des actions quotidiennes. Progressivement dans sa carrière, le maître de Delft a également développé une maîtrise particulière de la lumière.

    Selon Gregor J.M. Weber, c'est chez les jésuites que Vermeer a rencontré pour la première fois la camera obscura, un outil permettant de reproduire fidèlement la réalité sur la toile.

    La lumière et l'optique jouent un rôle très important dans la littérature dévotionnelle des Jésuites.
    Ils utilisent l'appareil photo comme modèle pour la perception de la lumière divine. Vermeer a également conçu des thèmes jésuites dans les scènes de la vie quotidienne.

    Sa Femme à la balance (1662-64, National Gallery of Art, Washington) montre en arrière-plan un tableau représentant le Jugement dernier, dans lequel les âmes de tous sont pesées. La jeune femme fait de même avec sa balance. Mais que pèse-t-elle ? De l'or ? Non, rien du tout. La femme attend que la balance atteigne l'équilibre, symbole d'une vie tempérée et d'un jugement mesuré. Le contraste entre les valeurs terrestres et célestes, le clair et l'obscur, est également caractéristique de la littérature dévotionnelle jésuite. La pesée représente le discernement.

    Aujourd'hui, on considère l'Allégorie de la foi (1671-1674, Metropolitan Museum of Art, New York) comme l'œuvre la moins convaincante de Vermeer, mais c'était l'un des tableaux les mieux payés vendus après sa mort. Elle est pleine de symboles catholiques. Vermeer peint une pièce domestique avec une grande crucifixion. La jeune femme, avec son pied sur le globe, symbolise la foi. Un rideau, comme dans d'autres œuvres de Vermeer, semble nous donner un aperçu de quelque chose d'intime. Le plus grand mystère réside dans le globe en verre réfléchissant comme symbole au plafond. Une telle sphère apparaît également dans un livre jésuite de 1636. Cela indique que Vermeer avait une connaissance approfondie de leurs idées spirituelles.

    Considérez le silence et l'intimité, et surtout la lumière dans les œuvres de Vermeer comme des thèmes religieux. La merveille de Dieu se révèle dans le monde qui nous entoure. Il s'agit sans aucun doute d'un thème catholique. Dans ce monde matériel, qui se laisse lire comme une "seconde Bible", Dieu était aussi présent que dans les saintes écritures", écrit l'historien Aart Aarsbergen dans une récente biographie du maître. 

    Mais qu'en est-il de la célèbre Fille à la boucle d'oreille en perle ? L'œuvre la plus célèbre de Vermeer est sans aucun doute la Jeune fille à la perle (1665, Mauritshuis, La Haye), qui est devenue au cours des dernières décennies la "Joconde du Nord". Il s'agit d'un portrait plutôt modeste d'une jeune Hollandaise très ordinaire, mais qui présente un attrait inimaginable et une maîtrise magistrale de la lumière. Dans le film à succès de 2003 Girl with a Pearl Earring (basé sur un roman de Tracy Chevalier), Scarlett Johansson joue le rôle d'une jeune fille protestante, Griet, qui doit servir dans la riche famille catholique de Vermeer. On dit qu'elle aurait été le modèle du tableau. L'histoire est en grande partie une fiction.

    La force du tableau provient des quatre reflets de la lumière : dans les deux yeux de la jeune fille, sur ses lèvres et dans le bijou à son oreille, qui n'est d'ailleurs pas une perle. Là encore, il y a un sous-entendu spirituel (catholique) : le terrestre reflète la lumière divine.

    Pendant ce temps, l'exposition Vermeer au Rijksmuseum d'Amsterdam affiche complet. Les 450 000 billets disponibles ont été vendus en quelques jours. 

    Pour aller plus loin :

    • Dries van den Akker S.J. en Paul Begheyn S.J., Johannes Vermeer en de Jezuïeten in Delft, Adveniat, 148 blz.
    • Gregor J.M. Weber, Johannes Vermeer. Geloof, licht en reflectie, Rijksmuseum, 168 blz.
    • Aart Aarsbergen, Het raadsel Vermeer; Kroniek van een schilderijen, Sterck&De Vreese, 235 blz..
  • 10 ans après, la renonciation de Benoît XVI suscite toujours le débat

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    Du Père Raymond J. de Souza  sur le National Catholic Register :

    La démission du pape Benoît : Le débat se poursuit 10 ans après

    De nouvelles informations peuvent nous aider à mieux comprendre la décision de Benoît XVI.

    27 février 2023

    Le 10e anniversaire de l'annonce de l'abdication du pape Benoît XVI - le 11 février 2013 - est passé sans trop de commentaires, étant donné l'attention portée un mois plus tôt à sa mort. Mais l'anniversaire de l'abdication elle-même, le 28 février, offre l'occasion de revenir sur cette décision à la lumière de nouvelles informations.

    À l'occasion du cinquième anniversaire en 2018, j'ai écrit, étant donné que personne n'avait jamais démissionné de la papauté dans des circonstances sereines, que la position par défaut devait être que Benoît avait tort de le faire, et que la charge de l'argumentation reposait sur ceux qui considéraient que c'était la bonne chose à faire.

    Benoît lui-même a clairement défendu la validité de son abdication, mais de manière peu convaincante la justesse de sa décision. J'ai présenté cet argument ici.

    Depuis le cinquième anniversaire, de nouvelles informations peuvent nous aider à mieux comprendre la décision de Benoît XVI.

    Le pape François n'est pas d'accord

    Du vivant de Benoît XVI, le pape François a toujours parlé favorablement de la décision. Mais peu après sa mort, il a déclaré que le ministère papal était "pour la vie" et qu'il ne voyait "aucune raison" qu'il en soit autrement :

    "Benoît a eu le courage de le faire parce qu'il ne se sentait pas capable de continuer à cause de sa santé. Moi, pour le moment, je n'ai pas cela à l'ordre du jour. Je crois que le ministère du pape est ad vitam. Je ne vois aucune raison pour qu'il en soit autrement. Pensez que le ministère des grands patriarches est toujours ad vitam ! Et la tradition historique est importante".

    Comment concilier cette réponse récente avec les déclarations antérieures du Saint-Père - nombreuses - faisant l'éloge de cette décision ? Il semble que François estime que Benoît XVI a été sincère, humble et courageux en prenant cette décision, mais que celle-ci était erronée sur le fond. Par élégance, il a choisi de mettre l'accent sur le premier point du vivant de Benoît XVI et sur le second après sa mort.

    Les deux papes se sont rencontrés souvent et ont beaucoup discuté. D'après les commentaires publics du pape François, il est raisonnable de supposer qu'ils ont discuté de la question de savoir si l'abdication de Benoît XVI a créé une nouvelle réalité dans l'Église, comme l'a fait l'âge de la retraite des évêques il y a un demi-siècle. François semblait ouvert à cette possibilité. Mais il semble que, finalement, il n'en soit pas convaincu.

    Une mort imminente ?

    En 2021, le secrétaire privé de Benoît XVI, l'archevêque Georg Gänswein, a déclaré que le Saint-Père ne s'attendait à vivre que quelques mois après son abdication.

    "Lorsqu'il a démissionné au printemps 2013, il lui semblait et il me semblait - je peux l'avouer ici - qu'il ne lui restait que quelques mois à vivre, mais pas huit ans", a déclaré Mgr Gänswein lors d'une conférence en Autriche.

    Si cela est vrai, l'abdication semblerait faire preuve d'indulgence. Pourquoi créer une rupture avec la tradition ininterrompue uniquement pour quelques mois de soulagement de la fonction papale ? Par le passé, l'Église s'est accommodée de papes diminués pendant bien plus longtemps que quelques mois.

    En fait, le pape Benoît a vécu plus longtemps à la retraite qu'il n'a exercé sa fonction. S'il a regretté sa décision, compte tenu de sa longévité inattendue, il ne l'a jamais fait savoir publiquement.

    Dans un livre d'entretien après son abdication, Benoît XVI a expliqué qu'après sa visite à Cuba et au Mexique en 2012, il s'est rendu compte qu'il ne pourrait pas faire un autre voyage transocéanique. Son médecin le lui avait déconseillé pour des raisons de décalage horaire.

    Étant donné que les voyages papaux ne sont pas obligatoires, et que le décalage horaire peut être traité par des mesures moins drastiques que la démission, l'explication de Benoît XVI est restée insuffisante.

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  • Y a-t-il un « véritable islam » ?

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    Editorial lu dans la revue mensuelle « La Nef », sous la signature de Christophe Geffroy :

    Dans son livre Sur l’islam (1), Rémi Brague se moque gentiment du propos tenu en 2013 par le pape François : « le véritable islam et une adéquate interprétation du Coran s’opposent à toute violence. » Le « véritable islam » ? Dans cet ouvrage passionnant teinté d’un humour caustique, saisissant par son érudition et sa clarté, Rémi Brague remet les choses à leur juste place : en cherchant à appréhender l’islam sous ses différentes facettes, sans a priori positif ou négatif, il montre qu’il n’y a pas de « véritable islam » et qu’il n’en peut exister puisqu’il ne reconnaît pas de magistère faisant autorité, comme c’est le cas dans l’Église catholique. Le terroriste islamiste qui tue des « mécréants » peut autant se revendiquer de « l’islam véritable » que le soufi plongé dans ses méditations.

    Pour comprendre ce qu’est l’islam donc, quelle est la vision islamique de Dieu et du monde, R. Brague explore ses « fondamentaux », et notamment le Coran, figé, depuis la crise mu‘tazilite du IXe siècle, comme parole incréée de Dieu dictée à Mahomet. Cet aspect essentiel explique une part importante de la réalité musulmane. Le Coran contient nombre de dispositions légales, souvent extrêmement précises et s’attachant à la vie quotidienne dans certains de ses plus petits détails, faisant de l’islam plus qu’une simple religion, « une législation », écrit R. Brague – une « religion de la Loi ». « De la sorte, poursuit-il, lorsque l’islam, comme religion, entre en Europe, il ne le fait pas seulement comme une religion […]. Il y pénètre au titre d’une civilisation qui forme une totalité organique et qui propose des règles de vie bien déterminées. »

    En islam, la raison ne peut en aucune façon être source de l’obligation du droit, la loi vient directement de Dieu, via le Coran lui-même, parole incréée de Dieu. Et lorsque surgissent des contradictions, elles se résolvent par la théorie de l’« abrogation » qui donne la primauté au verset coranique le plus récent, toujours plus sévère que le verset antérieur – relativisant par là même les passages les plus tolérants envers les juifs et les chrétiens que l’on met habituellement en avant. Ainsi, puisqu’il n’y a que la loi de Dieu, le concept de loi naturelle n’a aucun sens et il ne peut exister, en théorie, de règles communes valables pour les musulmans et les « infidèles ». Les conséquences de cette approche du droit, discipline qui domine toutes les autres en islam, sont importantes, notamment par ses répercussions sur la morale et la relativisation de principes que nous considérons comme universels : est bien ce que Dieu veut, donc ce qu’exige le Coran ne peut être que bien, y compris ce qu’a fait Mahomet qui est le « bel exemple » que Dieu recommande de suivre (Coran XXXIII, 21). Ainsi assassiner, torturer, conquérir par l’épée, mentir (taqiyya), multiplier les épouses (y compris fort jeune, Mahomet ayant consommé son mariage avec Aïcha alors qu’elle n’avait que 9 ans)… aucune de ces actions ne saurait avoir été mauvaise dès lors qu’elle a été le fait du « Prophète ». Certes, aucun musulman n’est obligé de faire de même, mais du moins le peut-il sans trahir sa religion.

    L’islam et l’Europe

    Autre thème sur lequel R. Brague remet les pendules à l’heure : l’apport de la civilisation islamique (où chrétiens, juifs, sabéens, zoroastriens ont joué un rôle non négligeable) à l’Europe au Moyen Âge. Certes, les sciences arabes, en ce temps, étaient plus développées dans la sphère islamique que chrétienne, mais, tempère R. Brague, « l’islam en tant que religion n’a pas apporté grand-chose à l’Europe, et ne l’a fait que tard », la chrétienté occidentale n’ayant jamais totalement cessé le commerce intellectuel avec Byzance, ce qui a permis le maintien du contact avec la culture grecque que l’islam n’a aucunement cherché à assimiler.

    Depuis environ cinq siècles, l’islam a comme interrompu son développement culturel et s’est progressivement laissé dépasser et dominer par l’Europe, provoquant une intense humiliation chez nombre de musulmans : c’est ce que R. Brague nomme « l’ankylose » de l’islam. Aujourd’hui, s’il n’y avait pas eu la manne pétrolière, les pays musulmans, faibles scientifiquement et militairement, ne pèseraient rien au plan international. Leur atout est néanmoins leur forte démographie, couplée à une immigration massive vers l’Europe, qui a permis l’installation de vastes communautés musulmanes financées par l’argent de l’or noir. C’est une autre façon, plus patiente mais sans doute plus efficace, de l’emporter et de prendre ainsi une revanche sur le passé. Quand le réaliserons-nous ?

    Christophe Geffroy"

    (1) Rémi Brague, Sur l’islam, Gallimard, 2023, 390 pages, 24 €.

    © LA NEF n° 356 Mars 2023

  • Islam: les contre-vérités (diplomatiques ?) du pape François

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    De Paul Vaute pour Belgicatho, cet examen critique de positions récentes qui ont de quoi interloquer:

       Promulguée en 2020, avec pour noyau thématique "la fraternité et l'amitié sociale", l'encyclique Fratelli tutti contient notamment, en son chapitre 8, point 271, cette phrase surprenante: "Les différentes religions, par leur valorisation de chaque personne humaine comme créature appelée à être fils et fille de Dieu, offrent une contribution précieuse à la construction de la fraternité et pour la défense de la justice dans la société". Je n'aurai pas l'audace de sainte Catherine de Sienne, qui se rendit à Avignon en 1376 pour demander au pape Grégoire XI d'organiser une croisade contre les infidèles, le convaincre de faire la paix avec Florence et lui confirmer qu'il était temps de rentrer à Rome. J'exposerai simplement, dans ce présent espace ô combien précieux de la blogosphère, les raisons de ma dissension à l'égard de cet enseignement et de quelques autres du pontificat actuel sur le même sujet.

       En lisant le passage précité, je me suis d'abord demandé naïvement comment on avait pu, dans un document qui engage l'Eglise au plus haut niveau, insérer pareille affirmation. Car tout lecteur disposant d'un minimum de culture théologique et historique ne peut y voir qu'une pure contre-vérité pour ce qui concerne, dans l'ordre démographique mondial, la deuxième religion après le christianisme, à savoir l'islam.

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  • Il y a 75 ans : la mort de Franz Stock

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    Du Centre International Franz Stock (Chartres) :

    HISTOIRE DE FRANZ STOCK – AUMÔNIER EN ENFER

    Franz_Stock_portrait

    Franz Stock est né à Neheim, en Rhénanie du Nord-Westphalie, dans une famille ouvrière et avait adhéré très tôt aux Compagnons de Saint-François pour organiser des pèlerinages et des rencontres en France et en Allemagne. Ses goûts et sa culture le portaient vers la France, pays qu’il aimait profondément.

    Il fut ordonné prêtre au diocèse de Paderborn, après avoir passé deux années à Paris, au Séminaire des Carmes. Il reviendra à Paris comme aumônier de la colonie allemande.

    En 1940, devenu aumônier des prisons de Fresnes, du Cherche-Midi et de la Santé, il incarna pour les résistants prisonniers, dans cet univers de tortures, de brutalités et de grandes angoisses,  la miséricorde divine et l’amour du Christ pour l’humanité souffrante, sans acception de classes, de nationalités, de convictions politiques ou d’opinions.

    C’est en remplissant ce rôle difficile, au péril de sa propre vie, dans l’enfer des prisons, en faisant preuve d’une étonnante audace, de prudence et de tact, que Franz Stock mérite d’être appelé l’aumônier de l’enfer, ou archange dans l’enfer.

    Accompagnant jusqu’au bout, parfois jusqu’au poteau d’exécution, les résistants condamnés à mort, il s’employait de tout son être à consoler les condamnés et à apporter, du mieux qu’il le pouvait dans ces circonstances tragiques, un soutien discret aux familles des prisonniers vivant dans l’angoisse perpétuelle.

    À la libération de Paris, fait prisonnier, il accepta, sur demande de l’abbé Le Meur, lui-même un rescapé des prisons, à former et à diriger près de Chartres, au Coudray, un Séminaire pour les prisonniers allemands, étudiants en théologie.

    C’est là qu’il assura, deux années durant, avec des professeurs de théologie venus du diocèse de Fribourg-en-Brisgau, la formation de plusieurs centaines de prêtres et de théologiens appelés à renouveler le clergé dans l’Allemagne d’après-guerre, en leur transmettant son immense charité et son idéal de paix.

    Quelques mois seulement après la fermeture de son « Séminaire derrière les Barbelés », Franz Stock expira (le 28 février 1948), à l’âge de 44 ans seulement, le cœur brisé à la vue des souffrances incommensurables endurées par ceux, prisonniers français ou allemands, dont le destin lui avait confié la garde.

  • Les archives de Pie XII concernant les juifs entièrement disponibles en version numérisée

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    D'agensir.it :

    Les archives de Pie XII sur les juifs sont entièrement disponibles en version numérisée

    21 février 2023

    Le traitement des dossiers pour rendre accessible l'ensemble de la série d'archives "Juifs" des Archives historiques de la Secrétairerie d'État - Section pour les relations avec les États et les organisations internationales (Asrs), composée de 170 volumes contenant des demandes d'aide adressées au Pape Pie XII par des Juifs, baptisés et non baptisés, de toute l'Europe, après le début des persécutions raciales, est terminé. Le Bureau de presse du Vatican rappelle que 70% de la documentation avait été rendue librement accessible sur Internet le 23 juin. Aujourd'hui, la publication virtuelle de la série est achevée, ce qui rend la consultation en ligne des documents numérisés complète. En outre, une deuxième édition élargie de l'inventaire analytique a également été mise à disposition, reprenant les noms de tous les demandeurs d'aide enregistrés dans les plus de 2500 dossiers qui composent la série.

  • Le carnaval : un héritage catholique ?

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    De Bosco d'Otreppe sur La Libre de ce 21 février, p. 33 :

    Pourquoi la Belgique est-elle une terre de carnavals ?

    Patchwork de bourgades et de communes catholiques, le pays a particulièrement soigné les carnavals qui participaient notamment à l’affirmation de soi.

    Binche, Malmedy, Alost, Eupen, La Roche, Ninove, Nivelles, Morlanwelz, Lobbes… Sans oublier les Lætares de La Louvière, Fosses-laVille, Tilff ou Stavelot. Des gilles aux Blancs Moussis, la Belgique est bel et bien une terre de carnaval.

    "D’autres régions du monde cultivent de tels folklores", note Clémence Mathieu, directrice du musée international du Carnaval et du Masque (Binche), mais le carnaval trouve chez nous "un écho spécifique dans le cœur des gens." "Sans doute est-ce parce que notre pays est composé de petits villages et de communes qui soignent leur identité ; et le carnaval participe de celle-ci."

    Citoyens de communes et de bourgades, les Belges seraient donc soucieux de leur folklore, peut-être davantage que dans des pays plus "jacobins" et centralisés autour d’une capitale. "Notez que si l’on pense à la France, on remarque que dès que l’on s’avance dans des régions plus reculées et moins tournées vers une capitale - les Alpes par exemple - l’on retrouve de telles coutumes régionales", poursuit Clémence Mathieu.

    Président de la Société de géographie à Paris, Jean-Robert Pitte propose une hypothèse comparable. "Le carnaval est souvent une affirmation des libertés urbaines. Ainsi, de nombreuses villes carnavalesques sont aussi des villes ‘à beffroi’", historiquement soucieuses de leur indépendance. "Il suffit de penser au Carnaval de Dunkerque lors duquel le maire et ses adjoints lancent des harengs depuis l’hôtel de ville et son beffroi. C’est aussi le cas du Carnaval de Venise, affirmation haute en couleur de la Sérénissime."

    Face aux protestants

    Célébration de la transgression, de la mascarade, du burlesque et de l’inversion des rôles, le carnaval trouve son origine dans les fêtes antiques qui jalonnaient le printemps. Si ces fêtes ont été reprises par le catholicisme pour en faire le carnaval - dernier exutoire avant l’entrée en Carême -, c’est qu’elles s’accordent bien à cette religion qui octroie une grande importance à la bonne chère et aux cinq sens. Le catholicisme a toujours pris très au sérieux l’incarnation, c’est-à-dire le fait que son Dieu "s’est fait homme", qu’il a cassé la croûte en partageant le poisson sur les berges du lac de Tibériade, qu’il a multiplié les banquets et changé l’eau en vin pour sauver une noce à la dérive.

    Dans le sillage de l’Église, "la nourriture rayonne de sainteté", note le philosophe Rémi Brague, et la tradition catholique a dès lors toujours pris au sérieux l’exultation du plaisir. Les fêtes catholiques - et les carnavals en sont un bon exemple - "mélangent cérémonies religieuses et réjouissances profanes, écrit Jean-Robert Pitte dans son ouvrage La planète catholique (Tallandier, 2020).

    Tous les arts sont concernés, au premier rangs desquels la musique et la danse, l’art vestimentaire, la gastronomie, mais aussi le théâtre, etc." Le catholicisme veille cependant à ce que cette recherche des plaisirs soit maîtrisée dans les limites du respect de l’autre et de soi-même. Le Carême qui débute au lendemain du carnaval est en ce sens une période de frugalité qui rend le primat à Dieu.

    À côté du catholicisme, le protestantisme rigoureux se présente à certains égards comme une religion plus austère et iconoclaste qui ne connaît d’ailleurs pas de carême en tant que tel. Pour cette raison, la culture du carnaval est moins répandue dans les villes protestantes, bien que les Carnavals de Bâle ou Hambourg - parmi d’autres - aient survécu à la Réforme en tant qu’affirmations des libertés urbaines.

    Jean-Robert Pitte avance dès lors une deuxième hypothèse. Si les carnavals sont si nombreux aux confins du monde réformé, chez nous au nord de l’Europe ou dans la vallée du Rhin, c’est qu’ils ont pu, tout au long de l’histoire, se présenter comme un geste d’affirmation catholique face aux voisins protestants. Le géographe propose cette explication avec prudence, mais il note que ce fut aussi le cas pour l’architecture baroque et rococo qui s’est épanouie en Autriche ou en Bavière pour mieux y défier l’iconoclasme et l’austérité protestante.

  • Le Pape Pie XII, l'Holocauste et la Vérité : Un entretien avec Michael Hesemann

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    De Paul Senz sur le Catholic World Report :

    Le Pape, l'Holocauste et la Vérité : Un entretien avec Michael Hesemann

    "L'anticatholicisme est l'antisémitisme des libéraux. Ceux qui essaient de discréditer Pie XII veulent discréditer l'Église catholique et tout ce qu'elle représente. Et bien sûr, c'est un moyen bon marché de créer un best-seller".

    15 février 2023

    Le pape Pie XII est une figure marquante de l'histoire de l'Église, ainsi que de la politique mondiale, au XXe siècle. Son pontificat a duré de 1939 à 1958, ce qui signifie qu'il a été pape pendant la Seconde Guerre mondiale et ses conséquences, ainsi que pendant la période qui a précédé le Concile Vatican II. Et avant son pontificat, le cardinal Eugenio Pacelli a servi à la Secrétairerie d'État et a été un acteur de premier plan dans les événements tumultueux des premières décennies du siècle.

    Michael Hesemann est l'auteur de quarante-quatre livres, qui ont été publiés en seize langues. Le plus récent, publié par Ignatius Press, s'intitule The Pope and the Holocaust : Pius XII and the Vatican Secret Archives (Ignatius Press, 2022). Aboutissement de nombreuses années de recherche, ce livre est une contribution extrêmement importante au débat scientifique sur le rôle que le pape Pie XII a joué au cours des événements calamiteux qui ont précédé, pendant et après la Seconde Guerre mondiale.

    La réputation de Pie XII en tant que "pape d'Hitler" est-elle une représentation exacte ? Si non, d'où vient cette idée fausse, et comment s'est-elle propagée si largement ? Qu'a-t-il fait pour aider les Juifs pendant la guerre ? Comment a-t-il été vilipendé ?

    M. Hesemann s'est récemment entretenu avec Catholic World Report au sujet de son nouveau livre, des mythes concernant le pape Pie XII et de la vérité sur les efforts déployés par le pape pour combattre le nazisme partout où cela était possible.

    Catholic World Report : Comment ce livre a-t-il vu le jour ?

    Michael Hesemann : En 2003, mon éditeur m'a demandé d'écrire un livre sur "la religion d'Hitler". Au cours de mes recherches, il est devenu évident qu'Hitler, qui suivait un mysticisme néo-gnostique du sang, était presque aussi fanatique contre l'Eglise catholique qu'il était antisémite. Son plan était d'exterminer l'Église après sa "victoire finale", la fin de la guerre ; jusque-là, il avait encore besoin des catholiques allemands pour se battre pour le Reich.

    De plus en plus, je me suis rendu compte que son antipode était Pie XII, l'homme qui, providentiellement, se trouvait à Munich en tant que nonce juste au moment de la montée en puissance d'Hitler et qui est devenu pape juste à la veille de la Seconde Guerre mondiale. J'ai écrit une biographie de Pie XII, qui a été traduite en six langues, et j'ai obtenu la permission de faire des recherches dans les archives secrètes du Vatican en 2008. À partir de ce moment, j'ai pu fouiller dans ses dossiers, des dizaines de milliers de documents, pour en savoir plus sur son attitude envers les Juifs, envers Hitler, et sur ses activités pour contrer les nazis et aider les Juifs pendant la persécution et l'holocauste.

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  • Deux critères pour réutiliser au mieux les églises fermées

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    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso (traduction de Diakonos.be)

    Églises fermées. Deux critères pour les réutiliser au mieux

    Marcel Proust était prophétique quand il voyait, en 1904 déjà, bien trop d’ « églises assassinées » par décision du gouvernement français qui les transformait « selon leur bon plaisir en musées, salles de conférences ou en casinos ». Aujourd’hui en France, il y a même pire, avec trois églises incendiées en moins d’une semaine, en janvier dernière, au terme d’une série d’actes hostiles contre les lieux de culte dont la seule faiblesse est d’être sans cesse plus vides de fidèles.

    Plus que d’agressions, des milliers d’églises en Europe souffrent de l’abandon. Avec toujours moins de catholiques à la messe, elles se retrouvent vides. Et elles finissent donc par être fermées. En Allemagne, aux Pays-Bas, en Belgique, les chiffres donnent le vertige. Mais en Italie aussi, le nombre d’églises désaffectées est en augmentation. Ici, au moins, les églises appartiennent non pas à l’État mais à l’Église et elles jouissent donc d’une tutelle spontanée et durable de la part de leurs communautés diocésaines et paroissiales respectives. Mais quand ces communautés s’étiolent et disparaissent, c’est la fin pour leurs églises respectives. Elles risquent sérieusement d’être vendues et de se retrouver sur le marché, transformées par exemple en supermarchés ou en discothèques, ou à tout le moins en quelque chose d’opposé à leur raison d’être.

    Au Vatican, certains ont essayé de trouver des solutions pour remédier à cette situation. À la fin de l’année 2018, le Conseil pontifical de la culture présidé par le cardinal Gianfranco Ravasi avait organisé un colloque à la Grégorienne avec des délégués des évêchés d’Europe et d’Amérique du Nord sur le thème : « Dio non abita più qui ? » [Dieu n’habite-t-il plus ici ?]. Ce colloque a permis de faire émerger des « lignes directrices » qui déconseillaient « des réaffectations commerciales à but lucratif » et qui encourageaient en revanche des « réaffectations solidaires », à finalité « culturelle ou sociale » : musées, salles de conférences, librairies, bibliothèques, archives, laboratoires artistiques, centres Caritas, dispensaires, réfectoires pour les pauvres, et autres. Restant sauve « la transformation en logements privés » dans le cas « d’édifices plus modestes et dépourvus de valeur architecturale ».

    Mais plus de quatre ans après ce colloque, le risque continue à peser toujours plus lourdement. Le nombre d’églises désaffectées est en croissance accélérée, avec l’exigence encore plus forte d’identifier des critères de réaffectation qui aient du sens.

    C’est ce que tente de faire le père Giuliano Zanchi dans le dernier numéro de « Vita e Pensiero », la revue de l’Université catholique de Milan. Le P. Zanchi est prêtre du diocèse de Bergame, professeur de théologie et directeur de l’autre mensuel de la même université, la « Rivista del Clero Italiano », c’est un grand expert d’art et de thèmes liés à la frontière entre esthétique et sacré.

    Dans un article intitulé « Diversamente chiese, la posta in gioco » [églises autrement, les enjeux], le P. Zanchi suggère de suivre deux critères en matière de réaffectation des églises qui ont cessé d’être utilisées pour le culte mais qui « souhaitent se reproposer à la vie civile dans une fonction de carrefour culturel et de seuil spirituel ».

    Le premier critère, écrit-il, est celui qui « capitalise sur la dignité artistique normalement liée aux édifices historiques qui, dans l’actuel esprit du temps défini comme ‘post-sécularisme’, a acquis universellement la faculté d’agir en tant que repère de transcendance ».

    Ceci parce que « les formes de l’art, et particulièrement celles qui raniment la fascination des périodes de gloire de la culture occidentale, se présentent comme un culte laïc qui hérite clairement des fonctions autrefois remplies par la dévotion religieuse ».

    C’est une fascination qui touche « aussi le citoyen agnostique de la cité contemporaine ». Il y a en effet un « culte social de l’art, qui a ses propres sanctuaires, ses liturgies, ses prêtres, ses mythes, ses sacrements, ses pèlerinages et ses fêtes de précepte » qui à leur tour, tout comme la musique, le cinéma, la littérature, « délimitent un espace particulièrement hospitalier d’un univers de pensée commun et partagé ».

    Pour le dire autrement, « le sacré historique de nombre d’édifices religieux qui ne sont plus utilisés comme lieux de la liturgie a toutes les qualités pour pouvoir héberger ces besoins sociaux bien enracinés et pour être candidats à jouer le rôle de véritables carrefours d’une ‘fraternité culturelle’ dans laquelle animer, dans le respect du débat, des échanges d’idée, de la pluralité et de l’hospitalité, un sens commun de l’humain ».

    Le second critère, poursuit le P. Zanchi, consiste en revanche en « ce besoin typique de la cité contemporaine » de disposer d’espaces-frontières, de seuils, « en mesure de nous renvoyer vers la profondeur et la transcendance, un rôle qui, faute de mieux, est habituellement rempli par les théâtres, les musées, les bibliothèques et d’autres lieux d’un dépassement non utilitariste ».

    Les églises en activité remplissent déjà ce dépassement, ce « désir de spiritualité », même pour celui qui n’y entre pas ou qui est étranger au culte qu’on y célèbre. Mais il faudrait également le maintenir vivant même dans les églises désaffectées.

    Le P. Zanchi écrit : « Dans nos villes, qui restent impitoyablement horizontales, même quand on construit des gratte-ciels qui défient les cieux, nous avons besoin d’espaces susceptibles d’être franchis comme des ‘seuils spirituels’ et qui vivent d’un élan vertical même quand ils restent cachés au rez-de-chaussée de la vie urbaine. Maintenir de toutes les façons possibles cette fonction serait, pour de nombreuses églises désaffectées au culte, un destin cohérent avec leur nature, dans les manières concrètes avec lesquelles tout cela pourrait se produire ».

    Ces deux critères, poursuit le P. Zanchi, « peuvent se croiser entre eux » et l’Église devrait faire tout son possible pour les mettre en pratique elle-même, de sa propre initiative. En effet, si elles sont bien utilisées, ces reliques d’églises pourraient offrir « des espaces de symbolique forte encore en mesure de recueillir, de rassembler, de réunir, autour des besoins que tous ressentent que personne ne voit ».

    Naturellement, tout en sachant bien que, pour y parvenir, la « condition préalable essentielle » c’est qu’il y ait dans l’Église « une vision pastorale spirituellement libre et capable d’imagination, qui ait le sens de la perspective, le talent de la créativité et d’une vision fraternelle de sa propre présence dans le monde ».

    « Et sur ce sujet », conclut le P. Zanchi, « le catholicisme semble encore hésitant ». En Italie et ailleurs.

  • Les ricanements de ceux qui dénigrent "Vaincre ou mourir" et qui croient que les vaincus n’ont pas le droit d’être fiers

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    De Guillaume Perrault sur le site du Figaro via artofuss.blog :

    Guerre de Vendée: ces vérités qui dérangent

    11 février 2023

    GRAND RÉCIT – Le film «Vaincre ou mourir», de Paul Mignot et Vincent Mottez, a heurté ce qui demeure un tabou dans une partie de l’opinion: dépeindre les guerres de Vendée du point de vue des insurgés. Le film, pourtant, rend compte fidèlement d’une plaie béante de l’histoire de France.

    Le film Vaincre ou mourir, qui décrit les guerres de Vendée du point de vue des insurgés et en dépeignant le chef le plus flamboyant de «l’armée catholique et royale», Charette, a suscité des attaques hargneuses mais a aussi rencontré son public. La bataille des mémoires autour des guerres de Vendée dure depuis plus de deux siècles et les controverses sur les responsabilités des tueries de civils n’ont pas cessé depuis la chute de Robespierre (juillet 1794) et la fin de la Terreur. Reste qu’un accord devrait pouvoir se dégager, dans une démocratie mature, pour respecter et faire connaître des faits avérés et d’une exceptionnelle gravité. Les ricanements suscités par Vaincre ou mourir prouvent que, dans certains secteurs de l’opinion, le refus de savoir subsiste. En contraignant à affronter des vérités qui dérangent toujours, ce film aura donc fait œuvre utile et méritoire.

    À lire aussi : Vaincre ou mourir: le Puy du Fou raconte le général Charette et la guerre de Vendée pour son premier film

    L’insurrection vendéenne naît en mars 1793 comme une révolte contre la conscription. En réaction aux défaites militaires aux frontières (la France révolutionnaire avait déclaré la guerre à l’Autriche, liée par une alliance à la Prusse, puis à l’Angleterre, la Hollande et l’Espagne), la Convention a décidé, le mois précédent, la levée de 300.000 jeunes hommes à tirer au sort parmi les célibataires de chaque commune. Les maires sont chargés d’assurer la désignation des conscrits. La décision de Paris provoque des résistances paysannes voire des débuts de sédition dans de nombreuses régions, mais celles-ci sont bientôt réprimées. Il en va autrement dans ce qu’on appellera bientôt « la Vendée militaire », territoire bien plus vaste que l’actuel département du même nom. La région insurgée regroupe le sud de la Loire-Atlantique, le sud-ouest du Maine-et-Loire, les deux tiers nord de la Vendée d’aujourd’hui et le nord-ouest des Deux-Sèvres. Le bocage vendéen et les Mauges, qui forment un ensemble d’une centaine de kilomètres de côté, en constituent l’épicentre. C’est ce territoire, à cheval sur l’Anjou, le Poitou et les confins de la Bretagne, qui va se soustraire, quelques mois, à l’autorité de la Convention.À Cholet, où a fleuri l’industrie textile, de jeunes paysans et tisserands des environs envahissent la petite ville et tuent le commandant de la garde nationale, manufacturier « patriote »

    Le drame commence début mars 1793, alors que les tirages au sort se préparent dans les communes. À Cholet, où a fleuri l’industrie textile, de jeunes paysans et tisserands des environs envahissent la petite ville et tuent le commandant de la garde nationale, manufacturier «patriote» (le terme, à l’époque, désigne les partisans de la Révolution). La violence gagne la partie ouest du bocage, dans le marais breton-vendéen. La bourgade de Machecoul est occupée par des milliers de paysans, qui tuent 15 à 25 « patriotes » les 11 et 12 mars, puis 80 à 120 prisonniers républicains à partir du 27 mars en représailles de l’exécution de 100 à 200 prisonniers « blancs » à Pornic. Au nord, près de la Loire, des ruraux s’emparent de Saint-Florent-le-Vieil. Le 19 mars, 3.000 soldats républicains, partis de La Rochelle pour Nantes, sont mis en déroute à Pont-Charrault. La jacquerie est devenue une insurrection.

    À VOIR AUSSI – «Pas comédien pour faire de la politique»: Hugo Becker répond à la polémique autour de Vaincre ou mourir

    «Pas comédien pour faire de la politique»: Hugo Becker répond à la polémique autour de Vaincre ou mourir

    À lire aussi : Vendée, l’épopée des géants

    Rien ne distinguait pourtant l’esprit public de ce qui deviendra la Vendée militaire des attentes du reste de la France, à la veille de la Révolution, si l’on en croit les Cahiers de doléances rédigés lors de l’hiver 1788-1789. La région a vu mourir sans regret l’antique édifice féodal lors de la nuit du 4 août 1789. Mais la situation s’est très vite dégradée. Les administrateurs des nouveaux départements et districts, partisans et relais du nouveau régime, étaient, aux yeux des ruraux, ses principaux bénéficiaires. N’avaient-ils pas été les acquéreurs empressés des propriétés du clergé nationalisées, les fameux biens nationaux, qui privaient l’Église des moyens d’assurer son rôle social et éducatif traditionnel ?

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