Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Politique - Page 407

  • La mise en garde d'un jésuite égyptien face à l'Islam, "religion de l'épée"

    IMPRIMER

    De Sandro Magister sur son blog Settimo Cielo traduit par Diakonos.be :

    « Islam, religion de l’épée ». L’alarme d’un jésuite égyptien

    Dans dix jour, le vendredi 28 avril, le pape François atterrira dans une Egypte encore marquée par les massacres du dimanche des rameaux perpétré par des musulmans dans deux églises chrétiennes bondées de fidèles.

    Pourtant, le mantra des autorités vaticanes, à commencer par le pape, continue à être que « l’islam est une religion de paix ».  Il est formellement interdit de parler de « guerre de religion » ou de « terrorisme islamique ».

    « Civiltà Cattolica » avait bien tenté à une occasion d’affronter la réalité en face dans un éditorial de 2014 signé par le père Luciano Larivera qui écrivait ceci à propos de l’aile la plus belliqueuse du monde musulman:

    « Il s’agit d’une guerre est une guerre de religion et d’anéantissement.  Elle instrumentalise le pouvoir pour la religion et non l’inverse. »

    Mais le père Antonio Spadaro était immédiatement intervenu pour démentir cette vérité simple inopinément parue dans la revue qu’il dirige.

    A la veille d’un voyage de François au Caire, voici pourtant que cette vérité refait surface, bien argumentée, cette fois dans les pages de l’Osservatore Romano, et à nouveau sous la plume d’un jésuite.

    Le nom de ce dernier est Henri Boulad.  Il a 86 ans et est né à Alexandrie en Egypte.  Il est issu d’une famille syrienne de rite melkite qui a fui les massacres antichrétiens de 1860.  Il vit au Caire et ce qui va suivre est une partie de l’interview qu’il a accordée au quotidien du Saint-Siège en date du 13 avril, le jour du Jeudi Saint.

    *

    Q. – Père Boulad, vous avez été recteur du Collège des jésuites au Caire où de nombreux musulmans et chrétiens ont étudié dans un exemple concret de vivre-ensemble. Et pourtant aujourd’hui le monde semble subir les assauts de ce même islam.

    R. – Mais de quel islam parlons-nous? Voilà toute la question. On trouve dans le Coran les versets de la Mecque et ceux de Médine. Dans ceux écrits à La Mecque, Mahomet tient un discours très ouvert qui parle d’amour et dans lesquels les juifs et les chrétiens sont nos amis, il n’y a pas d’obligation en matière de religion et Dieu est plus proche de nous. La première partie de la vie de Mahomet transmet donc un message spirituel, de réconciliation et d’ouverture.

    Mais quand Mahomet quitte La Mecque pour fonder Médine, il y a un changement. De chef spirituel, il devient un chef d’Etat, militaire et politique. Aujourd’hui, ces versets de Médine forment les trois quarts du Coran et sont un appel à la guerre, à la violence et à la lutte contre les chrétiens.

    Les musulmans des IXe et Xe siècles ont pris acte de cette contradiction et se sont mis ensemble pour tenter de la résoudre, le résultat fut qu’ils prirent cette décision désormais célèbre d’abrogeant et d’abrogé: les versets de Médine abrogent ceux de La Mecque. Mais ce n’est pas tout. Le soufisme fut mis à l’index et des bibliothèques entières furent incendiées en Egypte et en Afrique du Nord.

    Il faudrait donc reprendre les versets originaux qui sont à la source, c’est-à-dire précisément les versets de La Mecque, mais ceux-ci sont abrogés, ce qui fait de l’islam une religion de l’épée.

    Q. – De nombreux observateurs et analystes parlent pourtant d’un islam modéré.

    R. – L’islam modéré est une hérésie mais nous devons faire la distinction entre l’idéologie et les personnes, la majeure partie des musulmans sont des gens très ouverts, gentils et modérés. Mais l’idéologie présentée dans les manuels scolaires est quant à elle radicale. Chaque vendredi, les enfants entendent la prédication de la mosquée qui est une incitation permanente: celui qui quitte la religion musulmane doit être puni de mort, il ne faut saluer ni une femme ni un infidèle. Heureusement cela n’est pas mis en pratique mais les frères musulmans et les salafistes souhaitent en revanche appliquer cette doctrine, les musulmans modérés n’ont pas voix au chapitre et le pouvoir se trouve dans les mains de ceux qui prétendent interpréter l’orthodoxie et la vérité.

    Ceux qui ont le pouvoir aujourd’hui, ce ne sont pas les musulmans qui ont pris dans l’islam ce qui était compatible avec la modernité et avec la vie commune avec d’autres populations mais bien les musulmans radicaux, ceux qui appliquent une interprétation littérale et parfois instrumentale du Coran et qui refusent tout dialogue.

    Q. – Mais en agissant de la sorte, ils nient l’œuvre de tous les grands penseurs musulmans comme Avicenne ou Al-Ghazali.

    R. – Oui, et c’est là le point sensible. La réforme qui s’est produite dans l’histoire de l’islam a été réfutée. par exemple, le calife abbasside El Maamoun né à Bagdad en 786 et mort à Tarse en 833, disciple des mutazilites, les rationalistes de l’islam, a bien tenté une réforme mais qui se souvient de lui aujourd’hui? Ce qui a prévalu, c’est l’islam fermé et rigoriste de Mohammed ibn Abd al Wahhab. La dernière réforme en date fut celle tentée par le cheikh Mahmoud Taha au Soudan, qui a été cependant pendu sur la place de Karthoum parce qu’il affirmait que les versets de La Mecque devaient abroger ceux de Médine.

    Il s’agit d’un problème interne à l’islam qui ne propose pas de réponses aux questions de la vie moderne et se trouve face au besoin de se réformer. L’islam aurait besoin d’un Vatican II.

    Q. – Quels défis attendent aujourd’hui l’Egypte?

    R. – Un phénomène dont on parle assez peu, c’est l’athéisme. En Egypte, il y a plus de deux millions d’athées. Ils le sont devenus parce qu’ils ne supportent plus que la religion incite à la violence ou aux exécutions capitales. Dans cela, il n’y a rien de divin. Ils ne veulent plus du fanatisme ou de la liturgie comme répétition mécanique de gestes et de prières. Et abandonner la religion est quelque chose d’inédit en Egypte et dans le monde arabe.

    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso.

  • "L’affaire Mercier" et l'avortement : une nouvelle prise de conscience et une nouvelle mobilisation ?

    IMPRIMER

    Nous remercions l'auteure de cette analyse qui met en évidence les conséquences positives que "l'Affaire Mercier" permet déjà de souligner :

    Ce que « l’affaire Mercier » permet aujourd’hui…

    Puisque cela fuse de tous côtés, pourquoi ne pas réfléchir calmement sur les bienfaits possibles pour la Belgique de ce que beaucoup appellent « l’affaire Mercier ».

    Ceux qui ne sont pas au courant n’auront aucun mal à consulter Google avec les deux mots « Mercier avortement » et voir que depuis le 21 mars 2017, articles et opinions, dans les médias francophones, néerlandophones et même italiens et américains donnent leur version des faits.

    Quels sont les fruits de cette petite bombe printanière que Synergie-Wallonie en cheville avec la conseillère du recteur pour la politique du genre (oui, oui, un poste fixe dans plusieurs universités du pays !) à l’Université Catholique de Louvain a voulu faire exploser ? 

    Certains se sont offusqués du fait qu’on puisse encore mettre en doute le bien-fondé de l’avortement. Les confrontations entre étudiants de l’UCL ont été sans doute trop violentes, tout comme l’avortement lui-même est violent. « Comment ? alors qu’on croyait que ce « droit » était acquis, le voilà remis en question ? » Et de voir les soi-disant menaces défiler : Trump, Pologne, Irlande, Espagne, rétrogrades, catho …tous dans le même panier ! Il faut « dénoncer ces menaces qui pèsent sur ce droit très précieux » lance le Centre d’Action Laïque.

    Car enfin « Chaque femme a la liberté de choisir, sans contrainte, si elle souhaite ou non poursuivre sa grossesse. Ce choix, posé à un moment de la vie, doit être respecté. Choisir si l’on veut avoir des enfants ou non, avec qui, et à quel moment est un droit fondamental. »  Ces lobbies s’agitent car l’agenda est bien une dépénalisation totale de l’avortement.

    Grâce à l’affaire Mercier, une nouvelle prise de conscience, une nouvelle mobilisation est-elle en train de s’opérer ?

    Pour réaffirmer ce « droit » à l’avortement, il y a même eu une distribution de persil organisée par le Conseil des Femmes francophones dans différents lieux comme Louvain-la-Neuve. (On a ainsi pu découvrir les vertus du persil…)

    Voyant cette agitation, certaines jeunes-filles nous ont confié avoir compris que l’avortement n’était pas aussi anodin que ce que les lobbies anti-life voulaient leur faire croire. Oui, en reparler a permis de prendre la mesure du geste et de ses conséquences.

    Plusieurs, dont Stéphane Mercier et Yvan de Beauffort ont osé exprimer leur opinion, le premier par la parole, le deuxième par sa participation en tête de la Marche pour la Vie. Le lynchage a été immédiat. Il n’est plus permis pour certains de par leur engagement académique ou de par leur engagement politique d’exprimer une opinion personnelle. Le MR de Schaerbeek, dont Yvan de Beauffort fait partie a réagi au quart de tour. Le chargé de cours invité, lui aussi a été suspendu. La liberté d’expression mais aussi la liberté académique sont ici menacées comme le soulignaient les Professeurs Michel GHINS et Jean BRICMONT dans une Carte Blanche publiée dans Le Soir. Un autre cas nous a été rapporté d’une fonctionnaire menacée de perdre son emploi parce qu’elle avait exprimé son opinion lors de la MPV face à une caméra, et que ses collègues ont dénoncée dès le lendemain.

    Le rôle de l’Université et celui d’un cours de philosophie ont, eux aussi, été questionnés. Après Ghins-Bricmont, voici le Professeur V. Hanssens qui est interviewé dans La Libre. Lorsqu’elle est catholique, l’université ne doit pas, pour autant, être confondue avec une institution ecclésiale ; en tant qu’académique, elle ne peut en tout cas pas être pervertie par le débat politique. La réponse à ceci est venue de Xavier Dijon s.J. dans une opinion non publiée par La Libre qui a trouvé que cela suffisait de parler de l’avortement. La conclusion de Xavier Dijon mérite d’être relevée : «… si un professeur ne s’est pas plié à ce discours politiquement correct, préférant reprendre – même avec des maladresses – le débat à sa racine strictement philosophique, a-t-il perverti une fonction essentielle de l’université ou bien l’a-t-il plutôt honorée ? » Un autre fruit de l’affaire Mercier est de nous faire réfléchir sur le rôle de l’Université, et tout simplement réfléchir grâce à un cours de philosophie !

    Dans la même opinion, Xavier Dijon nous interpelle sur le « C » de l’UCL, catholique ou pas ? « (…) il serait tout de même dangereux que l’Université catholique évacue le message révélé du Dieu d’amour ou les acquis de la foi dans le Christ ressuscité pour développer un savoir scientifique qui ne tournerait plus que sur lui-même. On sait en effet combien la science peut faire du tort lorsqu’elle se détache de la conscience. Est-il sûr par exemple que la façon dont les embryons humains sont traités aujourd’hui dans nos centres de recherches correspond à la dignité dont ils sont titulaires ? »

    Là aussi, n’y aurait-il pas un électrochoc salutaire de « l’affaire Mercier » à se poser la question : que se passe-t-il au sein d’une institution catholique ? Car n’enseigne-t-on pas aux étudiants en médecine (aux infirmières et aux sages-femmes) comment faire des avortements, comment arrêter une grossesse pour handicap, comment réaliser la procréation médicalement assistée, comment et pourquoi faire des recherches sur les embryons, comment pratiquer l’euthanasie ? Oui, « ON » a laissé faire depuis 30 ans…

    Et si le citoyen lambda, ose se lever et exprimer une opinion dissidente à celle du Main stream, certains hurlent et crachent vulgarité, violence, obscénité et injures…(article de Moustique)

    Oser vraiment penser

    On peut rêver et être plein d’enthousiasme aussi. Sans vouloir provoquer encore plus de haine et de violence chez nos amis d’en face, oserait-on parier qu’en tant que féministe ou laïque du CAL, on puisse encore s’interroger sur ces pratiques devenues si communes et qui touchent à la vie et à la mort ? La Carte Blanche de la féministe Sophie HEINE dans Le Soir, « L’avortement: liberté ou vulnérabilité? », est en ce sens novatrice et ouvre la voie à un dialogue lorsqu’elle affirme « Dans un tel contexte, que peut bien signifier la liberté individuelle si souvent postulée dans la décision d’avorter – et confirmée par le terme officiel d’« interruption volontaire de grossesse  ? Comment les femmes peuvent-elles être effectivement libres dans de telles circonstances si elles sont structurellement soumises à des dominations ? N’est-il pas absurde de considérer que, face à la question cornélienne de prolonger ou non une grossesse, les contraintes s’imposant habituellement à elles soudain s’évaporent ? »

    Un des fruits de l’affaire Mercier, me semble-t-il, sera aussi que des jeunes médecins et autres soignants, réalisent leur vocation : soigner et accompagner ne revient pas à provoquer la mort du fœtus, de l’embryon, de ce bébé handicapé, de cette personne en fin de vie, mais bien à se placer à leurs côtés pour traverser ensemble l’épreuve et inviter chacun des citoyens, vous et moi, à s’investir dans l’aide aux plus fragiles.

    La conclusion sera laissée à au Révérend Général des Frères de la Charité, René Stockman, qui vient de publier dans Tertio cette opinion traduite en français (sur belgicatho) : « Devons-nous retourner aux catacombes ? ».

    « Ceux qui défendent la vie à naître, non seulement avec émotion mais aussi avec des arguments inspirés des enseignements de l’Eglise catholique, sont aujourd’hui en grande difficulté. Nous vivons dans une société devenue allergique à l’application, la proclamation et la défense d’une morale développée sous cet angle. Il y a pourtant dans la Constitution, le principe de la liberté d’expression, mais cela n’est apparemment vrai que pour certains, et la contrepartie est sommée de se taire. Certains de nos hommes politiques ont beaucoup de difficultés à faire valoir le principe de la liberté d’expression à d’autres. »

    A bon entendeur…

  • Le combat pour la vie nous condamne-t-il à la marginalisation et à retourner aux catacombes ?

    IMPRIMER

    De René Stockman, Révérend Général des Frères de la Charité, cet article paru sur Tertio et traduit par une amie :

    De retour aux catacombes ?

    L’affaire du Prof. Mercier et de l’UCL a de nouveau éveillé la polémique au sujet de l’avortement. C’est l’occasion d’éclaircir quelques points et d’essayer de comprendre pourquoi un cours de philosophie, dans lequel on défend une position claire, peut agiter jusqu’aux plus hautes sphères d’une université.

    Tout d’abord, il y a la position défendue et argumentée par le professeur en question, que l’avortement doit être considéré comme un crime. En soi, il n’y a aucune objection légitime à ce propos puisque l’avortement consiste à tuer délibérément un être vivant. Y compris dans la loi belge actuelle, l’avortement est encore considéré comme un crime. Celui-ci n’est que dépénalisé sous certaines conditions. Le simple fait qu’il faille partiellement dépénaliser un acte est la preuve la plus évidente qu’il s’agit d’un crime. La manière dont le professeur a abordé le sujet a certainement alimenté la polémique. Effectivement, certains exemples qu’il avait choisis n’étaient peut-être pas les plus appropriés. Un tel cours offrait l’opportunité d’ouvrir un débat sur ce sujet controversé. La discussion n’a apparemment pas eu lieu.

    De plus, le Professeur Mercier n’a aucunement parlé des drames personnels qui peuvent conduire à l’avortement, ni des cas dans lesquels l’avortement est permis comme un acte médical et même justifié. Un sujet comme l’avortement doit se présenter dans son contexte et ne pas se focaliser uniquement sur l’acte en tant que tel.

    A l’opposé, nous avons l’argument assez violent de l’UCL réduisant le professeur Mercier au silence. Sur quelle base cette décision a-t-elle été prise? Le professeur a-t-il prêché une erreur ? A-t-il été à l’encontre des principes fondamentaux de l’UCL et de sa philosophie ? Il n’y aurait donc à l’UCL qu’une place limitée pour exprimer son opinion. Ces faits ne sont-ils pas en totale contradiction avec la liberté scientifique pourtant si valorisée par les universités ? Et quid du droit à l’erreur évoqué par le Recteur de la KUL, Piet De Somer, à l’occasion de la visite du Pape Jean-Paul II à Louvain ? L’UCL se trompe en effet quand elle déclare que l’avortement est un droit. L’UCL ne supporte apparemment pas qu’une autre opinion, plus correcte, en lien avec la doctrine de l’Eglise soit formulée quand bien même les termes choisis étaient - je le répète - maladroits. Donc, visiblement, un professeur à l’UCL n’est plus autorisé à penser sur les principes fondamentaux de la doctrine de l’Eglise catholique, doctrine à partir de laquelle l’université s’est tout de même développée, mais qui maintenant s’en est plutôt éloignée.

    L’ensemble de cette campagne diffamatoire nous amène à une considération plus fondamentale du sujet de l’avortement et des autres thèmes en rapport avec la vie. Aujourd’hui, presque tout est subordonné à la morale de l’intention. Une chose est bonne quand elle sert un bon objectif. Qu’une chose puisse être intrinsèquement mauvaise, est sacrifié à l’intention que la personne en a. C’est une tendance dangereuse qui évolue de plus en plus et occupe de plus en plus de terrain. Qui sera finalement encore en sécurité dans cette morale de l’intention ? L’eugénisme, n’était-il pas également totalement focalisé sur l’intention ? Pour obtenir une race pure, tous ceux qui n’étaient pas à la hauteur devaient être écartés ou ne plus se reproduire. J’entends déjà arriver les critiques m’accusant de comparer ces pratiques eugénistes avec l’avortement. Je dois donc faire attention à ne pas prendre le même chemin que notre professeur, Stéphane Mercier, avec ses nombreux exemples. Non, dans la question de l’avortement il s’agit avant tout d’une autodétermination absolue placée au-dessus de l’inviolabilité de la vie, c’est à dire l’enfant à naître. Encore une fois, nous ne nions pas la situation dramatique dans laquelle une personne peut se trouver quand elle considère le recours à l’avortement, ni les luttes et blessures personnelles cela peut également causer. Nous ne devons en effet pas séparer l’acte de la personne, mais d’autre part ne pas confondre naïvement l’un avec l’autre. Nous devons préserver l’honnêteté afin de considérer et juger l’acte en tant qu’acte, et en même temps être ouvert aux problèmes dans lesquels se trouve la personne. Mais notre jugement de l’acte ne peut totalement changer en fonction de la situation dans laquelle se trouve la personne qui pose cet acte. C’est une morale d’intention qui a perdu les pédales. Quand on considérera l’avortement comme un droit, le prochain pas sera de le considérer comme quelque chose de bien. Ainsi, tous les efforts pour chercher des alternatives qui tiennent à la fois compte de la situation problématique dans laquelle se trouve la femme et du statut juridique de l’enfant à naître disparaitront. Il faut tout de même souligner que même la vie prénatale est et sera toujours une vie qui a le droit d’être protégée, d’autant plus qu’elle ne peut absolument pas se défendre d’elle-même. L’inviolabilité du droit à la vie n’est nulle part aussi précieuse que chez l’enfant à naître.

    Ceux qui défendent la vie à naître, non seulement avec émotion mais aussi avec des arguments inspirés des enseignements de l’Eglise catholique, sont aujourd’hui en grande difficulté. Nous vivons dans une société devenue allergique à l’application, la proclamation et la défense d’une morale développée sous cet angle. Il y a pourtant dans la Constitution, le principe de la liberté d’expression, mais cela n’est apparemment vrai que pour certains, et la contrepartie est sommée de se taire. Certains de nos hommes politiques ont beaucoup de difficultés à faire valoir le principe de la liberté d’expression à d’autres. Il semble également difficile d’aborder ouvertement une morale conforme aux enseignements de l’Eglise catholique au sein même de nos propres maisons. Notre professeur pourra en témoigner. Parce que je croyais que l’on pouvait quand même encore considérer l’UCL comme une université avec un certain cachet, une signature qui nous est familière et dans laquelle nous devrions nous sentir accueillis en tant que chrétiens, ou tout du moins y expérimenter la liberté de formuler et échanger nos points de vue judicieusement et de manière sereine. Les faits montrent que cela n’est plus d’actualité. Et l’UCL n’est pas seule dans ce cas. Quand nous voyons comment d’autres soi-disant organisations chrétiennes se laissent de plus en plus emporter par la sécularisation qui ne ronge pas les branches mais bien les racines de l’arbre. Nous nous trouvons donc dans une double sécularisation : celle de la société mais aussi celle des organisations fondées par l’Eglise, des ordres et des congrégations ; appelez ça le milieu chrétien. Cette seconde forme de sécularisation est très malheureuse et douloureuse, car c’est ainsi que naît une érosion de l’intérieur et que nous perdons aussi la plate-forme sociale où les chrétiens peuvent s’adresser les uns aux autres avec leurs engagements et visions afin de les évaluer en toute honnêteté. Faut-il alors être surpris que les individus et les groupes, qui veulent encore être fidèle à l’enseignement de l’Eglise, se replient de plus en plus sur eux-mêmes, avec le danger d’être considérés par les autres comme extrémistes ? Et ces individus et groupes peuvent bien manquer cette connotation dans une époque où l’extrémisme n’a plus rien à voir avec le vécu radical d’une doctrine. Mais lorsque les plateformes existantes disparaissent, alors on ne peut faire autrement que de créer sa propre plate-forme, jusqu’à ce qu’on soit peut-être obligé de retourner aux catacombes ! 

    Fr. René Stockman

  • France : voter tout de même...

    IMPRIMER

    D'Erwan Le Morhedec sur son blog "KozToujours" :

    Alors on vote.

    On peut être le type de gars à vouloir espérer contre toute espérance et se trouver pourtant en proie au plus grand désarroi. Je relativise certes la mystique du grand débat national que serait une élection présidentielle : la volonté de cliver, marquer sa différence, souder son camp avant de rassembler les Français, conduit à hystériser – au sens plein, névrotique – des questions essentielles. Mais si cette campagne a peut-être intéressé davantage les Français que la précédente (souvenons-nous), c’est à la façon d’une telenovela. Aucun thème ne s’est imposé, aucun enjeu majeur pour les cinq, dix et vingt années prochaines n’a été sérieusement discuté. Il y avait pourtant urgence, pour le pays, pour la politique.

    Je n’ai guère entendu de réponse satisfaisante à la seule question qui me semble devoir se poser : que voulons-nous pour la France ? J’ai entendu l’un évoquer une « startup Nation », l’autre « la première puissance économique d’Europe ». Cela ne fait pas un pays. L’économie ne fait pas un pays. Pour n’être pas un enjeu négligeable, la prospérité économique ne peut pas être l’ultima ratio de la politique, et de notre temps en particulier. Car oui, nous faisons face aujourd’hui à un enjeu de civilisation. Non que, comme certains se complaisent à l’affirmer, notre civilisation soit en péril. Mais elle est en mouvement.

    Faute de « volonté commune dans le présent » autant que de reconnaissance de « gloires communes dans le passé », c’est l’existence même d’une Nation qui est en suspens.
    Nous ne nous sommes guère penchés sur ce que nous considérons aujourd’hui encore comme des choix fondateurs de notre civilisation, de notre culture. Nous avons bien peu débattu de ce que signifie aujourd’hui former une Nation. Quelle Nation souhaitons-nous former en commun, sur quels fondements existants et avec quelle ouverture aux possibles ? Quel contrat tacite passons-nous avec l’ensemble des Français, ceux de plus ancienne implantation comme ceux de plus récente arrivée ? Si la Nation est ce « plébiscite de tous les jours » selon la formule ressassée de Renan, savons-nous seulement ce que nous voulons ? C’est bien la volonté qui forme les Nations et, comme il l’écrit plus loin, « avoir des gloires communes dans le passé, une volonté commune dans le présent; avoir fait de grandes choses ensemble, vouloir en faire encore, voilà les conditions essentielles pour faire un peuple ». Notre peuple, notre Nation, ne se perpétueront pas par la seule invocation des gloires communes dans le passé mais par la distinction d’une volonté commune dans le présent, et l’adhésion du peuple à celle-ci. Or, en tout ceci, tant l’existence d’une volonté elle-même que celle de la mettre en œuvre en commun sont incertaines, de sorte que c’est bien l’existence même d’une Nation qui est en suspens.

    Cela aurait pu donner lieu à un débat, tant je pense que même l’efficacité économique peut découler d’une vision commune, de la volonté de participer à un destin partagé. Nous aurions pu aussi débattre en profondeur de l’éducation, « mère de toutes les batailles » –  y compris face aux visées religieuses fondamentalistes1. Il y avait bien des choses à dire, des propositions à entendre.

    Lire la suite sur Koztoujours

  • La Belgique en flagrant délit d'eugénisme

    IMPRIMER

    De genethique.org :

    LA BELGIQUE EN FLAGRANT DÉLIT D’EUGÉNISME

    En Belgique, le Conseil supérieur de la santé vient d’émettre un avis concernant le « dépistage généralisé en contexte de procréation ». Ce dépistage est proposé pour identifier les futurs parents en bonne santé porteurs d’une maladie génétique récessive.

    Ces tests génétiques préconceptionnels, remboursés, doivent permettre d’identifier « des troubles graves autosomiques et liés à l'X récessifs chez les couples ayant un projet de grossesse ». Ce dépistage pourra être élargi aux couples suivis pour des questions de fertilité ou pour une maladie génétique connue, qui pourraient également « bénéficier de l'identification d'autres risques génétiques susceptibles d'affecter leurs enfants ».

    La pertinence de cette démarche et son systématisme ne lassent pas d’étonner, car elle s’apparente clairement à un procédé eugéniste : il s’agit d’éclairer les parents, avant la conception de leur futur bébé, afin qu’ils puissent prendre « des décisions en matière de procréation ». Le procédé est justifié par les auteurs de l’Avis en ce qu’il doit leur permettre « de renforcer leur autonomie en matière de procréation » : l’Etat se met en situation de dépister des maladies qui sommeillent potentiellement chez des porteurs sains, sans antécédents familiaux, pour inviter les couples à ne pas avoir d’enfant, à recourir à la Procréation médicalement assistée (PMA) avec despistage pré-implantatoire, ou bien, en dernier recours si la femme est enceinte, à interrompre la grossesse... Le Comité estime en effet que le dépistage génétique « doit être réalisé pour des troubles suffisamment graves pour justifier une adaptation des projets en matière de procréation », et qu’il devra « se concentrer sur les troubles qui se manifestent dans la petite enfance plutôt qu'à l'âge adulte ». Sur la base de quels critères ces choix sont-ils opérés ?

    La motivation économique de cet avis pointe dans un discours qui se veut bienveillant puisqu’il vise à éviter toute souffrance. En effet, le dépistage doit « comprendre des troubles graves pour lesquels des interventions thérapeutiques existent, lorsque le traitement peut générer une importante charge physique, émotionnelle ou financière »…

    Cependant, quelle fiabilité accorder à ces tests ? Quelle sera la part d’enfants qui ne verront pas le jour dans la crainte de les savoir potentiellement imparfaits, puisque malades ? Quels nouveaux ressorts de culpabilité vont s’imposer aux parents qui ne souhaiteront pas entrer dans ce marchandage affectif et financier ? Toute vie, même fragile, ne vaut-elle pas d’être vécue ? En ouvrant sur un monde encore irréel mais terrorisant, ce document laisse une impression nauséeuse.

    Timidement, les auteurs reconnaissent que « l'identification du statut de porteur d'un individu en bonne santé peut impliquer des questions éthiques et juridiques importantes » et il préconise de de demander l’avis du Comité consultatif de bioéthique. Quelles seront ses conclusions ?

    Pour l’heure, une étude pilote doit être mise en place pour réfléchir aux questions juridiques, éthique et de vie privées, définir les troubles à dépister, organiser le Conseil préconceptionnel, évaluer l’impact économique…

  • L’islamisme est l’ennemi numéro un du monde occidental

    IMPRIMER

    Du site aleteia.org :

    Alexandre del Valle : L’islamisme est l’ennemi numéro un du monde occidental

    Le terrorisme islamiste n’est qu’un mode d’action actionné par nos véritables ennemis, qu'une erreur stratégique persistante fait passer pour les amis de l’Occident.

    Alexandre del Valle est essayiste et géopolitologue. Il est chercheur associé à l’Institut Choiseul et a publié plusieurs ouvrages sur la faiblesse des démocraties, les Balkans, la Turquie et le terrorisme islamique dont Le chaos syrien, Printemps arabes et minorités face à l’islamisme ou Les vrais ennemis de l’Occident : Du rejet de la Russie à l’islamisation des sociétés ouvertes.

    Aleteia : Qu’est ce qu’un ennemi ?
    Alexandre del Valle : C’est, au sens militaire et stratégique du terme, celui qui veut s’en prendre à notre population, notre territoire et à notre système de gouvernement ainsi qu’à nos valeurs.

    Qui est l’ennemi numéro un du monde occidental ?
    L’islamisme est un véritable ennemi, comparable au nazisme et au communisme. L’un comme l’autre étaient des menaces réelles, directes et agressives contre notre population qu’ils voulaient subvertir, contre notre territoire qu’ils voulaient conquérir et contre notre gouvernement qu’ils voulaient renverser pour installer leur domination. Ces deux grands maux ont été vaincus. Le troisième répond lui aussi à toutes les caractéristiques fondamentales de l’ennemi.

    Et le terrorisme, n’est-il pas notre plus grande menace ?
    Le terrorisme n’est qu’un mode d’action actionné par nos véritables ennemis qui sont derrière, c’est-à-dire l’Arabie Saoudite, le Qatar et les pays ou organisations qui promeuvent l’islamisme salafiste et wahhabite qui ont un projet de conquête global.

    Par exemple les Émirats Arabes Unis appliquent la charia mais ils ne sont pas un ennemi car ils n’ont pas de visées extérieures. A contrario, le Qatar et l’Arabie Saoudite le sont vraiment car ils financent partout nos ennemis. L’ennemi n’est pas un vague adversaire moral ou idéologique : c’est celui qui vient s’en prendre concrètement à notre principe de vie.

    Le terrorisme islamique djihadiste (qui mène le djihad, la « guerre sainte ») et takfiriste [qui excommunie et condamne à mort les « apostats », Ndlr] d’aujourd’hui a une double origine : celle des Frères Musulmans et de leur dissidence égyptienne, et celle du wahhabisme exporté par l’Arabie Saoudite. Il est absurde de vouloir combattre l’islamisme terroriste par la guerre tant que sa matrice idéologique est enseignée de manière légale dans ces pays « alliés » comme sur notre sol, dans nos mosquées et nos centres coraniques.

    Qu’est-ce que l’islamisme ?
    L’islamisme a un projet de conquête globale, de contrôle total de l’individu et de la société, et de domination de la planète à l’instar des autres grands totalitarismes mégalomaniaques. Le but ultime du Califat, c’est la terre entière donc la France et tous les pays du monde. L’erreur de l’Occident consiste à ne pas nommer l’islamisme comme menace idéologique et à se bercer avec l’idée qu’il n’aurait rien à voir avec l’islam. C’est faux : l’islamisme se réfère à une des quatre écoles juridiques orthodoxes de l’islam : le hanbalisme (fondé par Ibn Hanbal).

    Quand l’Occident s’est-il trompé ?
    Lorsque l’Occident laisse l’islamisme proliférer par compromission avec les pôles de l’islam qui sont ses propagandistes, mais qu’en même il temps répand son modèle dans les pays musulmans ou en d’autres pays par la guerre, il se fourvoie de deux façons : il est trop tolérant chez lui avec l’islamisme et discrédite ses propres valeurs en les mêlant avec une entreprise impériale.

    Il n’est pas inutile de lister sur les dernières décades l’ensemble de toutes les erreurs stratégiques auxquelles ces erreurs de jugement fondamentales ont conduit, avec des résultats objectivement contraires à nos intérêts et des conséquences absolument catastrophiques partout dans le monde, depuis l’Afghanistan jusqu’à la Syrie, en passant par le Pakistan, la Turquie, le Kosovo, l’Irak, la Tchétchénie, la Libye, etc.

    Pourquoi s’est-il fourvoyé ainsi ?
    C’est incohérent mais c’est le résultats de l’aventure des « sociétés ouvertes » qui s’ouvrent sans contre partie. Le concept de « société ouverte » vient de Karl Popper qui ajoutait toutefois qu’une société devrait « revendiquer, au nom de la tolérance, le droit de ne pas tolérer l’intolérant ». C’est le « paradoxe de la tolérance ». Ses héritiers ont en réalité trahi leur maitre. L’Occident ne se définit plus de manière civilisationnelle et identitaire mais en fonction d’autres critères très flous comme l’appartenance à l’OTAN ou l’adhésion au libre échangisme.

    Face à des comportements aussi absurdes et si contraires aux intérêts évidents de l’Occident, on est amené à s’interroger sur les motifs possibles de cet aveuglement qui perdure dans les médias comme chez les hommes politiques, et à étudier la crise civilisationnelle qui traverse l’Occident.

    Si l’Occident se définissait d’un point de vue civilisationnel et, plus profondément, s’il ne reniait pas son identité judéo-chrétienne et européenne, il ne serait pas régi uniquement par l’économisme et considèrerait évidemment la Turquie néo-ottomane, l’Arabie Saoudite, le Qatar, etc. comme des ennemis. Il ne laisserait donc pas ces pôles de l’islamisme mondial proférer une idéologie subversive de conquête sur son propre sol.

    Alexandre del Valle, Les vrais ennemis de l’Occident : du rejet de la Russie à l’islamisation des sociétés ouvertes, paru aux éditions L’Artilleur, 2017, 548 pages, 23 euros.
  • En Egypte : le calvaire des Coptes

    IMPRIMER

    De Valérie Toranian sur le site de la Revue des Deux Mondes :

    Le calvaire des Coptes en Égypte

    Les Coptes sont la minorité chrétienne la plus importante du Moyen-Orient. On estime qu’ils sont entre 7 à 12 millions, soit 10% de la population égyptienne. Dimanche 9 avril, pendant la messe des Rameaux, dans des églises bondées à craquer, quarante-quatre d’entre eux ont trouvé la mort (le bilan est provisoire). Tués pendant l’office marquant le début de la Semaine Sainte. Une bombe placée sous un banc près de l’autel de l’église Mar Girgis (Saint Georges) à Tanta, ville du delta du Nil. Et un kamikaze se faisant sauter avec sa ceinture d’explosifs aux abords de la cathédrale Saint Marc à Alexandrie, où officiait Mgr Tawadros II, le patriarche copte orthodoxe.

    Les deux attentats ont été revendiqués par l’État islamique, dont beaucoup de membres chassés d’Irak et de Syrie se sont repliés sur le Sinaï égyptien : ils y sèment la terreur au sein des populations chrétiennes et même musulmanes, à qui ils tentent d’imposer leurs codes et leur mode de vie rétrograde. Malgré ses déclarations, l’armée du président Al Sissi est à la peine pour les déloger.

    Les Coptes, comme tous les chrétiens d’Orient, ne sont pas pourchassés par l’État islamique au seul motif qu’ils embrassent la religion du Christ et constituent des « poches » mécréantes dans la conquête et l’expansion du Califat. C’est aussi parce qu’ils habitent sur cette terre depuis les origines, bien avant l’arrivée de l’islam et qu’ils sont la preuve vivante que cette terre fut autre : païenne, zoroastrienne, chrétienne, bouddhiste… Toute origine, toute influence qui atteste d’une présence historique autre que musulmane est un affront pour Daech. C’est en cela que l’islamisme est une idéologie totalitaire. Du passé faisons table rase ! Un royaume nouveau doit voir le jour, pur de toute scorie étrangère à l’islam.

    Les Talibans dynamitaient les Bouddhas de Bamyan ; Daech détruit à l’explosif les chefs-d’œuvre antiques de Palmyre, ville classée au patrimoine de l’humanité : une première fois en 2015, une seconde fois en janvier dernier lors de la reprise de la ville par l’État islamique, avec notamment la destruction du tétrapyle, un édifice romain de seize colonnes daté du IIe siècle.

    Dans l’Égypte actuelle, les Coptes sont les Égyptiens « de souche », les « aegyptos », mot dont la contraction a donné naissance à « copte ».

    Dans l’Égypte actuelle, les Coptes sont les Égyptiens « de souche », les « aegyptos », mot dont la contraction a donné naissance à « copte ». Ceux qui, à partir de 43, date de l’arrivée de l’évangéliste Marc en Égypte, vont fonder une communauté chrétienne qui va grandir et prospérer. Six siècles avant l’arrivée de l’islam.

    Les Coptes assassinés lors de la fête des Rameaux se rajoutent à la liste déjà longue de leurs martyrs. Marc en premier lieu : le succès de sa communauté irrita l’administration romaine d’Alexandrie. Son corps fut traîné par un char et déchiqueté. Ses ossements furent l’objet d’une très grande dévotion. Jusqu’en 828, où ils furent volés par des marchands vénitiens envoyés par le Doge Justinien Partizipacio, qui en fit les reliques officielles de sa cathédrale Saint Marc. (Un épisode qui entacha durablement les relations entre l’église copte d’Égypte et l’église de Rome jusqu’à ce que le Pape Paul VI rende enfin aux Coptes ce qui leur appartenait… en 1968.)

    Persécutés par Byzance parce qu’ils ne ralliaient pas la doxa chrétienne officielle, les Coptes verront d’abord d’un très bon œil l’arrivée des musulmans qui venaient les délivrer des empereurs de Constantinople. Ils déchantèrent vite.

    Minoritaires à partir du XIVe siècle, ils deviennent de plus en plus des citoyens de seconde zone, héritant du statut de dhimmi sous l’Empire ottoman. Ils prennent part à la lutte d’indépendance de l’Égypte, puis à la révolution de 1958, mais Nasser les met à l’écart de la vie politique. Dans les années soixante-dix, leur situation se détériore. Persécutions, pillages, vols, destructions, enlèvements : plus l’influence des frères musulmans augmente, plus ils sont pris à partie. Non seulement les islamistes les poursuivent de leur haine, mais l’administration ne les voit pas d’un bon œil non plus. Ils sont exclus des fonctions supérieures dans l’armée, la police, la justice.

    Lors du printemps arabe, les Coptes sont place Tahir aux côtés de leurs compatriotes musulmans et laïcs, pour demander la fin de la dictature et de la ségrégation qui les frappe. Ils sont de nouveau dans la rue en 2013 pour réclamer, aux côtés de millions d’autres Égyptiens, le départ du président islamiste Morsi. Les Frères musulmans ne le leur pardonneront pas : quatre-vingts églises, bâtiments et œuvres sociales détruits, plusieurs familles coptes assassinées, chassées, torturées, rançonnées ; écoles, champs, maisons, bétails détruits ou volés. Les Coptes accusent les autorités de laxisme et de négligence systématique lorsqu’il s’agit de coincer les auteurs des forfaits.

    Têtus comme chrétiens en Orient, les Coptes font le dos rond, s’accrochent. Jusqu’à quand ?

    Pendant des siècles, ils furent discriminés. Désormais les Coptes sont régulièrement traqués, assassinés, égorgés sur leurs lieux de culte. Attentats en janvier 2011, vingt-trois morts dans une église d’Alexandrie ; en octobre 2013, quatre morts lors d’un mariage ; en décembre 2016, vingt-neuf morts dans l’attaque suicide contre l’église Saint-Pierre et-Saint Paul. Sans parler de l’assassinat des vingt-et-un coptes kidnappés en Libye et décapités par Daech en 2015, dans une mise en scène macabre largement diffusée par vidéo… Têtus comme chrétiens en Orient, les Coptes font le dos rond, s’accrochent. Jusqu’à quand ?

    On les dit proches du président Al Sissi et on le leur reproche. Certes, l’homme fort du Caire ne brille pas par son respect des droits de l’homme, mais « au moins, il nous protège un minimum des islamistes », murmurent les Coptes.

    Ces attaques interviennent dix-neuf jours avant la visite du pape François en Égypte, les 28 et 29 avril. Certains y voient un avertissement à l’égard du gouvernement égyptien qui s’apprête à recevoir le Saint-Père commue un chef d’État. Le Pape François rencontrera également le grand imam d’al-Azhar, prestigieuse institution de l’islam sunnite, avec qui les relations étaient plutôt fraîches depuis dix ans. Le pape Benoît XVI avait en effet provoqué l’ire des pays musulmans dans une conférence à Ratisbonne en 2006 où il avait rappelé que « Mahomet a prêché sa foi par l’épée, il a autant été chef de guerre que chef religieux ; que de nos jours « on ne peut pas utiliser la violence au nom de Dieu » et que « les religions devraient inciter à un usage correct de la raison et promouvoir des valeurs éthiques ». 

    Aujourd’hui, le christianisme est la religion la plus persécutée dans le monde.

    Changement de discours total avec le nouveau Pape qui refuse d’identifier l’islam à la violence, et ne cesse de défendre le dialogue. Dans son message de condoléance suite aux attentats anti-Coptes du 9 avril, il demande au Seigneur de « convertir le cœur de ceux qui sèment la terreur et aussi de ceux qui fabriquent les armes et en font commerce. » Ce n’est pas la première fois que François désigne l’argent comme ennemi principal de l’humanité et donc des chrétiens. Dans son message de Carême, il avait appelé à méditer sur « l’attachement à l’argent », source de tous les maux dans le monde, conformément à la vision très sociale qui est la sienne.

    C’est tout à son honneur.

    À condition, dans sa course contre « l’ennemi argent », de ne pas oublier le sort des plus persécutés de son Église. Les chrétiens d’Orient ont pratiquement disparu d’Irak, ils fuient la Syrie, le Sinaï. Aujourd’hui, le christianisme est la religion la plus persécutée dans le monde. Au Soudan, au Nigéria, au Congo, au Pakistan… Sans oublier les infâmes pogroms anti-chrétiens menés par les partisans hindouistes nationalistes en Inde.

    Même si l’État islamique, dans le futur, est vaincu, cantonné, repoussé, même si le califat est réduit à néant, il aura remporté cette triste victoire : avoir réussi en grande partie à chasser de leurs terres ancestrales les premières communautés chrétiennes de l’histoire.

    Lire également : 

    Persécution des chrétiens d’Orient – C’est une part de la civilisation européenne qui est agressée

  • Quatre spécialistes mettent en cause la légitimation de l'euthanasie pour souffrances psychiques

    IMPRIMER

    Du site "EuthanasieStop" :

    Euthanasie pour souffrances psychiques : le terrain glissant qui bascule de l'autre côté

    Ces quatre auteurs, à savoir le Fr. Dr. René Stockman, Dr. Marc Calmeyn, Dr. Marc Eneman et Prof. Dr. Herman De Dijn, ont écrit un essai qui est maintenant publié en format livre sur la question de la légitimation de l'euthanasie pour souffrances psychiques. Ils l'analysent d'un point de vue médical, philosophique et croyant, et arrivent à la conclusion que l'on prend un chemin très dangereux en pratiquant l'euthanasie pour souffrances psychiques. Ils fournissent ici une précieuse contribution dans le débat public qui en laisse peu indifférents.

    Depuis 2002, l'euthanasie pour des maladies sans espoir de guérison et souffrances intolérables sont légalisées sous certaines conditions. Si, au départ, on ne prenait en compte que les souffrances physiques pour envisager l'euthanasie, les patients avec des souffrances psychiques sont, ces dernières années, de plus en plus devenus également sujets d'euthanasie. Aujourd'hui, même les mineurs peuvent sans accord de leurs parents demander l'euthanasie, et les votes s'élèvent pour étendre cela aux personnes âgées démentes et aux personnes handicapées. Dans l'un des journaux, nous avons pu lire aujourd'hui, 1 Flamand sur 20 meurt par euthanasie. Nous nous situons clairement sur un terrain glissant qui est en train de basculer totalement. Ce qui était autrefois considéré comme une exception, devient maintenant une règle et bientôt élevée à un droit de patient, où l'euthanasie devra être acceptée sur simple demande du patient. Ou comment l'euthanasie est maintenant aussi élevée à une nouvelle forme de thérapie.

    Une réflexion d'un point de vue médical

    Les auteurs de l'essai sont, outre leur opposition fondamentale à toute forme d'euthanasie, profondément préoccupés par l'approche ...

    Télécharger l'article complet »

  • Un entretien avec Anne-Chantal André Dumont, fondatrice et porte-parole de la Marche pour la Vie

    IMPRIMER

    Sur le site de Liberté Politique :

  • "Le Kosovo, une chrétienté en péril" : KTO revient sur ces autres chrétiens martyrisés

    IMPRIMER

    Lu sur le site « Salon Beige »

    A découvrir : 

    "Le Kosovo-Métochié est une terre où la chrétienté orthodoxe est présente depuis plus de 700 ans. Ce "berceau" du christianisme orthodoxe en Serbie, compte plusieurs monuments placés sur la liste du patrimoine mondial de l´UNESCO mais aussi sur la liste du patrimoine mondial en péril. Le Kosovo, c´est une chrétienté en péril: depuis l´an 2000 on dénombre près de 150 lieux de culte chrétien pillés, détruits, incendiés...

    Pour les serbes orthodoxes, il s'agit donc d'un enjeu de première importance depuis l'autoproclamation d´indépendance du Kosovo : maintenir la flamme vivace et préserver tout ce qui peut l´être. Ce documentaire est une sorte d´état des lieux de la situation dans laquelle perdurent la tradition et la présence serbe orthodoxe, comment elle se maintient en vie dans ses monastères et rayonne dans ses villages, chez les fidèles. Une communauté soumise à épreuve face à la tentation de radicalisation d´un Islam démographiquement majoritaire au Kosovo".

     

    JPSC

  • Pourquoi l'Etat islamique attaque les chrétiens d'Egypte

    IMPRIMER

    De Marc Fromager, directeur de l'Aide à l'Eglise en Détresse (France) :

    Chers amis,

    Funérailles de coptes tués dans l'attentat de décembre 2016Les terribles attentats commis hier à la messe des Rameaux contre deux églises en Egypte ne sont ni les premiers ni - il faut le craindre - les derniers. Les 44 morts et la centaine de blessés de Tanta et d'Alexandrie viennent s'ajouter à la longue liste des martyrs de ce pays, une Eglise qui se définit même comme étant l'Eglise des martyrs.

    L'État islamique et les groupes islamistes affidés ont déclaré la guerre à l'Égypte. 
    Martyrs coptes tués par DaechLeur objectif est multiple mais consiste avant tout à prendre le pouvoir en vue de récréer le Califat. Outre les opérations militaires et terroristes pour prendre le contrôle du territoire, leur stratégie passe également par une certaine homogénéisation de la population - elle doit non seulement être musulmane mais également acquise à l'islam radical revendiqué par ces groupes. Cela se traduit par la conversion ou l'exclusion des minorités religieuses, dont bien sûr les chrétiens. La terreur de l'Etat islamique et des groupes islamistes affidés consiste donc entre autres à éradiquer la présence chrétienne au Moyen-Orient. Sur l'Irak et la Syrie, le projet est déjà bien avancé. C'est maintenant le tour de l'Egypte dont on peut imaginer que les attentats ne font que commencer.
     

    Pourquoi l'Egypte et pourquoi maintenant ?
    La pression supplémentaire - ou enfin réelle - qui s'exerce sur l'Etat islamique en Syrie, mais surtout en Irak, les pousse à accélérer leur investissement sur le terrain égyptien, l'idée ayant toujours été d'opérer la jonction entre le Moyen-Orient et l'Afrique, que ce soit par la Libye ou par la Bande sahélo-saharienne. Or, l'Egypte est le verrou qui empêche pour le moment cette jonction.

    CoptesL'Egypte, réservoir démographique des chrétiens d'Orient
    L'Egypte est également le grand réservoir des chrétiens d'Orient. La plupart des chrétiens en Egypte sont coptes orthodoxes et ils représentent 14 millions de fidèles, soit 15% de la population, malgré le peu de consensus sur ce volume. 90% des chrétiens d'Orient sont donc égyptiens et on comprend mieux pourquoi ils constitueront de plus en plus une cible prioritaire pour l'Etat islamique. La stratégie d'éradication va donc consister à effrayer les chrétiens par des attentats, avec comme message clair la conversion ou la valise, mais aussi à les faire réagir pour déclencher une spirale de violence dont ils seront évidemment les perdants.

    Le double objectif de l'Etat islamique
    Les Coptes sont très attachés à leur terre ancestraleMalgré le soutien officiel du président al-Sissi et la protection de fait qui est assurée devant la plupart des églises, les chrétiens acceptent de moins en moins l'apparente inefficacité des mesures censées les mettre à l'abri de la terreur. Si les chrétiens excédés finissaient par se révolter contre les autorités égyptiennes, l'Etat islamique aurait fait d'une pierre deux coups: fragiliser le gouvernement égyptien dont il veut récupérer le pouvoir et accélérer la disparition des chrétiens dont la réaction susciterait un surcroît de violence à leur encontre. On peut donc imaginer que, non seulement ces attentats ne seront pas les derniers mais que la pression à l'encontre des chrétiens en Egypte ira en s'aggravant. 

    Cependant l'Egypte, citée plus de sept cent fois dans la Bible, lieu de la première Pâque, a aussi servi de refuge à la Sainte Famille et on peut également imaginer qu'une bénédiction spécifique repose sur ce pays. Cette Eglise des martyrs saura puiser dans sa foi éprouvée au long des siècles les ressorts, à la fois pour ne pas tomber dans ce piège de la violence et en même temps, pour témoigner de manière encore plus forte de l'Amour du Christ.

    Grâce à vous l'année dernière, l'AED a soutenu les chrétiens d'Egypte avec un million d'euros. Ce soutien sera très clairement poursuivi au moment où plus que jamais, ils comptent sur nous : c'est pourquoi nous avons encore besoin de votre aide.

    Marc Fromager - Directeur de l'AED

  • Le Père Xavier Dijon vient en renfort à Stéphane Mercier en rappelant ce qu'est le rôle de l'Université

    IMPRIMER

    Du rôle de l’université

    Xavier Dijon, prof. émérite Université de Namur 

    Le professeur V. Hanssens, interviewé par Christian Laporte (LLB 3 avril 2017) nous propose, à l’occasion de l’affaire Mercier, un double commentaire sur le rôle de l’université : lorsqu’elle est catholique, l’université ne doit pas, pour autant, être confondue avec une institution ecclésiale ; en tant qu’académique, elle ne peut en tout cas pas être pervertie par le débat politique. Le premier point appelle une précision quant au statut public de la foi ; le second, quant à la sagesse politique.

    Le statut public de la foi

    Nous sommes d’accord pour dire qu’une différence sépare une université qui vise à former des citoyens capables de comprendre le monde en ses différentes facettes en vue d’y prendre des responsabilités et, par exemple, un séminaire qui forme des prêtres (et aussi des laïcs) dont la tâche sera de faire connaître la Parole de Dieu aux hommes et aux femmes qui pourront y trouver un éclairage sur le sens de leur vie. Mais s’il y a des institutions différentes selon les objectifs poursuivis, il reste qu’il n’y a pas deux vérités, celle qui vaudrait pour les séminaristes et celle qui vaudrait pour les universitaires. Car tel est peut-être aujourd’hui le malheur qui frappe la foi en général, la théologie en particulier, que son discours soit ramené à la sphère privée de la conviction personnelle sans lien avec le champ public du savoir.

    Quand le Pr. Hanssens dit que l’université catholique assure un enseignement axé fondamentalement sur la recherche scientifique et non sur la Révélation ou qu’elle mène son travail de recherche sans se soumettre aux acquis de la foi, on peut comprendre qu’il s’agit là d’un heureux rappel des affirmations du concile Vatican II quant à l’autonomie des réalités terrestres : l’Eglise n’a pas à s’immiscer en effet dans des débats scientifiques pour lesquels elle n’a pas de compétence particulière. Mais il serait tout de même dangereux que l’Université catholique évacue le message révélé du Dieu d’amour ou les acquis de la foi dans le Christ ressuscité pour développer un savoir scientifique qui ne tournerait plus que sur lui-même. On sait en effet combien la science peut faire du tort lorsqu’elle se détache de la conscience. Est-il sûr par exemple que la façon dont les embryons humains sont traités aujourd’hui dans nos centres de recherches correspond à la dignité dont ils sont titulaires ?

    La sagesse politique

    Quant au débat politique, il se distingue du débat académique en ce que le premier a pour but la prise de pouvoir dans les tensions du rapport de force tandis que le second vise la recherche de la vérité par l’échange des opinions sur telle ou telle question disputée. Le Pr. Hanssens a raison de maintenir la distinction de ces deux débats car l’exercice du pouvoir qui ne s’appuierait pas sur une certaine – osons le mot ! – contemplation de la vérité finirait par tourner en violence. Mais il faut bien voir que cette vérité sur le monde et sur l’homme est toujours à chercher, que donc il y aura toujours place pour le débat académique, alors même que le pouvoir politique s’est déjà prononcé sur la matière débattue.

    En l’espèce, passant outre l’objection de conscience du roi Baudouin, le pouvoir politique a pris, en 1990, une loi qui dépénalisait partiellement l’interruption de grossesse moyennant certaines conditions, parmi lesquelles l’état de détresse de la femme enceinte. Depuis lors, un fort mouvement s’est fait jour, d’abord pour ne plus ranger le fœtus humain dans la catégorie des êtres dont la vie méritait d’être respectée, ensuite pour faire sortir purement et simplement l’avortement du Code pénal. Dans ces temps-ci, la pression politique est donc très forte – comme d’ailleurs en d’autres domaines de la bioéthique : euthanasie, procréation assistée, gestation pour autrui… – pour que ce mouvement ne soit pas remis en cause. Or si un professeur ne s’est pas plié à ce discours politiquement correct, préférant reprendre – même avec des maladresses – le débat à sa racine strictement philosophique, a-t-il perverti une fonction essentielle de l’université ou bien l’a-t-il plutôt honorée ?