Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Société - Page 601

  • Afrique : les évêques publient une déclaration commune pré-synodale

    IMPRIMER

    Archeveques-Gh.jpgLu sur le site « aleteia » :

    Les évêques d’Afrique et de Madagascar rendent aujourd’hui publique une déclaration commune adoptée en juin dernier (8-11 juin 2015) à Accra (capitale du Ghana) lors d’une réunion de tout l’épiscopat africain et de Madagascar, préparatoire au synode ordinaire de la famille qui s’ouvrira le 4 octobre prochain.

    Dans cette déclaration signée par 45 prélats africains dont 32 présidents de Conférences épiscopales représentant 40 pays africains et Madagascar, dix cardinaux et trois prélats africains romains, les évêques africains et malgaches lancent un appel pressant aux dirigeants politiques mais aussi « aux fils et filles du bien-aimé continent africain », demandant à tous de « respecter, aimer et servir l’Afrique en vérité ». Ils le font alors qu’à la fin de la semaine s’ouvre à New York (États-Unis) le Sommet des chefs d’État devant adopter un plan mondial de développement d’ici 2030.

    Dans la tradition de saint Gélase, Pape africain, ils invitent les dirigeants politiques à « écouter la voix de leur conscience » et à se souvenir « que chaque personne humaine aura des comptes à rendre à Dieu pour ses actes ».

    Avertis des avancées culturelles, politiques et juridiques d’agents externes à l’Afrique promouvant « la santé et les droits sexuels et reproductifs » et « la perspective du genre » sur le continent africain, les évêques africains et malgaches dénoncent sans ambages le mensonge des politiques néo-colonialistes imposant aux cultures et aux gouvernements africains, « comme conditions d’aide au développement », préservatifs, contraceptifs, « services abortifs », « éducation sexuelle » purement technique et immorale, « déconstruction des stéréotypes de genre » : ces denrées, disent-ils, sont devenues plus accessibles aux africains que le mode d’emploi du développement intégral. Ils disent un « non catégorique à ce plan qui assassine [leur] continent ».

    Les évêques ciblent en particulier le Protocole de Maputo et les Observations générales n°2 sur son article 14 qui mettent les gouvernements sous pression notamment de légaliser ou dépénaliser l’avortement et de procurer à leurs populations un accès universel aux contraceptifs modernes. Ils notent que ce programme mortifère, « piloté par des agents externes à l’Afrique », se retrouve également dans des déclarations politiques panafricaines, telles que le Plan d’action de Maputo pour la Mise en œuvre du cadre d’orientation continental pour la promotion de la santé et des droits sexuels et reproductifs, la Déclaration d’Abbis-Abeba sur la population et le développement en Afrique après 2014, ou la Position africaine commune sur le programme de développement pour l’après-2015.

    Les évêques d’Afrique et de Madagascar se déclarent « unanimement blessés au plus intime de [leur] cœur de pasteur » par « une résurgence terrifiante de l’esprit colonialiste ». Les Africains ne sont pas des partenaires serviles des agents de la gouvernance mondiale. Ils ont une contribution humaine et spirituelle prophétique à apporter à l’humanité en ce temps où la famille et la foi sont si gravement menacées.

    La déclaration a déjà été envoyée personnellement aux chefs d’État et de gouvernements africains, au Secrétaire général de l’ONU et aux responsables des institutions panafricaines, entre autres.

    Ref. Les évêques d’Afrique disent non au néocolonialisme et à l’esclavagisme idéologique 

    JPSC

  • Face aux migrants, quelle doit être l’attitude des chrétiens ? Dialogue entre Mgr Rey et Rémi Brague

    IMPRIMER

    monseigneur-rey-eveque-de-frejus-toulon-et-remi-brague_article.jpgLa crise des migrants que connaît l’Europe renvoie les chrétiens aux racines bibliques de leur foi et à la construction même de l’Occident. Pour sortir du débat actuel par le haut, la foi et l’annonce leur seront d’une précieuse aide. Regards croisés de Mgr Dominique Rey, évêque de Fréjus-Toulon, et du philosophe Rémi Brague. Un article de Samuel Pruvot dans « Famille chrétienne » :

    Mgr Dominique Rey : Quand on voit ces barques fragiles ballottées par les vagues de la Méditerranée, comment ne pas penser aux origines du peuple de Dieu ? L’histoire du salut est façonnée par l’exil. Adam et Ève ont été chassés de l’Éden. Abraham quitta Ur pour se rendre à Canaan sur une route semée d’arrêts, d’embûches et d’épreuves. Le destin d’Israël est marqué par l’exil de tout un peuple à Babylone et en Égypte. Dans la douleur, les Juifs entretiennent le souvenir heureux de Jérusalem : « Au bord des fleuves de Babylone, nous étions assis et nous pleurions, en nous souvenant de Sion » (ps 137). C’est la Terre promise qui met en marche le peuple d’Israël.

    À nous chrétiens, il rappelle qu’à l’image de Jésus-Christ qui prêchait la Bonne Nouvelle de ville en ville, nous cheminons sur terre vers le Ciel. Notre vie nomade est un pèlerinage terrestre qui s’achèvera pour retrouver le Créateur. En marchant, nous nous déracinons pour mieux nous enraciner en Dieu. Nous marchons avec Dieu, vers Dieu. C’est à tout cela que font écho les cohortes de réfugiés qui quittent le Proche-Orient pour gagner l’Europe.

    Rémi Brague : La Bible rappelle effectivement au peuple installé sur sa terre qu’il fut lui aussi nomade. En conséquence, il devra comprendre ce qu’éprouve un étranger coupé de son sol et forcé à vivre dans un milieu nouveau. C’est pourquoi le souvenir de la captivité en Égypte est sans cesse ravivé.

    Ceci dit, la Bible éclaire notre expérience actuelle, mais c’est indirectement. Ne faisons pas comme les fondamentalistes musulmans ou protestants du « Bible Belt » américain. On ne peut pas appliquer tels quels aux Français les préceptes de la Bible. Nous ne sommes pas le peuple élu. Nous ne sommes rien de plus qu’une « nation du monde », dont certains membres sont baptisés, et de la sorte greffés sur Israël, qui est et reste le seul peuple élu. Parmi les baptisés, un certain nombre prend au sérieux les conséquences de son baptême. Cette nation s’est formée en une entité politique sous l’autorité d’un État qui prend en charge tous les citoyens, chrétiens ou non.

    La naissance de l’Occident chrétien n’est-elle pas le fruit de vagues successives de migrants qui ont trouvé une nouvelle identité via l’Église ?

    Rémi Brague : À partir du IIIe siècle, l’Empire romain a laissé entrer, d’abord avec l’accord des autorités, puis malgré elles, des populations venues de l’Est, de ce qu’on appelait alors la Germanie. C’est ce qu’on appelle, d’un terme péjoratif, les « invasions barbares ». Les historiens ont actuellement tendance à réviser à la baisse les estimations sur le nombre de ces nouveaux venus. Il n’y a jamais eu de submersion.

    Lire la suite

  • Lettre ouverte à Louis XIV pour le 300e anniversaire de sa mort (1er septembre 1715)

    IMPRIMER

    louis-xiv.jpgCes jours-ci de "belles" émissions télévisées ont été consacrées au grand Roi, célébrant sa gloire, son faste et sa puissance. A cette occasion, sur le site « Ichtus » on trouve cette lettre ouverte plus originale :

    « Tout ne fût pas parfait sous le règne de Louis XIV mais nous lui devons la France plus que des petites histoires. Marie-Françoise Ousset Guide-Conférencière de la Ville de Paris lui écrit avec passion pour « dire davantage en somme » que les banalités vulgaires de la télévision de service public ! Une lettre d’amour sûrement mais aussi d’espoir pour la France…

    « Cher Louis XIV,

    Peut-être avez-vous été un peu contrarié de la manière dont la télévision a parlé de vous en ce premier septembre 2015. Bien sûr il y eut de magnifiques photos de Versailles mais, comme vous avez pu le constater, « la 2 » vous a fait passer une fois de plus pour un despote à la fois léger et cruel et s’est complu a évoqué l’homosexualité de votre frère, vos maîtresses, la licence des mœurs à la cour, les dragonnades, votre fistule mal placée, la gangrène de votre jambe. Elle a même déclaré péremptoirement que aviez inventé la perruque car vous étiez chauve (ce qui est complètement faux : votre père en portait déjà une et lança la mode en 1620 !). Comme cadeau d’anniversaire, c’était plutôt raté !

    Ce n’est tout de même pas pour votre fistule que l’Europe entière a eu les yeux tournés vers vous, que l’empereur de Chine Kangxi essaya de vous ressembler en portant une perruque comme la vôtre, que votre siècle fut appelé « le Grand Siècle », qu’il fut même appelé « le siècle des saints » (il faut dire que St Vincent de Paul vous avait précédé !). Et si les ambassadeurs du Siam se sont prosternés devant vous, ce ne fût tout de même pas pour voir de plus près votre pied gangréné ! Votre règne avait été le plus brillant du monde ! 3 rois seulement en Europe ont été qualifiés de « Grand » : vous, Louis de Bourbon mort en 1342 et Louis 1er de Hongrie. Vous aviez reconstitué la France et, lorsqu’on annonça votre mort à la cour de Frédéric 1er, roi de Prusse il fut seulement dit : « Le roi est mort ». Tout le monde comprit qu’il s’agissait de vous et pas d’un autre roi. Vous les aviez tous éclipsés.

    Lire la suite

  • A propos de la crise des migrants, libres propos d’un catholique

    IMPRIMER

    A propos de la crise des migrants, libres propos d’un catholique (15 mn).https://youtu.be/pFeidwLj32Q

     

    Par Arnaud Dumouch, 8 septembre 2015. La double position de l’Eglise développée dans le Catéchisme de l’Eglise Catholique au n° 2241 1° La partie éthique qui concerne la voix de l’Eglise et que reprend, comme il le doit à sa fonction, le pape François et Mgr Harpigny : « 2241 Les nations mieux pourvues sont tenues d’accueillir autant que faire se peut l’étranger en quête de la sécurité et des ressources vitales qu’il ne peut trouver dans son pays d’origine. Les pouvoirs publics veilleront au respect du droit naturel qui place l’hôte sous la protection de ceux qui le reçoivent. » 2° La partie politique qui concerne l’autorité de César, donc du pouvoir profane : « 2241 Les autorités politiques peuvent en vue du bien commun dont ils ont la charge subordonner l’exercice du droit d’immigration à diverses conditions juridiques, notamment au respect des devoirs des migrants à l’égard du pays d’adoption. L’immigré est tenu de respecter avec reconnaissance le patrimoine matériel et spirituel de son pays d’accueil, d’obéir à ses lois et de contribuer à ses charges. » L’Europe, malade de l’hyper-mémoire des crimes d’il y a 80 ans semble incapable, malgré les nombreux signes de 2015 (attentats), d’appliquer ce deuxième aspect. Si les hommes politiques ne se reprennent pas, c’est la construction européenne dans sa totalité que les peuples balayeront par leur vote. Légitimement effrayés par le danger sur leur identité et leur paix chèrement acquise, ils partiront avec violence dans le sens inverse des idéaux de 1968. « Le peuple qui ne se souvient pas de TOUTE son histoire, se condamne à la revivre ». Pour connaître toute l’histoire, il faudrait écouter en audio le livre de Flavius Josèphe « La guerre des Juifs et des Romains » : http://eschatologie.free.fr/livres_audio.html

     

     

  • Record de conversions au christianisme de musulmans arrivant en Europe

    IMPRIMER

    Ces conversions en masse sont-elles sincères ou sont-elles une manière pour les immigrés d'augmenter leurs chances d'obtenir l'asile ? se demande le site « aleteia » :

    FCgK04nO24oRHZiEzi2mwUG9ZzA.jpg « Opportunisme ou intégration ? En plus des vagues historiques de réfugiés qui arrivent en Europe en provenance du Moyen-Orient et d’Afrique, le Vieux Continent connaît aujourd’hui une autre vague, moins médiatisée, mais qui interpelle : celle des conversions au christianisme.

    L’agence de presse internationale Associated Press (AP) s’est rendue à Berlin dans une église évangélique où « des centaines de demandeurs d’asile iraniens et afghans » font partie des fidèles de la paroisse.

    « Certes, on ne peut ignorer que cette décision améliore leurs chances d’obtenir l’asile : ils peuvent ainsi prétendre qu’ils seraient confrontés à la persécution religieuse en cas de retour dans leur pays d’origine », observe l’agence, soulignant que l’Allemagne traite les réfugiés en fonction de la gravité de la situation qui les a contraints à quitter leur patrie  : ceux qui fuient la guerre civile en Syrie, par exemple, ont davantage de chances d’obtenir l’asile.

    « La situation est plus compliquée pour les demandeurs d’asile en provenance d’Iran ou d’Afghanistan, car les conditions de vie dans ces pays sont plus stables qu’en Syrie », déclare l’AP. Au cours des dernières années, environ 40% à 50% des demandeurs issus de ces régions ont été autorisés à rester dans le pays, avec un permis de séjour temporaire pour la plupart.

    Lire la suite

  • Crise migratoire : justice et charité sont indissociables

    IMPRIMER

    HNoyQ.jpgDans un communiqué en date du 10 septembre 2015, Monseigneur Marc Aillet, évêque de Bayonne, Lescar et Oloron, aborde la question de la crise migratoire sous le prisme de la justice et de la charité, deux vertus indissociables. Une réflexion lue sur le site de son diocèse mais a une vocation emblématique  pour nous tous : 

    1. L’appel du Pape François :

    Après la prière de l’Angélus du dimanche 6 septembre, le Pape François a évoqué le drame « des dizaines de milliers de réfugiés fuyant la mort, à cause de la guerre et de la faim, et qui sont en marche vers une espérance de vie » ; et il a appelé les paroisses, les communautés religieuses, les monastères et les sanctuaires de toute l’Europe « à manifester l’aspect concret de l’Evangile et à accueillir une famille de réfugiés ». Il a demandé à ses frères évêques d’Europe, que dans leurs diocèses « ils soutiennent son appel, rappelant que la miséricorde est le deuxième nom de l’amour : ‘Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait’ » (Mt 25,40).

    Je sais la générosité des fidèles de mon diocèse et je veux remercier ici les familles, souvent dans le cadre de leurs paroisses, qui accueillent déjà des réfugiés en provenance d’Irak et de Syrie et manifestent ainsi une vraie solidarité concrète envers les chrétiens d’Orient persécutés pour leur foi.

    Grâce à l’annonce faite par le gouvernement français, il y a un peu plus d’un an, d’ouvrir toutes grandes les portes de notre pays à ces chrétiens et autres minorités religieuses, expulsés par l’Etat Islamique de leurs villes de Mossoul et de la plaine de Ninive, sous menace de conversion à l’Islam ou de mort, ils se sont conformés aux règles administratives en vigueur en déposant leurs demandes de visa auprès des consulats de France. Force est de constater que les visas sont délivrés par Paris au compte-gouttes et qu’il s’agit, pour les plus chanceux d’entre eux, d’un parcours du combattant des plus éprouvants. Comme j’ai pu le constater en visitant ces réfugiés à Erbil, en octobre dernier, les moyens en personnels mis à la disposition des Consulats pour traiter ces dossiers manquent souvent cruellement, malgré la très bonne volonté des consuls et de leurs collaborateurs. Beaucoup de ceux qui répondent aux critères retenus – déplacement de Mossoul et de la plaine de Ninive l’an dernier et attestation d’une famille d’accueil en France – se découragent et prennent le chemin de l’exil vers le Liban, la Jordanie ou la Turquie… Aussi, qu’en est-il aujourd’hui du généreux effet d’annonce qui avait suscité tant d’espoir ?

    Tout en partageant la compassion causée par ces files de migrants jetées sur les mers et les routes, on ne peut s’empêcher de comparer le traitement concret qui est réservé aux réfugiés de Mossoul et de la plaine de Ninive, avec la volonté d’accueil universel affichée aujourd’hui à l’endroit des migrants qui forcent, souvent malgré eux, le passage !

    Dans son appel du 6 septembre, le Pape François se situe dans le registre du précepte évangélique de la charité, en se référant explicitement à la parabole du Jugement dernier : « J’avais faim et vous m’avez donné à manger, j’avais soif et vous m’avez donné à boire … j’étais un étranger et vous m’avez accueilli » (Mt 25). On reconnaît ici ce que la tradition de l’Eglise appelle les œuvres corporelles de miséricorde. Jésus n’a pas l’intention ici de promouvoir un programme politique qui s’imposerait tel quel aux Etats, mais exhorte les fidèles à l’exercice de la charité dans une situation concrète. Comme l’écrivait le Pape Benoît XVI dans son encyclique Dieu est amour : « La charité chrétienne est avant tout simplement la réponse à ce qui, dans une situation déterminée, constitue la nécessité immédiate » (n. 31). C’est que l’appel du Pape François ne saurait se réduire à une incantation in abstracto : « l’Evangile nous appelle, affirme-t-il, nous demande d’être ‘proches’ des plus petits et des laissés-pour-compte. De leur donner une espérance concrète. Leur dire « courage, patience !... » ne suffit pas » (Angelus du 6 septembre).

    On notera en effet qu’ici, le Pape ne s’adresse pas aux Etats et se garde bien de préconiser des solutions politiques au problème des migrants, comme il l’avait fait par contre en interpellant avec vivacité la Communauté internationale pour venir au secours des chrétiens et autres minorités religieuses d’Orient persécutés. Il évite de poser un jugement sur des gouvernements pris de cours par l’ampleur soudaine du problème.

    Le Pape demande aux paroisses catholiques d’Europe d’accueillir une famille de réfugiés « fuyant la mort, à cause de la guerre ou de la faim ». Dans un discours circonstancié, il ne parle pas des « migrants » en général mais des « réfugiés ». Certes il ne précise pas comment discerner s’il s’agit effectivement de réfugiés, même si son propos le suggère. Il ne dit rien non plus sur le caractère temporaire qui s’impose à un accueil concret qui nécessitera, en lien avec des organismes ad hoc, une inscription dans la durée : papiers administratifs, logement, apprentissage de la langue, travail, ce qui s’avère un nouveau parcours du combattant des plus difficiles.

    De même, l’accueil des étrangers, en particulier ceux qui ne sont pas chrétiens, ne nous dispense pas, sans prosélytisme et dans le respect de la liberté, de leur partager le trésor de la foi (cf. Règle de Saint Benoît à propos de l’hospitalité ; Instruction du Conseil pontifical pour la pastorale des migrants et des personnes en déplacement, Erga migrantes Caritas Christi, du 3 mai 2004, nn. 59-68).

    Nous ne pouvons donc pas rester insensibles à l’appel du Saint-Père et nous continuerons à accueillir les réfugiés d’Irak et de Syrie, en lien avec l’association chaldéenne de Pau. L’Oeuvre d’Orient, se tient à la disposition des diocèses, des paroisses et des familles qui souhaitent répondre positivement à l’appel du Pape pour accueillir unefamille de réfugiés (contact@oeuvre-orient.fr)

    2. Pour aller plus loin

    Il n’est pas interdit pour autant d’aller plus avant dans la réflexion et de se poser la question politique, non plus seulement de la charité, mais de la justice, en évitant de se laisser submerger par une vague d’émotion, suscitée par des images savamment diffusées par les médias au nom d’un moralisme culpabilisateur et manquant passablement de recul. D’aucuns ont souligné la différence de traitement qui a été faite entre la photo, il est vrai insupportable, du petit Aylan, qui a défrayé bien légitimement la chronique, et celle des 21 coptes égyptiens décapités par l’Etat Islamique en haine de la foi ! On ne gouverne pas avec des émotions, qui conduisent tout droit au risque du despotisme, qu’il soit celui des idées – la « pensée unique », qui peut être source de culpabilisation – ou qu’il soit celui des décisions précipitées et irréfléchies.

    L’accueil exprimé par l’Allemagne, à grands renforts de campagnes médiatiques, pour généreux qu’il soit, pourrait cacher des intentions moins altruistes qu’il n’y paraît : l’Economie-locomotive de l’Europe n’a-t-elle pas un besoin urgent de main d’œuvre pour faire fonctionner ses usines et ses entreprises, en raison du cruel déficit démographique ? Cet accueil largement relayé, pour donner un espoir légitime à tant de migrants en situation de détresse, pourrait avoir pour effet pervers d’encourager de nouveaux migrants à prendre des risques disproportionnés, en se jetant corps et âmes entre les mains de passeurs sans scrupules, qui exploitent cette vague migratoire à des fins mercantiles et parfois même de conquête idéologique inavouable.

    En corollaire de l’appel à la charité concrète faite par le Pape François, il me semble que de graves questions d’ordre politique s’imposent, pour que la vague d’émotion et l’authentique générosité suscitées par ce drame ne manquent pas d’un éclairage nécessaire.

    1. Les Etats occidentaux ne devraient-ils pas reconnaître, dans un beau geste de repentance, leurs erreurs de ces dernières années, en intervenant dans plusieurs pays et en y provoquant plus ou moins directement le chaos qui règne aujourd’hui dans ces pays (Irak, Libye, Syrie…) ?

    N’est-il est pas permis de douter de l’entière générosité des motifs avancés alors pour justifier ces interventions désastreuses : faire avancer la cause de la démocratie et des droits de l’homme, certes en s’attaquant à des Régimes forts, mais pour défendre des intérêts économiques, stratégiques, géopolitiques occidentaux, dans une région où les richesses pétrolières sont convoitées…

    2. Quels moyens sont mis en place pour lutter efficacement contre les passeurs ?

    3. Quelles résolutions de la Communauté internationale, quelle voie diplomatique sont mises en œuvre pour permettre aux migrants de demeurer chez eux ?

    Dans son message du 12 octobre 2012 pour la journée mondiale des migrants de 2013, le pape émérite Benoît XVI soulignait en effet qu'"avant même le droit d'émigrer, il faut réaffirmer le droit de ne pas émigrer, c'est-à-dire d'être en condition de demeurer sur sa propre terre, répétant avec le Bienheureux Jean-Paul II que le droit primordial de l'homme est de vivre dans sa patrie". C'est donc à juste titre que la déclaration du Conseil Permanent de la Conférence des évêques de France du 7 septembre 2015 souligne "l'importance de se préoccuper des causes de ces migrations. La communauté internationale, l'Europe, les gouvernements, ne peuvent ignorer la situation politique et économique des pays d'origine ou encore le rôle des filières qui exploitent la misère humaine".

    4. Quelle solution concrète pour secourir les chrétiens d’Orient et autres minorités religieuses, et nourrir leur espérance de recouvrer leurs maisons et leurs terres, injustement confisquées ?

    Une bonne part de la réponse à ces questions passe par la volonté de stopper l’avancée de l’Etat Islamique et de détruire cette organisation. Ce qui supposerait une coalition associant les Pays occidentaux et les pays arabes, la Russie et l’Iran, et qui ne semble pas pouvoir faire l’économie d’une opération terrestre.

    5. Enfin quelle politique mettre en œuvre en Europe pour répondre à cette vague migratoire sans précédent et qui ne saurait être déconnectée de la résolution des questions ci-dessus ?

    La Doctrine Sociale de l’Eglise ne dénie pas aux Etats la légitimité à réguler les flux migratoires au nom du Bien commun d’une nation, tout en réaffirmant le principe absolu du respect dû à la dignité de toute personne humaine.

    C'est ainsi que le Catéchisme de l'Eglise catholique affirme que "les nations mieux pourvues sont tenues d'accueillir autant que faire se peut l'étranger en quête de la sécurité et des ressources vitales qu'il ne peut trouver dans son pays d'origine" mais rappelle que "les autorités politiques peuvent en vue du bien commun dont ils ont la charge subordonner l'exercice du droit d'immigration à diverses conditions juridiques, notamment au respect des devoirs des migrants à l'égard du pays d'adoption" tout en précisant qu'en tout état de cause, "l'immigré est tenu de respecter avec reconnaissance le patrimoine matériel et spirituel de son pays d'accueil, d'obéir à ses lois et de contribuer à ses charges" (CEC n° 2241).

    Régulation des flux migratoires et accueil des réfugiés, justice et charité, ne sont pas inconciliables. Ils sont même inséparables.

    Quelle grande voix portera ces questions cruciales sans lesquelles on ne parviendra pas à endiguer les drames humanitaires et civilisationnels qui se préparent ? 

    + Marc Aillet  Évêque de Bayonne, Lescar et Oloron
    10 septembre 2015

    Ref. Crise migratoire : justice et charité sont indissociables

    JPSC

  • Pauvre François, tu n’en demandais sans doute pas tant !

    IMPRIMER

    Nous apprenons que LLB a reçu pas mal de réactions à la récente publication qu’elle a faite au sujet du dernier livre de M. l’abbé Ringlet. En voici une qu’elle n’a pas pensé devoir retenir et que l’auteur, fidèle lecteur et ami de « Belgicatho » nous livre ci-après :

    « Avec ses quatre pages (annoncées à la une !), l’interview accordée à l’auteur de « Vous me coucherez nu sur la terre nue » ne pouvait échapper à l’attention du plus distrait des lecteurs de La Libre Belgique parue le  3 septembre 2015 : la présentation d’une encyclique ne prend généralement pas tant d’ampleur !

    D’entrée de jeu, la journaliste Annick Hovine souligne que son invité est « prêtre, professeur émérite de journalisme à l’UCL, écrivain, théologien ». Elle aurait pu ajouter bien d’autres titres encore, comme : vice-recteur honoraire de ladite université (mais chacun le sait), ou (ce que l’on sait moins), « philosophe » formateur au sein du forum EOL (End-Of-Life), émanation de l’ADMD (Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité). L’ADMD, est cette association laïciste militante qui,  par sa dénomination même, confère, en définitive, un brevet d’indignité à quiconque refuse, personnellement ou pour autrui, le recours à l’euthanasie.

     Au début de son entretien, l’abbé Ringlet y va d’une précaution oratoire : son « cheminement personnel, y compris sur le plan intérieur (?), est du côté de la fragilité, du respect de la vie la plus ténue ». Et de nous enfumer ensuite avec des circonlocutions : « accompagnement rituel, symbolique », mais qui ne se limite pas à « une vision religieuse ».  Mention particulière est faite, et nominative, d’un « ami de longue date », Christian de Duve. C’est ce même illustre patient qui, très lucide pour un bientôt « de cuius », quelques semaines avant de mettre en scène son départ (4 mai 2013), s’était vivement indigné, dans La Revue générale (mars 2013, p. 95), que ce périodique eût « fait largement écho à la question de l’euthanasie, ressuscitée après dix ans sous la plume agressive d’un catholique militant rivé à la doctrine » ; était ainsi explicitement visé mon article : « L’euthanasie en Belgique... et ailleurs : sombres perspectives » (R.G., janv. 2013, pp. 21-32). Il est vrai que, dans cette étude assez documentée, je m’interrogeais, chiffres à l’appui, sur le respect effectif de la loi : en dix ans, 5.537 euthanasies déclarées, mais zéro dossier  juridiquement suspect ! Je montrais aussi que, dans la composition de la Commission de Contrôle, « la recette du ‘ pluralisme’  (requis par la loi) ressemble furieusement à celle du pâté de cheval et d’alouette... ». Pour information, le réquisitoire de Ch. de Duve,  pointait, mais moins sévèrement : la rédacteur en chef du périodique, le R.P. Ch. Delhez et le juriste Fr. Delpérée.

    LLB nous apprend aussi que « Gabriel Ringlet veut provoquer un vrai débat avec les évêques ».  Et moi qui avais depuis belle lurette  la naïveté de me demander si les évêques (notamment belges) vont encore longtemps tolérer que s’insinuent, à l’initiative de certains CLERCS – c’est bien là le problème, j’y insiste –, des enseignements radicalement opposés à ceux d’une Église qu’ils sont censés servir. Comme l’a souvent souligné un éminent théologien (de l’UCL)*, il est, en matière de bioéthique, des lignes que nul ne peut franchir sans encourir, parfois automatiquement, les sanctions canoniques les plus graves. Inimici hominis domestici eius (Matthieu, 10, 36). Que peut-on espérer du « dialogue exceptionnel » annoncé par LLB ce 4 septembre ? Wait and see.

     

    Mutien-Omer Houziaux,

    auteur de À contretemps, Regards politiquement incorrects,

    préface de Mgr M. Dangoisse , Mols, 2010. 

     * Cf. http://michel schooyans.org/images/publications/ArticlesFR/2004ObjectionConscienceEnPolitique.pdf).

    Mgr Schooyans constate qu’en abandonnant une « éthique de la conviction » (celle des objecteurs de conscience), le droit en arrive à l’ « institutionnalisation du crime ». Et d’ajouter : « En un sens, les juges de Nuremberg ont été plus loin que ne vont actuellement certains moralistes ou hommes politiques dans l’espoir, d’avance voué à l’échec, de composer avec la culture de la mort. » 

  • L'euthanasie en Belgique : le rouleau compresseur de la pensée unique

    IMPRIMER

     

    De Camille de Pommereau sur FigaroVox :

    Euthanasie en Belgique : le rouleau compresseur de la pensée unique

    FIGAROVOX/TRIBUNE - Camille de Pommereau estime que le débat belge autour de l'euthanasie que l'Institut européen de bioéthique tente d'ouvrir, est entièrement verrouillé par les associations pro-euthanasie.

    Camille de Pommereau est juriste en droit public.

    L'Institut Européen de Bioéthique (IEB) a publié une proposition de «carte de fin de vie», à commander ou télécharger gratuitement depuis le site de l'IEB. Et voilà que cette simple suggestion suscite l'émoi dans la presse belge. Le Soir, repris par le Journal du médecin, RTL, et maintenant la Libre s'emparent du sujet. L'émotion est grande puisque Le Soir va jusqu'à parler de «guerre des cartes» dans le titre de son article, insinuant une opposition de l'IEB aux déclarations anticipées proposées par l'Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité (ADMD).

    Les déclarations anticipées, relayées activement par l'ADMD belge, ont été mises en place par une loi en 2002. Elles ont pour but de permettre à une personne de consigner ses volontés pour la fin de sa vie, en prévision de l'hypothèse où elle ne serait plus en mesure de s'exprimer. Il en existe deux formes, l'une en faveur de l'euthanasie, l'autre pour l'arrêt des traitements, en cas de forte dépendance.

    Ces déclarations peuvent être enregistrées à la commune. Les fonctionnaires municipaux belges sont donc, malgré eux, les maillons actifs de la chaîne d'acteurs qui banalisent l'euthanasie.

    Mais les déclarations anticipées n'offrent aucune possibilité d'affirmer explicitement son refus de l'euthanasie. Bien sûr, l'ADMD rétorquera qu'il suffit de ne rien déclarer pour être contre l'euthanasie. C'est un peu court. Car la déclaration anticipée devrait, pour respecter le libre choix des personnes, intégrer la possibilité de refuser l'euthanasie. Ces déclarations peuvent être enregistrées à la commune. Les fonctionnaires municipaux belges sont donc, malgré eux, les maillons actifs de la chaîne d'acteurs qui banalisent l'euthanasie.

    «Saturés d'entendre parler de l'euthanasie comme la seule mort sans souffrance», de nombreuses personnes ont fait entendre leur voix pour demander un outil de communication différent. Carine Brochier explique dans un article de La Libre que c'est comme ça qu'est née la carte de fin de vie de l'Institut Européen de Bioéthique en 2008. «C'est le fruit d'une demande de personnes âgées, de leur famille, mais aussi de médecins et de personnels soignants.»

    La carte de fin de vie de l'IEB donne au patient la faculté de réitérer sa confiance dans son médecin et éventuellement l'occasion d'échanger avec lui sur ses vœux pour la fin de sa vie. Elle propose aux personnes, outre leur attachement aux soins et au soulagement de leurs douleurs, de se positionner sur d'éventuelles décisions à prendre en fin de vie, telles que le refus de l'acharnement thérapeutique et de toute forme d'euthanasie. En cas de besoin, le signataire de la carte peut désigner une «personne de confiance», qui «coopérerait à la prise de décision médicale à son égard». La personne peut également y inscrire ses volontés relatives à un éventuel prélèvement d'organes, au mode de funérailles, et demander par anticipation une assistance spirituelle.

    En définitive, la carte de fin de vie est un pacte de confiance renouvelée entre le patient et le médecin et sa famille, et la garantie que sa vie sera respectée jusqu'à son terme naturel sans que personne ne lui vole sa mort. En faveur de l'apaisement, elle ne peut que faire du bien. Le succès de la carte est si grand, que l'IEB en est à sa cinquième réimpression depuis 2008.

    La banalisation médiatique est telle qu'elle imprègne imperceptiblement les citoyens, particulièrement les plus fragiles. L'euthanasie devient la normalité, alors que la loi la prévoyait initialement comme un geste exceptionnel, dans des circonstances exceptionnelles.

    Un glissement est en train de s'effectuer en Belgique. La banalisation médiatique est telle qu'elle imprègne imperceptiblement les citoyens, particulièrement les plus fragiles. L'euthanasie devient la normalité, alors que la loi la prévoyait initialement comme un geste exceptionnel, dans des circonstances exceptionnelles. En attestent les différentes extensions progressives de la loi sur l'euthanasie aux enfants et bientôt aux détenus, aux déments, aux dépressifs?

    Etonnant de voir, que le camp des laïques purs et durs se lève dès que quelqu'un en Belgique ose prendre une initiative contre l'euthanasie. Surprenant aussi de constater, qu'en mal d'arguments certains dans le plat pays n'attaquent les opposants à l'euthanasie que sur base de leurs convictions religieuses. Comme si le fait d'être contre l'euthanasie établissait un lien direct avec une croyance, alors que des médias du monde entier ne cessent d'attirer l'attention sur l'horreur législative belge. Il semblait que la laïcité prônait la liberté de penser, d'agir, de débattre.

    Dans ce contexte, la carte de l'IEB est un outil qui apaise et rassure, réaffirmant la bonté des soins palliatifs. «Elle mise sur la relation de confiance entre les médecins, la famille et le patient, en mettant les choses au point.» explique Carine Brochier. En ce sens, cette carte est dans la droite ligne de l'article 8 de la loi relative aux droits des patients qui mise en priorité sur le consentement du patient et la prise en compte de ses volontés par le personnel médical.

    Pour garantir le libre choix des individus, il est fondamental de donner réellement ce choix par une diversité de propositions. La carte offerte par l'IEB est donc une véritable opportunité. Elle s'élève aujourd'hui comme la seule alternative possible aux déclarations anticipées d'euthanasie. Si elle n'a pas de valeur légale, elle a pour autant un poids juridique. Car en l'absence de directives anticipées, la recherche de la volonté du patient devra se faire par tout moyen.

    Le buzz médiatique autour de cette carte, et l'inquiétude voire la virulence de l'ADMD à son encontre seraient-ils la preuve qu'elle répond à une prise de conscience croissante des citoyens belges face à l'euthanasie?

  • Réfugiés : l'appel de l'évêque de Tournai

    IMPRIMER

    Accueil des réfugiés – Appel de l’Evêque de Tournai                   7 septembre 2015

    Depuis des mois et des mois, les médias nous informent sur la situation des migrants qui, en traversant la Méditerranée par des moyens de fortune proposés par des passeurs dont la plupart sont des truands, perdent une partie de leur famille et de leurs amis noyés dans la mer. Cette situation objective, manifestée par des images de morts, dont des enfants, sur les plages de Grèce, de Turquie et d’Italie, dans les gares et les camions d’Hongrie et d’Autriche, est relayée par les médias et les décisions des gouvernements de l’Union Européenne. Nous assistons à l’arrivée de nombreux migrants, disent les médias. Une fois de plus, on a trouvé un mot neutre pour évoquer une tragédie. Des migrants ! Comme si des familles qui sont obligées de quitter leur territoire, le lieu où elles sont nées, étaient des personnes qui cherchent du travail en Europe ! Quelle horreur de travestir ainsi le réel ! Il s’agit, dans la majorité des cas, de familles qui cherchent un refuge pour survivre. Pour ces familles c’est la mort ou la survie ailleurs. Imaginons un instant que des parents acceptent de voir leurs enfants être éliminés dans les semaines qui suivent par une bande de terroristes. Evoquons un seul instant les récits de nos parents, de nos grands-parents qui, en 1914 ou en 1940, devaient rapidement quitter leurs maisons pour fuir l’avancée des troupes de l’Allemagne. Était-ce réellement pour trouver un emploi en dehors de la Belgique !

    Oui, mais les Syriens, Irakiens, Afghans, etc., sont des terroristes radicalisés de l’islam qui viennent faire des attentats en Europe ! Franchement, avons-nous déjà rencontré des familles de terroristes dont les membres ont entre six mois et quarante ans ?

    Oui, mais, en Belgique, il y a beaucoup de personnes pauvres, des jeunes sans emploi, des personnes âgées sans ressources ! Et alors ! Ces personnes sont-elles toutes en danger de mort ? La plupart ne sont-elles pas des allocataires sociaux ?

    Oui, mais, il y a déjà tellement d’étrangers en Belgique. Bientôt, il n’y aura plus de vrais Belges ! Et alors ! Est-ce à nous de décider qui « peut » habiter sur le territoire de la Belgique ? Alors que personne parmi nous n’a eu l’occasion de choisir le lieu de sa naissance, de choisir sa famille, ses parents !

    Et qui va encore devoir payer l’accueil de ces personnes, de ces familles ? Toujours les mêmes, les citoyens de la Belgique. Et alors ! C’est quoi être humain ? C’est quoi respecter la dignité de tout être humain ? C’est quoi devenir solidaire de personnes, d’enfants, en danger de mort ? Depuis quand le lieu de la naissance est-il une justification de fermer les yeux sur la misère, la mort de personnes innocentes qui n’ont plus d’autres solutions que d’aller vivre ailleurs où on dit que c’est mieux que chez soi ?

    Une Europe de 500 millions de personnes est incapable d’accueillir quelques centaines de milliers de personnes réfugiées ! Mais qui sommes-nous pour avoir des idées pareilles ?

    Oui, mais l’Europe, c’est d’abord le respect de valeurs chrétiennes ! Depuis quand ? Est-ce vraiment cela que Dieu veut ? Une poche de bons chrétiens qui dressent des murs pour se protéger de personnes qui ont d’autres convictions ! Les relations séculaires avec les Juifs en Europe, on n’a encore rien compris ? L’avènement des droits de l’homme et de la démocratie au XVIIIème siècle, de la laïcité, on n’a encore rien compris ? L’intégration de musulmans au XXème siècle en Europe occidentale, on n’a encore rien compris ? Il est temps que nous nous situions face à la Parole de Dieu ! La dignité de l’homme, de tout être humain, ce n’est pas une affaire de conviction religieuse. On est un humain, point final ! Et on respecte ce fait !

    Les chrétiens qui essaient de vivre de l’Evangile n’ont pas à mettre des barrières entre les gens pour protéger un soi-disant confort. Les chrétiens lisent la Bible « en entier ». Ils sont attentifs à ce que Jésus a enseigné. Ils ont pour paradigme le témoignage des apôtres ! Tout le monde est le bienvenu pour vivre de l’Evangile, certes. Mais nous avons d’abord à exercer notre mission, le premier commandement, celui d’aimer Dieu ; le second, qui lui est semblable, d’aimer le prochain, quelles que soient ses convictions, tout simplement parce que chaque être humain est créé à l’image de Dieu !

    Merci à tous ceux qui « se donnent » pour accueillir les réfugiés avec amour dans notre pays. Merci à tous qui, dans cette manière de se situer devant le réel, travaillent en bonne intelligence avec les pouvoirs publics.

    Dans le Compendium de la Doctrine sociale de l’Eglise (2005), je lis au n° 505 : Le principe d’humanité, inscrit dans la conscience de chaque personne et de chaque peuple, comporte l’obligation de tenir la population civile à l’écart des effets de la guerre. Une catégorie particulière de victimes de la guerre est celle de réfugiés, contraints par les combats à fuir les lieux où ils vivent habituellement, jusqu’à trouver refuge dans des pays autres que ceux où ils sont nés. L’Eglise est proche d’eux, non seulement par sa présence pastorale et son secours matériel, mais aussi par son engagement à défendre leur dignité humaine.

    Pour exercer le discernement en conscience et prendre des décisions au plan social et politique, nous avons suffisamment d’éléments pour accueillir les réfugiés. N’attendons pas pour, avec les autorités publiques, venir à leur aide.

    + Guy Harpigny,

    Evêque de Tournai

  • Le pape François va réformer la reconnaissance des nullités de mariage

    IMPRIMER

    55edd2e135709767898dc5fa.jpgOn l’oubliait un peu, mais bien à tort : un synode n’est jamais qu’un organe consultatif. Le pape François n'a d’ailleurs pas attendu les recommandations de son assemblée d’octobre prochain pour décider d’assouplir la procédure de reconnaissance de nullité d'un mariage sacramentel.

    Il prive peut-être ainsi ce synode d’une échappatoire pour éluder l'autre débat: celui de la dissolution canonique d'un premier mariage suivi du remariage religieux de divorcés civilement remariés. Lu dans « La Libre » de ce jour :

    « Le pape François doit rendre publiques mardi deux lettres visant à simplifier la procédure de reconnaissance de nullité d'un mariage, a annoncé lundi le Vatican, à un mois du synode des évêques sur la famille.

    A l'été 2014, le pape avait créé une commission chargée de travailler sur cette réforme, tout en sauvegardant le principe de l'indissolubilité du sacrement du mariage.

    Reconnaître la nullité d'un mariage revient à dire qu'en raison d'un vice au départ, le sacrement n'a jamais eu lieu. Cela permet aux anciens époux de se remarier religieusement, alors que l'Eglise refuse le divorce et considère un remariage civil comme une infidélité au véritable conjoint.

    Les deux lettres - l'une pour le Code de droit canon et l'autre pour le Code des canons des Eglises orientales - devraient simplifier des procédures jusqu'alors longues, chères et compliquées.

    En janvier, Jorge Bergoglio avait confié que ce parcours était "souvent perçu comme long et fatigant". Il a aussi plusieurs fois exprimé le souhait que la procédure soit gratuite.

    Deux solutions ont particulièrement été évoquées: la réduction à un seul jugement au lieu de deux et la mise en place d'un recours administratif sous la responsabilité d'un évêque.

    De plus, le manque de foi des époux pourrait davantage être pris en compte parmi les motifs de nullité. Les fiancés passent en effet souvent devant un prêtre sous la pression sociale, sans se rendre compte que le sacrement qu'ils reçoivent est un engagement pour la vie. »

    Ref. Le pape va simplifier la procédure de reconnaissance des nullités de mariage

     JPSC

  • Mgr Rey : «La peur de l'islamisation de l'Europe marque un déficit d'identité des chrétiens»

    IMPRIMER

    Interview sur Figarovox :

    Mgr-Rey-bis.jpgFIGAROVOX: Vous êtes le premier et le seul évêque français à vous être rendu en Syrie, aux côtés des Chrétiens persécutés. Qu'avez-vous vu là-bas? 

    MONSEIGNEUR REY: J'ai été accueilli en Syrie par le patriarche grec catholique Grégoire III du 22 au 26 août. Nous avons visité un certain nombre de sites où se trouvent les communautés chrétiennes. L'impression de base que m'a donné ce pays, c'est celle d'un double martyre: martyre de la pierre, martyre de la chair. Martyre de la pierre avec ces quartiers (chrétiens et musulmans) saccagés, ces rues impraticables, ces églises détruites… Martyre de la chair surtout, avec ces milliers de drames humains, de persécutions explicites, d'exodes forcés, de familles ayant vu les leurs massacrés sous leurs yeux.

    On a la vision d'un pays en ruines, sans avenir, d'une terre de désolation, qu'il faut fuir. Beaucoup de gens là-bas m'ont dit «aidez-moi à partir», même si les responsables religieux appellent à rester sur place. Parmi les chrétiens, certains, dont le martyre particulier s'ajoute au drame commun, ont décidé de rester, faisant preuve d'une résistance morale et spirituelle exemplaire. 

    S'il y a plus d'un an que l'exode des Syriens a commencé, le choc des photos a mobilisé le monde entier autour d'un enfant mort noyé. Que vous inspirent ces terribles images? L'émotion est-elle un piège ou au contraire un catalyseur nécessaire à l'action? 

    Ces images violentes et crues nous obligent à sortir de notre léthargie. Nous ne pouvons plus rester dans l'inaction, dans une inertie confortable qui nous tient lieu de politique depuis des mois. Notre stratégie ne peut se réduire à mettre en place des barbelés et multiplier les contrôles aux frontières! L'urgence humanitaire exige de mobiliser notre compassion mais aussi notre détermination dans l'action. Il y a un point d'équilibre à trouver, où le coeur et la raison doivent parler de concert. Le coeur doit nous engager à répondre à l'urgence humanitaire. La raison nous oblige à trouver des solutions de long terme. Notre devoir moral, surtout en tant que chrétiens, est d'accueillir toutes les personnes en souffrance, en particulier nos frères chrétiens, dont certains ont fui la persécution. Le pape François nous y invite avec force.

    Les frontières territoriales doivent rester essentielles pour protéger l'identité d'un pays. Les flux doivent être régulés. On ne peut pas accueillir dans n'importe quelles conditions. Nous ne voulons pas d'une globalisation brouillonne qui gommerait les identités. Il faut accompagner les nouveaux venus sur le chemin de l'intégration culturelle et sociale, afin qu'ils puissent intérioriser et enrichir aussi l'identité du pays qui les accueille.

    Que dites-vous à ceux qui agitent le spectre d'une «invasion» et craignent pour l'identité chrétienne de l'Europe?

    Que nous le voulions ou non, nous sommes dans un monde globalisé et ouvert. Nous ne pourrons pas empêcher l'arrivée de réfugiés et les brassages de population qui relèvent de facteurs économiques, géopolitiques, écologiques et religieux très complexes. Ces mouvements démographiques doivent être encadrés par une vraie politique migratoire. Par ailleurs l'altérité due à l'arrivée de personnes issues d'autres univers culturels interroge notre propre identité, et nous engage à nous réapproprier notre héritage national, marqué en Europe par ses racines judéo-chrétiennes. 

    Certains s'inquiètent d'une islamisation de la France, qui serait accélérée par la venue de ces nouveaux migrants. Tout en éradiquant les groupes islamistes fondamentalistes et le trafic d'êtres humains, il faut absolument mettre en oeuvre une culture du dialogue, qui favorise un modus vivendi avec les communautés d'origine musulmane. Il faut aussi déployer une démarche pastorale, qui conjugue accueil et annonce. Pour sortir ou de la confrontation belliqueuse, ou au contraire, de l'indifférence, nous nous devons comme chrétiens, de construire des liens humains de proximité et de solidarité pour que notre société ne devienne pas une nouvelle tour de Babel individualiste, fracturée entre communautés qui ne communiquent plus entre elles.

    Face à cette peur de l'islamisation de l'Europe, je constate souvent un déficit d'identité des chrétiens, ils ne doivent pas craindre d'affirmer avec conviction le témoignage de leur foi en Jésus-Christ, même auprès des musulmans. C'est une leçon que j'ai retenue de mon séjour en Syrie.

    Une conférence de l'ONU sur les minorités persécutées par l'Etat islamique se tient le 8 septembre à Paris. Qu'attendez-vous de la communauté internationale?

    J'attends beaucoup de cette conférence. La France et les grandes puissances doivent former une coalition internationale pour garantir durablement la paix. Le statu quo en Syrie et en Irak n'est plus tenable. La paix est la seule solution pour maintenir les populations sur place. 

    Mgr Rey : «La peur de l'islamisation de l'Europe marque un déficit d'identité des chrétiens»

    JPSC

  • Abbé Fabrice Loiseau : « Gare aux récupérateurs de la miséricorde ! »

    IMPRIMER

    De « Famille  chrétienne » :

    l-abbe-fabrice-loiseau-et-les-missionnaires-de-la-misericorde-divine_article.jpg« Les Missionnaires de la miséricorde divine entendent vivre de la spiritualité de sainte Faustine. Entretien avec l’abbé Fabrice Loiseau, fondateur de cette société de prêtres installée à Toulon qui fêtera le 13 septembre ses 10 ans.

    Pourquoi le prêtre est-il par excellence le missionnaire de la miséricorde ?

    Le Christ est venu dans le monde pour sauver tous les pécheurs. Faire miséricorde. Le prêtre étant un alter Christi, identifié à Jésus-Christ pasteur, la première forme de sa pastorale doit être d’offrir ce salut, cette miséricorde, aux pécheurs. Il est d’abord là pour ça et n’est pas un animateur social, un psychologue ou une aide humanitaire ! L’identité sacerdotale se fonde sur la miséricorde. Le prêtre n’est prêtre que pour vivre et annoncer cette miséricorde. C’est dans son être, inscrit dans son âme.

    Comment, concrètement, le prêtre témoigne-t-il de la miséricorde ?

    Le prêtre est l’homme de la miséricorde d’abord à travers les sacrements qui, tous, jaillissent du cœur de Jésus miséricordieux. L’Eucharistie est la première des miséricordes puisqu’elle est la présence du Christ, la vie de Jésus dans les âmes. Et tous les sacrements, du baptême jusqu’au sacrement des malades – miséricorde pour ceux qui souffrent dans leur corps et dans leur âme – en passant bien évidemment par le sacrement du pardon.

    Homme de la miséricorde, le prêtre doit l’être aussi dans le kérygme. C’est le thème essentiel de son annonce. Car il n’est pas là pour faire de la morale ! Au centre de la mission, voilà ce qu’il doit dire essentiellement : « Le Seigneur vous aime et, dès aujourd’hui, vous pouvez connaître le salut en regrettant vos péchés et en vivant de la miséricorde de Dieu ».

    Je crois que c’est aussi liturgiquement que le prêtre doit mettre l’accent sur la miséricorde. Chez nous, la fête de la divine miséricorde, le dimanche après Pâques, est particulièrement solennisée. C’est une proclamation liturgique de l’amour du Christ pour l’humanité.

    Ne trouvez-vous pas que le dimanche de la divine miséricorde est encore peu fêté dans l’Église catholique ?

    Règne en effet une terrible inertie autour de cette grande fête. Je n’ai jamais rencontré un seul prêtre qui soit contre. Mais beaucoup n’y voient pas d’intérêt puisque, disent-ils, on a déjà la solennité du Sacré Cœur ou celle de la petite Thérèse ! C’est pourtant un enjeu énorme et un engagement fort de Jean-Paul II qui l’a instituée pour l’Église universelle. La clé de son pontificat. Que sainte Faustine soit la première sainte de l’an 2000 et du nouveau millénaire n’est pas anodin.

    Quelle différence établir entre la spiritualité de la miséricorde divine et celle du Sacré Cœur ?

    Les deux se complètent, puisque le Sacré Cœur est la source de la miséricorde. La miséricorde insiste cependant plus sur le salut de l’homme pécheur. L’histoire du salut est d’ailleurs l’histoire de la miséricorde qui s’est penchée sur l’humanité blessée par le péché. On pourrait dire, pour simplifier, que le Sacré Cœur, c’est l’amour pour tous les hommes et la miséricorde, l’amour pour l’homme qui est dans la misère. Pas mal pour une époque accablée par le péché !

    « Plus peut-être que celle de l’homme d’autrefois, la mentalité contemporaine semble s’opposer au Dieu de miséricorde », écrivait Jean-Paul II dans son encyclique Dives in misericordia. Pourquoi ?

    Ils ont toujours existé et existeront jusqu’à la fin des temps, les mauvais empereurs, les mauvais rois, les mauvais chrétiens ou les mauvais prélats. L’homme est pécheur : rien de nouveau sous le soleil. Mais aujourd’hui, le péché est devenu institutionnel. La société n’est plus seulement tentatrice, mais créatrice de lois qui sont autant de péchés. C’est ce que Jean-Paul II appelle la « culture de mort », faite de structures de péchés qui enferment les hommes dans des structures de désespoir. La miséricorde en est l’antidote, le seul. Le « pouvoir qui pose une limite au mal » disait le saint pape dans Mémoire et identité.

    Ou « l’ultime planche de salut pour l’humanité » disait Jésus à sainte Faustine…

    Rien de moins ! Le recours à la miséricorde n’est pas une « dévotionnette », mais bien le dernier espoir de l’humanité. La spiritualité du IIIe millénaire comme l’annonçait là encore Jean-Paul II. J’y perçois une très forte dimension eschatologique. Une question de vie ou de mort. Car, le drame de l’humanité, finalement, est d’accepter d’être aimée par Dieu. Ou pas. L’enjeu de la fin des temps est de redonner à l’homme l’amour de Dieu qui redonne vie. Or, plus que toute autre spiritualité, la miséricorde est ce Dieu qui vient chercher l’homme pécheur. Ce n’est pas seulement un amour qui pardonne, mais un amour qui ressuscite.

    La miséricorde est un enjeu majeur. Y compris pour le diable qui semble s’acharner à vouloir la déformer…

    Gare aux récupérateurs de la miséricorde ! Le diable veut la travestir. L’écraser sous le poids du mal. En faire une vulgaire « bonasserie ». La défigurer pour qu’elle ne soit plus le pardon de Dieu pour l’homme pécheur qui se convertit et reprend confiance dans la bonté de Dieu, mais une certaine reconnaissance du mal. Une espèce d’autojustification par rapport à Dieu. Or, si l’homme ne se considère plus pécheur, en quoi aurait-il encore besoin de la miséricorde ? « Pas de miséricorde sans justice et vérité » martèle le pape François. La miséricorde de Dieu ne peut se déverser dans le cœur que si l’homme reconnaît, confesse, la gravité de son péché dans une démarche de vérité.

    Comment tenir ensemble miséricorde et appel à la conversion ?

    Accueillir le pécheur avec bonté, patience et psychologie ne signifie en rien l’installer dans sa situation de pécheur ni devenir complice de son péché. Chrétiens ou non, les gens le sentent. Je le vois sur les plages, par exemple, quand je vais à la rencontre des estivants. Beaucoup ne savent pas qu’ils sont malheureux parce qu’ils sont pécheurs. Parce qu’ils vivent dans des situations qui les éloignent de Dieu. Mettre le doigt sur ce qui les fait souffrir, sur ce qui les blesse, peut leur être d’un grand secours. Invoquer l’amour de Jésus en passant à la trappe son appel à la conversion relève plus du péché contre l’Esprit Saint que de la miséricorde divine. C’est un blasphème. N’oublions jamais cela, surtout quand l’on va au-devant de nos frères musulmans.

    L’évangélisation des musulmans est un charisme de votre communauté… Pourquoi ?

    Pour nous, aller au-devant de nos frères musulmans, y compris des salafistes aux tendances les plus dures, cela fait partie de la miséricorde. Celle-ci est d’ailleurs le point d’accroche avec eux. On peut leur dire : « tu es un vrai frère car la miséricorde est un thème capital pour toi ». Certes, pour les musulmans, Allah fait miséricorde à qui il veut et il la retire à qui il veut. Dans le Coran, la miséricorde est donc liée à une volonté divine arbitraire. Mais l’idée est là et permet d’établir une relation, de nouer le dialogue avec eux. Puis de leur annoncer l’Évangile car le dialogue interreligieux ne peut remplacer l’annonce du Christ miséricordieux.

    Réf. Abbé Fabrice Loiseau : « Gare aux récupérateurs de la miséricorde ! »

    JPSC