Spiritualité - Page 251
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La TRAVERSEE : un parcours digital pour traverser au quotidien la crise de Covid-19 dans la Paix
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À tu et à toi avec la mort. Comment annoncer la nouvelle que le monde ne veut pas entendre
Lu en traduction sur le site « diakonos.be » cet article publié par Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso.
« (S.M.) Je reçois et je publie. Le professeur Leonardo Lugaresi est un spécialiste du Nouveau Testament et des Pères de l’Église très apprécié des lecteurs de Settimo Cielo, qui retrouveront au bas de cet article les liens vers toutes ses précédentes interventions.
Cher M. Magister,
La lettre du prêtre français qui se gausse de l’angoisse « médiévale » qu’il attribue au professeur Pietro De Marco et qui lui oppose la petite leçon de son christianisme « moderne » (« la religion n’est pas le lieu de transfert de ses angoisses ») touche bien malgré lui, et je le crains à l’insu de son auteur, au cœur même du problème.
Le monde d’aujourd’hui est effectivement en proie à une angoisse de mort. La pandémie de Covid-19 qui est en train de terroriser le monde entier n’est pas la première cause de décès en absolu et ne le sera probablement pas à l’avenir, malgré son développement inquiétant. Sur notre planète, les hommes meurent davantage pour toute une série d’autres raisons, chaque année par dizaines de dizaines de millions. Mais cela ne nous angoisse pas parce qu’il s’agit, pour ainsi dire, de la mort des autres.
La mort due au coronavirus, en revanche, c’est notre mort à nous. Celle qui pourrait me tomber dessus à moi à tout moment quelles que soient les précautions que je pourrais prendre. Le virus invisible et omniprésent fait apparaître, comme possibilité universelle, la constante imminence de ma propre mort. C’est-à-dire précisément ce que la modernité avait soigneusement programmé d’évacuer de son horizon.
Ce qui nous est insupportable à nous, hommes modernes, c’est en fait de découvrir subitement la condition d’impuissance dans laquelle nous nous trouvons. Le recours, instinctif et généralisé, à la métaphore de la guerre pour représenter la condition présente de l’humanité trahit aussi notre besoin inconscient d’avoir des armes en main. Et nous les aurons probablement, sans doute dans un futur proche, mais pas tout de suite.
Mais cette condition, toute abhorrée qu’elle soit par la modernité, appartient essentiellement à la vie humaine dans son rapport avec la mort, et cela il faut le dire aussi.
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Carême et confinement; feuillet du lundi 30 mars : récits et expériences eucharistiques (Albert Bessières S.J.)
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Recordare Domine
Introit de la messe votive pour des temps d'épidémie
Introitus
Recordare Domine testamenti tui
et dic angelo percutienti
cesset iam manus tua
ut non desoletur terra.Souvenez-vous, Seigneur, de votre alliance,
et dites à l’Ange exterminateur :
que ta main s’arrête désormais,
afin que la terre ne soit pas dévastée.Et ne perdas omnem animam viventem.
Et que tu ne causes la perte de toute âme vivante.
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Carême et confinement : feuillet du dimanche 29 mars; "Jésus et le respect des autres" par le cardinal Decourtray
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Où trouver une messe à la télévision ce dimanche ?
La messe de ce dimanche à la télévision : à quelle heure et sur quelle chaîne ?
Capture d'écran YouTube / KTOMesse du 22 mars 2020 à l'église Saint-Germain retransmise par KTO.
Vous êtes confiné et vous ne savez pas à quelle heure et sur quelle chaîne vous pourrez suivre la messe du 5e dimanche de Carême, ce 29 mars, depuis chez vous ? Voici trois solutions.
En raison des règles de confinement, depuis le 17 mars dernier, les fidèles sont légitimement empêchés de participer à la messe dominicale. Aleteia vous propose chaque semaine de sanctifier votre dimanche par une célébration de la Parole de Dieu. Il est possible par ailleurs de vivre la messe dominicale en communion avec les autres catholiques depuis les chaînes de télévision ou les réseaux sociaux. Attention, ce week-end, n’oubliez pas de passer à l’heure d’été si vous voulez être à l’heure à la messe télévisée.
SUR LE JOUR DU SEIGNEUR (et sur la RTBF)
L’émission « Le jour du Seigneur » retransmettra la messe en direct à 11h en direct sur France 2 depuis ses studios parisiens.
SUR KTO
La chaîne de télévision KTO retransmettra trois célébrations dominicales en direct, sur son site et sur sa chaîne YouTube. Pour les lève-tôt, la messe du pape François sera retransmise de la chapelle Sainte-Marthe à 7h00. Elle sera suivi d’une retransmission depuis la grotte du sanctuaire de Lourdes à 10h00. Enfin, une messe du soir sera retransmise depuis l’église Saint-Germain l’Auxerrois à 18h30.
SUR YOUTUBE OU FACEBOOK
De nombreuses messes en direct sont également proposées par les différents diocèses et communautés religieuses via YouTube ou en Facebook live. Vous pouvez en retrouver une partie sur le site MessesInfo qui s’est adapté à cette situation nouvelle et en répertorie un grand nombre. Plus de 160 messes sont d’ores et déjà annoncées pour ce week-end.
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Covid-19 : quand des prêtres bénissent leur paroisse ou leur ville
De Clémence Houdaille sur le site du journal La Croix :
Coronavirus : des prêtres bénissent leur paroisse et leur ville
En ces temps de maladie et de confinement, de nombreux prêtres et évêques bénissent, depuis le parvis ou le toit de leur église, les habitants. À Bourges, Mantes-la-Jolie ou Argenteuil, ils expliquent leur démarche.
27/03/2020
Avant que le pape, ce vendredi 27 mars, ne donne une bénédiction urbi et orbi exceptionnelle depuis la place Saint-Pierre, de nombreux prêtres et évêques ont, depuis le début du confinement pour lutter contre l’épidémie de Covid-19, béni depuis le parvis ou même le toit de leur église leur paroisse, leur ville ou le diocèse.
« C’est dans la tradition lyonnaise d’exprimer ainsi sa confiance en Dieu et son espérance », explique Mgr Michel Dubost, administrateur apostolique du diocèse de Lyon, qui a, mercredi 25 mars, béni la ville et le diocèse avec le Saint-Sacrement, depuis la colline de Fourvière.
Depuis le XVIIe siècle, époque à laquelle la Vierge aurait protégé la ville d’une épidémie de peste, les Lyonnais la remercient chaque année lors du renouvellement du vœu des Échevins le 8 septembre. Certes, « on a aujourd’hui des connaissances sur la propagation de la maladie que n’avaient pas nos prédécesseurs au XVIIe siècle, et on ne demande pas les choses de la même façon, mais il s’agit d’exprimer la confiance des Lyonnais au Christ », poursuit Mgr Dubost.
À Argenteuil (Val-d’Oise), c’est chaque jour depuis le début du confinement, à midi, que le recteur de la basilique sort sur le parvis de son église. Là, muni d’un petit reliquaire contenant quelques fils de la tunique du Christ conservée dans l’édifice, le père Guy-Emmanuel Cariot récite la litanie des saints, dit une petite oraison et bénit le parvis, « quasiment vide ».
« Ce cri vers Dieu, quand on est chrétien, on doit le porter au nom de tous les hommes »
« La Sainte tunique, c’est dans l’ADN de la ville d’Argenteuil, au-delà de la paroisse, confie-t-il. Elle est présente sur les armes de la ville, on sait qu’Argenteuil a été dotée de certaines infrastructures par le roi de France à cause de la Sainte tunique… » Aussi, le père Cariot demande la bénédiction de Dieu « au nom de tous les Argenteuillais, ceux qui croient et ceux qui ne croient pas, car ce cri vers Dieu, quand on est chrétien, on doit le porter au nom de tous les hommes. »
Il s’agit d’un « acte de foi, en demandant au Seigneur de nous protéger de ce fléau de l’épidémie, explique-t-il. On prie pour les soignants, pour les personnes âgées, les familles confinées… On ne peut pas faire de procession, ça ne serait pas très sérieux sur le plan sanitaire, mais cela n’empêche pas de prier et de se tourner vers Dieu ! » « Dieu n’est pas derrière ce virus, poursuit le père Cariot. Mais à partir de la mort de son fils, il peut faire la Résurrection. Ça nous apprend aussi à ne pas attendre d’être dans ce genre de circonstance pour se tourner vers lui. »
À Bourges (Cher), c’est à l’occasion du quatrième dimanche de Carême, le 22 mars, que le père Stéphane Quessard, curé de la cathédrale Saint-Étienne, du haut de la grande tour (75 mètres) de l’édifice classé au patrimoine mondial de l’Unesco, a béni la ville. « Nous avons composé une prière à cette occasion, soulignant le caractère exceptionnel de cette pandémie, car on n’avait pas ça dans le rituel des bénédictions », raconte le père Quessard.
Le curé, qui entendait ainsi soutenir le personnel de santé, et les personnes confinées, a reçu des messages de remerciement des fidèles, qui l’ont vu depuis leur balcon ou ont suivi cette bénédiction en direct sur Internet, mais aussi du maire, et d’habitants de la ville. « J’ai eu beaucoup de retours de personnes touchées par ce geste », confie de son côté le père Bruno Lefebvre Pontalis, curé de la paroisse Saint-François-Xavier à Paris, qui, lui aussi, est monté sur le toit de son église, le 19 mars, jour de la fête de saint Joseph, pour bénir les habitants, en « signe de protection et de proximité, d’attention du pasteur pour ses brebis. »
Un « acte de foi, de prière, et de communion »
Un « acte de foi, de prière, et de communion », c’est aussi le sens de la bénédiction donnée à Mantes-la-Jolie par le père Matthieu Williamson, qui a gravi mercredi 25 mars les 309 marches menant en haut de la tour de la collégiale gothique, ostensoir en main. « Les gens sont très isolés les uns des autres, explique-t-il. Il faut trouver tous les moyens pour les rejoindre. Je prends des nouvelles par téléphone, nous postons des vidéos… Mais on a aussi la chance d’avoir une très grande église, visible de tout le Mantois. » Le rendez-vous avait donc été donné à midi pour cette bénédiction. « C’était très émouvant de voir les gens à leur fenêtre ou à leur balcon, confie le père Williamson. D’autres, trop loin, m’ont dit qu’ils étaient en communion de prière ». Le curé de Mantes le constate, les fidèles « souffrent de ne pas pouvoir vivre les sacrements, et envoient beaucoup d’intentions de prières ».
« Alors qu’ils sont privés de l’eucharistie, c’est d’une certaine manière le Seigneur qui les rejoint chez eux, poursuit-il. Les liens se tissent et on essaie d’imaginer comment vivre la semaine sainte et fête de Pâques ». Une question taraude le père Williamson. « Est-ce qu’on arrive à rejoindre tout le monde ? », s’interroge-t-il. Un souci de proximité que porte aussi le père Cariot, en bénissant chaque jour les Argenteuillais. « Après le coronavirus, il faudra faire de gros efforts pour vivre plus de fraternité en paroisse », assure-t-il.
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Pourquoi Dieu ne fait-Il rien ou n'empêche-t-il pas ce malheur ?
De Paris Notre-Dame, site de l'Eglise catholique à Paris :
Dieu nous a-t-il envoyé le coronavirus ?
La pandémie qui frappe le monde et la France nous oblige à imaginer d’autres formes d’initiatives pastorales. Elle soulève beaucoup d’interrogations sur la façon de maintenir le lien entre nous, de rester présent auprès des plus fragiles… Elle pose aussi la question de Dieu. Afin de nous aider dans ce temps éprouvant, nous avons décidé d’ouvrir cette page à des prêtres de Paris, afin qu’ils puissent nous nourrir de leurs réflexions.
Mgr Philippe Marsset, évêque auxiliaire de Paris, vicaire général. © Marie-Christine Bertin
Il y a un an, notre diocèse perdait sa cathédrale. Aujourd’hui, toujours pendant le temps du Carême, nous célébrons des messes sans peuple ! Le toit de la cathédrale brûlait, laissant dans la nuit de l’incendie, cette croix glorieuse, briller au fond de Notre-Dame. Quand on me demande si Dieu a voulu cet incendie, je donne cette image parce qu’on peut tout faire dire à Dieu, tout lui faire porter de nos incompréhensions ! Le Dieu auquel nous croyons n’est pas présent que dans les malheurs ou les bonheurs, comme s’il les distribuait au moment où un évènement nous bouleverse. Il n’est pas absent parce qu’il y a un malheur. Il est toujours avec nous, c’est nous qui ne sommes pas avec Lui. Mais l’incendie ou le coronavirus peuvent être l’occasion pour certains de lui faire porter le chapeau.
Le coronavirus sème la peur parce qu’il est invisible : on ne le maîtrise pas (encore), il est sournois, possiblement mortel et on peut le transmettre sans le savoir. Comme le mal, comme le péché, on le connaît par les dégâts qu’il laisse en nous et autour de nous. Ce micro virus fait réfléchir toute notre planète sur la question de nos orientations de vie : le virus n’a pas de frontière, il n’a pas d’autre vecteur de transmission que notre corps, notre salive, notre volonté. Il pose à chacun la question de son incarnation, de la solidarité, du sens de la responsabilité. C’est d’abord notre attitude, notre comportement qui est au cœur de cette question : Comment vivons-nous ? Comment protégeons-nous l’autre ? Dieu n’envoie pas le malheur, mais la question se pose : « pourquoi ne fait-Il rien ou ne l’empêche-t-il pas ? ». La réponse, s’il y en a une, je peux la chercher soit dans l’instantané de ma révolte, soit en revisitant, dans ce malheur, ma relation à Jésus, Fils de Dieu.
Dans sa Passion, il subit le mal injuste et il reste pourtant un homme de foi, d’amour et d’espérance dans tout ce malheur. Il est décentré de lui-même, parle à sa mère, annonce au bandit qu’il sera au Paradis le soir même, prend soin de son disciple… Il ne cherche pas le sens de sa souffrance (une explication théologique), il donne du sens (aimer, pardonner, servir, sauver) à ce qui n’a pas de sens en soi ! Ce malheur que nous subissons est-il aujourd’hui l’opportunité de redonner un sens à notre vie ?
Et nous voilà, en même temps, privés de la messe pour plusieurs semaines : en plein Carême, une ascèse eucharistique ! En fait, non : les prêtres célèbrent chaque jour le sacrifice du Seigneur. La messe est dite, mais vous n’êtes plus là pour la vivre physiquement, pour communier au corps du Christ. Vos intentions de messe sont portées par les prêtres qui redécouvrent, eux, la célébration de la messe, seul ou presque.
Nous ne sommes pas dépositaires d’un mystère terrestre, visible, nous célébrons cette manière dont Jésus a choisi de se rendre présent à nous : dans la réalité sacramentelle. Elle nous situe dans une autre dimension, celle de la foi en Jésus ressuscité. Dimension qui s’éprouve, aujourd’hui dans son manque, mais qui ne se prouve pas. Ou plutôt, sa preuve, c’est la charité qui chasse la peur, c’est la miséricorde qui visite les malades, c’est la foi qui ne cesse pas de prier. Dans cette croix que nous vivons, le chrétien est signe de la double dimension qui structure sa vie : l’horizontalité pour vivre la fraternité, et la verticalité qui est la source de toute vie.
P. Philippe Marsset
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Carême et confinement; feuillet du samedi 28 mars : La liturgie du Prochain d'après Vladimir Ghika
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A coronaviro libera nos : Bénédiction du pape Urbi et Orbi
Ce soir du 27 mars 2020, sous la pluie d’une place Saint-Pierre déserte : impressionnant.
” Le soir venu » (Mc 4, 35). Ainsi commence l’Evangile que nous avons écouté. Depuis des semaines, la nuit semble tomber. D’épaisses ténèbres couvrent nos places, nos routes et nos villes ; elles se sont emparées de nos vies en remplissant tout d’un silence assourdissant et d’un vide désolant, qui paralyse tout sur son passage : cela se sent dans l’air, cela se ressent dans les gestes, les regards le disent. Nous nous retrouvons apeurés et perdus. Comme les disciples de l’Evangile, nous avons été pris au dépourvu par une tempête inattendue et furieuse. Nous nous nous rendons compte que nous nous trouvons dans la même barque, tous fragiles et désorientés, mais en même temps tous importants et nécessaires, tous appelés à ramer ensemble, tous ayant besoin de nous réconforter mutuellement. Dans cette barque… nous nous trouvons tous. Comme ces disciples qui parlent d’une seule voix et dans l’angoisse disent : « Nous sommes perdus » (v. 38), nous aussi, nous nous nous apercevons que nous ne pouvons pas aller de l’avant chacun tout seul, mais seulement ensemble.
Il est facile de nous retrouver dans ce récit. Ce qui est difficile, c’est de comprendre le comportement de Jésus. Alors que les disciples sont naturellement inquiets et désespérés, il est à l’arrière, à l’endroit de la barque qui coulera en premier. Et que fait-il ? Malgré tout le bruit, il dort serein, confiant dans le Père – c’est la seule fois où, dans l’Evangile, nous voyons Jésus dormir –. Puis, quand il est réveillé, après avoir calmé le vent et les eaux, il s’adresse aux disciples sur un ton de reproche : « Pourquoi êtes-vous si craintifs ? N’avez-vous pas encore la foi ? » (v. 40).
Cherchons à comprendre. En quoi consiste le manque de foi de la part des disciples, qui s’oppose à la confiance de Jésus ? Ils n’avaient pas cessé de croire en lui. En effet, ils l’invoquent. Mais voyons comment ils l’invoquent : « Maître, nous sommes perdus ; cela ne te fait rien ? » (v. 38). Cela ne te fait rien : ils pensent que Jésus se désintéresse d’eux, qu’il ne se soucie pas d’eux. Entre nous, dans nos familles, l’une des choses qui fait le plus mal, c’est quand nous nous entendons dire : “Tu ne te soucies pas de moi ?”. C’est une phrase qui blesse et déclenche des tempêtes dans le cœur. Cela aura aussi touché Jésus, car lui, plus que personne, tient à nous. En effet, une fois invoqué, il sauve ses disciples découragés.
La tempête démasque notre vulnérabilité et révèle ces sécurités, fausses et superflues, avec lesquelles nous avons construit nos agendas, nos projets, nos habitudes et priorités. Elle nous démontre comment nous avons laissé endormi et abandonné ce qui alimente, soutient et donne force à notre vie ainsi qu’à notre communauté. La tempête révèle toutes les intentions d’“emballer” et d’oublier ce qui a nourri l’âme de nos peuples, toutes ces tentatives d’anesthésier avec des habitudes apparemment “salvatrices”, incapables de faire appel à nos racines et d’évoquer la mémoire de nos anciens, en nous privant ainsi de l’immunité nécessaire pour affronter l’adversité.
À la faveur de la tempête, est tombé le maquillage des stéréotypes avec lequel nous cachions nos “ego” toujours préoccupés de leur image ; et reste manifeste, encore une fois, cette appartenance commune (bénie), à laquelle nous ne pouvons pas nous soustraire : le fait d’être frères.
« Pourquoi êtes-vous si craintifs ? N’avez-vous pas encore la foi ? » Seigneur, ce soir, ta Parole nous touche et nous concerne tous. Dans notre monde, que tu aimes plus que nous, nous sommes allés de l’avant à toute vitesse, en nous sentant forts et capables dans tous les domaines. Avides de gains, nous nous sommes laissé absorber par les choses et étourdir par la hâte. Nous ne nous sommes pas arrêtés face à tes rappels, nous ne nous sommes pas réveillés face à des guerres et à des injustices planétaires, nous n’avons pas écouté le cri des pauvres et de notre planète gravement malade. Nous avons continué notre route, imperturbables, en pensant rester toujours sains dans un monde malade. Maintenant, alors que nous sommes dans une mer agitée, nous t’implorons : “Réveille-toi Seigneur !”
« Pourquoi êtes-vous si craintifs ? N’avez-vous pas encore la foi ? » Seigneur, tu nous adresses un appel, un appel à la foi qui ne consiste pas tant à croire que tu existes, mais à aller vers toi et à se fier à toi. Durant ce Carême, ton appel urgent résonne : “Convertissez-vous”, « Revenez à moi de tout votre cœur » (Jl 2, 12). Tu nous invites à saisir ce temps d’épreuve comme un temps de choix. Ce n’est pas le temps de ton jugement, mais celui de notre jugement : le temps de choisir ce qui importe et ce qui passe, de séparer ce qui est nécessaire de ce qui ne l’est pas. C’est le temps de réorienter la route de la vie vers toi, Seigneur, et vers les autres. Et nous pouvons voir de nombreux compagnons de voyage exemplaires qui, dans cette peur, ont réagi en donnant leur vie. C’est la force agissante de l’Esprit déversée et transformée en courageux et généreux dévouements. C’est la vie de l’Esprit capable de racheter, de valoriser et de montrer comment nos vies sont tissées et soutenues par des personnes ordinaires, souvent oubliées, qui ne font pas la une des journaux et des revues ni n’apparaissent dans les grands défilés du dernier show mais qui, sans aucun doute, sont en train d’écrire aujourd’hui les évènements décisifs de notre histoire : médecins, infirmiers et infirmières, employés de supermarchés, agents d’entretien, fournisseurs de soin à domicile, transporteurs, forces de l’ordre, volontaires, prêtres, religieuses et tant et tant d’autres qui ont compris que personne ne se sauve tout seul.
Face à la souffrance, où se mesure le vrai développement de nos peuples, nous découvrons et nous expérimentons la prière sacerdotale de Jésus : « Que tous soient un » (Jn 17, 21). Que de personnes font preuve chaque jour de patience et insuffle l’espérance, en veillant à ne pas créer la panique mais la co-responsabilité ! Que de pères, de mères, de grands-pères et de grands-mères, que d’enseignants montrent à nos enfants, par des gestes simples et quotidiens, comment affronter et traverser une crise en réadaptant les habitudes, en levant les regards et en stimulant la prière ! Que de personnes prient, offrent et intercèdent pour le bien de tous. La prière et le service discret : ce sont nos armes gagnantes!
« Pourquoi avez-vous peur ? N’avez-vous pas encore la foi ? » Le début de la foi, c’est de savoir qu’on a besoin de salut. Nous ne sommes pas autosuffisants ; seuls, nous faisons naufrage : nous avons besoin du Seigneur, comme les anciens navigateurs, des étoiles. Invitons Jésus dans les barques de nos vies. Confions-lui nos peurs, pour qu’il puisse les vaincre. Comme les disciples, nous ferons l’expérience qu’avec lui à bord, on ne fait pas naufrage. Car voici la force de Dieu : orienter vers le bien tout ce qui nous arrive, même les choses tristes. Il apporte la sérénité dans nos tempêtes, car avec Dieu la vie ne meurt jamais.
Le Seigneur nous interpelle et, au milieu de notre tempête, il nous invite à réveiller puis à activer la solidarité et l’espérance capables de donner stabilité, soutien et sens en ces heures où tout semble faire naufrage. Le Seigneur se réveille pour réveiller et raviver notre foi pascale. Nous avons une ancre : par sa croix, nous avons été sauvés. Nous avons un gouvernail : par sa croix, nous avons été rachetés. Nous avons une espérance : par sa croix, nous avons été rénovés et embrassés afin que rien ni personne ne nous sépare de son amour rédempteur. Dans l’isolement où nous souffrons du manque d’affections et de rencontres, en faisant l’expérience du manque de beaucoup de choses, écoutons une fois encore l’annonce qui nous sauve : il est ressuscité et vit à nos côtés. Le Seigneur nous exhorte de sa croix à retrouver la vie qui nous attend, à regarder vers ceux qui nous sollicitent, à renforcer, reconnaître et stimuler la grâce qui nous habite. N’éteignons pas la flamme qui faiblit (cf. Is 42, 3) qui ne s’altère jamais, et laissons-la rallumer l’espérance.
Embrasser la croix, c’est trouver le courage d’embrasser toutes les contrariétés du temps présent, en abandonnant un moment notre soif de toute puissance et de possession, pour faire place à la créativité que seul l’Esprit est capable de susciter. C’est trouver le courage d’ouvrir des espaces où tous peuvent se sentir appelés, et permettre de nouvelles formes d’hospitalité et de fraternité ainsi que de solidarité. Par sa croix, nous avons été sauvés pour accueillir l’espérance et permettre que ce soit elle qui renforce et soutienne toutes les mesures et toutes les pistes possibles qui puissent aider à nous préserver et à sauvegarder. Étreindre le Seigneur pour embrasser l’espérance, voilà la force de la foi, qui libère de la peur et donne de l’espérance.
« Pourquoi êtes-vous si craintifs ? N’avez-vous pas encore la foi ? » Chers frères et sœurs, de ce lieu, qui raconte la foi, solide comme le roc, de Pierre, je voudrais ce soir vous confier tous au Seigneur, par l’intercession de la Vierge, salut de son peuple, étoile de la mer dans la tempête. Que, de cette colonnade qui embrasse Rome et le monde, descende sur vous, comme une étreinte consolante, la bénédiction de Dieu.
Seigneur, bénis le monde, donne la santé aux corps et le réconfort aux cœurs.
Tu nous demandes de ne pas avoir peur.
Mais notre foi est faible et nous sommes craintifs.
Mais toi, Seigneur, ne nous laisse pas à la merci de la tempête.
Redis encore : « N’ayez pas peur » (Mt 28, 5).
Et nous, avec Pierre, “nous nous déchargeons sur toi de tous nos soucis, car tu prends soin de nous” (cf. 1P 5, 7).
Ref.Bénédiction du pape Urbi et Orbi
JPSC
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Carême et confinement; feuillet du vendredi 27 mars : chemin de croix pour les enfants
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Mandement de Carême de l’évêque de Liège : custos, quid de nocte ?
Veilleur, où donc en est la nuit ? Message de carême de Mgr Jean-Pierre Delville, en ce temps de crise sanitaire. Extraits :
« Chers Frères et Sœurs,
« Veilleur, où en est la nuit ? Veilleur, où donc en est la nuit ? » Telle est la voix que le prophète Isaïe a entendue autrefois, en période de détresse (Is 21,11-17). Elle retentit aussi à nos oreilles. Combien de temps notre crise sanitaire va-t-elle durer ? Nous venons tous les jours aux nouvelles. Comme au temps d’Isaïe : « Le veilleur répond : ‘Le matin vient, et puis encore la nuit… Si vous voulez des nouvelles, interrogez, revenez’. » Alors le prophète invite à la solidarité : « Allez à la rencontre de l’assoiffé, portez-lui de l’eau, accueillez le fugitif avec du pain ». Et il prophétise la victoire sur l’ennemi : il ouvre la voie à l’espérance.
Nous aussi nous vivons une nuit, malgré le beau soleil du printemps. Le raz-de-marée mondial de l’épidémie de Coronavirus envahit notre quotidien et nos médias. Que reste-t-il de notre vie et de nos projets ? Que faisons-nous de nos journées, seuls ou en famille ? Comment nous organiser à nouveaux frais, face aux difficultés de déplacement et face au chômage professionnel ? Comment vivre la Semaine Sainte et le temps pascal dans ces circonstances ?
La peur de l’ennemi invisible
D’abord, on est frappé par la peur : la peur pour soi-même et sa santé ; la peur pour les autres et pour nos proches ; puis la peur des autres, qui pourraient nous contaminer ; et la peur pour notre avenir dans cette situation de paralysie sociale. Chacun est frappé d’une façon ou d’une autre : dans son travail, dans sa maison, dans sa santé, dans son moral, dans ses relations. Le virus est arrivé, c’est un ennemi invisible et nous cherchons à nous protéger. Nous sommes plus isolés que d’habitude et devons nous débrouiller pour beaucoup de choses ; nous devons aussi prendre des décisions, nous devons nous organiser, nous devons nous donner des consignes pour changer notre style de vie. On dirait que l’histoire s’est arrêtée et qu’il n’y a plus qu’une seule info sur les médias : le coronavirus. Les projets sont mis en veilleuse et rangés au fond des tiroirs. Les rendez-vous qui scandaient le cours du temps sont supprimés, les réunions sont reportées. Le risque est alors de nous replier sur nous-mêmes et sur nos problèmes, sur notre santé et sur nos proches.
Le besoin de solidarité
Pourtant, si le coronavirus nous a appris une chose, c’est à nous rapprocher affectivement les uns des autres. En étant séparés physiquement, nous découvrons que nous sommes appelés à être proches humainement. Nous découvrons de nouveaux moyens techniques pour nous contacter. Nous sommes dans l’action de grâces et l’admiration pour nos soignants et nos gouvernants. Nous ressentons mieux la nécessité du rapport écologique à la création. Nous nous sentons plus proches de tous ceux qui souffrent dans le monde. Nous découvrons notre destin commun. Jamais plus, le monde ne sera comme avant. Il devra être plus solidaire.
Une deuxième chose que nous avons découverte, c’est notre fragilité : il suffit d’un petit virus pour que toute la société soit arrêtée et se trouve en grave crise économique et sociale. Tous sont touchés, du plus pauvre au plus puissant. Subitement, les scènes de détresse ne sont plus l’apanage des pays pauvres, mais aussi des pays riches. Cette crise nous pousse à redécouvrir nos vraies valeurs : le sens de la relation sociale, le sens de la sobriété, le sens de la spiritualité et de la foi.