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BELGICATHO - Page 1351

  • L'homélie de l'archevêque de Rouen lors des funérailles du Père Jacques Hamel

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    Homélie de Mgr Dominique Lebrun, archevêque de Rouen, aux funérailles du P. Jacques Hamel, le 2 août 2016, en la cathédrale de Rouen. Agé de 86 ans, le prêtre fut assassiné le 26 juillet alors qu’il célébrait l’Eucharistie à Saint-Etienne-du-Rouvray. (source)

    Livre des Actes des apôtres 10, 34-43 ; Psaume 62
    Evangile selon saint Matthieu 5, 38-48

    Dieu est impartial, dit l’apôtre Pierre : Il accueille, quelle que soit la nation, celui qui le craint et dont les œuvres sont justes.

    Chers amis,

    Le prêtre Jacques Hamel n’a plus à craindre Dieu. Il se présente à lui avec ses œuvres justes. Bien sûr, nous ne sommes pas juges du cœur de notre frère. Mais tant de témoignages ne peuvent tromper ! Le Père Jacques Hamel avait un cœur simple. Il était le même en famille, avec ses frère et sœurs, avec ses neveux et nièces, au milieu de sa ville avec ses voisins, dans sa communauté chrétienne avec les fidèles.

    58 ans de sacerdoce ! Cinquante-huit ans au service de Jésus comme prêtre, c’est-à-dire serviteur de sa Parole, de son eucharistie, … de son eucharistie, et de sa charité. Je me sens tout petit. De Jésus, St Pierre dit que « Là où il passait, il faisait le bien ». Jacques, tu as été un fidèle disciple de Jésus. Là où tu es passé, tu as fait le bien.

    A Pâques dernier, Jacques, tu écrivais pour tes paroissiens : « Christ est ressuscité, c’est unmystère, comme un secret, une confidence que Dieu nous donne à partager ». Peut-être cemystère, ce secret, cette confidence au sujet du Christ ressuscité, trouve-t-elle sa racine dans l’expérience de la mort côtoyée en Algérie dont ta famille nous rappelle le souvenir. Peut-être cemystère, ce secret, cette confidence est-elle en train de gagner des cœurs dans notre assemblée : oui, Christ est ressuscité. La mort n’a pas le dernier mot.

    Pour toi, Jacques, la résurrection de Jésus n’est pas une leçon de catéchisme, c’est une réalité, une réalité pour notre cœur, pour le secret du cœur, une réalité en même temps, à partager aux autres, comme une confidence. Et Dieu sait si, devant la réalité de ta mort aussi brutale qu’injuste et horrible, il faut puiser dans le fond de nos cœurs pour trouver la lumière.

    Frères et sœurs, soyons vrais avec nous-mêmes. Vous connaissez l’histoire de Jésus qu’aucun historien ne peut qualifier de fable. Pierre dit l’essentiel : Jésus de Nazareth, homme juste et bon, « guérissait ceux qui étaient sous le pouvoir du diable, car Dieu était avec lui … puis Celui qu’ils ont supprimé en le suspendant au bois du supplice, Dieu l’a ressuscité  le troisième jour. Il lui a donné de se manifester … »

    Frères et sœurs, soyons simples et vrais avec nous-mêmes. C’est dans notre cœur, dans le secret de notre cœur que nous avons à dire « oui » ou « non » à Jésus, « oui » ou « non » à son chemin de vérité et de paix ; « oui » ou « non » à la victoire de l’amour sur la haine, « oui » ou « non » à sa résurrection.

    La mort de Jacques Hamel me convoque à un oui franc, non pas, non plus un oui tiède. Un « oui » pour la vie, comme le « oui » de Jacques à son ordination. Est-ce possible ? A chacun de répondre. Dieu ne nous force pas … Dieu est patient … Dieu est miséricordieux. Même quand, moi Dominique, j’ai dit non à l’amour … même quand j’ai dit à Dieu, « je verrai plus tard », même quand je l’ai oublié, Dieu m’attend car il est infini miséricorde. Mais aujourd’hui, le monde peut-il attendre encore la chaîne de l’amour qui remplacera la chaîne de la haine ?

    Faudra-t-il d’autres tueries pour nous convertir à l’amour, et à la justice qui construit l’amour ? La justice et l’amour entre les personnes et les peuples, de quelque côté de la méditerranée ils se situent. Trop de morts au Moyen orient, trop de morts en Afrique, trop de morts en Amérique ! Trop de morts violentes, cela suffit !

    Le mal est un mystère. Il atteint des sommets d’horreur qui nous font sortir de l’humain. N’est-ce pas ce que tu as voulu dire, Jacques, par tes derniers mots ? Tombé à terre à la suite de premiers coups de couteau, tu essaie de repousser ton assaillant avec tes pieds, et tu dis : « Va-t’en, Satan » ; tu répètes : « Va-t’en, Satan ». Tu exprimais alors ta foi en l’homme créé bon, que le diable agrippe. « Jésus guérissait tous ceux qui étaient sous le pouvoir du diable » dit l’Evangile.

    Il ne s’agit pas d’excuser les assassins, ceux qui pactisent avec le diable, il s’agit d’affirmer avec Jésus que tout homme, toute femme, toute personne humaine peut changer son cœur avec sa grâce. Nous recevons ainsi la parole de Jésus qui peut sembler au-delà de nos forces aujourd’hui : « Eh bien ! moi, je vous le dis : Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent ».

    Vous que la violence diabolique tourmente, vous que la folie meurtrière démoniaque entraîne à tuer, laissez votre cœur, que Dieu a façonné pour l’amour, prendre le dessus ; souvenons-nous de notre maman qui nous a donné la vie ; priez Dieu de vous libérer de l’emprise du démon. Nous prions pour vous, nous prions Jésus « qui guérissait ceux qui étaient sous le pouvoir du mal ».

    Roselyne, Chantal, Gérald et vos familles, le chemin est dur. Permettez que je vous dise mon admiration et celle de beaucoup d’anonymes pour votre dignité. Votre frère, votre oncle était un appui. Il continue de l’être. Il ne m’appartient pas de déclarer « martyr » le Père Jacques. Mais comment ne pas reconnaître la fécondité du sacrifice qu’il a vécu, en union avec le sacrifice de Jésus qu’il célébrait fidèlement dans l’Eucharistie ? Les paroles et les gestes nombreux de nos amis musulmans, leur visite sont un pas considérable.

    Je me tourne aussi vers vous, communauté catholique. Nous sommes blessés, atterrés mais pas anéantis. Je me tourne vers vous les baptisés de notre Eglise catholique, surtout si vous ne venez pas souvent à l’église, si vous en avez oublié le chemin. Avec Mgr Georges Pontier, président de la Conférence des évêques de France, à mes côtés, je vous lance un appel aussi simple, comme un premier pas, aussi simple que la vie du Père Jacques Hamel :

    En hommage au Père Hamel,
    nous vous invitons à visiter une église dans les jours qui viennent,
    pour dire votre refus de voir souiller un lieu saint,
    pour affirmer que la violence ne prendra pas le dessus dans votre cœur,
    pour en demander la grâce à Dieu ;
    nous vous invitons à déposer une bougie dans cette église, signe de résurrection, à vous y recueillir, à ouvrir votre cœur dans ce qu’il a de plus profond ; si vous le pouvez à prier, à supplier.
    Le 15 août serait un jour propice. La Vierge Marie vous y accueillera avec tendresse. Souvenons-nous de notre maman.

    Dieu, ne reste pas insensible à la détresse de tes enfants qui se tournent vers toi !

    Dieu, poursuis dans nos cœurs ce que ton Fils Jésus a commencé !

    Dieu, merci pour ton fils Jacques : console sa famille et fais lever parmi nous, parmi les jeunes des JMJ, de nouveaux prophètes de ton amour ! Amen !

    Mgr Dominique  Lebrun
    Archevêque de Rouen

  • Polémique autour des propos du pape sur le terrorisme

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    Selon Patrick Karam interviewé par Alexandre Devecchio (Le Figaro), le pape s'abandonnerait au relativisme (source) :

    INTERVIEW - Le président de la Coordination des chrétiens d'Orient en danger (CHREDO) réagit aux propos du pape François sur l'islam et la violence.

    LE FIGARO. - Le pape François a déclaré: «Si je parle de violence islamique, je dois parler de violence catholique…»

    Patrick KARAM. - Lorsque le Pape rappelle qu'on ne peut pas identifier l'islam avec la violence, il a raison. Ce serait inacceptable pour cette religion et injuste pour la grande majorité des musulmans, notamment en Occident, qui vivent leur foi paisiblement et qui souvent dans les pays où la religion est instrumentalisée sont les premières victimes du dévoiement de l'islam.

    En revanche, c'est bien l'islam qui sert de prétexte et de base idéologique à des organisations terroristes qu'il faut bien appeler islamistes. C'est bien certains versets du Coran aux accents guerriers qui sont sollicités par des dirigeants politico-religieux fanatiques en Orient pour soumettre les populations, persécuter les minorités, notamment les chrétiens, massacrer à grande échelle, violer, réduire en esclavage des fillettes et des femmes, notamment les yazidis, et commettre des attentats.

    Le catholicisme a eu certes dans le passé sa part de violence et de totalitarisme. Mais cette comparaison n'a plus de sens aujourd'hui. Mettre sur le même plan les «violences» islamistes systématiques, voulues et assumées, qui visent à établir un système de gouvernement totalitariste, qui justifient terreur, massacre, persécution, terrorisme à grande échelle avec des violences individuelles commises sous le coup de la folie amoureuse ou de la vengeance personnelle comme, pour reprendre les exemples du Pape, le meurtre d'une fiancée ou d'une belle-mère, est un non-sens total.

    Ces folies individuelles sont faites sous le coup de l'émotion, elles ne sont pas dictées par les responsables politiques ou religieux catholiques ou par une interprétation de la Bible et sont d'ailleurs réprouvées comme péché mortel par l'Église.

    Le 22 mars 2013, le pape François, élu depuis quelques jours, fustigeait «la dictature du relativisme». Est-il lui-même tombé dans ce piège?

    Il est en plein dedans. Comment peut-on mettre sur le même plan des organisations terroristes, un système qui autorise et encourage tous les reniements de droits de l'homme, avec des dérapages individuels? Le mot même «violence» utilisé par le Pape interpelle. Nous parlons de crimes contre l'humanité et de génocide, notamment contre les populations chrétiennes et yazidies, en raison de leur appartenance à une religion ou à une ethnie. Le Pape aurait-il parlé de simples violences pour décrire le nazisme et le génocide des Juifs?

    Le Pape cherche-t-il à apaiser la situation?

    Ce relativisme pose problème, car il entretient la confusion avec la pratique de la grande majorité des musulmans. En refusant de nommer et d'identifier le phénomène comme étant le mal absolu, le Pape, qui part d'un bon sentiment, stigmatise au contraire tous les musulmans en étant incapable de séparer le bon grain de l'ivraie.

    En considérant que «le terrorisme est partout» et qu'il «grandit lorsqu'il n'y a pas d'autre option», en s'interrogeant sur les «jeunes Européens abandonnés sans idéal et sans travail», en comparant Daech, «petit groupe de fondamentaliste», aux «fondamentalistes catholiques», le Pape relativise le terrorisme par des comparaisons absurdes. Que se serait-il passé si des chrétiens avaient perpétré des attentats à grande échelle dans les pays à majorité musulmane? En Europe, il n'y a pas de massacres de musulmans, voulus et encouragés par des catholiques fondamentalistes, il n'y a pas de persécutions de musulmans qui peuvent pratiquer leur foi en toute quiétude, qui bénéficient de la protection de l'État. S'il y a des dérapages, comme placer un cochon devant une mosquée, ceux-ci sont immédiatement condamnés et font l'objet de poursuites judiciaires. Ce faisant il donne des arguments idéologiques à nos ennemis et aux jeunes tentés par rejoindre Daech.

    Les chrétiens d'Orient se sentent-ils oubliés?

    Faut-il rappeler que les chrétiens sont des citoyens de seconde zone dans la plupart des pays en Orient? Qu'ils n'ont pas les mêmes droits que les musulmans, que dans certains pays, la liberté de culte leur est refusée, que la fonction publique ou l'armée leur est interdite, qu'ils ne peuvent accéder à certains postes politiques. Le Pape, dans son dialogue avec les autorités étatiques musulmanes, devrait exiger que les chrétiens en Orient aient les mêmes droits que les autres citoyens.

    Même son de cloche Outre-Manche : pope-francis-was-wrong-to-equate-islamist-terror-with-catholic-violence/.

    De son côté, Marc Fromager, directeur de l'Aide à l'Eglise en Détresse (France), reproche au pape d'oublier les chrétiens persécutés d'Orient : les-chretiens-persecutes-d-orient-grands-oublies-du-discours-du-pape-francois.

    Mais Erwan Le Morhedec alias Koz ne l'entend pas de cette oreille; il prend la défense du pape en prenant à partie les intransigeants qui s'en prennent au pape... : le-pape-n'est-toujours-pas-un-chef-de-guerre

  • Occident, christianisme, islamisme : la première arme est celle de la vérité

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    « L 'islamisme menace la civilisation occidentale et la chrétienté, déclare Philippe Capelle Dumont. Pour le prêtre et philosophe, il faut fourbir les armes élémentaires de protection, mais aussi celles de la vérité et de la bonté. Philosophe et théologien, le père Philippe Capelle Dumont est professeur et doyen honoraire de la Faculté de Philosophie de l'Institut Catholique de Paris. Il est également président de l'Académie catholique de France ». Après les étranges propos du pape François, voici le  billet du P. Capelle-Dumont lu sur le site FigaroVox :

    « Sous une forme brutale et sans préavis, l'islamisme vient de révéler sa vraie nature. Le prêtre égorgé à Rouen par deux agents de Daech, alors qu'il posait, en vertu de la Tradition inspirée qu'il représentait, les gestes les plus élevés de l'échange humano-divin, symbolisera longtemps pour l'Eglise mais aussi pour un peuple et une civilisation, ce qui jusque-là était soigneusement évité voire lâchement dissimulé: le lien entre l'entreprise islamiste, le catholicisme et la survie de l'Occident. Et c'est leur mérite, comme à ceux qui leur ressemblent, de l'avoir compris devant les faux-penseurs hexagonaux. Plus de place dorénavant pour l'alibi psychiatrique du forcené isolé, plus d'étais au prétexte social du chômeur désespéré: c'est nous, dans notre existence citoyenne héritière de vingt siècles d'inspiration judéo-chrétienne, qui sommes, comme tels, visés, inquiétés et menacés par une stratégie de destruction totale.

    La ritournelle de l'indignation et le lexique compassionnel tout à coup se sont épuisés. Exténués, ils demandent où sont les armes à hauteur du combat engagé.

    Les armes de protection d'abord. Elles doivent être fourbies comme aux plus graves heures du destin national. Pensons qu'aucun religieux chrétien n'est désormais en sécurité sur la terre de France dont la beauté doit tant à sa vocation. Demain, l'attaque d'un monastère comme à Tibhirine? On le comprend: le politique qui décide doit moins communiquer sur son effort qu'anticiper sur son effet.

    Mais aussi et plus profondément les armes de la vérité! Inscrits dans la série des attentats contre les chrétiens d'Irak du Pakistan et d'Egypte, il nous faut mobiliser toutes les intelligences quant au fil de de continuité théorique qui désagrège ainsi la vie. Oui, l'islam fondamental qui recèle des richesses de spiritualité n'est pas l'islamisme radical qui pulvérise toute réalité antérieure au message coranique.

     Pour autant, la connexion de facto entre islam et islamisme devrait enjoindre les autorités religieuses à sortir du silence peureux et à dénoncer ardemment, munis de tous les porte-voix, les discours, répandus dans maintes moquées, de la récompense des 70 vierges promis aux kamikazes ou de la dégradation du musicien en porc. Le fameux «vivre-ensemble» dont on se réclame si commodément est impensable et impossible sans les armes de la vérité, celles qui osent dénoncer le lien entre les actes et leurs motifs religieux textuels.

    Les armes de la bonté aussitôt. Le pire serait de s'approprier, au motif de la légitime voire sainte colère, les armes de l'adversité criminelle. La guerre de religions n'est point co-naturelle aux chrétiens. Idéologiquement et politiquement instrumentalisés dans des passés peu glorieux, ceux-ci ne sont pas disponibles pour une confrontation de ce genre ; ils se veulent résolument tournés vers les racines qui font la cohésion humaine.

    L'absence de haine n'est ni l'absence de protection ni l'absence de lucidité. Si l'islamisme pose aujourd'hui un problème majeur comme en d'autres temps le nazisme et le stalinisme, les musulmans, nos frères et sœurs en paient un lourd tribut. Les armes de la protection , de la vérité et de la bonté peuvent-elles nous être communes? La question est en attente.

    Ref. Occident, christianisme, islamisme : la première arme est celle de la vérité

    JPSC

  • Notre jeunesse, ou quand l’heure est venue de retrouver la fierté de notre héritage

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    De Fabrice Hadjadj sur le site de la Revue Limite :

    Notre jeunesse

    Au lendemain des Journées Mondiales de la Jeunesse de Cracovie, la jeunesse est tout naturellement à l’honneur.

    Le jour de l’ouverture des Journées Mondiales de la Jeunesse à Cracovie aura été aussi celui d’une autre jeunesse, en France, à Saint-Étienne du Rouvray, dans la proche banlieue de Rouen. Car ce sont bien des jeunes qui ont égorgé le Père Jacques Hamel alors qu’il célébrait la messe de sainte Anne et saint Joachim, et que Jérémie, en première lecture, faisait entendre ces versets prophétiques : Si je sors dans la campagne, voici les victimes de l’épée […] Même le prophète, même le prêtre parcourent le pays sans comprendre. Et nous fûmes choqués par cette « horreur ». Et nous eûmes aussi honte d’être choqués, comme si ce qui venait d’arriver chez nous, en Europe, n’avait pas lieu presque tous les jours en Orient (oh ! nous étions au courant, les informations nous l’avaient bien dit, mais être informé n’est pas connaître). Et nous eûmes encore le vertige devant cette jeunesse qui croyait elle aussi servir Dieu.

    Adel Kermiche avait 19 ans. L’âge de Jeanne d’Arc quand elle fut brûlée à Rouen (tout près de chez lui). Un autre jeune de son quartier, Bodri, de quatre ans son aîné, le décrit comme un garçon gentil : « Il était stagiaire pour le BAFA [ce qui signifie, rappelons-le, Brevet d’Aptitude aux Fonctions d’Animateur], il était adorable avec les enfants, il se comportait bien. Il était polyvalent, s’occupait des ateliers manuels et de danse, et il était une force de proposition pour organiser des grands jeux. » Autant d’expressions qui se revêtent d’une ironie cruelle. On sait quel « grand jeu » Adel a fini par se proposer avec force. On sait ce que fut son dernier « atelier manuel » et sa dernière « danse » : il l’avait apprise, comme beaucoup d’autres, par une de ces vidéos que n’importe qui peut atteindre en deux clics, et, avec son camarade, et un portable, ils ont fait eux-mêmes la leur, de video, qui pourra aussi se rechercher sous le tag « égorgement rituel ».

    Il faut croire que l’« Aptitude aux Fonctions d’Animateur » n’a pas suffi à combler son existence. Il faut croire que l’ « Aptitude aux Fonctions d’Animateur en accueils collectifs de mineurs » – car telle est l’appellation complète de cette compétence brevetée par la Direction Départementale de la Jeunesse et des Sports – avait fini de le faire rêver… Je m’imagine Adel en train de s’occuper de jeunes adolescents (« Tu t’appelles Adèle, comme la chanteuse ? », devaient lui dire certains gamins en rigolant). Il les motive pour faire du foot, du hip hop, de la pâte à sel… Et puis voilà qu’il se demande, en face d’eux, en face de leur désir naturel de grandeur phagocyté par les envies artificielles de la consommation (une consommation qui est le vide et la frustration sans cesse recommencés, mais qui les fascine quand même et dont ils se sentent frustrés – frustrés de ne pas pouvoir entrer dans le cycle de cette frustration toujours innovante), voilà qu’Adel se demande quel est le sens de cette garderie pour rien, de cette jeunesse immolée d’avance à un système qui n’est que fuite devant l’angoisse de la mort…

    Certes, le BAFA n’était peut-être pour lui qu’une couverture, une manière de pratiquer la dissimulation, cette taqiya commandée par Mahomet. Mais, si tel était le cas, pas moindre ne serait la désespérance de ce jeune Français pour qui « Français », comme pour la plupart, ne voulait plus rien dire dans l’interchangeabilité mondiale des travailleurs-consommateurs. Aussi crut-il pouvoir dépasser son angoisse en essayant de rejoindre Daech en Syrie – confondant martyre et attentat-suicide, confondant le dépassement de la peur de la mort dans le témoignage pour la vie et la précipitation par laquelle la peur ne disparaît que parce qu’on s’identifie soi-même à la mort, parce qu’on devient soi-même mortifère…

    Ainsi ce jeune a-t-il perdu sa jeunesse. Ainsi s’est-il laissé marquer par la sénilité de la destruction. Sa jeunesse, pourtant, n’était pas loin. Il aurait pu la retrouver dans ce vieux prêtre de 86 ans, dans sa naïveté, dans sa fidélité au Dieu qui s’est fait enfant et qui est mort jeune, en portant les armes du désarmement, en se laissant porter par cette Croix qui est le vrai sceptre de la force, capable de dominer jusqu’au cœur de l’ennemi (Ps 109) – car pour dominer l’ennemi jusqu’au cœur, c’est-à-dire, ce qui est bien le plus fort, pour le changer en frère vivant et non en adversaire mort, il n’y a que la force de l’amour humilié.

    Dans sa Somme de Théologie, Thomas d’Aquin explique à la suite d’Aristote pourquoi la jeunesse est cause d’espoir : « D’abord, les jeunes ont beaucoup d’avenir et peu de passé. Et, parce que la mémoire porte sur le passé, tandis que l’espoir regarde l’avenir, ils ont peu de mémoire, mais beaucoup d’espoir. – De plus, les jeunes gens, à cause de leur chaleur naturelle, abondent en esprits vitaux, ce qui donne à leur cœur beaucoup d’ouverture. Or c’est la dilatation du cœur qui fait tendre aux choses difficiles. C’est pourquoi les jeunes sont entreprenants. » Qu’en est-il néanmoins quand un jeune a l’impression de ne plus avoir d’avenir ? En quoi sa chaleur naturelle va-t-elle tenter de trouver une issue ?

    Thomas parle ici de l’espoir comme passion sensible et non de l’espérance comme vertu théologale. De l’un à l’autre, c’est la même logique qui opère. L’espérance théologale est elle aussi causée par une jeunesse surnaturelle, qui est celle de Dieu (« Dieu est plus jeune que tout » dit saint Augustin dans son De Genesi). Par la promesse de la vie éternelle, même un vieux prêtre de 86 ans a toujours plus d’avenir que de passé – et d’attente que de mémoire… Il a aussi ce cœur dilaté, non par les « esprit vitaux », mais par cet Esprit Saint qui le pousse aux choses grandes et ardues comme Jésus au désert. Cette espérance, par qu’elle se fonde sur Dieu, et non sur le monde, peut ouvrir un chemin là même où il n’y a plus d’espoir. Et comme elle a l’éternité pour elle, elle a l’ardeur, mais aussi la patience, une « ardente patience » (qui n’a rien à voir avec l’impatiente froideur de nos égorgeurs en herbe).   

    Telle est notre jeunesse. Une jeunesse qui s’égare, toutefois, si on ne lui propose pas de grandes choses. Qui se dissipe dans les petitesses ou les fausses grandeurs. Or à quelles grandes choses appelle-t-on les chrétiens aujourd’hui ? Pourquoi leur a-t-on si souvent prêché une humilité à telle point séparée de la magnanimité qu’elle n’apparaît plus que comme une bassesse complaisante, très loin de l’héroïcité à laquelle aspire un jeune cœur ?

    Le temps de la charité réduite à une Aptitude aux Fonctions d’Animateur est fini. L’heure est venue de retrouver la fierté de notre héritage. L’heure est venue de recouvrer ton honneur, qui est de courir au combat pour la justice, la clémence et la vérité (Ps 44, 5)… Nous saurons nous battre comme il faut. Et nous aurons trop de gorges pour ne pas épuiser leurs couteaux.

    Photo du profil de Fabrice Hadjadj
    Philosophe. Directeur de l’Institut Philanthropos en Suisse.
    Conseiller éditorial de la revue Limite
  • L'émouvante prière du pape François pour les terroristes

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    Sortant de son programme, le pape s’est rendu le 30 juillet à la paroisse franciscaine de Cracovie, où il a prononcé une prière pour la paix, demandant à Dieu qu’il « touche le cœur des terroristes, afin qu’ils reconnaissent le mal de leurs actions et reprennent le chemin de la paix et du bien ». Texte intégral. Lu sur le site de « Famille chrétienne » :

    « Ô Dieu tout puissant et miséricordieux, Maître de l’univers et de l’histoire. Tout ce que Tu as créé est bon et Ta compassion pour les erreurs de l’homme est inépuisable. 

    Aujourd’hui, nous venons à toi pour Te demander de conserver le monde et ses habitants dans la paix, d’éloigner de lui l’onde dévastatrice du terrorisme, de rétablir l’amitié et d’infuser dans les cœurs de Tes créatures le don de la confiance et de la disponibilité à pardonner.

    Ô Source de toute vie, nous Te prions aussi pour ceux qui sont morts comme victimes de brutales attaques terroristes. Donne-leur une récompense éternelle. Qu’ils intercèdent pour le monde, déchiré par les conflits et les oppositions.

    Ô Jésus, Prince de la Paix, nous Te prions pour tous ceux qui ont été blessés par ces actes de violence inhumaine : enfants et jeunes, femmes et hommes, personnes âgées, personnes innocentes touchées par le hasard du mal. Guéris leur corps et leur cœur et console-les par Ta force, en supprimant en même temps la haine et le désir de vengeance.

    Esprit Saint Consolateur, visite les familles des victimes du terrorisme, familles qui souffrent sans aucune faute de leur part. Enveloppe-les du manteau de Ta miséricorde divine. Fais qu’elles retrouvent en Toi et en elles-mêmes la force et le courage de continuer à être frères et sœurs pour les autres, surtout pour les immigrés, en témoignant par leur vie de Ton amour.

    Touche les cœurs des terroristes, afin qu’ils reconnaissent le mal de leurs actions et reprennent le chemin de la paix et du bien, du respect pour la vie et la dignité de tout homme, indépendamment de sa religion, de son origine, de sa richesse ou de sa pauvreté.

    Ô Dieu, Père éternel, daigne exaucer dans Ta miséricorde la prière que nous élevons vers Toi dans le grondement et la désespérance du monde. Nous nous adressons à Toi avec une grande espérance, liés par la confiance en ton infinie Miséricorde, en nous confiant à l’intercession de Ta très sainte Mère, rendus fortes par l’exemple des bienheureux martyrs du Pérou, Zbigniew e Michele, dont tu as fait de courageux témoins de l’Evangile, au point qu’ils ont offert leur sang. Nous Te demandons le don de la paix et que s’éloigne de nous la plaie du terrorisme. 

    Par le Christ, notre Seigneur.

    Amen. »

    Ref. L'émouvante prière du pape François pour les terroristes

    JPSC

  • Pour le pape, il ne faut pas parler de violence islamique

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    De Jean-Marie Guénois sur lefigaro.fr :

    Pape François: «Si je parle de violence islamique, je dois parler de violence catholique»

    Au retour des JMJ de Pologne, questionné dans l'avion par les journalistes, le pape François a expliqué sa vision des attentats perpétrés au nom de l'islam. Voici le texte intégral de sa réponse.

    «Je n'aime pas parler de violence islamique, parce qu'en feuilletant les journaux je vois tous les jours que des violences, même en Italie: celui-là qui tue sa fiancée, tel autre qui tue sa belle-mère, et un autre… et ce sont des catholiques baptisés, hein! Ce sont des catholiques violents. Si je parle de violence islamique, je dois parler de violence catholique. Non, les musulmans ne sont pas tous violents, les catholiques ne sont pas tous violents. C'est comme dans la macédoine, il y a de tout… Il y a des violents de cette religion... Une chose est vraie: je crois qu'il y a presque toujours dans toutes les religions un petit groupe de fondamentalistes. Nous en avons.

    Quand le fondamentalisme arrive à tuer… mais on peut tuer avec la langue comme le dit l'apôtre Jacques, ce n'est pas moi qui le dit. On peut aussi tuer avec le couteau, non?

    Je crois que ce n'est pas juste d'identifier l'islam avec la violence, ce n'est pas juste et ce n'est pas vrai. J'ai eu un long dialogue avec le grand iman de l'université Al-Azhar et je sais ce qu'ils pensent. Ils cherchent la paix, la rencontre. Le nonce d'un pays africain me racontait que, dans la capitale où il se trouve, il y a une file d'attente toujours pleine pour passer la porte sainte du Jubilé (de la miséricorde, ndlr). Certains s'approchent du confessionnal, les catholiques, mais la majorité avance pour prier à l'autel de la Vierge. Ceux-là sont des musulmans qui veulent faire le jubilé. Ce sont des frères! Quand je suis allé en République Centrafricaine, je suis allé les voir et l'iman est aussi monté sur la papamobile. On peut vivre ensemble bien.

    Il y a des petits groupes fondamentalistes. Et je me demande, c'est une question: combien de jeunes, nous, Européens, avons-nous laissé vides d'idéal, qui n'ont pas de travail, s'approchent de la drogue, de l'alcool. Ils vont là-bas et ils s'enrôlent dans les groupes fondamentalistes.

    Oui, nous pouvons dire que le soi-disant ISIS est un État islamique qui se présente comme violent. Quand ils présentent leur carte d'identité, ils font voir comment ils tuent les Égyptiens sur les côtes libyennes ou autre, mais ceci est un petit groupe fondamentaliste, qui s'appelle ISIS.

    Mais on ne peut pas dire, ce n'est pas vrai et ce n'est pas juste, que l'islam soit terroriste. Le terrorisme est partout. Pensez au terrorisme tribal dans certains pays africains. Le terrorisme est aussi… je ne sais pas si je peux le dire car c'est un peu dangereux, mais le terrorisme grandit lorsqu'il n'y a pas d'autre option. Et au centre de l'économie mondiale, il y a le Dieu argent, et non la personne, l'homme et la femme, voilà le premier terrorisme. Il a chassé la merveille de la création, l'homme et la femme, et il a mis là l'argent. Ceci est un terrorisme de base, contre toute l'humanité. Nous devons y réfléchir.»

  • Aux JMJ de Cracovie le pape appelle les « jeunes-divans » à la fraternité multiculturelle

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    Le pape François a lancé un appel provoquant, samedi soir, à Cracovie, lors de la soirée finale des JMJ, exhortant les jeunes à ne pas vivre comme des «abrutis» mais à quitter «le divan» et chausser des «crampons» pour «changer le monde» car «notre réponse à la guerre» est «la fraternité».  De Jean-Marie Guénois sur le site du « Figaro » :

     «Jésus est le Seigneur du risque!» François, samedi soir, devant des centaines de milliers de jeunes réunis dans la banlieue de Cracovie, en Pologne, pour la veillée point d'orgue de ces 31e JMJ a, une nouvelle fois, rivalisé d'inventivité verbale pour convaincre les jeunes catholiques venus de 187 pays de s'engager avec le Christ pour «changer le monde». Ils les a surtout provoqué en dénonçant une «dangereuse paralysie lorsqu'on confond le bonheur avec un divan!».

    En effet, «le temps qu'aujourd'hui nous vivons n'a pas besoin de jeunes-divan, mais de jeunes avec des chaussures, mieux encore, chaussant des crampons. Il n'accepte que des joueurs titulaires sur le terrain, il n'y a pas de place pour des réservistes.» Pour François, l'enjeu est de taille: «Si tu n'y mets pas le meilleur de toi-même, le monde ne sera pas différent». Et «l'histoire aujourd'hui nous demande de défendre notre dignité et de ne pas permettre que ce soient d'autres qui décident notre avenir.»

    Il explique: tandis que les jeunes «perdent leur liberté» en passant «des heures de tranquillité pour se transférer dans le monde des jeux vidéo ou devant l'ordinateur» sans réaliser qu'ils sont «endormis étourdis et abrutis» - et sans oublier «d'autres drogues socialement acceptées» qui nous rend plus esclaves - ce sont «d'autres, peut-être plus éveillés, mais pas les meilleurs qui décident de l'avenir pour nous».

    Or a-t-il martelé «la vérité est autre» car «nous ne sommes pas venus au monde pour ‘végéter', pour vivre dans la facilité, pour faire de la vie un divan qui nous endorme ; au contraire, nous sommes venus pour autre chose, pour laisser une empreinte, une empreinte qui marque l'histoire».

    Le pape a donc invité les jeunes à suivre «Jésus et le Seigneur du risque, du toujours ‘‘au-delà'» qui «n'est pas le Seigneur du confort, de la sécurité et de la commodité» mais qui aide à comprendre que «rien n'est plus précieux que la personne que nous avons à côté».

    D'où cet appel dans un monde ravagé, pour partie par la guerre - un témoignage poignant d'une jeune syrienne avait introduit la soirée - ou par l'angoisse: «Nous ne voulons pas détruire (…) Nous, nous ne voulons pas vaincre la haine par davantage de haine, vaincre la violence par davantage de violence, vaincre la terreur par davantage de terreur. Et notre réponse à ce monde en guerre a un nom: elle s'appelle fraternité, elle s'appelle lien fraternel, elle s'appelle communion, elle s'appelle famille.»

    Les chrétiens doivent donc sortir et ne pas rester «enfermés» en se sentant «menacés par un entourage» qui les «persécuterait», les «obligeant à demeurer figés et paralysés». «On voudrait nous faire croire que nous enfermer est la meilleure manière de nous protéger de ce qui fait mal», or, «la peur mène à un seul endroit: à la fermeture. Et lorsque la peur se terre dans la fermeture, elle est toujours accompagnée de sa ‘soeur jumelle', la paralysie» qui est «l'un des pires maux».

    D'où cet envoi: «Aller par les routes en suivant la “folie” de notre Dieu qui nous enseigne à le rencontrer en celui qui a faim, en celui qui a soif, en celui qui est nu, dans le malade, dans l'ami qui a mal tourné, dans le détenu, dans le réfugié et dans le migrant, dans le voisin qui est seul. Aller par les routes de notre Dieu qui nous invite à être des acteurs politiques, des personnes qui pensent, des animateurs sociaux. Il nous incite à penser à une économie plus solidaire.»

    Car «aujourd'hui, nous les adultes, nous avons besoin de vous, pour nous enseigner à cohabiter dans la diversité, dans le dialogue, en partageant la multiculturalité non pas comme une menace mais comme une opportunité: ayez le courage de nous enseigner qu'il est plus facile construire des ponts que d'élever des murs! Et tous ensemble, demandons que vous exigiez de nous de parcourir les routes de la fraternité. Construire des ponts.»

    Le pape a terminé sa longue intervention en livrant un «secret»: «Voilà le secret, chers amis. Dieu attend quelque chose de toi, Dieu veut quelque chose de toi, Dieu t'attend. Dieu vient rompre nos fermetures, il vient ouvrir les portes de nos vies, de nos visions, de nos regards. Dieu vient ouvrir tout ce qui t'enferme. Il t'invite à rêver, il veut te faire voir qu'avec toi le monde peut être différent.»

    Et François d'assurer: «Le Seigneur, comme à la Pentecôte, veut réaliser l'un des plus grands miracles dont nous puissions faire l'expérience: faire en sorte que tes mains, mes mains, nos mains se transforment en signes de réconciliation, de communion, de création. Il veut tes mains pour continuer à construire le monde d'aujourd'hui. Il veut construire avec toi.»

    Le pape a conclu en répondant à cette objection: «Tu me diras: Père, mais moi, j'ai bien des limites, je suis pécheur, que puis-je faire? Quand le Seigneur nous appelle, il ne pense pas à ce que nous sommes, à ce que nous étions, à ce que nous avons fait ou cessé de faire. Au contraire, au moment où il nous appelle, il regarde tout ce que nous pourrions faire, tout l'amour que nous sommes capables de propager. Lui parie toujours sur l'avenir, sur demain. Jésus te projette à l'horizon.»

    Ref. Aux JMJ, le pape François récuse les «jeunes-divans»

    JPSC

  • Catéchèse de Mgr Laurent Monsengwo, cardinal-archevêque de Kinshasa aux JMJ de Cracovie : Justice et Miséricorde

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    JPSC

  • Mgr David Macaire, archevêque de Fort-de-France (Martinique ) : un shampoing catho-décapant aux JMJ de Cracovie

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    JPSC

  • Correctif : Mgr De Kesel dissout la Fraternité des Saints Apôtres – décret du 15 juillet 2016 – ajout d’un paragraphe manquant

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    Correction : Mgr De Kesel dissout la Fraternité des Saints Apôtres – décret du 15 juillet 2016 – ajout d’un paragraphe manquant (source)

    Le post du 21 juillet dernier paru sur belgicatho n’incluait pas le dernier paragraphe du décret qui ne nous avait pas été communiqué dans son intégralité. 
    Il concerne les séminaristes de la Fraternité des Saints Apotres qui ne sont plus considérés comme séminaristes du diocèse !

    A ce jour, il n’y toujours pas de  communiqué à ce sujet sur Cathobel.

    L’archevêque est en déplacement pour tout l’été…

    Voici donc le décret dans son entièreté. 
    Veuillez excuser cette omission dans notre premier billet.  

    ________________________________

    Aux membres de la Fraternité des Saints Apôtres

    Malines, le 18 juillet 2016

    Cher Frère,

    Le 15 juin dernier, je t’ai fait savoir que j’avais décidé de ne plus accueillir la Fraternité des Saints Apôtres dans l’archidiocèse de Malines-Bruxelles.

    Jusqu’à maintenant, cette décision n’était pas formalisée par un acte juridique. Le droit canon m’y oblige par la signature d’un décret. Il me demande en même temps de le faire savoir. Tu trouveras ci-joint copie de ce décret. Je t’en souhaite bonne réception.

    Avec mes salutations fraternelles,

    Jozef De Kesel

    Archevêque de Malines-Bruxelles

    _______________________________

    Décret concernant la Fraternité des Saints Apôtres

    Attendu que :

    * La Fraternité des Saints Apôtres a été érigée le 7 avril 2013 en « association publique de fidèles cléricale » de droit diocésain. Elle relève de la responsabilité de l’archevêque de Malines-Bruxelles.

    * La Fraternité compte jusqu’à présent 27 membres, dont 6 prêtres et 21 séminaristes dont un diacre. De ces 27 membres, 21 résident en Belgique et 6 en France, plus précisément dans le diocèse de Bayonne. La majorité des membres est actuellement originaire de France.

    Considérant que :

    * Répondre à la vocation de prêtre diocésain ne signifie pas nécessairement de se retrouver seul : le prêtre peut compter sur le soutien et la solidarité de frères.

    * L’initiative pose cependant problème lorsque l’on constate que la plupart des séminaristes de la Fraternité des Saints Apôtres viennent de France où de nombreuses régions connaissent un manque cruel de prêtres. Il se pourrait que le nombre de séminaristes belges, tant néerlandophones que francophones, augmente au fil du temps. Mais, dans ce cas de figure, ils pourraient provenir également d’autres diocèses belges alors qu’ils relèveraient tous de l’Archidiocèse.

    * Cette perspective n’est dès lors pas à promouvoir dans les circonstances actuelles car elle manifeste un grave manquement à la solidarité entre évêques, tant avec ceux de notre pays qu’avec nos voisins français.

    * Une commission spéciale a rencontré depuis le début de l’année 2016 tous les membres de la Fraternité résidant en Belgique. Les évêques de Belgique et les instances responsables du Saint-Siège ont été consultés par l’archevêque sur la question.

    Par le présent décret, j’estime devant Dieu et en conscience devoir prendre les décisions suivantes :

    * L’association publique « Fraternité des Saints Apôtres » est dissoute à la date du 15 juillet 2016.

    * Les prêtres et le diacre incardinés pour servir dans l’archidiocèse de Malines-Bruxelles le resteront conformément aux dispositions du droit de l’Eglise. Lorsque l’archevêque les nommera à différentes fonctions, il s’efforcera de respecter ce qui leur était cher lorsqu’ils ont adhéré à la Fraternité.

    * Les séminaristes de la Fraternité des Saints Apotres ne sont plus considérés comme séminaristes de l’Archidiocèse, à dater de la dissolution de l’Association. Ils pourront si ils le souhaitent et si ils répondent aux conditions fixées pour la formation des prêtres de l’Archidiocèse, être réadmis comme séminaristes de l’Archidiocèse de Malines-Bruxelles. 

    Signé le 15 juillet 2016

    +Jozef De Kesel Archévêque de Malines Bruxelles

    Par ordonnance, Mgr Kockerols, évêque auxiliaire de Malines Bruxelles

  • A Auschwitz, le pape François met en pratique la parole de Benoît XVI

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    De Jean-Marie Guénois sur le site du « Figaro »

     « Contrairement à Jean-Paul II qui visita le camp d'extermination le 7 juin 1979 - c'était une première - et Benoît XVI, le 28 mai 2006, le pape François, qui est en Pologne pour les Journées Mondiales de la Jeunesse, a choisi de se taire lors de son passage dans les camps d'Auschwitz et de Birkenau dans la matinée du vendredi 29 juillet 2016.

    Comme ses prédécesseurs, il a franchi à pieds le tristement célèbre portail, «arbeit macht frei», puis a longuement prié en silence dans «la cour de l'appel» non loin du «mur de la mort», un lieu d'exécution par balles.

    Il s'est ensuite recueilli, sans mot dire, dans la cellule de saint Maximilien Kolbe, située dans le bloc 11 du bâtiment 18. Ce prêtre polonais, intellectuel et grand spirituel, donna sa vie à la place et pour sauver un autre détenu, père de famille. Mais il mourut de faim, il y a 75 ans, dans des conditions atroces en assistant jusqu'au bout ses autres compagnons condamnés à la même peine.

    Pendant la Seconde guerre mondiale, plus d'un million de personnes ont été liquidées dans ces deux camps, dont plus de 900.000 juifs.

    Dans le livre d'or, François a écrit cette phrase de sa main dans sa langue natale et signée de lui: «Seigneur, aie pitié de ton peuple, Seigneur, pardon pour tant de cruauté».

    François a aussi embrassé dix survivants dont plusieurs sont désormais centenaires. Empruntant une voiture électrique, il a ensuite lentement longé la sinistre ligne de chemin de fer qui conduisait aux fours crématoires et chambres à gaz du camp voisin, celui de Birkenau.

    Là, après s'être longuement recueilli dans le silence, il salué 25 justes parmi les nations, ces personnes qui ont pris le risque de mourir pour sauver des juifs. Un rabbin a alors chanté le psaume 130 en hébreu. La traduction a été lue par un prêtre polonais.

    Dans l'avion qui le ramenait d'Albanie, le 26 juin 2016, François avait annoncé son intention de visiter dans le silence ces lieux de mémoire: «Je voudrais aller dans ce lieu d'horreur sans discours, avait-il observé, sans personne, seulement avec le strict nécessaire (…) seulement entrer et prier. Et que le Seigneur me donne la grâce de pleurer.»

    Benoît XVI, lui, s'était excusé de prendre la parole: «Il est quasiment impossible de prendre la parole en ce lieu d'horreur, d'accumulation de crimes contre Dieu et contre l'homme qui n'ont pas de comparaisons dans l'histoire, et c'est particulièrement difficile et opprimant pour un chrétien et pour un pape qui vient d'Allemagne. Dans ce lieu les paroles ont du mal à venir. Au fond seul peut rester un silence éberlué. Un silence qui est un cri intérieur vers Dieu: Pourquoi Seigneur es-tu resté silencieux? Comment as-tu pu tolérer tout cela?»

    Jean-Paul II, qui avait célébré une messe en mémoire du Père Kolbe - en bordure mais à l'extérieur du camp - était venu très souvent dans ce lieu avant de devenir pape. «Je ne pouvais donc pas ne pas venir comme pape, avait-il souligné pour expliquer cette première. Et avait complété: «Je viens (…) pour la cause de l'homme (…) parce qu'il n'est pas licite à quiconque de passer ici avec indifférence. (…) Auschwitz a un tel passif avec la conscience de l'humanité…»

    Le pape François, premier pape latino-américain, n'a pas aucun passif européen personnel à régler sur ce sujet si sensible et délicat. Il entretient, de plus et depuis longtemps, d'excellentes relations personnelles avec la communauté juive. C'est donc en ami qu'il s'est présenté, plus qu'en Pape, ce qui lui a donné toute liberté. Quant à la question que posa Benoit XVI sur le silence de Dieu vis-à-vis de la Shoah, reprise en fait à l'interrogation lancinante lancée par monde juif après la guerre, le pape François pourrait y apporter un élément de réponse, à sa manière, vendredi soir lors du chemin de croix à Cracovie avec les jeunes.

    Ref. Pourquoi le pape François a gardé le silence à Auschwitz

    Adde  Pape François: «La cruauté n'a pas pris fin à Auschwitz ou à Birkenau»

    Selon Jean-Marie Guénois, dans le « Figaro » (extrait) :

    Vendredi soir, le Pape est revenu, sous la forme d'une libre improvisation, sur sa visite à Auschwitz qu'il avait tenu à accomplir le matin en silence.

    « Je dois dire la vérité: la cruauté n'a pas pris fin à Auschwitz ou à Birkenau. Aujourd'hui on torture les gens! De nombreux prisonniers sont torturés, immédiatement, afin de les faire parler. C'est terrible. Aujourd'hui, il y a des hommes et des femmes dans des prisons surpeuplées. Ils vivent, pardonnez l'expression, comme des animaux. Aujourd'hui il y a cette cruauté. Nous disons: en visitant le camp nous avons vu la cruauté d'il y a 70 ans. Comment ils étaient fusillés, pendus, ou par le gaz… Mais, aujourd'hui, en de nombreux lieux à travers le monde où la guerre se déroule, on voit la même chose.»

    Le pape a ensuite demandé «de prier pour cette réalité» car «Jésus est venu la porter sur ces épaules et il nous demande de prier». Il a alors lancé: « Prions donc pour tous les ‘Jésus' dans le monde... »

    JPSC 

  • Abbé Guillaume de Tanoüarn : la charia et la laïcité sont des lois périmées

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    Lu sur Breizh-info.com

    Tanouarn.png« 29/07/2016 – 07H45 Bretagne (Breizh-info.com) – L’égorgement, mardi 26 juillet, du père Hamel, par deux islamistes à Saint-Etienne-du-Rouvray, a secoué profondément les catholiques de France. Les autorités de l’Église peinent, pour le moment, à trouver les bons mots afin de mobiliser leurs fidèles. Nous avons interrogé l’abbé Guillaume de Tanouarn, catholique breton de 53 ans, fondateur de l’Institut du Bon Pasteur, mais également rédacteur pour Nouvelles de France ou encore Monde et Vie. Pour recueillir ses impressions après ce nouvel attentat, mais également pour parler du catholicisme, aujourd’hui en France.

    Breizh-info.com : Quelle a été votre réaction à l’annonce de l’égorgement du Père Hamel par deux islamistes ?

    Guillaume de Tanouarn : J’ai pensé que ce terrorisme de proximité était une sorte de crime rituel. Il ne s’agissait pas comme le 14 juillet dernier de tuer beaucoup et indistinctement, mais de tuer un prêtre au moment où, presque seul, il célébrait sa messe. C’est ce symbole qui fait l’importance de ce crime. 

    Breizh-info.com : Hubert Coudurier, du Télégramme, estimait mercredi que parler de « communauté catholique » en France était maladroit, et que cette dernière n’était pas menacée dans son existence. Partagez-vous ces propos ? 

    Guillaume de Tanouarn :  Je ne connais pas Hubert Coudurier, mais il a raison de considérer comme maladroit le fait de parler de « communauté catholique ».

    Il y a bien plus de catholiques en France que de gens se reconnaissant dans ce que l’on pourrait appeler la communauté catholique. La France est une terre catholique et un Français, quel qu’il soit a un rapport particulier avec le catholicisme dans la mesure où il est effectivement français. 

    Par ailleurs, ce n’est pas le terrorisme qui menace la communauté catholique dans son existence : le martyre on en a l’habitude. Ce qui menace la communauté catholique, c’est l’abandon de la foi et la lâcheté des catholiques.

    Breizh-info.com :  Une partie des catholiques (parmi les responsables notamment) appellent à « plus d’amour » et presque « à tendre la joue gauche » face aux islamistes. Est-ce votre point de vue également ?

    Guillaume de Tanouarn : C’est le Christ dans l’Évangile qui nous appelle à tendre la joue gauche si l’on nous frappe sur la joue droite. Mais l’Évangile (contrairement au Coran) n’est pas un recueil de droit. Autre chose est la conduite spirituelle de l’existence personnelle et autre chose le droit qui régente une société. Le Christ n’a jamais mis en cause le droit humain. Et ses apôtres, saint Pierre et saint Paul vont répétant : « Soyez soumis à toute autorité ». Mais il indique une voie plus haute, « la voie étroite », qui représente pour celui qui la choisit une voie de réalisation spirituelle jusque dans l’éternité. Autre est la loi du temps, autre celle de l’éternité… Mais l’homme a besoin des deux. 

    Breizh-info.com :  Comment expliquez-vous le grand écart qui peut exister entre le Pape Urbain II, qui appelait à la croisade pour protéger les catholiques et la Foi, et le Pape actuel, qui appelle presque ouvertement à l’ouverture de l’Europe à « l’autre » et au dialogue entre les religions ?

    Guillaume de Tanouarn : Je ne pense pas que le pape François soit très différent du pape Urbain II dans sa manière d’envisager son ministère. La Croisade représente, en plein Moyen âge, une extraordinaire ouverture à l’autre un souci de l’univers et de l’universel que rétrospectivement on continue à trouver admirable et qui va bouleverser l’histoire.

    A l’époque le seul moyen était les armes. Aujourd’hui nous avons toutes sortes de moyens et toutes sortes d’armes et le pape François, élu dans la tourmente, après la renonciation de son prédécesseur, n’a pas la tâche facile. Mais il a raison de prêcher l’accueil des personnes migrantes par des personnes bien installées dans la vie. Cela ne l’a pas empêché de parler des migrations comme de véritables « invasions arabes » à la grande surprise des observateurs.

    Ce n’est pas de sa part une contradiction puisque la loi du temporel, je viens de le dire, n’est pas la loi du spirituel.

    Breizh-info.com :  Va-t-on vers un choc des religions ? Le catholicisme en France a-t-il encore un avenir, un pouvoir, une influence ? La France est-elle encore digne d’être « la fille ainée de l’Eglise » ?

    Guillaume de Tanouarn : Le choc des religions, c’est l’islamisme en guerre contre toutes les autres religions. Quant à l’influence du catholicisme, il suffit d’observer le scandale produit par l’égorgement de ce vieux prêtre de 86 ans pour se dire que la place du catholicisme est toujours bien marquée dans l’univers culturel athée auquel on a affaire de plus en plus en Occident. Il ne tient qu’aux catholiques de se faire respecter dans la société telle qu’elle est.

    Breizh-info.com : Quel message souhaiteriez-vous faire passer à vos fidèles, notamment chez ceux qu’on appelle « traditionnalistes » ? Et aux musulmans de France ?

    Guillaume de Tanouarn : Aux musulmans je dirai : découvrez la révolution paulinienne, on ne va pas à Dieu par la loi. La charia est périmée. Il n’y a pas d’autre manière d’accomplir le précepte que l’amour. Cela a été (en gros) le message du Président égyptien Al Sissi à Noël il y a deux ans à l’université Al Azhar.

    Aux chrétiens, je dis : n’ayez pas peur d’agir avec foi. C’est la foi qui remportera la victoire, c’est la foi qui portera la civilisation, c’est la foi qui donnera à l’Occident la force de se ressaisir en acceptant d’être lui-même. La laïcité, la loi laïque est, elle aussi périmée, parce que trop abstraite. Elle a démontré et démontre à chaque attentat qu’elle n’est pas capable de produire le vivre ensemble et qu’au contraire, ses négations, son abstraction engendrent la haine entre les gens de foi et de convictions différentes.

    Propos recueillis par Yann Vallerie »

    Ref. Abbé Guillaume de Tanouarn : « Il ne tient qu’aux catholiques de se faire respecter dans la société telle qu’elle est.» [interview]

    JPSC