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BELGICATHO - Page 1571

  • Synode : la question de l’eucharistie est centrale

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    Une réflexion de Roland Hureaux sur le site « liberté politique »

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    « Il paraît que la question la plus difficile du synode qui se réunit à Rome ces jours-ci sur la famille est celle de la communion des divorcés remariés. Mais la question de l’accès à la communion ne se pose pas aujourd’hui et d’abord aux seuls divorcés.

    LE DIVORCE — et plus largement, la fragilisation du lien familial dans les sociétés où il était le plus solide, soit l'Europe chrétienne —, est sans doute un problème très sérieux d'autant qu'il a, quoi qu'on dise, des conséquences souvent dramatiques sur les enfants nés de l'union dissoute : problème théologique et moral mais aussi juridique, sociologique, psychologique, anthropologique, historique sur lequel il s'en faut de beaucoup que tous les éclairages aient été à ce jour réunis [1].

    Les catholiques divorcés : une minorité

    Sur ce sujet, l'accès à l'eucharistie de la petite minorité qui le souhaite peut apparaître comme une question secondaire. Secondaire, parce que les catholiques pratiquants ne sont qu'une minorité de ces divorcés, comme de beaucoup de choses d'ailleurs. Secondaire parce que les catholiques pratiquants mariés à l'Église restent un milieu où il y a, Dieu merci, moins de divorces qu'ailleurs, et surtout parce que beaucoup de gens qui se trouvent dans cette situation acceptent la discipline actuelle de Église.

    Mais dans cette question, le point fondamental est-il bien le divorce. Ne serait-il pas plutôt l'eucharistie elle-même ? Et les évêques ne seraient-ils pas bien inspirés de remettre l'examen du sort des divorcés remariés à un synode qui porterait d'abord sur ce sujet ?

    Les controverses sur l’eucharistie

    Sur ce sujet fondamental de la foi chrétienne qu'est le mystère de l'eucharistie, en effet, les controverses sont aujourd'hui nombreuses et la question de l'accès des divorcés au sacrement en est largement tributaire.

    D'abord la question du rituel. Celui auquel sont attachés les gens de tradition comporte deux différences essentielles avec le rituel commun : non point d'abord, pensons-nous, les formulations, qui ne sont pas si différentes qu'on le prétend, ni même l'usage du latin en lui-même, mais le fait de célébrer le dos au peuple et celui de le faire, au moins pour la partie centrale de la célébration, en silence.

    La liturgie préconciliaire (dite aujourd'hui de forme extraordinaire), mettait en avant la transcendance de Dieu, aux dépens du lien communautaire (si tant est qu'il soit moins explicite quand tout le monde regarde dans le même sens) et de la parole (puisque la liturgie use d'une langue qui n'est plus comprise et surtout que les paroles les plus essentielles ne sont prononcées qu'à voix basse). La liturgie contemporaine fait de la messe davantage une liturgie de la communauté et de la parole.

    Nous réservons la question, souvent posée par les conservateurs, de sa dimension sacrificielle, dont on peut se demander si elle a été autant affaiblie qu'ils le disent par le nouveau rituel : l'immense majorité des sacrifices de l'Ancienne Loi n'étaient-ils pas des sacrifices de communion ?

    L’entrée dans un espace sacré

    Liée à cette évolution est, il faut bien le dire, la relative banalisation de l'eucharistie : les prêtres ne rappelant presque jamais les conditions que l'Église avait mises à son accès, et le sentiment désormais commun que la communion est le prolongement naturel de l'assistance à la messe, donne un relief particulier à la question des divorcés remariés qui peuvent avoir le sentiment aujourd'hui d'être seuls exclus du rite.

    Par derrière, une question de fond qui touche au rôle du sacrement. La théorie traditionnelle est que l'Église offre à ceux qui sont sans péché grave (ou se sont amendés) et observent ses rites, et à eux seulement, quelque chose de plus qu'un geste ou une consommation : l'entrée dans un espace sacré, distinct du "monde" qui est une véritable anticipation du Royaume des cieux dès ici-bas.

    Qu'il faille dès lors, pour pénétrer dans cet espace, porter la "robe nuptiale" est admissible. Mais ce n'est pas ainsi que le voit l'immense majorité des communiants d'aujourd'hui, y compris ceux qui ne sont pas divorcés. Bien qu'informulée, leur théorie, qui a aussi des antécédents dans la doctrine de l'Église, serait plutôt que tous les hommes étant également pécheurs, le geste de pardon que représente le don du pain et du vin consacrés est également offert à tous. On ne voit pas dans ce cas, pourquoi certains seraient exclus de la table sainte.

    Mais quel synode tranchera cette question ou du moins rendra la position de l'Église actuelle parfaitement explicite ?

    La baisse de la pratique hebdomadaire

    Autre question, non moins essentielle : la désaffection actuelle pour la pratique hebdomadaire, notamment chez les plus jeunes (allant parfois de pair avec un renforcement de la pratique quotidienne chez une minorité, qui peut aussi passer, au vu d'une certaine tradition, pour une banalisation). Une désaffection qui n'est pas sans lien avec la crise de la famille et en tous les cas du sacrement du mariage : si le sacré se retire de la vie tout court, il est tout aussi difficile à admettre, même dans une réalité aussi essentielle que l'union de l'homme et de la femme.

    Cette désaffection est-elle liée ou non au changement de rituel ? Qui le dira ? Les traditionnalistes affirment que oui, sans que le niveau d'assiduité aux cérémonies qui ont leur faveur le confirme absolument.

    Il nous semble en tous cas que, face à tant de questions encore ouvertes, sinon sur le plan dogmatique du moins sur le plan "pastoral", le synode serait bien imprudent de s'avancer trop sur la seule question des divorcés remariés prise isolément. Il nous semble urgent en revanche de clarifier ou à tout le moins d'expliciter en préalable la question de l'eucharistie, qui, chacun en convient, demeure le rite central de l'Église catholique.

     R. H.

    ____________________________

    [1] Il serait intéressant par exemple de savoir quelle connaissance ont la majorité des Pères du Synode de travaux comme ceux de Christopher Lasch ou d'Emmanuel Todd.

    Ref. Synode : la question de l’eucharistie est centrale

    JPSC

     

  • Synode sur la Famille : une révolution se prépare-t-elle dans l'Eglise ?

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    Des exposés documentés et de riches échanges ont eu lieu entre les Pères du Synode, alors que le document de travail intermédiaire publié par la salle de presse du Saint-Siège, ce 13 octobre, reste très controversé chez les évêques. Monseigneur Tony Anatrella répond aux questions de l’agence de presse  Zenit pour analyser leur travail. Extraits cette longue  interview :

     (…)

    Le document intermédiaire diffusé lundi révèle une très grande ouverture, mais sans références scripturaires ou patristiques…

    Mgr T. A. - Le document préliminaire faisant la synthèse des travaux de la première semaine va être soumis aux discussions en carrefours linguistiques. Pour l’instant, il a été fortement critiqué lors de sa présentation en Assemblée générale et il ne fait pas l’unanimité des Pères. Il n’est pas assez fondé sur l’Ecriture et apparaît comme un discours sociologisant. Trop de confusions et de complaisances ne rendent pas compte de l’Enseignement de l’Église et de la pensée des Pères synodaux. Il a été demandé de revoir le texte dans sa structure et en ce qui concerne l’admission des divorcés remariés aux sacrements et l’homosexualité. Il a été jugé trop simpliste de laisser entendre que les unions de fait seraient un chemin possible de vie de couple (une façon d’accepter l’adultère ont dit certains Pères) et d’affirmer que « les personnes homosexuelles ont des dons et des qualités à offrir à la communauté chrétienne ». Le texte fait l’impasse ici sur une forme de sexualité que l’Église ne peut pas reconnaître et encore moins la présence d’enfants dans ce type de situation. Autrement dit, il ne faut pas confondre la personne homosexuelle et l’homosexualité qui ne représente aucune valeur sociale et encore moins une richesse pour l’Eglise. Il en va de même avec le concubinage même si c’est insuffisant de dire que pour certains il finit par un mariage. Il est indispensable de mentionner en premier le sens du mariage chrétien et de la famille tel qu’il a été souligné par les témoignages des laïcs présents au Synode.

    Est-il vrai que des cardinaux s’opposent au Pape ?

     

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  • Synode sur la famille : "le pape doit parler"

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    C’est le point de vue du Cardinal Burke, exprimé dans une interview traduite par le site Benoit et moi :

    Q. Que voit-on, derrière le rideau médiatique qui entoure le Synode?

    R. Une tendance inquiétante émerge, car certains soutiennent la possibilité d'adopter une praxis qui se détache de la vérité de la foi. Même s'il devrait être évident qu'on ne peut pas poursuivre en ce sens, beaucoup encouragent par exemple de dangereuses ouvertures sur la question de la communion concédée aux divorcés remariés. Je ne vois pas comment on peut concilier le concept irréformable de l'indissolubilité du mariage avec la possibilité d'admettre à la communion ceux qui vivent dans une situation irrégulière. Ici est mis directement en cause ce qu'a dit Notre Seigneur, quand il enseignait que celui qui divorce de sa femme et épouse une autre femme commet l'adultère.

    Q. Selon les réformateurs, cet enseignement est devenu trop dur.

    R. Ils oublient que le Seigneur assure l'aide de la grâce à ceux qui sont appelés à vivre le mariage. Ce qui ne signifie pas qu'il n'y aura pas des difficultés et des souffrances, mais qu'il y aura toujours une aide divine pour les affronter, et être fidèles jusqu'au bout.
    […]

    R. Je ne sais pas comment est conçu le briefing, mais il me semble que quelque chose ne fonctionne pas bien si l'information est manipulée de manière à ne mettre en relief une seule thèse, plutôt que de rapporter fidèlement les différentes positions exposées. Ceci m'inquiète beaucoup, car un nombre consistant d'évêques n'acceptent pas les idées d'ouverture, mais peu le savent. On parle seulement de la nécessité que l'Eglise s'ouvre aux instances du monde, énoncée en février par le cardinal Kasper. En réalité, sa thèse sur les thèmes de la famille et sur une nouvelle discipline pour la communion aux divorcés remariés n'est pas nouvelle, on en discute depuis trente ans. Et puis, depuis février, elle a repris avec vigueur et coupablement, on l'a laissé croître. Mais tout ceci doit finir, parce que cela provoque un grave dommage à la foi. Des évêques et des prêtres me disent qu'aujourd'hui, de nombreux divorcés remariés demandent à être admis à la communion, puisque le Pape François le veut. En réalité, je prends acte qu'au contraire, jusqu'à présent, il ne s'est pas exprimé sur la question.

    Q. Pourtant, il semble évident que le cardinal Kasper et ceux qui sont sur sa ligne parlent avec le soutien du Pape.

    R. Cela oui. Le Pape a nommé le cardinal Kasper au Synode, et il a laissé le débat poursuivre sur cette voie. Mais, comme l'a dit un autre cardinal, le pape ne s'est pas encore prononcé. J'attends une déclaration de lui, qui ne peut être qu'en continuité avec l'enseignement donné par l'Eglise dans toute son histoire. Un enseignement qui n'a pas changé, parce qu'il ne peut pas changer.[…]

    Ref. CARDINAL BURKE: LE PAPE DOIT PARLER

  • Synode sur la famille : réactions des pères synodaux au « document provisoire »

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    La « relatio » proposée par la présidence du synode (et les experts ajoutés par le pape) à la discussion des « circuli minores » a surpris. Radio Vatican a noté des réserves et des réactions négatives au sein de l’assemblée synodale :

    "Radio Vatican, 14.10.2014

    (RV) Deuxième et dernière semaine du synode : le rythme s’accélère encore au Vatican. Ces jours ci, les pères synodaux se retrouvent en « cercles mineurs ». Répartis en groupes linguistiques, ils étudient, paragraphe par paragraphe,  le texte de mi-parcours qui a été rendu public hier, « la relatio post disceptationem », une relation post discussions, qui a fait parler d’elle.

    Les précisions de Manuella Affejee [journaliste à radio vatican]:

    Il s’agit avant tout d’un document provisoire, élaboré, certes dans un climat de grande liberté et de franchise, mais qui n’est pas sans susciter des divergences parmi les père synodaux, notamment sur les questions dites sensibles.

    Certains regrettent par exemple que l’accent du document soit surtout mis sur les situations difficiles, passant sous silence d’autres situations, où la beauté du sacrement du mariage est vécue au quotidien, et dans la fidélité. Le mariage est certes, un chemin difficile, mais il est surtout une vocation au bonheur, et l’Eglise se doit de le réaffirmer.

    Autre sujet de remarque : l’épineuse question des divorcés-remariés. La relatio préconise une solution non généralisée, basée sur un discernement au cas par cas. Mais certains émettent des réserves, et pointent du doigt le risque que l’accueil d’exceptions circonscrites ne devienne finalement la règle commune.

    D’autres encore regrettent que la notion de péché ne soit pas assez explicite dans ce document. La reconnaissance d’éléments  « positifs » dans des situations « imparfaites » risque de semer le doute et la confusion sur ces situations, -le concubinage notamment-, qui restent des états de péché.

    Un point de divergence concerne enfin les procédures d’annulation de mariage, que plusieurs voudraient confier à des structures diocésaines ; des structures, qui pour certains, ne disposeraient toutefois pas de tous les outils pour gérer ce type de situation."

    (Tratto dall'archivio della Radio Vaticana)

     Ref. Synode : réactions au document provisoire

    JPSC

    et, sur Zenit.org :

    Les "omissions" du document intermédiaire à mi-parcours, par Mgr Gadecki

    Et diagnostic de l'archevêque de Riga, Mgr Stankiewicz

    Il faut soutenir aussi « les familles ordinaires, normales », proteste, au micro de Radio Vatican en polonais, Mgr Stanislaw Gadecki, 65 ans le 19 octobre, archevêque de Poznan, et président de la Conférence épiscopale polonaise, qui regrette ce qu’il appelle les « omissions » du Rapport de la première semaine du synode.

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  • La pastorale selon l' "esprit du concile"

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    ... ou comment les exceptions deviennent la règle. L'observation est sur le site du "salon beige":

    Voici le fameux paragraphe 47 du rapport intermédiaire du synode extraordinaire, à propos de l'accès des divorcés-remariés à la communion sacramentelle :

    "Quant à la possibilité d’accéder aux sacrements de la Pénitence et de l’Eucharistie, certains ont argumenté en faveur de la discipline actuelle en vertu de son fondement théologique, d’autres se sont exprimés en faveur d’une plus grande ouverture à des conditions bien précises, quand il s’agit de situations qui ne peuvent pas être dissoutes sans entraîner de nouvelles injustices et souffrances. Pour certains, il faudrait que l’éventuel accès aux sacrements soit précédé d’un chemin pénitentiel – sous la responsabilité de l’évêque diocésain –, et avec un engagement évident en faveur des enfants. Il s’agirait d’une situation non généralisée, fruit d’un discernement réalisé au cas pas cas, suivant une règle de gradualité, qui tienne compte de la distinction entre état de péché, état de grâce et circonstances atténuantes."

    Cet extrait provoque beaucoup de réactions à l'intérieur même de l'Eglise. Ce document a été accueilli avec circonspection par une partie des évêques lundi matin. Les propositions faites sur les cas difficiles ne sont pas partagées par tous. «Ce n’est qu’un document provisoire», temporisait-on à l’issue de la conférence de presse hebdomadaire. «Ce ne sont que des propositions de travail», a insisté le cardinal Erdö, rapporteur. De son côté, le président de la conférence des évêques polonais Mgr Stanisław Gądecki juge ce document"inacceptable".

    En France, le journaliste Gérard Leclerc estime à propos du sujet évoqué :

    "A mon sens, ce synode va donc provoquer une énorme déception dans l'opinion: beaucoup, influencés par les médias, vont croire que l'Eglise revient sur sa doctrine ; dans la réalité, cependant, on voit bien que toutes les exceptions dépendront de conditions rigoureusement définies."

    Malheureusement, l'histoire récente de l'Eglise nous enseigne ce que deviennent les "exceptions". Voici par exemple un extrait de la Constitution conciliaire sur la liturgie :

    "L’Église reconnaît dans le chant grégorien le chant propre de la liturgie romaine ; c’est donc lui qui, dans les actions liturgiques, toutes choses égales d’ailleurs, doit occuper la première place. Les autres genres de musique sacrée, mais surtout la polyphonie, ne sont nullement exclus de la célébration des offices divins, pourvu qu’ils s’accordent avec l’esprit de l’action liturgique, conformément à l’article 30."

    Et dans le même texte :

    "L’usage de la langue latine, sauf droit particulier, sera conservé dans les rites latins. Toutefois, soit dans la messe, soit dans l’administration des sacrements, soit dans les autres parties de la liturgie, l’emploi de la langue du pays peut être souvent très utile pour le peuple ; on pourra donc lui accorder une plus large place, surtout dans les lectures et les monitions, dans un certain nombre de prières et de chants, conformément aux normes qui sont établies sur cette matière dans les chapitres suivants, pour chaque cas."

    Nous savons ce qu'il en est devenu de ces règles générales...

    Un petit dernier pour la route : vous trouverez ici l'Instruction Memoriale Dominide 1969 qui règlemente de façon très restrictive la communion dans la main. Nous savons ce qu'est devenu ce qui n'était considéré alors que comme une "concession", accordée "afin d'aider les Conférences épiscopales à accomplir leur tâche pastorale, devenue souvent plus difficile dans les circonstances actuelles", contre laquelle la très grande majorité des évêques latins avaient alors voté.

    Ce document du synode est un rapport intermédiaire. Chargé de synthétiser les débats des congrégations générales, il alimentera les réflexions des « cercles mineurs » linguistiques jusque au jeudi 16 octobre, avant la rédaction d’un rapport définitif samedi 19."

    Ref.Pastorale : quand les exceptions deviennent la règle

    JPSC

  • Opinion et Synode : une énorme déception en vue ?

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    Sur FIGARO VOX VOX SOCIETE (Wladimir Garcin - le 13/10/2014) :

    Divorcés remariés: l'Eglise est-elle en train de faire sa révolution

    FIGAROVOX/ENTRETIEN - Gérard Leclerc décrypte les enjeux du synode pour la famille qui se tient actuellement à Rome. Il pense que les débats n'aboutiront pas à de profonds bouleversements théologiques.

    Gérard Leclerc est journaliste, philosophe et essayiste. Il est éditorialiste à France catholique et à Radio Notre-Dame.

    FigaroVox: Dans un document intermédiaire du synode qui se déroule actuellement à Rome, l'Eglise catholique indique qu'elle serait prête à accepter la communion pour les divorcés remariés, ainsi qu'à accueillir les homosexuels (elle refuse toujours le mariage, mais souhaite leur ouvrir davantage l'Eglise). Elle appelle également à simplifier les procédures d'annulation de mariage. Êtes-vous surpris par ces pistes de réflexion? Comment les analysez-vous?

    Gérard LECLERC: En ce qui concerne les divorcés remariés, il faut bien comprendre que ces réflexions ne sont pas surprenantes, dans la mesure où elles sont le fruit de plusieurs mois de débats intenses. Le texte produit par le synode propose à certaines personnes de faire un chemin de pénitence pour avoir à nouveau accès au sacrement de pénitence, ainsi qu'à l'eucharistie. Toutefois, les conditions de cette pénitence ne sont pas encore clairement définies, et le seront ultérieurement. Il ne s'agit, à mon sens, pas d'une révolution: en effet, ce genre d'exceptions, accordant aux divorcés le droit à l'eucharistie, existe en réalité dans les faits depuis longtemps. Certains évêques et confesseurs acceptent déjà les divorcés, par charité au vu de la difficulté de leur situation personnelle. Ainsi, ce texte, en tout état de cause, ne ferait que codifier ce qui relevait jusqu'alors de la dispense personnelle. L'Eglise préciserait, pour la première fois, officiellement, les conditions dans lesquelles une telle dispense pourrait être admise.

    Une analyse approfondie du texte sur les personnes homosexuelles nous amène à une conclusion similaire: la position de fond de l'Eglise, et son refus du mariage entre personnes du même sexe, y sont réaffirmés. La théologie traditionnelle n'est donc à mon sens nullement remise en cause. Toutefois, on y perçoit une démarche positive de la part du synode et du pape François: l'Eglise veut aller chercher les gens où ils sont et comme ils sont. Elle souhaite, plus que jamais, les aider, les accompagner, plutôt que les condamner et les excommunier. Elle reconnaît, par exemple, la formidable solidarité entre personnes homosexuelles, et une force, un courage qui tiennent presque de l'héroïsme, ce qu'on a vu par exemple lorsque le SIDA ravageait la communauté gay.

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  • La communion aux divorcés remariés : comment mettre un pied dans la porte interdite ?

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    Quant à l'accès au sacrement de l'Eucharistie pour les divorcés remariés, la "relatio", à mi- parcours du synode, dresse la liste des principales suggestions qui sont ressorties du Synode. Le blog du "Suisse Romain" les résume ainsi: maintenir la discipline actuelle; mettre en oeuvre une plus grande ouverture pour les cas particuliers, insolubles sans entraîner de nouvelles injustices et souffrances; ou bien opter pour un chemin pénitentiel: L'éventuel accès aux sacrements devrait être précédé d'un chemin pénitentiel ? sous la responsabilité de l'évêque diocésain ? , et avec un engagement évident en faveur des enfants. Il s'agirait, selon la « relatio », « d'une situation non généralisée, fruit d'un discernement réalisé au cas par cas, suivant une règle de gradualité qui tienne compte de la distinction entre état de péché, état de grâce et circonstances atténuantes ».

    Laissons à la réflexion des « pères » synodaux cette conclusion brumeuse, en forme de compromis casuistique, pour en revenir à la thèse de Kasper que le Père Gerald E. Murray réfute en ces termes sur le site web de « France Catholique » :

     « Le cardinal Walter Kasper a publié pendant la période de préparation du Synode extraordinaire sur la famille un autre article où il propose que la discipline de l’Eglise interdisant d’admettre à la Sainte Communion des catholiques divorcés et remariés civilement soit abandonnée.

    Son argument principal est la miséricorde divine. Il déclare : « Nombreux sont ceux qui demandent : si Dieu est toujours miséricordieux, pourquoi l’Eglise ne l’est-elle pas ? Ou bien, pourquoi l’Eglise ne semble-t-elle pas aussi miséricordieuse que Dieu ? » Et il continue : « Le pire reproche qu’on peut faire à l’Eglise – en réalité souvent justifié – est qu’elle ne pratique pas ce qu’elle prêche aux autres. En vérité, bien des croyants trouvent l’Eglise rigide et dénuée de miséricorde. »

    Kasper se range clairement lui-même dans la catégorie des « nombreux croyants » qui reprochent son hypocrisie à l’Eglise. Le grief est essentiellement le suivant : Dieu est bon et miséricordieux, l’Eglise ne l’est pas quand elle interdit de recevoir l’Eucharistie à ceux qui ont contracté un second mariage (et vivent donc une relation « adultère »). La discipline eucharistique inébranlable de l’Eglise, qui se fonde sur l’enseignement de Notre Seigneur concernant le mariage, est donc considérée comme une trahison hypocrite de la miséricorde divine.

    D’où découle ce qui suit :

    « L’Eglise doit proclamer la miséricorde divine ; elle doit dispenser concrètement aux fidèles cette miséricorde sous la forme du sacrement de réconciliation ; et elle doit laisser la miséricorde divine apparaître et se réaliser dans sa propre vie, ses structures et même ses lois. »

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  • Ce que le pape veut, le synode le veut ?

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    Dans un précédent article paru sur le site web de « Famille chrétienne »,  Jean-Marie Dumont titrait : Divorcés-remariés : la révolution n’aura pas lieu au synode tout en concluant avec prudence : Reste à savoir ce que pense le pape. »

    Et bien c’est tout vu, selon le point de vue exposé ici :  SYNODE. A QUEL POINT EST-IL LIBRE?    par le site Benoît et moi  « (…) Le rapport final est normalement rédigé par le Rapporteur, le cardinal hongrois Erdö, le secrétaire général du Synode, le cardinal Baldisseri, et le secrétaire adjoint, le théologien Bruno Forte.  Mais le pape a décidé, dans un geste sans précédent, d'ajouter six noms pour aider à rédiger ce document: le card. Gianfranco Ravasi, le cardinal Donald W. Wuerl, l'archevêque Victor Manuel Fernandez, et le père Nicolás Pachón Supérieur Général des Jésuites, ainsi que deux autres évêques. Comme l'a observé avec finesse John Thavis, qui fut durant de nombreuses années chef du Catholic News Service à Rome, «au risque de simplifier tout», on peut dire que tous les six sont sur la même longueur d'onde que Kasper. De cette façon, le pape François a accompli un geste fort d'intervention sur le Synode ».

     Entretemps,le cardinal Peter Erdö, rapporteur général,  vient de présenter la « relatio », gros document synthétique résumant les échanges de la première semaine du synode. A sa lecture, Jean-Marie Guénois dans le Figaro de ce matin, estime déjà (un peu vite, car il faut attendre le rapport final engageant l'assemblée) que les pistes mentionnées témoignent d’un véritable changement de paradigme, en prenant en compte notamment les « éléments constructifs » des mariages civils et des situations de cohabitation. Voici son commentaire :

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  • Synode sur la famille : deuxième et dernière semaine, mode d’emploi

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    D’après le site « aleteia » :

    Les travaux du synode reprennent ce lundi 13 octobre 2014, après la pause du week end. Pause très relative pour ceux qui se sont attelés, pendant ces deux jours, à la rédaction de la Relatio post disceptationem. Ce document (en italien et non en latin), fait la synthèse des interventions (265) et débats qui ont eu lieu, tout au long de la semaine qui vient de s’achever (à ne pas confondre avec la relatio ante disceptationem, document de base des travaux de la première semaine du synode). Il a été rédigé par le rapporteur général, le Cardinal Peter Erdö, assisté d’un certain nombre de Pères synodaux, dont le Secrétaire général du synode, le cardinal Lorenzo Baldisseri, Mgr Bruno Forte, Secrétaire spécial et le cardinal Gianfranco Ravasi. Il sera présenté à la presse ce lundi à 13 h, et servira de base de travail aux travaux de la semaine qui s’ouvre.

    Les cardinaux Sarah et Schönborn, modérateurs des deux groupes francophones

    Ces travaux vont se poursuivre, non plus quasiment exclusivement à travers les fameuses « congrégations générales », qui réunissent les 253 membres de l’assemblée (10 congrégations la semaine dernière et seulement 5 cette semaine), mais par petits groupes de travail linguistiques : les « Circuli minores », au nombre de 10 : deux groupes de langue française, 3 de langue anglaise, 3 de langue italienne et deux de langue espagnole. Ces groupes ont été constitué vendredi dernier par un système assez complexe de tirage au sort, et leurs membres ont élu, par vote secret, leur modérateur et leur relateur. Les modérateurs des deux groupes de langue française sont le cardinal Robert Sarah et le cardinal Christophe Schönborn. Le cardinal Leo Burk, co-auteur du livre « demeurer dans la vérité du Christ » (cf. plusieurs articles sur aleteia) est modérateur d’un des groupes anglais. Ces Circuli minores ont tenu une première session vendredi après midi. Cette semaine, ils se réuniront encore six fois, jusqu’à jeudi matin.

    Paul VI béatifié lors de la messe de clôture

    Les « modes », c'est-à-dire les « intégrations » qu’ils apporteront à la Relatio post disceptationem permettront l’élaboration de la Relatio Synodi, document final de cette troisième assemblée extraordinaire du synode des évêques. Elle sera votée samedi et remise au Pape dimanche. Entre temps, le Nuntius, c'est-à-dire le message que le synode veut adresser aux catholiques aura été préparé et publié (samedi matin). Le synode se conclura dimanche matin à Saint-Pierre, par une messe solennelle lors de laquelle sera béatifié le Pape Paul VI, qui a institué le synode des évêques (cf. Aleteia).  Dès le lendemain, le chemin synodal se poursuivra, vers sa prochaine échéance : l’assemblée ordinaire d’octobre 2015. L’année qui sépare ces deux assemblées va permettre de poursuivre les débats (de façon informelle) et de faire avancer la réflexion.

    Ref. Synode sur la famille : deuxième semaine, mode d’emploi

  • Bruxelles, 23 octobre : Quel sera mon avenir ? Une conférence sur l'éthique néonatale

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    Hôtel THON, rue de la Loi 75, Bruxelles (Parking rue de Trèves)

    Inscription conseillée : contactez-nous

    Participation : 5 euros (Rafraîchissements offerts à l'issue de la conférence)

  • Synode sur la famille: témoignages de laïcs

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    Rencontre à Rome avec Xristilla et Olivier Roussy, responsables d'Amour et Vérité, la branche famille de la communauté de l'Emmanuel, et l'un des 13 couples auditeurs du Synode sur la Famille. Le couple français partage son expérience vécue à travers ce synode.

    JPSC

  • Synode sur la famille : les périphéries s’élèvent contre les « modèles occidentaux » incompatibles avec leurs cultures et la doctrine catholique

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    Lu sur News.va le 11 octobre:

    Depuis le début, dans la salle du Synode, plusieurs voix africaines se sont élevées pour dénoncer l’importation, voire l’imposition des modèles occidentaux incompatibles avec les cultures locales et la doctrine catholique. Un évêque a indiqué que des sommes colossales étaient dépensées dans les campagnes de planning familial et que des contraceptifs étaient distribués jusque dans les villages les plus reculés. Un autre a affirmé que des organisations internationales avaient menacé de suspendre leur aide si les gouvernements locaux refusaient de légaliser les unions entre personnes de même sexe. Santé reproductive, idéologie du genre… nous sommes soumis à une véritable offensive internationale, a lancé une mère de famille. L’Afrique a ses problèmes et ses préoccupations prioritaires qui ne sont pas ceux de l’Occident. Venus de tous les continents, des pères synodaux et des laïcs ont exhorté l’Eglise à s’engager davantage sur la scène publique pour défendre ses valeurs sur la famille, menacées par certaines législations et par l’ambiguïté des textes des Nations Unies. Une auditrice a regretté que le document de travail du Synode ne contienne qu’une référence timide au dialogue entre l’Eglise et les Etats et garde le silence sur l’urgence pour les catholiques de préserver leur liberté de conscience face aux institution politiques. Les pasteurs doivent parler haut et clair face aux opinions publiques pour défendre la dignité humaine et les droits de la famille. Et alors que la question de l’accès des divorcés remariés aux sacrements revient sans cesse sur la table et monopolise les échanges, alors qu’elle inquiète et divise, une auditrice a interpellé l’assemblée en affirmant qu’il y avait deux types de miséricorde : celle du Bon Pasteur qui soigne et donne la vie et celle du mauvais médecin qui couvre la blessure pour qu’on ne la voie pas ou qui calme la douleur sans soigner le mal.

    Ce synode parviendra-t-il à concilier vérité et miséricorde et à réconcilier les points de vue ? Parviendra-t-il à préserver la doctrine tout en montrant que l’Eglise,  qui côtoie la réalité du péché, est proche de ses enfants en difficulté ? C’est tout l’enjeu d’un itinéraire qui, souligne-t-on, prendra le temps qu’il faudra.

    Romilda Ferrauto "

     

    Ref. La première partie du Synode s'achève

    JPSC