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C'est le jour de la Résurrection, Peuples, rayonnons de joie ! C'est la Pâque du Seigneur. De la mort à la vie et de la terre aux cieux, Christ Dieu nous a menés Chantons l'hymne de la victoire.
Le Christ est ressuscité des morts, purifions nos sens et nous verrons le Christ resplendissant, dans l'inaccessible lumière de la Résurrection. Et nous l'entendrons nous crier : "Réjouissez-vous" en chantant l'hymne de la victoire.
Le Christ est ressuscité des morts. Que le ciel se réjouisse, que la terre soit dans l'allégresse. Que le monde soit en fête, le monde visible et invisible, car le Christ est ressuscité, Lui l'éternelle allégresse.
Christ est ressuscité des morts. Par la mort, il vaincu la mort. A ceux qui sont dans le tombeau, il a donné la vie.
(1ère ode des matines byzantines de Pâques)
L'équipe de belgicatho souhaite aux amis et aux visiteurs de ce blog une lumineuse fête de Pâques, au grand soleil du Ressuscité.
VÍCTIMÆ pascháli laudes ímmolent Christiáni. Agnus redémit oves: Christus ínnocens Patri reconciliávit peccatóres. Mors et vita duéllo conflixére mirándo: dux vitæ mórtuus, regnat vivus. Dic nobis, María, quid vidísti in via ? Sepúlcrum Christi vivéntis: et glóriam vidi resurgéntis. Angélicos testes, sudárium et vestes. Surréxit Christus spes mea: præcédet vos in Galilǽam. Scimus Christum surrexísse a mórtuis vere: tu nobis, victor Rex, miserére. Amen. Allelúia.
A la victime pascale, que les Chrétiens immolent des louanges. L’Agneau a racheté les brebis : le Christ innocent a réconcilié les pécheurs avec Son Père. La vie et la mort se sont affrontées en un duel prodigieux : l’Auteur de la vie était mort, Il règne vivant. Dites-nous, Marie, qu’avez-vous vu en chemin ? J’ai vu le tombeau du Christ vivant, et la gloire du ressuscité. J’ai vu les témoins angéliques, le suaire et les linceuls. Il est ressuscité, le Christ, mon espérance : Il vous précédera en Galilée. Nous le savons : le Christ est ressuscité des morts : ô Toi, Roi vainqueur, aie pitié de nous. Amen. Alléluia.
(Source) L'Exultet est un chant liturgique par lequel l'Eglise, durant la veillée pascale du Samedi saint, proclame l'irruption de la lumière dans les ténèbres (symbolisée par celle du cierge pascal qui vient d'être allumé) et annonce la Résurrection du Christ.
Ce chant très ancien, dont le texte a été fixé par le pape Innocent III, comprend deux parties : un prologue, toujours identique, et une préface, qui a parfois varié (version romaine, milanaise ou bénéventaine).
Ce chant en latin est appelé "Exultet" d'après son premier mot (Exultet iam angelica turba caelorum ! "Qu'exulte maintenant la troupe des anges célestes !") ; aujourd'hui, il est chanté soit en latin, soit dans une traduction ou adaptation dans les langues vernaculaires.
Un passage du chant est particulièrement célèbre, le "Felix culpa" : "O heureuse faute qui nous a mérité un tel et un si grand Rédempteur !" (O felix culpa, quae talem ac tantum meruit habere redemptorem !)
Ce chant évoque la traversée de la mer Rouge lors de l'Exode et célèbre la Pâque du Christ. Ce chant célèbre et explique la signification du cierge pascal. Il évoque le travail de l'abeille, productrice de la cire, et va jusqu'à la comparer à la Vierge Marie.
Le chant de l'Exultet était traditionnellement écrit non dans un livre mais sur un rouleau, qui était lu dans sa longueur (à la différence de la manière antique). Le diacre laissait pendre devant l'ambon le texte déjà lu, et des illustrations, faites "à l'envers", permettaient aux fidèles des premiers rangs de suivre par l'image ce qui était chanté ! (cependant, il faisait sombre, l'église n'étant alors éclairée que par le cierge pascal : il s'agissait donc en partie d'un élément symbolique...). Plusieurs collections de manuscrits et musées possèdent des "rouleaux d'Exultet", qui sont un des fleurons de l'art de l'enluminure et de la calligraphie dans le domaine occidental.
Gáudeat et tellus, tantis irradiáta fulgóribus: et ætérni Regis splendóre illustráta, tótius orbis se séntiat amisísse calíginem.
Lætétur et mater Ecclésia, tanti lúminis adornáta fulgóribus: et magnis populórum vócibus hæc aula resúltet.
Vere dignum et iustum est, invisíbilem Deum Patrem omnipoténtem Filiúmque eius unigénitum, Dóminum nostrum Iesum Christum, toto cordis ac mentis afféctu et vocis ministério personáre.
Qui pro nobis ætérno Patri Adæ débitum solvit, et véteris piáculi cautiónem pio cruóre detérsit.
Hæc sunt enim festa paschália, in quibus verus ille Agnus occíditur, cuius sánguine postes fidélium consecrántur.
Hæc nox est, in qua primum patres nostros, fílios Israel edúctos de Ægypto, Mare Rubrum sicco vestígio transíre fecísti.
Hæc ígitur nox est, quæ peccatórum ténebras colúmnæ illuminatióne purgávit.
Hæc nox est, quæ hódie per univérsum mundum in Christo credéntes, a vítiis sæculi et calígine peccatórum segregátos, reddit grátiæ, sóciat sanctitáti.
Hæc nox est, in qua, destrúctis vínculis mortis, Christus ab ínferis victor ascéndit.
Nihil enim nobis nasci prófuit, nisi rédimi profuísset. O mira circa nos tuæ pietátis dignátio! O inæstimábilis diléctio caritátis: ut servum redímeres, Fílium tradidísti!
O certe necessárium Adæ peccátum, quod Christi morte delétum est! O felix culpa, quæ talem ac tantum méruit habére Redemptórem!
O vere beáta nox, quæ sola méruit scire tempus et horam, in qua Christus ab ínferis resurréxit!
Hæc nox est, de qua scriptum est: Et nox sicut dies illuminábitur: et nox illuminátio mea in delíciis meis.
Huius ígitur sanctificátio noctis fugat scélera, culpas lavat: et reddit innocéntiam lapsis et mæstis lætítiam. Fugat ódia, concórdiam parat et curvat impéria.
In huius ígitur noctis grátia, súscipe, sancte Pater, laudis huius sacrifícium vespertínum, quod tibi in hac cérei oblatióne solémni, per ministrórum manus de opéribus apum, sacrosáncta reddit Ecclésia.
Sed iam colúmnæ huius præcónia nóvimus, quam in honórem Dei rútilans ignis accéndit. Qui, lícet sit divísus in partes, mutuáti tamen lúminis detrimenta non novit.
Alitur enim liquántibus ceris, quas in substántiam pretiósæ huius lámpadis apis mater edúxit.²
O vere beáta nox, in qua terrénis cæléstia, humánis divína iungúntur!¹
Orámus ergo te, Dómine, ut céreus iste in honórem tui nóminis consecrátus, ad noctis huius calíginem destruéndam, indefíciens persevéret. Et in odórem suavitátis accéptus, supérnis lumináribus misceátur.
Flammas eius lúcifer matutínus invéniat: ille, inquam, lúcifer, qui nescit occásum. Christus Fílius tuus, qui, regréssus ab ínferis, humáno géneri serénus illúxit, et vivit et regnat in sæcula sæculórum.
Qu'exulte de joie dans le ciel la multitude des anges ! Chantez, serviteurs de Dieu, et que retentisse la trompette triomphale pour la victoire du grand Roi ! Réjouis-toi, ô notre terre, resplendissante d'une lumière éclatante, car il t'a prise en sa clarté et son règne a dissipé ta nuit ! Réjouis-toi, Eglise notre mère, toute remplie de sa splendeur, et que résonne l'acclamation du peuple des fils de Dieu !…
Vraiment il est juste et bon de proclamer à pleine voix ta louange, Dieu invisible, Père tout puissant, et de chanter ton Fils bien-aimé, Jésus Christ notre Seigneur. C'est lui qui a payé pour nous la dette encourue par Adam notre père, et qui a détruit en son sang la condamnation de l'ancien péché. Car voici la fête de la Pâque où l'Agneau véritable est immolé pour nous. Voici la nuit où tu as tiré de l'Egypte nos pères, les enfants d’Israël, et leur as fait passer la mer Rouge à pied sec ; nuit où le feu de la nuée lumineuse a repoussé les ténèbres du péché…
Ô nuit qui nous rend à la grâce et nous ouvre la communion des saints ; nuit où le Christ, brisant les liens de la mort, s'est relevé victorieux des enfers. Heureuse faute d'Adam qui nous a valu un tel Rédempteur ! Ô nuit qui seule a pu connaître le temps et l'heure où le Christ est sorti vivant du séjour des morts ; ô nuit dont il est écrit : « La nuit comme le jour illumine, la ténèbre autour de moi devient lumière pour ma joie » (Ps 138,12)… Ô nuit bienheureuse, où se rejoignent le ciel et la terre, où s’unissent l’homme et Dieu.
Dans la grâce de cette nuit, accueille, Père très Saint, le sacrifice du soir de cette flamme que l'Eglise t'offre par nos mains ; permets que ce cierge pascal, consacré à ton nom, brûle sans déclin en cette nuit et qu'il joigne sa clarté à celle des étoiles. Qu'il brûle encore quand ce lèvera l'astre du matin, celui qui ne connaît pas de couchant, le Christ ressuscité revenu des enfers, qui répand sur les hommes sa lumière et sa paix. Garde ton peuple, nous t'en prions, ô notre Père, dans la joie de ces fêtes pascales. Par Jésus Christ, ton Fils notre Seigneur, qui par la puissance de l'Esprit s'est relevé d'entre les morts et qui règne près de toi pour les siècles des siècles. Amen!
Resurrexi et adhuc tecum sum, alleluia : posuisti super me manum tuam, alleluia : mirabilia facta est scientia tua, alleluia, alleluia.
Je suis ressuscité et me voici encore avec vous, alleluia : tu as pour jamais posé ta main sur moi, alleluia : merveilleuse est apparue ta sagesse, alleluia, alleluia.
Ps. Domine, probasti me et cognovisti me. Tu cognovisti sessionem meam et resurrectionem meam
Tu m’as éprouvé, Seigneur et tu m’as connu. Tu as connu mon coucher et ma résurrection (Ps. 138)
LA RESURRECTION EST NÔTRE
Le chrétien fidèle à son incorporation au Christ par le baptême ressuscitera pour le rejoindre au lumineux bonheur du Ciel.
La perception de notre mortalité, qui s’impose à chacun de nous au quotidien, et parfois bien lourdement, peut certes venir se dresser comme un écran bien sombre faisant obstacle à notre foi en cette vérité : ainsi s’en trouve-t-il, malheureusement en trop grand nombre, de ces disciples rachetés par le Christ, qui vivent dans l’affliction, comme ceux qui n’ont pas d’espérance (cf. 1 Th 4, 12). Et quant à ceux qui professent au moins en théorie une vraie espérance, ils ne l’ont pas toujours bien chevillée au cœur, de sorte qu’elle ne produit plus chez eux les heureux fruits de souriante paix dont elle regorge en fait.
Or, pour peu que l’on examine le fondement de ce point qui sert en quelque sorte de charpente à notre vie d’ici-bas, il se révèle on ne peut plus assuré. Osons cette image, dont nous pensons que l’argumentation proposée un peu plus bas montrera la pertinence : il ne s’agit pas d’un simple vernis laqué, mais de ce que les gens de métier appellent une coloration dans la masse, une couleur indissociable du matériau auquel elle donne éclat. Expliquons-nous.
Jésus, le seul Dieu ressuscité dans l’histoire des religions
26 janvier 2020
Pourquoi Jésus est-il vraiment unique dans toute l’histoire des religions ? Il est le seul dont des témoins attestent, au prix de leur vie, que Dieu l’a ressuscité d’entre les morts. C’est par elle que Jésus manifeste une humanité transfigurée qui préfigure notre propre résurrection.
Le dessin de la figure de Jésus s’achève avec un trait absolument unique, lui aussi, à savoir le témoignage rendu à sa résurrection d’entre les morts. Il n’est aucun autre homme, dans l’histoire, duquel on ait affirmé sérieusement une chose pareille. Et la nature et le contexte de ce témoignage sont tels que la seule explication plausible du surgissement et du succès d’une telle affirmation est la réalité de son objet, à savoir l’événement réel — et, en ce sens, pleinement historique — de la résurrection.
Un témoignage massif et universel
Le témoignage du Nouveau Testament concernant la résurrection de Jésus est massif et universel. Les quatre Évangiles ont été rédigés à la lumière de la foi pascale et ne peuvent se comprendre qu’à cette lumière. On ne les saisit adéquatement qu’en les lisant en fonction de leurs derniers chapitres. Même le récit de Noël, dans l’Évangile de Luc, est écrit à la lumière de Pâques. Or, non seulement les Évangiles parlent chacun de la résurrection de Jésus dans leur conclusion, mais leur concept même, qui est d’être un eu-angelion (en grec), une « Bonne Nouvelle », serait impensable et contradictoire si le porteur et l’objet de cette « joyeuse annonce » n’avait abouti qu’à l’échec de la mort en croix, si Dieu avait définitivement abandonné celui qui se présentait comme son Fils, si le Royaume de Dieu annoncé par Jésus s’était éventé avec sa mort infamante. Quant au livre des Actes des Apôtres, il est tout entier consacré à l’annonce de la mort et de la Résurrection de Jésus depuis Jérusalem jusqu’à Rome en passant par toute la Palestine, l’Asie Mineure et la Grèce.
Il en va de même pour saint Paul, dont les lettres sont toutes portées par la foi en la Résurrection, comme en témoigne éminemment le passage, célèbre entre tous, où il s’en prend à des hérétiques (déjà !) qui niaient la résurrection des morts (1Cor 15, 12-20). L’épître aux Hébreux, elle aussi, est tout entière suspendue à la foi pascale puisqu’elle célèbre le sacerdoce éternel du Christ qui, par sa résurrection, est devenu « un grand prêtre souverain qui a traversé les cieux » (Hé 4, 14). Le rôle de la résurrection est également central dans les épîtres catholiques (de Jacques, Pierre, Jean et Jude) et surtout dans l’Apocalypse, qui culmine dans la contemplation de l’Agneau pascal, immolé et ressuscité (Ap 5). Par sa résurrection, Jésus a été réhabilité, il a été glorifié et il a atteint sa pleine stature humaine.
Pas de messe en ce samedi, pas d’ornements ni de fleurs sur les autels; le tabernacle, vidé de la présence réelle, est ouvert. L’Église est entrée dans le «grand silence» qui précède l’exultation de Pâques. Ce «terrible mystère» d’un Dieu qui se tait interpelle plus que jamais les croyants.
Entretien réalisé par Manuella Affejee - Cité du Vatican
«Un grand silence règne aujourd’hui sur la terre, un grand silence et une grande solitude; un grand silence parce que le Roi dort. La terre a tremblé puis s’est calmée parce que Dieu s’est endormi dans la chair, et il a réveillé ceux qui dormaient depuis des siècles». Cette homélie du IVe siècle attribuée à Saint Épiphane de Salamine explore admirablement le mystère du Samedi Saint, ce moment où le Christ repose sans vie dans son tombeau, où l’espérance semble avoir déserté la terre, «où la foi semble être définitivement démasquée comme une illusion» (Benoît XVI).
Durant cette période relativement brève, ce «temps au-delà du temps», le Christ «descend aux Enfers»; c’est-à-dire qu’Il plonge dans la solitude la plus extrême et la plus absolue de l’homme, la mort, pour la partager, l’illuminer et l’en délivrer. «Voici précisément ce qui est arrivé le jour du Samedi Saint, dans le royaume de la mort, la voix de Dieu a retenti», assurait Benoît XVI dans une longue et éclairante méditation partagée lors de l’ostension solennelle du Saint-Suaire de Turin (2010). «L’humanité est devenue particulièrement sensible au mystère du Samedi Saint. Dieu caché fait partie de la spiritualité de l’homme contemporain (…) comme un vide dans le cœur qui s’élargit toujours plus», reconnaissait-il encore, dans une référence tacite au silence de Dieu ressenti avec douleur, et parfois révolte, à certains moments de l’Histoire ou de nos vies personnelles.
Commentaire sur l'évangile de Jean, 12, 19, PG 74, 679-682.
Ils prirent le corps de Jésus, et ils l'enveloppèrent d'un linceul, en employant les aromates, selon la manière juive d'ensevelir les morts. Près du lieu où Jésus avait été crucifié, il y avait un jardin, et dans ce jardin, un tombeau neuf dans lequel on n'avait encore mis personne (Jn 19,40-41).
On a compté parmi les morts celui qui, à cause de nous, est au nombre des morts selon la chair, mais que l'on connaît comme étant la vie selon sa nature même et grâce à son Père; et il l'est en vérité. Mais, pour accomplir toute justice, celle qui convient à la condition humaine, il ne soumit pas seulement son corps à une mort volontaire, mais aussi à ce qui en est la suite: ensevelissement et mise au tombeau.
L'évangéliste nous dit que ce tombeau était dans un jardin, et qu'il était neuf; cela symbolise en quelque sorte que, par sa mort, le Christ a préparé et réalisé notre retour au paradis. Car il y es t entré lui-même comme notre avant-coureur et chef de file.
Que le sépulcre soit désigné comme neuf, cela signifie un retour de la mort à la vie, nouveau et sans précédent, le renouvellement préparé par le Christ pour nous protéger de la corruption. Car notre mort, par la mort du Christ, a reçu un sens nouveau qui l'a transformée en une sorte de sommeil. En effet, nous vivons comme devant vivre pour Dieu, selon les Écritures (Rm 6,10-11). C'est pourquoi saint Paul appelle invariablement ceux qui sont morts dans le Christ: ceux qui se sont endormis.
Jadis en effet, le pouvoir de la mort a triomphé de notre nature. Depuis Adam jusqu'à Moïse la mort a régné, même sur ceux qui n'avaient pas péché par désobéissance à la manière d'Adam (Rm 5,14). Nous sommes à l'image de celui qui est pétri de terre (1Co 15,49), Adam, et nous subissons la mort qui pèse sur nous par la malédiction divine (cf. Ga 3,13).
Mais après que le nouvel Adam, l'Adam divin et céleste, eût resplendi pour nous, après qu'il eût combattu pour la vie de tous, il a racheté la vie de tous par sa mort charnelle, et après avoir détruit l'empire de la mort, il est revenu à la vie. Alors nous avons été transformés à son image et soumis à une nouvelle sorte de mort, qui ne nous dissoudra pas dans une corruption sans fin, mais qui nous apportera un sommeil plein d'espérance, à la ressemblance de celui qui a inauguré pour nous cette route, et qui est le Christ.
« Que se passe-t-il ? Un grand silence règne aujourd’hui sur la terre, un grand silence et une grande solitude. Un grand silence parce que le Roi dort. La terre a tremblé et s’est apaisée, parce que Dieu s’est endormi dans la chair et qu’il est allé réveiller ceux qui dormaient depuis des siècles. Il va chercher Adam, notre premier Père, la brebis perdue. Il veut aller visiter tous ceux qui sont assis dans les ténèbres et à l’ombre de la mort. Il va pour délivrer de leurs douleurs Adam dans les liens et Ève, captive avec lui, lui qui est en même temps leur Dieu et leur Fils. Le Seigneur s’est avancé vers eux, muni de la Croix, l’arme de sa victoire. Lorsqu’il le vit, Adam, le premier homme, se frappant la poitrine dans sa stupeur, s’écria vers tous les autres : « Mon Seigneur avec nous tous ! » Et le Christ répondit à Adam : « Et avec ton esprit ». Il le prend par la main et le relève en disant : « Éveille-toi, ô toi qui dors, relève-toi d’entre les morts, et le Christ t’illuminera ». « Je suis ton Dieu, qui pour toi suis devenu ton Fils. Je te l’ordonne : “Lève-toi, ô toi qui dors”, car je ne t’ai pas créé pour que tu séjournes ici enchaîné dans l’enfer. Relève-toi d’entre les morts : moi, je suis la vie des morts. Lève-toi, œuvre de mes mains ; lève-toi, mon semblable qui as été créé à mon image. Éveille-toi et sortons d’ici. Car tu es en moi, et moi en toi. Lève-toi, partons d’ici. L’ennemi t’a fait sortir de la terre du paradis ; moi je ne t’installerai plus dans le paradis, mais sur un trône céleste. Je t’ai écarté de l’arbre symbolique de la vie ; mais voici que moi, qui suis la vie, je ne fais qu’un avec toi ».
En 2010, Benoît XVI s’était rendu en pèlerinage à Turin à l’occasion d’une ostension du Saint-Suaire (10 avril-23 mai). Devant la relique, il a fait cette méditation pour tous les fidèles assemblés avec lui :
« En diverses autres occasions, je me suis trouvé face au Saint-Suaire, mais cette fois, je vis ce pèlerinage et cette halte avec une intensité particulière: sans doute parce que les années qui passent me rendent encore plus sensible au message de cet extraordinaire Icône; sans doute, et je dirais surtout, parce que je suis ici en tant que Successeur de Pierre, et que je porte dans mon cœur toute l'Eglise, et même toute l'humanité. Je rends grâce à Dieu pour le don de ce pèlerinage et également pour l'occasion de partager avec vous une brève méditation qui m'a été suggérée par le sous-titre de cette Ostension solennelle: "Le mystère du Samedi Saint".
On peut dire que le Saint-Suaire est l'Icône de ce mystère, l'Icône du Samedi Saint. En effet, il s'agit d'un linceul qui a enveloppé la dépouille d'un homme crucifié correspondant en tout point à ce que les Evangiles nous rapportent de Jésus, qui, crucifié vers midi, expira vers trois heures de l'après-midi. Le soir venu, comme c'était la Parascève, c'est-à-dire la veille du sabbat solennel de Pâques, Joseph d'Arimathie, un riche et influent membre du Sanhédrin, demanda courageusement à Ponce Pilate de pouvoir enterrer Jésus dans son tombeau neuf, qu'il avait fait creuser dans le roc à peu de distance du Golgotha. Ayant obtenu l'autorisation, il acheta un linceul et, ayant descendu le corps de Jésus de la croix, l'enveloppa dans ce linceul et le déposa dans le tombeau (cf. Mc 15, 42-46). C'est ce que rapporte l'Evangile de saint Marc, et les autres évangélistes concordent avec lui. A partir de ce moment, Jésus demeura dans le sépulcre jusqu'à l'aube du jour après le sabbat, et le Saint-Suaire de Turin nous offre l'image de ce qu'était son corps étendu dans le tombeau au cours de cette période, qui fut chronologiquement brève (environ un jour et demi), mais qui fut immense, infinie dans sa valeur et sa signification.
Le Samedi Saint est le jour où Dieu est caché, comme on le lit dans une ancienne Homélie: "Que se passe-t-il? Aujourd'hui, un grand silence enveloppe la terre. Un grand silence et un grand calme. Un grand silence parce que le Roi dort... Dieu s'est endormi dans la chair, et il réveille ceux qui étaient dans les enfers" (Homélie pour le Samedi Saint, PG 43, 439). Dans le Credo, nous professons que Jésus Christ "a été crucifié sous Ponce Pilate, est mort et a été enseveli, est descendu aux enfers. Le troisième jour est ressuscité des morts".
Pourquoi le documentaire de Disney + avec le pape François est un piège
Le pape a participé à un film-documentaire sur Disney + diffusé le 5 avril, où il discute avec des jeunes de sujets de société. L’intention réelle de ce documentaire interroge au regard des invités et des thèmes sulfureux abordés…
« Conversation avec le pape ». Ce film-documentaire est sorti sur la plateforme « Disney + » le 5 avril. On y voit le pape François discuter avec une dizaine de jeunes sur différents sujets de société pour le moins polémiques : avortement, pornographie, non-binarité… Si l’intention de départ est louable – faire débattre François avec des jeunes de tous horizons, cette interview apparaît vite comme un vaste traquenard, très orienté idéologiquement. Entre le montage des questions, les transitions entre ces dernières, et les parcours très subversifs des jeunes, le documentaire montre un Pape François bienveillant mais parfois mal à l'aise face à ses contradicteurs.
Tous ensemble pour l’immigration
Les questions sensibles arrivent très vite sur la table. Après trois questions personnelles, sur la famille, le salaire et le téléphone de François, Victor, jeune athée, demande : « Là où je vis, les gens ne vont plus à l’église. Je trouve cela anachronique, vieux jeu, alors je voulais vous demander votre point de vue. » À cela, le Saint-Père répond que l’Église a besoin de témoignage et de plus de crédibilité, qu’elle a besoin d’être au contact des injustices sociales. « Pour voir ce qu’est l’injustice sociale, allez en banlieue », déclare-t-il.
Et ce passage est immédiatement suivi des questions sur le racisme et l’immigration et la part de responsabilité de l’Église sur ces thèmes. Pas de surprise, le Saint-Père a toujours eu une position assez claire sur l’immigration et la manière dont l’Europe gère les questions migratoires : « Les migrants devraient être accueillis, accompagnés, encouragés, et intégrés. » « Ces hommes et ces femmes sont exploitées. […] C’est un état d’esprit exploiteur. On discerne l’ombre de l’esclavage. Le migrant est vu comme un esclave. Le colonialisme est tapi derrière une politique migratoire immature. »
La réplique des jeunes ne se fait pas attendre : « L’Église a eu un rôle central dans la colonisation. En Amérique Latine, tout du moins. Et on parle d’une Église qui dépeint Jésus et Marie comme des Blancs, de toute évidence, ils ne l’étaient pas. Est-ce contradictoire ? » Le Pape répond en assumant les erreurs passées, selon lui, de l'Eglise : « La contradiction, c’est de ne pas assumer sa propre histoire. […] Chacune appartient à une société, un pays, une culture qui a un passé. Et assumer son passé, c’est dur parfois. […] La cohérence est surtout dure pour les chrétiens. Même au Vatican. » […] Prenez l’esclavage. L’Église n’a rien dit là-dessus. Car c’est ainsi qu’était la culture à l’époque. »
Sexe et foulard pro-avortement
Après l’immigration, Maligros, jeune fille catholique et féministe, introduit le débat de l’avortement : « Pourquoi l’Église veut se mettre entre une femme et ses droits ? Je pense que Jésus la soutiendrait. Il ne la jugerait pas comme on la juge à la messe. » Cette question s’accompagne d’une séquence assez particulière où la jeune fille offre au Saint-Père un foulard pro-avortement avec un arc-en-ciel.
« On doit l’accompagner, lui répond le pape François mais on doit être clair, L’accompagner est une chose, justifier son acte en est une autre. » À partir de ce moment-là, le groupe sera généralement en désaccord tout du long avec le Saint-Père. Juste après les questions sur l’IVG, Juan, jeune homme ayant subi des abus sexuels dans son école catholique, explique qu’il y a beaucoup d’hypocrisie dans l’Église, qu’elle protège le droit à la vie, mais qu’elle ne propose aucune aide concernant les victimes de pédocriminalité. « Tolérance zéro », lui rétorque le Saint-Père.
Pornographie et non-binarité
A mesure que le documentaire avance, François se montre de plus en plus mal à l’aise, et ne va plus oser parler franchement de la vie personnelle des jeunes présents devant lui. À Célia, qui se dit catholique et « non-binaire », François explique que « l’Église ne ferme la porte au nez de personne ». De même face à Alejandra, une jeune femme qui travaille dans l’industrie du porno : le pape François condamne l’industrie et regrette que cette dernière donne une vision déformée de la sexualité. Les jeunes s’engouffrent dans la brèche et s’accordent à dire que la pornographie, ce n’est pas si grave, que la masturbation, ce n’est pas si grave...
Pour certaines questions, François réussit un peu à s’extraire du piège tendu par le documentaire. Il s’en sort remarquablement bien notamment sur la question des femmes prêtres où il donne une réponse très bien argumentée sur le dogme et sur le ministère de l’Église. Mais également à la question : « serais-je une meilleure chrétienne si je n’étais pas féministe ? ». « Féministe est un adjectif, estime-t-il. Ce sont les noms qui m’importent. […] Les adjectifs ne sont pas baptisés, les noms le sont. Les gens le sont. Et je crois en les gens. »
Le coup de grâce
Le moment le plus choquant reste la fin du documentaire. Alors que plus d’une heure de cet interrogatoire est déjà passée, Maria, jeune fille croyante qui s’est retrouvée seule contre le groupe sur l’avortement et sur la pornographie, aborde enfin la question de la foi. Elle offre ainsi une belle discussion de trois minutes sur la foi avec le pape. Et alors que ces petites minutes laissent penser à une fin heureuse dans ce documentaire malaisant, le répit est de courte durée. Lucia, une ancienne religieuse, ayant subi des abus psychologiques durant sa formation, explique avoir tout renié, être devenue lesbienne, et être bien plus heureuse maintenant qu’elle ne se pose plus la question de savoir si Dieu existe ou pas. Dieu merci, le pape recadre un peu la chose, parlant des problèmes dans les formations mais lui rappelant quand même : « ne sois pas esclave d’une idéologie ». Inutile, donc, de visionner ce documentaire dans l’espoir d’une édification spirituelle en cette Semaine sainte.