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  • Le projet de loi polonais relatif à l’abolition de l’avortement sous la loupe de l'ECLJ

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    L’ECLJ publie un rapport sur le projet de loi polonais relatif à l’abolition de l’avortement

    (via Le Salon Beige)

    L’initiative législative citoyenne pour l’interdiction totale de l’avortement, déposée au Parlement polonais le 5 juillet 2016, a été examinée par l'ECLJ. Elle vise à garantir à tous les enfants, avant comme après leur naissance, des droits égaux et la protection de leur vie et de leur santé. Fondé sur une solide argumentation tirée de la Constitution polonaise et de la jurisprudence du Tribunal constitutionnel, le projet de loi propose de définir légalement l’enfant conçu et le moment de la conception.

    Cette proposition revient à faire de l’enfant à naître un sujet de droit qui peut être considéré comme un patient à la lumière de la loi sur les droits des patients. La suppression des trois motifs permettant actuellement le recours à l’avortement est proposée, conformément au principe de proportionnalité. En même temps est garanti tout traitement médical nécessaire à la sauvegarde de la vie de la mère, même si cela s’avère fatal pour l’enfant. Le rétablissement d’une sanction pénale de l’avortement illégal est aussi suggéré, alors même qu’est prévue une possibilité d’atténuation ou de remise exceptionnelle de la peine pour la femme.

    Le projet de loi ne concerne pas uniquement l’interdiction de l’avortement,mais aussi l’obligation positive des autorités publiques envers les familles, notamment les mères, en cas de grossesse non désirée. Des mesures concrètes d’assistance de la part de l’État sont proposées. Le développement des soins périnatals, des soins pédiatriques à domicile, de l’aide matérielle et psychologique ainsi que des procédures permettant l’adoption est ainsi proposé.  Cette attitude positive en faveur de la vie humaine correspond aux nombreuses initiatives concrètes destinées à soutenir les familles en situation difficile. En outre, le gouvernement travaille actuellement sur un Programme National pour la Procréation qui prévoit un système de santé reproductive global incluant des méthodes de procréation naturelle comme la NaProTechnologie.

    L’avenir du projet de loi relatif à l’interdiction de l’avortement dépend du Parlement polonais. Après une première lecture, la proposition a été transmise le 23 septembre 2016 à la Commission Justice et Droits de l’homme où la discussion se poursuivra. La version finale du texte pourrait toutefois être substantiellement différente du projet initial. 

  • France : les sites web anti-IVG bientôt interdits ?

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    D'Olivia de Fournas sur le site de l'hebdomadaire Famille Chrétienne

    Les sites web anti-IVG bientôt interdits ?

    EXCLUSIF MAG – La ministre Laurence Rossignol entend créer un « délit d’entrave numérique » pour écarter les sites qui proposent des alternatives à l’avortement. Une atteinte à la liberté d’expression.

    La guerre est ouverte entre le gouvernement et les militants pro-vie. Depuis quelques semaines, les deux camps se livrent à une véritable guerre de communication sur l’avortement. Des offensives originales, émanant de jeunes maniant avec dextérité les codes du Web, déstabilisent les féministes soixante-huitardes du Planning familial, dépassées par la ténacité des défenseurs de la vie. Pour contrer ces trublions et aller vite alors que le projet de loi « Égalité et citoyenneté » avait été discuté à l’Assemblée nationale et devait être débattu le 4 octobre au Sénat, la ministre des Familles, de l’Enfance et du Droit des femmes a voulu y insérer, le 28 septembre, un amendement pour le moins étonnant : le « délit d’entrave numérique ». Cette mesure pénale, proposée par Laurence Rossignol, vise directement les sites offrant une alternative à l’avortement, comme ivg.net, AfterBaiz, sosbébé d’Alliance Vita,les Survivants, ou encore la Fondation Lejeune. En diffusant des informations soi-disant fallacieuses, ces sites nuiraient aux femmes qui veulent avorter.

    En son temps, le « délit d’entrave » avait été promulgué pour lutter contre les commandos qui empêchaient physiquement aux services d’IVG de fonctionner. Comme les moyens d’action passent désormais par Internet, on veut créer aujourd’hui un « délit d’entrave numérique », mais de manière pernicieuse. Parce que Laurence Rossignol ne pouvait pas frontalement interdire les contenus des sites, au nom de la liberté d’opinion, elle s’attaque à leur absence de lisibilité. Ceux qui diffusent sur l’IVG des « allégations, indications ou présentations faussées et de nature à induire intentionnellement en erreur, dans un but dissuasif », pourraient être passibles de 30 000 euros d’amende et deux ans de prison. « Si les informations de ces sites sont faussées, de mauvaise foi ou destinées à induire en erreur, rien n’impose d’emprunter la voie répressive », réagit l’avocat Erwan Le Morhedec, alias Koztoujours, dans une tribune du FigaroVox. « Cela peut être constaté par une simple procédure civile qui pourra enjoindre aux sites de cesser de le faire. Choisir la voie pénale est un message : il est destiné à faire peur. »

    Museler les sites pro-vie

    La ministre s’inquiète surtout que ceux qu’elle qualifie de « propagateurs de fausses informations » génèrent plus de trafic que le site officiel du gouvernement. Ce dernier a même payé pour que ivg.gouv.fr soit référencé dans les moteurs de recherche devant ivg.net, un site pro-vie ! Car il suffit de cliquer sur les sites concernés pour constater qu’ils sont loin d’être issus de « groupuscules extrémistes », comme on peut le lire sur Twitter. Quant à leur contenu, il correspond juste à une partie de la réalité que Mme Rossignol ne veut pas regarder en face. « Je vous mets au défi de trouver une information fausse sur mon site », assure Émile Duport, fondateur d’AfterBaiz, site mis en place « pour répondre aux questions intimes que les jeunes se posent sur leur vie sexuelle ». Même son de cloche auprès de la fondatrice de ivg.net : Marie Sentis « ne comprend pas cette hargne », alors qu’elle a monté son site dans le seul but « d’écouter et d’aider les femmes en situation de détresse ».

    La course au tout-avortement

    Comment en est-on arrivé à une telle mesure liberticide ? Depuis 2012, le tout-avortement est devenu une priorité du quinquennat. Après la suppression de la notion de détresse et celle du délai de réflexion, la délivrance par les infirmières scolaires et les sages-femmes de produits abortifs, le gouvernement a voulu ériger l’avortement en droit fondamental.

    Quand une femme se pose des questions et tape le mot-clé « IVG » sur Internet, elle ne pourra pas être renseignée sur toutes les possibilités de garder son enfant, ni être informée des éventuelles séquelles d’un avortement. Le gouvernement entend, en fait, limiter la liberté d’expression à une seule opinion : la sienne. Si on ne peut même plus en parler, le sujet devient tabou.

    Museler ceux qui ne sont pas d’accord, est-ce l’objectif du gouvernement ? « En devenant subjectif, ce délit peut porter atteinte de façon disproportionnée à la liberté d’expression », décrypte Grégor Puppinck, docteur en droit et directeur du Centre européen pour le droit et la justice (1). « Si on arrive à interdire de s’exprimer sur les conséquences de l’avortement, on entrera complètement dans la police des idées et dans la dictature d’une vision totalitaire sur l’avortement », a pour sa part réagi Mgr André Vingt-Trois, archevêque de Paris.

    Vers un nouveau forcing législatif ?

    L’État ne devrait-il pas plutôt se préoccuper de faire baisser le nombre d’avortements, qui demeure, selon le dernier sondage Alliance Vita/Ifop, une « situation préoccupante » pour 52 % des Français ? Ces 218 000 avortements pour 810 000 naissances, ces femmes « dont la plupart sont seules et en détresse », selon Marie Sentis, n’ont pas l’air de poser de problème à la ministre Laurence Rossignol.

    « Comment mettre en place une politique de prévention, une meilleure éducation sexuelle, affective et physiologique, pour éviter l’avortement, s’il est présenté comme un droit fondamental ? Il est absurde de prévenir l’exercice d’un droit. L’ensemble des mesures adoptées par ce gouvernement en matière d’IVG visent à faire passer ce "mal toléré" pour un "bien"», ajoute Grégor Puppinck. D’ailleurs, si jamais cette mesure passait, le juriste affirme que la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) la censurerait, comme elle vient de le faire contre l’Allemagne, affirmant que la critique de l’avortement bénéficie d’un haut degré de protection en démocratie. La Fondation Lejeune, elle, a déjà annoncé qu’elle « irait en justice » si jamais les contenus de son site, élaborés par des scientifiques, étaient contestés.

    De son côté, Émile Duport, qui prépare une « contre-offensive d’envergure dans les jours à venir » et dont le site AfterBaiz annonce 40 % de trafic supplémentaire depuis qu’il est sur la sellette, souhaite « bon courage au gouvernement pour brider les frondeurs du Web, alors qu’il ne parvient même pas à stopper les pirates ». Il explique que l’information passerait quoi qu’il advienne, notamment via les réseaux sociaux. Sans parler de l’incohérence d’un gouvernement qui crie à la neutralité, « tout en entretenant sur le site gouvernemental une propagande pro-IVG réalisée sur les deniers publics ».

    Le Sénat a invalidé l’amendement le 29 septembre au motif qu’il n’avait pas de lien avec le projet « Égalité et citoyenneté ». Le gouvernement tentera-t-il le forcing législatif ? À moins qu’il ne trouve d’autres moyens encore pour éradiquer les sites qu’il considère « toxiques».  

    Polémique sur le « Manuel bioéthique »

    Le 28 septembre, Laurence Rossignol a accusé le Manuel bioéthique des jeunes de la Fondation Lejeune d’être un « document de propagande ». Ce fascicule, destiné à « remettre en perspective la réalité des faits biologiques et leurs implications éthiques », aborde l’avortement. Rédigé par un comité d’experts scientifiques et juridiques en 2006 et régulièrement remis à jour, il est considéré comme un ouvrage de référence pour la réflexion bioéthique et utilisé dans certains établissements privés. L’Enseignement catholique publiait dès le lendemain un communiqué de soutien, affirmant qu’il était « parfaitement légitime » que les établissements catholiques « soient habités par une vision chrétienne de la personne et de la société ». La Fondation Lejeune pourrait porter plainte pour diffamation.

    (1) Grégor Puppinck a dirigé la rédaction de Droit et prévention de l'avortement en Europe, à paraître en novembre 2016 (LEH édition).

     
  • Amoris Laetitia : de nouvelles analyses

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    L'Homme Nouveau publie des extraits d'une étude parue dans la revue Sedes Sapientiae signée Vincentius : "L’imputabilité du péché mortel dans l’exhortation apostolique Amoris lætitia".

    Le père Louis-Marie de Blignières, fondateur de la Fraternité Saint-Vincent-Ferrier, a réalisé de son côté une étude critique sur le chapitre 8 de l’Exhortation apostolique Amoris Laetitia.

  • Un lien entre contraception et dépression ?

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    UNE ÉTUDE POINTE UN LIEN ENTRE CONTRACEPTION ET DÉPRESSION

    synthèse de presse bioéthique de genethique.org

    « Les femmes qui prennent la pilule ont un risque plus élevé de dépression », conclut une étude danoise publiée dans le JAMA Psychiatry.

    Charlotte Wessel Skovlund de l’Université de Copenhague et son équipe ont analysé des données concernant un million de femmes âgées de 15 à 34 ans, sans antécédents de dépression, et dont plus de la moitié ont pris une contraception hormonale au cours de l’étude.

    Leurs recherches montrent que « la prise de contraceptifs oraux augmente de 23% le risque relatif de prescription d’antidépresseur ou de diagnostic de la dépression ». Pour la pilule progestative, ce risque est de 34 %, pour le patch contraceptif de 100%, pour l’anneau vaginal de 60%, et pour le stérilet hormonal de 40%.

    Par ailleurs, le risque de dépression varie avec l’âge : les adolescentes sont plus touchées et ont un risque de dépression accru de 80% avec les contraceptifs oraux combinés, et de 120% avec la pilule progestative.

    Les commentaires tempèrent ces résultats, qui prouvent une « association », et non un lien de cause à effet, entre contraception et dépression. Mais ces données incitent « bien évidemment, à poursuivre les recherches ». Car « si ce résultat était confirmé, la dépression pourrait être ajoutée au nombre des effets secondaires de la contraception hormonale ».

    Sources: Santélog (01/10/2016); Psychomedia (30/09/2016)

  • France : Alliance Vita mobilise contre la censure gouvernementale

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    Du site d'Alliance Vita :

    IVG : non à la censure gouvernementale

    Le gouvernement s’est lancé dans une bataille pour museler et censurer les opposants à l’avortement en ciblant les sites qui informent les femmes sur les alternatives à l’IVG.

    Non content de les menacer d’un « délit d’entrave numérique à l’IVG », il se permet, par son propre « site officiel », de faire dire à un prétendu expert qu’il n’y a pas de séquelles psychologiques à long terme après un avortement. Pire, nous avons la preuve que les répondants officiels de ce service orientent des femmes enceintes vers un avortement illégal à l’étranger jusqu’à 22 semaines (alors que le délai français est de 12 semaines !).

    Nous demandons à Madame la Ministre Laurence Rossignol :

    ♦ le retrait immédiat de la menace du « délit d’entrave numérique » qui pèse sur les associations qui proposent des solutions alternatives à l’IVG

    ♦ l’arrêt de toute propagande mensongère sur le site internet officiel du gouvernement et de toute complicité gouvernementale avec des filières d’avortement à l’étranger

    ♦ la diffusion des informations sur les aides financières et sociales aux femmes enceintes consultant en vue d’un avortement pour que l’avortement ne soit pas une fatalité et leur permettre de conduire leur grossesse jusqu’à son terme.

    Il est irresponsable de cacher la réalité d’un acte qui n’a rien d’anodin dans la mesure où c’est toujours le destin de vies humaines qui est en jeu.

    Ensemble, faisons reculer la fatalité de l’avortement.

    Je signe la pétition

     
  • Théorie du genre : le Pape a raison de dire que l'endoctrinement se fait sournoisement

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    Lu sur lefigaro.fr (Figaro Vox - Alexis Feertchak) :

    Bérénice Levet : «Le système scolaire tout entier est imprégné des fondements de la théorie du genre

    FIGAROVOX/ENTRETIEN - Le pape François a dénoncé la présence de la théorie du genre dans les manuels scolaires, ce qui a provoqué la «colère» de Najat Vallaud-Belkacem. Pour la philosophe Bérénice Levet, cette idéologie est bien présente à l'école.


    Bérénice Levet est docteur en philosophie et professeur de philosophie au Centre Sèvres. Son dernier livre La théorie du genre ou le monde rêvé des anges, publié chez Grasset en novembre 2014, vient de sortir dans une version «Poche» chez Hachette avec une préface inédite de Michel Onfray.


    FIGAROVOX. - Dimanche 2 octobre, le pape s'en est pris «au sournois endoctrinement de la théorie du genre» que propageraient les manuels scolaires. La théorie du genre existe-t-elle en tant qu'idéologie?

    Bérénice Levet. - La théorie du genre? Ça n'existe pas, nous tympanise-t-on, à commencer par Najat Vallaud-Belkacem. La seule expression légitime serait «études de genre» qui aurait pour avantage de respecter la pluralité des travaux. Mais pour qu'il y ait des études de genre, encore faut-il que ce petit vocable de genre ait été conceptualisé, théorisé. Or, lorsque nous parlons de théorie du genre, nous n'affirmons rien d'autre. Judith Butler se définit elle-même comme théoricienne du genre. Il a été forgé afin d'affranchir l'identité sexuelle du sexe biologique. Au commencement est la neutralité, en quelque sorte, et seule la machine sociale vous «assigne» à une identité - ce que l'on retrouve dans les manuels.

    Il faut bien comprendre que le vocable de «genre» ne sert pas simplement à distinguer le donné naturel et les constructions culturelles, mais à les dissocier. Simone de Beauvoir est restée, aux yeux des promoteurs du genre, comme en retrait par rapport à sa propre intuition. Lorsqu'elle dit «On ne naît pas femme, on le devient», le Genre lui réplique, puisqu'on ne naît pas femme, pourquoi le deviendrait-on? En l'absence de tout étayage dans la nature, on doit se jouer de toutes les identités sexuées et sexuelles. «Le travesti est notre vérité à tous», dit Judith Butler. Ce petit vocable de genre soutient en outre - et c'est là qu'il est instrument de lutte - que les différences sexuelles sont construites mais construites par des mâles blancs hétérosexuels donc selon un ordre exclusivement inégalitaire.

    Voilà le message qui est délivré à la jeunesse. «Le sexe biologique nous identifie mâle ou femelle, ce n'est pas pour autant que nous pouvons nous qualifier de masculin ou de féminin»,apprennent les lycéens dans le manuel Hachette. Pour aiguiser leur rage, les convertir à la cause de la déconstruction, il convient de les convaincre que ces représentations inégalitaires.

    On raille le Pape, parce qu'il ne suffirait pas d'apprendre ces axiomes pour ipso facto aspirer à changer de sexe. Sans doute et la différence des sexes ayant un fondement dans la nature, contrairement à ce que soutient le Genre, tout comme l'hétérosexualité, quand même on cherche à les chasser, elles reviennent au galop, mais l'enfant ou l'adolescent est un être fragile, si on le persuade que tout est construit, alors la tentation est grande de s'essayer à toutes les identités et toutes les sexualités. La question dans les cours de lycées est désormais: «Alors, tu es bi, hétéro, homo?». Je rapporte dans mon livre des paroles d'adolescents qui nourrissent un véritable sentiment d'infériorité de se sentir «désespérément» hétérosexuels.

    Le Pape a raison de dire que l'endoctrinement se fait sournoisement, car le Genre avance toujours masqué: c'est au nom de l'égalité, du respect des différences, que s'opère la déconstruction du masculin et du féminin. C'est au chapitre «l'égalité homme-femme», ou plutôt selon l'injonction de Najat Vallaud-Belkacem, «l'égalité femme-homme» , que l'élève apprend que le masculin et le féminin sont de pures conventions, et qu'il lui appartient de s'en délier. Le Genre se veut notre nouvel Évangile, il vient nous annoncer la bonne nouvelle que les identités sexuées et sexuelles n'étant que des constructions, elles peuvent être déconstruites. L'enseigner dans les établissements scolaires, c'est fabriquer une armée de soldats de la déconstruction.

    Les propos du pape François sont forts. Il parle notamment de «guerre mondiale pour détruire le mariage» et de «colonisation idéologique» destinée à «changer les mentalités». Comprenez-vous ces mots historiquement lourds de sens?

    Ils ont une vérité. Le projet de «changer les mentalités» définit le programme des progressistes depuis la décennie soixante-dix.

    Le Genre travaille à disqualifier les représentations du masculin et du féminin qui sont des significations partagées, héritées, et qui cimentent une société. Le Genre est le dernier avatar de cette grande offensive menée contre la civilisation occidentale depuis les années soixante par le structuraliste Michel Foucault ou Jacques Derrida. La filiation est d'ailleurs revendiquée par les adeptes du Genre.

    Les formulations du Pape sont sans doute excessives mais là encore il y a une certaine vérité. Le genre est un militantisme, et la gauche y est acquise ainsi qu'une bonne partie de la droite. En étendant le mariage à des couples de même sexe, la loi Taubira en destituait le sens, qui n'est pas de consacrer l'amour mais la procréation et la filiation. Et dessinait le cadre pour une reconnaissance de la «filiation»aux homosexuels.

    Quant à la colonisation idéologique, les promoteurs du Genre entendent bien investir les esprits à travers le monde, semer le trouble dans le Genre, c'est-à-dire dans les identités sexuées, et défaire le Genre - pour reprendre les titres programmatiques de deux ouvrages de Judith Butler - et bon nombre de pays d'Amérique du Sud se laisse séduire.

    Le souverain Pontife a également déclaré: «La théorie du genre continue à être enseignée, alors que c'est contre les choses naturelles». Cette évocation d'une nature humaine est-elle devenue un tabou aujourd'hui?

    En effet. La rébellion contre le donné naturel et le consentement comme fondement de la légitimité définissent le projet moderne. L'homme doit «se rendre comme maître et possesseur de la nature» et les seuls liens légitimes sont ceux que le sujet contracte volontairement. Or, l'identité sexuelle n'est pas choisie par le sujet, elle est donc perçue comme oppressive. Naître, c'est recevoir, recevoir un corps, une histoire, un passé hypertrophie de la volonté. Nous sommes endettés par nature, dit magnifiquement l'anthropologue Marcel Hénaff.

    Cette récusation de toute forme de donné naturel nous voue à une abstraction dont Merleau-Ponty nous invitait à méditer les conséquences pour la condition humaine: «Une ontologie qui passe sous silence la Nature s'enferme dans l'incorporel et donne, pour cette raison même, une image fantastique de l'homme, de l'esprit et de l'histoire».

    La nature ne décide pas de tout cependant. «On naît femme et on le devient».

    Najat Vallaud-Belkacem a réagi au micro de France Inter. Elle s'est dite «peinée» et «très en colère» par ces paroles «légères et infondées». Elle a précisé qu'il n'y avait pas de «théorie du genre - qui d'ailleurs n'existe pas - dans ces livres». Que pensez-vous de la réaction du ministre de l'Éducation nationale?

    Comme toujours avec Najat Vallaud-Belkacem, justifiant par là même le surnom de Pimprenelle que lui a donné François Hollande, elle croit endormir les consciences en pratiquant la dénégation systématique.

    Elle sait parfaitement que les postulats du Genre sont enseignés dans les établissements scolaires. Elle aurait même pu se défausser en incriminant un de ses prédécesseurs, Luc Chatel. C'est en effet sous la présidence de Nicolas Sarkozy, en 2011, que l'enseignement du Genre a été introduit dans les manuels de «Sciences de la Vie et de la Terre» des classes de Premières.

    Les spécialistes du déni nous objectent que le Genre n'est pas enseigné à l'école primaire, au collège puisque le mot ne figure nulle part. Peut-être, mais là n'est pas la question, ce qui est bel et bien diffusé, ce sont les postulats du Genre, et pas seulement dans et par les manuels. Les livres lus dès le Primaire, dont les élèves doivent rédiger une fiche de lecture, en sont les émissaires. C'est d'ailleurs, ce qui m'avait conduite à me pencher sur cette question du Genre, lorsqu'en 2012, mon neveu qui était alors en classe de CM1, est rentré de l'école avec pour devoir la rédaction d'une fiche de lecture consacrée à un ouvrage de David Wallians, Le Jour où je me suis déguisé en fille. Cet ouvrage d'une indigence littéraire qui aurait dû suffire à l'écarter d'une institution censée transmettre la langue et l'art d'écrire - mais les lectures scolaires n'ont plus d'autres finalités que de former des indignés et surtout pas des héritiers -, véhiculait un des axiomes majeurs du Genre: l'identité sexuée, le masculin et le féminin ne sont que des conventions, des normes imposées, travaillant précisément à «normaliser» les individus. Le Genre et la gauche s'emploient ainsi à déconstruire, à défaire les représentations, les significations qui cimentent une société. Sans doute le masculin et le féminin sont-ils, en partie, dans la continuité du donné naturel cependant, construits - chaque civilisation compose sa propre partition sur cet invariant - mais ces représentations constituent un lieu commun au sens littéral, les membres d'une même société s'y retrouvent, elles tissent un lien. Observons que cette même gauche n'a qu'un mot à la bouche «créer du lien social».

    Najat Vallaud-Belkacem invite le Pape à consulter les manuels scolaires, non seulement il vérifiera que l'idéologie du Genre imprègne bien les chapitres consacrés à l'égalité des sexes, mais surtout, lorsqu'il parle de manuels, il entend assurément les programmes scolaires dans leur entier. Bon nombre de professeurs n'ont guère besoin de directives ministérielles pour inscrire à leur programme des ouvrages qui sont les vecteurs de cette idéologie. Les spectacles destinés aux écoles sont également édifiants.

    Najat Vallaud-Belkacem a rappelé qu'elle avait déjà rencontré le pape et qu'elle était pleine de «respect» à son endroit. Comment comprenez-vous cette ambivalence de la gauche qui admire le pape François sur les sujets sociaux, économiques, migratoires et écologiques, mais le condamne sur les questions sociétales?

    Ambivalence du Pape non moins, si vous me le permettez. Le Genre et l'idéologie sans-frontiériste, à laquelle le Pape demande aux nations européennes de se convertir en matière d'immigration, relèvent de la même logique: le combat contre le principe de limite, de frontière - frontière entre les nations comme entre les sexes, refus des limites que nous fixe la nature.

    Toutefois, les déclarations du Pape contre le Grand Capital séduisent assurément la gauche mais l'accord se fait sur l'écume, non sur les fondements. L'anthropologie chrétienne est une anthropologie de la finitude. L'homme est créature de Dieu, pour le chrétien, il n'est pas, comme le sujet moderne, au fondement de lui-même. L'individu comme absolu est étranger à la philosophie vaticane.

    Lire aussi : François et la théorie du genre : surprise, le pape est... catholique !

  • Vient de paraître : Magazine « Vérité et Espérance-Pâque Nouvelle » : n° 100, automne 2016

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    Le magazine trimestriel « Vérité & Espérance – Pâque Nouvelle » édité par l’association « Sursum Corda » (responsable de l'église du Saint-Sacrement à Liège) a publié sa livraison d'été. Tiré à 4.000 exemplaires, ce magazine abondamment illustré parcourt pour vous l’actualité religieuse et vous livre quelques sujets de méditation (les articles mentionnés ci-dessous en bleu sont disponibles en ligne sur le blog de l’église du Saint-Sacrement: cliquez sur le titre de l’article).

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    Au sommaire de ce numéro n° 100 (automne 2016) : 

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    Brève histoire du sacrement de pénitence (II)

    Anima Christi

    Notes de lecture :

    Les racines juives de la messe – le Testament du Roc

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    Rome et le monde : 

    France : deux attentats islamistes endeuillent les vacances

    Le sacrifice du matin

    Aux JMJ de Cracovie : le pape appelle les « jeunes divans » à la fraternité multiculturelle

    Benoît XVI : Dernières Conversations

     

    Belgique:

    Fraternité des Saints Apôtres : la décision qui fâche

    15 juillet : le nouvel archevêque de Malines-Bruxelles décrète la dissolution de la Fraternité des Saints Apôtres

    Quelques réactions dans la « cathosphère »

    La dissolution de la Fraternité des Saints Apôtres et l’obéissance à l’Eglise

     

    Secrétaires de Rédaction : Jean-Paul Schyns et Ghislain Lahaye

    Editeur responsable: SURSUM CORDA a.s.b.l. ,

    Vinâve d’île, 20 bte 64 à B- 4000 LIEGE.

    La revue est disponible gratuitement sur simple demande :

    Tél. 04.344.10.89  e-mail : sursumcorda@skynet.be 

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    JPSC

     

  • Les propos du pape sur la théorie du genre sont encourageants

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    Lu sur le site de l'hebdomadaire Famille Chrétienne (Hugues Lefèvre):

    Ludovine de La Rochère : « Les propos du pape sur le gender sont un encouragement »

    De retour de son voyage en Géorgie et en Azerbaïdjan, le pape François a dénoncé avec virulence la « colonisation idéologique » de la « théorie du genre », citant l'exemple d'un « papa français » qui s'est « rendu compte que dans les livres du collège, on enseignait la théorie du genre ». Ludovine de la Rochère, présidente de la Manif pour tous1, revient sur ces déclarations.

    Comment réagissez-vous aux propos du pape François sur le gender ?

    C'est un encouragement très fort qui vient récompenser le combat que nous menons depuis des années. Nous savons bien qu'en France, nous sommes confrontés à une politisation et une idéologisation des programmes scolaires, en particulier sur la question du genre. Elles sont manifestes et ont pris une ampleur stupéfiante. Dans les manuels de Première, il y a un chapitre intitulé « Devenir homme ou femme », mis en place par Luc Chatel. Les éditeurs ont traité le sujet non pas du point de vue de l'étude de l'aspect social – le genre – et de l'aspect biologique de l'identité sexuelle, mais en installant une confusion très grande entre les deux.

    On connaît tous l'insistance de Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l'Éducation nationale, sur l'égalité homme-femme qui est en fait confondue avec l'idéologie du genre. Cette idéologie explique qu'hommes et femmes ne sont pas différents. Sous prétexte d'égalité, on efface les différences. Or nous sommes égaux mais différents.

    Selon vous, le livre dont parle le pape François est celui de Première ?

    Je pense que c'est plus large. Il a aussi été mis en place l'ABCD de l'égalité, auquel a succédé le Plan égalité. Sur le site internet vigi-gender.fr, vous avez un très grand nombre de photos de manuels, de recommandations diverses et variées de certains enseignants à l'attention de leurs élèves qui sont surprenantes. Par exemple, en éducation morale et civique, on trouve dans les ouvrages recommandés pour les enfants, une très forte remise en cause qui consiste schématiquement à dire aux enfants : « Es-tu sûr que tu es un garçon ou une fille ? Ce n'est pas parce que tu as un zizi que tu es un garçon ». Nous nous battons contre ça. Au lieu d'aider l'enfant à se construire, on remet en doute ce qu'il est.

    Par ailleurs, on voit une obsession à parler aux enfants des comportements sexuels. Cela fait partie des objectifs officiels des associations LGBT. Je vous donne cette revendication sidérante que l'on peut trouver sur leur site internet : « Mettre en place une éducation à la sexualité prenant en compte la question du genre et de l'homosexualité féminine, masculine, ainsi que de la bisexualité et une éducation à la vie affective dès l'école primaire, adaptée à l'âge des élèves, et prenant en compte les multiples champs de cette question : affective, sociale, culturelle, éthique… ». Vous voyez bien qu'on est là dans une hypersexualisation de la société, avec un objectif d'imprégnation des enfants.

    Sur France Inter, Najat Vallaud-Belkacem a dénoncé les « intégristes » qui ont « embarqué le pape dans leur folie mensongère ». Que lui répondez-vous ?

    C'est l'éternel et unique argument de Najat Vallaud-Belkacem. C'est une défense qui emploie les méthodes d'extrême gauche. Madame Vallaud-Belkacem, au lieu de répondre sur le fond du débat, est dans le déni absolu de l'idéologie du genre. L'autre technique utilisée consiste à jeter l'anathème, traiter les autres de radicaux, de violents, d'extrémistes. C'est le refus du débat, l'absence d'arguments. Elle a toujours refusé de débattre avec moi. Elle ne peut pas assumer d'ouvrir un manuel et commencer une analyse.

    Le pape François a parlé samedi de « guerre mondiale » contre le mariage. Vous partagez ses propos ?

    Oui ! Il y a une guerre contre le mariage et nous la vivons quotidiennement. Ce n'est pas une guerre où on assassine mais une guerre des idées. C'est un combat où les victimes sont des enfants mis en doute dans leur identité et qui ne peuvent qu'en être troublés. Au lieu d'être sereins sur ce qu'ils sont et avancer à la découverte du monde, ils risquent d'être centrés sur des questions existentielles et infiniment difficiles.

    Le pape François rappelle également que la question du genre et ce qu'elle implique – des mariages et des procréations déconnectés de la sexualité – est un combat qui concerne beaucoup de pays. Je pense que depuis quatre ans, la France a un rôle important, celui d'encourager les autres pays pour se défendre, comme on le voit avec le Mexique ces dernières semaines.

    1. La Manif pour tous organise une grande manifestation nationale le 16 octobre à Paris.

  • Revisiter l’Histoire de l’Église pour la confronter aux accusations qu’elle subit

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    Du site de l'Homme Nouveau :

    L'Église, un génie ignoré

    Rédigé par Raphaëlle Lespinas le dans Culture

    L'Église, un génie ignoré

    Historien, Olivier Hanne consacre son dernier livre, paru aux Éditions de L’Homme Nouveau, à revisiter l’Histoire de l’Église pour la confronter aux accusations qu’elle subit périodiquement. Œuvre très personnelle, Le Génie historique du catholicisme surprendra par la ligne de crête qu’il essaie de tenir. Entretien avec l'auteur.

    Vous venez de publier Le Génie historique du catholicisme, pourquoi ce livre ?

    Olivier Hanne: J'ai donné des cours d'histoire de l'Église pendant dix ans dans des séminaires, des sanctuaires et des instituts catholiques. Et j'ai toujours été surpris par l'ignorance sur les grandeurs apportées par l'Église dans la civilisation européenne. Il semblait souvent pour les gens que le catholicisme avant le XXe siècle n'était qu'une forme de totalitarisme sournois. On négligeait tous ses apports pour la pensée, l'équilibre des pouvoirs, la place de la personne, des femmes, etc. 

    Quels sont les grands thèmes abordés dans votre livre ?

    J’aborde cinq thèmes qui ont tous, de près ou de loin, rapport avec la contrainte qu’a – ou qu’aurait – exercé l’Église par le passé. Le premier chapitre aborde donc la violence physique et militaire au service de l’Église, et notamment la question des croisades et des guerres de religion. Le second s’intéresse à la violence intellectuelle que le clergé aurait exercée contre les savants et toute forme de rationalité, au profit du dogmatisme et de la manipulation doctrinale. La troisième partie aborde l’intolérance catholique à l’égard des autres religions ou des groupes minoritaires, avec la question inévitable de l’Inquisition. La quatrième partie traite du caractère antidémocratique de l’Église, à la fois dans son organisation interne et dans sa préférence pour les régimes monarchiques ou autoritaires. Enfin, le cinquième point traite de son mépris pour les libertés individuelles, qu’il s’agisse des femmes, de la sexualité et, plus généralement, de sa conception de la personne humaine, que l’on juge souvent obscurantiste.

    Avez-vous écrit ce livre parce que vous êtes croyant ?

    Je n’ai pas écrit ce livre parce que je suis croyant. Je l’ai écrit pour rétablir un certain équilibre dans le récit qui est fait de l’Histoire de l’Église, non pas d’abord dans les universités, parce que l’on trouve dans les ouvrages scientifiques toute une série de nuances, mais dans le vocabulaire médiatique, dans lequel on trouve rarement d’équilibre argumentatif à ce sujet. Ce n’est donc pas une défense de l’Église, c’est une argumentation équilibrée sur l’Histoire de l’Église.

    Ni polémique ni apologie, la démarche de votre livre se veut autre. Est-ce à dire que l'apologie et la polémique sont deux écueils pour la pensée ?

    Ce sont deux écueils et un même excès dans la réflexion : l'excès critique ou l'excès de conviction qui ne sait plus hiérarchiser les informations ni aborder une question sans distance personnelle. La théologie catholique, au contraire, a toujours traité le contenu des Écritures et de la doctrine avec une empathie spirituelle mais aussi une acuité rationnelle, double attitude parfaitement incarnée par saint Thomas d'Aquin, mais aussi par Jean-Paul II qui, pour le jubilé du nouveau millénaire, avait voulu que l'Église regarde son histoire avec lucidité, sans concession.

    Comment définiriez-vous le « génie historique du catholicisme » ?

    C’est cette capacité absolument extraordinaire et permanente qu’a eue l’Église de se remettre en question, d’avancer et de faire croître son acquis théologique, social et culturel et cette croissance ne s’est jamais interrompue malgré ce que l’on a pu dire. Il y a des avancées permanentes, et notamment, lorsqu’un contexte pose une question majeure à l’Église, celle-ci non seulement y répond, mais élargit toujours le débat bien au-delà, pour aller se poser des questions fondamentales que la société n’a pas voulu se poser.

    Pouvez-vous donner un exemple concret dans l’Histoire de ce que vous appelez le génie du catholicisme ?

    Ce génie est frappant dans le rapport à la personne et à la conscience. Dans l’analyse contemporaine, notamment celle de Heidegger, l’homme ne devient un sujet que dans la mesure où le monde est pour lui une image, une représentation que son esprit crée et reconnaît. Chez les moines du XIIe siècle, le monde était une création perceptible par l'intelligence, mais surtout par le corps, car le monde était macrocosme et l'homme microcosme. Une sympathie de nature les unissait, malgré leurs distinctions. Et c’est dans le constat de ces différences que l’homme se découvrait lui-même. La chair était un véhicule de connaissance du réel. Quant à Dieu, la foi et l’intelligence étaient les moyens privilégiés pour le connaître. Contrairement à la philosophie moderne, l’homme ne s’identifiait pas lui-même en faisant de Dieu une image extérieure, mais en reconnaissant en lui-même l’image intérieure de Dieu. La pensée catholique était unifiante et déifiante ! N'est-ce pas le reflet d'un génie historique ?

    Pourquoi l’Église est-elle si fréquemment l’objet de polémiques ?

    Je me permettrais de citer Jeanne d'Arc : « De Jésus-Christ et de l'Église, m'est avis que c'est tout un ». On attaque l'Église comme on le fait du Christ, mais avec plus de facilité toutefois, car l'Église a une incarnation de deux millénaires, elle est une « personne morale » unifiant des milliards de personnes physiques à travers l'histoire, dont elle assume les fautes. Chacun de nos péchés compromet donc la communauté entière aux yeux du monde. Mais ces polémiques sont bien le signe - rassurant d'une certaine manière - que l'Église complète la passion du Christ par son histoire et sa vie.

    À qui s’adresse ce livre ?

    Vraiment à tout amateur d'Histoire, et à tout chrétien qui veut comprendre le sens catholique de l'Histoire : comment l'Église a-t-elle incarné dans le temps les appels de la Providence ? C’est un ouvrage qui se veut un ouvrage de vulgarisation historique et argumentatif pour le grand public.

    Vous avez écrit ce livre d’abord comme historien et non comme croyant, ainsi que vous nous l’avez déjà expliqué. Mais comme croyant, justement, que vous a apporté la rédaction de ce livre ? Ce travail a-t-il changé votre regard sur l’Église ?

    La rédaction de ce livre a fait grandir en moi l'affection pour l'Église, mais aussi une certaine tristesse de la savoir si méconnue, si mal comprise, parfois par ses propres membres...

    Y a-t-il un personnage de l’Histoire de l’Église, pontife, saint, etc., que vous ayez découvert ou redécouvert par votre travail et qui vous ait particulièrement marqué ?

    J'ai fait ma thèse sur Innocent III, et je suis toujours frappé par la profondeur intellectuelle et spirituelle de ce pontife qui, malgré ses erreurs dans le domaine politique, fut un grand personnage, capable de s'opposer aux princes et au roi Philippe Auguste au nom des principes de l'Évangile, ainsi sur le mariage... 

    Quelle vous semble être l’attitude juste du croyant par rapport à ce que l’on peut objectivement considérer comme étant des erreurs ou excès de l’Église ?

    La seule attitude légitime sur le plan intellectuel face à l'Histoire est de n'employer que les critères de jugement des hommes du passé : on ne peut poser de jugement moral qu'en fonction des mœurs d'antan. J’ai voulu proposer un ouvrage qui associerait les méthodes scientifiques de critique et d’étude des sources, et une bienveillance envers les phénomènes religieux propres à mieux comprendre les réalités vécues par nos prédécesseurs. Peut-être naïf, je voulais regarder le passé avec un scrupule universitaire mais une empathie assumée pour mes frères et sœurs dans la foi, morts il y a des siècles. Il ne s’agissait pas de taire les épisodes douloureux comme les fameuses croisades, mais de tenter de cerner à chaque situation scandaleuse pour nos mœurs du XXIe siècle la logique spirituelle qui avait conduit l’Église, le clergé ou les croyants à faire des choix incompréhensibles, voire condamnables. Il fallait donc dépasser la morale pour aborder l’Histoire, se débarrasser des a priori, des anachronismes, du manichéisme si cher à nos sociétés, afin de mieux interroger le passé et ses iniquités, et répondre à nos soupçons actuels : l’Église a-t-elle été une « maîtresse d’intolérance », comme je l’ai parfois entendu ? Une telle approche, sans doute illusoire, avait un leitmotiv : l’Histoire est amorale. Ni immorale, ni puritaine, ni européocentrée, ni laïciste : amorale. 

    Olivier Hanne, Le Génie historique du catholicisme, Éd. de L’Homme Nouveau, 426 p., 23,50 €.

  • Les paroissiens de Sainte-Catherine et amis de la Fraternité des Saints Apôtres répondent au communiqué de Mgr Kockerols

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    Communiqué des paroissiens et amis de l’église Sainte Catherine et de la Fraternité des Saints Apôtres en écho au communiqué de Mgr Kockerols, Evêque auxiliaire de Bruxelles diffusé ce 28 septembre 2016 sur Cathobel.be

    Les paroissiens, les amis de Sainte-Catherine et de la Fraternité des Saints Apôtres sont heureux de lire que les prêtres de la fraternité (dissoute) sont tous confirmés dans leur apostolat à l’église Sainte-Catherine et Saint-Joseph. C’est là une reconnaissance explicite par nos évêques du travail fructueux qu’ils y ont accompli depuis 2 ans, avec leurs frères séminaristes qui, quant à eux, ont été expulsés de la Belgique, ce qui reste une immense peine et blessure pour tous.  

    Ils sont également heureux de lire que les prêtres peuvent continuer de vivre en communauté, ce qui prouve également que nos évêques reconnaissent la valeur et la grâce de la fraternité qui a porté leur ministère jusqu’à ce jour.

    Ils s’étonnent que le communiqué précise qu’« ils font pleinement partie du presbyterium du diocèse et à ce titre, sont conviés aux rencontres décanales, vicariales et diocésaines », alors qu’ils en sont membres depuis leur ordination et auraient donc dû recevoir à ce titre toutes les invitations adressées aux autres prêtres du diocèse. Des excuses pour ces « omissions » auraient été bienvenues car elles ont entretenu l’idée (injuste) que les prêtres de cette fraternité voulaient s’isoler des autres.

    Ils regrettent également le silence, déni et mépris de l’archevêque face aux quelque 3400 signatures récoltées cet été pour le maintien de la Fraternité des Saints Apôtres en Belgique, et face aux quelque 320 lettres de recours canoniques demandant la suspension et révocation de sa décision de dissolution, parvenus sur son bureau cet été, et qui n’ont reçu aucune réponse de sa part.  Les recours sont désormais remontés à la Congrégation pour le Clergé à Rome. Deux délégués de notre collectif y ont été reçus en haut lieu pour défendre la cause de la Fraternité des Saints Apôtres, et y déposer un ensemble de témoignages, recours, pétitions, articles de presse et rapports en leur faveur. Ils ont dénoncé, arguments à l’appui, que toutes les accusations contre cette fraternité injustement dissoute étaient soit mensongères, soit contestables, soit remédiables, et que l’argument invoqué pour ne plus l’accueillir (15 juin 2016), puis pour la dissoudre (15 juillet 2016) était fallacieux.

    Ils espèrent que leur supplique adressée aux pape, cardinaux, évêques et prêtres concernés, de poser un acte de justice et de miséricorde en réhabilitant la Fraternité des Saints Apôtres au sein de l’Eglise de Belgique sera entendue.

    Ils appellent de tous leurs vœux les évêques de Belgique à abandonner leur politique pastorale de réduction des paroisses, des églises, du culte, du clergé et des vocations, et à choisir celle de la croissance apostolique et de la multiplication, pour que l’Evangile soit annoncé dans tous les recoins de notre diocèse et de notre pays. Et que tous ensemble, nous puissions y travailler dans une unité retrouvée.

    http://www.paroissiensdesaintecatherine.wordpress.com
    e-mail : paroissiensdesaintecatherine@gmail.com

  • Théorie du genre, trans, homos : les propos du pape dans l'avion au retour de son voyage en Azerbaïdjan

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    De Jean-Marie Guénois sur le figaro.fr :

    Le Pape dénonce un manuel français de collège qui promeut la théorie du genre

    Au retour de son voyage en Géorgie et en Azerbaïdjan, le pape François s'est attaqué, devant la presse, à la «colonisation idéologique» de la «théorie du genre» quand elle devient «une doctrine». Mais il a aussi parlé des «transsexuels» et des «homosexuels».

    Au retour d'Azerbaïdjan, le pape François a précisé devant les journalistes qui l'accompagnait ce qu'il avait voulu dire, samedi, en parlant de «guerre mondiale contre le mariage» à propos de la diffusion de la «théorie du genre». Une occasion pour lui de raconter une histoire où il a cité le témoignage d'un père de famille «français» qui a constaté que son enfant de dix ans voulait devenir une «fille»: «Ce que j'ai critiqué [samedi, ndlr] a dit François, est la mal qu'il y a dans le fait d'ériger la théorie du genre en doctrine. Un papa français m'a raconté qu'un soir, en famille (…). Il demande à son fils de 10 ans: ‘que veux-tu faire quand tu seras grand?». «Etre une fille!» lui répond l'enfant. Le papa s'était alors rendu compte que dans les livres du collège, on enseignait la théorie du genre. Ceci est contre les choses naturelles! Pour une personne, une chose est d'avoir cette tendance, cette option, et même de changer de sexe, autre chose est de faire l'enseignement dans les écoles sur cette ligne, pour changer la mentalité. C'est cela que j'appelle la colonisation idéologique.»

    François avait commencé sa réponse par ce rappel: «L'image de Dieu n'est pas l'homme, mais l'homme et la femme, ensemble. Ils sont une seule chair quand ils s'unissent. Voilà la vérité! Quand on détruit cela, on salit l'image de Dieu.» Il avait conclu par cette remarque: «Il y a une guerre mondiale contre le mariage et nous devons être attentifs à ne pas laisser ces idées entrer en nous.»

    «Jésus ne se retire pas et ne dit pas ‘va-t-en' parce que tu es homosexuel»

    A propos des transsexuels, le pape a raconté cette expérience: «J'ai reçu l'année dernière une lettre d'un espagnol qui racontait son enfance. C'était une fille mais il se sentait garçon. Quand il a eu une vingtaine d'années il a confié à sa maman qu'il désirerait faire une opération chirurgicale pour changer de sexe. Sa mère lui a demandé de ne pas le faire tant qu'elle serait vivante. Elle est morte ensuite. Sa fille a fait l'intervention (…). L'évêque l'a accompagné. C'était un bon évêque qui ‘perdait' du temps pour accompagner cet homme. «Il» a changé son identité civile. «Il» s'est marié. Et m'a demandé - «lui» qui était «elle» - de pouvoir venir me voir avec son épouse. Je les ai reçus. Ils étaient contents. Dans le quartier où ils habitaient, vivait un vieux prêtre de plus de 80 ans mais quand le nouveau prêtre voyait ce couple, il leur criait, «vous irez en enfer». Quand ils rencontraient le vieux prêtre, lui leurs disait ‘pourquoi tu ne confesses pas? Viens et tu pourras communier».

    Et François de conclure «Vous comprenez? La vie est la vie. Et les choses doivent se prendre comme elles viennent. Le péché est le péché. Les tendances ou les déséquilibres hormonaux créent tant de problèmes et nous devons être attentifs. Il ne s'agit pas de dire, ‘faisons de même', ‘non, non!' Mais il faut accompagner chaque cas, discerner et intégrer. C'est ce que ferait Jésus aujourd'hui. Mais, s'il vous plait, n'écrivez pas ‘le pape va sanctifier les trans'! S'il vous plait, non! C'est un problème de morale, c'est un problème humain et il faut le résoudre comme l'on peut, toujours avec la miséricorde de Dieu, avec la vérité et avec toujours le cœur ouvert.»

    A propos des homosexuels cette fois, le pape a précisé: «J'ai accompagné dans ma vie de prêtre, d'évêque, mais aussi de pape, des personnes avec des tendances homosexuelles et aussi avec des pratiques homosexuelles. On s'est approché du Seigneur mais certains ne le pouvaient pas. Je ne les ai jamais abandonnés. Les personnes doivent être accompagnées comme Jésus les accompagnait. Quand une personne est dans cette condition et qu'elle arrive devant Jésus, Jésus ne se retire pas et ne dit pas ‘vas-t-en' parce que tu es homosexuel.»

    Il expliqué, pour finir, pourquoi il avait autorisé que le début du procès de béatification du Père Hamel n'attende pas le délai de cinq années requis par le droit canon: «L'intention est de faire les recherches nécessaires et de voir si les raisons de le faire (la béatification, ndlr.) sont réunies. Nous devons chercher les témoignages pour ouvrir le procès. Il ne faut pas les perdre. C'est très important parce que les témoignages sont tout frais, c'est ce que les gens ont vécus. Avec le temps, l'un meurt, l'autre ne se souvient plus».

  • Les catholiques et les protestants peu enclins à accueillir de nombreux réfugiés désirant se convertir

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    De Nathalie Versieux sur rfi.fr :

    Allemagne: le désir de conversion de réfugiés au christianisme

    En Allemagne, de nombreux réfugiés - pour la plupart iraniens ou afghans - veulent se convertir au christianisme. Mais il ne leur est pas facile de trouver une église qui accepte de les baptiser. Catholiques et protestants sont particulièrement réticents. Quelle est l'ampleur du phénomène ? Eclairage.

    De notre correspondante à Berlin,

    C'est un mouvement qui prend de l'ampleur : de plus en plus d'Iraniens et d'Afghans arrivés en Allemagne pour y demander l'asile politique cherchent à se convertir au christianisme. A Berlin, l'Eglise de la Trinité est tout simplement prise d'assaut par les candidats au baptême. Le prêtre de cette paroisse évangéliste a converti 850 Iraniens et Afghans au cours des trois dernières années.

    Quelque 350 autres réfugiés suivent en ce moment les cours de préparation au baptême, se rendant deux fois par semaine au cours de catéchisme donné par le père Martens. Chaque mercredi et chaque samedi, ils prennent place dans l'église, face à la grande croix de la nef.

    Un des premiers convertis, arrivé en Allemagne voici trois ans, traduit les propos du prêtre en farsi. Les questions fusent. Pourquoi dieu se fait-il appeler Roi dans la bible ?, demande par exemple un jeune Afghan. Pour ces réfugiés, c'est un vrai chemin de croix. Un peu plus de la moitié réussissent leur examen de conversion après trois mois de catéchisme intensif.

    Les motivations de ces réfugiés sont diverses. Certains, c'est clair, espèrent tout simplement augmenter leurs chances d'obtenir l'asile politique en Allemagne. L'apostasie est interdite par l'islam, passible de la peine de mort en Iran. Un converti ne sera pas expulsé d'Allemagne. A la différence de la Norvège, par exemple, qui ne reconnaît pas la conversion comme un motif suffisant pour accorder l'asile.

    Les fêtes religieuses chrétiennes ressenties comme joyeuses

    Bien des candidats au baptême qui se rendent chaque semaine chez le père Martens ont fui la Norvège pour trouver refuge en Allemagne. D'autres ont fui l’Iran parce qu'ils fréquentaient les nombreuses églises clandestines qui se tiennent dans des appartements privés dans les grandes villes du pays.

    Selon les estimations du prêtre, l'Iran compterait 500 000 à un million de chrétiens clandestins, qui ne peuvent vivre leur foi au grand jour. Ces personnes rejetteraient l'islam ressenti comme une religion triste et violente, là où les fêtes religieuses chrétiennes, Pâques ou Noël par exemple, sont ressenties comme joyeuses et pleines d'espoir. Bien des musulmans désireux de quitter l'islam n'imaginent pas vivre athées et veulent partager la religion du pays qui les a accueillis.

    Mais il n’est pas facile de trouver un prêtre qui accepte de convertir les musulmans. C'est même le principal problème de ces candidats au baptême. Eglises catholique et protestante sont très réticentes, au nom du dialogue inter-religieux. Les deux Eglises dominantes en Allemagne ne veulent pas être accusées de prosélytisme dans le contexte actuel de tensions religieuses.

    Les Eglises catholique et protestante, qui perdent chaque année des dizaines de milliers de fidèles, ferment ainsi leurs portes aux musulmans désireux de devenir chrétiens. Et ils sont, ainsi, livrés aux Eglises évangélistes comme celle du père Martens, voire aux sectes, qui elles n'hésitent pas à missionner devant les portes des foyers de réfugiés.