Lc 5, 1-11
Un jour, Jésus se trouvait sur le bord du lac de Génésareth ; la foule se pressait autour de lui pour écouter la parole de Dieu. Il vit deux barques amarrées au bord du lac ; les pêcheurs en étaient descendus et lavaient leurs filets. Jésus monta dans une des barques, qui appartenait à Simon, et lui demanda de s'éloigner un peu du rivage. Puis il s'assit et, de la barque, il enseignait la foule.
Quand il eut fini de parler, il dit à Simon : « Avance au large, et jetez les filets pour prendre du poisson. » Simon lui répondit : « Maître, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre ; mais, sur ton ordre, je vais jeter les filets. » Ils le firent, et ils prirent une telle quantité de poissons que leurs filets se déchiraient. Ils firent signe à leurs compagnons de l'autre barque de venir les aider. Ceux-ci vinrent, et ils remplirent les deux barques, à tel point qu'elles enfonçaient.
A cette vue, Simon-Pierre tomba aux pieds de Jésus, en disant : « Seigneur, éloigne-toi de moi, car je suis un homme pécheur. » L'effroi, en effet, l'avait saisi, lui et ceux qui étaient avec lui, devant la quantité de poissons qu'ils avaient prise ; et de même Jacques et Jean, fils de Zébédée, ses compagnons. Jésus dit à Simon : « Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras. »
Alors ils ramenèrent les barques au rivage et, laissant tout, ils le suivirent.
Homélie du Père Joseph-Marie Verlinde (Archive 2010)
Les lectures de ce 5ème dimanche du Temps ordinaire, qui nous invitent à articuler un extrait du prophète Isaïe (6, 1-2), un passage de la première lettre de Saint Paul aux Corinthiens (15, 1-11) et le récit de la pêche miraculeuse, pourraient s’intituler : « les trois temps de la vocation ». Dans chacune de ces lectures, il est question d’un « héros » biblique : le prophète Isaïe, Paul et Pierre - trois hommes au tempérament fort, bien trempé. La mise en parallèle de leur itinéraire respectif de rencontre avec le Dieu vivant, va nous permettre de dégager quelques principes de la pédagogie divine, qui s’appliquent à chacun de nous.
Tous les trois ont à découvrir, à l’occasion d’une initiative déconcertante de ce Dieu qu’ils croyaient connaître, qu’il est avant tout le Kadosch, le Saint, littéralement : le Tout-Autre. Aussi ce qu’il touche va nécessairement devenir à son tour « tout autre ». L’Altérité radicale, qui s’impose dans sa différence, est comme un feu dévorant, qui révèle à ceux à qui elle se manifeste, leur véritable personnalité. A leur tour ils seront envoyés proclamer qu’il faut se convertir, c'est-à-dire devenir « tout-autre ».